Étymologie :
RENNE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1552 zool. reen, cité comme mot d'empr. (Münster, La Cosmographie universelle [trad. de l'all.], VI, 1051 ds DG) ; 1678 renne (Journal des savants, t. 12, 27 juin, p. 252). Empr. au norv. ou suédois ren « id. ». L'a. et m. fr. connaît aussi un subst. rengier/rangier « id. » (1269-78, Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 15684), encore en usage comme terme d'hérald. et qui est empr. au dan. rendyr « id. » qui remonte à l'a. nord. hreindȳri (d'où l'all. Rentier). Voir FEW t. 16, p. 695a et Kluge20.
Étymol. et Hist. 1609 (Lescarbot [au Canada en 1606-1607], Musée [lire Muses] de la Nouvelle-France, 35, Tross cité par Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 295). Mot de l'algonquin du Nord, dont l'orig. est le micmac kálibu, xalibú (Fried., p. 14 5 ; König, p. 59 ; FEW t. 20, p. 60b).
Autres noms : Rangifer tarandus ; Caribou.
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Zoologie :
Le symbolisme s'appuyant toujours sur la réalité visible, il est intéressant de prendre connaissance avec l'animal physique avant de s'intéresser à son symbolisme. Ainsi selon Raven Dreamer, traduit par Xella Sieidi en 2013 sur son site Temple Yoni Matre,
Au premier regard, le renne semble bien peu intéressant. Qu’est-ce que le différencie des autres cerfs ? Bien qu’il soit bel et bien un cervidé, le renne est un peu spécial.
Tandis que le cerf présente une différence marquée entre les sexes (le mâle possède des bois, la femelle n’en a pas). Le renne lui a toujours des bois, mâle ou femelle, et les utilise pour se protéger et pour dominer. Les bois du renne diffèrent aussi en apparence de ceux du cerf : chaque bois possède deux troncs, le premier se dirige vers l’avant de la tête du renne, le second vers l’arrière. L’extrémité de chaque tronc éclate en plusieurs petites pointes. Cette particularité est unique au renne, qui possède les bois les plus larges de tous les cervidés.
Durant la saison des amours, les mâles utilisent leurs bois pour obtenir ou maintenir un harem (qui peut atteindre jusqu’à 40 femelles). Même si la rut est souvent violente, il est rare que les mâles soient sérieusement blessés. Après la saison de rut (en automne), les mâles perdent leurs bois, tandis que les femelles les gardent jusqu’au prochain printemps, quand elles donnent naissance à leur petit. Cela leur permet de se protéger et de se battre contre les mâles maintenant dépourvus de bois pour obtenir de la nourriture pour elles et leur petiot.
Les femmes accouchent généralement d’un seul petit, qui atteindra l’âge adulte à trois ans et ne vivra jusqu’à huit ou dix ans. Contrairement au cerf, le petit caribou ne présente pas de taches sur son pelage. Lorsqu’ils naissent, les mères quittent la horde et en forment une nouvelle au sein de laquelle les petits sont allaités. Les mères et les petits réintègrent la horde en été.
Les mâles peuvent atteindre huit pieds de long (2,4 mètres) et cinq pieds de haut (1,52 mètre) et peser jusqu’à 600 livres (272 kilogrammes). Les femelles sont légèrement plus petites et légères.
Les caribous vivent généralement dans les régions arctiques ou subarctique du Canada, de l’Alaska, de la Sibérie et du Groenland. Ils ont déjà vagabondé plus au sud dans le passé mais furent chassés si férocement que de nos jours, il est très rare d’en apercevoir un aux États-Unis.
Le caribou est l’animal nomade par excellence, voyageant plus de 3 000 miles (4 800 km) par année. C’est là une distance beaucoup plus grande qu’aucun autre mammifère ne pourrait parcourir (sauf s’ils possèdent une voiture). Ils se déplacent l’automne et l’été, de leur pâturage hivernal à celui d’été. Leurs sabots sont larges, concaves et flexibles, agissant comme une sorte de raquette lorsqu’ils marchent sur un sol enneigé, un terrain mou et pâteux comme ceux que l’on trouve dans la toundra ou encore sur la tourbière. Ces mêmes sabots leur servent de pagaie lorsqu’ils doivent traverser rivières et lacs. Leur fourrure creuse garde la chaleur en hiver et leur permet de flotter dans l’eau. Les caribous peuvent courir à une vitesse de 80 km par heure.
Leurs prédateurs naturels sont le loup, l’ours, l’humain, le carcajou et le lynx. Les caribous s’en préoccupent plus moins étant donné que la horde offre une grande protection contre la plupart des prédateurs. Ce que les caribous craignent vraiment le plus, ce sont les insectes, particulièrement le moustique qui peut vider un caribou d’une demi pinte (236 ml) de son sang par jour. Pour se soulager des piqûres, les caribous s’enfoncent dans l’eau d’un lac ou d’une rivière ou peuvent même partir en cavalcade pour fuir les moustiques. Qu’il s’agisse de prédateurs féroces ou moustiques, le caribou avertit la horde en ruant et en relâchant d’une glande située près de ses sabots une odeur caractéristique.
Le caribou lui est herbivore et préfère le lichen (la mousse de renne), l’herbe, les feuilles, les saules et les bouleaux nains. Son nez est en lui-même extraordinaire : le caribou peut sentir de la nourriture même à travers d’épaisses couches de neige. Leurs sabots concaves leur servent de pelle, leur permettant ainsi de creuser la neige pour atteindre la nourriture.
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Symbolisme :
Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"Pour les peuples du grand nord asiatique, qui se nourrissent principalement du renne et qui l'emploient comme monture, celui-ci devient un équivalent symbolique de ce qu'est le cheval pour les peuples de cavaliers. La culture de ces peuples nordiques relève d'une symbolique lunaire, et le renne, comme l'ensemble des cervidés, entre dans le symbolisme général de la lune. Il joue un rôle funéraire, nocturne et psychopompe. Partout où le renne a été domestiqué et utilisé comme bête de selle, comme chez les différentes tribus toungouzes, il a accompagné le défunt dans l'autre monde. Son rôle symbolique s'apparente à cet égard à celui du daim dans la prairie nord-américaine et à celui du chevreuil dans la steppe asiatique."
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
En Norvège, des bois de renne accrochés au fronton des fermes écartent les mauvais esprits.
Chez les peuples du Grand Nord, quand un renne meurt, le chasseur abandonne son camp pour éviter la malchance.
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Dans un article intitulé "Vivre au rythme du renne : règles coutumières et règles étatiques " paru en 2005 dans la revue Droits et culture, n°50/2 : Anthropologie juridique en Russie, Natalia Novikova rappelle que :
Pour la majorité des peuples autochtones numériquement peu importants du Nord de la Russie, les questions concernant le droit et les possibilités de poursuivre leur activité d’élevage de rennes ont joué récemment un rôle essentiel. L’élevage de rennes constitue la base matérielle de leur existence tant pour le transport, l’alimentation ou l’habillement que pour l’habitat. Le renne est le principal symbole de la culture aborigène dans la conception du monde des peuples du Nord, dans leur folklore, leurs rites et célébrations et la façon d’éduquer les jeunes. Le renne est le principal animal sacrificiel. Les autochtones soulignent constamment le lien indéfectible existant entre les hommes et les rennes. Ils n’envisagent leur existence comme peuple qu’à travers la préservation et le développement de l’élevage de rennes en tant que mode de vie. Ils ne peuvent imaginer leur avenir sans le renne qui constitue le fondement de leur bien-être et assure leur survie. C’est le renne lui-même qui choisit où il va, il se nourrit pendant de longs voyages et les peuples du Nord le suivent.
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Selon Raven Dreamer, traduit par Xella Sieidi en 2013 sur son site Temple Yoni Matre, le Renne ou Caribou a les caractéristiques totémiques suivantes :
Cercle annuel de pouvoir : hiver
Temps de pouvoir : le jour
Ses attributs : endurance ; douceur ; bonté ; estime de soi ; errance ; nomadisme ; sens de l’orientation ; protection durant les déplacements ; sociabilité ; transition à travers la noirceur ; adaptation au froid ; habileté à voir ce qui est dissimulé, secret.
Le caribou est un amalgame des médecines de l’élan, du cerf et de l’orignal.
La sagesse de Caribou/Renne inclut :
Se connecter à son chez-soi lorsqu’on éloigné de la maison
Pouvoir du nomadisme
Protection durant les déplacements et voyages
Habiletés sociales
Maintien de son pouvoir personnel lors de situations de groupe
Capacité à vivre de longues périodes dans la noirceur
Totem : Une personne dont le totem est le caribou est une personne qui a la bougeotte et qui aime voyager. Elle aimera particulièrement voyager en automne et au printemps. Il leur sera important toutefois de garder un attachement à leur maison ou à leur terre. Ils ont un bon sens de l’orientation, prenant souvent les devants lors d’expédition, mais sont aussi très sociables et aiment se retrouver en groupe. Ils peuvent endosser une attitude un peu contradictoire : ils croient en l’égalité des sexes et des individus, mais aiment aussi prouver leur domination et préfèrent pourvoyer eux-même à leurs besoins. Il est commun qu’une personne avec Caribou comme totem indique à son ou sa partenaire qu’ils sont uniques, égaux et indépendants, tout en se montrant possessifs.
Parce qu’ils voyagent le plus souvent l’hiver et sous la neige, ces personnes sont capables de traverser de grandes périodes de noirceur et en ressortir indemnes. Ils sont entêtés, d’une bonne manière. Leur excellent sens de l’odorat leur permet souvent de trouver ce qui est dissimulé. Ils dévoilent au grand jour des secrets, permettant ainsi à leurs amis (leur horde) d’en être informés, alors qu’ils ignoraient tout dès le départ. Les gens au totem du Caribou se sentent bien lorsqu’il fait froid et ne comprennent pas pourquoi les autres se plaignent.
Le renne est un totem orienté vers la famille; il possède de nombreuses habiletés de communication et aime prendre part à des activités sociales. Il est un leader né et accueille toute opportunité qui lui permettront de guider ses comparses vers de nouveaux horizons. Il est sans malice et aime aider ses amis et les membres de sa famille. À l’écoute des besoins des autres, ce totem nous enseigne à nous adapter à une communauté et à ses besoins. Son adage est très certainement « Un pour tous, tous pour un ».
Si Renne se manifeste dans votre vie, il est fort à parier qu’il est temps pour vous de vous occuper activement de votre horde. Si vous vous êtes isolé pour une raison ou une autre, ce totem vous demande probablement d’endosser le rôle de leader afin de rassembler les gens autour de vous pour travailler en équipe. Si, au contraire, vous êtes déjà en position de leadership, il serait bon que vous évaluiez si vous faites ombrage aux autres en leur imposant vos idéaux ; si c’est le cas, prenez du recul.
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Vladimir Randa, dans un article intitulé "Cornus versus dentus et autres modalités d’association des animaux dans l’imaginaire inuit." paru dans Études Inuit Studies, (volume 41, number 1-2, 2017, p. 51–71), nous éclaire sur le bestiaire inuit :
Animaux-équivalents : C’est par un effet miroir, en grande partie à partir de l’opposition conceptuelle entre la terre et la mer, que certains animaux sont représentés comme des équivalents d’autres animaux et, de ce fait, constituent avec eux des paires . Le rapport d’équivalence implique le principe d’analogie, mais non d’identité. Être équivalents n’exclut pas des relations antagonistes, bien au contraire.
Le caribou et le morse : Cornus versus dentus
À première vue, la paire que forment le caribou (tuktu) et le morse (aiviq) peut étonner. Tous deux gibiers de grande importance, l’un est un représentant exemplaire des quadrupèdes « marcheurs » pisuktiit, l’autre fait partie des mammifères marins, « ceux qui émergent pour respirer» puijiit. Pourtant, ils forment l’une des associations les plus emblématiques et les plus constantes du bestiaire inuit.
La pierre angulaire de leur association est leur création commune et simultanée par une femme-esprit, à partir de ses vêtements, pantalon pour le premier, parka pour le second (Boas 1964, 179-80; 1907, 167-68). Chacun a reçu une apparence et un caractère particuliers, avec cependant un point de convergence : leurs attributs anatomiques respectifs par lesquels ils se différencient des autres animaux, bois pour le caribou et défenses pour le morse.
Les textes mythiques présentent deux variantes du dispositif initial : soit il est le contraire de la réalité présente, c’est-à-dire que le caribou est pourvu de défenses et le morse de bois, soit les deux protagonistes sont d’emblée dans la configuration actuelle mais, dans un désir d’expérimentation, procèdent à leur échange dont le résultat ne convient ni à eux-mêmes, ni aux humains au bénéfice desquels ils ont été créés et contre qui ils s’en servent comme armes : les morses utilisent leurs bois pour faire chavirer des embarcations, les caribous tuent des gens à coups de défenses. Le caribou et le morse finissent par prendre la forme qu’on leur connaît aujourd’hui, après quelques retouches opérées par leur créatrice, qui leur enjoint de s’éviter et de se tenir dorénavant à distance l’un de l’autre (Boas 1907, 168). C’est de cet échange avorté que serait née leur aversion réciproque (278). Depuis, les humains doivent veiller scrupuleusement à tenir séparés tous les produits qu’ils en tirent: « You must not take walrus-hide when you go caribou-hunting. If you do, you will starve. » (Ibid.), et à ne pas les chasser simultanément. L’hostilité entre ces animaux est si forte, pensaient certains Inuit, que, lorsqu’ils sont pourchassés, les morses sont susceptibles d’attaquer, à coups de défenses s’entend, les embarcations si celles-ci transportent de la viande ou des bois de caribous (Boas 1907, 124).
Un autre exemple des liens antagonistes entre le morse et le caribou, une figurine sculptée dans l’os pénien de morse, portée par un garçon sous ses vêtements, avait pour fonction de tenir à distance les ijiqqat, êtres invisibles notoirement liés aux caribous, lorsqu’il chassait, seul, ces animaux (Rasmussen 1929, 155).
En parallèle avec leur antagonisme d’ordre rituel, des points d’analogie sont systématiquement mis en avant tant dans les mythes que dans le discours naturaliste actuel : analogie de forme (bois/défenses) et analogie de comportement (alimentation, vie sociale, caractère…). Une configuration particulière – lorsque les extrémités des bois ou des défenses sont très rapprochées – porte le même nom de kanngaaliik (idée de jonction ?) (Randa 1994, 96). Le même terme aimarnaq est employé pour nommer un animal, caribou ou morse, dépourvu de bois ou de défenses, ce qui est une anomalie (Ibid., 110; voir aussi Spalding 1998, 3 ; Uuttuvak et Quassa 2000, 182 qui ne mentionnent que le caribou). Selon d’aucuns, la pulpe (maaq) qui remplit à leur racine les défenses de morse présente une ressemblance d’aspect avec la moelle (patiq) de caribou.
Ces analogies se doublent d’une dimension homologique lorsque deux comportements atypiques du caribou et du morse sont comparés. Ainsi, il est dit que, en complète contradiction avec sa nature d’herbivore, il arrive au caribou d’avaler à l’occasion un lemming qu’il croise dans la toundra. De même, lorsque la trop grande profondeur de la mer empêche les morses de cueillir des coquillages sur le fond marin, comme c’est le cas à certains endroits dans le nord de la Terre de Baffin, ils peuvent se transformer en prédateurs de phoques annelés (Randa 1994, 192).
Il n’est pas anodin que, dans l’entretien cité par Laugrand et Oosten (2015, 37), Nua Piugaattuk, un aîné d’Igloolik fort respecté pour son expérience et l’étendue de ses connaissances, choisit de prendre comme exemple, pour décrire la réaction des animaux face au vent qui change de direction et d’intensité, le morse et le caribou.
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Jean Rouaud, dans La Splendeur escamotée de frère Cheval ou Le Secret des grottes ornées (Éditions Grasset, 2018), essaie de ressusciter la façon de penser des hommes du paléolithique :
"Les crues de printemps de la Seine ménageaient sur ses rives des replats dégagés qui facilitaient l'implantation de leurs villages amovibles et la circulation des troupeaux. Peu profond à cet endroit, le fleuve autorisait même qu'on le traverse, d'autant plus aisément qu'une île offrait une halte en son milieu. C'était une sorte de villégiature de chasse sur la route empruntée par les hardes de rennes à la recherche de pâtis meilleurs selon la saison. Les femelles les plus âgées placées en tête du troupeau semblaient avoir bien en mémoire le chemin reliant le nord au sud et d'une année sur l'autre n'en déviaient pas. Comme les oies dans le ciel, c'était des métronomes fiables et fidèles. Visiblement, elles en savaient aussi long sur la mesure du temps que les astres qui là-haut ponctuent nos jours et nos nuits. A croire que ces deux-là, les animaux et les lumières du ciel, échangeaient entre eux, ne faisaient qu'un peut-être, représentaient deux manifestations différenciées d'un même organisme. [...]
Les rennes sont des proies faciles, ils ont pour eux d'être de formidables marqueurs de temps. Impossible de les rater. Pendant leur migration, ils se regroupent à plusieurs dizaines de milliers, leur longue file s'étirant parfois sur deux ou trois cents kilomètres. Cette prolifération extraordinaire des animaux aura duré jusqu'au règne de la carabine à répétition. [...] Mais commode, cette abondance, pour la chasse paléolithique. Commode aussi pour connaître les moments de l'année. On pouvait traîner sur l'oreiller à l'aube, on ne risquait pas de manquer le défilé des rennes : tellement long qu'il fallait compter plus d'une semaine avant d'en voir la fin.
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Symbolisme celte :
Romain auteur d'un article intitulé "Pourquoi un renne ?" paru en 2012, dans le blog Champ d'étoiles propose une explication pour le choix du renne dans l'attelage du Père Noël :
On sait que le renne est, comme le cheval ou le cerf du reste, un animal psychopompe dans la plupart des traditions celtiques. Cette vertu lui vient de sa force et de son endurance, lui permettant de parcourir de très longues distances - et il y a loin de la Terre aux Cieux des Dieux. Un autre privilège du renne semble se situer dans les bois qui ornent son chef. Ceux-ci évoquent un arbre, dont les racines seraient dans le crâne de l’animal, faisant de ce dernier un « Arbre de Vie » mobile (je privilégie des deux symboliques habituelles de l’arbre celle de la Vie plutôt que de la Connaissance, eu égard au contexte psychologique en question, de mort/renaissance-résurrection). L’animal, portant en chef le moyen de rejoindre les trois mondes (les morts en bas / racines, les vivants sur terre / tronc, les Dieux dans le plan supérieur / branches), devient capable de communiquer et de voyager dans les mondes en question. Il est à noter que la plupart des représentations celtiques de rennes (gravures sur pierres principalement) les représentent avec des becs d’oiseaux en lieu et place du mufle, soulignant leur capacité au vol, et leur empruntant ainsi la symbolique de lien entre les dieux et les hommes.
Ainsi doté de la capacité de voler, de porter les âmes des morts sur d’aussi longues distances sans faiblir, et de passer dans les trois plans du monde, le renne est un intercesseur idéal auprès des Dieux et de tout représentant divin ou magique, comme le sympathique Papa Noël.
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Mythologie :
Dans "Animaux symboliques : la part de l'expérience naturaliste dans l'imaginaire Inuit = Symbolic animals and naturalist experience among the Inuit." in Dounias Edmond (ed.), Motte Florac E. (ed.), Dunham M. (ed.) Le symbolisme des animaux : l'animal, clef de voûte de la relation entre l'homme et la nature ? (Paris, 2007), Vladimir Randa raconte la naissance insolite des rennes dans l'imaginaire Inuit :
L’une des origines possibles est la naissance dans un œuf qu’on appelle “œuf de la terre” nunaup manninga. La terre en quelque sorte “pond” ces œufs : il est bien précisé que les animaux ainsi nés n’ont pas de mère au sens commun du terme anaanaqanngittut (“ils n’ont pas de mère”), leur mère étant la terre. Seuls les chamanes sont censés connaître la raison de ce phénomène. De toute évidence, il y a là un double rapprochement entre la terre et les oiseaux :
– en tant que contenants : la terre “expulse” les œufs vers la surface, tandis que la mère oiselle “pond” vers le bas
– dans le cycle biologique : en principe, c’est pendant la saison de ponte chez les oiseaux qu’on trouve également des “œufs de la terre”.
Dans les premiers temps de l’humanité, la “terre” nuna avait une fonction à la fois nourricière (faute de gibiers, les gens mangeaient de la terre) et génitrice : à cette époque-là, les femmes ayant du mal à procréer allaient ramasser des enfants à même le sol. Les mêmes prescriptions rituelles s’appliquaient alors : quelle que fût l’origine de ces enfants, leur mère se devait d’observer les mêmes règles de conduite (Rasmussen 1929 : 254 ; cf. également le témoignage recueilli à Igloolik par B. Saladin d’Anglure 1990 : 84-85).
La “terre” nuna de même que l’“air” sila, le “ciel” qilak apparaissent comme des réservoirs d’animaux :
« ... the caribou have once come from inside the earth. That is why there are many who believe that there have been beasts both in the sky and under the earth even at the time when mankind only ate of the earth » (Rasmussen 1931 : 319).
Les œufs de la terre peuvent “se trouver n’importe où” nunatuinnarmiisuut, “à même le sol” manirainnarmiingmata, “dans un nid abandonné” ivavvituqaup iluani, voire “au fond de l’eau” (lac ou mer) imaup iluani.
Semblables à d’autres œufs, ils n’en possèdent pas moins quelques traits particuliers :
– taille variable (ilangit angijualuuvak&utik ilangit mikittukuluvak&utik “certains sont très grands, d’autres très petits”) mais il semble qu’ils soient le plus souvent assez gros ;
– couleur ne correspondant pas à l’espèce dans le nid de laquelle ils se trouvent ; contrairement à ce qui se passe ordinairement, leur nid n’est garni ni de duvet ni de plumes ;
– disposés à même le sol, “ils n’émergent qu’un peu” nuisimaarjuk&utik.
N’étant pas destinés aux humains, du fait d’appartenir à la terre, leur mère génitrice, les “œufs de la terre ne doivent pas être pris” nunaup manningit pijariaqanngittut, voire “on ne peut les attraper avec la main” tigujunniiqpait, “on ne doit pas [les faire] éclater” qaariaqanngittuq ni “[les] briser” suragiaqanngittuq. Transgresser cet interdit “fait craindre” kappianaqtuq la réaction de la terre en “mère protectrice” niviuqtuq, à la manière d’une femelle qui défend ses petits. La sanction tombe sous forme de mauvais temps (forte pluie, brouillard persistant, froid) qui rend difficile la poursuite des activités de subsistance. B. Saladin d’Anglure (1983 : 73, 1990 : 96-97) relate les conséquences du bris d’un tel œuf par un chien dans la région d’Igloolik, à savoir un brouillard persistant pendant tout l’été 1979.
Des “œufs de la terre” ne sortiront pas des oiseaux mais des mammifères, le plus souvent des “caribous” (Rangifer tarandus L., Cervidae) tuktu (sg.) (Rasmussen 1931 : 265).
[...]
Le caribou, prototype des animaux “issus d’un œuf”
Comme en témoignent les récits mythiques, les liens du caribou avec la terre sont anciens et étroits : il aurait surgi à la surface de la terre après qu’un chamane eut frappé le sol de son épieu (Boas 1907 : 306). Cette image est conforme à ce que les Inuit observent sur le terrain : dans une toundra vide de toute présence animale, un caribou se dresse soudain comme s’il jaillissait des entrailles de la terre.
Un texte décrit l’espace souterrain comme un réservoir à caribous (cf. infra) : incapable de capturer des gibiers par voie ordinaire, un esprit de la montagne découpa un orifice dans le sol et se mit à “pêcher” des caribous comme on le fait à travers la glace d’un lac (Rasmussen 1929 : 221 ; 1931 : 319). Ici, l’intérieur de la terre est associé au fond de la mer, la croûte terrestre à la glace et le caribou au phoque.
Les caribous sont considérés comme des “poux de la terre” nunaup kumangit (littéralement “de la terre, ses poux”), en référence, selon les explications données par K. Rasmussen, à la manière dont ils envahissent la surface de la terre, qui rappelle les poux se répandant sur le corps humain : c’est un bel exemple de relation homologique, les caribous étant à la croûte terrestre ce que les poux sont à la peau des humains.
Les caribous “nés d’un œuf” manniviniit sont appelés différemment selon leur sexe, pukiit s’ils sont femelles, silaat ou silaraaluit s’ils sont mâles. Bien qu’enfants de la “terre” nuna, ils ne sont pas appelés nunaat mais silaat, en référence à l’autre espace et grand principe organisateur de l’univers qu’est sila “air, espace-univers, intelligence, etc.”. Ils ont donc une double filiation terrestre et aérienne.
Tout comme les “œufs de la terre” se distinguent des œufs ordinaires, les caribous sortis de ces œufs se distinguent des caribous ordinaires. Ils en ont l’apparence mais s’en différencient par plusieurs traits, notamment la taille et la couleur :
– leur mufle est plus gros ; leurs pattes sont aussi hautes que les poteaux d’une tente et l’empreinte de leur sabot si grande qu’elle recouvre deux mains dont les doigts sont écartés ;
– leur pelage ressemble (par sa couleur ?) à celui d’un lemming ;
– ils sont “tout blancs” qaulluqtiaqtut, y compris leurs “sabots” kukilimaangit, leur “dos plutôt grisâtre” tunua siarnaarjuk.
On aurait tort de penser qu’il s’agisse de créatures purement imaginaires. Bien au contraire, des récits concrets, précis et circonstanciés relatent la rencontre avec de tels animaux, comme celui que j’ai recueilli en 1992 de la bouche de George Kappianaq :
Alors qu’“il poursuivait des caribous” tuktuliaqsimaqattalauqpuq, George Kappianaq remarqua une femelle pukiq qui descendait des collines vers le rivage et s’acheminait vers un promontoire. Elle se trouvait en compagnie d’autres femelles suitées (i.e. “accompagnées de leurs petits” nurraliit). Elle était beaucoup plus haute sur ses pattes et son corps était plus long. En revanche, ses “bois [étaient] de petite envergure” nagjukittuq. George Kappianaq n’a pas tenté de capturer ce pukiq, se contentant de “l’observer” qimirruaqattalauqpaa.
Expériences marquantes, de telles rencontres sont portées à la connaissance de toute la communauté qui y trouve la validation de ses représentations, et sont transmises sous forme de récits, oraux et/ou écrits, aux générations suivantes.
Les caribous sortis d’un œuf, considérés comme des créatures extraordinaires, n’en sont pas moins des êtres en chair et en os susceptibles d’éveiller la convoitise du chasseur. Les attitudes à leur égard divergent d’un groupe à l’autre. Au début du XXe s., il était autorisé chez les Iglulingmiut de capturer de tels caribous à condition d’observer certaines règles : lorsqu’il s’agissait d’un caribou femelle pukiq, le chasseur était soumis aux mêmes prescriptions que s’il avait perdu une sœur ; la capture d’un mâle silaaq était l’objet des mêmes prescriptions que s’il avait perdu un frère.
Aujourd’hui à Igloolik, dans un contexte d’acculturation généralisée, la règle semble paradoxalement plus stricte qu’auparavant : il est tout simplement interdit de prélever de tels caribous, sous peine de déclencher le mauvais temps, notamment le vent très fort. Une telle rigueur, si elle est réelle, est-elle à mettre sur le compte de l’absence de pratiques rituelles appropriées ? Elle témoignerait alors de la persistance de l’idéologie ancienne ayant le souci de préserver les équilibres entre la société et les autres composantes de l’univers. Seule une enquête approfondie pourra nous éclairer sur ce point.
Il arrive cependant qu’un chasseur abatte un caribou issu d’un œuf, sans l’avoir au préalable identifié comme tel. Ce n’est qu’a posteriori, au vu des indices divers, que le contrevenant réalise ce qui s’est passé, à l’image d’un chasseur d’Igloolik évoqué par Andre Uttak (comm. pers.) : « after having caught such a caribou, he became very tired and sleepy, he had to throw the meat and the skin away: so he knew it was not an ordinary caribou ».
Le fait de violer l’interdit sans le savoir affaiblit la gravité de la transgression ainsi que ses conséquences.
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Contes et légendes :
La légende du loup et du caribou a été consignée par Farley Mowat en 1974 :
« Au commencement, il n'y avait rien de vivant, pas d'animal, juste le premier homme et la première femme. Cette dernière demanda à Kaïla, le dieu du Ciel, de peupler la terre. Il l'envoya creuser un trou dans la banquise pour y pêcher et la femme sortit tous les animaux qui peuplent le monde du trou un à un, le caribou en dernier. Kaïla lui dit que le caribou était le plus beau cadeau qu'il puisse leur faire car il nourrira son peuple. La Femme relâcha le caribou et lui dit de se répandre sur la Terre et de se multiplier. Rapidement, les caribous devinrent nombreux et les fils de la femme purent le chasser pour manger sa chair et confectionner tentes et vêtements avec sa peau. Cependant, les descendants de la première femme choisissaient toujours les plus beaux animaux, si bien qu'un jour, il ne resta plus que les plus faibles et les malades, dont les inuits ne voulaient pas de peur, en les mangeant, de devenir faibles et malades comme eux. La femme demanda une solution à Kaïla et ce dernier alla rendre visite à Amarok, l'esprit du Loup. Il lui demanda que ses enfants, les loups, mangent les caribous maigres, malades et petits pour que les troupeaux redeviennent nombreux avec des animaux gros et gras, et que les Fils de la Femme puissent de nouveau les chasser. C'est depuis cela que, selon la mythologie inuit, "pour les Fils, le loup et le caribou ne sont devenus plus qu'un. Car, si le caribou nourrit le loup, le loup conserve le caribou en bonne santé." »
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Littérature :
Dans La Peau de bison (Éditions Flammarion, 1971) de Frison-Roche, dès le début du roman, Max et Jack sillonnent le grand nord canadien, l'un comme pilote d'avion, l'autre afin de recenser la faune arctique :
Il appuya sur la palonnier et l'avion vira. Jack désignait un point sur la toundra.
- Les voilà ! descends jusqu'à quatre cents pieds...
Max aussi les avait aperçus. Il n'avait jamais vu un pareil spectacle.
- C'est inouï, mais il y en a plusieurs milliers...
- Près de dix mille, si ce grand troupeau est celui auquel je pense. Mais dans deux jours il sera dispersé.
Les caribous, massés sur plusieurs centaines de mètres de largeur, s'étiraient sur près de dix kilomètres, trottant régulièrement sur la toundra, telle une armée en retraite dans l'hiver de la défaite. Déjà les animaux de tête traçaient des pistes divergentes, comme un éventail qui se déploierait lentement. Dans deux jours, disait Jack, il y aurait quatre ou cinq grandes migrations qui se disperseraient à leur tour en hardes de moins en moins nombreuses, et finalement l'immense troupeau s'éparpillerait dans la taïga des spruces. Chaque harde de trente à cinquante têtes regagnerait son lieu d'hivernage vers lequel un instinct très sûr la dirigeait. Chaque année, il changeait. Comme n'était jamais le même le grand rendez-vous de l'été sur la toundra dégarnie de neige.
- Les loups ! dit laconiquement Jack.
Des loups en bandes tournaient autour des caribous sans que ceux-ci manifestent la moindre inquiétude ; les vieilles femelles qui dirigeaient la migration continuaient à tenir leur cap, traversant les plateaux, franchissant les rivières, remontant sur la toundra, et l'ensemble dessinait sur le relief comme un énorme reptile. Les loups se gardaient bien de pénétrer dans le grand troupeau. Ils se contentaient de harceler la migration, et parfois deux ou trois d'entre eux se rabattaient sur les traînards, ou sur un jeune que sa fantaisie et l'ignorance du danger avaient un instant écarté ses congénères.
Alors le drame avait lieu, rapide et cruel : l'échine brisée, la gorge ouverte, le caribou agonisait encore, alors qu'il était déjà férocement dépecé.
- On les tire ? fit Max.
- Laisse ! Ils accomplissent leur métier, ils débarrassent la harde des bêtes malades ou fatiguées, ils font moins de dégâts que les Indiens avec les carabines que nous leur avons fournies !
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Avec son humour si particulier, Donald Westlake dans son roman policier intitulé Mauvaises nouvelles (Édition originale, 2001 ; traduction française Éditions Payot & Rivages fait honneur aux traditions liées aux rennes du père Noël, bien qu'il y ait quelques hésitations sur leurs prénoms :
Quand Dortmunder entra au O. J. Bar & Grill sur Amsterdam Avenue, à six heures moins quatre, ce soir-là, Rollo, le barman, un homme corpulent et chauve, était en train de peindre MERY XM sur le miroir extrêmement poussiéreux derrière le bar, en utilisant une sorte de mousse blanche contenue dan une bombe aérosol, peut-être de la crème à raser, pendant que les habitués, rassemblés à une extrémité du bar, discutaient pour savoir comment s'appelaient les rennes du Père Noël.
- Je connais leurs noms, dit le premier habitué. Y a Flascher, y a Lancer, y a...
- Hé, attends un peu, dit le deuxième habitué. Y en a un qu'est pas bon sur les deux.
Dortmunder se planta devant le bar, à droite du groupe des habitués, dans le dos de Rollo, dont la langue dépassait légèrement du côté gauche de la bouche, tandis que, très concentré, il traçait une diagonale vers la gauche juste à côté du M.
- Ah ouais ? dit le premier habitué. Lequel ?
- Je crois que c'est Flasher, dit le deuxième habitué.
A ce stade, un troisième habitué se joignit à la conversation :
- Non, c'est Lancer.
Rollo attaqua la deuxième jambe de la lettre suivante.
- Où vous voulez en venir ? demanda le premier habitué. Ils sont faux tous les deux ?
Un quatrième habitué, qui communiait avec les hautes sphères de l'univers jusqu'à présent, à moins que ce ne soit avec les bouteilles alignées derrière le bar, inspira profondément, pour la première fois depuis plusieurs jours apparemment, et lâcha :
- Rupert.
Tous les autres habitués le regardèrent. Pendant que Rollo attaquait la barre horizontale.
- Rupert comment ? demanda le deuxième habitué.
- Rupert le Renne, répondit le quatrième habitué.
Le troisième habitué, avec le plus grand mépris, s'exclama :
- Hé, attends un peu. Tu veux parler de celui avec le nez rouge ?
- Exactement !
- C'est pas un renne ! déclara le troisième habitué.
- Ah oui ? (Transmission réussie, le quatrième habitué était bel et bien en contact avec la réalité présente désormais.) Pourquoi est-ce qu'on l'appelle Rupert le Renne, alors ?
- Il fait pas partie de ces rennes-là, expliqua le premier habitué.
- Il s'appelle même pas Rupert, dit le troisième habitué. Il s'appelle Rodney. Rodney au nez rouge.
- Ils le laissent jamais jouer, dit le deuxième habitué, sauf quand il y a du brouillard.
- C'est toi qu'est dans le brouillard, dit le troisième habitué en pointant un doigt rageur sur le quatrième habitué.
- Hé ! s'exclama le quatrième habitué. Comment que je dois prendre ça ?
Rollo ajouta une apostrophe extrêmement réussie à droite du mot XMA, puis il s'arrêta pour examiner l'espace vide suivant.
- Comme tu veux, répondit le troisième habitué.
Le quatrième habitué plissa le front, le temps de réfléchir à la question. Rollo secoua la tête et se tourna légèrement pour jeter un regard à Dortmunder.
- Comment ça va ? lui demanda-t-il.
- Bien, dit Dortmunder.
Rollo agita la bombe aérosol en direction de l'espace vide à côté de XMA.
- A partir de maintenant, y a plus que des courbes, dit-il.
-Tu as bien réussi ton R, lui dit Dortmunder.
Cette remarque fit plaisir à Rollo.
- Tu trouves ? Tout est dans le poignet, à mon avis.
- Tu as sans doute raison.
- Je crois qu'il y en a un qui s'appelle Simplet, dit le deuxième habitué.
- Oui, fit le troisième habitué, et je sais lequel c'est.
Le premier habitué déclara :
- Je pense que les deux autres, c'est Masher et Nixon.
- Nixon ! ricana le troisième habitué. Il était même pas encore né, hé !
- En tout cas, c'est Masher et quelque chose.
- Donner, dit le deuxième habitué. Je sais qu'il y a un Donner quelque part.
- Non, non, non, dit le premier habitué. Donner, c'est là où ils ont bouffé des gens.
Tout le monde tendit l'oreille.
[...]
Il emporta le plateau, en passant devant les habitués, dont la plupart étaient maintenant convaincus que Crétin n'était pas un des Sept Nains.
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