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La Vigne

Dernière mise à jour : 5 oct.



Étymologie :


  • VIGNE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1re moit. xiie s. « arbrisseau grimpant de la famille des Ampélidées cultivé pour son fruit et la production de vin » (Psautier Oxford, éd. F. Michel, CVI, 37) ; 1551 vigne arbustive (Cottereau, Colum., IV, I ds Gdf. Compl.) ; 1600 vigne basse, haute (O. de Serres, Théâtre d'agric., l. 3, chap. 4, p. 159) ; 1845-46 vignes en cordon, vignes de labour, vignes pleines (Besch.) ;

2. a) 1re moit. xiie s. « terrain planté de vignes » (Psautier Oxford, LXXVII, 52) ; b) 1538 vigne blanche (Est.) ; 1611 vigne noire (Cotgr.) ; 1690 vigne vierge (Fur.) ; c) 1835 pêche de vigne (Ac.) ;

3. a) 1553 fig. travailler la vigne du Seigneur « convertir les âmes » (Bible Gérard, Is 5, 7 ds FEW t. 14, p. 472a) ; 1764 faire provigner la vigne « faire réussir une doctrine » (Voltaire, Lettre d'Argence, 10 oct. ds Littré) ; b) 1690 mettre le pied dans la vigne du Seigneur « être ivre » (Fur.) ; 1718 être dans les vignes « id. » (Ac.) ; 1808 être dans les vignes du seigneur « id. » (Hautel). Du lat. vinea « vigne » ; dér. de vinum « vin ».


  • RAISIN, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1121-34 « fruit de la vigne » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1742, 1752) ; 1545 raisins de Corinthe, raisins de Damas (Est.) ; en partic. 1690 raisin de caisse « raisin sec qui s'expédie en caisse » (Fur.), raisins secs (ibid.), raisins de Damas (ibid.) ; 2. p. anal. a) 1550 raisin de renard (L. Fousch, L'Histoire des plantes mise en commentaire..., Lyon, p. 66) ; b) 1732 raisin d'ours (Rich.) ; 3. 1611 raisin de mer « œufs de seiche » (Cotgr.) ; 4. 1710 papeterie grand-raisin (La Misere des apprentifs imprimeurs, 4 [s.l.] ds Quem. DDL t. 21). Du lat. pop. *racι ̄mus, lat. class. racēmus « grappe de raisin » (sens conservé par l'ital. (g)racimolo et l'esp. racimo) d'où « raisin », cf. aussi l'a. prov. razim, fin xiie s. (Marcabru, Poés., éd. J. M. L. Dejeanne, XIII, 26). A éliminé du gallo-rom. le lat. class. uva « raisin » − conservé uniquement dans l'a. prov. uva, mil. xive s. (Eluc. de las propr., fol. 226 ds Rayn.), l'ital., l'esp. et le port. uva, v. FEW t. 14, p. 90b. Les qq. ex. de l'a. fr. uve, surtout dans la loc. uve passe, francisation du lat. uva passa « raisin sec », xiiies. (Guill. de Tyr, IX, 20, P. Paris ds Gdf.), sont des latinismes. Le sens 4 parce que ce format de papier était primitivement marqué d'une grappe de raisin.


Lire aussi les définitions de vigne et raisin pour amorcer la réflexion symbolique. Voir aussi l'article Vin.


Autres noms : Vitis vitae - Galipe - Lambrisque - Lambruche -

Vitis vinifera - Lambrunche - Lambrusque - Pampre - Viorgne - Vugne -

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Expressions populaires :


Dans La Puce à l'oreille (Editions Balland, 2001) Claude Duneton revient sur l'expression "casser la graine" :


Cette expression familière à tout Français respectable : "On va casser une petite graine avant de repartir" - on va manger un morceau - passe pour un équivalent simple et sans manières de "casser la croûte" (une petite croûte) qui lui aurait, selon l'apparence, servi de modèle. Dans ce sens, elle est du reste plutôt récente : Gaston Esnault ne la relève, et encore, dans l'argot des voyous, qu'en 1926.

Oui, mais pourquoi la graine ? Ce qui vient à l'esprit, c'est que la croûte, en se brisant, fait des miettes... Mais les miettes, fussent-elles de bonne dimension, n'ont jamais été appelées "graines". Alors on se dit que le pain, après tout, est fait de farine, que la farine n'est que du grain écrasé "cassé" par conséquent. C'est l'explication approximative qu'indique Jacques Cellard dans Le Dictionnaire du français non conventionnel : "Métaphore du blé influencé par casser la croûte." Ainsi posée, la locution, je puis dire, ne mange pas de pain.

Eh bien non ! Derrière tant de simplicité apparente se cache un petit mystère. Car casser la graine existait bien avant 1926, mais dans un sens différent de celui de "manger" : cela voulait dire boire. Ce qui change tout !.. On voit mal la sécheresse de la farine servir d'image à la boisson. Je trouve en effet, dans le langage populaire de Lyon à la fin du XIXe siècle, tel qu'il fut relevé par le précieux Nizier du Puitspelu dans son irremplaçable Littré de la Grande Côte de 1894, la notation suivante : « Casser la graine, casser la grume, boire un coup. Quand vous recevez une visite la campagne, vous devez toujours offrir un verre de quoi que ce soit [...] Vous devez dire d'un air aimable à votre visiteur ou à votre visiteuse : Voulez-vous casser une graine avec moi ? C'est du moins ce que font tous ceux qui ont de l'usage. » (La variante grume aura son importance.)

Certes, cela ne fait que repousser un peu plus loin le mystère ; et l'épaissir, si l'on ne sait pas que casser une graine pour boire représente une variante d'une autre locution familière jadis bien connue : « écraser un grain : boire, s’enivrer » selon la définition d'Hector France vers 1907. Une acception qui remonte loin dans le cours du XIXe siècle, comme l'indique son emploi dans le dialogue d'un mélodrame de 1852, Les Nuits de la Seine de Marc Fournier - cité dans le DFNC par Jacques Cellard (lequel, par mégarde, commet une erreur d'interprétation en lui donnant le sens de "manger") :


« LA GRIGNOTTE. En voulez-vous, monsieur Poussier ? Elle est très bonne ce soir la gibelotte.

POUSSIER. Merci j'aime pas les chatteries, mais j'écraserais bien un grain, j'ai le gosier sans connaissance. »

La filiation paraît donc ne pas faire de doute : écraser un grain, devenant casser une graine au sens de « boire » jusqu'à la guerre de 1914-1918 ; prenant le sens de « manger » chez les voyous après la guerre - probablement par l'attirance sémantique de « casser la croûte », en effet.

Mais alors, direz-vous, quel grain ? Nouvelles conjectures ?... Et s'il s'agissait du grain du raisin - lequel, écrasé, donne du jus, donne du vin ? Si « écraser un grain » était une tournure d'un genre « précieux », une image alambiquée de vignerons évoquant le vin nouveau, par exemple ? On aurait la clef de l'énigme !

Or, en fouillant du côté de l'équivalent grune qui semblait tenir au cœur - et à la langue - du lyonnais Nizier de Puitspelu, je trouve « grume : terme employé dans certaines régions de vignobles, de la Bourgogne particulièrement, pour désigner les grains de raisins. » (Lachiver, Dictionnaire du monde rural.) Quant au Dictionnaire du français régional du Lyonnais de Gilbert-Lucien Salmon (Éditions Bonneton, 1995), il donne lui aussi « grume, grain de raison » avec la notation ici capitale « variante grune ». Je ne le lui fais pas dire !...

Enquête réussie : casser la graine nous fait remonter droit comme un I au « jus de la treille » !

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Botanique :


D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :


"Taille tôt, taille tard, mais taille en mars", disent les vignerons. Ils savent que la vigne doit être taillée très court, chaque année, pour donner beaucoup de grappes de raisin. D'être taillée aussi ras, la vigne pleure : de tous les sarments coupés coulent en abondance des gouttes transparentes que l'on appelle les pleurs de la vigne.


Pourquoi fait-elle ça ? Ce n'est pas de tristesse que la vigne pleure. C'est juste que toutes ses petites blessures, infligées par la taille, risquent de s'infecter. Aussi, elle les protège avec sa sève, qui en séchant lui fait comme un pansement protecteur.


Pleurer pour du raisin ! Les vignerons ne sont pas très sensibles au chagrin de cette pauvre plante. Au contraire, ils pensent que les pleurs de la vigne sont un très bon signe. Une vigne qui pleure bien, c'est une vigne qui va donner beaucoup de raisin.


L'âne vigneron : On raconte que la première taille de la vigne a été effectuée par un âne qui en avait brouté à ras toutes les pousses. Comme la récolte de l'année suivante avait été bien meilleure, on s'est dit que la vigne gagnerait à être taillée...

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Selon Stefano Mancuso et Alessandra Viola, auteurs de L'Intelligence des plantes (édition originale 2013 ; Traduction française Albin Michel, 2018),


"Au fil des ans, de nombreuses expérimentations se sont efforcées de mesurer les capacités auditives des plantes. Leurs résultats on toujours été du plus haut intérêt, aussi bien en laboratoire - où l'on a notamment prouvé, à une date récente, que l'exposition aux sons modifie leur expression génique - que sur le terrain.

En collaboration avec le Laboratoire international de neurobiologie végétale (LINV) et la société Bose (une entreprise leader dans le domaine de la technologie du son), qui a financé les recherches, un viticulteur a par exemple essayé, pendant cinq ans, de faire écouter de la musique à certaines de ses vignes. Les effets constatés ont eu de quoi surprendre : non seulement les vignes soumises à cette cure musicale ont mieux poussé que les autres, mais elles ont de surcroît mûri plus vite et produit un raisin plus riche en goût, en couleur et en polyphénols. La musique ayant, en outre, désorienté et éloigné les insectes, son usage a permis une réduction drastique du recours aux pesticides et frayé la voie à une nouvelle branche révolutionnaire de l'agriculture phonobiologique. En 2011, le Conseil Euro-Brésil de développement durable (EUBRA) et les Nations unies ont en effet inclus cette expérience parmi les cent projets destinés à changer le monde de l'économie verte dans les deux prochaines décennies."

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Vigne :


Propriétés Physiques. Les feuilles de vigne ont une saveur astringente ; elles contiennent du tannin. Les vrilles sont acidules. La sève est aqueuse, transparente, inodore, insipide. Le fruit avant sa maturité (verjus) possède une saveur acide et astringente ; mûr, la pulpe est succulente, douce, sucrée, plus ou moins parfumée.


Usages Médicaux. Les feuilles qui sont astringentes ont été administrées dans les hémorrhagies passives, la dysenterie, la diarrhée chronique ; elles ont donné de bons résultats contre les pertes utérines à Flamant, à Fenuglio et à Cazin. L'extrait des jeunes bourgeons peut être employé aux mêmes usages que la poudre et le suc des feuilles. La sève limpide est un remède populaire contre les ophthalmies légères ; elle paraît être tout à fait inerte.

Les raisins frais et mûrs sont nourrissants et rafraîchissants ; pris avec excès ou non suffisamment mûrs, ils peuvent produire des coliques, des diarrhées et des dysenteries. On en recommande l'usage dans la plupart des maladies inflammatoires ; on prétend que mangés abondamment, ils ont guéri certaines affections nerveuses, des hydropisies et des engorgements des viscères abdominaux. Les raisins secs, plus doux et plus sucrés que les raisins frais, sont béchiques, émollients, relâchants.

Le moût qui n'est autre chose que le suc exprimé des raisins mûrs est nourrissant et laxatif. Cuit et réduit à la consistance de sirop, de rob, de gelée, il peut servir à édulcorer les préparations pharmaceutiques. On emploie en bains le marc qui reste après l'expression des raisins ; ces bains sont recommandés contre les douleur rhumatismales, les engorgements des articulations, la faiblesse musculaire , les névralgies des membres. Nous ne parlerons pas ici ni du vin, ni de l'alcool, ni du vinaigre, médicaments suffisamment étudiés dans les traités de thérapeutique.


Formes et doses. - Décoction des feuilles : 50 à 60 grammes par kilogramme d'eau. Suc 60 à 100 grammes -Poudre : 4 à 5 grammes Extrait : 1 à 4 grammes.

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A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :


Vigne. Vitis apiana.


VERTUS : Qui ne connaît la vigne, ses fruits et ses sous produits dont je ne parlerai que pour leurs utilités si différentes, lorsque le jus du raisin a été transformé en vin et eau-de-vie, ainsi qu'on vinaigre. Le vin, additionné d'eau, est très utile pour laver les plaies, les nettoyer, de même l'eau-de-vie, qui est plus précieuse, parce que les remèdes qui en sont imprégnés se gardent très longtemps.

Le vin fraîchement tiré est laxatif, puis par la fermentation, selon ses qualités, il est tonique, et plus ou moins salutaire, c'est-à-dire plus ou moins acide ; le vin acide cause des aigreurs d'estomac et par là devient un empêchement à la digestion, cette aigreur que les travailleurs des champs ne connaissent que trop, disparaît bien vite si l'on prend un alcalin, tel, par exemple, gros comme une fève commune, de sel de Vichy, remède inoffensif, mais qui fluidifie le sang un peu, à celui qui en abuserait, tel par exemple plus de cinq grammes par jour, dose pour faire un litre de Vichy. Ce sel se vend dans le commerce environ 0 fr. 60 â 0 fr.70 le kilo. Les gastrites pourront donc être évitées par cet emploi et surtout l'abstinence d'un vin par trop acide (vert).

L'eau-de-vie que chacun connaît ne doit jamais être absorbée pure par les estomacs délicats et surtout par les jeunes gens, car il a été formellement reconnu qu'un jeune animal qui absorberait de l'eau-de-vie reste nain, chétif, nerveux et dégénéré, de plus, la digestion se fait bien plus lentement chez celui qui a absorbé de l'alcool après le repos, cet excellent remède ne devrait donc être employé qu'à l'extérieur comme les teintures. On tire de la vigne une eau excellente pour la vue, surtout si on y a fait infuser quelques plantes qui augmentent ses vertus.

Le vinaigre très fort est aussi employé dans beaucoup de remèdes dont je parlerai dans la suite, notamment lorsque, à la suite d'un travail fatigant, que l'on est en sueur, un petit verre de vinaigre de vin peut empêcher, très souvent une fluxion de poitrine, réchauffé au moyen de verres de bouteilles très noirs, lesquels ont été mis à rougir au feu, puis éteint dans ce vinaigre, pris dans la bouche tout le plus chaud qu'on peut sur une dent cariée, apaise le mal de dents et les fait tomber sans que l'on s'en aperçoive, cependant qu'il n'y a aucun inconvénient pour les dents saines, l'on fait du tartre de vin (gravelle) une eau excellente pour les dartres, grattelle, teigne, plaies et ulcères et toutes les maladies de la peau, les verrues, rides du visage, etc. Cette eau blanchit et nettoie l'argent, le cuivre.

Voici comment on fait cette eau : Mettre dans un linge, en toile de chanvre cette gravelle, puis on la met dans de la cendre très chaude, puis, lorsque après l'avoir goûtée vous 'trouverez qu'elle pique la langue et qu'elle soit bien blanche, vous l'ôterez et la suspendrez dans une cave très fraîche, il s'écoulera alors l'eau que vous désirez.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


La sève coulant des rameaux de la vigne taillée au printemps, est une véritable panacée pour les maladies des yeux ; quoique tout à fait inactive, on serait bien mal venu à en discuter les mérites.




Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


VIGNE. On a cru longtemps qu'il existait sur les grappes du raisin de Tokai, de petites particules d'or, et que c'était à elles que l'on devait attribuer la qualité si re- nommée du vin de ce nom. Mais on a reconnu, au XVII siècle seulement, que ce qu'on avait pris pour des grains d'or était l'enveloppe brillante d'un insecte, lequel insecte n'était pour rien dans l'excellence du fruit sur lequel il vivait.




Symbolisme :


Dans Botanique biblique ou Courtes notices sur les végétaux mentionnés dans les Écritures (Genève, 1862), le Comité des publications religieuses propose une synthèse des évocations du végétal dans la Bible :


Noé, qui était laboureur, commença de planter la Vigne. (Gen. IX , 20.)

L'histoire primitive de la Vigne (Vitis vinifera) est entourée d'une grande obscurité ; de même que celle du blé, sa patrie originaire est incertaine, quoique ce soit très probablement quelque contrée de l'Orient. La Terre-Sainte est dépeinte par Moïse comme un pays de blé, d'orge, de Vignes, de figuiers et de grenadiers (Deut. VIII, 8) ; les espions en rapportèrent une énorme grappe de raisins pour prouver la fertilité de cette contrée (Nomb. XIII, 24) ; toutefois il semble douteux que la Vigne soit originaire de Syrie, mais elle y fut cultivée de bonne heure ; le vin fut l'une des offrandes apportées par Melchisédec, roi de Salem, sacrificateur du Dieu fort, après qu'Abraham eut remporté sa mémorable victoire. (Gen. XIV, 18.)

L'ancienneté de la culture de la Vigne en Égypte est prouvée par les peintures que l'on retrouve sur les monuments de ce pays. Les différents procédés employés pour la fabrication du vin y sont représentés, depuis le plus primitif de tous, qui consistait simplement à écraser la grappe pour en extraire le jus. Bien qu'on ne fasse plus de vin en Égypte, la Vigne y est toujours cultivée dans les terrains sablonneux, et produit des raisins d'un très bon goût. L'un des mets les plus ordinaires de la table des riches consiste en des boulettes de viande hachée, enveloppées dans des feuilles de jeune Vigne ; ces feuilles sont tellement recherchées que leur prix surpasse quelquefois celui des grappes elles-mêmes.

De nos jours, en Palestine, la culture de la Vigne est restreinte à quelques localités ; ce pays, enrichi autrefois par les vignerons et les agriculteurs, se ressent maintenant partout du manque de travail. Cependant, pour la grosseur, la saveur et le parfum, les raisins de la Terre-Sainte sont encore sans égaux ; le vin généreux et doux du Liban conserve son anti que réputation ; les environs de Hébron, où se trouvait le célèbre Escol, sont parés des vignes les plus luxuriantes. Souvent les sarments grimpent autour des figuiers ; ils forment alors un épais ombrage, symbole de paix et de tranquillité : chacun sous sa Vigne et sous son figuier. (1 Rois IV, 25. ) Depuis Moïse jusqu'à l'Évangile, on retrouve souvent la Vigne prise dans un sens figuré ; la Vigne fertile et la Vigne apportée d'Égypte étaient des emblèmes du peuple juif ; on connaît la parabole des vignerons infidèles, et notre Sauveur a dit de lui-même : Je suis le vrai cep. (Jean XV, 1.)

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Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'angélique :


VIGNE - IVRESSE.

Anacharsis disait que la vigne portait trois sortes de fruits : l'ivresse, la volupté et le repentir, et que celui qui est sobre en parlant, en mangeant et en s'amusant, a le caractère d’un parfait honnête homme.

 

Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


VIGNE - IVRESSE.

L'origine de la culture de la vigne se perd dans la nuit des temps. Cette plante aurait été importée en Europe par les Phéniciens ; toutefois, sous Numa, à peine la cultivait on. Domitien ordonna même que les vignes fussent dé truites dans toute l'étendue de l'empire : il paraitrait que ce singulier législateur n'était pas ami de la dive bouteille, comme parle Rabelais. La vigne, en revanche, a été de tout temps célébrée par les poëtes.


La vigne quelquefois, honneur de vos jardins,

S'y montre avec la pourpre ou l'or de ses raisins. ROSSET.


Sur le sommet des coteaux lumineux,

La vigne de son pampre entrelace les nœuds. BAOUR-LORMIAN.

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Vigne - Ivresse - Fureur - Je perds la raison.

La vigne est originaire de l'Asie. Suivant les diverses traditions, Noé, Osiris et Bacchus passent pour avoir appris aux hommes la culture de cette plante. On sait que Noé fit le premier du vin, qu'il en but et que, n'en connaissant pas les effets, il se grisa. Ce n'est qu'au IIIe siècle que l'empereur Prohus la fit replanter dans la Gaule, car Domitien en avait fait arracher tous les pieds dans le mi lieu du premier siècle. Les Egyptiens prétendaient que la vigne était née du sang des géants et expliquaient ainsi la fureur que donne l'ivresse. La vigne ne fleurit que lorsque les gelées sont passées ; à ce moment, sa sève s'échappe abondamment de ses rameaux.


Honteuse, alors que tout fleurit,

De recouvrer si tard ses charmes,

La vigne arrose de ses larmes

La colline qui la nourrit.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


VIGNE : Ivresse.

On se rappelle que le premier qui planta la Vigne fut Noé qui ignorant la vertu de son fruit, tomba dans un état d'ivresse après en avoir fait usage. Aussi chez les païens, la Vigne était-elle consacrée à Bacchus le dieu du vin.


Le nectar de mes fruits sait plaire

On dit que j'égare parfois,

Mais j 'en doute, et même je crois

Que je suis toujours salutaire

Aux esprits qui suivent mes lois.

Si vous interrogez l'automne,

Elle vantera mon nectar

Et tous les plaisirs que je donne

Au jeune homme ainsi qu'au vieillard. Anatole de MONTESQUIOU.

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Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"La vigne passait, dans les religions environnant l'ancien Israël, pour un arbre sacré, sinon divin, et son produit, le vin pour la boisson des dieux. On trouve un faible écho de ces croyances dans l'Ancien Testament (Juges 9, 13 ; Deutéronome 32, 37 s).

Par mode d'adaptation, Israël regarde la vigne, (ainsi que l'olivier) comme l'un des arbres messianiques (Michée 4, 4 ; Zacharie 3, 10). Il n'est pas impossible que les anciennes traditions aient identifié l'arbre de vie du paradis avec une vigne.

Dès l'origine, le symbolisme de la vigne est donc affecté d'un signe éminemment positif.

La vigne, c'est d'abord la propriété et donc l'assurance de la vie et ce qui en fait le prix : un des biens les plus précieux de l'homme (I Rois 21, 1 ss.). Une bonne épouse est pour son mari comme une vigne féconde (Psaumes 128, 3). La sagesse est une vigne aux pampres charmants (Sir. 24, 17).

De là, on passe tout naturellement au thème majeur du symbolisme. La vigne, c'est Israël, comme propriété de Dieu. Il y trouve sa joie, en attend les fruits et les soigne constamment. Le prophète Isaïe, à l'occasion de la fête des vendanges, a composé le chant de la vigne :


Que je chante à mon ami

le chant de son amour pour sa vigne.

Eh bien, la vigne de Yahvé Sabaoth,

c'est la maison d'Israël,

et les gens de Juda

en sont le plant choisi.

Il en attendait l'innocence et c'est du sang

le droit et c'est le cri d'effroi (5, 1-7)

Ce plant précieux déçoit celui qui l'a si bien entouré de ses soins. Ce ne sont que mauvais fruits et dégénérescence.

C'est pourquoi le symbolisme va se transférer sur la personne de celui qui incarne et récapitule le vrai peuple de Dieu : le Messie est comme une vigne (11 Baruch, 36 s.).

Jésus proclame qu'il est le vrai cep et que les hommes ne peuvent prétendre être la vigne de Dieu s'ils ne demeurent pas en lui. Autrement ils ne sont que des sarments bons à être jetés au feu (Jean, 15, 1). En Matthieu 21, 28-46, la vigne, dans la parabole des vignerons homicides désigne le royaume de Dieu qui, confié d'abord aux Juifs, va passer à d'autres.

Le symbolisme de la vigne s'étend à chaque âme humaine. Dieu est le vigneron qui demande à son fils de visiter a vendange (Marc, 12, 6). Et, se substituant à Israël, le Christ deviendra à son tour comparable à une vigne, son sang étant le vin de la Nouvelle Alliance. (Voir Jacques Guillet, Thèmes bibliques, Paris, 1950).

Les thèmes mandéens emploient le mot vigne pour désigner non seulement l'envoyé céleste, mais encore toute une série d'être appartenant au monde supérieur lumineux.

La vigne est un important symbole, notamment en ce qu'elle produit le vin, qui est l'image de la connaissance. Ce n'est sans doute pas un hasard si Noé, qui accompagne le début d'un cycle neuf, est dit avoir été le premier à planter la vigne. Les textes évangéliques font de la vigne, on l'a noté, un symbole du Royaume des Cieux, dont le fruit est l'Eucharistie. Jésus est le vrai cep. J'entends par vigne au sens allégorique, écrit Clément d'Alexandrie, le Seigneur de qui nous devons manger le fruit, moyennant les soins d'une culture, qui se fait par le travail de la raison (Stromate I). La sève qui monte dans la vigne est le lumière de l'Esprit, le Père est le Vigneron, du moins selon les conceptions gnostiques qui le séparent de sa vigne comme l'Absolu du relatif.

En iconographie, la vigne est souvent une figuration de l'Arbre de Vie. La terrible vendange de l'Apocalypse (14, 18-20) confirme une telle signification : Puis un autre ange sortit de l'autel - l'Ange préposé au feu - et cria d'une voix puissante à celui qui tenait la faucille aiguisée : Jette ta faucille aiguisée, vendange les grappes dans la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs. L'Ange alors jeta sa faucille sur la terre, il en vendangea la vigne et versa le tout dans la cuve de la colère de Dieu, cuve immense ! Puis on la foula hors de la ville, et il en coula du sang qui monta jusqu'aux mors des chevaux sur une distance de mille six cents stades.


Chez les Grecs, la culture de la vigne est de tradition relativement récente par rapport à celle du blé. Aussi n'appartient-elle pas à une déesse très ancienne comme Déméter, mais à Dionysos dont le culte, associé à la connaissance des mystères de la vie après la mort, a pris une importance grandissante. C'est cette liaison de Dionysos avec les mystères de la mort, qui sont également ceux de la renaissance et de la co-naissance, qui a fait aussi de la vierge un symbole funéraire, dont le rôle a continué dans la symbolique du christianisme.

De même que la vigne était l'expression végétale de l'immortalité, de même l'alcool est resté, dans les traditions archaïques, le symbole de la jeunesse et de la vie éternelle : les eaux de vie ; le gaélique whiskey = water of life ; le persan mâie-i-shebab = boisson de jeunesse ; le sumérien gesthin = arbre de vie, etc.

La vigne était identifiée par les paléo-orientaux à l'herbe de vie et le signe sumérien pour la vie était ordinairement une feuille de vigne. Cette plante était consacrée aux Grandes Déesses. La Déesse Mère était nommée au début La mère-Cep de Vigne ou la Déesse-Cep de Vigne.

La Mishna affirme que l'arbre de la science du bien et du mal était une vigne.

Dans le Mandéisme, le vin est l'incorporation de la lumière, de la sagesse et de la pureté. L'archétype du vin se trouve dans le monde céleste. La vigne archétype se compose d'eau à l'intérieur, son feuillage est formé des esprits de la lumière et ses nœuds sont des grains de lumière. La vigne est considérée comme un arbre cosmique, puisqu'elle enveloppe les cieux et que les grains de raisin sont des étoiles.

Le motif femme nue-vigne s'est aussi transmis dans les légendes apocryphes chrétiennes.

Le vin est symbole de la vie cachée, de la jeunesse triomphante et secrète. Il est par là, et par sa rouge couleur, une réhabilitation technologique du sang. Le sang recréé par le pressoir est le signe d'une immense victoire sur la fuite anémique du temps... L'archétype de la boisson sacrée et du vin rejoint, chez les mystiques, l'isomorphisme aux valorisations sexuelles et maternelles du lait. Lait naturel et vin artificiel se confondent dans la juvénile jouissance des mystiques.

Le raki, boisson sacrée des sectes chi'ites d'Anatolie, est appelé, dans leur langage secret arslan sûtû = Lait de lion. On sait que le lion est, pour les chi'ites, une épiphanie d'Ali.

Les Turco-Tatars d'Asie centrale attribuent au héros du Déluge l'invention des boissons enivrantes. Ce héros est le patron des morts, des ivrognes et des petits enfants.

Chez les Bektachi, le mot dem signifie vin, souffle et temps. Les enseignements divins sot comparés au Vin, selon le Pseudo-Denys l'Aréopagite, pour leur aptitude à rendre la vigueur.

La couleur vineuse, faite de rouge et de blanc, est une synthèse chtono-ouranienne : c'est le mariage de l'air et de la terre, de l'âme et de l'esprit, de la sagesse et de la passion ; c'était la couleur de l'oriflamme pourpre azuré qui, selon la légende populaire, avait été envoyé du ciel à Clovis. C'est, en fait, ce véritable pourpre qui, dans l'héraldisme, diffère du rouge pur (de gueules) par le fait qu'il tire sur le violet.

Les vins, les nectars, les hydromels, les ambroisies sont tous d'origine ouranienne, liés au feu céleste. Dans les Vedas, le soma a été apporté aux hommes par l'aigle, oiseau solaire. Liqueur mâle par excellence, expression du désir impétueux et fécondant, il est célébré avec le cheval.

Mais cette glorification de la puissance virile, unanimement liée aux Vins, entraîne aussi la perception de la dualité antagoniste ciel-terre, résolue en même temps que perçue dans l'ivresse (Rig Veda, traduction .l. Renou)."

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Jacques Brosse dans La Magie des plantes (Éditions Hachette, 1979) consacre dans sa "Flore magique" un article à la Vigne :


Peu de plantes sont aussi chargées de symbolisme que la vigne et son produit le vin. Assimilé au sang d'un dieu, le vin est liqueur de vie et même d'immortalité. Sur le pourtour de la Méditerranée, la culture de la vigne remonte à la plus haute antiquité. Originaire, en tant que plante sauvage, d'une aire extrêmement vaste, puisqu'elle s'étend du sud de l'Europe au Tian-chan et est même représentée par d'autres espèces en Asie jusqu'au Japon et en Amérique du Nord, c'est une liane très vigoureuse, dont les tiges peuvent atteindre 20 m de long avec 30 cm de diamètre, et dont les feuilles à 3 ou 5 lobes ont la forme d'une main étendue. S'accrochant d'elle-même aux arbres grâce à ses vrilles, la vigne donne beaucoup de fruits, même lorsqu'elle n'est ni taillée ni cultivée. Elle attira donc certainement très tôt l'attention des hommes, et les premières civilisations du Proche-Orient surent toutes fabriquer le vin. On en trouve la trace aussi bien en Mésopotamie qu'en Égypte, où Osiris, dieu du blé, est également le dieu du vin.

Quant à la Bible, qui le cite souvent, elle prétend même en donner l"origine. C'est en effet après le déluge que Noé, seul survivant avec sa famille du cataclysme qui avait anéanti toute l'humanité pécheresse, se mit, à peine sorti de l'arche, à planter de la vigne, selon le récit de la Genèse, qui aussitôt ajoute : « Ayant bu du vin, il s'enivra et se découvrit dans sa tente. » On connaît la suite : l'un des fils de Noé, Kâm, entre dans la tente, voit « la nudité de son père » et court prévenir ses deux frères. Ceux-ci prennent un manteau et, marchant à reculons, viennent le poser sur le corps de leur père. Au réveil, Noé bénit ces bons fils, mais il maudit Kâm condamné à être désormais le « serviteur des serviteurs » de ses frères. En hébreu, le nom de Noé signifie celui qui console et pour les Juifs, cette consolation, après l'épreuve du Déluge, est précisément la découverte du pouvoir du vin, qui réconforte et permet d'oublier ; comme celle de l’arc-en-ciel, l'apparition de la vigne manifeste la fin de l'ire divine, l'alliance conclue entre Dieu et la nouvelle humanité.

Si le vin a pu apparaître sitôt dans l'histoire de l'humanité, c'est qu'il naît d'un processus naturel. La pellicule du raison porte des ferments, dont l'action se produit d'elle-même, lorsque par exemple le grain de raisin en fin de maturité s'écrase et s'ouvre sur le sol ; ces ferments qui sont des levures, donc des champignons microscopiques, hivernent dans le sol et sont disséminés sur les baies par les insectes au cours de l'été. Il a donc suffi à l'homme d'observer cette fermentation naturelle, d'en humer l'odeur enivrante pour désirer ne pas la laisser perdre et pour entreprendre, en la guidant, de la récupérer à son profit. Cette intervention humaine consiste essentiellement à fouler les grappes de raisin, dès qu'elles sont mûres, facilitant et accélérant ainsi l'action des ferments de la peau sur le jus, puis à laisser s'accomplir cette fermentation dans une cuve. Il se produit alors un dédoublement des sucres (glucose et fructose) en alcool éthylique et en gaz carbonique avec un fort dégagement de chaleur.

Cette métamorphose, ce changement de nature, qui fait entrer en effervescence le moût ne pouvait être considérée que comme une opération magique, une alchimie, dans laquelle intervenait une puissance surnaturelle. Aussi le vin est-il partout considéré comme d'origine divine.

En Grèce, c'est Dionysos qui, arrivé d'Orient, en implanta l'usage. Une des plus fréquentes offrandes aux dieux était la libation ; on répandait du vin, soit sur la victime qui allait être sacrifiée, soit, en son absence, à même la terre ou dans le feu. Pour les Grecs, objet d'un véritable culte, le vin fut l'emblème de la civilisation. En Attique, les Lénées étaient, en décembre, les fêtes du pressoir ; on y offrait à Dionysos le vin nouveau ; elles étaient suivies en février par les Anthestéries ou fêtes fleuries - on goûtait alors le vin de la dernière récolte -, puis, au début de mars, par les Grandes Dionysies qui donnaient lieu à d'importantes représentations dramatiques. Les Romains qui honoraient particulièrement Bacchus, déjà dieu de la vigne en Grèce, mais confondu avec Dionysos, appréciaient le vin plus encore que les Grecs. Sa fabrication était chez eux encore régie par des règles religieuses. Chaque année, les prêtres fixaient le jour où l'on devait commencer les vendanges et celui où l'on pouvait boire le vin nouveau. La taille de la vigne était elle-même une obligation religieuse, il eût été impie d'offrir aux dieux une libation avec du vin provenant de vigne non taillée.

L'avènement du christianisme renforça encore la valeur mystique du vin? Le premier miracle qu'accomplit Jésus consista à changer l'eau en vin aux noces de Cana ; et c'est du vin qu'il présenta à ses disciples lors du dernier repas qu'ils prirent en commun, leur disant : « Buvez-en tous : car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance répandu pour la multitude en rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai à nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Le vin est donc la manifestation par excellence de l'alliance conclue entre Dieu et l'humanité après le Déluge et renouvelée par Jésus, lequel, comme autrefois Dionysos, offre sous cette forme son sang aux hommes, avant de le répandre pour eux sur la croix. Aussi la communion qui, dans les Eglises chrétiennes, renouvelle la Cène, a-t-elle lieu traditionnellement sous les deux espèces ; les fidèles y consomment le pain et le vin consacrés qui ne sont pas seulement les présents de Dieu aux hommes, les éléments essentiels de leur vie, mais son propre corps et son propre sang.

Partout, le vin, dans lequel le feu solaire s'allie au principe humide, est considéré comme le complément du pain, né de la terre, mais il joue au-dedans de l'homme un rôle plus subtil, puisqu'il y devient le sang, la vie elle-même. Plus encore, il est, du fait de son origine divine, breuvage d'immortalité, présence de la lumière surnaturelle, de l'amour divin en l'homme à qui il communique l'ivresse spirituelle, laquelle engendre « l'oubli complet de tout ce qui existe au monde » pour ne plus laisser place qu'au désir ardent de retrouver le Bien-Aimé et de s'unir à lui. Telle est la signification du vin dans l'Islam, lequel pourtant le prohibe mais surtout parmi les Soufis qui au contraire l'exaltent.

Chez tous les peuples qu'ils avaient conquis, les Romains avaient encouragé la culture de la vigne, mais la propagation du christianisme lui donna un nouvel et définitif essor. Chaque monastère cultiva dans un enclos son vignoble destiné à lui fournir le vin de messe. Ainsi la vigne se répandit-elle dans tout le pays, gagnant même le nord et l'est de la France, ainsi que le sud de l'Allemagne. Autour des monastères se fondèrent les grands crus, aujourd'hui encore fameux ; et c'est un bénédictin, Dom Pérignon, qui au XVIIIe siècle inventa la technique de la champagnisation.

Partout où ils s'établirent, les Français plantèrent des vignes, là où les conditions étaient favorables, même en Algérie et au Maroc, où cependant la population musulmane ne buvait pas de vin. Dans le monde entier, d'ailleurs, l'installation des colons européens était suivie de l'établissement de vignobles : en 1684 en Afrique du Sud, en 1788 en Australie, en 1875 en Californie.

Mais l'Europe méditerranéenne conserve jusqu'à maintenant une suprématie qu'elle doit à une très longue tradition artisanale et la France demeure la patrie d'élection des vins, non seulement à cause de la variété sans égale de ses microclimats, mais surtout parce que le vin y fut toujours considéré par le vigneron comme une créature vivante et même comme une personne aimée. Aussi l'invasion du vignoble français par une espèce de puceron, le phylloxéra, qui à partir de 1863 détruisit près de la moitié des vignes et réduisit des deux tiers la production de vin, fut-elle ressentie non seulement comme une catastrophe économique, mais comme une véritable calamité nationale qui s'attaquait aux forces vives de la nation, à son âme même.

Depuis 1900, la France a retrouvé son rang, le premier, mais elle le paie fort cher. La vigne plantée dans environ 75 départements lui procure une récolte qui varie entre 50 et 75 millions d'hectolitres, équivalente en quantité, mais supérieure en qualité à celle de l'Italie ; alors que l'Union soviétique et l'Espagne, qui viennent immédiatement après ne produisent que 25 millions, l'Argentine 20 millions, les États-Unis et le Portugal 8 millions. Mais la France détient de plus le record absolu pour la consommation annuelle moyenne exprimer en alcool pur : 28 litres par habitant, contre 14 en Allemagne fédérale, 10 aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ce qui représente 182 litres de vin par adulte et par an. La France occupe également le premier rang mondial pour le nombre des alcooliques. Il en meurt chaque année 23 000, sans compter la moitié au moins des 15 000 accidents mortels que l'on peut imputer à la surconsommation, d'alcool. 42 pour 100 du budget annuel des hôpitaux parisiens sont absorbés par le traitement des alcooliques, qui forment par ailleurs plus de 50 pour 100 de la clientèle des établissement psychiatriques. L'alcool présente tous les caractères d'une drogue, mais une drogue licite.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Vigne (Vitis vinifera) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Lune

Élément : Eau

Divinité : Dionysos-Bacchus.

Utilisation rituelle : La plupart du temps associés au lierre (voir la fiche de cette plante) les Pampres sous toutes leurs formes - guirlandes, couronnes, thyrses, ceintures, etc. - étaient les attributs de Dionysos. Des débauches de Vignes figuraient obligatoirement dans toutes les fêtes où présidait ce dieu, accompagné de son bruyant cortège. Tout ce qui a été dit sur l'utilisation rituelle du lierre dans les dionysiaques et les bacchanales s'applique également aux feuilles de Vigne et aux grappes de raisins.

Pour assurer la fertilité de leurs jardins, les Romains peignaient une grande fresque représentant des Vignes chargées de grappes sur le mur le mieux expose.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Dans l'Antiquité, la vigne et le vin, breuvage d'immortalité, étaient protégés par dieux et divinités : Osiris en Égypte, Bacchus dans le monde romain et Dionysos en Grèce, qui métamorphosa en vigne le jeune Ampélos, tué par un taureau. De cet épisode mythologique vient le nom d'Ampélidacées désignant la mille de la vigne. Restée « un des biens les plus précieux » de l'homme dans la tradition chrétienne, la vigne, assimilée souvent à l'arbre de vie du paradis, symbolise dans les Évangiles le royaume de Dieu, « dont le fruit est l'Eucharistie », et dont « Jésus est le vrai cep ». Après le Déluge, le premier geste de Noé fut de planter une vigne afin de boire son vin, « qui est l'image de la connaissance ». Les musulmans, qui en font également une plante quasi sacrée, croient que déterrer une vigne condamne à mort la famille de son propriétaire.

Le vin, dont la fabrication tient de l'alchimie, occupe une grande place dans la religion où, notamment en raison de sa couleur et du caractère sacré de l'arbrisseau qui produit le raisin, il symbolise le sang du Christ. Aux noces de Cana, Jésus change l'eau en vin ; lors du dernier repas avec ses apôtres, le jeudi, J2sus lève sa coupe de vin et déclare : « Ceci est mon sang, le sang qui va être répandu pour la multitude. C'est vrai, je vous le dis, désormais je ne boirai plus du produit de la vigne, jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau, dans le Royaume de Dieu » (Évangile de saint Marc).

Lorsque le vin enivre, il devient le symbole de la colère divine ou encore celui de l'« égarement dont Dieu frappe les hommes et les nations infidèles et rebelles, pour mieux les châtier » (Jérémie, 25, 15-18). Dans une légende talmudique, le « jus de vigne » soûle depuis que le diable s'en est mêlé : « Lorsque Noé plantait sa vigne, le diable lui demanda qu'elle en était l'utilité : "Le fruit en est bon et doux, répondit Noé, le vin qu'on en extrait réjouit le cœur de l'homme, - Travaillons de moitié", dit le diable. Il alla chercher un agneau, un lion, un porc et un singe, les égorgea sur place et arrosa le sol de leur sang mélangé. C'est pourquoi, si l'homme mange du fruit de la vigne, il est doux et bon comme un agneau ; s'il boit le vin, il s'imagine être lion et malheur lui arrive. S'il boit habituellement, il devient grossier comme un porc ; s'il s'enivre, il babille, se dandine et grimace comme un singe ».

Les vignerons et les œnologues apparaissent au profane comme des sortes d'initiés utilisant des codes mystérieux : ils examinent avec soin toutes les caractéristiques du breuvage comme le faisaient les devins de l'Antiquité pratiquant l'œnomancie, mode divinatoire basé sur l'observation du vin.

Divers rites quasi païens ont longtemps accompagné certaines opérations des vignerons. Ceux de Bretagne, pour que la vigne pousse, buvaient une bouteille de vin au moment de la planter, et, en guise d'offrande, en répandaient « trois gouttes sur le pied et trois gouttes sur les racines ». L'usage d'arroser de vin le dernier cep planté se retrouvait dans le Gard et en Vendée, où de surcroît on jetait dans la terre préparée pour accueillir ce cep « cent sous de monnaie de bronze ». Pour qu'elle produise beaucoup de vin, on recommandait de planter ou de tailler la vigne pendant la vieille lune (Gironde, Touraine). En Touraine, celle qui est taillée lorsque la lune est en croissant sera dévorée par les lapins de Garenne. Étêter les ceps le vendredi saint, avant midi et à jeun, promettait, croyait-on au XVIIIe siècle, une abondance de fruits (Orléanais) et évitait que les rats ne les mangent (Ain, Maine). Pour protéger la vigne des rats et des animaux nuisibles, on doit, selon une croyance de la Bresse, la tailler le 17 mars, au lever, et sans parler à quiconque. Après cette opération, il ne faut pas goûter un seul raisin avant sa maturité, sous peine d'annuler la protection. Dans la Montagne Noire (particulièrement à Escoussens), des fleurs de vigne placées dans l'auge des poules empêchent ces dernières de manger le raisin. Enfin, en vertu d'une sorte d'animisme, on attribuait à la vigne une hostilité à certains individus : « Quand la vigne est en fleur, elle ne veut voir ni manant ni seigneur ».

En ce qui concerne la mise en bouteille du vin, s'il faut éviter la pleine lune qui le fait tourner au vinaigre, on conseille, notamment dans l'est de la France, d'effectuer cette opération un vendredi saint : le vin « ne se trouble jamais ». Les caves furent longtemps interdites aux femmes dans la croyance que leur présence suivait au vin ; si elles avaient leurs règles, elles le corrompaient définitivement. Cela explique pourquoi les métiers de la vigne sont, toujours aujourd'hui, à dominance masculine.

On dit que, lorsqu'elle vient d'être taillée, la vigne « pleure » car elle distille une eau ; celle-ci, appelée aussi « larmes de vigne » est utilisée contre les ophtalmies et les verrues. En Gironde, les « pleurs de la vigne » (sa sève) recueillis avant l'aube (au printemps selon certains) font disparaître les taches de rousseur ; en Hollande, ils font repousser les cheveux.

Enterrer le cordon ombilical d'un bébé sous un cep le rendra bon vivant, dans le sens qu'il aimera la vie. Attention, cela peut en faire également un ivrogne, selon Paul Sébillot. Mettre une racine de vigne blanche dans le bain d'un enfant fait friser ses cheveux.

Dans le Bourbonnais, manger le 1er janvier, son lever, du raisin blanc porte bonheur toute l'année ; dans les Alpes-de-Haute-Provence, on croit s'épargner tout souci financier pour l'année à venir en mangeant ce jour-là du raisin sec. En Provence toujours, la vigne entrait dans une opération magique pour guérir les bras et les pieds enflés. Le patient posait son membre malade sur l'établi d'un menuisier, qui coupait d'un seul coup de hache deux ceps de vigne en forme de croix. Pour désenvoûter un enfant dans le Languedoc, on plaçait un de ses vêtements sur un cep de vigne. Le samedi suivant à minuit, on tapait sur le cep avant un bâton en bois de figuier : le coupable ressentait les coups et annulait le sort. On dit encore que les bains de cendres de sarments de vigne effacent les cors et que le grain de raisin appliqué sur un orgelet le guérit, à condition de dire : « Soleil, soleil, prends cet orgelet ».

Si, en songe, la vigne est de bon présage, il n'en est pas toujours de même pour le raisin ; pour certains, rêver qu'on en mange « annonce que l'on boira du vin le lendemain », pour d'autres, voir en songe une grappe de raisin signifie qu'on pleurera. Si la vigne ne perd pas ses feuilles avant la Saint-Martin (11 novembre), l'hiver sera rigoureux (Berry).

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) :


"Le vin est issu de la vigne. Sans le fruit de cet arbre sauvage, pur produit de la nature, les hommes de l'Antiquité n'auraient jamais pu réaliser cette boisson à laquelle ils ont bien sûr donné un caractère divin et sacré. En effet, il semble bien que la vigne sauvage ait été très répandue dans toute l'Eurasie depuis des temps immémoriaux. Du raisin, nos très lointains ancêtres, les hommes préhistoriques, appréciaient le goût, la saveur et les propriétés que l'on dit aujourd'hui énergétiques, toniques, stimulantes des muscles, du système nerveux, des fonctions hépatiques, rafraîchissantes, diurétiques, laxatives et digestives, riches en potassium, en vitamines A, B, C et en sucres directement assimilables par l'organisme humain - contrairement aux saccharoses industriels que nous consommons abusivement de nos jours et qui ont un effet déminéralisant. Il leur suffisait alors de cueillir ce fruit sauvage dans le grand jardin de la nature. Force nous est de constater que nous ne savons pas exactement quand et comment les homes ont eu l'idée de produire du vin en pressant le jus de ce fruit sauvage qu'ils consommaient donc depuis très longtemps. Seul un récit de la Genèse nous renseigne à ce sujet, qui attribue à Noé la plantation de la vigne et la production du vin : "Noé, homme du sol, commença de planter la vigne. Ayant bu du vin, il s'enivra et se dénuda au milieu de sa tente." (Genèse, 9-20 et 21). toutefois, ce texte laisse supposer que "Noé, homme du sol" était déjà un agriculteur avant que ne se produise le déluge, et que la création du vin lui est bien antérieure. Par ailleurs, ce texte insiste surtout sur l'effet que produit le vin sur Noé, qui s'enivre et se dénude. Or ce récit nous apprend que les fils de Noé, Cham, Sem et Japhet, furent scandalisés par la nudité de leur père et recouvrirent son corps d'un manteau, en tournant leur visage pour ne pas le voir. Ce geste leur valut d'être maudits par leur père (genèse, 9-22 à 27). A la lecture de ce récit, on en a déduit un peu hâtivement que Noé était un homme ivre, au sens péjoratif de ce terme bien sûr. C'est oublier que la nudité symbolise la vérité, la pureté, la simplicité. L'homme nu se montre tel qu'il vient au monde, tel qu'il naît et apparaît sur Terre, tel qu'il était avant le fameux péché originel. Ainsi, si Noé maudit ses fils qui se refusent à le voir tel qu'il est après avoir bu du vin, c'est parce qu'il considère que sa descendance se refuse à voir la vérité toute nue, l'homme tel qu'il est. C'est ainsi que le vin fut perçu comme un breuvage magique et sacré, dont les propriétés permettent à l'homme d'accéder au divin, d'atteindre à la vérité suprême, de se monter sous son vrai jour, sans fausse pudeur, sans hypocrisie ni tricherie. In vino veritas, dit Alcibiade dans le banquet de Platon : la vérité est dans le vin (traduit par Émile Chambry, éditions Garnier-Flammarion, 1964). Le vin devint donc le symbole de l'essence de la vie et, comme tel, fut assimilé au sang humain. Mais la soif d'ivresse inhérente à l'homme, qui aspire au bonheur et à l'extase, a toujours coexisté avec sa crainte de la vérité. Qui plus est, depuis que l'humanité existe, l'Histoire témoigne que la vérité et la justice ont trop rarement prévalu. Dès lors le vin, tout en conservant son caractère sacré, fut toujours considéré comme un produit dangereux, auquel l'accoutumance, en plus d'incliner à tous les excès, peut-être mortelle. Bien sûr, il faut ici faire la nuance entre l'ivresse, le ravissement, l'extase ou le bien-être que procure une sobre consommation de ce merveilleux breuvage, et l'état d'excitation et d'euphorie artificielle dans lequel est plongé celui qui a bu trop d'alcool et n'est plus lui-même. C'est toute la différence qui existe aussi entre l'ivresse de l'amour, qui rend bon et tolérant, et les passions dévorantes qui aveuglent et inclinent à l'intransigeance et à la colère. Rêver que l'on boit du vin avec modération est souvent un signe de joie, d’enthousiasme, de bonne vitalité, de bien-être. Mais cela peut-être aussi le signe d'une soif de vérité et de justice, comme nous l'avons vu. En revanche, celle ou celui qui se sent en état d'ébriété dans un rêve, après avoir bu, ou en buvant du vin en quantité, peut considérer qu'il n'est plus lui-même, qu'il se laisse emporter dans le tourbillon vertigineux de ses relations, de ses affaires, de ses idées peut-être. Il ou elle est en train de perdre le contrôle de sa vie. Il se laisse griser par des activités ou par le monde extérieur, qui le détournent de lui-même. Être entouré de vignes ou participer aux vendanges dans un rêve est révélateur des joies et du bonheur potentiels dont le rêveur dispose, et qu'il doit cueillir ou vendanger en lui-même. Il doit se réjouir, lui dit son rêve, car tout ce qu'il cherche est à la portée de sa main."

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Selon Michel Denizot, auteur de "La théorie de la signature des plantes et ses implications." (In : Conférence à l’Académie des sciences et lettres de Montpellier. No. 3952. 2006) :


Vous connaissez tous la théorie de la signature des plantes, au moins pour le nom et pour l'image d'une feuille qui permet au mieux de sourire avec indulgence pour cette époque qui ne connaissait pas encore la raison. Car chacun s'est esbaudi de certaines concordances, qui paraissent aujourd'hui bien folkloriques aux yeux des gens éclairés. Nous allons voir que la question est un peu différente et la prendrons autrement, car cette théorie utilise des notions bien difficiles : il faudra parler du sens et du signe, sujets que nous n'épuiserons pas ce soir. La théorie du signe fait l'objet de multiples discussions et reste un objet de recherches, aussi bien en science que dans le cadre de la conscience et de la confiance à accorder à notre bonne mère nature. La théorie de la signature est un modèle naïf d'un mécanisme de la connaissance, mais elle ne peut que nous amener à nous interroger sur deux questions importantes et malcommodes : la théorie de la connaissance et l'ontologie de la nature.

[...]

Il est évident que l'analogie de formes est en cause. [...]

Suzanne Amigues (1988) cite de Théophraste (IV, 16 : 6) un intéressant exemple de signature par l'odeur, signature en quelque sorte négative. "Certaines plantes ne détruisent pas, elles détériorent par les propriétés de leurs sucs et de leurs odeurs: telle est l'action du chou et du laurier sur la vigne. Celle-ci, dit-on, perçoit les odeurs et les absorbe; c'est pourquoi lorsque le jeune sarment arrive au voisinage, il s'infléchit en sens inverse et se détourne, comme si leur odeur le rebutait. Androcyde - je cite toujours Théophraste - alla jusqu'à exploiter la chose comme preuve en faveur du remède contre le vin qu'il tirait du chou et qui, à l'en croire, chassait l'ivresse ; car, disait-il, la vigne aussi, étant vivante, fuit, on le sait, l'odeur du chou." Ce serait à méditer dans le matraquage actuel contre le vin et l'alcool. S. Amigues insiste dans ses notes (pp. 303- 304) sur la nature vivante du végétal admise par Platon, l'idée de sympathie ou d'antipathie et la remontée de celles-ci aux êtres vivants producteurs.

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D'après Laurence Gardner, dans L’Énigme du Graal, les héritiers cachés de Jésus et Marie-Madeleine (édition française 2013),


"De manière notable, l'Encyclopédie catholique confirme que le thème le plus récurrent dans les motifs picturaux des catacombes est la vigne ou la grappe de raisin. Dans l'Ancien Testament, plus précisément dans le Psaume 80, la souveraineté d'Israël est allégoriquement présentée sous la forme d'une vigne croissante. Pour cette raison, le raison et la vigne ont souvent été utilisés dans l'art pour traduire la vie, la croissance et la progression générationnelle.

Dans toute la Bible et ce, dès le livre de la Genèse, on trouve des références permanentes à la vigne et à la descendance, avec notamment la répétition de l'expression : "Sois fécond et multiplie-toi." Dans Isaïe 5 :7, Israël et la maison royale de David sont décrits comme le "plant qu'Il [le Seigneur] chérissait". Et dans Jean 15 : 1, en faisant allusion au fait qu'il descende du roi David, Jésus dit : "Je suis la vraie vigne." C'est pour cette raison qu'en termes de représentation artistique allégorique, Jésus a souvent été associé à un pressoir à vin.

La vigne n'était pas seulement le symbole le plus représenté par les premiers chrétiens. La vigne et le raisin (le fruit et la graine de la vigne) demeurèrent, pendant des siècles, les symboles de l'église ésotérique de Jésus qui perdura en dépit de la vaste domination catholique. La coupe (ou calice) fut un autre symbole majeur, fréquemment associé à la vigne. La pertinence de ce symbolisme est étudié plus en détail dans un prochain chapitre, mais, en termes simples, ces représentations sont des allusions au sang éternel de Jésus comme il l'a lui-même déterminé en passant la coupe de vin à ses apôtres lors de la Cène. En cette occasion, Jésus fit remarquer qu'il offrait "le fruit de la vigne" en disant "Ceci est mon sang". Cette imagerie est synonyme du sacrement ecclésiastique familier de l'Eucharistie : la communion rituelle du calice et du vin.

Il n'est pas surprenant que le christianisme ait hérité du symbolisme de la coupe et du raisin, parce que la Foi chrétienne est issue du judaïsme nazaréen dont ils étaient des symboles communs. On les voit déjà sur des pièces de monnaies judéennes du 1er siècle avant notre ère et il ne fait aucun doute qu'ils devaient être familiers pour Jésus et ses disciples. Les mêmes motifs ont été réutilisés pour des pièces modernes israéliennes. En termes israélites, le calice représentait la coupe du omer utilisés pour la cérémonie dans le Temple (un omer étant une unité de mesure).

Hors de l’Église catholique, le calice et le vin (tels que les héritiers du christianisme originel les ont déterminés) furent semblablement reliés au sang pérenne de Jésus, mais en termes plus explicites. Ils symbolisaient une vigne poussant du roi David jusqu'à Jésus et au-delà, à travers ses descendants - une progression de la lignée royale étendant ses branches comme le livre d’Ézéchiel 19 : 10 la définit, quand il dit : "Ta mère était, dans ton sang, comme une vigne, auprès des eaux. Elle était féconde et chargée de branches." La même terminologie fut utilisée dans la geste épique du Saint Graal. Dans le Parzival, du chevalier bavarois du XIIe siècle, Wolfram d'Eschenbach, il est dit de la reine du Graal qu'elle "portait la perfection du paradis terrestre, une chose à la fois racines et branches, que les hommes appelaient le Graal"."

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.


Les Nourricières : la Pomme de terre, la Vigne, le Blé, le Riz, l’Epinard, la Laitue et le Champignon. Les Nourricières alimentent la Terre et ses habitants.

[…]

Telle est ma vocation, mon talent et mon pouvoir.

Je nourrirai l’humanité.


Les Nourricières : Elles nourrissent l’humanité sur les cinq continents. Elles se sont acclimatées aux différents sols, aux conditions météorologiques. Elles se sont laissées domestiquer pour nous offrir leurs fruits, leurs feuilles, leurs racines. Elles nous ont livré leurs secrets pour les cuisiner et mettre en valeur leur goût, le secret de leurs qualités médicinales. On les appelle Salades, Tomates, Carottes, Epinards. Elles sont Céréales, Riz, Blé, Maïs. Elles sont sucrées, amères, salées. Elles se consomment fraîches, séchées, cuites. Elles puisent dans la terre, les oligo-éléments, les vitamines qui font leur richesse. Elles nous ont livré les secrets de leur reproduction, de leur culture. Si l’on prend soin d’elles, elles permettront aux sept milliards d’humains de vivre et de se nourrir sur cette terre. C’est pourquoi les plantes Nourricières méritent notre gratitude infinie.


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Je suis le cœur de la terre.

Mon sang vibre dans mes feuilles

Dans mes grains et dans mes racines

Je suis la Vigne.

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Cette plante grimpante se distingue de toutes les autres sur la planète. Elle n'a aucune égale, aucune rivale. respectée par tous, honorée, convoitée, jalousée, soignée, elle régnait sur la terre avant même l'arrivée des premiers hommes où elle se plaisait en lisière des forêts il y a soixante-cinq millions d'années. Elle a une place d'honneur sur les terroirs les plus prestigieux de France, mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal, en Grèce, puis sa famille a migré en Argentine, au Mexique et encore en Chine ou aux États-Unis. Il n'est pas un continent où elle ne se soit installée. On fait appel pour elle aux meilleurs spécialistes. On lui prodigue des soins méticuleux. On prépare sa terre avec les soins les plus raffinés, on lui offre les terres les plus nobles, on lui préserve un espace privilégié bien qu'elle puisse s'adapter à presque tout type de sol. Son corps noueux et fragile craint les vents forts et ses pieds fragiles craignent l'humidité. C'est pourquoi, pour permettre un meilleur écoulement des eaux de pluie, on la préservera en l'installant sur des zones en pente. Si la Vigne a acquis une facilité d'adaptation, elle reste toutefois sensible aux changements brusques de température. Certains vignerons iront jusqu'à lui offrir de petites bougies pour réchauffer ses pieds aux grands gels. La Vigne est sensible au mildiou, aux cochenilles, aux vers de la grappe. Lorsqu'elle est plantée contre un mur, elle peut atteindre cinq mètres de haut en s'appuyant sur des tuteurs ou sur les petites ventouses de ses lianes. Généreuse et intelligente, la Vigne nous offre son fruit, source d'énergie : le Raisin. celui-ci contient de nombreux sucres facilement assimilables, des vitamines B et C, des sels minéraux, des oligo-éléments, du calcium, potassium, fer, magnésium. La Vigne nous offre son Raisin, qui est un aliment médecin. Il régule le système nerveux. Il est antioxydant, protège le système cardiovasculaire. Il draine les toxines et améliore la circulation du sang. Il enrichit les monodiètes ou jeûnes partiels et est source de tonus. Ses pépins sont riches en polyphénols, qui luttent contre les radicaux libres. Il nettoie la peau et favorise son éclat. Écrasés avec une cuiller de Miel, quelques grains de raisin vont constituer un excellent masque de beauté. C'est probablement en Asie Mineure que la Vigne a été domestiquée la première fois et qu'elle a livré ses secrets. Pour la fabrication des raisins secs, mais surtout pour son vin. Dans la Bible, Noé a été le premier à cultiver la Vigne et à tirer le vin. Les grecs ont appris l'œnologie auprès des Égyptiens et l'ont transmis aux Romains qui l'ont appris aux Gaulois. Ce sont les Gaulois qui ont inventé les tonneaux pour permettre la conservation du vin. La Vigne a été encouragée tout au long de son histoire, par les papes, par Charlemagne qui disposait de Vignes en Bourgogne. Dans un premier temps, les Raisins n'étaient appréciés que pour le vin. Louis XIV introduisit les grappes de Raisin dans ses somptueux buffets Au fil des siècles, la Vigne a dû faire face à différentes attaques, des hivers rigoureux, la concurrence d'autres végétaux qui jalousaient ses terres, l'invasion du phylloxera, les différentes guerres pendant lesquelles les plus prestigieux domaines sont restés à l'abandon Malgré tous ces obstacles, la liane de Dionysos (chez les Grecs) et Bacchus (chez les Romains) reste liée à la joie, à la fête, à la transformation et à la célébration.


Mots-clés : L'automne - L'abondance - La sélection - La richesse - L'exigence - L'ivresse - Le paroxysme - La souveraineté - La joie - la fête - La célébration - La fécondité - La solidarité - Les rituels - Le petit peuple - La transmission - L'extase - La transmutation - C'est pour vous inviter à prendre soin, à considérer la totalité de votre environnement.


Lorsque la Vigne vous apparaît dans le tirage : C'est pour vous inviter à prendre soin, à considérer la totalité de votre environnement. Êtes-vous prêt à prendre soin de vous comme on prend soin de la Vigne, dans les moindres détails ? Prendre soin de la Vigne, c'est prendre soin du sol, de l'eau, de l'inclinaison, de l'acidité de la terre, de la qualité des grains, de la période des vendanges. Cela demande une attention de chaque instant où une erreur peut coûter cher. Cueilli trop tard ou trop tôt, le Raisin aura un goût totalement différent. Rien n'est laissé au hasard. Vous ne pouvez pas rester dans une relation de neutralité ou de sobriété. La Vigne exige votre pleine concentration, engagement et investissement. Elle attend de vous que vous preniez soin de vos relations, de votre habitation, de vos vêtements, de votre alimentation. Pour autant, celui qui sert la Vigne est au service, mais ne la dompte pas. La Vigne est la plante de la vitesse, de l'ivresse et de tous les excès. Elle est indépendante et si ses pieds sont domestiqués, son esprit est totalement libre de nous visiter comme bon nous semble. La Vigne vous pousse à l'extase, à l'intégrité. Elle repousse tout consensus. Elle incarne la force végétale et la vivacité. Elle peut tour à tour révéler votre puissance, votre imagination, vos vœux cachés, comme elle peut révéler vos mémoires blessées, vos fantasmes enfouis. Elle vous invite à la création, l'audace. La Vigne vous demande quelle énergie vous investissez dans vos rêves et dans vos projets les plus fous. Êtes-vous prêt à tout faire pour les réaliser ?


Signification renversée : Dans sa position renversée, la Vigne vous interroge. Avez-vous le sens des réalités ? Rêvez-vous ? Vivez-vous dans LE monde ou dans VOTRE monde ? La Vigne vous parle d'addiction A quoi êtes-vous addict ? Dépendez-vous d'une personne ? D'une habitude ? D'une façon de vous nourrir ? Êtes-vous addict au sucre ? Aux relations ? Toutes les habitudes ne sont pas toxiques, loin de là ? Seules celles qui ne sont pas conscientisée peuvent vous éloigner de votre âme. La Vigne renversée vous interpelle sur la joie. Vous sentez-vous joyeux ? Léger ? Inconscient ? Avez-vous besoin de bonnes raisons pour rire de bon cœur ? Êtes-vous prêt à lâcher le contrôle ? La Vigne renversée peut bousculer une question de rythme. Avez-vous tendance à prendre trop de temps ? Ou, au contraire, aller trop vite ? Enfin, la Vigne vous parle de célébration. Célébrez-vous la vie au quotidien ? Célébrer, c'est rendre grâce à la beauté, c'est rendre sacré un espace par ailleurs ordinaire. En accueillant la Vigne renversée, vous vous autorisez à remettre en joie ce qui en vous mérite de l'être.


Le Message de la Vigne : Je suis la Vigne, la Mère de tous les végétaux, le Déva des arbres fruitiers. Je règne sur mon royaume en demeurant légère et détendue. Car le véritable pourvoir ne s'acquiert pas par la tension, mais par la reconnaissance de notre beauté, de notre talent et de notre grandeur. Je suis Maître de mon Royaume. Chacun s'occupe de moi et me prodigue ses soins les plus précieux. Mon tronc est tout noueux, et pourtant les hommes récupèrent mes ceps pour allumer leur feu. Ils ne laissent tomber au sol aucun de mes grains.. Il en est ainsi lorsque nous sommes conscient de la préciosité de la vie. C'est cette préciosité que je viens réveiller en toi. N'admets rien de banal, de quelconque, d'ordinaire qui ne vienne de toi. Prends soin de tout en toi. La façon dont tu t'habilles, dont tu te coiffes, dont tu dors, dont tu t'alimentes, dont tu parles a une influence sur qui tu es. Je t'invite à regarder tout le soin que tu donnes. Honore ta beauté ! Rends-toi digne. N'agis jamais pour plaire ou pour correspondre à ce que tu crois que les autres attendent de toi. Rends-toi beau car c'est ta nature. Ose être sacré par Bacchus. Il te reconnaîtra comme un fils de la Vigne.


Le Rituel de la Vigne : La prochaine fois que vous buvez un verre de vin, prenez le temps de vous isoler quelques minutes. Peu importe que vous buviez occasionnellement, fréquemment ou jamais, offrez-vous ce verre de vin. Concentrez-vous d'abord sur la mémoire de la terre. Concentrez-vous sur le grès, la silice, le sable, la glaise. C'est dans cette matrice que la Vigne a planté ses racines. Prenez conscience des sels minéraux, du fer, des vitamines, des oligo-éléments que la Vigne est allée puiser. Prenez conscience de l'influence que le Soleil, la Lune, les étoiles ont pu avoir sur les feuilles, les fruits, l'esprit de la Vigne. Prenez conscience de toutes ces informations qui circulent dans son pied, dans ses feuilles, dans ses grains. Posez une question avant de boire une gorgée de vin. Et demandez à la Vigne de vous répondre. Elle vous répondra par une image, un flash, une couleur. Car lorsque vous demandez, vous recevez. Le sang de la terre se mêle à votre propre sang pour vous rappeler ce que votre âme sait.

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Symbolisme celte :


Sharlyn Hidalgo, autrice de Rites de magie celtique, Les Cérémonies des treize lunes et de Samhain (Éditions Danaé, 2020) associe la dixième Lune à la Cérémonie de la Vigne :


Fête : Le 1er août correspond à la fête de Lugnasad.


Objectif : Honorer la mère, la fertilité et l'abondance. Célébrer la vigne. Vous encourager à être vous-même et à vous célébrer comme le dieu ou la déesse que vous êtes réellement.


Préparatifs : Ramassez des sarments de vigne et des ronces pour votre autel. Préparez des bols contenant du raisin, des mûres et des framboises que vous distribuerez au groupe.


Accueil et remerciements : Bienvenue à la cérémonie de la vigne. Présentez-vous et faites le tour du cercle en demandant à chaque participant d'indiquer son nom et la raison pour laquelle il s'est joint à vous. Demandez à vos invités de fermer les yeux et observez un moment de silence pour vous préparer à la cérémonie.

Invocation des points cardinaux : Invoquer les points cardinaux, les énergies de la Vigne (récolte, fruits du labeur, prophétie, clan ou communauté, accomplissement, gratitude et célébration) ainsi que ses totems, guides et divinités (lion, Homme vert, Lugh, fées). Invoquez les représentations de la mère. par exemple : « Nous appelons Gaïa, la Vierge Marie, Isis (Égypte), Kuan Yin (Chine), Tara (Tibet) et autres déesses apparentées. » Faites le tour du cercle et demandez à chaque participant d'indiquer son nom, y compris son nom de jeune fille (pour les femmes mariées). Par exemple : « Je m'appelle Sharlyn [non de jeune fille, nom d'épouse] ». Ensuite, demandez aux participants de donner également le nom complet de leur mère.


Enseignements : Le mois de la vigne célèbre les premiers fruits et céréales récoltés après la saison de la croissance. Nous célébrons. Nous célébrons l'été, notre famille et nos enfants. Nous célébrons tout ce que nous avons accompli. En ce mois de la vigne, nous remercions Gaïa pour tout ce qu'elle nous offre. Nous célébrons le plein soleil.

Nous honorons également notre propre splendeur et décidons de nous considérer comme les dieux et déesses que nous sommes réellement. Nous honorons notre puissance ainsi que notre volonté et notre intention de créer notre réalité. Nous analysons les raisons de notre présence ici, les cadeaux qui nos on été accordés et les choses auxquelles nou sommes ddestinés dans cette vie. La vigne nous demande de nous montre rtels que nous sommes. Dès lors que nous sacrifions le moi uniquement intéressé par son ego au profit du moi spirituel, aimant, sage et sans limites, rien ne peut nous arrêter.


Lecture : Aujourd'hui, nous vous honorons comme le roi/dieu ou la reine/déesse d'un jour Le moment est venu d'être vous-même, de recevoir louanges, applaudissements et reconnaissance.

Fermez les yeux un instant et imaginez-vous comme une ère ou un roi assis sur son trône avec un lion, un léopard, un jaguar ou un couguar pour compagnon. Ces félins représentent notre capacité à faire appel à notre volonté pour réaliser nos rêves et désirs. Faites corps avec votre ami lion : ressentez sa détermination et sa férocité. Revendiquez ses forces comme étant les vôtres. Imaginez la puissance du plein soleil d'été couler dans vos veines. Comme le lion, imaginez-vous accepter votre pouvoir et la domination que vous exercez sur votre royaume. Ne vous jugez pas. Réclamez simplement votre trône. (Longue pause).

(Invitez les participants à ouvrir les yeux). Il est dit que nous sommes des dieux et déesses venus des étoiles, qui vivent dans une enveloppe charnelle/ Imaginez un instant que vous êtes une étoile qui brille, pleine de potentiel et de possibilités. On prétend qu'être né dans cette dimension est un privilège et qu'une fois que nous prenons conscience de notre capacité à collaborer avec les esprits, nus pouvons revendiquer notre pouvoir et notre potentiel comme des dieux et des déesses, des rois et des reines vivants. Dès lors que nous revendiquons ce pouvoir spirituel, nous cherchons davantage à aider les autres et éveiller les consciences qu'à répondre aux besoins de notre ego. Nus affirmons notre objectif qui est d'être des gardiens responsables de notre planète et de transformer notre nature fondamentale en or. Cette prise de hauteur et ce potentiel accru peuvent faire des miracles.


Activité : reconnaissance de soi

Faites passer le bâton de parole et demandez aux participants de « se vanter ». Ils ont ici l'occasion d'être sous les feux de la rampe et de recevoir. Ils peuvent évoquer un travail intérieur, une réalisation concrète ou toute autre chose dont ils sont fiers. Ils peuvent également faire part de leurs dons particuliers. Je pourrais me vanter de mon travail artistique., de mes livres, des cours que je donne ou du dîner que j'ai préparé. Je pourrais mentionner ma créativité et ma capacité à rêver. Chaque fois que quelqu'un a terminé, le groupe prononce en cœur les mots suivants :

Nous t'honorons et t'acceptons pour tout ce que tu es et fais.

Nous voyons que tu es le roi ou la reine de ta vie.

Nous honorons le dieu ou la déesse que tu es.

Ensuite, tout le monde applaudit. Accorde à chacun

un moment pour intégrer cette reconnaissance.


Chants : Choisissez des chants qui célèbrent le soleil et la communauté.


Incantation :

Que nous enseigne la vigne ? D'exprimer votre vérité.

Notre liberté trouve sa source dans l'acceptation

de notre splendeur.

Regarde ! Nous sommes des dieux et des déesses.

Nous sommes libres de devenir des étoiles qui brillent.

Nous réclamons notre droit imprescriptible et remercions

nos ancêtres les étoiles.

Que nous enseigne la vigne ?

De revendiquer notre pouvoir.


Méditation guidée : Fermez les yeux et concentrez votre attention sur votre respiration. Respirez lentement et profondément. Relâchez-vous et profitez de ce moment de silence. Concentrez-vous sur votre cœur et envoyez-lui une explosion d'amour et de douceur. Détendez-vous : notre voyage va commencer... (Pause).

Vous vous trouvez sur une colline verdoyante. C'est l'été. En contrebas, une vallée s'étend à perte de vue. Vous laissez la chaleur du soleil pénétrer toutes les cellules de votre corps. En ce jour d'été calme et lumineux, vous vous prélassez au soleil. Vous distinguez les vignobles en bas dans la vallée. Les vignes reposent sur les fils du palissage nécessaire à leur croissance. Vous sentez la douceur des grappes de raisins mûrs.

Le vin est, paraît-il, la boisson des dieux et des déesses. On dit qu'en lui se trouve la vérité. C'est le nectar de l'extase. Vous tenez en main un verre du meilleur des vins. Si vous ne buvez pas d'alcool, votre verre est rempli de jus de raisin. Pour vous, ce nectar magique s'apparente à de l'ambroisie. Vous sentez ses arômes sucrés et imaginez ses notes d'agrumes et d'épices.

Buvez une gorgée de ce doux breuvage et sentez-le couler dans votre gorge. Laissez-le changer votre point de vue. Vous percevez toute l'abondance de la Terre et vous sentez reconnaissante envers Gaïa pour tous les cadeaux magnifiques dont elle nous honore.

En tant que membre de l'espèce humaine, vous prenez conscience que vous pouvez vous déplacer, contrairement àaux plantes. Le monde des plantes a souvent besoin qu'on s'occupe de lui. Cela fait partie de notre rôle de gardiens. Sur Terre, beaucoup de gens travaillent assidûment pour cultiver des fruits et des légumes. Soyez-leur reconnaissant.

Soyez également reconnaissant pour votre propre abondance. Vous aussi êtes une fleur qui a tant à offrir au monde. Appréciez les bienfaits que la vie vous offre. Elle vous apporte tout ce dont vous avez besoin pour vous épanouir et partager vos dons avec le monde. Prenez un moment pour l'assimiler. Intégrez ce message. Aujourd'hui, le vin vous fait savoir que vous êtes déjà un dieu ou une déesse et que vous faites partie de la corne d'abondance.

En regardant la luxuriante vallée, vous comprenez que vous faites partie de la nature et prenez conscience de votre valeur. Vous êtes le fruit de vos parents et portez en vous les espoirs de vos ancêtres. Ce jour est un jour de fête. Le moment est venu de vous célébrer et de prendre vos rêves et ambitions au sérieux. Ne vous remettez pas en question, ne vous rabaissez pas, ne vous trouvez pas d'excuses. Considérez-vous comme le dieu ou la déesse que vous êtes. Voyez le lumière du soleil vous emplir de tout le savoir et l'énergie dont vous avez besoin pour atteindre vos objectifs. (Longue pause). Remerciez le breuvage de la vérité, les vignes, la vallée de l'abondance et le paradis dans lequel vous vivez. Soyez conscient de la faveur qui vous est accordée d'être une espèce si importante et réfléchissez à la façon dont vous pouvez prendre soin de notre Terre-Mère. Elle appréciera votre gratitude et votre reconnaissance ; envoyez-lui donc votre énergie et faites briller votre lumière sur la Terre. Remerciez la vigne pour ses enseignements.

Au retour de votre voyage, prenez un moment pour vous recentrer. Détendez-vous et soyez attentif à votre respieation. Relpachez-vous, relaxez-vous ralentissez votre respiartions et inspirez profondément. Profitez de cet état quelques instants. Lorsque vous serez prêt, ouvrez les yeux et consignez votre expérience dans votre journal.


Echanges : Accordez du temps au groupe pour qu'il partage son expérience avec la vigne. faites passer le bâton de parole et demandez aux participants d'indiquer envers quoi ils sont reconnaissants. Demandez-leur également de faire part de leurs rêves et des choses qu'ils comptent mener à bien.


Chants : Choisissez des chants qui honorent la Déesse sous ses traits de mère ou jouez du tambour et chantez en cœur. Lorsque vous vous épanouissez, les énergies qui circulent en vous témoignent de l'abondance de cette époque de l'année. Amusez-vous et laissez-vous emporter par la musique.


Activités : rires, danse, silence et toast

Si les participants ont des blagues ou des histoires drôles à partager, c'est le moment idéal pour rire ensemble. Passez de la musique gaie et dansez. Si quelqu'un connaît une danse folklorique, demandez-lui de l'apprendre au reste du groupe. Prenez-vous par la main et dansez en cercle.

Une fois cette partie du rituel terminée, observez un moment de silence. Faites passer un verre de vin ou de jus de raisin aux participants et portez un toast à la Déesse sous son visage de mère et à sa fertilité. Levez votre verre à tous les guides, en particulier aux fées et nymphes de la forêt. Exprimez votre gratitude envers la corne d'abondance, ses fruits, ses légumes et les céréales de la saison. Portez un toast au soleil pour ses rayons et son énergie sources de vie. Enfin, levez votre verre à tous les membres du groupe et reconnaissez-les comme les dieux et déesses qu'ils sont réellement.


Clôture : Remerciez la vigne ainsi que ses totems, guides et divinités. Exprimez votre gratitude, libérez les points cardinaux et ouvrez le cercle.

[...]

Le mois de la vigne est un excellent moment pour mettre par écrit vos souvenirs avec les êtres chers qui sont décédés. C'est un très bon moment pour se réunir en famille et se raconter des histoires sur nos ancêtres et nos proches défunts. Cela les attirera. Vous aussi pouvez recevoir la visite d'un proche passé de l'autre côté du voile. Les défunts nous entendent et veillent sur nous. Ayez une pensée pour eux et rappelez-vous les bons moments. Ils restent vivants lorsque nous leur rendons hommage. Ils aiment qu'on se souvienne d'eux. Ils essaient d'entrer en contact avec nous et nous offrent tout leur soutien et leur amour si nous restons ouverts.

Réfléchissez à ce que vous bâtissez et laissez aux générations suivantes. Le mois de la vigne est un moment de gratitude et de souvenirs. Profitez-en pour vous reposer et réfléchir à la chance que vous avez et qu'ont eu ceux qui sont partis avant vous. Ils vous portent sur leurs épaules et vous font part de leurs erreurs et leurs victoires dans vos rêves. La vigne nous rappelle que nous sommes les fruits de nos ancêtres. Nous devons vivre en exprimant notre plein potentiel, mais aussi encourager et soutenir ceux qui nous succèdent.

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :

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Mythes et légendes :

D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


VIGNE. — Le culte de la vigne s’est développé surtout en Perse, dans l’Asie Mineure et en Grèce. Tout le cycle des mythes qui se rapportent à Dionysos, le dieu de l’ambroisie céleste, a été localisé sur la terre et appliqué au culte de la vigne. Quoique la tradition hellénique ait fait voyager Bacchus dans l’Inde, le culte de la vigne n’est pas né dans l’Inde. Mais il est très probable que le culte védique du soma (cf.) a été appliqué au vin dans la Perse, dans l’Asie Mineure et en Grèce. Niccolò de’ Conti, voyageur italien du XVe siècle, parle d’une vigne de l’Indo-Chine qui donnait du raisin et non pas du vin, et qui donnait des fruits seulement après qu’on avait adressé certaines prières aux idoles. Les Persans rapportent l’usage du vin en Perse au règne du bienheureux Djemschid. Une femme qui voulait s’empoisonner, avait bu du vin, en croyant que c’était du poison ; elle s’endormit seulement, et ainsi on apprit, sous le règne de Djemschid, à se servir du vin. Olearius, en l’année 1637, a entendu en Perse cette légende : « Pour consoler les pauvres et les malheureux, Dieu envoya sur terre les anges Aroth et Maroth, avec l’ordre de ne faire mourir personne, de ne commettre aucun acte injuste, et de ne pas boire du vin. Une belle femme qui se querellait avec son mari, appela comme juges les deux anges et les engagea à boire ; les anges, non seulement consentirent, mais, après avoir bu, lui demandèrent les complaisances extrêmes. La femme céda, à condition que les anges lui auraient d’abord indiqué le moyen de monter au ciel et de redescendre de nouveau sur la terre. Aussitôt montée au ciel, la chaste femme y resta et fut changée en la plus belle étoile du ciel. » Le mythe hellénique avait fait de la vigne un compagnon et un ami de Bacchus (sous la forme du jeune Ampelos) et une nymphe aimée par Bacchus, sous le nom de Staphyle. On représentait avec des pampres Bacchus, les Bacchantes, Silène, Rhea, la Bona Dea, les Grâces, la déesse Laetitia, etc. Mais sur le développement de ce mythe, en Grèce et en Italie, cf. le livre de Hehn, où ce sujet me semble avoir été épuisé. Ici, je tenais seulement à constater que la première boisson de Bacchus était non pas le vin, mais l’ambroisie céleste. De même que, dans l’Inde, la surâ, liqueur enivrante, a remplacé chez les hommes la boisson des dieux, le soma, dans les fêtes dionysiaques, le vin obtint une partie du culte qui devait d’abord être réservé à la boisson des dieux, à l’ambroisie.

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Selon Véronique Barrau et Richard Ely, auteurs de Les Plantes des fées (Éditions Plume de carotte, 2014), la vigne (vitis vinifera) provoque "une ferveur internationale".


Prophéties en musique : Drelin, drelin ! dans les vignes alsaciennes lourdes de grappes, des sons de clochettes résonnent à l'approche des vendanges. C'est le Schallemannele ou "bonhomme aux sonnettes" qui, fidèle à ses habitudes, parcourt les rangées en tâtant les raisins. Contrairement à ses cousins travaillant dans les mines, ce nain apprécie de vivre à l'air libre. Il passe le plus clair de sont temps à surveiller et à protéger les vignes, plus particulièrement celles de collines d'Ettendorf. Lorsque le raisin arrive à maturité, le Schallemannele presse quelques grains pour en boire le jus. S'il est satisfait, le bonhomme reprend joyeusement sa marche en faisant tintinnabuler de petites cloches d'argent accrochées à sa jaquette rouge. Mais si la récolte s'annonce décevante, il s'assied ou traîne tristement les pieds devant les ceps. Quant aux clochettes, elles émettent avec peine de faibles sons désenchantés...

Toujours en Alsace mais à Brunstatt, un peu plus au sud, c'est un autre musicien qui arpente les vignes. Wigigerle, tel est son nom, est également appelé "le petit violoneux". Si la vendange promet d'être abondante, il joue un air gai et enjoué. Et, de l'intérieur de la montagne, s'échappent des bruits de danse et de verres s'entrechoquant. En revanche, si l'année n'est guère propice, un silence s'étend sur les vignes, entrecoupé de temps à autre par des notes dissonantes et chagrines tirées du violon de Wigigerle.


Un vin répulsif : Si, à l'instar des Anglais, vous souhaitez vous préserver des elfes, concoctez la recette suivante. Mélangez de la myrrhe broyée, de la poudre d'agate et de l'encens blanc dans une bouteille de vin. Jeûnez toute une nuit et buvez votre préparation durant trois matinées d'affilée. Si vous persistez à voir des elfes et autres visions plus inquiétantes, il faudra peut-être penser à réduire votre consommation de vin...


D'étranges cavistes : Dans le comté irlandais de Munster, vivent les Cluricaunes. Quand ces lutins ne passent pas leur nuit à chevaucher vaches et chiens jusqu'à les épuiser, ils s'attardent volontiers dans les caves des auberges et des maisons, près des tonneaux remplis d'alcool. Ils veillent aimablement à ce que les barriques restent bien hermétiques mais ne perdent jamais une occasion de goûter la bière, le whisky ou du vin importé ! Leur reprocher cette manie serait toutefois déplacée car, outre la protection des fûts, les Cluricaunes s'adonnent au ménage dans les maisons. Les Italiens n'ont pas cette chance et doivent supporter, tant bien que mal, le lutin Salvanello. Ce dernier s'occupe des chevaux, plus ou moins bien d'ailleurs selon son humeur... Mais il lui arrive parfois de transformer le vin en vinaigre. Inutile de vous dire que sa plaisanterie n'est guère appréciée !


Merci qui ? La grappa est une eau-de-vie traditionnelle de l'Italie du Nord, élaborée à partir de marcs de raisin. Une fois les fruits pressurés, on récupère les peaux, rafles et pépins pour les distiller. Selon la légende, les Guriùz, des nains cavernicoles taquins et chapardeurs, auraient inventé la recette de cet alcool très appréciée."

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Littérature :


Jules Renard, dans ses Histoires naturelles (1874), ne présente pas uniquement des animaux familiers mais décrit également quelques végétaux :

La vigne


Tous ses ceps, l’échalas droit, sont au port d’armes. Qu’attendent-ils ? le raisin ne sortira pas encore cette année, et les feuilles de vigne ne servent plus qu’aux statues.

 

La Vigne en fleur


C’était une vallée entre Saint-Cyr et Luynes, Dont la vigne à foison couvrait les deux versans ; La tiède nuit de juin glissait sur les collines, Et dans les chemins creux brillaient des vers luisans.


Lorsque pour son amant le soir la bien-aimée Lisse ses cheveux bruns, une fraîche senteur Imprègne sa poitrine et sa tête embaumée ; — Ainsi tu parfumais la nuit, ô vigne en fleur !


On dit qu’aux jours d’été, quand tes grappes fleurissent, Le vieux vin des celliers fermente et reverdit ; Quand monte leur odeur, dans les cœurs qui languissent, L’amour aussi, l’amour se réveille et bondit. —


La lune se leva comme une jeune reine, Et les prés assoupis, et les grands pampres verts S’argentèrent soudain à sa splendeur sereine ; On entendit des pas sous les chemins couverts.


Une enfant de vingt ans, dans le sentier des vignes, Cherchant quelqu’un des yeux, s’avança lentement. Je voyais son profil aux délicates lignes Sous les pâles rayons s’éclairer doucement.


Ses regards scintillaient, sa robe aux teintes blanches Se soulevait parfois aux soupirs de son sein… D’un cerisier touffu s’écartèrent les branches, Un jeune homme parut et la prit par la main.


Sur une pierre assis, d’abord ils écoutèrent ; Tout chantait: les grillons, les rossignols; près d’eux Les pampres frissonnaient au vent. — Ils se levèrent, Et dans l’obscurité disparurent tous deux.


André Theuriet, "La Vigne en fleur"

 

Dans Le Livre des Fleurs (Librairie philosophique J. Vrin, 1989), Georges Ohsawa (Nyoiti Sakurazawa) tente d'initier les Occidentaux à cet art ancestral particulièrement subtil qu'est celui des fleurs et des bonsaï. Il propose ce haïku qui célèbre le raisin :

Les perles de rosée aussi

Ont droit de se ranger

Parmi les raisins, ce matin.

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Dans L'Archipel du Chien (Éditions Stock, 2018) Philippe Claudel ouvre le roman sur la description de l'île du Chien et de ses habitants :


"Le vin de l'île est un rouge lourd et sucré né d'un cépage qui ne pousse qu'ici, le muroula. Les baies de ses grappes ressemblent à des yeux de pie : petites, noires, brillantes, dénuées de pruine. Vendangé vers la mi-septembre, le raisin est disposé ensuite sur les murets des vignes et des vergers de câpriers, protégé des oiseaux par de fins filets. Il y sèche durant deux semaines avant d'être pressé, puis on laisse fermenter le jus dans la pénombre de caves étroites et longues, creusées sur les flancs du Brau.

Quand plus tard le vin est mis en bouteille, il a pris la couleur d'un sang de taureau. On ne peut voir la lumière à travers lui. il est fils des ténèbres et du ventre de la terre. Il est le vin des Dieux. Quand on y trempe les lèvres, c'est le soleil et le miel qui viennent dans la bouche et coulent dans la gorge, et aussi le gouffre sans fond de l'envers du monde. Les vieux avaient coutume de dire en le buvant qu'ils tétaient en même temps le sein d'Aphrodite et celui d'Hadès."

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