Étymologie :
CHÂTAIGNE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1180 chastaigne désigne le fruit (Mort Aymeri de Narbonne, 1906 ds T.-L. : chastaignes et olives) ; d'où p. anal. 2. 1561 chastaigne d'eau « macre » (A. Pinaeus ds Roll. Flore t. 6, p. 7) ; 1564 chastaigne de mer « oursin » (J. Thierry, Dict. fr.-lat., Paris) ; 3. 1635 chastagne sur les doigts « coup sur les doigts » (Sage Folie, Rouen d'apr. FEW, loc. cit.) ; 1866 pop. (A. Delvau, Dict. de la lang. verte : Chataigne. Soufflet appliqué sur la joue). Du lat. castanea désignant le fruit et l'arbre ; le lat. est lui-même empr. au gr. κ α ́ σ τ α ν ο ν « id. » v. aussi André Bot. ; 3 prob. en raison de la couleur et de la forme de la contusion, que peut provoquer un tel coup (Sain. Lang. par., p. 384 ; cf. norm. prune « coup, blessure » (Héron) et (oi)gnon*, au même sens.
CHÂTAIGNIER, subst.
Étymol. et Hist. 1. Début xie s. judéo-fr. chastenier désigne l'arbre (Raschi, Gl. fr. ds la Bible, Gen. XXX, 37, p. 11 -b- ds Raschi Blondh. p. 150), forme encore attestée en 1560 (Poppe [Gouberville], p. 202) ; ca 1165 chastaignier (M. de France, Lais : Laustic, 98 ds Gdf. Compl.) ; 1694 bois de chastaignier, cerceaux de chastaignier (Ac.) ; 2. 1370 a. norm. pomme de castegnier (Ch. de Beaurepaire ds Roll. Flore t. 5, p. 101) ; 1571 pomme de chastaignier (Art de semer pépin., ibid., p. 102) ; d'où p. ell. subst. fém. 1697 châtaigner (La Quintinye, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, Amsterdam, t. 1, p. 203) ; 1732 châtaigniers (Trév.). Dér. de châtaigne*; suff. -ier*; 2 prob. parce que la chair farineuse de ce fruit rappelle celle de la châtaigne.
Lire aussi les définitions de châtaigne et châtaignier pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Castanea vulgaris - Castan - Castogné - Châtonié - Fatégnier - Marounié - Moussar - Péloussié - Ramonié -
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Onomastique :
Castaing : anthroponyme fréquent dans le Sud-Ouest, le nom peut désigner celui qui a les cheveux châtain, mais c'est le plus souvent un toponyme évoquant un bois de châtaigniers. Variantes : Castaings, Castan, Castang.
Chastanier variantes Chastagner et Chastagnier au sens de châtaigneraie, on trouve cet anthroponyme essentiellement en Ardèche.
Chataigneau : Le nom est porté notamment dans la Vienne et les Deux-Sèvres. Formes voisines : Chatagnaud, Chatagneau (16, 17), Chataignault (86). Deux possibilités : soit celui qui a les cheveux châtain, soit plutôt un lieu où pousse le châtaignier : on pensera par exemple aux hameaux du Chataignaud à Châtelus-le-Marcheix (23) et à Roziers-Saint-Georges (87) (source Généanet).
Fontchastagnier : Nom porté dans la Corrèze (variante : Fontchastagner). Désigne celui qui habite un lieu-dit ainsi nommé ou en est originaire. Signification : la source près du châtaignier, ou encore la source de celui qui s'appelle Chastagnier.
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Botanique :
Eugène Rambert, auteur de Études d'histoire naturelle : Les Alpes suisses (Librairie F. Rouge, 1888) décrit avec lyrisme les forêts de châtaigniers alpines :
Les forêts de châtaigniers ne sont pas les moins pittoresques. Elles s'établissent sur des pentes fort inclinées ; l'ombre en est fraîche, et elles absorbent si bien tout ce que le sol renferme de sucs nutritifs, qu'elles n'abritent jamais qu'un gazon maigre, rare et qui végète péniblement. En général, elles ne sont pas très serrées ; les arbres ont de la place et ils en profitent. Pour peu qu'on les laisse croître à leur fantaisie, ils poussent à la base des jets qui s'emparent de toute la sève, si bien que la tige centrale ne tarde pas à dépérir, et qu'une demi- douzaine de châtaigniers, bientôt de taille respectable, grandissent en famille sur le tronc mort de l'aïeul. Cette façon de croître n'est pas favorable au développement en hauteur ; aussi les châtaigniers abandonnés à eux-mêmes se développent-ils plutôt en largeur ; chaque membre de la famille vit pour soi et tire de son côté, à moins, ce qui n'est pas rare, que les tiges, en grossissant, ne se soudent les unes aux autres et ne produisent à la longue des troncs énormes, fabuleux, laissant à leurs formes deviner leur origine multiple, souvent creux, et dont le branchage irrégulier n'a rien de l'abondance touffue des grands tilleuls ou des grands érables ; c'est une végétation buissonnante sur un tronc géant. On affirme qu'il faut chercher dans le bourgeon l'unité de la vie végétale, et que les arbres n'ont que l'apparence de l'être individuel ; mais dans le châtaignier, cette apparence n'est guère trompeuse, et l'on n'a pas de peine à reconnaître en lui le végétal collectif, l'arbre polype. Le même caractère se retrouve dans ses feuilles à nervures parallèles, dentées et attachées très près les unes des autres, et surtout dans ces longs chatons dressés, grêles, d'un blanc soufré, qui, au temps de la floraison, se dressent en bouquets à l'extrémité de tous les rameaux. C'est alors qu'il faut voir les forêts de châtaigniers, et, si possible, d'un point assez élevé pour que le regard rase le faîte des arbres. La couleur des chatons se marie heureusement avec la verdure, et l'on dirait une mer de feuillage dont toutes les vagues sont fleuries. Peut-être ces petites merveilles qu'on appelle des fleurs, ne produisent-elles pas, par leur réunion, d'effet d'ensemble plus grandiose.
Le châtaignier n'aimant guère à vivre seul et ne prospérant que lorsqu'il peut tout accaparer, on sort assez brusquement des régions qu'il occupe, et l'on passe, sans transition, à des forêts composées d'essences diverses, surtout de hêtres et de sapins.
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Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de la Châtaigne :
« Chauds les marrons ! Chauds ! » Des marrons ? Non, ce sont des châtaignes qui font leur apparition aux coins des rues dès l'orée de l'hiver.
La châtaigne est un fruit très différent du marron d'Inde. Chaque châtaigne est, en effet, un fruit sec, un akène, emballé dans une cupule piquante, comme il advient souvent aux akènes des plantes du groupe des cupulifères. La belle cupule ronde qui porte le gland de chêne ou la cupule piquante de la faine du hêtre sont deux autres formes prises par et organe qui se constitue après la fructification et qui protège partiellement ou totalement le fruit. Rien de tel chez le marron d'Inde dont le fruit vert et piquant brunit rapidement au sol après l'éclatement de ses parois et dont les grosses graines sont les marrons. Le marronnier n'est arrivé de Turquie qu'en 1615 sous le nom de « châtaigne de cheval » : Hippocastaneum.
Avant la vulgarisation de la pomme de terre, il n'y a que deux siècles, la châtaigne fut l'un des aliments essentiels des pays méditerranéens. En période de disette, les châtaignes étaient mangées en soupe ou en bouillie et constituaient la principale - souvent la seule - ressource alimentaire. Galien, dont on sait qu'il n'était pas tendre pour les fruits, qu'il condamnait en bloc, fit une exception pour les châtaignes qui « nourrissent beaucoup et dont le suc épais n'a rien de nocif ». De fait, les Anciens faisaient une abondante consommation de châtaignes : chez les Romains, c'était la nourriture habituelle des gens du peuple et des paysans ; mais on en trouvait aussi sur des tables plus aisées, où l'on estimait surtout les châtaignes en provenance de Naples, préparées à la vapeur. Mais, bien avant encore, glands et châtaignes comptèrent sans doute parmi les premiers aliments de l'homme pré-néolithique.
Le châtaigner est aujourd'hui un arbre indigène du bassin méditerranéen. Venu de Perse, il aurait été tardivement introduit en Grèce, puis en Gaule. C'est un grand arbre sensible au froid et aux gelées printanières, très exigeant en matière de qualité du sol : il déteste les terrains calcaires et argileux et marque une nette prédilection pour les sols siliceux et granitiques, ce qui en fait un excellent indicateur écologique, ainsi qu'on l'observe dans les Cévennes où il apparaît dès que le calcaire cède la place au granit de l'ère primaire. Mais il advient qu'on le rencontre aussi ailleurs.
Le châtaignier vit vieux ; on connait des individus plus que millénaires, notamment sur les pentes de l'Etna, en Sicile : c'est là que le châtaignier dit des « cent chevaux », vieux de trois mile six cents ans à quatre mille ans, aurait eu un tronc de soixante-quatre mètres de circonférence ; partiellement détruit par ls intempéries, il atteint aujourd'hui encore près de cinquante et un mètres. A l'intérieur de ce tronc rongé par le temps, on avait creusé un refuge qui pouvait abriter. Il y a peu, un berger et son troupeau. Malheureusement, on l'a endommagé à force d'y faire rôtir ses fruits au feu de son propre bois, si bien que le tronc a fini par casser. Ainsi fut esquinté le plus vieil arbre d'Europe, déjà fort âgé à l'époque où Platon fut retenu prisonnier non loin de lui, à Syracuse. Au XVIe siècle de notre ère, Jeanne d'Aragon, se rendant d'Espagne à Naples, s'abrita sous ce châtaignier avec toutes sa suite, soit cent cavaliers, pendant un orage ; d'om le nom de l'arbre : le châtaignier aux cent chevaux.
Depuis des temps immémoriaux, le châtaignier vit en étroite symbiose avec l'homme qui lui prodigue les soins nécessaires à sa survie. Sans doute est-ce l'arbre forestier qui exige le plus de soins. Laissé à lui-même, il dégénère et cesse de produire. Un châtaignier ordinaire commence à donner dès sa cinquième année et atteint sa production maximale vers cinquante ans ; chaque arbre produit en moyenne soixante kilos de châtaignes par an.
Ce sont les Romains qui acclimatèrent le châtaignier dans les Cévennes. Puis les moines, à partir du VIIe siècle, continuèrent les plantations. mais, au début de notre siècle, l'évolution des moyens de transport, l'exode rural, le changement des pratiques alimentaires, le coût de la main d'œuvre, le vieillissement des populations ont entraîné le déclin de la châtaigneraie cévenole. Celle-ci manifeste cependant une légère tendance à la reprise depuis une vingtaine d'années. La production a connu une chute brutale, passant de cinq cent mille tonnes en 1890 à seize mille tonnes en 1990, produites pour 30% par le seul département de l'Ardèche. L'apparition de deux maladies cryptogamiques graves - le chancre de l'écorce et, pis encore, l'encre qui parasite les racines - fait peser une grave menace sur cet arbre depuis si longtemps fidèle compagnon de l'homme.
La composition de la châtaigne est proche de celle du blé : elle est riche en amidon (40% de glucides) et contient de surcroît 4% de protéines et 2, 6% de lipides ; s'y ajoutent bon nombre de sels minéraux, notamment du potassium et du magnésium, ainsi que des teneurs très élevées en vitamines B1 et E. Son fort pouvoir calorique (200 calories pour 100g), dû à sa forte teneur en glucides, aurait tendance à jeter sur elle une certaine suspicion à l'époque où la mode est plutôt à l' « allégé ».
Dans certaines régions, les châtaignes servent à fabriquer de la farine ; c'est pourquoi le châtaignier y fut appelé « arbre à pain ». Il joue également un rôle considérable dans l'alimentation des animaux. Enfin, le bois de châtaigner est extrêmement résistant et imputrescible.
Depuis toujours, la châtaigne est un aliment lié aux défunts : en maintes régions de France, mais aussi au Piémont, en Toscane, on mangeait des châtaignes le jour des Morts. Ce jour-là, les pauvres allaient de porte en porte mendier les châtaignes. Ces fruits étaient censés devoir nourrir les âmes du purgatoire.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Polygale :
Propriétés Physiques et chimiques. L'écorce est inodore, d'une saveur astringente et un peu amère, brune rugueuse à l'extérieur, de couleur chair à l'intérieur. Les écailles de ses gros bourgeons sont enduits d'un suc gluant de nature résineuse ; on pourrait peut-être les usiter en médecine. Les fruits sont très riches en fécule ; ils fournissent 10 à 20 p. de fécule sèche pour 100 p. de pulpe de marron frais (Flandin, Belloc). Leur amertume les rend impropres à l'alimentation de l'homme ; les animaux les mangent. On peut cependant les priver en partie de cette amertume en les faisant macérer dans une solution alcaline. On peut en retirer un bon amidon.
Analyse. L'écorce contient une matière astringente rougeâtre, une huile verdâtre, une matière colorante jaune, un acide, de la gomme et du ligneux (Pelletier et Caventou). Stokes y a signalé la présence de la Fraxine qui existe aussi dans celle du frêne. Canzoniéri a retiré de l'écorce des fruits du marronnier d'Inde une matière alcaline à laquelle il a donné le nom d'Esculine ; cette substance a été étudiée par Minor, Trommsdorf et Mouchon ; celui- ci l'a obtenue de la pulpe sous la forme d'une poudre blanche, amorphe, d'une amertume très prononcée et d'une odeur presque nulle. Les marrons décortiqués contiennent, d'après Lepage, de l'eau de la fécule, une huile douce saponifiable, du glucose, et des sels. Fremy y a signalé la présence de la saponine.
Usages Médicaux - L'écorce de marronnier est tonique et astringente. A forte dose, elle peut occasionner un dérangement des premières voies ; ou lui a vu produire du malaise, de la pesanteur d'estomac, des nausées, des vomissements et la diarrhée. Elle a été préconisée comme fébrifuge dès 1720 (Bon) ; elle a été vantée depuis par un grand nombre d'auteurs (Pontedera, Zanichelli, Cusson, Bucholz, Desbois, Hufeland, Ranques, Lacroix). D'autres l'ont trouvée à peu près inerte (Gasc, Bourges, Bourdier, Zulatti, Bretonneau). C'est donc un médicament sur lequel on ne peut pas se fier entièrement. Mérat et Cazin ne croient pas beaucoup à son efficacité. On l'a employé avec plus de succès dans les hémorrhagies passives et dans les flux muqueux, atoniques. Dans la gastralgie atonique, M. Jobert administre la teinture alcoolique à la dose d'une cuillerée à bouche. En usage externe, on peut l'employer comme tonique, détersive et antiseptique. La poudre des fruits est sternutatoire ; elle a été utilement prescrite pour cet usage dans les maladies de la tête et des yeux. Les fruits servent aussi à faire des pois à cautère. L'huile extraite des marrons a acquis de nos jours une certaine célébrité dans le traitement des affections rhumatismales et goutteuses (De Saint Genevoix). On a vanté les marrons portés dans la poche contre les hémorrhoïdes ; la même vertu est attribuée banalement aux pommes de terre. Ce sont des remèdes qui valent autant que le fameux triangle Abracadabra porté autrefois autour du cou suspendu à un fil de lin en guise de préservatif.
M. Mouchon est le premier qui nous ait fait connaître les propriétés fébrifuges de l'Esculine, propriétés reconnues depuis par MM. Durand, Diday et Vernay. M. Monvenoux l'a aussi administrée avec avantage dans le traitement des névralgies périodiques.
Formes et doses. - Poudre de l'écorce : 1 à 4 grammes comme tonique et 15 à 50 comme fébrifuge. - Décoction pour l'usage interne 30 à 60 grammes par kilogramme d'eau ; à plus haute dose pour lotions, fomentations, injections. Extraits, vin, teinture. Esculine. 2 à 8 décigrammes et même 1 gramme.
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Usages traditionnels :
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Croyances populaires :
Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :
207. - On est aussi guéri de la fièvre si on met des marrons à bouillir dans du lait doux, qu'on boive le lait et qu'on mange les marrons.
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du châtaignier :
CHÂTAIGNIER - RENDEZ-MOI JUSTICE.
Les Châtaignes sont renfermées, par deux, trois et quatre, dans un calice commun, qui devient une coque verte et hérissée de piquants nombreux. Ceux qui ne connaissent pas cet arbre négligent ses fruits sur cette rude apparence.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Châtaignier - Pourvoyance.
Parce que son fruit sert aux provisions d’hiver.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
CHATAIGNER - ÉQUITÉ.
Ne violez l'équité, ni dans le jugement, ni dans la règle, ni dans le poids, ni dans la mesure. —
Lévitique. XIX, 35.
Le Châtaigner est un arbre d'un port majestueux et d'un très beau feuillage. Il s'élève à plus de vingt-cinq mètres de hauteur. Les chatons mâles sont très longs et composés de fleurs agglomérées pourvues d'un calice à six divisions. Le fruit est une noix uniloculaire renfermant une ou trois graines que contiennent une grosse amande, à chair blanche, recouverte d'une peau lisse et coriace. Les semences sont farineuses et non huileuses comme celles du hêtre. Si l'on ne connaissait pas le fruit excellent du châtaigner, l'enveloppe piquante dans laquelle il est renfermé le ferait rejeter sans examen, ainsi se trompent souvent les gens qui jugent sur les apparences et qui par conséquent manquent d'équité.
DU CHATAIGNER.
Le Châtaignier est un grand et bel arbre qui croît en France sur le penchant des collines et des montagnes . Son port est d'un fort bel aspect, son feuillage ample et gracieux, ses rameaux allongés et très étalés. Nous n'avons en Europe qu'une seule espèce de châtaigner, d'où sont sorties un grand nombre de variétés que l'on doit au sol, au climat et à la culture. Les marronniers ne différent de l'espèce sauvage que par la grosseur, la rondeur et la qualité de fruit. Les contrées de la France où il est le plus abondant sont les Vosges, le Jura, le Limousin, le Périgord, l'Auvergne, le Poitou, le Maine, etc. On vante beaucoup les marrons de Lyon et surtout ceux de Luc en Provence.
Pour conserver les châtaignes il faut les mettre dans un lieu sec, ne pas les entasser, et les remuer de temps en temps ; on peut aussi les garder dans du sable bien desséché. Parmentier conseille de les placer sur des claies et de les exposer au soleil, il assure que c'est un excellent moyen de les conserver longtemps. Si l'on veut les manger fraiches toute l'année, il suffit de les faire bouillir quinze à vingt minutes, de les faire sécher au four après que le pain en a été tiré et de les mettre ensuite dans une chambre bien sèche. Les habitants des Cévennes les fond sécher au feu sur des claies.
La châtaigne parfaitement desséchée peut se conserver non seulement pendant tout l'hiver, mais encore d'une année à l'autre, sans rien perdre de sa bonne qualité. C'est un fruit excellent qui contient, outre une fécule abondante, du vrai sucre cristallisable et un principe tonique. Les habitants des Cévennes et de plusieurs autres cantons de France, ceux de la côte de Gênes et des Apennins s'en nourrissent presque toute l'année , et tous ces gens-là sont pleins de vigueur, de force et de santé.
Les marrons sont servis sur les tables les plus délicates ; on les mange grillés ou cuits sous la cendre, ou bouillis dans l'eau salée, avec du fenouil, avec des feuilles de céleri, de laurier, de sauge ou de thym, suivant les goûts.
Cet arbre parvient quelquefois à une grosseur prodigieuse, ainsi que le prouve ce fameux châtaigner du mont Ethna, que l'on voit à peu de distance de la ville d'Aci ; il a été décrit par plusieurs voyageurs, en particulier par Honel dans son Voyage aux iles de Sicile, etc. Il lui a trouvé une circonférence de 160 pieds. Le tronc est creux. On a construit dans son intérieur une habitation qui sert de retraite à un berger et à son troupeau. Cet arbre s'appelle le Châtaigner aux cent chevaux, d'après une tradition qui pourrait bien être fabuleuse. On prétend que Jeanne d'Aragon, allant d'Espagne à Naples, s'arrêta en Sicile et vint visiter l'Ethna accompagnée de toute la noblesse de Catane. Un orage survint ; elle se retira sous cet arbre, dont le vaste feuillage suffit pour mettre à couvert de la pluie cette reine et tous ses cavaliers. Il existe encore dans le voisinage plusieurs autres individus d'une grosseur extraordinaire, dont un entr'autres, a 23 mètres de circonférence. On cite en France plusieurs gros châtaigners ; le plus remarquable est près de Sancerre dans le département du Cher, il a dit-on près de 10 mètres de contour. Son âge est d'environ cent ans.
RÉFLEXIONS.
La probité humaine, sans la crainte de Dieu, est presque toujours fausse, ou du moins n'est jamais sûre.
(MASSILLON. Petit carême.)
Il est deux guides sûrs pour ne point s égarer : Bonté compatissante et probité sévère. L'une inspire et prescrit tout le bien qu'on peut faire L'autre à faire aucun mal défend de se livrer.
(MOREL-VINDÉ, Morale de l'enfance.)
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Châtaignier - Prévoyance - Rendez-moi justice.
Le fruit du châtaignier est une ressource sans pareille pour les habitants de certaines contrées qui les recueillent et s'en nourrissent pendant la saison d'hiver. La châtaigne engraisse les chevaux, la volaille, les porcs, etc., qui en sont très friands. Le châtaignier est un arbre magnifique qui atteint souvent des proportions énormes ; son bois sert à une foule d'usages, et c'est sous son épais ombrage que se tenaient souvent les cours de justice présidées par les seigneurs du moyen âge.
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D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"Dans la Chine ancienne, le châtaignier correspondait à l'ouest et à l'automne. Il était planté sur l'autel du Sol disposé à cet orient (voir catalpa). La tradition en a fait le symbole de la prévoyance, son fruit servant de nourriture pour l'hiver."
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Châtaignier (Castanea vulgaris) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Jupiter
Élément : Feu
Pouvoirs : Attachement.
Dans le midi de la France, pendant la Restauration, on appelait châtaigniers les bonapartistes, parce que Napoléon était Corse, pays où ces arbres croissent en abondance.
Utilisation rituelle : Les Suèves, dont le territoire s'étendait entre la Thuringe, la Bavière et la Suisse, avaient consacré un bois de Châtaigniers à leurs divinités, et ne s'en approchaient qu'avec une religieuse terreur. On y célébrait des cérémonies secrètes, Inaugurées par la mise à mort d'une victime humaine. Nul ne pouvait pénétrer dans cette châtaigneraie sans être porteur d'un lien, symbole de dépendance et d'hommage aux dieux. Si l'un des assistants faisait une chute, il ne lui était pas permis de se relever ; il ne pouvait sortir du bois qu'en se roulant sur le sol.
Les Châtaigniers atteignent des âges inhabituels dans le règne végétal : on connaît des arbres qui ont mille ans. La légende, toujours prête à appliquer ses lentilles grossissantes, leur attribue facilement trois et quatre mille ans...
Ces très vieux arbres sont devenus creux à la longue. Sans aller jusqu'à ce Châtaignier sicilien qui, dit-on, abritait dans son tronc un berger avec tout son troupeau, plusieurs arbres creux ont servi de caverne à des ermites, des anachorètes. En Italie, en Espagne, une foule de légendes miraculeuses se sont développées autour de ces arbres saints. L'une des plus curieuses est sans doute celle du Châtaignier brûle-culotte, à Sobrado de los Monjes, en Galice. La femme d'un riche marchand avait éprouvé une violente passion pour le saint ermite qui, dans son tronc creux, enseignait la sagesse et la connaissance aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle. Après avoir essuyé plusieurs refus polis mais fermes, cette dame, n'en pouvant plus, entra une nuit dans le Châtaignier creux. Bien mal lui en prit : elle en ressortit plus vite qu'elle n'y était entrée, avec ses caleçons en flammes !
Des pelures noirâtres et racornies de Châtaignes envoyées à une femme indiquent symboliquement qu'elle n'est bonne qu'à manger ces épluchures comme les cochons.
Utilisation magique : L'usage de manger des châtaignes le 1er novembre, veille des Morts, est très ancien et se retrouve dans beaucoup de régions où croissent ces arbres. On dit aussi qu'on doit en mettre quelques-unes sous l'oreiller en se couchant ce soir-là, pour empêcher les revenants de venir nous tirer par les pieds pendant la nuit.
Toutefois, à part cette exceptionnelle veille des Morts, la femme ne mangera point de châtaignes le soir, de peur de scandaliser, pendant la nuit, le nez de son mari.
Autrefois, les paysans bretons décollaient, sans la briser, l'écorce d'un Châtaignier pour servir de bière à un enfant mort.
Son fruit, et accessoirement ses feuilles, son bois, trouvent un emploi discutable dans les charmes d'attachement. Si votre conjoint envisage la séparation alors que vous ne souhaitez pas rompre, ayez alors recours à la châtaigne à haute dose. Le régime n'est pas précisément amincissant, mais Il est sans danger et même fortifiant. C'est sur le plan psychologique que votre vie risque de devenir difficile. Mais après tout, peut-être faites-vous partie de ces gens qui se complaisent dans un climat de tensions, de cris, de scènes de ménages, de bris d'assiettes...
Gavez votre mari de châtaignes : sous toutes les formes, accommodées aux sauces les plus diverses ; glissez des « castagnes » séchées dans ses affaires, son linge de corps; cachez des bogues sous le lit ; râpez des châtaignes et mettez la pulpe dans ses poches, ou mieux, sous sa doublure. Lavez ses mouchoirs dans l'eau de cuisson des châtaignes. Brûlez dans l'âtre du bois de Châtaignier. Mettez des feuilles de cet arbre dans le matelas, bourrez-en les oreillers. Fabriquez des poupées avec les bogues et placez ces figurines un peu partout dans la maison.
Même s'il en est arrivé à détester la vie à vos côtés, votre mari ne parviendra pas à rompre les liens.
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Dans Le livre des superstitions, mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995, réédition, 2019), Eloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
La châtaigne est un fruit funéraire, intermédiaire entre le monde des vivants et des morts. Dans le midi de la France, en Espagne et en Italie, les châtaignes grillées faisaient partie du repas traditionnel de la Toussaint, veille de la fête des morts : toutes celles dont on enlevait l'écorce pour les manger correspondaient à une âme du purgatoire délivrée et en route pour le paradis.
Autrefois, dans le sud de la France, on laissait dans les maisons des châtaignes, le plus souvent bouillies, pour nourrir les âmes de ceux qui avaient, de leur vivant, habité dans la région ; cette offrande aux défunts était aussi un moyen de les éloigner. En Corse, le jour des morts, on accrochait un collier de châtaignes au cou des enfants qui se rendaient au cimetière. Après un décès, lorsque le mort était porté à l'église, on déposait à ses côtés un repas composé de châtaignes, de fruits secs et d'eau.
Placées sous un oreiller ou un édredon, elles empêchent les revenants de venir tirer ou chatouiller les pieds du dormeur. Conservée dans la poche, une châtaigne soulage des rhumatismes ; au nombre de sept, elle soignent les hémorroïdes à condition de les garder jusqu'à guérison totale (Hérault). Aux États-Unis, en avoir dans une poche porte bonheur.
Si une jeune fille fait brûler des châtaignes dans sa poêle, elle sera malheureuse en ménage. Un jeune homme peut se livrer à l'exercice suivant pour connaître son sort : il lance deux fois de suite des châtaignes et doit les rattraper dans la poêle. Si une châtaigne s'échappe, il sera veuf l'année même de son mariage et s'il ne réussit pas une seule fois cet exercice d'adresse, il risque de laisser une veuve.
Pour s'attacher un conjoint désireux de rompre, il faut lui faire consommer des châtaignes en grande quantité, en glisser dans ses vêtements, dans ses poches, sous le lit, mettre des feuilles de châtaignier dans les oreillers et le matelas, laver ses mouchoirs dans l'eau dans laquelle elles ont cuit, faire des feux de bois de châtaignier et placer dans toute a maison des figurines réalisées dans les écorces piquantes du fruit : "Même s'il en est arrivé à détester la vie à vos côtés, votre mari ne parviendra pas à rompre les liens".
Dans les Cévennes, une ancienne tradition recommande d'attendre que les châtaignes soient toutes à terre pour les ramasser ou les griller, dans la crainte de nuire à toute la récolte ou d'empêcher les autres de tomber. Dans le Gers, on ne rôtit jamais les châtaignes avant la Toussaint sous peine de donner le charbon au blé que l'on sème et en Limousins, on évite de le faire avant la Sainte-Catherine car "le feu du ciel consumerait vos châtaigniers."
En haute Bretagne, on disait aux enfants que s'ils mangeaient des châtaignes crues, ils auraient des poux (probablement pour qu'ils n'en mangent pas).
Il existait à Collobrières (Var) sur le chemin dit "des amoureux" un châtaignier séculaire et magique. Les jeunes couples désirant des enfants et les jeunes filles en mal de mariage s'asseyaient au pied de cet arbre dont, dit-on, les racines avaient un aspect phallique.
Deux siècles avant notre ère, les Suèves, peuple germanique établi entre la Thuringe, la Bavière et la Suisse, avaient un bois de châtaigniers sacrés, consacrés à leurs dieux, auxquels ils sacrifiaient une victime humaine : "Nul ne pouvait pénétrer dans cette châtaigneraie sans être porteur d'un lien, symbole de dépendance et d'hommage aux dieux. Si l'un des assistants faisait une chute, il ne lui était pas permis de se relever ; il ne pouvait sortir du bois qu'en se roulant sur le sol".
Toutefois, le châtaignier a rarement été l'objet d'un culte, même si on lui attribuait une longévité" exceptionnelle, parfois de trois à quatre mille ans, et plus raisonnablement de mille ans. Autre caractéristique de cet arbre : au fil des ans, il devient creux ; c'est pourquoi, traditionnellement, certains "ont servi de caverne à des ermites, des anachorètes" comme le fameux châtaignier "brûle-culotte", à Sobrado de los Monjes (Galice) dont fait mention une légende espagnole : "La femme d'un riche marchand avait éprouvé une violente passion pour le saint ermite qui, dans son tronc creux, enseignait la sagesse et la connaissance aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Après avoir essuyé plusieurs refus polis mais fermes, cette dame, n'en pouvant plus, entra une nuit dans le châtaignier creux. Bien mal lui en prit : elle en ressortit plus vite qu'elle n'y était entrée, avec ses caleçons en flammes !"
Dans le folklore breton, lorsque Dieu créa le châtaignier, le diable voulut l'imiter : il ne réussit qu'à faire le marronnier.
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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000) :
"C'est un arbre pourvu d'une grande longévité dont les fruits, dotés d'une non moins grande valeur calorique, nutritifs et délicieux, tombant de ses branches à l'automne, en firent le symbole de la prévoyance, car il les donne pour l'hiver à venir. "La châtaigne est utile contre toute faiblesse qui est dans l'homme. Mangez-en souvent, avant et après le repas, et votre cerveau se développe et il est rempli. Vos nerfs se fortifient et ainsi passera le mal de tête." (Daniel Maurin, Les Remèdes, éditions Mame, 1992). C'est ainsi que Sainte Hildegarde de Bingen vantait les vertus de la châtaigne au XIIe siècle. Grillées, bouillies, en soupe ou en purée, on consommait des châtaignes depuis la plus haute Antiquité. Les Grecs les surnommèrent ainsi noix d'Héraklès. Un arbre produisant des fruits aussi bienfaisants ne pouvait être qu'honoré par nos ancêtres, qui connaissaient sa longévité. Avec ses branches, ils confectionnaient des bâtons, des manches au contact des quels ils puisaient une force nouvelle, ils se régénéraient. Parfois, des châtaignes tombant malencontreusement sur la tête des hommes pouvaient leur faire mal. C'est ainsi qu'à partir du XVIIe siècle, la châtaigne devint synonyme de coup de poing. Aujourd'hui, dans le langage populaire, se castagner, c'est se battre."
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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des arbres :
Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien
à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés
sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant
les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,
physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous
diffusons l'amour et la guérison pour vous.
Les marronniers et les châtaigniers [...] Les châtaigniers ont aussi la qualité de la conscience de l'abondance. Si vous voulez améliorer vos chances et attirer une corne d'abondance, passez du temps près de cet arbre.
Ces deux espèces d'arbres vous apporteront espoir et bonheur, et vous permettront d'élever vos attentes.
VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.
Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.
Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.
Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.
Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.
Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.
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On peut considérer que le Châtaignier a une caractéristique obsidionale car il semble lié à l'avancée des troupes françaises. Ainsi, dans un article intitulé "Ces plantes de la guerre que l’on nomme obsidionales" (In : Études touloises, 2015, n°151, pp. 7-19) François Vernier nous raconte de manière très précise les circonstances historiques de la dissémination du Châtaigner dans certaines régions inattendues de Vosges :
L’adjectif obsidional signifie « qui concerne le siège militaire ». Les botanistes utilisent ce terme, par extension, pour les végétaux qui ont été propagés lors des conflits armés ou des occupations militaires.
[...]
Châtaignier (Castanea sativa Lam.)
Cet arbre s’est réfugié dans les régions méditerranéennes, au moment des périodes glaciaires, Profitant du réchauffement au quaternaire, il remonte lentement vers le Nord pour atteindre les bords du lac du Bourget. Il est introduit par les Romains en Alsace, où il se trouve sur les contreforts vosgiens, jusqu’à une altitude de 720 mètres sur sol acide. En Lorraine, il se trouve essentiellement dans les Vosges gréseuses où il semble d’introduction plus récente. Pour s’en persuader, il suffit de consulter la Flore de Lorraine de GODRON où il est écrit « Commun dans la chaîne des Vosges, sur le revers oriental (donc alsacien, NdA) où il constitue des forêts entières et s’élève jusqu’à 700 mètres… ». GODFRIN et PETITMENGIN en 1909 donne la même distribution que GODRON, mais y ajoute « RR (très rare) dans la Meuse : Stenay ».
Comment ces châtaigniers, dont il ne semblait exister aucun individu sur les Vosges lorraines avant la Première Guerre mondiale, sont arrivés là…et ailleurs sur le massif gréseux. Tout cela semble lié à l’histoire du 373e Régiment d’Infanterie. Le 5 avril 1915 l’ensemble de ce régiment d’infanterie est affecté aux lignes de défense du Col de la Chapelotte.
Situé entre le Donon et Raon-l’Étape, le col de la Chapelotte a été un haut-lieu des combats de 1914 à 1918. La ligne de front de la Chapelotte est rapidement figée, accompagnée au début du conflit par l’électrification des barbelés, ce qui n’empêche pas de nombreux bombardements, l’utilisation des gaz de combat et de lance-flammes. La vie étant infernale en surface, les soldats vont la rendre encore plus cruelle en inventant la guerre des mines qui consiste à creuser des galeries sous les lignes ennemies, de les bourrer d’explosifs et de les faire sauter. La galerie la plus profonde, qui ait été creusée pendant cette guerre, l’a été par les soldats du 11e régiment du génie, sur la Chapelotte, elle s’enfonce à 120 mètres sous terre. Ce sont 55 fours de mines représentant 150 tonnes d’explosifs, qui ont été allumés par nos sapeurs. Les Allemands en ont fait autant et c’est la course entre les mineurs des deux camps. À ce jeu cruel, ce sont 2 000 soldats français et certainement autant d’allemands qui paient de leur vie cette folie qu’est la guerre. Certains de ces soldats viennent de l’Ile de Beauté. Quitter leur petit paradis pour l’enfer, voilà qui montre leur patriotisme. En fait, ils remplacent les recrues que l’on envoie sur le front de la Marne. Tous ces réservistes corses ne sont plus des jeunes gens, un des plus âgés a 46 ans. Ils appartiennent au 373e Régiment d’Infanterie, qui a été créé en septembre 1914. Ils ont participé aux durs combats de la Chapelotte de septembre 1914 à juin 1916. Plus de 250 d’entre eux sont tombés sous le feu allemand.
Ces hommes recevaient bien sûr des colis, dans lesquels se trouvaient des châtaignes du pays. Certains de ces fruits auraient été semés dès novembre 1914. Ils ont donné des arbres que l’on peut encore voir aujourd’hui aux abords de l’ancien front. Cette essence est également présente dans la région de Baccarat, de Saint-Dié-des Vosges et dans d’autres forêts des Vosges gréseuses. Les sujets rencontrés dans ces lieux ne sont pas très gros, et ont certainement pour origine les châtaigniers de la Chapelotte d’où ils ont été dispersés par les oiseaux ou les hommes. Le 163ème régiment d’infanterie de Nice présent sur les lieux a pu également participer à cette introduction.
Une stèle en l’honneur du régiment corse a été érigée en 2012 et inaugurée les 17 et 18 avril 2013 sur ce haut-lieu de la Première Guerre Mondiale. Ce monument est orné d’un mouflon.
Les châtaigniers plantés ou semés en 1914 sont intacts de toute mitraille car trop jeunes au moment des combats. Ils restent les témoins du courage des vaillants combattants corses.
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Sylvie Verbois, auteure de Les arbres guérisseurs : Leurs symboles, leurs propriétés et leurs bienfaits (Éditions Eyrolles, 2018) transcrit le message que lui inspirent les arbres :
Mot-clé : Acceptation du temps qui passe.
Élément : Feu ; Air ; Espace.
Émotion : Colère ; Tristesse ; Joie.
Je suis l'arbre du temps je peux vivre 3000 ans. Je prends mon temps pour croître, grandir, m'élever. J'ai le temps avec moi. je suis adepte de la lenteur, pourquoi se presser lorsqu'on a le temps devant soi ? Vous devriez en prendre de la graine : vous sentez-vous mieux en courant sans cesse, en vous imposant des charges et des contraintes, des obligations et des tâches incessantes ? Craignez-vous tant de vieillir, de perdre votre temps ? Prenez le temps de vivre te d'être, vieillir n'est pas une fâcheuse chose. Regardez, mon tronc, en vieillissant, se creuse et offre un abri précieux pour les voyageurs et les animaux. Acceptez de devenir refuge, écoute, mémoire, attention. Savourez le temps qui passe. Mon fruit vous aidera à digérer vos expériences de vie, qu'elles soient douloureuses ou heureuses, à vivre pleinement la richesse de ce que vous avez accompli et à accepter d'en transmettre la sève.
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
Mythologie :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
CHATAIGNIER. — Dans les contes populaires de l’Apenin toscan, le châtaignier joue, parfois, le même rôle que l’on attribue, dans d’autres contes, au chêne. Le bûcheron coupe l’arbre ; un monstre, un démon, sort de l’arbre et le menace de lui prendre la vie, si le bûcheron ne lui livre pas en échange son fils ou sa fille ; c’est une variante de la Belle et la Bête. Dans les contes populaires du Casentino, lorsque la jeune épouse curieuse, abandonnée par son bien-aimé (comparez le mythe indien d’Urvaçi, la fable de Psyché, auxquels se rattachent les contes français de la Belle et la Bête et du Chat boité), voyage à sa recherche, chemin faisant, la bonne fée lui fait présent d’une noix ou d’une noisette, ou d’une amande miraculeuse qui contient des robes de grand prix ou autre merveille ; parfois, à la place de l’amande, dans les contes du Casentino, figure la châtaigne.
Les châtaignes comptent parmi les fruits funéraires. En Toscane, on les mange solennellement le jour de Saint-Simon ; en Piémont, elles constituent le repas rituel de la veille du jour des Morts ; et, dans certaines maisons, on en laisse encore tout exprès sur la table à l’intention des pauvres morts, qui sont censés venir la nuit pour s’en rassasier. A Venise, on mange les châtaignes le jour de Saint-Martin ; les pauvres femmes vénitiennes se rendent sous les fenêtres des maisons où l’on mange des marrons, et chantent une longue chanson où, après avoir adressé des louanges et de bons souhaits à toute la compagnie, l’on demande des châtaignes pour apaiser la faim :
Benedetti quei penini
Che vien zo da sti scalini !
I ne porta dei maroni,
I ne porta de le castagne ;
Via fé presto, gavemo fame !
E co questo la ringraziemo
Del bon animo e del bon cuor ;
Se ghe piase al bon Signor.
Les femmes qui réclament les châtaignes représentent évidemment ici les âmes du purgatoire, ainsi que les pauvres Piémontais qui, le jour des Morts, vont, de maison en maison, demander le reste du souper de la veille. — A Venise, on pense aussi que le marron sauvage est un remède magique tout-puissant — pardon, lecteur — contre les hémorroïdes ; il suffit de tenir un marron dans sa poche pour en guérir.
Selon François Couplan, auteur de Les plantes et leurs noms : Histoires insolites (Éditions Quae, 2012) :
Une légende voudrait que le châtaignier soit né de la dépouille de la nymphe Nea qui préféra se donner la mort plutôt que de céder aux avances de Jupiter : l'arbre porte ainsi le nom de la chaste Nea, casta Nea en latin.
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Littérature :
Robert-Louis Stevenson dans son récit de Voyage avec un âne dans les Cévennes (1ère édition, 1879 ; traduction française G.F. 1991) propose une description intéressante des châtaigniers :
Une étroite bordure de frênes cerclait la cime des monts comme du lierre sur des ruines. Sur les versants inférieurs et au-delà de chaque gorge, des châtaigniers, par groupe de quatre, montaient jusqu'au ciel sous leur feuillage épandu. Certains étaient implantés chacun sur une terrasse individuelle pas plus large qu'un lit ; d'autres, confiants en leurs racines, trouvaient moyen de croître, de se développer, de rester debout et touffus sur les pentes ardues de la vallée. D'autres, sur les bords de la rivière, restaient rangés en bataille et puissants comme les cèdres du Liban. Pourtant là même où ils croissaient en masse serrée, ils ne faisaient point penser à un bois, mais à une troupe d'athlètes. Et le dôme de chacun de ces arbres s'étalait, isolé et vaste d'entre les dômes de ses compagnons, comme s'il avait été lui-même une petite éminence. Ils dégageaient un parfum d'une douceur légère qui errait dans l'air de l'après-midi. L'automne avait posé ses teintes d'or et de flétrissure sur leur verdure et le soleil, brillant au travers, atténuait leur rude feuillage, en sorte que chaque épaisseur prenait du relief contre son voisin, non dans l'ombre, mais dans la lumière. Un humble dessinateur d'esquisses lâchait, ici, désespéré, son crayon.
Je voudrais pouvoir donner une idée du développement de ces arbres majestueux, comme ils étalaient leur ramure ainsi que le chêne, traînaient leurs branchages jusqu'au sol ainsi que le saule ; comment ils dressaient des fûts de colonnes, pareils aux piliers d'une église ou comment, ainsi que de l'olivier, du tronc le plus délabré, sortaient de jeunes et tendres pousses qui infusaient une vie nouvelle aux débris de la vie ancienne. Ainsi participaient-ils de la nature de plusieurs essences différentes. Et il n'était pas jusqu'à leur bouquet épineux du faîte dessiné de plus près sur le ciel qui ne leur conférât une certaine ressemblance avec le palmier, impressionnante pour l'imagination. Mais leur individualité, quoique formée d'éléments si divers, n'en était que plus riche et plus originale. Et baisser les yeux au niveau de ces masses abondantes de feuillages ou voir un clan de ces bouquets d'antiques châtaigniers indomptables, "pareils à des éléphants attroupés" sur l'éperon d'une montagne, c'est s'élever aux plus sublimes méditations sur les puissances cachées de la nature.
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Dans Le Livre des Fleurs (Librairie philosophique J. Vrin, 1989), Georges Ohsawa (Nyoiti Sakurazawa) tente d'initier les Occidentaux à cet art ancestral particulièrement subtil qu'est celui des fleurs et des bonsaï. Il propose ce haïku qui célèbre la châtaigne :
Voici l'hiver,
Les bogues des châtaignes
Tendent leurs mains ouvertes.
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