Étymologie :
BICHE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1135 bisse « animal (sauvage), biche ? » (Peler. de Charl., éd. E. Koschwitz, 599 : Nulebisse salvage, ne chevroels ne golpilz), forme fréq. aux xiie et xiiie s. (Gdf. Compl.) ; ca 1160 biche « femelle du cerf » (Eneas, 287, ibid.) ; p. anal. 1835 ébénisterie table à pieds de biche (Ac.) ; id. dentaire pied-de-biche (ibid.) ; 2. a) fin xvie s. fig. p. métaph., péj. destourner la biche « attirer les femmes » (Beroalde de Verville, Le Moyen de parvenir, Article − I, 308 − dans Hug.) ; puis 1730-65 « femme entretenue » (Caylus, Œuvres badines, p. 29), attest. isolée, le mot ne devenant usuel qu'au cours du xixe s. où il concurrence le mot lorette ; b) 1837 hypocoristique fam. ma biche, ma petite biche, appellation affectueuse envers une pers. de sexe féminin (Barbey d'Aurevilly, 1er Memorandum, p. 142). Bisse, du lat. vulg. bistia « bête », vies. (Grégoire de Tours dans TLL s.v., 1935, 34) plus vraisemblablement issu de bēstia avec ē devenu ī sous l'action combinée de s implosif et de y (Bl.-W.5; Fouché t. 2, p. 417) sur le modèle de ostium, *ūstium (huis*) que forme dial. osque du lat. bestia (bête*) (Brüch, v. bbg.). La forme biche fait difficulté ; l'explication traditionnelle (DG ; FEW t. 1, p. 343a; Bl.-W.5) est d'y voir une forme normanno-pic. qui aurait gagné Paris d'où elle se serait ensuite généralisée ; il faut cependant noter que ces dial. connaissent aussi bisse (cf. bise, Ambroise, Estoire de la Guerre sainte, 10548 dans T.-L. et Ch. T. Gossen, Gramm. de l'anc. pic., Paris, 1970, p. 93) tandis que biche est anc. dans les autres dial. (cf. Ch. Bruneau, v. bbg.). La tradition manuscrite de Chr. de Troyes révèle que bisse est la forme la plus courante jusqu'au milieu du 13e s., à partir duquel la forme biche (déjà dans le ms. Guiot des œuvres de Chrétien, Erec et Enide, éd. M. Roques, 3917) tend à se généraliser d'abord dans les manuscrits pic., puis dans la lang. littér. commune. − La vraie difficulté procède du traitement du groupe -sty- entre voyelles, qui sur tout le domaine d'oïl, picard compris, aboutit à -ys- (angustia > angoisse, bistia > bisse). On pourrait supposer, dans ces conditions, que bistia est entré tardivement dans la lang. comme terme de chasse, et qu'il a alors suivi l'évolution gén. du groupe (consonne +) ty (+ voyelle), qui en francien, en champenois, etc., aboutit à -ts-,puis à -s- (fortia > force, tertia > tierce, mais en picard et au nord de la Normandie à -ch- (fortia > forche, tertia > tierche). D'où bistia > bische > biche. − Il resterait que même dans cette hyp. l'amuissement précoce de s fait problème. On peut dès lors émettre une 3ehyp. : -isse aura été compris comme un suff. et il aura été remplacé par le suff. dimin. affectif -iche (Meyer-L. t. 2, 1966, § 169) ; d'où l'opposition bisse/biche, qu'on retrouvera un peu plus tard dans les couples génisse/géniche (cf. Gdf. Compl., s.v. genisse), cornisse/corniche. Cf. encore caniche, pouliche.
FAON, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1re moitié xiie s. feün « petit de toute bête » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, CIV, 32); ca 1170 spéc. foün (Marie de France, Lais, Guigemar, éd. J. Rychner, 90 : Vit une bise od un foün). Du lat. vulg. *feto, -onis, du lat. class. fetus (fœtus*).
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Symbolisme :
Scott Alexander King, Creature Teacher Cards
Dans le Dictionnaire des symboles (1ère éidtion, 1969 ; édition revue et corrigée, Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :
"Dans les rêves d'hommes, la biche symbolise l'animal sous son aspect encore indifférencié, primitif et instinctif.
Dans les rêves d'une femme, elle évoque généralement sa propre féminité, encore mal différenciée (parfois mal acceptée), à l'état encore primitif et instinctif, qui ne s'est pas pleinement révélée, soit par censure morale, soir par crainte, soir par faute des circonstances, soit pat infantilisme psychique, soir par un complexe d'infériorité : animus trop puissant et négatif. D'après une légende, Siegfried a été allaitée par une biche (mère). L'image de la biche est celle de la jeune fille survivant dans la mère et parfois celle de la virginité féminine castratrice. Dans la mythologie grecque, la biche était consacrée à Héra (Junon), déesse de l'Amour et de l'hyménée.
La biche est essentiellement symbole féminin. Elle peut jouer le rôle de mère-nourrice à l'égard des enfants innocents. sa beauté relève de l'éclat extraordinaire de ses yeux : à son regard est souvent comparé celui d'une jeune fille. Dans les contes, les princesses sont parfois transformées en biches.
La biche aux cornes d'or (Pindare) était un animal consacré à Artémis ; la déesse en avait attelé quatre à son quadrige. La cinquième, Héraclès l'avait poursuivie jusqu'au pays des rêves, chez les Hyperboréens.
Le Cantique des Cantiques (2, 7) emploie le nom de biches dans une formule de conjuration pour préserver la tranquillité des amours :
Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
par la gazelle, par les biches des champs,
n'éveillez pas, ne réveillez pas on amour,
avant l'heure de son bon plaisir.
Selon la symbolique des peuples trucs et mongols, la biche est l'expression de la terre femelle dans la hiérogamie fondamentale terre-ciel. La biche fauve s'accouplant au loup bleu enfanta Genghis Khan selon la croyance mongole. Aujourd'hui encore, à Konya, ancienne capitale des Seldjoucides d'Anatolie, on dit qu'au moment où la biche met bas, une lumière sacrée illumine la terre Oguz Tansel). Ce couple fondamental fauve-herbivore, présent dans toute la mythologie orientale, a également son expression plastique dans les plaques de combat de même origine représentant une bête de proie montée sur le dos d'un gibier. Jean-Paul Roux remarque, ce qui est capital sur le plan du symbolisme, qu'elles représentant un fauve, non pas en train de chasser sa victime, mais de la couvrir ; pour nous, ajoute-t-il, il ne saurait dès lors plus exister de doute, elles représentent l'union sexuelle mythique du mâle et de la femelle, du ciel et de la terre.
Biche aux pieds d'airain :
La biche aux cornes d'or et aux pieds d'airain qu'Héraclès poursuivit, une année entière, jusque chez les Hyperboréens, était consacrée à Artémis ; Héraclès devait la capturer vivante. D'une flèche placée entre l'os et le tendon, sans répandre une goutte de sang, il réussit à immobiliser les deux pattes de devant et à ramener la biche à Mycènes, la cité antique des palais en forme de châteaux-forts, symbole d'une inexpugnable sécurité : il a percé la biche aux pieds d'airain, dit Virgile (Enéide, 6, 802).
Dans la notice sur l'airain, la légende de la biche aux pieds d'airain a déjà été interprétée, à partir de la symbolique propre de l'airain : du fait qu'il était sacré, ce métal isolait la biche du monde profane, et du fait qu'il était lourd, il l'asservissait à la terre. On aperçoit alors les deux aspects, diurne et nocturne, de la biche aux pieds d'airain : son caractère virginal en était accentué, mais il pouvait se pervertir en lourds désirs terrestres, qui interdisaient tout envol.
Ici, c'est du point de vue e la symbolique propre à la biche, que l'on peut interpréter la légende. La biche est l'animal à la course légère et rapide comme la flèche : si l'on accentue ce caractère, on dira qu'elle est infatigable, que ses sabots sont inusables, qu'elle a en ce sens des pieds d'airain ; si, d'autre part, on considère son caractère farouche, sa fuite lointaine jusque chez les Hyperboréens, qui étaient les sages des origines, la biche aux pieds d'airain, qu'Héraclès veut capturer vivante au terme d'une longue poursuite, dans la direction du Nord, symbolisera la sagesse, si difficile à atteindre. Ici le symbole du métal sacré et celui de la biche fugitive se rejoignent.
La chasse à la biche, dans la tradition mystique des Celtes, symbolise aussi la poursuite de la sagesse, qui ne se trouve que sous un pommier, l'arbre de la connaissance. Or les Hyperboréens habitent dans les pays nordiques et , suivant des variantes de la légende, la biche aurait été prise sous un arbre, elle aurait cherché refuge sur les monts. Il semble donc bien se confirmer qu'elle signifie ici la sagesse, dont Héraclès se faisait l'infatigable poursuivant. Mais ces interprétations ne sauraient s'imposer avec évidence, faute de textes absolument précis et décisifs. Elles ne sont qu'un exemple d'une dialectique de l'imaginaire, dont nous devons bien avouer le caractère quelque peu incertain. C'est dans un sens très proche, toutefois, que Paul Diel interprète aussi la biche aux pieds d'airain : la biche, tel l'agneau, symbolise la qualité d'âme opposée à l'agressivité dominatrice. Les pieds d'airain, lorsqu'ils sont attribués à la sublimité, figurent la force de l'âme. L'image représente la patience et la difficulté de l'effort à accomplir pour atteindre la finesse et la sensibilité sublimes ; et elle indique également que cette sensibilité sublime (biche), bien qu'opposée à la violence, se trouve être d'une vigueur exempte de toute faiblesse sentimentale (pieds d'airain)."
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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007, traduction française, Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des cervidés :
Quand vous voyez un cervidé, vous êtes invité
à faire confiance à l'univers ou à votre propre intuition.
Regardez au fond de vous et renforcez vos processus internes.
Nous allons vous apporter le courage, la force, la grâce
et l'harmonie dont vous avez besoin. Soyez donc fidèle
à votre sagesse et à votre pouvoir.
Les cervidés, dans toutes leurs formes différentes, se sont incarnés en provenant de Lakumay, l'aspect ascensionné de Sirius, pour apprendre et enseigner la confiance. La douce biche semble être nerveuse et prête à courir au moindre signe de perturbation. Elle teste les énergies, renifle l'air et est constamment sur le qui-vive, en gardant son troisième œil ouvert.
Cependant, comme ma petite chienne Vénus l'a appris à ses dépens, la biche est aussi féroce qu'un tigre si son faon est menacé. Vénus aimait courir après les cerfs et il y en avait beaucoup dans notre forêt. Un jour, elle se mit à courir pour en pourchasser un. J'ai entendu un craquement dans le sous-bois, suivi d'un cri perçant et j'ai pensé que c'était Vénus qui manifestait son excitation. Quelques secondes plus tard, ma chienne est sortie en courant des fougères, poursuivie par une biche en furie. Vénus s'est réfugiée près de moi, et la biche s'est arrêtée et nous a regardés fixement en frappant son sabot sur le sol jusqu'à ce que nous nous éloignions tranquillement. Elle avait dû cacher un faon à proximité.
Quoi qu'il en soit, Vénus a appris sa leçon. Depuis cet épisode, elle n'a plus jamais chassé de cerf.
A eux deux, la biche et le cerf équilibrent les énergies masculine et féminine. Le cerf est fort, courageux, digne et fier. Il est souvent considéré comme représentant la force, et ses fabuleux bois symbolisent la domination et le pouvoir. Il a parfaitement conscience de sa puissance.
Les bois des cerfs poussent au printemps et cela symbolise la naissance et le renouveau. Cette ramure tombe en hiver, et cela symbolise la mort, la fin, l'intériorisation ou la perte. Donc, si vous voyez un cerf, cela peut indiquer un changement de direction ou un nouveau départ dans certains aspects de votre vie. Cela suggère également que vous avez la confiance et le pouvoir intérieur de le faire. Les cerfs sont reliés à l'archange Michaël, qui œuvre à travers ces animaux pour toucher les gens et leur donner la force de faire ce qu'ils doivent faire. L'archange Michaël se connecte également aux humains à travers les cervidés pour bien leur faire comprendre l'importance de s'occuper des plus faibles qu'eux.
Les biches sont douces, affectueuses et sensibles (sauf si leur faon est menacé). Elles représentent également l'innocence. Elles sont gracieuses et délicates. Les gens sont souvent subjugués par la vue d'une biche en raison de sa beauté et de sa grâce. L'archange Michaël et sa flamme jumelle, l'archange Faith, sont souvent vus avec un troupeau de cerfs. L'archange Michaël leur donne de la force alors que l'archange Faith renforce leurs niveaux de confiance.
Bien que la mission de leur âme soit d'apprendre et d'enseigner à propos de la beauté, de la grâce et de la confiance dans l'univers, leur mission de service est de manger des herbes fraîches et des feuilles afin de stimuler une nouvelle croissance.
Ils apprennent et enseignent également leur style de vie familiale, dans laquelle le mâle a tendance à mener une existence solitaire alors que les femelles élèvent les faons. La biche apprend à coopérer en tant que membre d'un groupe.
Comme beaucoup d'animaux évolués, ils saisissent toutes les occasions possibles pour élever la fréquence vibratoire de l'humanité.
Dans mon livre, Vénus : Journal intime d'un chiot et de son ange gardien, je raconte l'histoire d'un cerf qui s’était échappé d'une ferme d'élevage avoisinante et avait décidé de vivre dans une plantation de confères nouvellement créée. Tous les jours, il honorait son petit territoire ensoleillé, et la nouvelle de sa présence s'était bientôt répandue dans tout le secteur. Les gens venaient de très loin pour l'apercevoir. Au début, il dispensait une énergie destinée à aider les gens à avoir confiance en l'univers. Puis, après quelques jours, le contenu du message qu'il envoyait s'est transformé et a fini par parler de solidarité communautaire. Sa présence incitait les gens à se connecter et à se parler. L'archange Michaël transmettait à tous cette énergie par son chakra de la gorge.
Comme tous les animaux qui s'incarnent en venant de Lakumay, les cervidés téléchargent dans les auras de ceux qui sont prêts à les recevoir des connaissances sur la technologie spirituelle du futur ainsi que sur la géométrie sacrée. Les anges chantent au-dessus d'eux comme ils le font pour faciliter la transmission des clés et des codes.
Vous pouvez demander aux anges d'aider n'importe quel animal. Une fois, je suis passée près d'un troupeau de cerfs qui paissaient tranquillement. J'ai ressenti le besoin de demander à l'archange Fhelyai, l'ange des animaux, d'envoyer un de ses anges à chacun des animaux. Aussitôt, j'ai vu apparaître une lumière jaune près de l'un d'eux, puis près d'un autre, et peu de temps après, ils baignaient tous dans une lumière jaune. C'était vraiment magnifique. Que vous puissiez ou non voir ou sentir leurs lumières, quand vous demandez l'aide des anges, cela se produit automatiquement.
VISUALISATION POUR SE CONNECTER AUX CERVIDÉS
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Allumez une bougie si vous le pouvez, puis fermez les yeux et respirez confortablement.
Lorsque vos paupières deviennent lourdes, imaginez que vous pouvez entendre le chœur de l'aube.
Visualisez-vous au sommet d'une colline verdoyante couverte de fleurs sauvages. Vous pouvez même sentir leurs parfums.
Lorsqu'un soleil rouge-orange brillant se lève au sommet de la colline, vous voyez la silhouette majestueuse d'un cerf se profiler dans les rayons du soleil.
La lumière se reflète sur sa noble ramure.
Une biche s'approche doucement et se tient à côté de lui.
De son cœur rayonnant, le cerf dispense des qualités de majesté, de force, de courage et de puissance vers vous. Votre aura se remplit de lumière bleu royal.
De son cœur rayonnant, la biche dispense des qualités de douceur, de grâce, d'amour, d'harmonie et d'innocence vers vous. Votre aura se remplit d'une lumière scintillante d'un blanc laiteux.
En sachant que vous êtes en sécurité, vous regardez à travers leurs yeux jusque dans leur âme. Des symboles géométriques sacrés et des codes de technologie spirituelle se répandent dans votre aura.
Sentez votre aura s'illuminer et s'embraser.
Maintenant, diffusez cette énergie dans le monde et sachez que vous honorez véritablement le royaume des cervidés.
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Dans son jeu de carte L'Oracle du peuple animal (Guy Trédaniel Éditeur, 2016), Arnaud Riou regroupe les animaux par famille. La biche appartient selon lui à la famille de l'introspection avec le panda, le scorpion, le porc-épic, le griffon, la cigogne, le lapin, le sphinx, l'escargot et la pieuvre.
"L'introspection. Lorsque vous tirez une carte de la famille introspection, c'est qu'un animal vient vous encourager à ne pas vous précipiter à agir, mais davantage à plonger en vous pour découvrir votre personnalité, le sens d'un obstacle ou d'une situation. Les animaux d'introspection vous aident à mieux vous connaître, mieux vous comprendre et mieux vous aimer dans votre développement personnel. [...]
Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les Dieux, enseignait Socrate. La première famille de cet Oracle du peuple animal est la famille de l'introspection. Lorsqu'une situation nous semble bloquée ou douloureuse, lorsque nous nous sentons perdus, il est nécessaire de revenir à soi, de chercher en soi les ressources nécessaires pour évoluer dans le bon sens.
Pour les chamans, le monde extérieur est une reproduction de notre monde intérieur. Si notre monde intérieur est fluide, apaisé, et si nous avons le cœur ouvert, nous allons attirer à nous des relations fluides, des situations apaisées et des personnes qui ont le cœur ouvert. Si en revanche, nous sommes blessés, si notre cœur s'est fermé et si nous sommes persuadés que les autres nous en veulent, nous allons attirer à nous des relations conflictuelles, douloureuses et toxiques. Chacun en a fait l'expérience, lorsque nous nous sentons amoureux, nous attirons à nous des belles personnes et des situations favorables.
Tous les changements démarrent de notre cœur. Pour transformer une situation, commencez par modifier le regard que vous portez sur une situation. Il n'existe aucun échec, il n'existe que des possibilités de s'améliorer, de ses développer et de grandir.
Lorsque vous tirez une carte de la famille de l'introspection, c'est une invitation à ne pas vous précipiter vers une solution ou une action. Prenez le temps de méditer, de vous comprendre. Les animaux de cette famille vont vous accompagner dans cette introspection pour vous apporter les images, les symboles, nécessaires à la juste compréhension de ce que vous traversez. [...]
File, va de l'avant, suis le vent, suis ta vie,
Sois léger dans ton pas, cours après moi,
Je te guiderai autant ici qu'au-delà
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La carte représente une Biche au centre d'une clairière. Nous sommes au printemps et les arbres bourgeonnent. C'est une saison où les cervidés s'enivrent de la sève montante des jeunes pousses. Des rais de lumière percent la végétation et donnent à l'image une dimension féerique. Une Biche nous regarde. Sa robe est claire, presque blanche. Tous les sens en éveil, elle nous tourne le dos et nous invite à la suivre. Au lointain, deux autre Biches sont déjà en mouvement.
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La Biche incarne la pureté, la beauté, c'est la représentation du féminin sacré. Nos ancêtres celtes considéraient que les Biches étaient des fées incarnées parmi le peuple animal pour accompagner les humains dans les royaumes de l'au-delà.
Sa délicatesse est faite de sensibilité et de grâce.
Contrairement aux cerfs qui sont solitaires, les Biches aiment à vivre en harde. Elles sont très sociales entre elles. Elles circulent sur deux territoires, l'un isolé et sous couvert des bois pour se reposer, et l'autre dans les plaines, où elles vont se nourrir. On confie aux plus anciennes sont toujours les plus sages. Chaque année, Biches et cerfs se retrouvent à l'automne pour la procréation. Puis, les Biches repartiront et donneront la vie à un faon au printemps. Les faons suivent leur mère au cœur de la harde parfois jusqu'à trois ans.
La Biche n'a pas de bois comme les cerfs. Elle incarne la sagesse en action, la paix et la sérénité retrouvée. Diane, déesse de la chasse (Artémis, chez les Grecs), fit courir Héraclès une année entière. Le cœur de la Biche est pur. Elle ne ressent ni agressivité, ni convoitise, ni ignorance. Ce cœur est parfois donné en gage et remplace dans le conte le cœur de Blanche-Neige que le chasseur préfère épargner. La Biche est délicate et ne s'attarde pas, elle est légère et rapide comme une flèche et pour les Celtes, chasser la biche revenait à poursuivre la sagesse.
Pour autant, si elle est douce, fluide et légère, c'est la Biche qui enfanta l'empereur Gengis Khan, le grand empereur mongol. C'est la Biche encore qui accompagna le Bouddha à délivrer les premiers enseignements au pied de l'arbre de la Bodhi. Elle nous montre ainsi que son immense douceur est la source autant de sa sagesse que de sa puissance.
Lorsque la Biche vous apparaît dans le tirage, c'est toujours pour révéler en vous la sagesse et la puissance du féminin. La Biche vous apporte la confiance en votre intuition. Elle vous rappelle qu'il est inutile de forcer, de tirer ou d'insister lorsqu'un événement ne se déroule pas comme vous le souhaitez. Elle vous invite au contraire à changer de territoire, à bondir dans une autre direction et à ne vous attacher à rien. La Biche vous invite toujours à vérifier le poids de vos pas, à vous séparer de tout ce qui vous alourdit ou ralentit votre course. La Biche est toujours signe de mouvement, de légèreté, de grâce et d'élégance. C'est le mouvement qui donne la direction. La Biche vous invite à lâcher prise, à ne pas chercher à contrôler l'autre ou la situation, à vous laisser porter par le vent, et par votre intuition. Par sa grâce naturelle, la Biche est aussi signe de beauté, de délicatesse. Elle vous invite à prendre soin de vous, à vous respecter, à être doux avec votre corps, à vous mettre en valeur, à développer votre élégance naturelle. C'est cette élégance qui inspirera vos actes comme vos paroles.
Mots-clés : La sagesse - La légèreté - La course - la rapidité - L'intuition - Le féminin - La délicatesse - La douceur - La connaissance intuitive - Le lâcher-prise - La beauté.
Signification renversée : Lorsqu'elle vous apparaît dans sa position inversé, la Biche peut vous signaler que vous êtres trop sensible à votre image et à votre apparence. Elle peut aussi vous prévenir que vous avez tendance à fuir des situations plutôt que de les affronter en face. La Biche peut vous signaler aussi qu'un projet auquel vous tenez vous échappe. Elle vous invite alors à changer d'axe, à vous concentrer sur le mouvement plus que sur l'objectif après lequel vous courez. La Biche dans sa position renversés peut vous indiquer aussi qu'il est nécessaire de vous affirmer davantage, d'être moins timide ou effacé, et qu'il est temps de prendre pleinement votre place par vos affirmations et par vos actes.
Le message de la Biche : Je suis la Biche. Légère comme le vent, rapide comme la flèche. A peine je me pose que je disparais. Je ne connais aucun obstacle dans la forêt. Chacun cherche à saisir ma beauté naturelle. Cette beauté et cette grâce, je les dois avant tout au mouvement que je donne à ma vie. Je sais me faufiler au sein des bois les plus denses, je sais sauter les obstacles avec élégance, traverser les ruisseaux et courir dans les plaines. J'ai pour moi la vitesse, l'agilité, la délicatesse ; mon intuition me permet de poser mon pas en toute légèreté. Je vines t'enseigner l'art de la course. En courant après moi, tu iras de l'avant. Tu cesseras de t'appesantir, de t'interroger, de gamberger, de remuer le passé. Tous les animaux vont de l'avant. Ils ne regardent pas en arrière. Il s'appuient sur le mouvement. Seuls les hommes se retournent et reviennent sur leurs pas. Je t'apprendrai à aller de l'avant, à t'aventurer vers l'inconnu. Tu peux me faire confiance. Je connais le secret des forêts les plus denses.
Le rituel de la Biche : Je me relie au deva de la Biche, reine de la forêt Je me relie à la légèreté et à la grâce. Je soigne mon pas. Je me concentre sur la beauté et l'élégance du mouvement. Lorsque je marche, je pose ma concentration sur les orteils et sur l'avant de mes pieds. Je vais de l'avant et m'appuie sur le mouvement naturel. Je ne me préoccupe pas du résultat, ni de ce que je quitte. Je marche dans la légèreté, dans la joie et dans la vie. Je consacre quelques minutes à mes déplacements. Je marche sur la pointe des pieds, sans faire de bruit. Je me concentre sur la puissance d'un mouvement clair et affirmé, qui reste léger et aérien !"
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Symbolisme celte :
Dans L'Oracle des Druides (1994, traduction française 2006) de Philip et Stephanie Carr-Gomm, les mots-clefs associés à la biche sont :
Subtilité ; Grâce ; Féminité.
La carte représente une biche blanche dans la forêt. C'est l'été ou le début de l'automne, et les branches sont chargées de glands. La biche nous appelle à la suivre dans la forêt profonde. Debout dans un trait de lumière, elle est insaisissable et nous nous demandons si elle est véritablement de ce monde.
La biche nous apporte la douceur et la grâce du principe féminin. Homme ou femme, si nous intégrons les qualités de la biche à notre personnalité, nous accéderons à un niveau plus élevé de subtilité et d'élégance.
Le daim, et la biche blanche en particulier, nous appellent depuis le royaume des Fées et l'au-delà. Ils nous invitent à dépasser l'élément matériel et superficiel de la vie et à discerner le cœur des choses et les causes plutôt que les effets. Debout dans le soleil ou au clair de lune, la biche nous invite à partir explorer l'au-delà et la dimension spirituelle de la vie.
Renversée, la carte vous engage à être moins effacé. Plutôt que de vous adapter comme un caméléon aux exigences et aux attentes de ceux qui vous entourent, essayez de vous affirmer. Ne tombez pas cependant dans l'obsession de l'au-delà. Notre vie psychique est cyclique de sorte qu'il est pour notre équilibre d'explorer, à certains moments, ses mystères intérieurs mais de savoir, à d'autres moments, concentrer notre attention sur les éléments de la vie quotidienne. Ne craignez pas de perdre contact avec l'au-delà ; la biche enchantée vous attendra toujours à l'orée des bois, prête à vous conduire au cœur de la forêt.
La Biche dans la Tradition
Le brame clair des cerfs roux sous le chêne,
là-haut sur les sommets,
les douces biches qui, timides,
se cachent au repos à l'ombre de ta clairière
Extrait de "Deirdre se souvient des collines", texte irlandais du XIVè siècle.
Connue sous le nom de biche, la femelle du cerf est un animal gracieux occupant une place particulièrement importante dans la vie sacrée des Celtes et des druides. En Écosse, les biches sont appelées "bêtes des fées". D'aucuns croyaient que les biches elles-mêmes étaient des fées transformées en animal et trois déesses-sorcières étaient chargées de l'élevage de ces bêtes enchantées. L'une d'elle, Cailleach-mor-nam-fiadh, vivait dans les montagnes, une autre, du nom de Cailleach mhor Chlibric (Grande Sorcière de Clibric), protégeait les daims des chasseurs, et la troisième, Cailleach Beinn-a-bhric, gardait les troupeaux et se chargeait de traire les bêtes dans les collines et les forêts.
Lugaid et La Sorcière
Nous retrouvons en Irlande la relation entre biche et sorcière dans une histoire qui raconte comment Lugaid devint roi. Le roi Daire, son père, avait appris que celui de ses fils qu'il nommerait Lugaid hériterait du trône. Ne pouvant se faire à l'idée de favoriser l'un d'eux, il leur donna à tous le nom de Lugaid. Un druide prédit alors que le roi serait celui d'entre eux qui attraperait une jeune biche. Les fils partirent chasser ensemble et réussirent à attraper un faon qu'ils mangèrent. Mais surpris à leur retour par une tempête de neige, ils perdirent leur chemin, et arrivèrent devant la maison enchantée d'une affreuse sorcière. Celle-ci demanda à chacun de partager sa couche, mais les quatre premiers fils refusèrent. Seul, Lugaid Laigde, celui qui avait tué le faon, accepta. Alors qu'il l'aimait, elle devint en un instant la plus belle des femmes, déesse symbolisant le royaume d'Irlande.
La déesse irlandaise de la vie sauvage était connue sous le nom de Flidhais et s'occupait des troupeaux de daims.
Les fées pouvaient être changées en daims par leurs souverains - cent jeunes fées Sidh subirent ce sort lors d'une violente crise de jalousie de leur reine - et il en était de même pour les humains. Le cycle de Fionn, suite de contes irlandais, parle d'un druide noir qui changea la future femme de Fionn en faon.
"Trois Époques de l'Homme, Époque du Daim
Trois Époques du Daim, Époque du Chêne"
Dans le monde des Celtes, le cerf était apprécié pour sa peau. Celle de la biche servait pour la confection des vêtements féminins et l'on raconte dans le conte irlandais Cattle Raid of Cooley, que l'aurige de Cuchulainn portait " une tunique très douce en cuir de daim piqué, légère comme un souffle". Les recherches archéologiques ont montré que le cerf était le gibier que l'on enterrait le plus fréquemment dans les fosses funéraires anglaises. Dans l'important site rituel de Winklebury dans le Hampshire, on a découvert les restes de douze renards enterrés autour d'un daim, preuve de l'importance que les Celtes attachaient à ces deux créatures.
La biche, en particulier, était considérée comme un animal enchanté capable d'influencer la vie des hommes. La vie du Lord écossais de Kilmerdon se trouva transformée après qu'il eut suivi une biche blanche dans la forêt. La biche disparut au bout de quelques lieues, mais le bonheur du Lord fut tel qu'il fit construire dans l'église du lieu une chapelle consacrée à la Vierge, en signe de reconnaissance. Une autre biche enchantée se manifesta devant un chasseur écossais sous la forme d'une très belle femme, tenant à la main la flèche qu'il venait de perdre. "Je suis le chef de ma horde" dit-elle au chasseur. "Je suis victime d'un Fith Fath (sortilège), et tu me promettras de ne chasser que les cerfs, et jamais les biches". Il promit, et elle disparut, fredonnant un chant sur sa horde de daims.
Apportant une nouvelle preuve de la protection que les fées exerçaient sur leurs animaux, un autre conte écossais raconte qu'un chien de chasse disparut en poursuivant une biche enchantée paissant dans les environs du Loch Ericht. La biche l'entraîna dans les eaux du lac, une des portes de l'au-delà, et on ne les revit jamais. En Irlande, on raconte l'histoire de Fionn mac Cumhaill, chassant un daim sur les bords d'un lac. L'animal se transforma tout à coup en une magnifique jeune fille qui fit tomber sa bague dans l'eau. Alors qu'il lui obéissait et se penchait pour retrouver sa bague, il fur changé en un très vieil homme.
Si nous sommes animés de mauvaises intentions envers le règne animal, il nous faudra faire preuve de prudence. Pour ceux d'entre nous qui chassons en connaissance de cause et non pas pour le seul plaisir de tuer, la biche nous conduira toujours plus loin au cœur de la forêt, et dans notre exploration de l'au-delà et du royaume des fées."
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Même si les biches passent souvent dans les récits pour des princesses ou des jeunes filles métamorphosées (par des fées), sans défense et qui incitent les chasseurs à la compassion, attention toutefois à la « biche blanche de la sainte Nennoch », qui parcourt la Bretagne au coucher du soleil. Les chiens et les balles des fusils n'ont aucune prise sur cet animal fantastique qui présage la mort, dans la nuit même, aux mariés qui la rencontrent e jour de leurs noces. Une autre biche de sinistre augure hantait les landes de Kerpigent (Finistère). On signalait également la présence, en Périgord, d'une mystérieuse bête nocturne qui pouvait prendre la forme de divers animaux dont celle de la biche.
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Selon Gilles Wurtz, dans Chamanisme celtique, animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres (Éditions Véga 2014), les mots-clefs associés à la biche sont : "la fertilité ; la maternité".
"Les biches vivent souvent entre elles. Elles forment ainsi des hardes qui peuvent compter plusieurs dizaines d'individus. Elles élèvent leurs petits qui restent à leurs côtés durant deux ou trois ans. la gestation d'une biche dure huit mois. Le cerf compose sa harde lors du brame, la période de reproduction qui a lieu essentiellement entre la mi-septembre et la mi-octobre. Il surveille attentivement les biches de son groupe pour pouvoir les couvrir au bon moment, car une biche n'est fécondable qu'une seule journée dans l'année.
Applications chamaniques celtiques de jadis : L'esprit de la biche était invoqué et prié par les femmes lorsqu'elles souhaitaient concevoir un enfant. Celles qui avaient des problèmes de fertilité se tournaient vers l'esprit de la biche, et lui présentaient leurs offrandes et leurs prières. Au cours de rituels spécifiques, elles mangeaient alors de la viande de biche consacrée pour intégrer ces vertus de fertilité. Et les femmes enceintes consultaient l'esprit de la biche en cas de complications liées à leur grossesse. Car la biche était le symbole de la maternité, de la mère qui porte et met au monde le petit, qui ensuite le nourrit, le protège et l'élève avec beaucoup d'amour. La biche était considérée comme un idéal maternel, rien d'étonnant à ce qu'elle ait été investie du rôle de sage-femme et de nourrice provenant du monde des esprits.
Jadis, les chasseurs ne pouvaient tuer une biche qui portait ou qui allaitait encore son petit. Un tel acte présageait de l'issue funeste d'une grossesse en cours ou de complications certaines durant une future grossesse dans le noyau familial du chasseur responsable.
L'esprit de la biche initiait aussi les jeunes gens - garçons ou filles - à leur féminin intérieur. Ainsi chacun pouvait-il travailler, selon ses besoins, avec l'esprit du cerf ou l'esprit de la biche pour trouver ou rétablir son harmonie intérieure, son équilibre profond entre sa part masculine et sa part féminine.
Applications chamaniques celtiques de nos jours : Aujourd'hui rien n'a changé, les femmes qui pratiquent la tradition chamanique celtique et qui désirent concevoir un enfant peuvent faire appel à l'esprit de la biche pour lui demander son aide et son accompagnement. Toute femme peut également lui adresser ses prières, lui confier ses peurs, pendant ou après la grossesse, lui demander les qualités maternelles idéales, comme la bienveillance, la protection, l'amour. Toute maman initiée au chamanisme celtique peut toujours lui demander assistance et réconfort, elle est assurée de recevoir des conseils avisés et aimants.
L'esprit de la biche est aujourd'hui encore tout disposé à accompagner les jeunes filles dans les rites de passage qui les aident à devenir des femmes.
Au quotidien, l'esprit de la biche et l'esprit du cerf, complémentaires, nous montrent comment vivre en harmonie avec les deux pôles qui fondent notre humanité : le féminin et le masculin."
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Symbolisme onirique :
Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),
L'image attendrissante de la biche a pour décor préféré la clairière. C'est là, en lisière de forêt, qu'elle affiche une présence toujours entourée de lumière paisible et de tension craintive.
Le tiers des corrélations observées autour de la biche du rêve concernent des animaux. Parmi ceux-là, le cerf est au premier rang, très détaché de tous les autres, ce qui n'a rien qui puisse surprendre. De cette constatation découlent cependant deux effets majeurs. Le premier est positif. Le fait que la biche surgisse de très nombreuses fois aux côtés du cerf est de nature à renforcer l'interprétation qui tend à attribuer aux deux animaux le rôle de représentation du couple parental. Le second effet, plus gênant, est de restreindre le nombre des séances dans lesquelles on puisse espérer faire des observations spécifiques à la biche seule. Quoi qu'il en soit, le nombre de ces séances reste suffisamment élevé pour constituer une base solide de recherche.
La biche appartient à cette jolie chaîne symbolique dont les maillons s'appellent Blanche-Neige, Isis, lune, Vierge, fée, sirène, etc. et dont les significations, toujours quelques peu mêlées, s'amalgament autour des valeurs de la féminité : mère terrestre, mère universelle, anima, sensibilité, générosité, vulnérabilité... Cette vocation majeure de la biche à symboliser la composante féminine est attestée, dans les rêves, par de multiples indices. Ainsi, plusieurs rêveurs et rêveuses, avant de rencontrer la biche, voient une mouette ou un autre oiseau de mer qui se tient à la verticale de la ligne où se joignent la terre et la mer. Les mêmes mots, utilisés avec précision par les uns et par les autres expriment visiblement l'intention de souligner cette liaison entre le sec et l'humide. Faut-il faire le rapprochement avec l’œil humide de la biche ? Avec le fait que le mot larmes figure parmi les associations fortes avec la biche ? La mouette, symbole d'une dynamique de liaison entre le ciel et la mer, indique le besoin du patient de renouer avec l'eau, élément féminin par essence. Et que dire de ces coquillages dans lesquels l'oreille entend la voix de la mer ? C'est l'une des plus fortes corrélations remarquées avec la biche.
Si la biche est femme, si la biche est mère, elle est aussi renoncement à toutes formes d'agressivité. La biche du rêve n'est pas une image qui entraînerait par l'exemple de sa course. Elle est généralement un symbole vivant mais relativement statique. A la manière du cerf dressé, immobile, au bord d'un sentier, la biche imaginaire est ne figure calme, doucement animée, qui s'offre au regard comme ne invitation à la tendresse, à l'amour.
Dans l'imaginaire, la biche s'oppose au loup. L'accomplissement de la première est dans la douceur, celui du second dans la force, la violence, l'agressivité. Un bref passage du onzième rêve de Suzanne montrera la constance des archétypes. Suzanne, quarante-cinq ans au moment du rêve, est depuis toujours en proie à des pulsions de violence, de nature œdipienne, qui la dressent contre sa mère. A travers la cure, un repositionnement s'opère. Au cours de cette onzième séance, la rêveuse émet une série de symboles qui vont dans le sens d'une réhabilitation de l'image maternelle et d'une démobilisation des pulsions agressives. la rêveuse aborde un vécu très différent de sa féminité : "... je suis dans un paysage de marécages... un paysage d'eau... on voit mal la limite entre la terre et l'air... moi, je sis dans le marécage... je suis entre deux eaux, dans une sorte de demi-torpeur... enfin ! pas endormie !... à demi-consciente et je flotte... je ne vois pas mon corps ! Il n'y a qu'une chose de nette : j'ai de longs ongles d'argent... comme des griffes presque... Maintenant, je suis dans un jardin immense, avec des jets d'eau... les animaux ont l'air de vivre en paix, en bonne intelligence... je vois une biche... un renard... il y a un loup aussi mais il est blanc, tout blanc, avec une chaîne d'argent autour du cou."
L'argent est un symbole féminin et maternel, de tonalité positive. Ces images sont saisissantes. La dynamique de transformation joue à plein, mais Suzanne est encore "entre deux eaux", "à demi-consciente", partagée entre les anciens réflexes d'agressivité que symbolisent les ongles-griffes et le loup, et l'appel à la douceur, à l'abandon des pulsions violentes exprimé par la biche, le collier d’argent que porte le loup... blanc et les ongles d'argent. La biche et le loup sont aussi deux visions opposées de la mère, la mère protectrice et la mère-terrible. Les images de Suzanne montrent bien la modification qui s'opère dans sa relation à l'image maternelle.
Le plus beau rêve de la biche, le plus actif aussi sur ce même plan, c'est probablement celui que fit Véronique lors de sa première séance. Véronique, vingt ans, était en relation conflictuelle avec sa mère, sur un très classique fond œdipien, et les deux femmes, par leurs attitudes, contribuaient au maintien d'une situation dont toutes les deux souffraient sans le reconnaître. Véronique cultivait, en rapport avec cet état de fait, des comportements garçonniers. Pendant près de vingt-cinq minutes de rêve, le jeune fille traverse dans la solitude des kilomètres de taillis, de terrains caillouteux, de maquis dont les épineux lui écorchent la peau... Au terme de ce parcours harassant et en apparence stérile, elle atteint une zone assez différente :
"... Maintenant, c'est comme une voûte d'arbres... ou d'arbustes assez hauts... et, pourtant, ce n'est pas du tout étouffant... c'est aéré... il y a de l'herbe douce au sol... un peu comme une clairière, mais abritée... je m'assieds sur l'herbe... tout à coup, il y a une biche... mais vraiment, juste à côté de moi, quoi !... et alors... je la regarde, et... bon ! je la caresse... elle me lèche la main... alors je repars avec elle... et c'est agréable... alors ça, ça me fait penser exactement à Blanche-Neige... quand elle est avec tous ces animaux dans la forêt... je pars avec la biche... je la tiens par le cou, avec tendresse... on avance..."
Cette rencontre avec la biche, est l'axe majeur du rêve, car les images qui la suivent expriment un renversement radical des thèmes qui la précèdent. Les champs arides se transforment en riches prairies, le froid d'hiver fait place à la douceur de l'été, le village désert du début du rêve, retrouvé, devient un village dont les habitants s'éveillent pour accueillir Véronique, etc.
Pourtant, le moment le plus émouvant, la démonstration la plus convaincante, intervinrent peu après le rêve. La jeune fille nous faisait face, assise, le visage entre les mains, les coudes reposant en comprenne l'origine. Nous hésitions, craignant que des explications sur le sens de la biche soient prématurées. C'était cependant le symbole le plus déterminant de la séance et nous nous laissâmes aller, à mots prudents, à risquer la traduction. Véronique nous regardait, écoutant nos paroles, sans un mouvement, sans un battement de cils... Et soudain, deux larmes coulèrent sur ses joues... Le silence partagé dura sans doute quelques dizaines de secondes. Nous en gardons le souvenir d'une bienheureuse éternité. Aucun argument ne nous paraîtra jamais plus convaincant que ce silence-là pour établir la biche dans sa signification de mère et de réhabilitation de la douceur féminine.
Véronique ayant établi le lien entre la biche et Blanche-Neige, il est opportun de préciser que la biche imaginaire n'a pas les couleurs de l'animal réel. Comme Blanche-Neige dont le nom dit mieux que ses habits colorés le caractère de pureté, la biche est associée au blanc virginal.
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Les cousines exotiques de la biche, l'antilope et la gazelle, sont porteuses de valeurs symboliques très proches des siennes. On notera cependant que, dans les rêves faits par les hommes en particulier, ces animaux accentuent l’indication de fragilité, de vulnérabilité, dont la biche est porteuse.
A l'heure de l'interprétation, devant la biche, il y aura lieu, pour tous les patients et patientes, de se référer d'abord à l'image de la mère, de se rappeler que le doux animal symbolise pleinement l'anima et sa puissance d'inspiration, mais on analysera toujours avec profit les points sur lesquels le rêveur ou la rêveuse peuvent se sentir fragiles et vulnérables.
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Littérature :
La Biche
Ô la biche : quel bel intérieur d'anciennes forêts dans tes yeux abonde ; combien de confiance ronde mêlée à combien de peur.
Tout cela, porté par la vive gracilité de tes bonds. Mais jamais rien n'arrive à cette impossessive ignorance de ton front.
Rainer Maria Rilke, "La Biche" in Vergers, 1924-1925 (écrit directement en français).
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LE FAON
Si je touche cette boîte
En bois de haute futaie
Un faon s’arrête et regarde
Au plus fort de la forêt.
Beau faon, détourne la tête,
Poursuis ton obscur chemin.
Tu ne sauras jamais rien
De ma vie et de ses gestes.
Que peut un homme pour toi,
Un homme qui te regarde
À travers le pauvre bois
D’une boîte un peu hagarde.
Ton silence et tes beaux yeux
Sont clairières dans le monde,
Et tes fins petits sabots,
Pudeur de la terre ronde.
Un jour tout le ciel prendra
Comme un lac, par un grand froid,
Et fuiront, d’un monde à l’autre,
De beaux faons, les miens , les vôtres.
Jules SUPERVIELLE, "Le Faon" in Le Forçat innocent, Gallimard, 1930.
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