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La Digitale

Dernière mise à jour : 10 oct.



Étymologie :


  • DIGITALE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1545 (G. Guéroult, Hist. des plantes ds Delb. Rec. d'apr. DG : Or l'avons nous appelee digitale par allusion du doigtier ou doyau a couldre). Empr. au lat. digitalis, v. digital peut-être par l'intermédiaire d'un lat. médiév. bot. digitale (v. FEW t. 3, p. 76a, note 5 ; v. aussi Diefenbach) ; cf. les emplois bot. de digitus et digitellus ds André Bot.


Lire également la définition du nom digitale pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Digitalis - Dé de Notre-Dame - Dé d'Notrudame (Wallonie) - Denquet - Digitale pourprée - Doigt de la Vierge - Doigtier - Gant de Notre-Dame - Gantelée - Gantelet - Grande digitale -

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Botanique :


Dans "Confusion lors de cueillettes de plantes médicinales." (In :Bulletin du Cercle vaudois de botanique., 2003, vol. 32, p. 17-22) André Dolivo relève une confusion fréquente qui concerne la Digitale :


Une confusion possible entre les feuilles tomenteuses de deux scrophulariacées, la digitale pourpre (Digitalis purpurea) et les molènes (Verbascum sp.), utilisées comme béchiques, a été relevée par CAZIN (1868 p. 375), mais elle ne risque pas de se produire dans nos régions, puisque la digitale pourpre y est pratiquement absente. En revanche, les digitales cultivées présentent un risque. FROHNE et PFANDER (1982 p. 200) relatent deux cas d'empoisonnements chez des personnes âgées qui se préparaient des « tisanes de plantes » contenant des digitales cultivées. La digitale pourpre a également été confondue avec deux boraginacées, la grande consoude (Symphytum officinale) et la bourrache (Borago officinalis) (BRUNETON 2001 p. 439).

 

Été 2019 au Lioran : nous apprenons par le guide de montagne qui nous accompagne dans de très belles randonnées sur les chemins du Cantal, Cédric, que les bergers d'antan, pour grimper plus haut dans la montagne à la suite de leurs moutons, mâchaient un pétale de digitale.

Ali, Tristan et moi avons voulu essayer... juste un petit pétale... assez probant, il faut le reconnaître !

 

Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :


Digitale : les doigts de fée


A la lisière des forêts humides des collines et des montagnes d'Europe et d'Asie centrale, elles dressent fièrement leurs inflorescences de longues tiges qui portent les fleurs en forme de tube mauves aux petits points clairs.

Pour un bourdon s'activant aux alentours, ces tubes sont une invitation à s'y engouffrer ; légèrement relevés, ils laissent peu de visibilité, mais la piste qui grimpe jusqu'au fond de la fleur est une promesse. Y entrer pourrait amener le bourdon à trouver de quoi se nourrir - du nectar - et nourrir ses larves, là-bas, sous terre, dans sa colonie - du nectar et du pollen.

Ces tubes allongés semblent aller aux bourdons comme un gant, lorsqu'on les voit s'y engouffrer et disparaître. Cependant c'est aux doigts des humains que la digitale semble être cousue ; c'est d'ailleurs ce qui a donné son nom car ses fleurs épouseraient la forme de nos doigts. Mais attention ! Car la digitale, sous ses allures de plante sage et chatoyante reste sauvage et est très toxique ! La digitaline, molécule présente en grande quantité dans les feuilles et les fleurs, est une puissante toxine qui bloque, même faible dose, les capacités cardiaques. Cependant, l'administration contrôlée et médicalisée de digitaline permet de soigner efficacement les insuffisances cardiaques.


Le stratagème : Les bourdons, et autres insectes pollinisateurs, sentent peut-être leur petit cœur - si tant est qu'ils en aient un - se mettre à vibre en s'approchant d'une digitale. Non pas à cause du poison, mais plutôt de la beauté de le fleur et de ses petites taches rondes à la base de la corolle tubulaire : c'est une indication ! « Ici, distribution de nectar et de pollen, entrez donc ! » Dans une certaine mesure, il y a publicité mensongère : le pollen des digitales est caché au fond de la fleur tubulaire - protégé - avec le pistil, des intempéries. Or c'est le pollen qui est souvent désiré par les insectes ; ainsi les points blancs à la base de la corolle rose-violet de la digitale imitent, aux yeux des insectes, des masses de pollen. Le bourdon s'approche donc, croyant pouvoir dérober tranquillement du pollen ; mais non, c'était un trompe-l'œil. Maintenant qu'on y est, autant s'engouffrer ! Et il remonte le pétale jusqu'au centre de la fleur.

En allant chercher du nectar, le bourdon entre inévitablement en contact avec ses étamines et le pistil. S'il porte, dans ses poils, des grains de pollen, alors ceux-ci peuvent entrer en contact avec le stigmate, induisant la fécondation de cette fleur. Si ce pollen vient d'une fleur extérieure, c'est gagné ! Il y a fécondation croisée ! La digitale fait le pari d'une stratégie intéressante pour favoriser la fécondation croisée : le fait que le bourdon a une habitude, visiter la grande tige toujours du bas vers le haut. Les fleurs de digitale commencent à fleurir selon le même schéma : en haut de l'inflorescence, ce sont les boutons. Au début de leur floraison, les fleurs sont d'abord mâles : les étamines sont matures mais le style ne l'est pas : ces fleurs n se trouvent donc vers le milieu de la tige. Ensuite, les étamines flétrissent au moment où le pistil devient mature : ce sont les fleurs du bas de la tige. Si un bourdon visite toujours de bas en haut, il commence par les fleurs femelles, puis les fleurs mâles dans lesquelles il se troue saupoudré de pollen. Arrivant sur une nouvelle plante, il commence par le bas et dépose donc le pollen extérieur sur les fleurs femelles et ne risque pas de déposer du pollen de la même plante, car il visitera les fleurs mâles dans un second temps.

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Digitale :


Propriétés Physiques et Chimiques. ― Les feuilles de digitale ont une odeur vireuse et une saveur âcre, amère et désagréable ; l'odeur se perd par la dessication. De nombreuses analyses ont été faites de cette plante ; Chevalier, Lassaigne, Bidault de Villars, Wilding, Brault, Poggiale, Morin ont publié les résultats de leurs recherches ; ces auteurs y ont rencontré une huile volatile, une matière concrète, floconneuse, volatile, une matière grasse, une matière colorante, des sels et un extrait aqueux brun, très amer. M. Leroyer. de Genève, donna, en 1824, le nom de Digitaline à une substance qu'il retira des feuilles de digitale et qu'il regarda comme le principe actif de cette plante. M. Panquy obtint plus tard cette substance sous forme de petits cristaux blancs, d'une saveur âcre, mais ce ne fut qu'en 1840 que MM. Homolle et Quévenne isolèrent la digitaline à l'état de pureté ; depuis lors de nouvelles idées se sont fait jour dans la science et le dernier mot n'est pas encore dit sur la véritable nature de cet alcaloïde. Quoiqu'il en soit, la digitaline du commerce se présente sous la forme d'une poudre blanche, difficilement cristallisable, le plus souvent en masses poreuses, mamelonnées ou en petites écailles. Elle est inodore et d'une saveur très amère, peu soluble dans l'eau froide, très soluble dans l'alcool.


Action physiologique. « Les effets de la digitale, sur nos organes, ne sont pas constants. Assez fréquemment, surtout chez les personnes à estomac irritable, on la voit produire l'accélération du pouls, des coliques, des nausées, des vomissements, des évacuations alvines. Dans certaines circonstances, elle agit sur le cerveau, et provoque le délire, la somnolence, les vertiges, etc. Quelquefois, mais rarement, elle augmente la transpiration cutanée. On a cru remarquer qu'elle diminue les sécrétions morbides, et particulièrement celles du poumon. Mais ce qu'il y a de plus constant, de plus généralement admis, relativement aux propriétés physiologiques de la digitale, c'est sa faculté de ralentir la circulation et d'activer la sécrétion urinaire (Dubois). » L'action de la digitaline est analogue ; cette substance produit une diminution notable dans la fréquence du pouls ; ses effets toniques sont les suivants : perte d'appétit, nausées, vomissements, diarrhée, et du côté des sens, troubles de la tête, rêves fatigants et hallucinations. La digitale à haute dose ou d'après les idiosyncrasies donne lieu aux mêmes accidents.


Usages médicaux. La digitale est une de nos plantes indigènes qui rendent le plus de service à la thérapeutique ; son action sur la circulation et sur la sécrétion urinaire conduit à une foule d'applications. C'est principalement dans les affections organiques du centre circulatoire que la digitale agit très efficacement en régularisant les battements tumultueux et trop fréquents du cœur ; elle convient surtout dans les hypertrophies avec contractions énergiques et épaississement des parois. Ses effets diurétiques dans ces sortes d'affections concourent aussi au soulagement des malades. Dans les palpitations du cœur résultant d'une surexcitation nerveuse, l'emploi de la digitale donne souvent lieu à un amendement, mais ses effets ne sont pas aussi constants. Comme puissant diurétique, la digitale est un nos meilleurs moyens curatifs dans les hydropisies essentielles ; elle est usitée dans l'hydrocéphale, dans l'hydrothorax, dans l'albuminurie et dans différents cas d'infiltration séreuse. La médecine italienne considère la digitale comme un contre-stimulant de premier ordre et l'emploie dans le traitement des phlegmasies. Rasori et Tommasini y ont recours contre les inflammations franches, pleurésie et péripneumonie. Cette pratique a été suivie par un grand nombre d'auteurs qui administrent dans ces cas la digitale à très haute dose, de 1 à 4 grammes et même jusqu'à 8 grammes. C'est en partant des mêmes idées théoriques que cette plante a été prescrite dans le rhumatisme articulaire aigu, dans la péritonite puerpérale, la scarlatine, les fièvres graves. On l'a vantée aussi dans les hémorrhagies, dans les catarrhes pulmonaires, la phtisie, les affections scrofuleuses, la coqueluche, les névroses et même la folie. Elle paraît être aussi hyposthénisante des organes génitaux.

La digitaline peut être usitée dans les mêmes circonstances que la digitale ; on l'emploie principalement comme diurétique et comme sédatif de la circulation. Elle présente l'avantage d'être d'une action plus uniforme et plus certaine ; employée par la méthode endermique elle détermine une inflammation très douloureuse et des plus intenses ; son usage dans ce cas ne peut pas être conseillé.


Formes et doses.   Infusion, 50 centigrammes à 2 gramme par kilogramme d'eau bouillante. - Poudre, 5 à 60 centigrammes. - Extraits, 2 à 50 centigrammes à 1 gramme. - Sirop, 15 à 100 grammes. - Pour l'usage externe : décoction, teintures, pommade à doses variables. La digitaline s'administre à la dose de 1 à 5 milligrammes sous forme de granules, de potion, de sirop ; en usage externe une pommade composée de 5 centigrammes dissous dans l'alcool et mélangés à 10 grammes d'axonge balsamique.


La digitale jaune, Digitalis lutea, L. , qui se rencontre aussi en Belgique, a été peu expérimentée. On l'a dite cependant très diurétique (Careno, Guilio). La digitale à grandes fleurs, Digitalis grandiflora, Lam., planté également indigène est inusitée en médecine.

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Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


La Belladone, la Jusquiame, la Stramoine et la Digitale à grandes fleurs, digitalis grandifloris, ont parfois aussi administrées pour provoquer le sommeil, mais c'est presque toujours dans un but criminel.

[...]

Quand on a de la vermine, on a peine à s'en défaire, de celle de la tête surtout. Aussi, dans nos Alpes orientales, lorsqu'on n'y a pas réussi en lavant la tête des enfants avec la décoction de campana edona, Digitalis lutea et grandiflora, on en fend la racine dans sa longueur et on leur frictionne rudement la tête avec la surface de section. Heureusement la tête est dure et la peau résistante !

 

Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :


221. - Pour être guéri de la gale on se frotte avec des racines de digitale réduites en poudre. Pour faire passer la fièvre, il faut boire une infusion de têtes de nunus (digitale) qu'on a fait passer dans du linge.

222. - On fait aussi boire une tisane provenant de sa racine bouillie avec de la verveine.

 

Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


En Haute-Bretagne et dans le Bas-Maine les bergers s'amusent à emplir d'air les fleurs de la digitale et à les faire péter en les frappant contre la paume de la main.

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Serge Schall, auteur de Histoires extraordinaires de plantes et d'hommes (Éditions La Source Vive, 2016) consacre un article à la Digitale :


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Historique des empoisonnements dus à la digitale :

Nicolas Simon, dans une thèse intitulée Le poison dans l’histoire : crimes et empoisonnements par les végétaux et soutenue à la faculté de pharmacie de Nancy, (Sciences pharmaceutiques. 2003. ffhal-01732872f) nous rappelle les cas d'empoisonnement les plus fameux dus à cette plante :


La digitale médicinale française est la digitale pourprée des Vosges ; quarante grammes de feuilles vertes de cette plante sont nécessaires pour amener la mort d'un homme et cent quarante grammes pour un cheval.

Le principe toxique de la digitale porte le nom de digitaline mais il s'accompagne aussi de digitonine et de digitoxine qui sont tous des "poisons du cœur".

Les intoxications par la digitale sont soit le fait de l'accumulation dans l'organisme de petites doses successives (le cas le plus fréquent chez l'homme), soit le résultat de l'ingestion d'une grande quantité de plante.

La symptomatologie est identique à celle que l'on observe à la suite d'une intoxication médicamenteuse par la digoxine ou la digitoxine. On note en premier lieu des troubles digestifs (vomissements prolongés et parfois diarrhées) puis des troubles neurosensoriels (l'intoxiqué est somnolent, apathique et mentalement confus ou agité et se concentrant difficilement). Toujours nauséeux, le patient se plaint de perturbations visuelles : halos colorés en jaune, scotomes scintillants. Les manifestations cardiaques sont très caractéristiques: bradycardie marquée et troubles de l'automatisme (bloc auriculo-ventriculaire, tachycardie ventriculaire, fibrillation auriculaire).

Certains auteurs voient dans la prédominance du jaune et l'existence de halos dans les dernières peintures de Vincent Van Gogh, mort en 1890, la signature d'une intoxication digitalique. Les critiques ont toutefois attribué ces aberrations à de multiples causes : exposition solaire chronique, glaucome, cataracte. S'il est certain que la digitale fut, à la fin du 19ème siècle, utilisée dans le traitement de l'épilepsie et de certaines maladies psychiatriques, on ne sait pas si Van Gogh a bénéficié de ces traitements. Mais les troubles psychiques dont fut victime le peintre ne sont certainement pas sans relation avec des substances d'origine végétale: thuyone de l'absinthe qu'il absorbait en quantité, camphre qu'il plaçait sous son oreiller pour lutter contre ses insomnies et autres terpènes de l'essence de térébenthine qu'il aurait bue occasionnellement et qui peuvent induire une porphyrie intermittente.

Les intoxications par la digitale sont tout de même assez rares, on citera les intoxications graves dont furent victimes de jeunes conscrits qui, dans le but de se faire réformer en faisant croire à une maladie de cœur, ont absorbé des doses trop fortes de digitale.

Pourtant, en 1864, une affaire d'empoisonnement secoua la chronique judiciaire: on accusa le docteur Edmond-Désiré Couty de la Pommerais d'avoir assassiné, dans un but cupide et avec préméditation, une de ses amie et patiente, Madame de Pauw, pour obtenir un peu plus rapidement l'héritage qu'elle lui avait promis. Selon la justice, il lui fit absorber de grandes quantités d'un produit que l'on venait à peine de découvrir et de mettre aux mains de la thérapeutique : la digitaline.

La mort de la dame de Pauw ayant éveillé parmi ses amies et dans sa famille même de terribles soupçons, la justice ordonna une enquête dont le premier acte fut l'exhumation et l'autopsie du corps, treize jours après la mort, par les docteurs Tardieu et Roussin.

Après des analyses chimiques sur les viscères de Madame de Pauw et sur le parquet où ont atterri les vomissements de la victime (analyses qui ne permettent pas toujours d'isoler les principes toxiques d'origine végétale d'une manière certaine, selon le propre aveu des deux médecins), on procéda ensuite à l'injection à des chiens et des lapins des extraits obtenus après traitement des viscères et du parquet de la victime. Tous les animaux furent atteint d'un mal se caractérisant par des vomissements abondants et des troubles cardiaques sévères, sauf pour ceux ayant reçu une injection de la préparation obtenue avec les bouts de parquets n'ayant pas été souillés par les vomissements. Ces troubles si caractéristiques firent immédiatement penser à la digitaline, d'autant que l'on avait découvert que le docteur Couty de la Pommerais avait une carnet de commande de digitaline beaucoup trop rempli pour un médecin homéopathe. Tous ces chefs d'accusation conduisirent le docteur à l'échafaud le 5 juin 1864. Cependant quelques voix scientifiques s'étaient élevées d'abord pour répéter que l'empoisonnement n'avait pas été scientifiquement prouvé puis pour rebondir sur la quatrième conclusion de Tardieu et Roussin: «ces effets et cette action ont une grande ressemblance avec ceux de la digitaline, et, sans toutefois que nous puissions l'affirmer, de fortes présomptions nous portent à croire que c'est à un empoisonnement par la digitaline qu'a succombé la veuve de Pauw », Il est vrai que les deux experts font preuve d'une belle honnêteté mais leurs conclusions, quelque peu mal assurées, c'est le moins que l'on puisse dire, ont coûté la tête du docteur Couty de la Pommerais. Beaucoup, à l'époque, ont crié à l'erreur judiciaire. L'Histoire n'a toujours pas tranché.

L'exemple qui suit traite d'un empoisonnement par une décoction de feuilles de digitale :


« En 1825, aux assises d'Old-Bailey, on jugea un fait d'empoisonnement par la digitale, dans les circonstances suivantes :

Un charlatan était poursuivi pour un homicide commis sur un Jeune garçon dans les circonstances suivantes: il lui avait prescrit, pour une affection légère, six onces d'une forte décoction de feuilles de digitales. Au bout de très peu de temps, il eut des vomissements, des évacuations abondantes et éprouva de violentes douleurs abdominales. Il tomba ensuite dans un sommeil léthargique qui dura plusieurs heures: la nuit, il fut pris de convulsions. Les pupilles étaient dilatées et insensibles; le pouls était lent, petit et irrégulier. Le malade tomba dans le coma et mourut vingt-deux heures après l'ingestion du poison. A l'autopsie, on trouva les membranes du cerveau très injectées et la muqueuse de l'estomac enflammée par places. »


L'ingestion de digitale sous forme de décoction ou d'infusion représente l'intoxication la plus fréquente. On a ainsi rapporté, en 1993, un empoisonnement suite à l'ingestion volontaire d'un extrait de feuilles à la vodka. De même, la mort du pape Jean-Paul 1er en 1978, après seulement 34 jours de pontificat, serait due, pour certains, à l'ingestion d'une dose trop forte de digitaline. Crime ou accident ? Personne ne l'a jamais su.

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Jadis en Haute-Bretagne on accrochait une fleur de digitale à chacun des dards d'une croix d'épine, que l'on tâchait de faire porter à la personne que L'on voulait maléficier celle-ci, sans défiance, baisait la croix. et par conséquent les fleurs, et mourait peu après. Maintenant encore, on fait la croix, puis on retire les fleurs que l'on fait bouillir, et si l'on peut mettre l'eau qui en provient dans la boisson de son ennemi, il ne tarde pas à succomber, non pas à cause ces fleurs, qui ne sont pas « méchantes » mais à cause du sort jeté.

[...] En Basse-Bretagne la digitale est efficace contre le goitre, si on lui adresse cette conjuration :

Salut d'e-hoc'h burlu. gwenn,

Me a so deut d'ho tispenn,

Evit m'am lakafel iac'h,

Rak klanv oun gand ar pennzac'h.

Salut à vous, blanche digitale. Je suis venu vous cueillir. Pour que vous me rendiez la santé, Car d'un goitre je suis affligé.

[...] En Haute-Bretagne, les enfants sifflent dans les fleurs de la digitale.

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Symbolisme :


Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Digitale pourprée - Consolation.

Cette plante s’emploie dans certaines maladies comme une dernière espérance.

 

Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


DIGITALE - TRAVAIL.

Plante ainsi nommée, parce que sa fleur rappelle la figure d'un dé à coudre, d'où le symbole qu'elle représente. Il y a deux sortes de digitales : la digitale blanche et la digitale pourprée. Administrée à forte dose, elle devient un narcotique bienfaisant pour certaines affections.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments [ça pique un peu, faut avouer !] :


DIGITALE - TRAVAIL.

L'homme est né pour travailler comme l'oiseau pour voler.

Job, V, 7

Dans le travail est l'opulence et dans la multitude des paroles la misère.

Proverbes. XIV, 23.

La digitale est une plante fort élégante, remarquable par un long et bel épi de grosses fleurs, nombreuses, pendantes, d'une couleur purpurine, agréablement tachetées ou tigrées dans leur intérieur. Sa tige est droite, haute d'environ 50 centimètres. Prise imprudemment, cette plante est un poison qui fait périr en causant des vomissements et des coliques atroces. Quel que soit l'effet agréable que produise la digitale dans nos par terres, elle offre bien plus d'intérêt dans son état agreste ; elle fait aimer et rechercher les allées nombreuses des bois montueux qu'elle habite. On la trouve aussi le long des routes, dans les terrains sablonneux. Elle est aussi connue sous les noms de Gants de Notre Dame, Gantelée, Doigtier, etc.


DU TRAVAIL.

I. II.

Le travail, mes enfants, est toujours nécessaire : Le travail seul conduit à la prospérité :

C'est le devoir de l'homme et son consolateur ; N'allez pas, vous flattant d'une espérance vaine,

Il écarte l'ennui, nous donne le bonheur. Attendre des succès sans travail et sans peine.

Que je plaindrais celui qui n'aurait rien à faire ! On n'obtient jamais rien sans l'avoir mérité.


III. IV.

Notre vie est si courte ! Il la faut employer. A tout événement le sage se prépare.

Instruisez-vous, enfants, dès l'âge le plus tendre. Riche aujourd'hui, demain le sera-t-il encor ?

Vous serez malheureux si vous cessez d'apprendre : Ces maux qui l'ont frappé, le travail les répare ;

Et c'est un jour perdu qu'un jour sans travailler. L'aptitude au travail, voilà le vrai trésor.


V. VI.

Prenez -en, mes enfants, l'importante habitude. Quelque soit votre état, instruisez-vous sans cesse ;

Eh ! qui sait ce qu'un jour vous pouvez devenir ? Accoutumez-vous bien à l'occupation.

Livrez-vous au travail, et, sans inquiétude, Chacun en a besoin. L'heureuse instruction

Grâce à lui vous pouvez attendre l'avenir. Du riche est l'ornement, du pauvre est la richesse.


VII. VIII.

Souvent des ignorants traitent avec mépris On n'apprend jamais rien sans un travail sévère,

Les sciences, les arts, dont ils n'ont pu s'instruire, Et le moindre talent a sa difficulté.

Dédaignez ces mépris qui ne peuvent vous nuire, Il faut, pour l'obtenir, courage, activité ;

Laissez dire les sots ; le savoir a son prix. Et ce n'est qu'en faisant qu'on peut apprendre à faire.


IX. X.

Pour l'homme courageux il n'est rien d'impossible ; N'aimez point le plaisir avec un fol excès,

Et des difficultés le travail est vainqueur. Et que l'amour du jeu jamais ne vous emporte :

Plus l'effort qu'il faut faire est fâcheux et pénible Que l'ardeur du travail soit chez vous la plus forte ;

Et plus on en reçoit de plaisir et d'honneur. Le devoir avant tout, et le plaisir après.


XI.

Quand vous aurez bien fait votre tâche ordinaire,

Votre esprit, en repos , sera bien plus heureux.

Afin qu'un plaisir vif accompagne vos jeux,

Soyez contents de vous, n'ayez plus rien à faire.

(MOREL-VINDÉ, Morale de l'Enfance.)


MAXIMES.

Tout homme sage doit savoir que cette vie ne nous est pas donnée pour le repos, mais pour le travail, c'est-à dire afin que nous travaillions en ce monde pour nous reposer dans le ciel.

(S. AMBROISE, de Interp. sub.)

Travail, noble soutien de l'indépendance, seul bien que l'injustice des hommes ne saurait nous ravir, tu nous délivres du malheur de l'oisiveté, et tu nous fais goûter les douceurs du repos.

(Le duc de Lévis.)

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M. A. Fée nous propose "Quelques Physionomies Végétales Françaises". (In : Bulletin de la Société Botanique de France, 1858, vol. 5, no 6, pp. 440-444), quelquefois à contre-courant du langage des fleurs en vogue à son époque :


Elle se plaît sur les montagnes d'une élévation médiocre, et souvent même descend jusque dans la plaine. Peu délicate sur la nature du terrain, elle prospère dans presque toutes les constitutions géologiques. Le sable, le grès et le granite lui conviennent également. Des feuilles vigoureuses, tout à la fois souples et épaisses, garnissent sa tige qui est robuste, simple et dressée ; ses fleurs sont légèrement inclinées, de couleur pourpre, teintées de rose et de blanc. Elles ont une forme irrégulière et cependant gracieuse ; l'immense grappe qui les réunit toutes produit un effet merveilleux, et l'œil ne peut se lasser d'en admirer la richesse.

La Digitale vit souvent entourée de plantes qui en rehaussent l'éclat. La Cauche flexueuse, l'Épilobe à fleurs en épi, le Millepertuis et l'Origan, se plaisent surtout dans son voisinage. Ornement des bois élevés, la Digitale serait celui de nos jardins, si elle n'avait le tort de croître spontanément sur le sol natal. Les yeux s'accoutument à la voir, et l'on se dispense de l'admirer. Pour moi, je l'admire toujours, et l'habitude n'a pu me rendre insensible à ses beautés. Cette fille des Gaules est sans rivale en Europe. La Grèce nous l'envie, l'Espagne et l'Italie la connaissent à peine ; nulle part elle ne semble acquérir autant de vigueur qu'en France : c'est bien là qu'elle se plaît de préférence à vivre. S'il est, dans les terres tropicales, des plantes qui l'égalent en beauté, il n'en est aucune, dans ces régions favorisées, qui puisse l'emporter sur elle en utilité. Seule entre toutes, elle peut calmer les mouvements désordonnés du cœur, et à faire momentanément succéder le calme à la tempête ; c'est par elle que le sommeil devient possible ; le sommeil, qui donne l'oubli des maux présents et fait croire au retour de la santé ! Qui donc pourrait voir la Digitale avec indifférence, elle qui réunit deux dons inappréciables, le beau et l'utile, qu'il est si rare ici-bas de trouver réunis ?

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Jacques Brosse dans La Magie des plantes (Éditions Hachette, 1979) consacre dans sa "Flore magique" un article à la Digitale :


Qui n'a rencontré au détour d'un chemin ces hautes spontanement sur le sol natal.dames médiévales en hennin violet, les digitales, qui comptent au nombre des plus belles plantes de nos contrées septentrionales ? Leurs corolles, si singulières d'aspect, n'ont pas manqué d'exciter l'imagination populaire qui y a vu des dés à coudre (en latin, digitale), ou des doigts de gant, mais alors appartenant à la Vierge elle-même, consécration qui était sans doute une manière de neutraliser une plante aussi meurtrière. Mais derrière la bonne Vierge protectrice, ne faut-il pas entrevoir les fées parfois maléfiques que si souvent elle dissimule ? La digitale en anglais se nomme « gant de renard » (Foxglove) et en allemand « chapeau de renard » (Fuchshut) ; or, le renard, dans les campagnes, a toujours été considéré comme ne incarnation des forces mauvaises, des esprits malins.

En fait, la beauté de la digitale est traitresse, puisqu'il s'agit d'une espèce des plus toxique ; il est juste d'ajouter que son odeur âcre et surtout la saveur amère et désagréable de ses feuilles servent d'avertissement aux animaux qui seraient tentés de les consommer. Mais enfin dix grammes de ces feuilles desséchées, ou quarante grammes de feuilles fraîches, prises en infusion, suffisent à tuer un homme dans des souffrances atroces. Déjà, leur consommation e très petite quantité donne lieu à des symptômes fort impressionnants, dont un très net ralentissement du pouls qui, d'abord élevé, peut descendre jusqu'à seulement trente ou même vingt-cinq pulsations par minute.

Et cependant la digitale était, au moins depuis le XIIIe siècle, utilisée fréquemment par la médecine populaire, une longue tradition la considérant comme un remède contre l'hydropisie. la médecine officielle en tirait même argument contre les dangereuses superstitions qui employaient si légèrement des poisons. pourtant, au XVIIIe siècle, un médecin de l'hôpital de Birmingham, William Withering, eut la curiosité de reconsidérer la question. Botaniste remarquable, puisque ses contemporains le surnommèrent le « Linné anglais », Withering s'intéressait avec tant de sympathie aux remèdes populaires qu'il avait obtenu d'une vieille guérisseuse qu'elle lui communiquât ses secrets. Au nombre de ceux-ci figurait le pouvoir de la digitale. C'est ainsi qu'après de longues expériences WIthering put, en 1775, révéler les propriétés diurétiques de cette plante au monde savant qui les avait oubliées. Ses travaux devaient entraîner toute une série de recherches qui aboutirent à la réhabilitation de la digitale. En France, le docteur Debreyne (1786-1867), médecin du célèbre monastère de la Trappe, près de Mortagne, dans l'Orne, où il devait finir ses jours sous l'habit monastique, signale que la digitale était aussi cardiotonique, grâce à un glucoside, la digitaline. En 1868, un an après sa mort, le chimiste Nativelle put isoler ce principe actif.

La digitaline renforce e régularise le rythme du cœur et exerce également une action vaso-constrictive sur le rythme vasculaire périphérique ; c'est aujourd'hui encore le meilleur médicament tonicardiaque qui existe. par la suite, on s'aperçut que, dans un tout autre domaine, la digitale pouvait aussi exercer une action favorable. sa présence, en effet, suffit à stimuler la croissance d'autres espèces végétales : les arbres fruitiers, les plants de tomates et de pommes de terre. Bien mieux, une décoction de ses feuilles, mêlée à l'eau d'un vase, permet de ranimer le bouquet de fleurs qui s'y fane.

La redécouverte de Withering eut aussi valeur d'exemple. Certains en vinrent à se demander si, au fond, la pharmacopée populaire, si longtemps méprisée et même énergiquement combattue, ne contenait pas parfois de réelles connaissances qui, au cours du temps, s'étaient perdues.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Digitale pourpre (Digitalis purpurea) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Vénus

Élément : Eau

Pouvoirs : Protection.

Parties toxiques : Feuilles et fleurs.


Cette magnifique plante ornementale contient un glucoside, la digitaline, qui peut provoquer de graves troubles cardiaques et digestifs. Il ne faut surtout pas porter les fleurs à sa bouche.


Utilisation magique : La grande Digitale pourpre est traditionnellement protectrice du foyer. Elle veille sur le jardin dans lequel elle pousse, ainsi que sur la maison et ses habitants.

Au pays de Galles, les femmes tirent des feuilles et des sommités fleuries une teinture noirâtre avec laquelle elles peignent, deux fois l'an, le 1er mai et la veille de la Toussaint, le sol de leur chaumière; elles ne badigeonnent pas uniformément tout le carrelage, mais passent leur teinture sur les joints entre les dalles. Ce curieux « plaid » a le pouvoir de repousser les forces négatives de toutes sortes.

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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi la Digitale :


Mot clef : Fausseté.

D'un gradin d'or - parmi les cordons de soies,

les gazes grises, les velours verts et les disques

de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil -,

je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes

d'argent, d'yeux et de chevelures.

Arthur Rimbaud (1854-1891), "Fleurs".


La fleur de la Digitale évoque un doigtier (on l'appelle d'ailleurs parfois ainsi, et c'est aussi la signification du nom latin du genre, Digitalis) ; elle était également connue, dans les temps anciens, sous le nom de Gants de Notre-Dame ou encore de Gantelée. Depuis toujours, dans les campagnes, les enfants s'assurent à la cueillir pour s'en faire des gants somptueux.

C'est une fleur dangereuse et mystérieuse, qui avait la réputation d'être la fleur des fées... Et si une tige de Digitale ploie vers le sol, ce n'est pas sous le poids des gouttes de rosée, mais parce que de petites fées (bonnes ou méchantes ?) sont cachées dans les clochettes. Sans doute, alors, est-il plus prudent de ne pas trop s'en approcher...

La Digitale est aussi une plante médicinale extrêmement active, et cela explique peut-être la référence aux fées. En effet, toute la plante contient des substances qui stimulent l'activité cardiaque. Mais son absorption nécessite une prescription médicale car, à haute dose, ses jolies clochettes peuvent entraîner la mort : c'est une des espèces les plus vénéneuses de notre flore.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Cette plante vénéneuse peut se révéler maléfique : sa présence dans une maison suffit à aigrir le lait (Bretagne) tandis qu'elle provoque des hémorragies chez la femme qui la touche (Vienne). Elle servait également à envoûter une personne lorsqu'on lui faisait porter des fleurs de digitale disposées sur une croix d'épines : La victime, "sans défiance, baisait la croix et par conséquent les fleurs, et mourait peu après". Lui faire avaler l'eau dans laquelle avaient bouilli ces fleurs était un procédé tout aussi radical.

Toutefois, la digitale pourpre, surnommée "gant de Notre-Dame" ou "doigt de la Vierge" car la mère de Jésus s'était servie de la corolle de la plante pour panser une blessure au pouce, protège le foyer, d'où l'intérêt d'en avoir dans son jardin, d'où également cette coutume galloise : "Les femmes tirent des feuilles et des sommités fleuries une teinture noirâtre avec laquelle elles peignent, deux fois l'an, le 1er mai et la veille de la Toussait, le sol de leur chaumière ; elles ne badigeonnent pas uniformément tout le carrelage, mais passent leur teinture sur les joints entre les dalles. Ce curieux "plaid" a le pouvoir de repousser les forces négatives de toutes sortes".

Les Bretons attribuaient à la digitale le pouvoir de guérir les goitres, à condition de lui adresser cette conjuration :

Salut à vous, blanche digitale.

Je suis venu vous cueillir.

Pour que vous me rendiez la santé,

Car d'un goitre je suis affligé.

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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :


Tel Jason qui part à la conquête de la Toison d'or, vous avez en tête un vaste projet ; ou vous êtes animé d'une haute ambition. Votre environnement pèse lourdement sur votre bien-être. Vous avez besoin d'être armé en conséquence. En particulier vos systèmes cardiaque, musculaire, pulmonaire et nerveux ne doivent pas fléchir en cours de route.

Pour cela, vous pouvez faire appel à une deuxième plante de la famille des Scrofulariacées (nous avons déjà étudié le Bouillon Blanc) : la Digitale. Cette plante se présente la première année comme une large rosette, plutôt monstrueuse que sympathique, qui s'empare du sol, tel un poumon. Cette apparence monstrueuse est souvent le signe de la présence d'un puissant poison. On a d'ailleurs remarqué que les bêtes (crapaud, reptile) et les plantes venimeuses n'existaient que dans le monde inférieur. La Digitale est surtout la plante du cœur de l'homme. Mais on oublie souvent l'impact que cette plante peut avoir sur le poumon. Heureusement que le mot Scrofulariacée nous rappelle à la réalité.

La réalité est ce sang veineux qui chargé de poison et de gaz toxiques arrive au cœur juste avant que ne se produise la diastole, c'est-à-dire son deuxième mouvement qui permet à un sang neuf d'être propulsé vers les artères. Ente la systole et la diastole, soit un fragment de seconde, que se produit-il ? C'est en cette fin de cycle de la systole qu'apparaissent les éthers chimiques et vies afin de transmettre au poumon toutes les impuretés du sang veineux. La Digitale et ses composantes assurent cette fonction. Il est le meilleur relais entre ces deux organes. Mais ce n'est pas tout.

La première année, cette plante accomplit donc sa systole. C'est-à-dire qu'elle se contracte afin de propulser le plus haut possible sa tige, ses feuilles et ses fleurs. Cette pulsion est si importante pour vaincre les forces de pesanteur, qu'elle meurt au bout de la seconde année. Elle aime pourtant le sol siliceux, mais elle reçoit une telle résistance de son monde intérieur, que ses forces de vitalité sont refoulées et anéanties. Déjà, lors de la fin de sa floraison, il ressort d'elle une impression de gonflement, de lourdeur, d'accablement, de sacrifice et tout cela afin d'assurer la reproduction de l'espèce au travers de ses fleurs et de ses graines. A ce titre, quand une grossesse s'annonce difficile, il serait peut-être bon de tester l'élixir de Digitale.

Dans cette deuxième plante des Scrofulariacées, la couleur jaune-blanc du Bouillon blanc est remplacée par une couleur pourpre. Les mucilages sont remplacés par des tanins. On y trouve des poisons (dilués) dont raffole l'âme pour chasser ses propres poisons. La digitaline pousse l'âme plus profondément à agir sur les liquides corporels et plus spécifiquement ceux qui empoisonnent le cœur mental, le cœur qui se nourrit de sentiments. N'oublions pas que le sang venimeux charrie aussi les mauvaises humeurs secrétées par les glandes endocrines. Cette fonction est assurée par la digitaline. Pour bien conduire son action, elle facilite la diurèse, supprime les œdèmes, les scléroses et autres barrages, afin de permettre à la colonne sanguine de mieux atteindre les périphéries. Ce tour de magie est obtenu par la digitaline qui équilibre à la perfection le rapport calcium- potassium.

En outre, elle apaise le nerf gastrique et le bulbe rachidien afin de supprimer tous les obstacles possibles. Du coup, c'est tout le système musculaire qui se trouve libéré des angoisses mémorisées par ce système. L'élixir de Digitale favorise de profonds soupirs, un relâchement du muscle cardiaque, un assouplissement des artères. Donc il protège en même temps de l'artérite, de la myocardite. Les pouls redeviennent normaux. La tension artérielle et la fibrillation cardiaque sont régularisées.


Mots-clés : avec la Digitale pensons au « di » de diastole, de digestion des mauvaises humeurs ; de disponibilité dans le sens de libération de quelques fardeaux. Les Anciens l'appelaient le Doigt de la Vierge. Ici, il faut songer à l'amélioration de la circulation périphérique, et les doigts sont concernés...

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi la Digitale (Digitalis purpurea) :


"C'est une plante vivace frappante que l'on retrouve chez tous les pépiniéristes ; ses fleurs vont du rose pâle au rose très profond.


Propriétés médicinales : C'est un stimulant cardiaque très puissant qu'il ne faut pas prendre à la légère ; il produit un effet important sur tout le système circulatoire, ce qui peut causer une hausse de la pression artérielle. Cette plante a également un bienfait non négligeable sur les reins dont elle augmente la productivité très rapidement. C'est un puissant diurétique. Soulignons d'ailleurs qu'elle contient aussi un poison dont il faut se méfier, la digitoxine, qui n'est pas éliminé facilement par l'organisme. Il n'est pas recommandé de prendre une infusion de cette plante, sauf sous avis médical éclairé.

Genre : Féminin.


Déités : Les Élémentaux.


Propriétés magiques : Protection.


Applications :

RITUEL DE PROTECTION DES ÉLÉMENTAUX (pour se protéger des forces obscures)


Ce dont vous avez besoin :

  • une chandelle argent (ou de couleur iridescente)

  • de l'encens de rose ou de muguet

  • un bouquet de digitale (ou une photo de la plante)

  • un bol de sel

  • un bol d'eau

Rituel : Vous devez pratiquer cette invocation au moment de la pleine lune, à minuit précisément.

Allumez vos chandelles et votre encens, puis placez votre sel et votre eau à côté d'eux.

Prenez le sel, faites le tour de la pièce ou des pièces que vous désirez protéger et jetez quelques grains de sel tout en disant :

Avec le sel de la terre, J'invoque les Élémentaux afin qu'ils m'aident

à protéger ma demeure.


Prenez maintenant la coupe d'eau et répétez le même processus en aspergeant le sol de quelques gouttes tout en disant :

Avec l'eau de la vie,

J'invoque les Élémentaux afin qu'ils m'aident

à protéger ma demeure.


Prenez maintenant l'encens et répétez le même processus en envoyant la fumée partout et en disant :


Avec l'air parfumé,

J'invoque les Élémentaux afin qu'ils m'aident

à protéger ma demeure.


Prenez maintenant la chandelle et parcourez toutes vos pièces en imaginant un écran de feu formant une barrière infranchissable à toutes les influences négatives qui voudraient s'infiltrer et dites :


Avec le feu sacré,

J'invoque les Élémentaux afin qu'ils m'aident

à protéger ma demeure

de toutes influences non bénéfiques.


Faites brûler votre encens et votre chandelle jusqu'à ce qu'ils s'éteignent d'eux-mêmes.

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Mythes et légendes :


Selon Véronique Barrau et Richard Ely, auteurs de Les Plantes des Fées et des autres esprits de la nature (Éditions Plume de Carotte, 2014), la digitale pourpre est d'une "toxicité répulsive".


Accessoires du Petit Peuple : Du fait de sa forme particulière similaire à une cloche, la fleur de digitale a donné naissance à plusieurs associations d'idées. Les Allemands ont par exemple nommé cette plante Fingerhut, qui se traduit par "dé à coudre". Selon leur tradition, les fées utiliseraient cet ustensile pourpre pour assembler leurs parures diaphanes avec des rayons de lune en guise de fil. d'autres ont vu dans ces fleurs de minuscules gants des bonnes dames qu'il ne faut en aucun cas cueillir pour ne pas attiser leur colère. Dans les vallons boisés du pays de Galles, ces accessoires seraient plutôt portés par les Ellydon, de minuscules lutins translucides faisant partie des sujets de la reine Mab. Les corolles de la fleur sont de manière générale perçues comme étant les petits couvre-chefs du peuple de Féerie. Les Dames vertes, qui doivent leur nom à la teinte de leur toilette, ont pour seule fantaisie vestimentaire d'arborer une coiffe d'une autre couleur. Certaines d'entre elles, tout comme les fées par ailleurs, ont choisi de porter une digitale pourpre sur leur tête.

Les corolles des digitales seraient confectionnées par les fées, cousues main avec des rayons de lune.

En Alsace, cette fleur est le bonnet de l'Erdwibla, une elfe bienfaitrice habitant sous terre. Son mari est pareillement coiffé si ce n'est qu'il met son couvre-chef sur le côté. Si vous êtes un jour perdu dans les bois, repérez les endroits où poussent ces fleurs. Avec un peu de chance, vous tomberez sur l'Erdwibla qui vous aidera à retrouver votre chemin. Mais si vous avez affaire à son époux, il vous faudra user de formules de politesse et de suppliques pour le convaincre de vous guider. Sans quoi, il restera obstinément muet et guettera avec un malin plaisir d'éventuelles chutes de votre part...


Hors de chez moi : Pour empêcher les mauvais esprits d'entrer dans votre maison, vous pouvez suivre la méthode inoffensive que pratiquaient jadis les habitantes du pays de Galles. Chaque 1er mai et veille de la Toussaint, badigeonnez soigneusement vos joints de carrelage avec une décoction de digitale. Efficacité soi-disant garantie !


Traitements de choc : La toxicité de la digitale n'est plus à démontrer mais saviez-vous que cette caractéristique permettrait de repousser les forces néfastes ? Les Irlandais et Gallois étaient persuadés de pouvoir chasser les changelins grâce à cette plante et avaient inventé plusieurs méthodes. Les plus inoffensives consistaient à placer un morceau de digitale sur l'enfant suspect ou sous son lit. Le comté de Leintrim conseillait aux parents de presser la plante de façon à déposer trois gouttes sur la langue des petits et trois autres dans chaque oreille. Il fallait ensuite placer le supposé changelin sur une pelle avant d'effectuer de légers mouvements de balançoire sur le seuil de la maison. Si l'enfant périssait le soir même, aucun regret n'était ressenti car il s'agissait forcément d'un être de Féerie. D'autres procédés préconisaient de glisser une mixture bouillante de farine d'avoine et de digitale dans la bouche des petits malades. Ou de leur faire prendre des bains de cette plante, voire d'avaler des décoctions réalisées avec dix ou douze de ses feuilles. Au XIXe siècle, trois enfants sont décédés des suites de tels traitements..."

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Littérature :


La Digitale


La digitale au clair matin

Dit-il, dis-tu, dis-je ?

La digitale au clair matin

Dresse sur sa tige

Des grappes de fleurs cramoisies,

Dit-il, dis-tu, dis-je ?

Dis-je bien ainsi ?

Dis-je ?


Robert Desnos, "La Digitale" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.

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Régine Detambel consacre un ouvrage à Colette. Comme une flore, comme un zoo (Éditions Stock, 1997) dans lequel elle s'intéresse aux métaphores botaniques et zoologiques :


Comme des cloches de Digitale

« Elle est près de lui tendre ses mains tremblantes, royales petites mains dont les paumes ne savent pas mendier et qui s'offrent hautes au baiser, les doigts retombant comme des cloches de digitales blanches... »

L'Ingénue libertine

L'étymologie de la digitale annonçait une image facile mais Colette éloigna le danger en assimilant la souplesse des doigts abandonnés à la docilité des fleurs en cloche. Des doigts parfumés, à peau chaude et sèche, appellent la comparaison avec les lavandes de montagne. Luce, elle, écartait « les doigts en feuille de palmier. »

Bien entendu, le corps humain n'est pas seulement, pour Colette, un organisme végétal que nourrirait un cœur battant comme le tambourin des aristoloches. Tous les doigts ne sont pas lavande, tous les nez ne présentent pas la forme contrariée d'une pomme de terre, tous les bras ne sont pas craquants comme criste-marine. Il existe aussi, chez Colette, des seins « comme une lampe d'opale », une femme à chevelure flamboyante « hochant sa belle tête d'alezan lavé. » Le lard est « rose et blanc comme un sein. » La rampe de l'escalier s'achève en « python de bronze satiné comme un bras nu. » Renaud a « les cheveux couleur de grèbe. » Enfin, on remarque avec admiration, « chez certaines petites filles, la coupe de la paupière, l'abondance du regard, le fini du menton, et cette belle forme d'œuf, la pointe en bas, du visage. »

Cependant, on a vite fait le tour des ovales parfaits. L’œuf et la lampe d’opale, d’autres écrivains les ont déjà précautionneusement manipulés. Mais l'image réveillée, le cliché rajeuni grâce à la botanique, ont permis à Colette de rassembler un univers de formes nouvelles, à la fois complexes et aisées. Si la cloche est une structure simple, lourde et sonore, la digitale est un objet fragile et long à déchiffrer parce que les images végétales sont toujours rattachées à des souvenirs premiers, marquants comme des peurs d'orties, piquants, empoisonnés, urticants, délicieux ou sucrés.

Qui sait que la digitale est vénéneuse, qu'on la surnomme « Gant-de-Notre-Dame » ou « doigt de la Vierge » considérera autrement les royales petites mains aux doigts retombants.

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Nicolas Simon, dans une thèse intitulée Le poison dans l’histoire : crimes et empoisonnements par les végétaux et soutenue à la faculté de pharmacie de Nancy, (Sciences pharmaceutiques. 2003. ffhal-01732872f) analyse l'emploi des poisons dans l'œuvre d'Agatha Christie :


La célèbre romancière britannique, ayant été infirmière pendant la première guerre mondiale, était une experte dans la connaissance des substances pouvant s'avérer extrêmement délétères pour l'homme.

[...] La digitale occupe le devant de la scène dans la nouvelle "L'Herbe de Mort" parue dans le recueil Le Club du Mardi continue. Plusieurs personnes sont prises de malaises après avoir dégusté une salade de feuilles de sauge dans laquelle s'étaient malencontreusement mêlées quelques feuilles de digitale, seule une jeune fille en parfaite santé en mourut. Simple accident ? Pour Miss Marple, il y a eu empoisonnement, cela ne fait aucun doute, et les quelques feuilles de digitale retrouvées dans la salade ne sont qu'un leurre. Le médecin légiste ayant reconnu, après analyse, une intoxication à la digitaline, ceci posa quelques problèmes à Miss Marple pour accepter l'idée d'un accident :


« - Le principe actif de la digitale pourpre, la digitaline, agit sur le cœur. C'est d'ailleurs un remède efficace dans certaines formes de troubles cardiaques. L'affaire est néanmoins curieuse. Je n'aurais jamais imaginé que de manger une préparation de feuilles de digitale pouvait être fatal. Ces histoires de feuilles et de baies vénéneuses sont très exagérées. La plupart des gens ignorent que le principe actif doit être extrait avec beaucoup de soin en laboratoire. »


En effet, quelques feuilles de digitale dans une salade pourraient difficilement suffire à tuer quelqu'un; à moins que l'on ait déjà administré auparavant à la victime une dose conséquente du principe actif de la plante, dissimulée dans un cocktail ou un apéritif. Le meurtrier pouvait donc ainsi s'asseoir tranquillement à la table et ressentir, lui aussi, le léger malaise après avoir mangé la salade. L'alibi est parfait. Mais Miss Marple s'aperçut qu'un des convives connaissait des problèmes de cœur et possédait sur lui une grande quantité de digitaline, sur laquelle il n'avait donc pas besoin de s'expliquer. L'assassin était tout trouvé et la jalousie s'avéra être le mobile du crime.

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Dans Réparer les vivants (Éditions Gallimard, 2014) Maylis de Kérangal, le personnage qui attend une greffe de cœur, a une belle surprise la veille de sa transplantation :


"La nuit de Noël, un homme refait surface, dépose sur son lit une brassée de digitales pourpres. Elle le connaît depuis l'enfance, ils ont grandi ensemble - amoureux, amis, frère et sœur, complices, ils sont presque tout ce qu'un homme et une femme peuvent être l'un pour l'autre. Claire sourit, les surprises c'est risqué, je suis cardiaque, tu sais. De fait, elle doit s'asseoir et reprendre ses esprits tandis qu'il ôte son manteau. Les fleurs viennent de chez elle, elle le sent. Elles sont toxiques, sais-tu ? dit-elle en les pointant du doigt. De celles que l'on interdit aux enfants de toucher, de respirer, de cueillir, de goûter - elle se souvient de ses doigts poudrés de fuchsia qu'elle contemplait, fascinée, seule dans le chemin, et du mot "poison" qui enflait au-dessus de sa tête d'enfant alors qu'elle les portait à sa bouche. L'homme détache lentement un pétale qu'il dépose au creux de sa main : tiens, regarde. Le pétale est d'une couleur si vive qu'on le dirait artificiel, moulage de plastique, il tremble sur sa paume et se couvre de fripures microscopiques tandis qu'il lui déclare : la digitale contenue dans les fleurs ralentit et régularise les mouvements du cœur, elle renforce la contraction cardiaque, c'est une bonne molécule pour toi.

Cette nuit-là, elle s'endormit avec les fleurs. L'homme la déshabille avec précaution, déplie un par un les pétales puis les dispose sur sa peau nue comme les écailles d'un poisson, puzzle végétal formant un manteau de cérémonie qu'il prend soin de parfaire, murmurant de temps à autre, ne bouge pas tu veux, alors qu'elle avait sombré depuis longtemps dans un délice cataleptique, ornée et soignée comme une reine. A son réveil, il faisait encore nuit mais les enfants s'excitaient déjà dans l'appartement au-dessus du sien, poussaient des cris, leurs talons martelant le plancher, ils filaient déchirer les papiers cadeau apparus dans la nuit auprès d'un sapin de Noël ectoplasmique. Son ami était parti. Elle secoua les pétales de son corps et s'en fit une salade qu'elle assaisonna à l'huile de truffe et au vinaigre balsamique."

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