Étymologie :
SAULE, subst. masc.
Étymol. et Hist. Ca 1225 (Péan Gatineau, S. Martin, éd. W. Söderhjelm, 4445). De l'a. b. frq. *salha fém. « saule », cf. l'a h. all. salaha, all. Salweide. Le genre masc., qui est aussi celui de nombreux autres n. d'arbres, a remplacé le fém., att. en m. fr. et dans qq. pat. Saule a éliminé en fr. l'anc. forme sauz, issue du lat. salix, -icem « saule », att. dep. la 1re moit. du xiie s. ds Psautier Oxford, 136, 2 ds T.-L. et qui s'est maintenue dans les pat. ; cf. aussi saussaie. FEW t. 17, pp. 10-11 ; ibid. t. 11, pp. 100-103.
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Salix caprea - Marsaule - Marseau -
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Botanique :
Vous pouvez lire la fiche suivante qui explicite le lien privilégié qui existe entre le saule marsault (salix caprea) et les abeilles.
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Symbolisme :
Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des arbres :
Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien
à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés
sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant
les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,
physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous
diffusons l'amour et la guérison pour vous.
Le saule : C'est un arbre féminin qui aime l'eau et qui dégage une énergie de flexibilité. C'est aussi un arbre qui ouvre le cœur et apporte la romance.
C'est un très bon arbre auquel s'accorder et faire un souhait venant de votre cœur.
Notez que vous pouvez également le faire à n'importe quel moment ou endroit, chaque fois que vous voyez un arbre. Attirez ces énergies avec une pensée quand vous vous promenez à l'extérieur !
VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.
Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.
Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.
Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.
Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.
Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.
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Eliot Cowan, auteur de Soigner avec l'Esprit des Plantes, Une voie de guérison spirituelle (Édition originale ; traduction française Éditions Guy Trédaniel, 2019) raconte plusieurs histoires de guérison dont il a fait l'expérience et explicite les vertus des plantes en fonction de l'Esprit qui les habite :
Partout dans le monde, le saule discolore est le messager du printemps, annonçant la renaissance de la nature. Le saule (salix ssp.) est un remède pour l'élément Bois. De fait, ces arbres donnent un formidable exemple des qualités d'un élément Bois équilibré. Tous ceux qui ont travaillé le saule savent qu'il ploie quand les autres arbres casent. D'autre part, l'intensité de la force de croissance du saule est inégalée. Une baguette sèche plantée dans un sol humide produira à tout coup des racines et des feuilles.
Pour ceux dont l'élément Bois est devenu rigide et qui sont frustrés, crispés, ou maladroits, le saule leur apportera grâce et flexibilité. pour les bons à rien, les désespérés, les recroquevillés, dont le Bois est devenu faible, l'esprit du saule leur apportera un sursaut d'énergie, une vision de l'avenir, et une nouvelle croissance personnelle.
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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :
Apprécie ton lieu de vie : le Saule
Il est difficile de s’épanouir si on ne prend pas soin de son environnement immédiat. Le Saule ne tolère pas une berge dégradée ou une rivière sale : il consolide le sol trop friable avec son système racinaire et transforme la pollution de l’eau en nitrates fertilisants. Prendre soin de soi peut commencer par des choses toutes simples comme une nouvelle parure de lit, un repas qui sort de l’ordinaire, ou une berge stable.
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Symbolisme celte :
Dans Vivre la Tradition celtique au fil des saisons (édition originale 2001, trad. 2014), Mara Freeman écrit :
Le noble saule...
un arbre sacré pour les poèmes
Irlandais médiéval
Le saule est un arbre du début du printemps, à l'époque où la pluie gonfle les rivières. En Écosse, il était l'un des neuf bois sacrés utilisés pour allumer les feux de Beltaine. Arbre aquatique, féminin, le "saule des rivières" est gouverné par la lune et est ainsi naturellement associé avec les cérémonies féminines d'Imbolc.
Pour Philippe Walter, auteur de Ma Mère l'Oie, Mythologie et folklore dans les contes de fées (Éditions Imago,2017),
"Sur le pilier des Nautes, les trois grues indiquent le lieu sacré où réside la grande déesse, à la fois triple et unique. Il s'agit évidemment de l'autre monde, l'île fortunée où croit l'Arbre de Vie, qui paraît être ici un saule."
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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Éditeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.
La famille des Maîtres comprend le Chêne, le Bouleau, le Houx, le Noisetier, le Pommier, le Saule et l’Aulne. Ils ont une fonction régulatrice et inspirante auprès du peuple végétal, du peuple animal et des humains. Ces arbres étaient déjà reconnus par les druides et regroupés dans le Bosquet des Druides.
Lorsque le disciple est prêt,
Le maître apparaît.
Dans la nature, les arbres aiment se rejoindre, se compléter, s'inspirer, se protéger. Leur place, qui peut sembler aléatoire, est en fait très cohérente sur un plan invisible. Dans la tradition celtique, sept arbres sacrés se retrouvent pour former ensemble le Bosquet des Druides Ils se réunissent et forment un cathédrale végétale à travers laquelle chacun peut exprimer au mieux son énergie. Ces arbres au nombre de sept sont le Bouleau, l'Aulne, le Saule, le Chêne, le Houx, le Noisetier et le Pommier. Lorsque dans la forêt, ils sont réunis en cercle, ils tiennent conseil et constituent le « bosquet druidique », lieu sacré, magique. Ce cercle végétal devient alors place d'initiation puissante, où les druides apprennent puis enseignent les secrets du monde de l'invisible. Le Bosquet des druides se positionne souvent près d'une source, d'une rivière ou d'une zone tellurique importante où toutes les connaissances cachées des arbres deviennent claires et accessibles aux initiés qui savent où se placer.
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Le Saule te fera découvrir
Le chant du vent.
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La famille des saules regroupe environ cinq cents espèces. Son nom vient du celtique sal-lis qui signifie « près de l'eau ». Cette famille se plait à vivre au bord des lacs, des étangs et des rivières où ses longues branches souples aux feuilles longues et fines ont besoin de beaucoup de lumière et d'eau. Il se plaît à coloniser les berges pour accompagner le fil du courant avec ses frères le Bouleau, le Jonc et l'Osier. Si on compte autant d'espèces, c'est que le Saule est sujet à l'hybridation et à la consanguinité. Une forme naine peut se croiser avec un grand arbre. L'une des espèces les plus connues est le Saule pleureur, symboles d'amours impossibles, de nostalgie et de chagrin. Le Saule pleureur, comme tous ses frères, préfère les sols frais et humides. Le Saule a de nombreuses vertus médicinales. Il contient l'acide salicylique qui produit l'aspirine et afit contre les rhumatismes, les aigreurs d'estomac, les intoxications alimentaires et l'insomnie. Au Moyen Âge, il était un remède contre les ardeurs sexuelles excessives. Le Saule offre son écorce blanche et argentée facilement reconnaissable aux druides pour leurs décoctions liées à l'éternelle jeunesse et à l'immortalité. Le Saule accompagne la mythologie. Saule (itéa en grec ancien) est le nom de la nourrice de Zeus qui surveillait le berceau du Dieu des Dieux accroché à cet arbre magique. Le Saule s'est également associé à la sorcière Hécate et à Perséphone, représentantes de la mort. Alfred de Musset avait insiste pour qu'un Saule soit planté près de sa tombe. Le vent chante dans les branches de Saule comme à travers aucun autre et peut ainsi tenir compagnie aux défunts. En Europe du Nord, le mot « sorcière » est dérivé du nom Willow (Saule). Dans la mythologie celte, il est associé à la création des deux Œufs écarlates du serpent de mer qui contenaient le Soleil et la Terre. Le Saule a caché ces œufs dans ses branches jusqu'à ce qu'ils éclosent et apportent la vie terrestre. Si par ses feuilles qui descendent jusqu'à la terre, le Saule pleureur est lié à la mort et à la nostalgie, il est aussi symbole d'immortalité. Lao Tseu, qui a fondé le taoïsme, méditait à l'ombre de son feuillage et y rencontra Confucius. C'est l'arbre de vie et de l'immortalité au Tibet ou en Chine, où il incarne un rôle central. C'est l'arbre de Yahvé pour les Juifs qui vivent sous des tentes de son feuillage pour la fête des Tabernacles. En Extrême-Orient, un rameau de Saule planté en terre renaît à la vie et symbolise l'immortalité. En Bretagne, on pouvait prédire la date de sa mort en posant une croix de deux brins de Saule sur la surface de l'eau d'une source sacrée. Le mouvement de cette croix indiquait la date et le rythme de la mort à venir. Le fait que la croix flotte longtemps, dévie du cours d'eau ou coule brusquement indiquait si la mort serait violente, douce ou lointaine. Associé à la naissance, à la mort, à la fragilité de l'existence et à l'immortalité, le Saule nous interroge avant tout sur l'essence même de la vie.
Mots-clés : La Lune - la femme - l'eau - la mort - le deuil - l'introspection - la renaissance - l'immortalité - les sentiments enfouis - le déménagement - le licenciement - la nostalgie - le silence - la mélancolie.
Lorsque le Saule vous apparaît dans le tirage : C'est une invitation à méditer sur votre humeur dominante. Vous sentez-vous en vie ? Nostalgique, triste, gai ? Est-ce passager, contextuel, ou faites-vous de la tristesse une humeur récurrente ? Le Saule vous pale de lourdeur, de mélancolie, de tristesse. Il vous interroge sur votre capacité à accompagner le deuil, réel ou symbolique, à vosu raccrocher au passé, à entretenir la nostalgie, les regrets ou les remords. La tristesse et le chagrin sont des portes d'accès à la profondeur de votre être. Ils vous aident à relever le défi de votre incarnation. Aussi, lorsque ces sentiments se présentent à vous, ne les évitez pas. Le Saule vient vous visiter pour vous encourager à ne pas passer trop rapidement d'une histoire à une autre. Prenez le temps de faire votre deuil, d'entendre le message de votre chagrin. Le Saule peut également accompagner le départ d'un être proche, une rupture, une séparation, un déménagement, une mort intérieure. Il accompagne les morts réelles ou symboliques. Cette carte n'est jamais négative pour autant, car la tristesse, le chagrin, la nostalgie vous ouvriront les portes de la profondeur. Une porte se présente à vous pour être franchie, pour passer un cap nouveau. Par ailleurs, accueillir la tristesse est une chose, s'y complaire en est une autre. Votre énergie primordiale est légère. Le Saule vous rappelle que la vie est un cycle éternel. il vous aide dans les processus de deuil, comme il vous accompagne dans celui de l'éternité.
Signification renversée : Lorsque le Saule vous apparaît dans sa position renversée, il vous interroge sur vos repères au temps. Avez-vous tendance à vous raccrocher au passé, à de vieilles histoires déjà mortes ? Avez-vous tendance au contraire à trop vite passer d'une histoire à une autre ? A éviter de faire le deuil ? Le Saule renversé signale une propension que vous pourriez avoir à ne rester qu'à la superficie de vous-même, à ne pas oser vous aventurer dans les strates les plus profondes qui, comme l'eau claque des étangs qu'il borde, eut révéler des mystères inquiétants. Le Saule vous aide à plonger en vous et dans le grand mystère de la vie, comme il plonge ses longues branches dans le fil de l'eau pour vous aider à sécher vos larmes et à accepter la totalité de votre humanité.
Le Message du Saule : Je suis le Saule, le messager d'éternité. Le Maître du chagrin. Je m'acclimate facilement aux bords des rivières, des étangs et des cours d'eau, car je suis familier avec le mouvement. J'aime l'eau qui draine la terre et permet aux sédiments de circuler. L'eau traverse notre corps et aide les émotions à nous transformer. Et toi, laisses-tu circuler ton chagrin ? Que retiens-tu ? Laisses-tu couler les larmes le long de tes joues aussi facilement que coule la rivière ? Je parle autant des larmes de joie que des larmes de chagrin. Ou préfères-tu les retenir en toi avec cette nostalgie des histoires qui n'ont plus lieu d'être ? En te raccrochant au passé, tu ne t'autorises pas à changer toi-même et à laisser le mouvement de la vie montrer au monde tes différentes facettes. Écoute le chant du vent dans mes branches. Entends-tu le ballet des milliers de feuilles qui constituent ma robe ? Cette musique est possible, parce que je suis souple. Mes branches sont souples comme je t'invite toi-même à l'être. Ce qui est souple ploie, ce qui se rigidifie casse. Il en est de même pour les relations, les sentiments, les expériences. Lorsque la tristesse pénètre tes cellules, accueille-la avec souplesse. Inspire-toi de mes branches longues et aériennes Alors, la nostalgie, la mélancolie t'apprendront la grâce de l'éternité et la profondeur de l'humanité. Regarde vers l'avant, laisse glisser sur tout ce qui n'a plus lieu d'être. Ne retiens rien, sois vivant !
Le Rituel du Saule : Je me relie au Saule. Aujourd'hui, je vais vivre cette journée comme si elle était la dernière. Je prends le temps de m'interroger. Si aujourd'hui était le dernier jour de ma vie, qu'est-ce que je changerais ? Quelle serait mon attitude ? Est-ce que je poserais le même regard sur mes proches, qu'est-ce que je changerais dans mon quotidien ? Serais-je plus authentique, plus vrai, plus aimant ? Qu'est-ce que je privilégierais ? Cela n'a rien de morbide que de méditer sur la mort et sur ma fragilité, au contraire cela me rend même plus vivant ! Aujourd'hui, je prends le temps de méditer sur ma mort. Cela peut être l'occasion de rédiger mon testament ou les consignes que je souhaite transmettre à mon entourage s je devais disparaître. L'entourage d'une personne qui meurt brutalement est souvent désemparé pour organiser les funérailles. J'éviterai cela à mes proches en prenant la responsabilité de rédiger mes dernières volontés. Curieusement, cette méditation m'aidera à prendre conscience que la vie est précieuse puisque fragile.
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Mythes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
SAULE. — Arbre solaire et funéraire. Il joue un grand rôle dans les rites funéraires des Chinois : « L’époque de l’été, écrit Schlegel dans son Uranographie chinoise, était celle des cérémonies et des pompes funèbres, et, conséquemment, nous trouvons cette partie du ciel, qui l’annonçait primitivement, couverte de symboles relatifs à la mort, tant du soleil estival, que des humains. Le premier de ces symboles est la feuille de saule, composée des étoiles ... de l’Hydre, qui se levaient alors les soirs du mois de mai ou de la première lune de l’été, époque de ces repas funèbres. Nous allons voir maintenant quel rapport cette feuille de saule a avec le repas et sacrifice commun de l’été, par l’analyse du caractère même de Lieou. Ce caractère, dans ses formes antiques, nous dit le Dictionnaire impérial de Khang-hi, représentait, soit un arbre à côté de deux portes, ou bien un arbre à côté d’une porte battante. Le caractère indique donc une espèce d’arbre qu’on plantait ou plaçait près des portes des maisons : ce qui avait lieu en effet. Nous lisons dans les Mémoires sur les saisons du King-thsou, que la population rurale, quand elle se tournait vers le soleil pour lui offrir le sacrifice à la porte des maisons, fichait premièrement une branche de saule à côté de la porte ; dans la direction vers laquelle cette branche s’inclinait, on apprêtait le repas, consistant en vin et en viandes séchées, tandis qu’on plantait les bâtonnets à manger dans du gruau de pois, comme offrande de sacrifice. On prenait une branche de saule, parce que cet arbre, extrêmement vigoureux, supportant toutes les péripéties qui font mourir les autres arbres, était, en Chine, dès la plus haute antiquité, l’emblème de l’immortalité et de l’éternité. Le saule Lieou, dit le Pi-ya, est un arbre flexible et fin, qui croit facilement. Il appartient à la même famille que le saule Yang. Qu’on le plante de travers, à l’envers, ou retourné le haut en bas, il croît également bien. En sacrifiant donc un saule au soleil, à l’époque de son règne, on symbolisait, par l’offrande de cet arbre indestructible, la force de cet astre. C’est ce qui explique aussi les noms donnés au saule en Chine, dont le premier est Lieou ou l’arbre des portes, et le second Yang, caractère composé de la clef des arbres et de yang, ancienne forme du caractère Yang, « Lumière ou Soleil ». Les deux caractères yang-lieou signifient donc : « arbre consacré au Soleil, qu’on plante à côté des portes, quand on lui offre un sacrifice », ou, plus brièvement, « arbre solaire des portes. » On le consacra au soleil, non seulement parce qu’il reste vert pendant l’hiver, comme le tsetc eng (Wisteria chinensis), et qu’il ne perd pas même ses feuilles pendant cette époque de l’année, mais parce qu’il donne des fleurs pourprées qui couvrent la terre entière, vers la fin du printemps et le commencement de l’été, c’est-à-dire, pendant le règne du soleil. Encore aujourd’hui, en Chine, on décore, au solstice d’été, les portes des maisons avec des feuilles de saule. Dans les provinces où le saule ne se trouve point, on le remplace par des branches de sapin, arbre qui est également un emblème de longévité et d’immortalité. En Emoui, dans la province de Fou-kien, on nomme ces branches grappes de sapin. De la Chine (ajoute M. Schlegel, mais en se trompant), cette coutume s’est introduite en Europe, et, il y a un siècle, l’usage existait à Londres d’allumer pendant la nuit de Saint-Jean des feux de joie, et de décorer les portes des maisons de branches vertes de bouleau, de grand fenouil, de fleurs de millepertuis, de pourpier sauvage, de lis blanc, etc. Le saule étant le symbole de l’immortalité, on s’en servait dans les cérémonies funèbres, et on couvrait le cercueil de branches de saule, déjà à l’époque des Tchéou, onze siècles avant notre ère ; non, comme le pense Tsin-tchô, afin de cacher le cercueil aux yeux, mais à cause du symbolisme de l’éternité et de l’immortalité exprimé par ces feuilles de saule, et comme une consolation pour les survivants sur la destinée ultérieure du défunt. Cette coutume ne s’est pas encore perdue aujourd’hui, car on porte toujours derrière le cercueil chinois une branche de saule ou de bambou, à laquelle sont attachées des banderoles, et qu’on nomme Lieou-tsing, bannière de saule, ou Tchou-tsing, bannière de bambou. De là aussi, le nom de saule donné au corbillard entier. La signification de cet astérisme est donc maintenant parfaitement claire. On lui donna le nom de saule, parce que, à l’occasion du grand repas en commun de l’été, on plantait des saules près des portes du temple des ancêtres. Aussi préside-t-il, non seulement aux arbres et plantes, mais aussi aux repas, etc. Nous lisons, dans les Notices littéraires de King-loung, que c’était la coutume (des empereurs de la dynastie) de Tang, de se purifier par un bain, au jour Changki (premier jour du troisième mois qui porte le nom de Ki), et d’offrir à leurs courtisans des branches de saule liées ensemble, avec ces mots : « Portez-les afin d’éviter les miasmes empoisonnés et les pestilences » ; car on attribuait au saule des propriétés merveilleuses ; entre autres, celle que le jus de feuilles de saule bouillies dans de l’eau, mêlé avec du sel, serait un remède excellent pour guérir toute espèce d’ulcère malin.
Cette longue notice de M. Schlegel nous édifie tout à fait sur le caractère à la fois solaire et funéraire du saule, ainsi que du plus grand nombre des plantes toujours vertes. Dans le nord spécialement, le saule, à cause de la ressemblance des feuilles, a remplacé l’olivier de l’Europe méridionale, ainsi que celui-ci, dans la tradition, a remplacé le palmier arabe et égyptien, et surtout la palma dactylifera, dont la feuille est longue. Le héros solaire Jason, dans son voyage vers le nord et vers l’orient, à la conquête de la toison d’or, passe par la prairie de Circe plantée de saules funéraires, aux sommets desquels on voyait des cadavres suspendus ; car, en Colchide, dit-on, on ne brûlait point les morts, mais on les enfermait dans des peaux de bœuf et on les suspendait aux arbres, sans doute dans l’espoir que, par la vertu de l’arbre, ils repousseraient dans une vie nouvelle. La toison d’or, que cherchait Jason, était aussi suspendue à un arbre. Dans une énigme russe, le soleil avec ses rayons est représenté comme un coq perché sur un saule, dont les plumes tombent jusqu’à terre. Dans un chant mythologique des Lettes, le fils de Dieu regarde la fille du Soleil, qui se lave, cachée derrière une haie de saules dorés. (Cf. Mannhardt, Lettische Sonnenmythen.) Pausanias (X) parle d’un bois consacré à Proserpine, planté de peupliers au sombre feuillage (populus nigra) et de saules. Le Thrace Orphée, le mystérieux voyageur dans la région funéraire, dans la région infernale, était, d’après le même Pausanias, représenté une branche de saule à la main.
Pour les Grecs et les Latins, qui connaissaient l’olivier, le saule n’avait pas un grand prix ; on l’appelait coronamentum rusticorum (cf. Paschalius, p. 41). Mais il est probable qu’avant l’introduction de l’olivier, il fut lui-même l’objet d’un culte. On peut le supposer si l’on songe que le dieu Saturne, qui représente les temps les plus reculés, avait adopté le saule comme son arbre. Dans les Thesmophories, cependant, les femmes allaient s’asseoir sur toute sorte d’herbes capables d’éteindre les désirs amoureux, et on prétend que le saule (cf. Agnuscastus) était l’une des plantes spécialement recherchées ; on en faisait donc un symbole de la chasteté, et par là, de la stérilité qui en était la conséquence. Mais cet usage tout particulier était en contradiction avec la notion du saule conçu comme arbre de Saturne ; peut-être on voyait aussi, essentiellement, dans le saule, l’arbre qui lie, l’arbre qui empêche. Le saule pleureur (salix babylonica), consacré à la déesse Juno, et spécialement à la Juno Fluonia, est, d’après la Botanologia medica de Zorn, le meilleur moyen pour arrêter toute hémorragie, et pour empêcher une fausse couche226. Dans le Malleus Maleficarum de Sprenger, je trouve un détail qui confirme cette ancienne croyance populaire : « Et etiam ibi in partibus Sueviæ plurimum practicatur, quod prima die Maii, ante ortum Solis, mulieres villanae exeunt et ex sylvis vel arboribus deferunt ramos de salicibus aut alias frondes et, ad modum circuli plectentes, in introitu stabuli suspendunt, asserentes quod per integrum annum jumenta cuncta illaesa a Maleflcis remanent et praeservantur. » Sprenger, qui se montre toujours très difficile au sujet des usages superstitieux, excuse celui-ci et des semblables, parce qu’on les accompagne de prières chrétiennes. A Brie (Ile-de-France), la veille de la Saint-Jean, on brûle un mannequin d’osier. A Luchon, le même jour, on jette des serpents sur un énorme saule orné, préparé avec des branches de différents saules, et on le brûle, en chantant et en dansant autour de l’arbre. En Russie et en Allemagne, le dimanche des Rameaux, l’olivier du sud est presque partout remplacé par le saule. Pour les croyances populaires germaniques qui se rapportent au saule, cf. Mannhardt, Baumkultus der Germanen, où ce sujet me semble avoir été épuisé.
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Littérature :
Ce saule-là
à Louise Héger
Ce saule-là, je l’aime comme un homme
Est-il tordu, troué, souffrant et vieux ! Sont-ils crevés et bossués les yeux Que font les nœuds dans son écorce ! Est-il frappé dans sa vigueur et dans sa force ! Est-il misère, est-il ruine, Avec tous les couteaux du vent dans sa poitrine, Et, néanmoins, planté au bord De son fossé d’eau verte et de fleurs d’or ; A travers l’ombre et à travers la mort, Au fond du soir, mord-il la vie, encor !
Un soir de foudre et de fracas, Son tronc craqua Soudainement, de haut en bas.
Depuis, l’un de ses flancs Est sec, stérile et blanc ; Mais l’autre est demeuré gonflé de sève. Des fleurs, parmi ses crevasses, se lèvent, Les lichens nains le festonnent d’argent ; L’arbre est tenace et dur : son feuillage bougeant Luit au toucher furtif des brises tatillonnes. L’automne et ses mousses le vermillonnent ; Son front velu, comme un front de taureau, Bute, contre les chocs de la tempête ; Et dans les trous profonds de son vieux corps d’athlète, Se cache un nid de passereaux.
Matin et soir, même la nuit,
À toute heure je suis allé vers lui ;
Il domine les champs qui l’environnent,
Les sablons gris et les pâles marais ;
Mon rêve, avec un tas de rameaux frais
Et jaillissants, l’exalte et le couronne
;Je l’ai vu maigre et nu, pendant l’hiver,
Poteau de froid, planté sur des routes de neige ;
Je l’ai vu clair et vif, au seuil du printemps vert,
Quand la jeunesse immortelle l’assiège,
Quand des bouquets d’oiseaux fusent vers le soleil ;
Je l’ai vu lourd et harassé, dans la lumière,
Les jours d’été, à l’heure où les grands blés vermeils,
Autour des jardins secs et des closes chaumières,
S’enflent, de loin en loin, comme des torses d’or ;
J’ai admiré sa vie en lutte avec sa mort,
Et je l’entends, ce soir de pluie et de ténèbres,
Crisper ses pieds au sol et bander ses vertèbres
Et défier l’orage — et résister encor.
Si vous voulez savoir où son sort se décide,
C’est tout au loin, là-bas, entre Furne et Coxyde,
Dans un petit chemin de sable clair,
Près des dunes, d’où l’on peut voir dans l’air,
Les batailles perpétuées
Des vents et des nuées
Bondir de l’horion et saccager la mer.
Emile Verhaeren, "Ce saule-là" in La Guirlande des dunes, 1907.
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Le Saule
Tremble, Tombe légère… Un souffle t’aime, Saule,
Qui fait sur toi frémir le songe d’une épaule… Brise ?… ou mon seul soupir si simple et si soudain
Que j’exhale d’amour pour ce flottant jardin. Sur ses fleurs, mon regard trompe le mal d’attendre
Le pas, la voix, la main, et puis, tout l’être tendre, Cette Toi tout à moi que je sens devenir, A qui l’heure qui meurt peut tout à coup m’unir Et qui vient !… Je le sens…
Ma bouche enfin t’accueille ! L’approche met dans l’âme un tremblement de [feuille Et mes yeux, quoique pleins de feuillage et de jour, Te voient derrière moi, toute rose d’amour…
Tremble, Tombe légère ! Un souffle t’aime, Saule… Mais je n’ai plus besoin de songer d’une épaule, Et ce souffle n’est plus le souffle d’un seul cœur…
Le temps vaincu succombe, et le baiser vainqueur
De l’absence sans nom dont un nom me délivre, Boit dans l’ombre à longs traits le feu qui nous fait vivre !
Paul Valéry, "Le Saule" in Corona et Coronilla, 1938-1945.
Extrait :
« Le saule est mort. Il avait deviné, lui. Il n’a pas voulu voir ce qui se verra dans la fenêtre… Pauvre saule, pauvre frisson de tendresse et de poésie que nous partagions avec toi, le soir tombait »
Paul Valéry in "L'Adieu aux vers"
Maurice Genevoix, dans un article intitulé "images pour un jardin sans murs" (In : Revue Des Deux Mondes (1829-1971), 1956, pp. 203–23) évoque lui aussi la beauté du saule :
Anémones et pervenches, "filles du matin", du matin de l'année. Premier des arbres, le saule fleurit en même temps qu'elles, reflète dans l'étang forestier l'argent soyeux de ses chatons, alors qu'une lame de glace serre à l'aube le pied des roseaux. Il faut attendre deux mois encore avant que le printemps des boislibère enfin ses houles vertes ;
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