Étymologie :
SAPONAIRE, subst. fém
Étymol. et Hist. 2e moit. du xive s. saponere (ms. Oxford, Bibl. bodl., Bodley, 761, fol. 12 r ods Romania t. 37, 1908, p. 513) ; 1562 [éd.] saponaire (Du Pinet, Hist. du monde de C. Pline, t. 2, p. 305, note en marge). Empr. au lat. médiév. des botanistes saponaria « id. » (av. 1250 ds Latham), latinisation de l'a. fr. (erbe) savoniere « id. » (fin du xie s., Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, § 363), dér. de savon*; suff. -ière, v. -ier.
Lire aussi la définition du nom afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms :
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Botanique :
Lire la fiche Tela Botanica.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Saponaire :
Propriétés Physiques : La saponaire est presque inodore ; la saveur de toute la plante est mucilagineuse, amère, d'abord nauséuse puis très âcre ; les racines sont traçantes , minces et longues de plusieurs pieds, d'une saveur très prononcée.
Analyse. La racine contient de la Saponine, une résine molle, de l'extractif, de la matière gommeuse et de l'albumine (Bucholz). Les feuilles contiennent de la saponine et de la chlorophylle. L'eau s'empare de la saponine qui la rend mousseuse et lui donne les propriétés de l'eau de savon.
Usages médicaux : Les anciens ont attribué à cette plante les mêmes propriétés médicales qu'au savon ; ils la disaient fondante, dépurative, sudorifique. On l'administrait dans les engorgements des viscères abdominaux, à la suite des fièvres intermittentes (Roques) ; dans la jaunisse, dans les engorgements scrofuleux, dans les affections syphilitiques, cutanées, goutteuses et rhumatismales. De nos jours, Alibert l'a conseillée dans le traitement des affections vénériennes après administration du mercure et aussi dans les maladies chroniques de la peau, dartres furfuracées et squammeuses. On la prescrit aussi dans la diathèse goutteuse (Barthez), comme tonique, antiscrofuleux (Fouquet, Biet, Blache, Cazin). Ce dernier emploie les feuilles comme résolutives en cataplasmes et en fomentations sur les engorgements lymphatiques œdémateux.
Formes et doses. - Décoction des tiges avec les feuilles, 15 à 30 gram. par kil. d'eau ; de la racine même dose. Extrait aqueux et alcoolique, 2 à 6 grammes en pilules. A l'extérieur décoction et cataplasme des feuilles.
La Saponaria vaccaria, L. Saponaire des vaches, S. Anguleuse, partage les mêmes propriétés, mais à un degré moindre.
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
La saponaire, [...] plante qui jouit d'une vogue variable selon les pays, [est utilisée] comme ayant des propriétés dépuratives.
Selon Roland Desrosiers (1978) auteur d'un article intitulé "Notes sur l'usage de quelques plantes chez les Indiens Squamish (Colombie-Britannique)" (in Anthropologie et Sociétés, 1978, vol. 2, n°3, pp. 139-156),
Saponaire (shepherdia canadiensis, L. Nutt. et danseur)
Le fruit de cette plante importée est mélangé à de l'eau et fouetté en un bouillon clair. On offre de ce mélange à tous lors d'une occasion spéciale ; il s'agit aussi d'une importante source alimentaire pour le danseur. Le terme Squamish qui désigne cette préparation signifie "glace indienne" et dérive d'une expression Salish signifiant "écume". Si nous replaçons cette pratique dans le cadre du nouveau-né métaphorique, il peut s'agir d'un lait maternel.
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Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Le bas prix du savon et des alcalins empêche la jeune génération de laver le linge avec la saponaire, saponaria officinalis, le V. de prêtre ou pied de veau, Arum maculatum, qu'emploient seules encore les vieilles matrones rebelles au progrès.
Symbolisme :
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Saponaire - Bienfaisance.
A cause de son fréquent emploi en médecine et de l’abondance de sa floraison. Cette plante, cultivée, fait trop bien dans un parterre.
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Saponaire - Adoucissement aux peines.
Cette plante produit de grandes fleurs en forme d'œillet simple, large, d'un blanc rosé et odorantes. On la trouve dans les lieux humides. Sa tige et sa racine écrasées et battues dans l'eau donnent une liqueur mucilagineuse qui remplace avantageusement le savon, surtout pour les étoffes de couleurs tendres ou fugitives.
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Selon Pierre Dubois et René Hausman qui ont écrit et illustré L'Elféméride, Le grand légendaire des saisons - Automne-Hiver (2013),
"les cinq pétales roses et étoilés de saponaires attardées offrent leurs feuilles aux derniers bains de Madeleine-aux-longs-cheveux ; frottées l'une contre l'autre, elles servent de savon à toutes les nymphes, naïades, vouivres et filles de l'eau. Le roi Drac, pour profiter du spectacle aguichant de ces belles à la toilette, dont il admirait les formes voluptueuses mais aussi les talents de nageuses, avait semé des saponaires tout le long des ondulations des rivières afin d'y attirer un choix de fiancées parmi lesquelles il choisirait sa reine d'une année. Il l’entraînait alors dans son château, attachée à la cheville par une longue chaînette d'or. Si en octobre il n'avait pas encore trouvé "promise à son goût"... on pouvait prévoir un hiver inondé."
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