Étymologie :
CHAUVE-SOURIS, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. xie s. (Gloses de Raschi, éd. A. Darmesteter, Paris, 1909, p. 28 : Kalve soriç) ; 1180 (M. de France, Fables, 23, 9 ds T.-L. : La chalve suriz) ; fin xiie s. (Audigier, 23, 9, ibid. : Chauves soriz) ; 2. 1831 p. anal. de forme, mar. (Will.). Orig. discutée. Prob. composé de chauve* et de souris* (REW3, n°8101 ; FEW t. 12, p. 114 ; cf. calves sorices viiie s., Klein-Labhardt, I, p. 196, 1640), bien que cette hyp. fasse difficulté du point de vue sém. ; le wallon chawe-sori (Grandg.) et cauwesoris (fin xiiie s. Sone ds Gdf. Compl.) est prob. formé à partir de cawa (chouette*) sōrice peut-être sur le modèle de chauve souris, les 2 types s'étant ultérieurement rencontrés, cf. chauve « choucas », Gloss. Abavus, éd. Roques, 5401 ; il est d'autre part peu probable que calves sorices soit dès le viiie s. une altération du type *cawa sorice (Dauzat ds Fr. mod., t. 19, 1951, pp. 23-24 ; v. aussi Séguy, ibid., t. 18, 1950, pp. 273-276).
Lire également la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Zoologie :
Découvrez le dossier du site Futura-sciences pour en savoir davantage sur la chauve-souris.
Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :
"La réputation sulfureuse de la chauve-souris n'est plus à faire : elle vit la nuit, elle est aveugle, elle suce le sang, etc. Elle a même inspiré le fameux Bruce Wayne qui fait rêver les petits enfants : lequel d'entre eux n'a jamais demandé la panoplie de Batman au Père Noël ? La merde de chauve-souris, ou guano, est très nocive bien qu'elle entretienne l'écosystème.
Description : La merde de chauve-souris dépend de ce qu'elle a ingéré. Si ce sont des insectes, son guano sera formé de petites crottes dures et cylindriques, semblables aux crottes de souris. Mais si elle s'est nourrie de fruits, ses excréments ressembleront plutôt à des éclaboussures. Le guano de chauve-souris peut être utilisé comme engrais car il est riche en nutriments : azote, potassium et phosphore.
La grotte aux chauve-souris : Petite visite guidée : De véritables colonies de chauve-souris, un million parfois, logent dans des grottes sombres et mal aérées. On y trouve des quantités impressionnantes de guano, agrémentées régulièrement par des giclures de merde fraîche. Très toxique, le guano contient beaucoup d'ammoniac et peut être responsable de maladies graves comme la rage, le SRAS, et autres mycoses et infections virales. On dit aussi qu'il est à l'origine de l'histoplasmose. Comme cette maladie qui vient d’Égypte est transmise par les chauve-souris qui logent dans les pyramides, on l'appelle "La Malédiction du Tombeau de la Momie". C'est peut-être romantique mais ça l'est moins lorsqu'on se retrouve affligé d'une pathologie grave à cause d'une merde de chauve-souris. Le guano peut avoir aussi des effets bénéfiques en alimentant une faune animale variée, serpents, crapauds, geckos et scarabées, qui s'en délectent. Avant que leurs prédateurs s'en nourrissent à leur tour, et les prédateurs de leurs prédateurs et ainsi de suite. Ainsi va la chaîne alimentaire.
Péter le feu : Pendant la Guerre de Sécession (1861-1865) on faisait de la poudre à canon avec la merde de guano, riche en phosphore et en azote."
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Croyances populaires :
Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :
La vie nocturne et l'étrange organisation des Chauves-Souris ne pouvaient manquer de donner lieu à des idées fantaisistes : on n'aime pas ces bêtes, dit-on parfois. On n'ose pas, on n'a pas l'occasion de regarder ces animaux de près, et de grossières erreurs sont formulées et perpétuées à leur sujet. Cette ignorance et cette prévention viennent en grande partie de ce qu'il s'agit d'un animal nocturne, et que l'homme porte en lui la terreur atavique, ancestrale, des ténèbres et de tous les êtres qui vivent et circulent la nuit.
Dans un recueil de 1808, provenant du pays de Vaud, on trouve, cité par le Dr Charbonnier Edmond, de Bussigny-sous-Lausanne, sous le titre : Superstitions populaires suisses par le Dr Georges Hervé, Revue Anthropologique 1916 : pour le tir à la cible il faut faire les balles soi-même, saigner une Chauve-Souris au cœur avec un canif neuf, dans une assiette neuve, et mettre les balles en contact avec le sang. Ou encore : griller une Chauve-Souris, la réduire en cendres, et mêler avec la poudre. Et encore : toucher la cible avec du sang de Chauve-Souris à l'endroit qu'on veut atteindre.
On accuse la Chauve-Souris d'avoir des griffes et de s'en servir pour s'accrocher aux cheveux. Si elle est munie de griffes c'est pour se suspendre aux parois rocheuses, jamais cette bestiole timide et craintive n'ose s'approcher de l'homme. D'autre part l'adresse de son vol la met à l'abri de pareilles maladresses et imprudences.
A Grimentz on les tient pour venimeuses. A Sierre on dit qu'il ne faut pas regarder en l'air quand elles volent de peur de recevoir du liquide dans les yeux et de perdre la vue.
Il y a des millénaires les Chinois firent de la Chauve-Souris l'emblème du bonheur, peut-être, a dit Henri de Régnier, parce qu'elle apparaît au crépuscule, à l'heure des souvenirs, presque à l'heure des rêves.
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Selon Jean Baucomont, auteur d'un article intitulé "Les formulettes d'incantation enfantine", paru dans la revue Arts et traditions populaires, 13e Année, No. 3/4 (Juillet-Décembre 1965), pp. 243-255 :
La tradition orale se perpétue dans le folklore de la vie enfantine. […] Une des catégories les plus curieuses de ces formulettes est celle des formulettes d'incantation.
L'incantation, nous disent les dictionnaires, signifie étymologiquement : un enchantement produit par l'emploi de paroles magiques pour opérer un charme, un sortilège. Le recours à l'incantation postule une attitude mentale inspirée par l'antique croyance au pouvoir du verbe, proféré dans certaines circonstances.
[…]
« L'incantation, dit Bergson, participe à la fois du commandement et de la prière. » On constate effectivement, que la plupart des formulettes d'incantation comportent à la fois une invocation propitiatoire : promesse d'offrande en cas de succès et une menace de sacrifice expiatoire, d'immolation en cas d'échec. Ce qui est proprement le caractère de l'opération magique traditionnelle.
[…]
Chauve-souris viens par ici
Tu auras du pain chansi (Loiret)
Ratapanedo vène lèou
Te dounaraï des pan nouveau
Des gingourlo, des canèlo
Gramécis Madamisella (Gard)
Traduction : Chauve-souris, viens bientôt - je te donnerai du pain nouveau - des jujubes, de la cannelle - Grand merci, Mademoiselle.
Scandé par les enfants quand une chauve-souris voltige au-dessus de leur tête à la tombée de la nuit.
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Jean-Jacques Barloy, dans un article intitulé "Rumeurs sur des animaux mystérieux." In : Communications, 52, 1990. Rumeurs et légendes contemporaines. pp. 197-218 rapporte une anecdote au sujet d'une chauve-souris géante :
[...] En janvier 1856, des ouvriers travaillent au percement d'un tunnel pour le chemin de fer à Culmont, dans la Haute-Marne. Ils débitent un énorme bloc de rocher lorsque, soudain, un animal cauchemardesque s'échappe de celui-ci. Ses ailes membraneuses de plus de 3 mètres d'envergure lui donnent l'aspect d'une immense chauve-souris. Sa peau nue est noire. Il possède un long cou et un museau aux dents aiguës.
Le monstre agite faiblement ses ailes, pousse un cri rauque et expire. Sa dépouille est transportée à Gray, où un paléontologiste l'identifie comme celle d'un ptérosaurien de l'ère secondaire...
C'est la publication de ce récit dans L'lllustrated London News du 9 février 1856 qui lui a donné une résonance internationale. J'ai retrouvé l'article original : il avait paru dans un journal régional, La Presse grayloise, le 12 janvier précédent. Et, le 19 janvier, la même publication répondait à un lecteur qui lui demandait l'adresse du paléontologiste en question : « Nous regrettons de ne pouvoir donner l'adresse de l'illustre paléontologue de Gray, dont la modestie égale le profond savoir, et qui veut se dérober aux nombreuses félicitations que lui attirerait son intéressante découverte. »
II s'agissait donc d'un canular (d'ailleurs le paléontologiste l'avait identifié comme un Pterodactylus anas-canard !). Personne ne peut croire à la résurrection d'un reptile volant fossilisé dans une pierre. Peut-être un fossile avait-il effectivement été découvert, à moins qu'une chauve-souris ne se soit envolée devant les ouvriers...
A propos de cette affaire, signalons que, dans une lettre parue dans YISC Newsletter (7, 4, hiver 1988, p. 11), Lorna Llyod signale un curieux passage du livre de Marc Alexander, Enchanted Britain (Arthur Barker, Londres, 1981).
Selon cet ouvrage, dans le village de Renwick (Cumberland), en 1733, un immense animal ailé s'échappa d'une église en cours de démolition. Il sema la terreur dans le village, pour, finalement, être mis à mort dans le cimetière par un ouvrier. Les points communs avec l'épisode de Culmont sont troublants.
A la suite de cette affaire, les habitants de Renwick furent surnommés les Chauves-Souris, en raison de l'aspect du monstre. Et, de nos jours encore, des témoins assurent avoir vu un « oiseau » géant voler le soir autour du village...
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Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17. Mars 2009) :
"Dans la culture populaire polonaise, qui se caractérise par la conviction du rôle prépondérant de l’utilité – tant pour la prospérité et l’activité de l’homme que pour ses biens, les animaux tels que les souris et les chauve-souris étaient perçus d’une manière décidément négative. Vivant à proximité des locations humaines, elles étaient considérées en tant qu’êtres inutiles, et même dangereux. [...]
La chauve-souris était appelée “souris volante”. Selon le peuple polonais elle prenait naissance d’une souris après sept années d’existence (Biegeleisen 1929b : 413), ou bien d’une souris qui avait mangé une chandelle de l’église (Czernik 1985 : 122), ou de la pâtisserie bénite à Pâques (Bystroń 1976 : 268). Selon les Cracoviens c’était une souris qui avait réussi pendant sept ans à ne pas être mangée par un chat, et qui en récompense obtenait des ailes. Ces ailes membraneuses, son poil noir, son vol silencieux, son cri caractéristique, sa façon de se reposer la tête en bas, et son mode de vie nocturne en faisaient un phénomène, la liaient à la mort. On considérait qu’elle enfreignait l’ordre terrestre. Bien que n’étant pas un oiseau – elle volait, ne naissait pas d’un œuf, mais comme les autres mammifères ; bien qu’ayant des ailes – elle n’avait pas de plumes. C’était donc un être mixte, inscrit dans l’ordre limitrophe. Le fait qu’elle habitait dans des endroits déserts, menant dans les profondeurs du pays des morts, en faisait un messager de la mort. Dans l’art chrétien, tout comme dans l’art populaire, on représentait souvent le diable avec des ailes de chauve-souris. En tant qu’être diabolique, elle éveillait la frayeur. Les démons aériens étaient entre autres imaginés sous forme de chauve-souris (Baranowski 1981 : 120). On croyait qu’elle pouvait être une menace directe pour les hommes – sucer leur sang et leur cerveau. Oskar Kolberg nota au XIXe siècle dans la région de Lublin: “Les chauve-souris, (...) sont appelées mauvais esprits. On dit qu’elles (...) se croisent en volant dans divers sens afin de trouver un homme qui a marié son âme à l’enfer ; si la chauve-souris le trouve, alors elle s’emmêle dans ses cheveux et arrache la tête du damné pour emporter son âme aux enfers” (Krzyżanowski 1975 : 207). On croyait aussi qu’il était possible de faire venir le diable par l’intermédiaire d’une chauve-souris. Elle prédisait les épidémies et la mort (Gaj Piotrowski 1993 : 350), mais en même temps en restant en proche contact avec l’au-delà elle pouvait aider à connaître l’avenir. Elle était volontiers employée dans la magie de l’amour. La conviction que les os et les griffes de chauve-souris étaient efficaces pour aider à obtenir la bienveillance et l’amour, tout comme les cendres de l’animal brûlé, parsemées furtivement sur la personne choisie, était très répandue (Kantor 1988 : 66-67). La chauve-souris servait aussi dans les opérations de magie protectrice à l’égard des personnes et de leurs biens. On la clouait vivante à la porte de la grange, en croyant qu’elle assurerait une récolte abondante. Attachée à l’entrée de l’étable elle garantissait la bonne croissance du bétail (Biegeleisen 1928: 318)."
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Symbolisme :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
CHAUVE-SOURIS. Les Caraïbes regardaient autrefois cet animal comme de bon augure ; ils prétendaient que c'était un gardien de leurs maisons durant la nuit, et ils traitaient de sacrilèges ceux qui les tuaient. Dans la Montagne-Noire, département du Tarn, on croit que si l'on jetait une chauve-souris dans le feu, celle-ci ferait entendre très distinctement de grosses injures.
Dans le Dictionnaire des symboles (1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :
"Selon la loi mosaïque, [cet] animal impur [est] devenu le symbole de l'idolâtrie et de la frayeur.
La chauve-souris est, en Extrême-Orient, le symbole du bonheur parce que le caractère foù qui la désigne est l'homophone du caractère qui signifie bonheur. Il ne viendrait pas à l'idée d'un Chinois de la clouer sur la porte de sa grange. Son image accompagne parfois le caractère longévité dans l'expression des souhaits. Sur les gravures chinoises, un cerf se trouve souvent à son voisinage. Elle figure sur le vêtement du génie du Bonheur. Cinq chauves-souris disposées en quinconce figurent les Cinq Bonheurs (wou foù) : richesse, longévité, tranquillité, culte de la vertu (ou santé), bonne mort.
Elle est en particulier un symbole de longévité car on suppose qu'elle la possède elle-même, du fait qu'elle vit dans les cavernes - qui sont un passage vers le domaine des Immortels - et s'y nourrit de concrétions vivifiantes. La fortification du cerveau, pratiquée par les Taoïstes et figurée par l'hypertrophie crânienne, est une imitation de la chauve-souris : elle est censée la pratiquer et c'est pourquoi le poids de son cerveau l'oblige à percher... la tête en bas. Rien d'étonnant qu'elle constitue elle-même une nourriture d’immortalité. En outre les fortifications dont il s'agit et l'obtention consécutive de la longévité sont souvent liées à des pratiques érotiques : la chauve-souris sert à la préparation des drogues aphrodisiaques, vertu que Pline reconnaissait, quant à lui, au sang de l'animal.
Chez les Maya, la chauve-souris est l'une des divinités incarnant les forces souterraines. Dans le Popol Vuh, la maison de la chauve-souris est l'une des régions souterraines qu'il faut traverser pour atteindre le pays de la mort. La chauve-souris est le maître du feu. Elle est destructrice de vie, dévoreuse de lumière, et apparaît donc comme un substitut des grandes divinités chtoniennes, le Jaguar et le Crocodile. Elle est également divinité de la mort chez les Mexicains, qui l'associent au point cardinal Nord et la représentent souvent combinée avec une mâchoire ouverte, parfois remplacée par un couteau sacrificiel. Même fonction, semble-t-il, chez les Indiens Tupi-Guarani du Brésil : pour les Tupinambas, la fin du monde sera précédée de la disparition du soleil dévoré par une chauve-souris. Les Maya en font un emblème de la mort et la nomment celui qui arrache les têtes ; ils la représentent avec des yeux de mort.
Pour les Indiens Zuni (Pueblo), les chauves-souris sont les annonciatrices de la pluie. Dans un mythe des Indiens Chami, apparentés au groupe Choko (versant Pacifique de la cordillère des Andes colombiennes), le héros mythique Aribada tue la chauve-souris Inka (le vampire), pour s'emparer de son pouvoir d'endormir ses victimes. On dit en effet que le vampire, lorsqu'il veut mordre un homme endormi, généralement entre les orteils, pour lui sucer le sang sans l'éveiller bat constamment des ailes. Aribada, s'étant emparé de ce pouvoir, s'introduit la nuit auprès des femmes endormies et agite deux mouchoirs l'un blanc, l'autre rouge, pour abuser d'elles à leur insu. Ceci est à rapprocher des pouvoirs érotico-libidineux déjà reconnus à la chauve-souris par Pline.
En Afrique, d'après une tradition peule d’initiation, la chauve-souri revêt une double signification. Au sens positif, elle est l'image de la perspicacité : être qui voit même dans l'obscurité, quand tout le monde est plongé dans la nuit. Au sens négatif, elle est la figure de l'ennemi de la lumière, de l'extravagant qui fait tout à rebours et qui voit tout à l'envers comme un homme pendu par les pieds. Ses grandes oreilles, en diurne : emblème d'une ouïe développée pour tout capter ; en nocturne : excroissances hideuses. Souris volante, en nocturne : aveuglement aux vérités le plus lumineuses et entassement par grappes des puanteurs et laideurs morales ; en diurne : image d'une certaine unité des êtres, leurs limites s'effaçant dans l'hybride grâce à des alliances.
Dans l'iconographie de la Renaissance, illustrant de vieilles légendes, la chauve-souris, seul être volant qui possède des mamelles, symbolisait la femme féconde. On la voyait auprès d'Artémis, la déesse aux nombreuses mamelles qui, bien qu'elle fût vierge ou plutôt en raison de cette qualité, protégeait la naissance et la croissance.
Dans les traditions alchimistes l'ambiguïté de cette nature hybride, la souris-oiseau, explique l'ambivalence de ses symboles : la chauve-souris représente l'androgyne, le dragon ailé, les démons. Ses ailes seraient celles des habitants de l'enfer. Une riche iconographie illustre ces interprétations.
Elle est également, dans certaines œuvres d'art d'inspiration germanique, l'attribut de l'envie, car comme la chauve-souris ne vole qu'à la nuit tombante, l'envie travaille dans l'ombre et ne se montre pas en plein jour ; ou encore la propriété de la chauve-souris, c'est que la lumière l'aveugle, comme les gens envieux et haineux ne peuvent supporter le regard des autres personnages.
La chauve-souris symbolise encore l'être définitivement arrêté à une phase de son évolution ascendante : il n'est plus le degré inférieur, pas encore le degré supérieur ; oiseau manqué, il est bien, comme disait Buffon, un être monstre. A l'inverse de l'oiseau bleu qui, même la nuit, reste un animal céleste, quelque chose de sombre et de lourd, note G. Bachelard, s'accumulera autour des oiseaux de la nuit. Ainsi, pour beaucoup d'imaginations, la chauve-souris est la réalisation d'un mauvais vol (une espèce de voltigement incertain, dit Buffon), d'un vol muet, d'un vol noir, d'un vol bas, anti-trilogie de la trilogie shelleyenne du sonore, du diaphane, et du léger. Condamnée à battre des ailes, elle en connaît pas le repos dynamique du vol plané. En effet, dit Jules Michelet (L'Oiseau) on voit que la nature cherche l'aile et ne trouve encore qu'une membrane velue, hideuse, qui toutefois en fait déjà la fonction.... Mais l'aile ne fait pas l'oiseau. La chauve-souris est, dans la cosmologie ailée de Victor Hugo, l'être maudit qui personnifie l'athéisme. La chauve-souris symboliserait à cet égard un être dont l'évolution spirituelle aurait été entravée, un raté de l'esprit."
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Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), la Chauve-souris répond aux caractéristiques suivantes :
Points clés : Transition et initiation.
Cycle de puissance : Nuit.
La chauve-souris (ou chiroptère) est un des mammifères les plus incompris. Ses représentations modernes au cinéma et à la télévision lui ont conféré une réputation sinistre, mais elle joue un rôle important dans la nature et comme symbole dans les traditions totémiques. Si les croyances modernes la rangent dans les cohortes du diable avec ses ailes rappelant celles d'un dragon, dans des temps plus anciens, elle était un puissant symbole.
A Babylone, les chauves-souris représentaient les âmes des morts. En Chine, elles étaient des symboles de bonheur et de longue vie. Pour les anciens Mayas, elles symbolisaient l'initiation et la renaissance. Et pour les hommes du Moyen Âge, elles étaient des dragons miniatures.
Des traditions méso-américaines primitives est issu d'un ouvrage sacré sur le processus initiatique dans lequel els chauves-souris occupent un rôle significatif. Ce livre s'appelle le Popol Vuh Il fut découvert par le père dominicain Francesco Ximenez au tout début du XVIIIe siècle. Le second livre du Popol Vuh décrit les sept épreuves que des frères jumeaux doivent subir. La septième les emmène dans la maison des chauves-souris. D'énormes chiroptères volent dans le labyrinthe dont le seigneur est Camazotz, le dieu des chauves-souris. Cet être avait le corps d'un humain et la tête et les ailes d'une chauve-souris. Avec sa grande épée, il décapitait les guerriers imprudents (Note : Manly P. Hall, The Secret Teachings of All Ages).
Cette histoire et cette imagerie puissamment symboliques déclinent le processus de transition - en partie humain et en partie chauve-souris (animal). Cela implique une perte des facultés de l'individu si l'on ne prend garde aux changements. Mais il y a aussi, sous-jacente, la promesse d'une renaissance et d'une sortie des ténèbres.
Les auteurs Jamie Sams et David Carson disent de la chauve-souris qu'elle reflète la mort du chamane traditionnel - la décomposition de l'ancien soi au gré d'épreuves intenses. C'est une confrontation à ses plus grandes peurs - il est temps de mourir à certains aspects de sa vie qui ne sont plus souhaitables pour soi.
La plupart des gens ont peur des transitions et s'accrochent à des principes du type « mieux vaut un mal connu qu'un bien qui reste à connaître », voire « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ». Si une chauve-souris vole dans votre vie, il est temps pour vous d'affronter vos peurs et de vous préparer au changement. Vous êtes mis au défi de vous débarrasser de l'ancien pour créer le nouveau.
Pour de nombreuses personnes, le changement est toujours inquiétant. Quand la chauve-souris entre dans votre vie, vous pouvez voir une partie de celle-ci commencer à aller de mal en pis. Ce qui fonctionnait auparavant peut cesser de le faire. Mais ce n'est pas négatif ! En réalité, ce n'est perturbant que dans la mesure de votre attachement aux vieilles méthodes ou de votre tendance à rester fixé sur le passé au lieu de vous tourner vers les possibilités infinies de l'avenir.
Les changements et les transformations sont des bénédictions. Ils ne sont pas déclenchés de l'extérieur mais de l'intérieur, et le monde est notre miroir. Alors que nous changeons, y compris dans notre conscience, tout ce qui est reflété dans le monde commence aussi à changer. Pour comprendre les bienfaits du changement et en jouir, commencez par restaurer votre responsabilité vis-à-vis de votre vie. Cela signifie que vous devez vous ouvrir au pouvoir à l'intérieur duquel vous allez triompher de toute peur.
Regardez au-delà des circonstances immédiates et limitées. Il ne peut y avoir aucune mort sans qu'il y ait également renaissance. Tout reflète le divin. Rappelez-vous que la mort est le choix de bloquer ou d'affronter les énergies divines qui sont vôtres par héritage. Quant à la renaissance et à la vie, vous les trouverez en suivant le flux qui vous guide à l'intérieur. Le choix vous appartiendra toujours. N'oubliez jamais que caque fois que vous faites confiance aux influx intérieurs, vous chassez les peurs vers les plus sombres recoins de votre esprit. Ce que vous choisissez de faire aujourd'hui aura des répercussions pendant des années. Voulez-vous que ces répercussions soient positives ou négatives ?
Bien que de petite taille, la chauve-souris est un puissant symbole. Sa médecine est d'une grande force ; elle peut même être traumatisante. C'est un animal nocturne et la nuit était fréquemment considérée comme l'antre de toutes les peurs. Les feux et les lumières des logis servaient souvent à repousser la nuit et ses peurs au lieu d'y faire face et de les transmuter. Evitez-vous d'affronter quelque chose d'inévitable ?
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Dans la mythologie, la chauve-souris, monstre ailé selon Virgile, est souvent représentée comme un animal maléfique. Sa conformation peu avenante, sa couleur noire, ses cris interprétés comme des injures et des blasphèmes ont fait de ce mammifère nocturne, qui passe pour être aveugle, un familier des démons et des sabbats.
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Dans Les Cartes médecine, Découvrir son animal-totem (version revue 1999, traduction française 2000) de Jamie Sams et David Carson,
"La légende de la Chauve-souris baigne dans le mystère des rituels des tribus méso-américaines. En Amérique centrale, la Chauve-souris est le symbole de la renaissance ; elle rappelle la croyance bouddhiste de la réincarnation. Depuis des siècles, les Aztèques, les Toltèques, les Tolucas et les Mayas révèrent la médecine de la Chauve-souris.
La Chauve-souris rappelle aussi l’idée de la mort du chaman, cette mort rituelle imprégnée de secrets et empreinte des rites élaborés de l’initiation. La mort du chaman, c’est cette mort symbolique aux anciens modes de vie et à l’identité personnelle. Le parcours initiatique qui aboutit au droit de guérir et octroie le titre de chaman passe nécessairement par la mort rituelle. La plupart de ces rituels agissent brutalement sur le corps, le cerveau et l’esprit. À la lumière des standards actuels, il est bien difficile de découvrir une personne prête à supporter de tels abus tout en étant capable d’en sortir avec un équilibre intact.
Ces anciens rites d’initiation avaient pour but principal de chambarder les notions antérieures que l’aspirant-chaman se faisait sur le « moi ». Cela exigeait des tests brutaux tant sur le plan de sa force physique que de son habileté psychique ; toutes les émotions du sujet étaient aussi poussées à l’extrême. On raillait l’aspirant ; on lui crachait dessus afin de l’habituer à faire face aux contraintes avec humilité et courage. L’étape finale de l’initiation consistait à enterrer l’initié durant une nuit afin qu’il renaisse, le lendemain matin, sans son ego antérieur.
Ce rituel est très semblable à la nuit de frayeur que pratiquent les Autochtones de l’île à la Tortue. Dans ce rituel, on envoie l’aspirant chaman dans un lieu particulier où il doit creuser sa tombe pour y passer la nuit, tout seul au sein de la Terre-Mère avec, pour unique protection, une simple couverture sur le trou de la tombe. La noirceur, le bruit des animaux qui rôdent ont vite fait de confronter l’initié à ses peurs.
Les ténèbres de la tombe et la caverne de la Chauve-souris ont tous deux une signification semblable : se libérer de l’ego. A l’envers, la Chauve-souris symbolise la naissance à une nouvelle vie. C’est aussi la position des bébés qui font leur entrée dans le monde.
Si la Chauve-souris est apparue dans vos cartes aujourd’hui, cela symbolise le besoin d’une mort rituelle pour une façon de vivre qui ne convient plus à votre nouveau niveau de croissance. Cela peut vouloir dire laisser tomber de vieilles habitudes et adopter une attitude qui prédisposera à une renaissance et, dans certains cas, à une initiation.
Dans tous les cas, la Chauve-souris annonce la renaissance d’une partie de vous-même et la mort de vieilles structures. Si vous résistez à votre destinée, il s’ensuivra peut-être une mort lente, qui s’étire ou qui fait souffrir. L’univers vous demande de grandir et de vous propulser dans l’avenir. Pour y arriver, vous devez mourir de la mort du chaman.
A l’envers : Si la Chauve-souris pend encore à l’envers dans la caverne ténébreuse, vous faites face à sa médecine contraire. Cette position mène à la stagnation de l’esprit, à un refus de reconnaître votre vraie destinée – ce qui veut toujours dire l’utilisation maximale de vos talents. Y a-t-il un aspect de votre vie où vous exercez tant de retenue que cela met un frein à vos désirs de créativité ? Si oui, éliminez les barrières et le flot reprendra son cours.
La Chauve-souris peut aussi souligner qu’en renversant vos cycles naturels de renaissance, vous abordez la vie à reculons. En un certain sens, c’est un accouchement par le siège. Ce genre de fermeture à la vie nuit à votre libération : vous vous retrouverez mort-né si vous demeurez trop longtemps dans le passage utérin. Au bout du compte, cela peut même vous mener à la mort du corps.
Certaines personnes se sentent coincées par des obstacles illusoires. Elles mettent tant de temps à décider quoi faire que la vieillesse les surprend sans qu’elles aient agi : les occasions se sont envolées, leurs rêves aussi. La Chauve-souris à l’envers vous recommande d’utiliser votre intelligence, votre courage et votre force pour vous assurer que le travail sera de courte durée et qu’il portera fruit ; que vous entrerez au plus tôt dans ce nouvel état de compréhension et de croissance.
Abandonnez-vous à la nouvelle vie que vous venez de créer par vos pensées et vos désirs pour aller fièrement à la rencontre de cette aube nouvelle. Si vous vous inquiétez de ce jour-ci et du lendemain, sans penser beaucoup plus loin, il se peut que vous oubliiez de regarder à l’horizon.
Pourtant, les enseignements vous rendent responsables des générations futures parce que vous êtes les ancêtres de l’avenir. Tout ce que vous entreprenez aujourd’hui aura des répercussions sur les sept générations à venir. Chacune de vos décisions, chacune de vos pensées créera la stagnation ou la renaissance pour ceux et celles qui vous suivront sur le Bon Chemin rouge. Si vous mettez un frein à vos élans, vous mettez probablement aussi un frein aux générations futures.
La Chauve-souris vole la nuit et vos rêves naissent la nuit. Ce sont les rêves qui bâtissent les civilisations de l’avenir, alors assurez-vous de bien les nourrir.
Mot-clef : renaissance."
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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :
"Du fait même qu'elle se tient la tête en bas, dort le jour et vit la nuit, se présente à nous sous la forme d'un animal hybride, mi-souris, mi-oiseau, dont l'espèce remonterait à la nuit des temps, la chauve-souris n'a jamais eu très bonne réputation en Europe. Pourtant, en Chine, cet animal pacifique et reconnu très utile, puisqu'il se nourrit de moustiques, est associé au bonheur, à la persévérance et à la foi.
Pour notre part, nous avons observé que l'apparition de la chauve-souris dans un rêve peut être interprété sous deux angles distincts : soit elle est à rapprocher des significations symboliques de l'arcane 12 du Tarot, le Pendu, soit elle figure des pulsions incontrôlées, sexuelles le plus souvent, des idées noires ou folles, obsessionnelles, qui hantent le rêveur. "
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D'après Madonna Gauding, auteure de Animaux de pouvoir, Guides, protecteurs et guérisseurs (édition originale Octopus Publishing Group, 2006 ; traduction française Éditions Véga, 2006) :
Guide d'interprétation
En tant que symbole onirique : Transformation - Renouvellement - Nuit - Renaissance - Initiation - Adaptation.
En tant que gardien ou protecteur : Protège de la collision - Garde pendant la nuit
En tant que guérisseur : Apporte chance et bonheur - Atténue les problèmes acoustiques et auditifs.
En tant qu'oracle ou augure : Surveillez les occasions cachées - Suivez l'exemple de la chauve-souris qui reste tête en bas, et essayez les postures de yoga inversées.
Mythes et contes
Symbole de renaissance, la chauve-souris était sacrée pour les Aztèques, les Toltèques et les Mayas. En Chine, elle était associée à Cheou-sing le dieu de la longévité.
Si la chauve-souris est votre animal de pouvoir
En ayant affiné vos talents psychiques, vous disposez d'une extraordinaire capacité de comprendre les messages cachés dans toute situation. Lorsque la vie présente des difficultés - perte d'emploi, maladie grave -, vous vous adaptez à la nouvelle situation et régénérez votre force vitale. Toutefois, en perdant vos amarres spirituelles, vous trébuchez. Vous comprenez le besoin d'affronter votre ego, obstacle à la croissance spirituelle. Vous avez connu de nombreuses transformations qui ont chamboulé vos perceptions normales. Chacune a été ressentie comme une mini-renaissance aboutissant à de nouvelles réalisations à propos de votre véritable objectif.
Demandez à la chauve-souris de vous aider
à découvrir les messages caché
à reconnaître les occasions et les dons.
Accéder au pouvoir de la chauve-souris en :
étant actif au crépuscule et la nuit tombée
installant un abri pour chauves-souris dans votre jardin pour contrôler les insectes.
La chauve-souris navigue en émettant des ondes courtes, à haute fréquence et en lisant l'écho que celles-ci renvoient. Ainsi, elle détermine la direction et la distance des objets de la zone concernée. essayez d'être plus présent dans le moment en développant vos sens.
Élément Air."
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D'après Diana Cooper, auteure de Le Guide des archanges dans le monde animal (Doreen Virtue, 2007 ; Éditions Contre-dires, 2018), les Chauve-souris nous proposent un message :
Nous avons beaucoup à vous apprendre
et nous coexistons avec vous en paix. Veuillez nous
accepter et savoir que lorsque vous développerez les techniques
du sonar et de l'écholocalisation que nous utilisons, votre
monde sera un endroit beaucoup plus évolué et plus agréable.
Vous pourrez alors communiquer de la même façon que nous le
faisons, par les chakras du cœur et de la gorge ouverts,
et il n'y aura plus que la vérité.
Les chauves-souris viennent d'un autre univers. C'est la raison pour laquelle elles sont souvent craintes et si mal comprises. Elles sont originaires de Sirius où elles perfectionnent leur connaissance des ondes sonores et de l'écholocalisation pour s'adapter à l'atmosphère et à l'énergie de la Terre. Elles pratiquaient à l'origine la technique des ultra-sons en Lémurie, lorsqu'elles avaient des corps énergétiques. Certaines espèces sont là pour apprendre et faire la démonstration de l’utilisation des ondes sonores. Toutes les chauves-souris apprennent à donner la vie et à prendre soin de leurs petits. Elles apprennent aussi et dispensent des enseignements à propos de la vie et du partage des responsabilités à l'intérieur d'une communauté. Certaines sont de la quatrième dimension, car elles ont développé leur cœur et elles s’occupent bien de leurs petits. D'autres sont de la cinquième dimension. L'archange Fhelyai, l'ange des animaux, est responsable du royaume des chauves-souris, mais l'archange Dorenka, qui vient du même univers, les supervise. Sa fréquence n'est ni plus rapide ni plus lente que celle des archanges comme nous les comprenons. Il vibre simplement sur une longueur d'onde différente.
Les chauves-souris n'ont pas besoin des humains ou ne veulent rien avoir à faire avec nous. Elles ont un bon système immunitaire, et cela s'explique en partie par le fait que le vol utilise beaucoup d'énergie et maintient la force de leur corps physique. Cependant, un système immunitaire fort est le signe d'un centre cardiaque ouvert, et elles développent cette capacité dans leur quête pour passer à la cinquième dimension. Comme de nombreuses créatures, les chauves-souris apprennent la vie de famille sur Terre et l'enseignent à leur tour. Elles ont des liens familiaux très forts et sont très protectrices et attentionnées envers les membres de leur groupe. Ce sont des créatures sociales et elles vivent en grandes colonies où les mâles et les femelles sont séparés, sauf lors de l'accouplement. Les femelles donnent naissance à un seul petit et forment ensuite une colonie maternelle au sein de leur communauté. La mère doit voler pendant la grossesse, l'allaitement et l'alimentation, et elle exerce ses devoirs maternels avec dévotion. Une particularité hautement évoluée des chauves-souris qui est en partie responsable de la façon dont elles se sont adaptées à la vie sur Terre, est que la femelle garde le sperme dans son corps jusqu'à ce que le moment soit venu de fertiliser un œuf. Ce n'est qu'ensuite qu'elle le libère. Elle sait que le moment est favorable en écoutant l'archange Dorenka qui lui transmet l'information par télépathie. Ainsi, les petits naissent quand le temps est assez chaud pour qu'ils puissent survivre et avoir une nourriture abondante. Les chauves-souris se nourrissent différemment, en fonction de la partie du monde où elles se trouvent. Certaines chauves-souris ne mangent que des insectes ; d'autres mangent des grenouilles, des fruits, du nectar, du sang, du pollen et du poisson, ceci pour profiter de la nourriture disponible dans leur région. Bien entendu, elles se sont incarnées dans cet endroit précis pour expérimenter les conditions qu'elles y trouvent et elles ont développé différentes capacités digestives qui les affectent en conséquence. Il s'agit de toutes les informations qu'elles ont accepté de collecter durant leur séjour sur Terre, afin de les emmener avec elles lors de leur retour sur Sirius et, par conséquent, dans leur univers d'origine. Les chauves-souris ont des tailles très différentes. Les plus grandes sont des renards volants et elles ont des ailes très grandes, qui peuvent avoir jusqu'à deux mètres d'envergure. Le plus petit mammifère du monde est la chauve-souris bourdon, ainsi nommée parce qu'elle possède la taille d'une abeille. Les chauves-souris représentent 20 pour cent des mammifères vivants sur Terre, et leur apprentissage est constitué d'une vaste gamme d'expériences. Ce sont les seuls mammifères qui volent correctement plutôt que de glisser et rappellent ainsi aux humains qu'il leur est possible de faire la même chose. En fait, leurs ailes sont des mains qu'ils ont adaptées pour le vol, ce qui leur permet d'être très flexibles ! Certaines chauves-souris se déplacent et chassent grâce à l'écholocalisation. D'autres n'ont pas développé cette compétence et ont recours à l'odorat et à la vision pour trouver de la nourriture. Elles sont très évoluées et, comme leur couleur noire l'indique, elles possèdent une sagesse universelle ainsi que des secrets féminins divins. Leur rôle est d'apporter la sagesse et la connaissance de Sirius, et de leur univers d'origine, et de les diffuser partout où elles peuvent le faire. Elles nous enseignent par leurs actions et par une connexion énergétique. Nous pouvons apprendre beaucoup par leur intermédiaire. Les chauve-souris peuvent voir dans l'obscurité. Cependant, la plupart d'entre elles utilisent l'écholocalisation pour se diriger et attraper des insectes, ceci dans le but de démontrer qu'il existe une autre façon de se déplacer si nous développons les aspects adéquats de nos cerveaux. Quelques êtres humains aveugles ont développé des capacités pour se mouvoir grâce à l'écholocalisation. Leurs capacités acoustiques résultent de l'évolution supérieure de leur chakra de la gorge qui s'est développé sous la tutelle de l'archange Michaël. Tous les sons forment des symboles dans l'éther. Les notes à fréquence vibratoire élevée émises par les chauves-souris créent d'incroyables figures géométriques sacrées qui incitent les anges à chanter au-dessus d'elles. Cela signifie qu'elles clarifient les fréquences inférieures et laissent une trace de sagesse féminine divine partout où elles vont ! Des qualités psychiques, telles que la télépathie, sont développées à l'intérieur du chakra de la gorge. Quand les chauves-souris évoluent vers la cinquième dimension, elles se connectent à Telephony, la partie ascensionnée de Mercure, et aux anges et maîtres du rayon doré, tout comme le font les humain quand ils relient leur chakra de la gorge de la cinquième dimension à cette étoile ascensionnée. A ce point, leurs auras, qui sont en fait des incolores ou noires, prennent un reflet doré. Les chauves-souris qui viennent de naître – lorsque toutes leurs connexions spirituelles sont encore intactes et fraîches avec l'amour de la Source – ont des nuances dorées dans leurs auras. La lumière contient des clés et des codes d'informations, de connaissance et de sagesse spirituelles qu'elles peuvent nous transférer. La plupart des animaux ont besoin de lumière pour activer leur glande pinéale, afin qu'elle puisse recevoir les clés et les codes de la sagesse universelle. L'obscurité est l'absence de lumière. Dans le noir, vous pouvez établir une connexion pure avec la Source sans interférence. C'est la raison pour laquelle la plupart des gens ferment les rideaux et font l'obscurité dans leur chambre avant de dormir, afin de pouvoir traiter tout ce qu'ils ont absorbé de la lumière pendant la journée. Quand nous avons transcendé nos limites mentales et émotionnelles inférieures, nous étreignons l'énergie de la Source pure durant notre sommeil. Les chauves-souris démontrent égalent qu'elles peuvent utiliser d'autres sources de lumière, telles que la Lune. Leur activité est réduite durant la pleine lune, alors qu'elles absorbent l'énergie et l'information de la Lune, qui est ensuite traitée pendant l'obscurité. L'énergie lunaire contient les qualités du divin féminin. La chauve-souris est très sensible à son environnement. Les Amérindiens la considèrent comme un symbole d'intuition, de rêve et de vision, ce qui suggère la possibilité de voir la vérité à travers l'illusion. Ce sont toutes des qualités féminines.
VISUALISATION POUR AIDER LES CHAUVES-SOURIS
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Invoquez l'archange Fhelyai, l'ange des animaux, et voyez sa douce lumière jaune qui s'approche alors qu'il se tient à côté de vous.
Derrière lui vient l'archange Dorenka avec une énergie jaune-brun, portant une petite chauve-souris dans ses mains.
L'archange Dorenka vous offre la chauve-souris, de la taille d'une abeille, et vous la prenez doucement dans le creux de vos mains. Sentez comme son duvet est doux.
Soyez conscient de la lumière dorée qui coule de sa gorge alors qu'elle fait entendre des grincements.
Sentez la pure lumière blanche de son centre cardiaque se connecter à votre cœur.
Remerciez l'archange Dorenka et redonnez-lui la petite chauve-souris pour qu'il la rende à son tour à sa mère.
Et soyez conscient d'un vent léger qui frôle votre visage quand une chauve-souris beaucoup plus grosse passe près de vous en battant des ailes. Vous savez qu'elle ne vous touchera jamais.
Voyez avec des yeux initiés qu'elle laisse une traînée de lumière contenant des clés et des codes soniques, qu'elle descende en piqué ou qu'elle vole.
Puis, remarquez que les anges chantent au-dessus de vous et de cette grande chauve-souris. Les traînées deviennent dorées et étincelantes, et elles irradient. Partout où elles circulent, elles dispersent les fréquences inférieures.
Restez ouvert à tout message que la chauve-souris peut vouloir transmettre. Ensuite, remerciez-la d'être venue vous rendre visite.
La chauve-souris s'éloigne en volant, et vous sentez que vous avez une meilleure compréhension et un cœur chaleureux envers le règne des chauves-souris.
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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la chauve-souris est définie par les caractéristiques suivantes :
Traits : La chauve-souris est le seul mammifère capable de voler. Elle se repère par le son et se dirige par écholocation : en volant, elle émet un cri aigu qui se renvoie en écho dans la zone où elle est, lui permettant de se faire une image de ce qui l'entoure. Contrairement à la croyance que les chauves-souris sont aveugles, toutes les espèces peuvent voir. Les chauves-souris aiment bien se percher en groupes. Certaines espèces préfèrent avoir leur propre espace (une quinzaine de centimètres) au sein du groupe ; d'autres s'empilent les unes sur les autres pour une plus grande proximité.
Talents : Changements constructifs, créatif, écoute exceptionnelle, sans peur, flexible, grand navigateur, intelligent, intuitif, méditatif, circule dans l'obscurité en traversant l'inconnu, observateur, a souvent des rêves prophétiques, esprit ouvert, voit ce que les autres manquent , sensible aux énergies vibratoires, sage.
Défis : Craintif sans raison, solitaire, naïf, trop sensible, inconscient.
Élément : Air.
Apparitions : La chauve-souris apparaît lorsque la transformation et nécessaire. Cela peut-être sur le plan physique, ou bien une transformation intérieure, ou encore un déménagement vers un nouveau lieu, ou une nouvelle carrière. Des changements s'annoncent, et vous devez vous y préparer pour les gérer à tous les niveaux. Si vous préférez la solitude à la foule, il se peut que vous vous retrouviez à participer à des événements de groupe - et vice versa. La chauve-souris encourage l'interaction du groupe plut^to qu'une existence solitaire. Au lieu d'être un observateur, abandonnez toute peur, tous les doutes ou toutes les hésitations qui vous retiennent de participer, et engagez-vous sur un chemin différent. Observez, écoutez, et pensez avant de réagir. Gardez votre sens aigu de l'observation parce qu'il fera intégralement partie de votre développement et de vos progrès dans vos nouvelles aventures. Tout changement signifie progrès, et votre façon de le gérer en fera un événement positif et passionnant, ou quelque chose de négatif. La chauve-souris signifie que vous devez accueillir en vous les qualités positives et voir le monde d'un autre point de vue.
Aide : Vous êtes dans une période transitoire, en train de passer à une nouvelle phase de votre vie, ou bien vous vivez des changements majeurs ou de petits changements dans vos habitudes quotidiennes. Peu importe que ces changements soient grands ou petits, la chauve-souris peut vous aider lors de cette transition. Si vous êtes en train de travailler sur le plan spirituel, la chauve-souris peut vous amener les informations dont vous avez besoin, vous aider à les comprendre et vous accompagner dans votre transformation. Si vous avez évité de voir la vérité en face dans une situation de votre vie, la chauve-souris peut vous aider à la voir clairement. Elle peut vous rendre plus conscient des situations et vous aider à les voir d'un point de vue différent. La chauve-souris est précieuse lorsque vous essayez de découvrir vos vies passées, de vous servir de votre radar intuitif et de ses qualités de détection pour découvrir ce qui est en train de se passer dans votre entourage et vous connecter à votre pouvoir de vous régénérer ou de vous réinventer. La chauve-souris vous encourage à lâcher tout ce dont vous n'avez pas besoin. Une fois que c'est abandonné, de nouvelles occasions vont se présenter à vous. Tout cela fait partie du processus de transformation.
Fréquence : La fréquence de la chauve-souris fait le bruit du battement d'un million d'ailes en plein vol. C'est un cri haut perché, enveloppé dans un bruit d'ailes qui s'agitent dans les airs. C'est chaud et doux, mais aussi piquant et rugueux. C'est entouré du sentiment doux et lisse d'une tranquillité au sein de l'obscurité.
Imaginez...
Vous êtes à l'extérieur d'une grotte au moment du crépuscule, attendant de pouvoir observer les chauves-souris qui vivent à l'intérieur faire leur pèlerinage nocturne pour chercher leur nourriture. Vous êtes excité à l'idée de les voir voler et s'activer en salves à l'approche de la nuit. Bientôt, les chauves-souris commencent à émerger de la grotte, d'abord en petit nombre, et puis elles sont des centaines à en sortir. Le battement de leurs ailes et leurs cris aigus emplissent l'air de la nuit. Vous entendez un bruit sourd sur le sol et vous vous tournez pour voir un bébé chauve-souris qui a atterri à côté de vous. C'est un comportement inhabituel, mais vous le ramassez, vous le tenez dans vos mains un moment en ressentant le pouvoir contenu dans son petit corps. Vous lui caressez le dos du bout des doigts, puis vous ouvrez les mains. Il se redresse de lui-même et s'envole, tournant en cercle autour de vous, puis plongeant jusqu'à votre hauteur avant de rejoindre sa famille."
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Dans l'édition revue et augmentée de Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Éditions Le Dauphin blanc, 2019) Aigle bleu nous transmet la médecine de la Chauve-Souris :
La Chauve-souris symbolise l'initiation chamanique. Le mot chaman (parfois evenk) venant du toungouze, une langue de Sibérie orientale, veut dire « celui qui est né deux fois ». En effet, la plupart des initiations chamaniques réactivent l'idée de mourir et de renaître, et la plupart des traditions spirituelles incluent cette légende, ce mythe, le plus connu étant celui du Christ mort et ressuscité.
Dans les traditions chamaniques de la Grande Île Tortue, le chaman doit subir son initiation pendant plusieurs nuits rituelles : enterré vivant dans une tombe plusieurs jours et nuits ou laissé seul dans la nature sauvage pendant plusieurs nuits sans manger, ni dormir, ni boire, toute référence à la vie quotidienne abandonnée. Il s'agit d'abandonner l'ancien pour renaître au nouveau, de faire le contraire de ce que les autres font pour appréhender une autre réalité, de même que la Chauve-souris qui dort la tête en bas.
Renaître nous amène à nous transformer profondément. Cela nous apprend à faire face à la peur, cela implique de regarder profondément en nous pour trouver le courage et trouver ce qui constitue notre être réel, quelque chose d'inaltérable, d'immortel, qui a tous les pouvoirs et qui constitue la somme des énergies et des mémoires évoluant d'une vie à l'autre, sans fin. Cela est donné à condition de savoir mourir aux aspects de nous qui son limitatifs, conditionnés, programmés, enfermés dans la peur et dans les idées préconçues comme le racisme, les préjugés et les mensonges dont sont faites la plupart des conventions sociales. Pour parvenir à la réalité de notre moi immortel, nous devons abandonner tout cela. Certaines traditions appellent cela la « mort de l'ego », cette partie de nous qui est constituée de notre personnalité, l'être conditionné qui est souvent prisonnier de ses souvenirs et expériences négatives de vie.
La mort chamanique pour renaître au véritable pouvoir du soi, voilà ce que symbolise la Chauve-souris. Les personnes qui ont cette médecine sont assez rares, car elles doivent sans cesse se remettre en question, ce qui n'est pas chose confortable ou aisée. La plupart du temps, les gens ont peur des Chauves-souris : elles volent toujours de nuit, elles ne sont pas des oiseaux... Si l'on pense à la symbolique que la Chauve-souris a revêtue dans l'imagerie populaire, vampire, buveuse de sang, elle est somme toute assez péjorative. Ce n'est pas du tout le vas chez les Premières Nations. Je suis personnellement très heureux quand je les vois. Elles peuvent dans une seule nuit manger des centaines de mouches piqueuses tels les moustiques. Bien des fermiers construiront des abris-nids pour elles pour cette raison ; et leur guano est un très bon engrais. Les études scientifiques modernes ont montré que non seulement ces animaux n'avaient pas les inconvénients qu'on leur a prêtés pendant des siècles, mais qu'au contraire, ils sont d'une grande utilité dans l'écosystème.
Les Chauves-souris se dirigent grâce à leur radar et sont impressionnantes de précision. C'est pourquoi elles ont de si grandes oreilles. En émettant des sons spéciaux et en écoutant le rebondissement de ces sons sur les objets les entourant, elles arrivent à se diriger avec précision dans le noir. C'est pourquoi elles peuvent vivre de nuit et s'abriter dans des cavernes où il n'y a aucune lumière. Les voir voler en attrapant les mouches les unes après les autres à une vitesse phénoménale dans la nuit est un spectacle d'acrobatie aérienne unique. Ainsi, la médecine de la Chauve-souris, à l'instar des grands chamans, enseigne l'utilisation du sixième sens, la capacité à trouver les informations et les ressources avec la vision intérieure, la magie des rituels et l'intuition.
Nous pouvons faire appel à la médecine de la Chauve-souris lorsqu'il faut abandonner l'ancien pour renaître au nouveau, abandonner ce qui est programmé pour parvenir à la lumière pure de l'être que nous sommes, à l'être divin qui sommeille en nous. En donnant moins de pouvoir à l'ego ou à la personnalité, nous parvenons au meilleur de ce que nous pouvons être, pour notre mieux-être, celui de nos familles et du monde dans lequel nous vivons. Nous pouvons aussi faire appel à la Chauve-souris peut nous aider à voir les côtés bénéfiques et positifs des épreuves et tragédies que nous vivons. Faites aussi appel à la Chauve-souris pour trouver ce qui est caché dans le noir, dans l'obscurité de votre inconscient et des limbes du temps.
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Symbolisme celte :
Selon Gilles Wurtz, dans Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres, (Éditions Véga 2014) le mot-clef que l'on peut associer à cet animal est "L'orientation dans l'obscurité et les profondeurs.
La chauve-souris se dirige grâce à l'écholocation, système de repérage qui utilise les sons et leur écho. C'est au niveau du larynx qu'elle produit des ultrasons inaudibles pour l'homme. elle les émet ensuite par le nez ou pas la cavité buccale. Ses oreilles, qui peuvent parfois atteindre une taille impressionnante, lui servent de récepteurs.
Grâce à l'écho des ultrasons émis, la chauve-souris est à même de localiser les objets et d'en déterminer la taille et le mouvement avec une étonnante précision. Il est même prouvé qu'elle peut capter les pas d'un insecte marchant sur le sable. Elle dispose en plus d'une boussole interne qui lui permet de percevoir et d'exploiter le champ magnétique terrestre pour s'orienter : il s'agit de la magnétite, minéral magnétique présent dans certaines de ses cellules. La chauve-souris arrive ainsi à se diriger dans les endroits les plus sombres. Contrairement aux rumeurs, la chauve-souris n'est pas aveugle. Suivant l'espèce à laquelle elle appartient, elle a plutôt une vision diurne ou une vision nocturne.
Certaines migrent (et parcourent jusqu'à 1 000 kilomètres) et d'autres hibernent.
Malheureusement, leur population est en fort déclin à cause des pesticides ingérés par les insectes, qui sont leur principale source de nourriture. Avoir la compagnie d'une petite colonie de chauve-souris est une aubaine pour un jardinier : elles limitent la prolifération des insectes dans son potager et ses massifs fleuris.
Le plus ancien fossile de chauve-souris retrouvé (près de Darmstadt, en Allemagne) remonte à l'éocène, il y a 50 millions d'années. Il nous montre que les chauves-souris, déjà évoluées, différaient très peu de leurs formes actuelles.
Applications chamaniques celtiques de jadis : Pour les Celtes, la chauve-souris était le guide infaillible, toujours capable de s'orienter vers la sortie, même dans l'obscurité la plus dense. Elle incarnait la certitude de retrouver sa route ou de ne pas se perdre. Les Celtes sollicitaient donc très régulièrement l'esprit de la chauve-souris, en plus de tous leurs autres repères courants (soleil, étoiles...). Elle leur conférait un atout majeur, outre leur capacité à se mobiliser rapidement, leur permettant d'être d'une très grande précision pour rejoindre un lieu inconnu. Les Celtes faisaient naturellement appel à sa guidance, aussi bien le jour que la nuit. La chauve-souris était une alliée privilégiée des éclaireurs, ainsi que des chasseurs.
La chauve-souris était également invoquée par les guérisseurs lorsqu'il s'agissait d'aider une personne aliénée, voire démente, à se retrouver elle-même ou, moins spectaculaire et plus fréquent, de guider tout individu désireux de se sortir d'un état d'abattement ou des ténèbres d'une dépression. L'esprit de la petite et discrète chauve-souris était un compagnon précieux...
Applications chamaniques celtiques de nos jours : Dans notre tradition chamanique celtique, nous pouvons aujourd'hui faire appel à l'esprit de la chauve-souris pour nous orienter, au sens littéral ou au sens figuré. : lorsque nous devons aller vers l'inconnu ou si nous sommes perdus.
La chauve-souris peut nous aider quand nous ne savons plus où nous en sommes, quand nous reconnaissons en nous les signes de la dépression et que nous sommes déterminés à nous retrouver. Elle est aussi une partenaire efficace pour traverser sereinement les moments de remise en question que nous vivons tout naturellement et régulièrement puisqu'ils font partie de notre évolution. Ou lorsque nous broyons du noir, lorsque nous n'avons pas les idées claires pour prendre une décision importante par exemple, l'esprit de la chauve-souris nous montre comment recontacter notre radar naturel pour nous orienter dans nos profondeurs et sortir de l'obscurité pour rejoindre la lumière."
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Symbolisme onirique :
Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),
Elle est d'ombre, de nuit, d'obscur. Noir est son royaume, noires ses ailes immenses, déployées dans la grotte. Lucifer, pour ses ténébreuses entreprises, n'a pas dédaigné de lui emprunter ces ailes dont les membranes velues se tendent sur une structure griffue. Elle semble issue des enfers ou, pour le moins, rappeler une lointaine préhistoire peuplée de monstres ailés. Dans l'imaginaire, la chauve-souris n'accorde audience qu'à celle ou celui qui ose s'engager dans la galerie ou la grotte souterraine. Les plus fortes corrélations observées dans les séances où apparaît la chauve-souris concernent la taupe, les stalactites et les stalagmites, et la grotte souterraine. Ces associations dirigent d'emblée vers les axes majeurs de l'interprétation.
La taupe, c'est l'aveuglement, l'absence de lumière spirituelle. Les stalactites et les stalagmites révèlent la dualité du mouvement ascensionnel et de la chute. La grotte souterraine, enfin, lorsqu'elle est le lieu de résidence de la chauve-souris, prend surtout, au-delà de la classique représentation utérine, la résonance d'une vaste boîte crânienne. Avant de développer ce qui se rapporte à chacun de ces trois thèmes, il est utile d'analyser une contradiction qui pourrait gêner la traduction du symbole. Lorsqu'on s'interroge sur le symbolisme de la chauve-souris, on est d'abord envahi par une convergence de ressentis négatifs. Les commentaires que l'on recueille auprès de personnes questionnées au sujet de l'animal sont expressifs d'un réflexe de répulsion. Nous avons longtemps partagé ces réactions et nous étions enclin à ne voir dans le symbole qu'une représentation de la mère-terrible. Si cette interprétation demeure partiellement fondée, ce n'est pas le sens qui domine dans les séances prises en référence. La contradiction à laquelle nous avons fait allusion se manifeste très vite au cours de l'étude. Alors qu'il se trouve lourdement impressionné par ces lieux souterrains, par l'obscurité ambiante, par l'énorme chauve-souris qui s'impose à lui comme une sombre énigme, le rêveur éprouve presque toujours le besoin de remarquer que l'animal ne l'effraie pas, qu'il est inoffensif. Souvent même, le patient affirme avec émotion la sympathie que cet animal lui inspire.
Le parapluie est en étroite corrélation avec la chauve-souris. Dans l'article concernant ce symbole, nous rapportons une observation faite sur cinq jeunes canards colverts, qui montre que la vue d'une structure permettant le déploiement d'une voilure ou d'une membrane, déclenche automatiquement des mécanisme d'alerte, probablement inscrits dans le système neuronique depuis le fond des âges. Bien des traditions, et l'alchimie fait partie de celles-là, ont fait de la souris volante une figure démoniaque. C. G. Jung pourtant, dans son ouvrage sur l'alchimie, ne dit rien sur ce symbole.
Si l'on désire, avant d'exposer les contenus symboliques de la chauve-souris, porter sur l'animal un regard de naturaliste, on sera amené à lui reconnaître bien des concordances anatomiques avec le corps humain. Avec son pouce opposé aux autres doigts, il est muni de véritables mains. Des mamelles pectorales, l'existence d'un flux menstruel, un pénis pendant, sont autant de points, sans doute ignorés du plus grand nombre de nature à favoriser une identification.
Quelles que soient les préventions que l'on ait, force est de reconnaître que la chauve-souris du rêve se rencontre presque toujours sur la voie d'une transformation positive. De la lecture de ces séances, il se dégage même l’impression que le symbole assume une fonction de charnière, dans une phase décisive de la dynamique évolutive. Tout se passe comme si le patient qi accueille cet animal dans le profond de son rêve était au seuil d'une lucidité nouvelle. Comme si le noir, l'obscurité, étaient la matrice, la promesse d’une lumière à venir, comme si le rêveur était sur le point d'ouvrir un œil neuf sur les choses de la vie. L'ambivalence évidente d'un symbole qui tient à la fois de la souris et de l'oiseau serait suffisante pour entraîner une idée de synthèse des mondes de la terre et de l'esprit, de l'obscurité et de a lumière, de la pesanteur et du vol de la grotte et du ciel. Ce n'est pourtant pas cette caractéristique seule qui détermine l'essentiel du rôle symbolique de la chauve-souris.
Ce qui s'est inscrit avec le plus de force dans les liaisons neuroniques, c'est la particularité que l'animal, au repos, se tient la tête en bas. Il sera facile de montre, à travers quelques séquences de rêve éveillé, à quel point ce fait est en association avec ces étapes du processus de transformation que nous avons appelées le renversement.
Les corrélations, nombreuses, se répartissent très inégalement entre les quinze familles de symboles. Le tiers des associations concerne les animaux, ce qui est normal. C'est ensuite la famille des mouvements qui se détache, avec des symboles comme stalactites et stalagmites, agrandissement et réduction de taille, escalier montant et escalier descendant. Cela renvoie de manière indiscutable au rapporte entre les pôles de la verticalité et, un exemple va le prouver, à l'inversion de ces rôles. Lucie, dans un très long rêve, produit des images qui ne peuvent laisser le moindre doute sur la relation entre la chauve-souris et le renversement.
Les premières phrases de Lucie sont étonnantes : « Je vois une cathédrale... c'est une cathédrale renversée... d'abord, le sol était vertical et le clocher horizontal... maintenant, elle se retourne complètement, le clocher est en bas, la flèche dirigée vers le bas... je vois surtout la flèche, le reste est noir... je vois la structure, de face ; c'est une très grande cathédrale... » Le rêve se poursuit sur des thèmes variés qui n'apporteraient rien à la démonstration. Près de dix minutes plus tard, Lucie se trouve dans un endroit où il y a « … plein de squelettes, de têtes de mort... je suis un squelette aussi ! Dressé, droit... je ne suis pas tapie dans un coin ! Non ! Je peux bouger tous mes membres... je les fais bouger... cela fait un drôle de bruit... c'est assez agréable.. Je suis complètement secouée... je suis suspendue... je me renverse... je suis la tête en bas... mais je n'ai pas de tête ! J'ai les pieds en l'air... il faudrait quand même que j'arrive à sortir de là... je suis légère, complètement transparente entre les côtés... je suis toute vide... allègre... je fais des galipettes maintenant, je tourne, en sauts de mains... cela va très vite. Tellement, que je ne vois plus qu'une roue. » Après s'être transformée en lapin, Lucie, un peu plus tard, subit une nouvelle métamorphose : « … j'ai les jambes sorties, comme un petit singe... je suis devenue un petit singe... je vais pouvoir grimper sur une branche... je m'accroche avec la queue, je me balance, la tête en bas... c'est très agréable... » ce n'est qu’après divers autres épisodes que le rêve va s'achever par une séquence au cours de laquelle Lucie va décrire l’intérieur de son propre crâne, « creux à l'intérieur », et dans lequel une nuée de chauve-souris attendent d'être délogées par la lumière.
Lorsqu'on prend une vue panoramique de cette séance, on est frappé, une fois de plus, par la logique prédéterminée du cheminement de l'influx nerveux à travers les neurones, générateurs d'images. Dès les premiers mots, avec la vision singulière d'une cathédrale inversée, Lucie impose la conviction que cette séance, qui se termine par la séquence des chauves-souris, sera lacée sous le thème du renversement. Et les situations intercalaires dans lesquelles la rêveuse se place avec plaisir la tête en bas, apportent la confirmation que c'est bien de renversement qu'il s'agit. Plutôt que d'un renversement des valeurs, c'est d'un renversement du regard porté sur les valeurs ! Le moment où le patient voit de telles images est celui où il se prépare à la réhabilitation des contraires. L'objectif de la cure ne doit jamais être de remplacer une valeur admise par son opposé mais de reconnaître le contraire interdit, jusqu'alors refoulé afin de retrouver, sur le plan concerné, la capacité de choisir. En termes jungiens, c'est la réalisation du processus d'individuation, qui suppose la réhabilitation de tous les opposés dont chacun est, structurellement, porteur. Lorsque Lucie s'amuse, squelette, à faire des sauts de mains, jusqu'à ne plus voir qu'une roue, cette étonnante vision exprime de façon vivante ce que la philosophie taoïste enseigne depuis longtemps : sur le plan des valeurs, « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » et vice versa. L'équilibre, c'est la liberté d'être tout ce que l'on est, ce qui revient à l'élargissement du champ de conscience, automatiquement accompagné d'un élargissement du champ de responsabilisation.
Le rêve de Lucie rassemble la plupart des thèmes associés à la chauve-souris, y compris ceux qui sont exprimés dans diverses mythologies et qui concernent les aspects les plus ésotériques du symbole. Ceci apparaît dans la dernière séquence du scénario : « … j'ai un œil, au milieu du front, qui me prend tout le front... je ne peux pas le fermer... c'est l’œil des Égyptiens... il pénètre en moi, dans le noir de ma tête !... A l'intérieur, c'est le noir et aussi le creux du cerveau... l’œil éclaire tous les ventricules, toutes les cavités, comme des chambres et la lumière qui arrive sur les parois de ces chambres, ça fait beaucoup de bien... cette chambre... elle a une forme double... comme cette bête dont je ne sais plus le nom... je la vois... avec des ailes qui s'accrochent dans mon cerveau avec ses pattes et ses ailes et quand le rayon va arriver sur elle... elle va partir... et voilà... hop ! Elle sort... c'est la chauve-souris !... Elle est partie... et y en a plein d'autres qui sortent maintenant, de partout, de mon corps... elles restent collées... je les arrache... et voilà... maintenant je suis toute blanche... je tournoie verticalement et j'ai l'impression que je vais monter... cela se fait doucement... je monte dans une sorte de lumière... je monte, je monte, je monte... je suis immatérielle, je suis dans la lumière... une femme enveloppée d'un voile transparent... tout est immatériel... » Les mots araignée et plafond étant fortement associés à la chauve-souris, on ne peut s'empêcher, en écoutant cette séquence de la chauve-souris dans le crâne, d'évoquer l'expression d'araignée dans le plafond, bien moins légère qu'il y paraît. Cette chauve-souris logée dans le crâne de Lucie rappelle aussi la pratique de fortification du cerveau des taoïstes. L'animal symbolise l'hypertrophie de la fonction mentale, du raisonnement rationnel, génératrice de la perdition labyrinthique. Le noir du cerveau creux de Lucie ale même sens que la cathédrale inversée du début du rêve : c'est l'anti-lumière, l'arrêt du développement spirituel. Mais c'est en même temps l'annonce du rétablissement de celui-ci. On ne peut un seul instant oublier que, dans le rêve éveillé, chaque symbole est un acteur de la dynamique évolutive. Il est remarquable que, dans tous es rêves étudiés, la vision de la chauve-souris dans la galerie souterraine ou la grotte précède toujours une scène d'accès à la lumière. Cette fonction de guide vers la lumière spirituelle qu'assume la chauve-souris du rêve ou, si l'on préfère, l'indice de renoncement aux ténèbres qu'elle représente, se laisse déchiffrer sans peine dans la plupart des scénarios concernés.
Il est un personnage qui partage assez souvent la résidence de la souris aux ailes noires, c'est le Vieux Sage. Symbole médiateur par excellence, intermédiaire entre les opposés majeurs, le Vieux Sage atteste de la pertinence de la traduction que nous proposons de la chauve-souris. Comme illustration supplémentaire de ce sens premier de renversement, une séquence du seizième rêve de Véronique, vingt ans, offre suffisamment d'intérêt pour que nous souhaitions la rapporter, en dépit de sa longueur : « … je suis entrée dans une sorte de tunnel en pierre, enfin... tunnel-grotte !... Je regarde autour de moi. Au centre de la grotte, il y a une bougie allumé... et puis... je vois une chauve-souris, à gauche. Et, ces deux éléments, ça donne une impression un peu solennelle d'église, de silence, de recueillement... et je vois tout à coup des poissons, dans un bocal... et ça apporte de la gaieté, de la joie de vivre... il y a aussi un vieillard dans le fond de la grotte... il est pendu par les pieds... enfin ! Pas pendu... mais la tête en bas... et c'est sa position normale. Il n'a pas été accroché... il lit un livre, la tête en bas... et, du coup, la chauve-souris se met dans l'autre sens ! Enfin... la tête en l'air … Et on dirait que la bougie aussi veut changer de position... et elle se retrouve collée à la voûte, toujours allumée et l y a des gouttes de cire qui tombent par terre et les poissons ont renversé leur bocal... » D'autres images suivent, dont le sens est identique : un arbre pousse dans la grotte, et ses branches, après avoir atteint la voûte, se courbent et se plantent dans le sol. A la fin de cette séquence, Véronique sort de la grotte et s'élève dans une lumière d'or. Devant de telles production imaginaires, comment ne pas admettre que la symbolisation première de la chauve-souris est le retour à la lucidité spirituelle par la réhabilitation des contraires refoulés ? L'association, que nous avons développée dans l'introduction de ce Dictionnaire de la symbolique, entre la chauve-souris, le parapluie et la feuille morte, s'explique pleinement par une même participation de chacune des trois images à la représentation du renversement et par l'identité des structures faites de membranes en tissus légers tendus sur des nervures ou baleines.
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Dans les rêves, rejoignant en cela la mythologie mexicaine, la chauve-souris est souvent associée au nord, au froid. Ceci n'a rien de surprenant puisque cette direction est aussi la référence au mental. Mais il faut constater que le symbole est également en corrélation avec la lune froide. Cela renvoie à notre première proposition, selon laquelle la chauve-souris prend place aussi parmi les figurations de la mère-terrible. De la grotte obscure emplie de chauves-souris à l'antre ténébreux de la sorcière, de la vieille femme maléfique, il n'y a aucune distance à parcourir. On se rapportera utilement en ce qui concerne les possibles liens de la chauve-souris et de l’image maternelle aux articles consacrés à l'araignée et au crâne. A l'heure de l 'interprétation, on retiendra d'abord la signification métaphysique d'un symbole qui intervient pour dissoudre des angoisses liées aux ancrages matériels en favorisant le rétablissement d'une relation heureuse aux mystères de l'espace et du temps. Mais, on s'interrogera aussi sur les origines œdipiennes de la problématique. Dans tous les cas, on se rappellera que la chauve-souris est un agent très actif du renversement pour déterminer sur quel point elle invite le rêveur à porter un regard différent.
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Mythologie :
Le site de la Bibliotheca Classica Selecta propose une traduction des Métamorphoses d'Ovide qui relate la transformation des Minyades en chauves-souris (4, 389-415) :
Les Minyades, à la fin de leur récit, continuent à filer et tisser, persistant dans leur hostilité à Bacchus, quand soudain des feuilles de vigne et du lierre se mettent à pousser, au milieu de sons et d'odeurs évoquant les cérémonies en l'honneur de Bacchus. Finalement, au moment où tombe la nuit, au milieu de lueurs mystérieuses et d'apparitions fantastiques, les trois sœurs, punies par Bacchus, sont métamorphosées en chauves-souris (uespertiliones), animaux de l'astre de la nuit (Vesper). (4, 389-415) :
Le récit était terminé. Les filles de Minyas continuent
à s'activer à la tâche, méprisant le dieu et profanant sa fête, quand soudain retentirent, invisibles, des tambourins au son rauque et quand résonna la flûte au cornet incurvé qui se mêlait aux bronzes tintants, parmi des odeurs de myrrhe et de safran ; et, chose qui passe l'entendement, les toiles se mirent à verdir
et les tissus suspendus au métier à se couvrir de feuilles de lierre. Certains deviennent vignes ; ceux qui naguère étaient des fils sont transformés en sarments ; un rameau sort de la quenouille ; et la pourpre ajoute son éclat à la couleur des raisins. Déjà la journée s'était écoulée, et le moment approchait
que l'on ne pourrait appeler ni ténèbres ni lumière ; bien qu'éclairé, ce moment est très proche de la nuit hésitante. Tout à coup il semble que le toit soit secoué, que s'embrasent les flambeaux huileux, illuminant la demeure de feux ardents, tandis que de faux simulacres de bêtes féroces poussent des hurlements.
Depuis un moment les sœurs se cachent sous les toits enfumés, courent çà et là, évitant les feux et les lumières, et, tandis qu'elles cherchent l'obscurité, une membrane s'étend sur leurs membres réduits et enferme leurs bras dans des ailes légères. L'obscurité ne permet pas de savoir pour quelle raison
elles ont perdu leur aspect ancien : sans que des plumes les soulèvent, elles s'envolent avec leurs ailes transparentes ; et, quand elles tentent de parler, vu leur petitesse, elles émettent un son très faible et ponctuent leurs plaintes d'un léger grincement. Elles fréquentent les greniers, non les forêts, et, haïssant la lumière,
elles volent la nuit, tenant leur nom de Vesper, l'astre du soir.
Traduction et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2006.
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Contes et légendes :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
[...] La forme quasi-humaine des pattes de la taupe et de la chauve-souris a suggéré des légendes qui les représentent aussi, comme des personnages ayant éprouvé une métamorphose. [...] Celles [les fées] qui habitaient le Puy de Préchonne devinrent chauves-souris lorsqu'elles eurent formé le vœu téméraire de voir leur jolie montagne s'élever à la hauteur du Puy-de-Dôme.
Un récit du pays de Tréguier raconte en quelles circonstances la chauve-souris se montra sur la terre, et pourquoi elle participe de la nature de l'oiseau et de celle des mammifères. Au temps jadis une souris vint demander l'hospitalité à une hirondelle qui avait bâti son nid dans une vieille cheminée et, y couvait ses œufs ; celle-ci que son mari avait abandonnée y consentit, mais à la condition que, durant trois jours, la souris couverait à sa place. La souris accomplit sa tâche, puis elle partit. Voilà les petits éclos mais ils étaient couverts de poils au lieu de plumes, et ils avaient une tête et un corps de souris, avec des oreilles et des ailes crochues comme le diable. L'hirondelle en mourut de chagrin ; après ses funérailles, la reine des hirondelles fit enfermer les orphelins dans le Cloître de Tréguier, et leur défendit, sous peine de vie, de jamais sortir à la lumière du soleil. Voilà pourquoi on ne voit jamais de chauve-souris pendant le jour.
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Littérature :
Jules Renard nous propose dans ses Histoires naturelles (1874) de petits portraits ou historiettes relatives aux animaux les plus communs mais pourtant tous plus étonnants les uns que les autres :
Chauves-souris
La nuit s’use à force de servir. Elle ne s’use point par le haut, dans ses étoiles.
Elle s’use comme une robe qui traîne à terre, entre les cailloux et les arbres, jusqu’au fond des tunnels malsains et des caves humides.
Il n’est pas de coin où ne pénètre un pan de nuit. L’épine le crève, les froids le gercent, la boue le gâte. Et chaque matin, quand la nuit remonte, des loques s’en détachent, accrochées au hasard.
Ainsi naissent les chauves-souris.
Et elles doivent à cette origine de ne pouvoir supporter l’éclat du jour.
Le soleil couché, quand nous prenons le frais, elles se décollent des vieilles poutres où, léthargiques, elles pendaient d’une griffe.
Leur vol gauche nous inquiète. D’une aile baleinée et sans plumes, elles palpitent autour de nous. Elles se dirigent moins avec d’inutiles yeux blessés qu’avec l’oreille.
Mon amie cache son visage, et moi je détourne la tête par peur du choc impur.
On dit qu’avec plus d’ardeur que notre amour même, elles nous suceraient le sang jusqu’à la mort.
Comme on exagère !
Elles ne sont pas méchantes. Elles ne nous touchent jamais.
Filles de la nuit, elles ne détestent que les lumières, et, du frôlement de leurs petits châles funèbres, elles cherchent des bougies à souffler.
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La Chauve-Souris et les deux Belettes
Une Chauve-Souris donna tête baissée Dans un nid de Belette ; et sitôt qu'elle y fut, L'autre, envers les souris de longtemps courroucée, Pour la dévorer accourut. "Quoi ? vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire, Après que votre race a tâché de me nuire ! N'êtes-vous pas Souris ? Parlez sans fiction. Oui, vous l'êtes, ou bien je ne suis pas Belette. - Pardonnez-moi, dit la pauvrette, Ce n'est pas ma profession. Moi Souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles. Grâce à l'Auteur de l'Univers, Je suis Oiseau ; voyez mes ailes : Vive la gent qui fend les airs ! " Sa raison plut, et sembla bonne. Elle fait si bien qu'on lui donne Liberté de se retirer. Deux jours après, notre étourdie Aveuglément se va fourrer Chez une autre Belette, aux oiseaux ennemie. La voilà derechef en danger de sa vie. La Dame du logis avec son long museau S'en allait la croquer en qualité d'Oiseau, Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage : "Moi, pour telle passer ! Vous n'y regardez pas. Qui fait l'Oiseau ? c'est le plumage. Je suis Souris : vivent les Rats ! Jupiter confonde les Chats ! " Par cette adroite repartie Elle sauva deux fois sa vie.
Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeants Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue. Le Sage dit, selon les gens : "Vive le Roi, vive la Ligue. "
Jean de La Fontaine, "La Chauve-souris et les deux Belettes", Fables, Livre II, 1668.
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La Chauve-souris, le Buisson et le Canard
Le buisson, le canard et la chauve-souris, Voyant tous trois qu’en leur pays Ils faisaient petite fortune, Vont trafiquer au loin, et font bourse commune. Ils avaient des comptoirs, des facteurs, des agents Non moins soigneux qu’intelligents, Des registres exacts de mise et de recette.
Tout allait bien; quand leur emplette, En passant par certains endroits, Remplis d’écueils, et fort étroits, Et de trajet très difficile, Alla tout emballée au fond des magasins Qui du Tartare sont voisins.
Notre trio poussa maint regret inutile ; Ou plutôt il n’en poussa point ; Le plus petit marchand est savant sur ce point Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte. Celle que, par malheur, nos gens avaient soufferte Ne put se réparer le cas fut découvert. Les voilà sans crédit, sans argent, sans ressource, Prêts à porter le bonnet vert. Aucun ne leur ouvrit sa bourse. Et le sort principal, et les gros intérêts, Et les sergents et les procès, Et le créancier à la porte Dès devant la pointe du jour, N’occupaient le trio à chercher maint détour Pour contenter cette cohorte. Le buisson accrochait les passants à tous coups. « Messieurs, leur disait-il, de grâce, apprenez-nous En quel lieu sont les marchandises Que certains gouffres nous ont prises. » Le plongeon sous les eaux s’en allait les chercher. L’oiseau chauve-souris n’osait plus approcher Pendant le jour nulle demeure Suivi de sergents à toute heure, En des trous il s’allait cacher.
Je connais maint detteur qui n’est ni souris-chauve, Ni buisson, ni canard, ni dans tel cas tombé, Mais simple grand seigneur, qui tous les jours se sauve Par un escalier dérobé.
Jean de La Fontaine, "La Chauve-souris, le Buisson et le Canard", Fables, Livre XII, 1693.
Les Chauves-souris
C'est qu'elles m'ont l'air bien folles, ce soir, Les cloches du couvent des carmélites ! Et je me demande au nom de quels rites.... Allons, montons voir.
Oh ! parmi les poussiéreuses poutrelles, Ce sont de jeunes chauves-souris Folles d'essayer enfin hors du nid Leurs vieillottes ailes !
- Elles s'en iront désormais aux soirs, Chasser les moustiques sur la rivière, A l'heure où les diurnes lavandières
Ont tu leurs battoirs.
- Et ces couchants seront tout solitaires, Tout quotidiens et tout supra-Védas, Tout aussi vrais que si je n'étais pas, Tout à leur affaire.
Ah ! ils seront tout aussi quotidiens Qu'aux temps où la planète à la dérive En ses langes de vapeurs primitives Ne savait rien d' rien.
Ils seront tout aussi à leur affaire Quand je ne viendrai plus crier bravo ! Aux assortiments de mourants joyaux De leur éventaire,
Qu'aux jours où certain bohème filon Du commun néant n'avait pas encore Pris un accès d'existence pécore Sous mon pauvre nom.
Jules Laforgue, "Les Chauves-souris", Des Fleurs de bonne volonté, 1890 (posthume).
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Dans un étrange roman policier intitulé M. Malbrough est mort (1ère édition, 1937 ; Librairie des Champs-Élysées, 1991), Pierre Véry évoque l'inquiétante présence des chauve-souris :
Je soufflai la bougie ; le sommeil me reprit.
Pas longtemps !
De nouveau, sur mon visage, un souffle - mais rapide, haletant. Je perçus de confus tap-tap ; ce bruit se déplaçait avec une singulière rapidité. A deux reprises, l'air, au-dessus de ma face, fut agité. Un tournoiement rapide emplissait la chambre réséda.
Une chauve-souris !
Il me fallut un long moment pour la chasser. Elle fuyait devant mes furieux coups de serviette. Incapable de retrouver la croisée, elle fonçait sur la lampe placée sur la table de chevet, se cognait aux murailles. Je désespérais d'arriver à m'en délivrer, quand la lune vint à mon secours ! Une partie du globe s'étant inscrite dans le rectangle de la fenêtre, l'oiseau fut comme aspiré par cette coulée de clarté.
[...]
- Mais peut-être ne vous êtes-vous endormi qu'assez tard ? a ajouté, avec une grande sollicitude, la fine vieille dame. Il m'a semblé vous entendre marcher... (De quel ton d'imperceptible ambiguïté glissa-t-elle ce : « Il m'a semblé... » !).
Je contai mes démêlés avec la chauve-souris. Mme de La Sauve m'enseigna un moyen très pratique.
- Vous installez sur le rebord de la fenêtre une lampe électrique, le foyer tourné vers l'extérieur. Au bout de quelques instants, vous êtes débarrassé des chauves-souris, papillons, moustiques. Ils suivent la lumière.
[...]
Une feuille se détache d'un tilleul, plonge avec une vitesse qui m'étonne, mais, sur le point d'aborder au sol, elle vire, se redresse et remonte vers la ramure qu'elle avait quittée : c'est une chauve-souris. Elle s'élève en cercles vers moi, fuit, revient, si hardie - ou étourdie ? - que je crains qu'elle ne s'abatte sur mon visage. J'agite mon mouchoir. Loin de s'en effrayer, elle est attirée, elle décrit des orbes de plus en plus courts autour de cette masse blanchâtre, qu'elle prend peut-être pour un oiseau. Bientôt, elles sont deux - comme les danseuses imaginaires. Deux, presque familières déjà...
A présent, elles sont trois.
Ce jeu m'amuse ! Je « charme » les chauves-souris ! Je me donne l'allure de me livrer à des pratiques magiques, à une incantation ; de faire naître de la nuit ces oiseaux presque irréels, solubles dans la lumière !
[...]
Un peu avant minuit un battement d'ailes m'avait éveillé. Une chauve-souris s'était aventurée dans la chambre réséda.
C’était avant-hier soir - le lendemain, de mon retour de Paris. Il faisait une chaleur suffocante.
Je me rappelai le procédé si commode enseigné par Mme de La Sauve : la lampe électrique placée sur le bord de la fenêtre, le faisceau lumineux dirigé vers l'extérieur.
Effectivement, après quelques instants, la chauve-souris s'enfuit et rejoignit ses sœurs qui volaient en rond sous les marronniers.
"Si je retournais la lampe ? " me dis-je.
Il se passa ce que j'escomptais : bientôt, trois chauves-souris décrivirent des cercles dans ma chambre. Je retourne la lampe, je compte trente : parties !
Un moment, je poursuis ce jeu puéril. J'éclaire la pièce : les oiseaux entrent ; j’éclaire les arbres : les oiseau fuient.
Enfin, las de ce divertissement, j'éteins pour de bon.
La Chauve-souris
À mi-carême, en carnaval, On met un masque de velours,
Où va le masque après le bal ? Il vole à la tombée du jour.
Oiseau de poils, oiseau sans plumes, Il sort, quand l’étoile s’allume,
De son repaire de décombres. Chauve-souris masque de l’ombre.
Robert Desnos, "La Chauve-souris", Chantefables et Chantefleurs, 1952.
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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque lui aussi la Chauve-souris :
20 août
(Fontaine-la-Verte)
Chiffon volant
De velours noir
Chauve-souris
La barbastelle d'Europe est entrée dans la cuisine. Accrochée à la porte de l'armoire, elle ramène sa cape ténébreuse sur sa poitrine. Héros romantique. Dracula miniature... Elle a l'œil vif et un nez de cochon. Chacune de ses oreilles est plantée d'un obélisque. Ce monument pointu - le tragus - améliore l'efficacité du sonar.
L'animal décolle et virevolte entre les poutres. Ahurissante précision : si j'étais chiroptère, je détecterais par écholocation les banalités ou les enflures de ce journal Mieux vaut pas.
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Dans Un Baiser d'ailes bleues, 150 rencontres avec des animaux extraordinaires (Éditions Arthaud, 2009) Nicole Viloteau rapporte de petites scènes de vie naturelles :
Tam-tam aérien
Lakefield. Orée d'une forêt-galerie longeant la rivière North Kennedy. Une chauve-souris géante vole très près de moi. Tam-tam feutré de ses ailes. Billes de feu de ses yeux que frappe le faisceau doré de ma lampe frontale. Lampe qui elle aussi bat de l'aile, passe du jaune au orange : batterie presque à plat. J'angoisse. Par économie d'énergie, je n'allume que lorsque c'est nécessaire. De nuit, la notion de distance est vite abolie, les repères s'estompent, les paysages changent d'apparence, les arbres se déforment, ressemblent à des créatures menaçantes. La logique se fragmente, chamboulée par les illusions d'optique. Les perceptions olfactives et acoustiques s'affinent, s'amplifient sous l'effet de la peur.
Et j'ai souvent l'impression de marcher dans un piège noir, un cauchemar sans issue. Pourtant, la curiosité, le goût du merveilleux, la rencontre captivante de nouvelles bêtes, m'incitent à la persévérance. Lorsque je campe seule en pleine brousse pendant un certain temps, j'apprends vite les rythmes diurnes ou nocturnes des bêtes sauvages, décrypte leurs signaux, leurs codes territoriaux. Au moindre bruit inhabituel, j'éteins ma lampe !
Et j'attends, parfois longtemps !
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Arts visuels :
Grâce à cette collecte d'articles, nous avons été contactés par Yvo Jacquier qui propose une page très stimulante (sur un site qui ne l'est pas moins) à propos de la "chauve-souris" de Dürer dans Melencolia I.
La Chauve-souris dans le bestiaire médiéval : http://bestiary.ca/beasts/beastgallery250.htm#
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