Étymologie :
LUPIN, subst. masc.
Étymol. et Hist. Ca 1256 (Aldebrandin de Sienne, Rég. du corps, 71, 27 ds T.-L.). Empr. au lat. lupinus littéralement « herbe du loup » (dér. de lupus «loup») ainsi nommée pour l'amertume de ses graines, cf. André Bot.
Lire également la définition du nom lupin afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Lupinus angustifolius L. - Lupin à folioles étroites - lupin bleu
Botanique :
Stefano Mancuso et Alessandra Viola, auteurs de L'Intelligence des plantes (édition originale 2013 ; traduction française Albin Michel, 2018), nous invitent à mieux comprendre la collaboration qui existe entre plantes et animaux à partir du lupin :
"Prenons pour commencer l'exemple du lupin. Cette légumineuse, qui produit un très grand nombre de petites fleurs, doit éviter à tout prix que des abeilles ne se posent à plusieurs reprises sur la même. A la première visite, le diligent hyménoptère remplit en effet sa fonction : en recueillant le nectar, il se couvre du pollen qu'il véhicule ensuite sur une autre fleur. En revanche, toute visite supplémentaire serait d'une parfaite inutilité, puisqu'il ne reste sur la fleur ni pollen ni nectar. Afin d'éviter une telle situation, qui risquerait de priver certaines fleurs de leurs pollinisateurs, le lupin adopte une stratégie honnête et très efficace : il teint en bleu les pétales de celles qui ont déjà été visitées et avertit ainsi les insectes qu'elles ne contiennent plus aucun nectar, qu'il vaut mieux le chercher sur d'autres. Ce procédé est donc à la fois très correct envers les pollinisateurs et très utile à la plante, qui s'assure une reproduction de bonne qualité."
Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :
Lupin : Le porte étendard
Cette star des jardins fleurit sous forme de grappes colorées s'élevant des plates-bandes au début de l'été. Le lupin ornemental n'est pas la seule espèce. Il en existe plus de deux cents différentes dans le monde dont certains ont des importances économiques et alimentaires variées. On peut retenir le lupin blanc qui donne des graines charnues, riches en protéines, que l'on consomme dans le bassin méditerranéen depuis l'Antiquité. Ou encore le lupin à feuilles étroites largement utilisé comme plante fourragère en Australie. Il est utilisé aussi en tant qu'engrais vert car, comme toutes les plantes de la famille des Fabacées (les pois, haricots, trèfles...), les lupins accueillent des bactéries dans leurs racines qui ont la capacité de capter l'azote de l'air pour le fournir à la plante qui, en échange, fournit des sucres issus de la photosynthèse aux bactéries. Ces plantes sont donc chargées en azote, et cet azote, une fois la plante coupée et laissée sur place, va enrichir le sol. Ces amendements naturels permettent d'éviter l'épandage d'engrais azotés qui est une des causes majeures d'émissions de gaz à effet de serre par l'agriculture.
Le lupin est aussi une plante abondante dans les plaines nord-américaines et des colonie entières peuvent, au printemps, subitement colorer des collines immenses de leurs couleurs extraordinaires. Ainsi le lupin Bluebonnet est-il le symbole du Texas.
Une fleur de lupin est caractéristique des plantes de la famille des Fabacées (anciennement Papilionacées) et procède du même processus de pollinisation De l'extérieur, point de pollen en vue, ni de stigmate, mais une fleur à symétrie axiale en forme de papillon. Elle est constituée de deux parties, qui sont en fait cinq pétales soudés à leur base. On retrouve dans la partie supérieure un pétale central appelé l'étendard. Enfin, venant à l'horizontale, deux pétales soudés à la base se referment sur le dessus pour former la carène. Chez le lupin, cette carène est souvent enveloppée de deux autres pétales appelés les ailes. Je vous invite à décomposer vous-même ne fleur de fabacée et de tenter d'u retrouver les différentes parties de la fleur. Notez, d'ailleurs, que les analogies ne s'arrêtent pas simplement à qualifier la fleur de Papilionacée, mais les termes de carène et d'étendard la comparent également à un bateau !
L'étendard est dressé au milieu et souvent d'une couleur différente des ailes et de la carène ; il indique où viser pour trouver le nectar, c'est le guide à nectar. Les ailes servent aussi à la visibilité et à l'attraction. Quant à la carène, elle abrite, bien enfermées et protégées des intempéries et des prédateurs herbivores, les pièces reproductrices. Elle sert aussi de piste d'atterrissage et de perchoir pour les insectes.
L'odeur suave du lupin contribue au pouvoir d'attraction de la grappe de fleurs. Une fois proche, l'abeille ou le bourdon ou tout autre insecte pollinisateur peut discriminer les différentes fleurs. Le bourdon a ainsi vte fait de se rapprocher, et de se poser lourdement sur la carène afin de tremper sa langue dans la fente entre la carène et l'étendard, là où se trouve le nectar. Sous la pression de son corps lourdaud, les deux pétales de la carène s'ouvrent et libèrent les pièces florales, les étamines, chargées de pollen, viennent frapper le dessous de l'abdomen (ou le ventre) de l'insecte. Il est fréquent que, par la même occasion, le pollen vienne aussi se poser sur le stigmate de la même fleur, favorisant l'auto-pollination qui est très répandue chez les Fabacées. Néanmoins, la stratégie du lupin a opéré : le bourdon s'est retrouvé couvert de pollen à un endroit très précis, sous l'abdomen, là où ses pattes ne vont que très rarement s'attarder lors de l'auto-toilettage fréquent chez ces insectes. Le bourdon continue sa route et éventuellement arrive à une autre fleur et en vient à déposer le pollen de la première fleur sur le stigmate d'une autre fleur, favorisant de ce fait la fécondation croisée.
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Bienfaits :
Lire le dossier du Monde qui fait le point sur la question.
Selon Hildegarde de Bingen, auteure de Physica, Le livre des subtilités des créatures divines, les plantes, les éléments, les pierres, les métaux, les arbres, les poissons, les animaux et les oiseaux (édition originale 1151-1158 ; Édition Jérôme Millon, Grenoble, 2011),
"Le lupin est froid. Si on souffre des entrailles au point d'être pour ainsi dire tout gonflé de l'intérieur, réduire du lupin en poudre, ajouter un peu de pain écrasé avec un peu de graine de fenouil ou du suc de livèche. Faire cuire de l'eau en guise d'aliment, et manger assez chaud. Répéter souvent, et on guérira les entrailles du malade."
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Croyances populaires :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
Dans l'Indre marcher sur du lupin en graine porte bonheur.
[...] Dans la Vienne on n'emploie pas le lupin à la confection des couronnes mortuaires, cela porterait malheur à la famille.
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Symbolisme :
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Lupin vivace -Résistance.
Parce qu’il résiste aux rigueurs de l’hiver.
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Lupin varié - Vous rendez le calme à mon âme.
Ces fleurs varient beaucoup quant aux nuances : on en voit de blanches, de blanches teintées de violet , de jaunes et de bigarrées. Les Corses et les Piémontais font macérer les graines du lupin et les emploient comme aliment ; les bestiaux aiment beaucoup les lupins. On dit que cette nourriture calme autant les hommes que les animaux, et que ce résultat est dû à sa vertu émolliente.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Cette plante herbacée a été maudite par la Vierge : lors de la fuite en Égypte, les lupins dénoncèrent « l'enfant Jésus qu'ils devaient cacher aux soldats d'Hérode ». Selon une légende similaire relevée au Portugal, la Vierge qui allait à Bethléem passa par un champ de lupins : « Comme ils faisaient beaucoup de bruit et que la Vierge essayait en vain de les faire traire, elle leur dit : "Soyez maudits ! Qui vous mangera ne se rassasiera jamais !" Et de fait, pour être mangeables, il faut que les lupins soient trempés pendant 24 heures ».
Si marcher sur du lupin en graine porte bonheur, il est mauvais signe d'en rêver. Dans certaines régions françaises (Vienne, notamment) utiliser cette plante pour les couronnes mortuaires porte malheur à la famille.
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