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La Bruyère

Dernière mise à jour : 7 oct.



Étymologie :


  • BRUYÈRE, subst. fém.

ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1174 « terre en friche où poussent des bruyères » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, Paris, 1936, vers 6090) ; 2. ca 1180 bruyère « plante » (Lambert Le Tort, A. de Bernay, Alexandre, 442, 5 dans T.-L. : La lance que il porte ne fu pas de bruiere) ; 1835 terre de bruyère, coq de bruyère (Ac.). Dér. en -aria de brucus « bruyère » attesté, semble-t-il, une seule fois dans une glose du xes. (CGL t. 3, p. 587, 65, v. aussi Meyer-Lübke dans Wiener Studien, t. 25, 1903, p. 93) ; cf. brugaria, Placit., anno 891, t. 6, Gall. christ. inter Instr. col. 170 dans Du Cange. Brucus serait issu du gaul. *bruco, auquel correspondent l'a. irl. froech, le cymrique grug, le cornique grig, le bret. brug (Thurneysen, p. 94 ; Dottin, p. 238, 301), toutes formes remontant à un celt. *vroikos.


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Calluna vulgaris - Béruée - Brande - Bregère - Breuvé - Bruyère callune - Bucane - Callune - Fausse bruyère - Grosse - Grosse brande - Péterolle.

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Botanique :


François Couplan, auteur de Les plantes et leur nom - Histoires insolites (Éditions Quae, 2012) nous en apprend davantage sur le nom de la Bruyère :


Bruyère (Éricacées) - Le nom de ces plantes caractéristiques des landes vient du latin populaire brucaria, dérivé du gaulois bruco, désignant la plante et le terrain où elle pousse.

En fait, le terme « bruyère » se rapporte à deux genres bien différenciés. L’espèce la plus commune est la callune, Calluna vulgaris, dont le nom dérive du grec kallunô, nettoyer, car la plante, aux fins rameaux densément groupés, était couramment utilisée comme balai.

Les véritables bruyères appartiennent au genre Erica. Erice en latin et erikê, ou ereikê, en grec, désignaient la bruyère arborescente, Erica arborea, un arbrisseau typique du maquis méditerranéen.

Ces noms proviennent du grec ereikô, briser, par allusion aux rameaux cassants. Elle fleurit au printemps, en blanc, au contraire de la bruyère cendrée, Erica cinerea, qui couvre en automne les landes acides de sa superbe floraison violette. L’épithète de cette dernière espèce vient du latin cinis, cineris, cendre.

La famille des Éricacées, à laquelle appartiennent également les bruyères les airelles, les myrtilles, les rhododendrons et les arbousiers, est nommée d’après le genre Erica

 

Marie d'Hennezel, autrice de Les Plantes pour tout guérir et booster sa santé (Éditions Rustica, 2015) nous présente la Bruyère callune :


NOMS COMMUNS : béruée, brande, bregère, breuvé, bruyère, bucane, grosse, péterolle


FAMILLE : Éricacées


ORIGINE : Originaire d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord, la bruyère compte plus de dix espèces en Europe.


Un peu d’histoire : Dès le Moyen Âge, les forêts de chênes défrichées laissent place à la lande favorable au développement de la bruyère callune. Toits, matelas, litières animales et balais sont fabriqués ; le mot « callune » vient d’ailleurs du grec kallynô (« je balaie »).

La bruyère est le vrai remède de la sphère urinaire ; erico en grec (« je brise ») évoque sa faculté à dissoudre la pierre de la vessie.


Aspect botanique : La bruyère est un sous-arbrisseau ligneux, tortueux, de 20 cm à 1 m, aux feuilles persistantes, petites, imbriquées sur quatre rangs, d’une couleur vert vif. Ses petites fleurs roses sont en grappes unilatérales, dressées.


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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Bryuère :


Propriétés Physiques et Chimiques - Cette plante a une saveur astringente, un peu amère ; elle contient une matière colorante rouge, de la chlorophylle, de la gomme, du tannin, de l'albumine végétale, de l'acide fumarique, du ligneux, du sucre, des principes féculents et des sels (Sprengel et Bley. M. Rochleder a découvert dans les feuilles un acide qu'il nomme Callutannique.


Usages médicaux. - La bruyère commune, par ses propriétés chimiques, se rapproche beaucoup de la busserole (Arbustus uvaursi) qui possède une action spéciale sur l'appareil urinaire ; il n'est donc pas étonnant qu'elle jouisse d'une certaine efficacité dans le traitement des affections de la vessie. Cazin s'en est bien trouvé dans le catarrhe chronique de ce viscère, la gravelle, l'anasarque et l'albuminurie. Les anciens exagérant ces vertus la croyaient capable de briser (erica, je brise) la pierre dans la vessie (Matthiole, Alexandre). On prétendait aussi qu'elle guérissait les coliques et augmentait le lait des nourrices. Une huile préparée par infusion avec les fleurs a été vantée contre les dartres du visage. Les fleurs en fomentation apaisent les douleurs de la goutte (Tabernemontanus, Tournefort). On les a aussi vantées dans la fièvre quarte (Boecler). La callune sert en Danemark à préparer une sorte de bière ; on l'emploie aussi au tannage.

Nos autres espèces de bruyères indigènes Erica tetralix L. et Erica cinerea, L. sont amères et astringentes, mais inusitées en médecine. L'Andromeda polyfolia, L. , jouit d'une propriété narcotico-âcre qui le rend très pernicieux aux moutons. Le Ledum palustre, L., dont les usages médicaux sont assez multipliés n'est point indigène et n'a été trouvé qu'accidentellement en Belgique.

 

Marie d'Hennezel, autrice de Les Plantes pour tout guérir et booster sa santé (Éditions Rustica, 2015) nous offre des recettes concrètes :


Utilisations : On utilise en tisane les sommités fleuries.

Les vertus diurétiques et antiseptiques de celles-ci soignent cystites, coliques néphrétiques, lithiase et les catarrhes chroniques de la vessie.

La bruyère a une action drainante des toxines. Elle soulage les rhumatismes et élimine les excès d’acide urique.

Des bains additionnés d’une décoction de sommités fleuries de bruyère soulagent les rhumatismes chroniques.


Préparations : Pour la tisane, portez à ébullition 1 litre d’eau, puis ajoutez 3 pincées de sommités fleuries de bruyère sèches. Laisser bouillir pendant 3 minutes puis, feu éteint et récipient couvert, laissez infuser encore 3 minutes.

Pour le bain, jetez une brassée de sommités fleuries dans l’eau, laissez un peu infuser et prenez ce bain deux fois par jour, pendant 3 semaines.


Une recette simple : En cas d’inflammation de l’appareil rénal ou de crise de coliques néphrétiques, faites une décoction, selon la recette ci-dessus, d’un mélange de bruyère, queues de cerises et reine-des-prés, à raison de 1 pincée de chacune des plantes pour 1 litre d’eau. Prenez cette tisane à raison de 4 tasses quotidiennes, pendant 9 jours. La douleur devrait disparaître au bout de 3 jours.


Toxicité et précaution d’emploi : Aucune toxicité connue à ce jour.

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Spagyrie :


Voici les deux fiches proposées par Viviane Le Moullec dans Élixirs floraux de Viviane à faire soi-même (Éditions du Dauphin, 1997, 2020) :


Bruyère Callune (Calluna vulgaris)


Mot clef : Celle qui lave de l'intérieur


Qui est la Bruyère Callune ? Il existe deux sortes de Bruyère utilisées en phytothérapie :

- la Bruyère Callune, à toutes petites fleurs ;

- la Bruyère cendrée, à fleurs plus grosses, en forme de petites clochettes.

Elles sont souvent utilisées indifféremment l'une pour l'autre, car elles ont des propriétés proches concernant le corps physique.


Avec quoi réaliser votre élixir ? Recueillez les fleurs.


Utilisation traditionnelle : La Callune est diurétique et rend service en cas d'infection urinaire, ce qui ne dispense pas de consulter le médecin... Il faut boire beaucoup d'eau quand on emploie cet élixir.


Aide alchimique :

  • Le changement peut être positif !

La Callune soigne les casse-pieds d'un genre très particulier : ceux qui imposent leur point de vue parce qu'ils redoutent que le monde change et qu'il n'y ait plus de place pour eux. Ils sont coincés dans l'idée fixe que le changement ne peut être que mauvais. La Callune les amène à constater que le changement peut apporter des choses positives. Ces personnes essaient de bien faire, mais plutôt selon les critères d'une morale dépassée que selon une véritable éthique. La plante élargit leur esprit et leur permet d'avoir un point de vue moins centré sur les détails.

  • Une aide pour cesser d'être tiré vers le bas par les flemmards

Ces personnes ne se soigneront peut-être pas elles-mêmes, mais leur entourage fera bien de travailler avec la Callune afin de s'en protéger.


Bruyère Cendrée (Erica cinerea)


Mot clef : La Clochette du Paradis


Qui est la Bruyère cendrée ? Quelques jolies variétés de Bruyère de jardin ont autant de vigueur que leurs sœurs sauvages. N'hésitez pas à faire appel à elles si vous avez la chance d'en avoir chez vous.


Avec quoi réaliser votre élixir ? Recueillez les clochettes mauves, quand elles sont épanouies.


Utilisation traditionnelle : Tout comme la Bruyère Callune, la Bruyère cendrée est diurétique, bonne en cas de cystite ou de toute infection urinaire. Il faut boire beaucoup d'eau quand on emploie cet élixir, car de nombreuses toxines sont délogées et il faut les noyer dans l'eau pour éviter qu'elles soient corrosives tant qu'on ne les a pas expulsées de son organisme.


Aide alchimique : La Bruyère cendrée aide à n'avoir pas peur de la mort, à considérer que passer d'un monde à l'autre de sépare pas de toutes les choses et de tous les êtres.

  • Pour faire de beaux rêves

Le léger son de ses clochettes dans le vent a une harmonique spirituelle qui met en communication avec des plans d'existence subtils. Ce son accompagne la personne qui s'élève jusqu'à l’Autre Monde, que ce soit de manière momentanée (sortie de son corps, consciemment ou en rêve) ou définitive (mort).

  • Pour une fin de vie apaisée et lumineuse

La Bruyère cendrée aide le mourant qui veut rester conscient et désire conserver le souvenir de ce voyage très spécial qu'est le passage dans l'Autre Monde. Vous pouvez mettre à son chevet un petit bouquet de Bruyère ou en apporter une branche sur sa tombe.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur :


Printemps - Mai.

BRUYÈRE COMMUNE - SOLITUDE.


Les prairies se couvriront toujours de fleurs, les plaines de moissons, les coteaux de pampre vert, et les montagnes de sombres forêts. Heureux bergers ! vous pouvez danser dans la prairie, vous couronner des épis de Cérès, vous enivrer des dons de Bacchus, et vous reposer à l'ombre des forêts ; vous le pouvez, car tout est joie pour les heureux. Pour moi, guidée par la mélancolie, je porterai mes pas vers ces lieux écartés, que l'humble bruyère, amante de la solitude, dispute aux travaux des hommes : là, assise à l'ombre d'un genêt, je me livrerai à mes sombres pensées, et bientôt je verrai accourir de toutes parts des êtres mal heureux, souffrants, affligés comme moi. La perdrix, chassée de nos guérets après avoir perdu sa jeune famille ; la biche poursuivie par les chiens ; le lièvre aux abois, le lapin timide, effrayés d'abord à mon aspect, s'accoutumeront enfin à mes larmes ; peut-être même viendront-ils jusqu'à mes pieds chercher un abri contre la persécution des hommes ! Vous m'entourerez aussi, laborieuses abeilles ; si je dérobe une seule tige de bruyère à vos solitudes, vous viendrez jusque dans mes mains puiser le miel que vous recueillez, hélas ! pour d'autres que pour vous. Et vous, bruyantes gélinottes, à la voix éclatante ! vous mesurerez, pour vous et pour moi, le temps qui s'enfuit, sans laisser aux déserts ni traces ni regrets. Douces colombes, tendres rossignols ! vos gémissements et vos soupirs sont faits pour les bosquets parfumés ; mais je ne puis plus rêver à leur ombre ; la voix du désert vous glace ; elle a pour moi des charmes ; aux premières clartés de la lune, cette voix lugubre retentira dans les airs, Roi de ces solitudes, le hibou sortira du tronc caverneux d’un vieux chêne ; perché sur les branches qui cachent son palais de mousse , sa voix effraye l'amante craintive qui compte les heures de l'absence ; elle fait trembler la mère qui veille auprès du lit où la fièvre retient son unique enfant ; mais elle console le malheureux qui a cédé à la tombe tout ce qu'il aimait sur la terre ... Souvent cette voix lugubre te réveilla, infortuné Young ! pour te parler de la mort et de l'éternité : souvent elle me réveille aussi ; et si, comme à toi, elle ne m'inspire pas des chants sublimes, comme à toi elle m'inspire le dégoût du monde et l'amour de la solitude.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Bruyère commune - Solitude.

Cette plante croit loin des habitations des hommes et recherche les ombrages.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


BRUYÈRE COMMUNE - SOLITUDE.

On a fait de la bruyère commune le symbole de la solitude, parce qu'elle croit en général dans les terrains incultes et arides et qu'elle couvre souvent de vastes plaines sablonneuses. Cette plante produit partout un effet des plus agréables par ses tiges basses, par ses rameaux rougeâtres, diffus, chargés de petites feuilles serrées les unes contre les autres et d'un vert tendre et gai. Ses fleurs sont petites, presque sessiles, d’un rouge vif, quelquefois blanches, dis posées en grappes souples et terminales. On se sert beaucoup de cette plante dans le Nord pour tanner les cuirs ; on la substitue dans la fabrication de la bière an houblon, dont elle n'a pas le parfum. Ses fleurs attirent un grand nombre d'abeilles, mais on prétend que le miel qu'elles y recueillent est d'une qualité très médiocre, qu'il est jaune et sirupeux.


DE LA RETRAITE OU SOLITUDE.

De même qu'une belle et prudente retraite à la guerre ne caractérise pas moins l'habileté d'un grand capitaine que le gain d'une bataille, de même aussi l'homme qui sait se conduire sagement, c'est-à-dire qui sait se délivrer des embarras du monde, fait évidemment connaitre qu'il possède une âme qui s'est mise au-dessus des vanités terrestres, qui n'a d'autre ambition que de pouvoir, par le chemin de la vertu, retourner d'où elle est venue. O vous qui avez passé par toutes les carrières du monde... que d'ennuis ! .. que de fatigues ! .. que de déceptions!!... N'est- il pas vrai que le Sage a eu raison de dire : J'ai vu qu'il n'y a en toutes choses que vanité et rongement d'esprit.

La vanité du monde ressemble à un tableau, du prix duquel on ne saurait juger sans se mettre à une certaine distance où un faux jour ne règne pas. Ainsi ce n'est que dans la retraite que l'homme peut parfaitement comprendre la sottise du faste, la folie de la pompe et le fatras de la grandeur imaginaire du monde. Car c'est dans cette situation-là que le faux brillant de toutes ces bagatelles ne saurait l'éblouir. Elle lui montre au contraire à découvert l'imperfection et le défaut de tout ce que le monde qualifie follement du nom de félicité. C'est là qu'avec un vrai mépris et une satisfaction inconnue à la plupart des mortels, on développe ce mystère de grande importance que tout ce qu'il y a dans le monde n'est en quelque sorte qu'apparence, et qu'éloigné des occasions de mal faire, on se voit à couvert des dangers et des chutes qui sont fort souvent inévitables dans son commerce.

O tranquille retraite dans laquelle la conscience trouve du repos ! ... Charmants paysages où l'on ne voit rien qui déplaise ! ... Douce harmonie qui ne présente à l'oreille rien qui inquiète ! ... Délices ravissantes où l'on ne goûte rien qui puisse nuire ! ... Utile conversation où rien ne scandalise ! ... Enfin , heureuse situation où aucune mauvaise nouvelle n'arrive et où la mort ne saurait surprendre, puisque la principale , l'unique occupation est de s'y préparer.


MAXIMES.

Il faut se plaire avec soi-même quand on est en la solitude, et avec le prochain comme avec soi-même, quand on est en compagnie, et partout ne se plaire qu'en Dieu qui a fait la solitude et la compagnie, car la solitude sans Dieu est une mort, et la compagnie sans lui est plus dommageable que désirable.

(Esprit de saint François de Sales.)

Si pour fuir les occasions d'offenser Dieu et nous fortifier dans notre faiblesse, nous nous séparons du commerce du monde et nous nous retirons de temps en temps dus la solitude, il n'est pas croyable combien nous engageons Dieu à nous assister et à nous enrichir de di verses grâces.

(Maximes chrétiennes.)

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Bruyère - Solitude.

Les bruyères sont des végétaux élégants qui ne croissent que dans l'ancien continent. Elles aiment surtout les vastes espaces incultes, solitaires et dépourvus d'arbres. Les unes forment des touffes arrondies, les autres des tapis serrés de plusieurs myriamètres d'étendue. Toutes sont remarquables par leur verdure persistante, la disposition et la couleur de leurs fleurs. Parmi les espèces de France, nous citerons la bruyère commune à fleurs roses ou lilas, qui couvre des espaces immenses dans les landes de Bordeaux et de la Sologne. Les bestiaux la mangent avec plaisir quand elle est jeune, et elle donne un bon engrais.


Pyrole - Duperie - Infidélité.

On trouve cette espèce de bruyère dans les forêts et l'on prétend que les sorciers l'employaient dans les philtres pour rendre les amoureux infidèles.


Cruel, pourquoi m'avoir trahie ?

Je t'aimais de si bonne foi,

J'ai tout sacrifié pour toi,

Et c'est toi qui me sacrifie !

Tu m'as condamnée à la mort !

Je te déplais, je suis coupable !

Hélas ! s'il suffisait d'aimer pour être aimable,

Ingrat , je te plairais encor ...

(Demoustier)

N'aimez jamais qu'on ne vous aime :

L'amour n'est rien si l'on n'est deux.

Veut- on changer, changez de même ;

C'est le vrai moyen d'être heureux.

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Édouard Grimard, auteur de L'esprit des plantes, silhouettes végétales. (Éditions Mame, 1875) propose sa vision des Bruyères :


Les Bruyères constituent la seconde grande communauté végétale. Si les Graminées font la prairie, les Bruyères font la lande. Par groupes disséminés, elles s'étendent sur des espaces énormes, égayant le désert de leurs gentilles clochettes blanches ou violacées. Le désert, avons-nous dit, et ce n'est pas trop s'avancer. La Bruyère est la plante de la solitude et des terrains stériles. Elle croît où nul être végétal ne saurait vivre. Robuste, sèche et coriace, elle s'accommode aussi bien des terres glaciales de l'Islande, de la Scandinavie et même de la Sibérie, que des landes de l'Europe méridionale ou que des ardentes solitudes du cap de Bonne Espérance et de la Nouvelle-Hollande. Ces deux dernières stations, toutefois, sont celles qu'elle affectionne particulièrement. Plus de trois cents espèces étalent, au Cap, leurs corolles et leurs couleurs variées, et l'on pour rait difficilement se faire une idée du spectacle gracieux et mélancolique qu'offrent ces vastes agglomérations végétales.

Oui, mélancolique, car la Bruyère est une plante sérieuse et triste. Nulle grâce débile, nulle fragile ornementation. Sa tige est roide et dure, son feuillage maigre et coriace ; sa fleur elle-même, cette gentille clochette que pare pendant quelques mois une assez vive couleur, est ferme et solidement attachée à sa grappe. Quand l'automne arrive, elle se décolore, mais elle ne tombe pas. Elle se dessèche, se durcit, et de vient un véritable grelot dont le léger bruit discret, triste et doux, accompagne les pas du voyageur qui, pendant l'hiver, traverse les lieux solitaires.

Qui ne se souvient d'avoir été frappé par ce bruit ? Cette petite voix qui chuchote à vos pieds, ce frôlement que produit la brise qui passe ou l'insecte dont l'aile effleure la grappe desséchée, finit par jeter dans l'âme je ne sais quelle impression vague qui tourne à la mélancolie. Cette voix de la solitude, je l'entends encore quand je songe à la soirée d'automne passée en pleines landes de Gascogne, - cet étrange fragment de désert africain qui termine au sud-ouest notre France civilisée. Le ciel, rouge et noir au couchant, gris au nord et livide à l'est, envoyait ses derniers reflets à la face de la lande endormie. Celle-ci était plus que triste, elle était presque lugubre. Impassible dans sa monotonie, elle s'étendait, plane comme une mer, de la ligne des dunes aux lisières d'une lointaine forêt. Quelques Pins résiniers coupaient de leur silhouette gauche et tordue les grandes lignes de l'horizon ; des troupeaux bêlants, suivis par un berger à échasses, regagnaient lentement une misérable cabane estompée par la brume des bas-fonds ; quelques chauves-souris, comme de nocturnes hirondelles, passaient rapides en jetant leur cri mystérieux. Les dernières lueurs s'éteignirent bientôt à l'occident ; j'étais seul, perdu dans l'immensité sombre, et toujours le chuchotement des Bruyères m'accompagnait et naissait sous mes pas, comme un chœur de petites voix douces, mais désespérées, qui semblaient se lamenter entre elles du trouble où les jetait ma promenade intempestive

Tout autre est la lande en plein jour. Le vaste horizon, qui de tous côtés recule devant le regard, semble ouvrir un autre horizon invisible où l'imagination et la pensée peuvent déployer leurs ailes ; on respire à l'aise et l'on se sent libre, dans ces plaines infinies que nulle barrière humaine ne vient fermer devant vos pas. Et qu'on se garde de croire que la lande stérile manque d'une certaine beauté. Sans doute, elle fatigue à la longue ; l'œil se lasse de ne pouvoir accrocher son regard à rien d'autre qu'à quelques broussailles, mais cette monotonie elle-même est loin de manquer de grandeur. La lande a sa majesté comme la savane et le désert, et son vaste manteau de sable jaune, piqué de vert par quelques Graminées, largement taché de violet sur tout par les Bruyères innombrables, fait un très grand effet lorsque, d'un point élevé quelconque, arbre ou dune, on peut d'un regard contempler la mélancolique étendue.

La Bruyère n'a pas seulement une physionomie caractéristique, elle est de plus une plante de haute utilité : la fille de la lande et des coteaux solitaires travaille dans l'isolement. Bienveillante pour les faibles, elle protège une foule de petits végétaux qui, sous un abri, se propagent et forment par leur décomposition une couche d'humus entièrement due à la présence de la Bruyère. On comprend de quelle importance peut et doit être ce rôle des Éricacées. Elles ne sont rien moins que des plantes civilisatrices, auxquelles on doit la colonisation des plus incultes et des plus stériles régions de la terre. Ce ne sont pas seulement les terrains montueux et absolument stériles que les Bruyères couvrent de terre végétale, ce sont encore les sables qu'elles arrivent à fertiliser par l'eau qu'elles y accumulent, et où elles favorisent la formation des tourbières, c'est- à-dire l'accumulation perpétuelle de certaines espèces de Mousses qui se décomposent.

Or sait-on l'importance, le prix, l'inestimable valeur d'une tourbière ? Une tourbière est tout simplement un trésor. Non seulement elle nivelle les terrains en les fécondant, mais encore elle est par elle-même une source de produits incalculables. Il y a dans certains pays, en Belgique, par exemple, de pauvres petites provinces qui languissaient, qui se ruinaient et tout doucement mouraient de misère, et qui, par suite de la découverte de quelques tourbières, sont bien vite revenues à la vie et à la prospérité.

C'est que la tourbe n'est pas seulement une matière propre à servir de litière et de chauffage ; on est par venu à en extraire, par distillation, des matières huileuses, de la paraffine qui sert à la fabrication de bougies d'une blancheur admirable, un coke excellent pour les forges et les machines, enfin de l'oxyde de fer, de l'ammoniaque et divers sels propres à la confection d'engrais d'une grande richesse. Voilà ce que produit la tourbe, et ce que produit conséquemment la Bruyère.

Charmantes et mélancoliques Bruyères, eût-on jamais pensé que, dans les mornes déserts qu'elles habitent, elles pussent travailler aussi efficacement pour le bien être de l'humanité ? Tout en étant l'indice de la stérilité des terrains, la Bruyère peut être considérée comme le symbole du travailleur modeste qui, dans la solitude et le recueillement, accomplit son ouvre silencieuse et bienfaisante. Si l'éclat lui manque, en revanche tout en elle est force et ténacité : tige, feuilles et fleurs résistent aux grandes pluies, aux fortes gelées, et jusqu'à ces furieuses rafales d'automne qui sur les surfaces dénudées tournoient avec une si terrible violence.

Par une froide journée d'octobre, je me trouvais sur la crête d'une colline nue et comme ravagée par les grands coups de vent d'ouest qui lui venaient de la mer. Naturellement, des Bruyères se trouvaient là, faisant face aux tempêtes et toujours courageuses, quoi que fort tourmentées. Je m'arrêtai quelques instants à leur abri. Mon manteau suffisant à peine à me garantir de la bise glaciale, je me couchai derrière un massif épais, écoutant avec délices le vent furieux qui passait par-dessus ma tête, lorsqu'au milieu d'elles, sous une sorte de petite voûte formée par leurs rameaux entrelacés, j'aperçus tout un groupe, toute une famille de Campanules d'automne qui comme moi, semblaient écouter le vent. Elles étaient là, sur leurs frêles tiges frémissantes, mais protégées et manifestement heureuses de l'être. Elles s'agitaient faiblement, poussées par de légers souffles qui s'égaraient sous les branches, et semblaient, au milieu des gentilles révérences qu'elles se faisaient, se dire et se répéter dans toute l'effusion d'une reconnaissance profondément sentie : « Oh ! les bonnes Bruyères, les bonnes Bruyères qui nous garantissent du vent froid ! »

Le dirai- je ? ce simple tableau me charma, m'émut. Il y avait, dans ce petit groupe de Campanules, une sérénité si gracieuse et formant un tel contraste avec le bouleversement du reste de la nature, que je me pris aussi à partager la reconnaissance des fleurettes pour les Bruyères bienfaisantes ; et tandis qu'avec les sombres nuages déchirés par le vent s'envolaient les dernières feuilles des Chênes, je reportai mes regards sur les Campanules, et leur dis à mon tour : « Oui, remercions ces bonnes Bruyères qui nous garantissent de la tempête et du froid ! »

 

Le Dictionnaire Larousse en 2 volumes (1922) propose des pistes pour comprendre le langage emblématique des fleurs :

Nom Signification Couleur Langage emblématique

Bruyère Force Rose Mon amour est robuste

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Bruyère (Calluna vulgaris) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Vénus

Élément : Eau

Divinité : Isis

Pouvoirs : Protection ; Faiseuse de pluie.


Utilisation magique : En Bretagne, en Saintonge, les marchands qui revenaient de la foire portaient de la Bruyère sur eux pour ne pas être détroussés en chemin.

En Cornouailles, on recherche la Bruyère blanche comme porte-chance ; vous pouvez en faire des bouquets que vous percherez en haut des buffets, des armoires. Les pouvoirs du talisman sont puissamment renforcés si l'on place le bouquet dans un gobelet d'étain qui a servi à un ivrogne toute sa vie pour aller boire au cabaret.

La Bruyère commune des landes éloigne les fantômes. Brûlée en plein air avec des fougères, elle amène la pluie.

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Selon Ted Andrews, dans Le Monde enchanteur des Fées (1993, 2006),


"Les fées de cette plante sont très douées pour stimuler l'expression de soi. Elles sont particulièrement attirées par les enfants et les adultes timides et réservés avec lesquels elles se montrent très communicatives. Elles nous aident à nous exprimer et à exploiter nos talents. Il semble que plus d'un esprit veille sur cette plante et sur sa croissance. Peut-être est-ce parce qu'on la considère parfois comme un arbuste, bien que je n'y aie jamais vu un esprit des arbres mais uniquement des fées des fleurs."

 

Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :


Il fut une époque, notamment en Bretagne et en Saintonge, où les marchands, de retour de la foire, avaient sur eux de la bruyère pour se protéger des voleurs. On dit également que l'espèce commune des landes met à l'abri des fantômes et que ses feuilles séchées et réduites en poudra garantissent une bonne santé et la jeunesse. Manger deux racines de bruyère cuites sous de la cendre fait passer la migraine, mais risque d'attirer la pluie car selon une croyance commune à toute l'Europe, brûler de la bruyère fait pleuvoir.

Outre-Manche, la bruyère blanche porte chance car elle est dépourvue du sang des Pictes (ancien peuple écossais) qui furent massacrés. Son pouvoir est renforcé "si l'on place le bouquet dans un gobelet d'étain qui a servi à un ivrogne toute sa vie pour aller boire au cabaret". Aux environs de Liège, celle qui en trouve fera un mariage heureux tandis que dans toute la Wallonie, une branche de bruyère rose en fleur cueillie à minuit et mise sous un oreiller éloigne les cauchemars. Aux États-Unis, si une bruyère s'accroche à la robe d'une jeune fille, celle-ci va faire une rencontre sentimentale.

Lorsque la bruyère est très fleurie au début de l'automne, elle présage un hiver long ou très enneigé. Dans les Vosges, on croit que "si les fleurs couvrent seulement le haut et le bas des tiges, le début et la fin de l'hiver seront vigoureux".

Les Anciens pratiquaient une divination appelée botanomancie. Ils rendaient leurs oracles d'après l'état des feuilles ou des rameaux de bruyère sur lesquels étaient gravés les noms et demandes des consultants ou d'après la disposition des feuilles tombées au sol le lendemain d'un grand vent.

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Eric Pier Sperandio auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013) présente ainsi la Bruyère (Calluna) :


"Il s'agit d'une herbe commune en Écosse et en Angleterre, mais plutôt rare en Amérique du Nord. c'est un arbuste rabougri dont les branches peuvent atteindre un mètre de longueur ; ses fleurs sont d'un rose violet profond et ont la forme de clochettes.


Propriétés médicinales : Il s'agit d'un antiseptique pour usage externe. Sous forme d'infusion, c'est un diurétique puissant. On le recommande aussi pour augmenter la sudation en cas de fièvre. Son infusion stimule la production biliaire. Pour combattre l'insomnie, 5 mL (1 c. à thé) de racine de bruyère dans 125 mL (1/2 tasse d'eau) - ajoutez 5 ml (1 c. à thé) de miel pour adoucir le goût.​


Genre : Féminin.


Déités : Isis.


Propriétés magiques : Chance - Protection.


Applications : SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • Cette herbe, sous sa forme d'encens, favorise la chance aux jeux de hasard et assure la protection du joueur.

  • Prendre son bain avec des fleurs de bruyère pendant un an, à la lueur d'une chandelle rose, tous les jours, assure selon la tradition une beauté durable.

  • Les fleurs de bruyère étaient réputées pour protéger les jeunes filles contre le viol. Celles-ci devaient, à la pleine lune, remplir un petit sac blanc de fleurs de bruyère qu'elles portaient par la suite sous leurs vêtements.

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle de la Callune :


Nom botanique : Calluna vulgaris.


Propriétés énergétiques : Procure calme et guérison à tous les animaux.


Archanges correspondants : Ariel.


Chakras correspondants : chakra racine - chakra sacré - chakra du cœur.


Propriétés curatives : La callune aide les animaux qui en ont besoin, en leur prodiguant les soins nécessaires. Posez-en une à proximité de votre animal pour que son énergie bienfaitrice puisse lui être transmise. Votre animal vous sera très reconnaissant de cet acte bienveillant.


Message de la Callune : « je réserve mes bienfaits à vos animaux. Peu importe leur problème, je peux les aider. Je les réconforterai s'ils sont anxieux, je leur trouverai un nouveau foyer et je soulagerai leurs inquiétudes. J'apporterai la guérison dont votre cher compagnon aura besoin? Aucun problème n'est trop grand ou trop petit pour mon énergie. Vous pouvez m'accrocher au-dessus de leur couche, vaporiser mon essence sur leurs poils, plumes ou écailles, ou encore déposer une photo de moi à l'endroit où ils passent le plus de temps pour que le processus de guérison puisse s'amorcer. Vos animaux sont tout à fait disposés à accepter ce geste, car ils savent qu'il est dan leur intérêt d'absorber mon énergie curative. Mon énergie est pure et ne contient aucun produit chimique qui pourrait leur nuire. Avec moi, ils retrouveront la santé parfaite qu'ils méritent. en outre, si le temps est venu de laisser partir votre cher compagnon, je faciliterai sa transition vers l'autre monde pour que ce processus soit le plus doux et le moins douloureux possible. »

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Valérie Bouzon-Langlois, autrice de Paroles de plantes, Comment communiquer avec le règne végétal et rencontrer vos plantes totems ? (Editions Exergue, 2023) partage ses intuitions à propos de la Bruyère :


La Bruyère : Le Don de Soi


Son histoire : Un jour, en Europe, un couple de chercheurs était perdu dans la nature et avait besoin de se nourrir et de s'hydrater. Ils ont découvert cette plante, la Bruyère et l'ont mangée. elle retenu, par son effet absorbant, l'eau des corps des chercheurs. Ainsi, ils ne transpiraient pas et ne se déshydrataient pas.


Son message : « Je suis sèche, j'assèche les personnes trop humides. Mais j'ai aussi un pouvoir absorbant afin de retenir ''humidité dans le corps quand cela est nécessaire. J'absorbe l'eau et la redonne, Grâce à cet équilibre, je calme les cœurs trop agités.

Je m'ouvre aux autres et j'aide les personnes trop égoïstes à donner.

Je reçois la lumière et je n'ai pas besoin de plus. Je donne de la force aux gens qui n'en ont pas.

J'aide à l'alignement énergétique et je rééquilibre les chakras.

Je suis une plante qui guérit et qui transmet les messages de l'Univers. »


La Bruyère, pour qui et dans quel contexte ? La Bruyère se présentera à vous quand vous serez en déséquilibre énergétique au niveau de ce que vous donner ou recevez. Elle va vous montrer que soit vous donnez trop sans accepter de recevoir, soit au contraire vous recevez sans accepter de donner. Elle va éclairer un de vos comportements qui suscite des incompréhensions vis-à-vis des autres. Vous vous demandez peut-être pourquoi personne ou peu de personnes s'intéresser à vous ou vous offrent leur aide. Ou bien vous vous dites que chacun doit se débrouiller seul comme vous et que votre aide ne leur rendra pas service. Ces comportements viennent des peurs que l'on peut éprouver si on donne ou si on prend.

La Bruyère peut être utilisée quand vous sentez un manque d'autrui. Vous avez besoin d'écoute, d'attention, de compréhension des autres. Ou bien vous recevez beaucoup d'aide extérieure, mais vous ne partagez pas, car vous considérez ne rien avoir à partager ou à donner. Dans les deux cas, c'est un manque d'Amour pour soi qui se révèle. Pourquoi refuser de recevoir de l'Amour ou de donner, ne serait-ce qu'un sourire ?


Vertus et utilisations : Diminuer la rétention d'eau ou la transpiration excessive. Infuser toute la plante pendant dix minutes, une cuillère à soupe par tasse, boire trois tasses par jour.

Soulager les brûlures de peau. Appliquer un baume avec le macérat huileux de la plante sur la brûlure plusieurs fois par jour.

Hydrater la peau. Appliquer un macérat de Bruyère comme une huile hydratante.

Rééquilibrer les chakras. Utiliser les tiges de Bruyère séchées comme de l'encens et les faire brûler autour de vous. Et prendre une décoction de la plante, une cuillère à supe par tasse, faire bouillir trois minutes et infuser dix minutes, boire deux ou trois tasses par jour.


Où agit-elle sur le corps ? La peau, la vessie, la cœur.


Comment l'invoquer ? Appeler la plante et la visualiser dans le corps comme une éponge qui absorbe l'eau, la retient ou l'évacue.


Comment la remercier ? « Juste me remercier. Je suis indépendante, je n'ai pas besoin qu'on me donne, je donne, c'est tout ! »


Mots-clés en relation avec la Bruyère : Donner - Recevoir - Indépendant - Équilibre - Juste - Énergie - Amour - Sans attente - Cœur - Évacuer - Humidité - Savoir - Autrui - Refuser - S'intéresser - Révéler - Prendre - Manque - Compréhension.

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Symbolisme celte :


Dans L'Oracle druidique des plantes, comment utiliser les plantes magiques de la tradition druidique (1994, traduction française 2006) de Philip et Stephanie Carr-Gomm, les mots clefs associés à cette plante sont :


en position droite : Chance - Célébration - Communauté

en position inversée : Éloignement - Désir d'appartenance.


La bruyère est un arbrisseau résistant, natif de la plupart de l'Europe et de l'Asie mineure, adapté aux zones humides et sèches, à la lande, aux terrains marécageux et aux flancs de montagne. Ne dépassant jamais les 50 centimètres, elle couvre et les collines et les montagnes à une altitude supérieure à celle occupée par les arbres, ainsi que les bruyères, zones auxquelles elle a conféré leur nom.


La carte montre une bruyère poussant à l'extérieur d'un hameau de maisons arrondies au toit de chaume. Les abeilles se régalent des fleurs à odeur sucrée avant de revenir à leurs ruches, faites elles aussi en chaume de bruyère.


Sens en position droite. Le miel de bruyère est si délicieux que certains apiculteurs transportent leurs ruches chaque été sur la lande pour que les abeilles puissent butiner ces fleurs. La bruyère, comme le trèfle, est tenue pour extrêmement propice. Une grande célébration est imminente ou le moment est venu pour vous de commencer la fête. La bruyère symbolise le pouvoir et la joie de la communauté - une bonne partie de nos plaisirs et de nos douleurs vient de la vie commune. Nous passons beaucoup de temps à réfléchir aux aspects difficiles des relations et de notre vie, en tentant de les comprendre. Essayez d'aborder votre vie d'une autre perspective. Penchez-vous sur les aspects positifs des gens que vous connaissez et avez connu. Faites ensuite pareil pour votre famille et votre communauté.

Le choix de cette carte signale par ailleurs que vous devenez plus conscient des communautés dans lesquelles vous vivez - au travail, à la maison, sur le plan spirituel. Vous avez envie de vous y impliquer plus activement ou peut-être envisagez-vous un changement dans les relations que vous entretenez avec elles.


Sens en position inversée. Même si vous essayez de sortir d'une situation, d'un engagement ou d'une relation, vous avez envie de trouver un sentiment plus profond d'appartenance. Le choix de cette carte signale que vous avez l'impression d'être un étranger dans votre famille, à votre travail ou dans votre relation. Ce sentiment, léger ou fort, peut cacher l'envie de faire partie d'une communauté ou d'une tribu, aussi bien que d'une relation amoureuse et d'une famille affectueuse, d'une manière que votre situation actuelle ne permet pas.

Plutôt d'essayer de vous débarrasser de ce sentiment en abandonnant une position et en vous précipitant sans réfléchir dans une autre, la bruyère de faire une pause et d'explorer mieux vos sentiments d'éloignement et de non-appartenance, de découvrir quel aspect de votre vie vous devez changer.

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Fortifiant des nerfs fatigués

Il y a 4000 ans, les Pictes utilisaient la bruyère pour préparer une boisson alcoolisée - comme l'ont constaté les archéologues sur l'île de Rhum, où ils ont découvert un tesson néolithique portant des traces d'une boisson fermentée à base de fleurs de bruyère. La bière de bruyère, fabriquée en Écosse pendant des siècles, était bue dans les Highlands dans des cornes. En 1994, sa production commerciale a été reprise. Jadis, la bière de bruyère était aussi populaire au Pays de Galles, où elle était consommée pour ses propriétés revigorantes. Au nord de l'Angleterre, on ajoutait le sommet des inflorescences à la bière ou aux boissons à base de plantes dans l'idée qu'elle purifiait le sang.

La bruyère est particulièrement associée à la chance. Les Gitans l'utilisaient et l'utilisent encore comme amulette propice. Il se peut que cette idée vienne de la forte connexion entre la bruyère et les abeilles, symboles de célébration et de communauté prospère, liées à la joie et au bonheur - association amplifiée de par le lien avec le soleil. De plus, l'odeur sucrée de la bruyère est presque grisante, spécialement quand elle est portée par la brise d'été après un hiver long et rude.

Un oreiller de bruyère est censé conférer un sommeil reposant. Jadis, les rameaux de bruyère servaient de literie, comparable au plus fin des duvets, tout en étant plus saine, car elle absorbait l'humidité et - comme le disait un écrivain du XVIe siècle - "fortifiait les nerfs fatigués, de sorte que les personnes faibles le soir se lèvent le matin vigoureuses". La bruyère servait par ailleurs de chaume en Écosse, alors que plus au sud on l'avait remplacé par des joncs, de la paille de blé, du lin, du genêt à balais et des roseaux. La nature flexible de la bruyère la rend idéale pour isoler des briques, fabriquer des cordes ou tisser des nattes. Elle était également mélangée à la boue pour ériger des murs en clayonnage, et, quand le bois manquait, servait de combustible. A ce jour, la poignée de la dague cérémonielle écossaise, le dirk, est sculpté dans une racine de bruyère.

Les druides modernes ajoutent les sommets des inflorescences de bruyère à de l'eau chaude pour préparer une tisane rafraîchissante, ou à l'eau du bain pour tonifier les muscles et atténuer les douleurs rhumatismales. Ils invoquent l'ogham de la bruyère, ur, pour faire entrer la chaleur et la joie de la communauté et de la tribu dans leur vie."

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Selon Pierre Dubois et René Hausman qui ont écrit et illustré L'Elféméride, Le grand légendaire des saisons - Automne-Hiver (2013),


"La bruyère : ce n'est évidemment pas l'époque [le mois d'octobre] de ses plus fastueux flamboiements. Mais si sur les landes, les glens, les moors, la bruyère rouille et grisouille, c'est que les furtifs Siths, Sidhes, Brownies, Pixies, Léprechauns sont passés par là vendanger la fleur savoureuse et violine. Octobre est la joyeuse saison de récolte des sucs, et le moment sacré du brassage des bières, ales et stouts de bruyère... que les Bons Voisins dégusteront en hiver sous les collines, les raths et les tertres enchantés."

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Contes et légendes :

Dans la collection de contes et légendes du monde entier collectés par les éditions Gründ, il y a un volume consacré exclusivement aux fleurs qui s'intitule en français Les plus belles légendes de fleurs (1992 tant pour l'édition originale que pour l'édition française). Le texte original est de Vratislav St'ovicek et l'adaptation française de Dagmar Doppia. L'ouvrage est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire ; la Bruyère raconte la sienne dans un conte venu de Grande-Bretagne et intitulé "Le conte d'un brin de bruyère" :


Une petite fée rose arriva en dansant devant le trône. Elle salua négligemment la reine avant de se mettre à jouer à colin-maillard avec un petit feu follet déluré.

"Qui es-tu ? demanda la reine en faisant les gros yeux à la petite insolente. - Moi ? Je suis moi ! répliqua la fillette avec impertinence, mais voyant que la Rose commençait à en avoir assez, elle se hâta d'ajouter docilement : "Je suis fée d'un brin de bruyère. Ne vous en fâchez pas, s'il vous plaît. Moi aussi, je vais vous narrer un beau conte. Écoutez donc."


Très loin d'ici, peut-être au bout du monde, se trouvait une petite masure vétuste. C'était la demeure d'une pauvre veuve qui vivait seule avec son petit garçon Jack, dans cette contrée désolée. Partout à la ronde s'étendaient des tapis de bruyère sans fin, ponctués de rochers nus et de traîtres marécages. La vie des hommes de ce pays était bien pénible ; en revanche, c'était le paradis des fées, des feux follets et d'autres êtres surnaturels. Le petit Jack connaissait d'innombrables légendes à leur sujet que sa mère lui avait contées et il aurait payé chez pour qu'une de ces petites fées s'égarât dans leur modeste logis pour joue avec lui. Sa solitude lui donnait envie de pleurer. A la nuit tombée, il s'asseyait près de la fenêtre pour regarder avec envie ne direction des marécages où surgissaient des feux follets inquiets, des flammèches aux mile couleurs et de curieux cercles lumineux. Jack savait parfaitement que c'étaient les jupes virevoltantes des fées et ne pouvait en détacher les yeux. Sa mère essayait en vain de l'envoyer au li. C’était comme si ce petit obstiné était devenu sourd !

"Si tu continues à me désobéir, les feux follets viendront te chercher pour t'attirer dans les marais, se fâcha un jour sa mère. Disparais vite sous ta couverture, galopin ! Là, tu seras à l'abri des fées et des feux follets."

Excédée, la veuve tendait déjà la main pour prendre une baguette souple, si bien que Jack se lova au fond de son lit sans demander son reste. Croyez-vous qu'il craignait les feux follets ? Loin de là !

Dès que sa mère se fut endormie, le petit garçon se leva pour s'approcher à pas de loup de la cheminée. Il prit un tisonnier, gratta les braises, puis ajouta des brindilles de bruyère sèches pour raviver le feu. Une petite flamme brilla, crépita, se multiplia et se mit à danser. La cheminée gronda d'une façon étrange. Soudain, le feu s'éteignit et un drôle de petit personnage sauta dans la pièce. Cheveux roses étincelants, yeux roses brillants, une jupe de flammèches roses. Mais oui ! C'était une vraie fée ! Plus petite qu'un pouce, plus frêle que le petit doigt, elle était belle à vous couper le souffle.

"Qui es-tu ? s'étonna Jack.

- Je suis moi, répondit la fée en faisant ne révérence. Et toi, qui es-tu ? - Moi aussi, je suis moi, riposta Jack, car il avait l'impression que ce petit spectre en jupe était en train de se moquer de lui.

- Quel beau nom rit la fée d'un rire de petite fille. Viens, je vais te montrer quelque chose, proposa-t-elle au petit garçon. Penchée au-dessus de la cheminée, elle souffla dans les braises. Aussitôt, des flammèches en jaillirent et abracadabra ! elles se transformèrent en oiseaux, en scarabées, en petites animaux, en fleurs et en arbres de feu. Des papillons ardents dansaient au-dessus d'une prairie embrasée. Des cygnes de feu sillonnaient des lacs de flammes et des chasseurs crépitants arpentaient une forêt flamboyante. Puis, les flammes s'éteignirent et tout disparut. La fée souffla une seconde fois dans les braises et les flammèches dansèrent à nouveau, dociles. Cette fois, elles se transformèrent en palais de feu, plein de princes et de princesses, de dames et de chevaliers embrasés. Ils tournoyaient sur un parquet de charbons ardents, au son d'un orchestre flamboyant.

Puis, tout disparut à nouveau. jack applaudit avec enthousiasme.

"Encore, encore !" cria-t-il, mais la fée ne voulut pas souffler une troisième fois. Alors le petit garçon se pencha et souffla lui-même sur les braises. Misère ! Une flamme jaillit, cracha une étincelle qui tomba tout droit sur le soulier de satin de la petite fée.

"Ouïe, ouïe, ouïe ! " gémit celle-ci, mais ce n'étaient pas des lamentations de petite fille. Elle grondait comme une tornade, tonnait comme un orage, hurlait comme une meute de fauves. Jack eut l'impression que tous les monstres du monde s'étaient donné rendez-vous pour pénétrer dans la masure. Terrorisé, il se boucha les oreilles, mais les hurlements continuaient.

"Où pourrais-je bien me cacher pour échapper à cette horrible fée ? J'y suis : dans mon lit ! Les fées et les feux follets ne viendront pas me chercher sous la couverture, se dit le petit garçon, mettant tout de suite son plan à exécution. Il eut à peine le temps d'entendre la voix sévère de la mère des fées qui résonnait dans la cheminée :

- Qui se plaint de la sorte ? cria-t-elle d'une voix qui fit voler la suie dans la pièce.

- Moi, gémit la fée. Mon soulier est brûlé.

- Qui a fait cela ? se fâcha la mère des fées.

- C'est moi, rapporta la petite fée.

Jack tremblait de peur sous son édredon. Heureusement, la mère des fées s'en prit à la malheureuse :

- Alors pourquoi m'appelles-tu à ton secours, idiote ? Si tu as fait une bêtise, tu dois la réparer toi-même. Attends, tu vas voir ! Du coin de l’œil, Jack vit une main de feu jaillit de la cheminée. La main attrapa la fée par une oreille et l'entraîna avec elle. Seigneur ! Un concert de sanglots et de lamentations se déchaîna au-dessus de la maison. Jack se hâta de disparaître à nouveau sous la couverture pour ne rien entendre, s'y sachant à l'abri des fées et des feux follets. Depuis ce jour, sa mère n'eut plus besoin de l'envoyer au lit, le petit garçon n'avait plus du tout envie de jouer avec des fées. Imaginez le désastre s'il confiait imprudemment à l'une d'entre elles s'il s'appelait Jack, et s'il brûlait encore son soulier de satin ! Je préfère ne pas y songer !

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Selon Véronique Barrau et Richard Ely, auteurs de Les Plantes des Fées et des autres esprits de la nature (Éditions Plume de Carotte, 2014) : les bruyères sont des repaires de lutins.


"Indices de présence : Dans les landes où fleurissent les bruyères, les êtres de féerie foisonnent. Une fois que la lune a chassé le soleil, ils sortent de leur cachette pour se promener sur ces terres incultes, danser autour des menhirs à moins qu'ils ne préfèrent déstabiliser les passants qui se sont attardés...

Les Bretons qui connaissaient bien les landes de Pinieuc évitaient de les traverser lorsque la nuit était tombée. Car des follets émergeaient par milliers des bruyères tandis que des cris résonnaient ici et là. Si les promeneurs égarés n'avaient pas pu atteindre les calvaires postés au bord des chemins, les lutins précités n'avaient de cesse de les égarer encore et encore, jusqu'au petit matin..


En Grande-Bretagne, le lutin Puck si cher à Shakespeare avait lui aussi coutume de perdre les promeneurs au milieu des bruyères. L'auteur raconte comment, une nuit, il tourmenta de jeunes gens s'en revenant de faire la fête avec leurs compagnes. Prenant la forme d'un feu follet, il incita les retardataires à le suivre dans les méandres végétaux jusqu'au petit matin où il les délivra de sa présence.

La bruyère poussant dans les bois et clairières du Limousin attire plutôt les Forestiers, de petits esprits de la terre qui ont coutume de danser pieds nus sur un tapis d'aiguilles de pin ou de bruyère éclairé par la lune. La musique jouée par ces êtres est extraordinaire et nul n'est insensible à sa beauté. La description de leurs instruments à corde réalisés avec des glands de chêne creusés et des fils de la Vierge laisse d'ailleurs rêveur. Mais il est un homme qui, une nuit, fut plus fasciné pas les sabots laissés de côté par ces êtres qui avaient souhaité danser à leur aise. Il vola une paire pour acquérir lui aussi le don d'invisibilité en les portant mais connut bien des déboires.... Alors, si par une nuit de pleine lune, vos pas vous mènent jusqu'à des bruyères où dansent des Forestiers, laissez-vous emporter par la magie de l'instant et oubliez leurs minuscules chaussures.


Secrets perdus : Grands amateurs de bière, les Leprechauns récoltent à l'automne les fleurs de bruyère pour concocter une bière dont ils ont le secret. Ils ont accepté, voilà fort longtemps, de transmettre aux Irlandais la recette permettant de fabriquer la fameuse boisson. Mais les siècles passant, la méthode a été oubliée... Les Leprechauns ne se séparent jamais de leur pichet rempli à ras bord même lorsqu'ils exercent leur activité de cordonnier. Les mauvaises langues vous diront que c'est pour cette raison qu'ils ne réparent qu'une chaussure à la fois. En vérité, ces êtres supportent très bien leur alcool de bruyère et n'agissent ainsi que pour disposer d'une éventuelle monnaie d'échange si leur travail n'est pas récompensé par un cadeau.


Chimère : La Groach, vieille sorcière de Bretagne, se distingue par sa barbe de bruyère et ses cheveux emmêlés où trônent ici et là des épines de prunellier. Inutile de vous préciser que ce n'est guère un atout pour séduire les hommes. Voilà pourquoi elle prend parfois l'apparence d'une belle jeune fille. Hélas pour elle, vient toujours le moment fatidique où un de ses défauts physiques révèle son identité au grand jour...


Rien de tel qu'une branche de bruyère pour mettre en déroute les nombreux êtres qui hantent les landes. Mais dans l'Aubrac, il faut ménager les Dracs qui dorment en journée, confortablement nichés au milieu des fleurs de bruyère."

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque à sa manière la bruyère :

17 août

(Fontaine-la-Verte)


Sur le talus vert et noir de la route sylvestre, la callune dispose ses petites grappes de ballons roses. Bruyère en fleur. Tristesse hugolienne. Odeur du temps d'Apollinaire.

Un papillon citron palpite dans l'ombre du bois ce qui me reste d'existence.

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