Imbolc, la fête du 1er février :
Guy Le Nair, propose un vademecum qui fait le point sur les différents significations des fêtes celtes intitulé Les Fêtes celtes au XXIe siècle :
Imbolc (Br. Emwalc’h, Goulou-Deiz)
Noz ar Wrac’h (nuit de la vieille femme) – Gouel Berc’hed (fête de Brigitt) – Deiz ar goulou (jour de la lumière)
Panthéon celtique : Ana - Keridwenn - Brigit – Mac Oc
Imbolc, l’un des quatre repères cardinaux de l’année celtique, ne figure pas dans l’énumération des grandes assemblées de la tradition d’Irlande : assemblée d’Uisnech à Belteine, foire de Tailtiu à Lugnasad et festin de Tara à Samain.
Les philologues indiquent qu’Imbolc est le nom de l’ablution purificatrice, auquel correspond le mot breton emwalc’h. L’ablution purificatrice par l’eau concernerait les pieds, les mains et la tête.
La fête se situait aux calendes de février, trois jours avant et trois jours après la nouvelle lune (de la pleine lune selon certaines sources). La célébration était probablement dédiée à la Déesse Mère et à son fils le Mac Oc, le jeune soleil. C’est ce que semble signifier la fête chrétienne de Sainte Brigitte qui se superpose à Brigit, l’un des noms de l’unique déesse des Celtes.
A la sortie de l’hiver, Imbolc est la fête de la transformation.
L’interprétation des trouvailles archéologiques indique qu’Imbolc serait la célébration de l’union de la Déesse mère avec Esus, le dieu de la terre et de la végétation qui, à ce moment, revient sous sa forme humaine et virile. La fête était marquée par le sacrifice du cerf et donnait lieu à des mascarades. Hommes et femmes se déguisaient en taureaux et en génisses, ou en cerfs et en biches, dans une ambiance joyeuse et débridée, pour célébrer le renouveau de la nature et la nécessité de procréer pour la pérennité de la tribu.
Ces réjouissances se perpétuent aujourd’hui dans le Carnaval. Le point culminant de la période festive est le jour du Mardi Gras, le mardi le plus proche de la nouvelle lune qui se situe entre le début du mois de février et début mars.
Le Mardi Gras annonce, dans la tradition chrétienne, le début de la période du Carême, les quarante jours qui précèdent Pâques.
Masques et déguisements, dans une ambiance de liesse populaire, donnent un aspect concret au sentiment d’exaltation et d’exubérance qu’éprouvaient les anciens Celtes qui avaient survécu aux rigueurs de l’hiver. La fête préside à la joyeuse métamorphose de la nature et accompagne la venue du nouveau soleil.
Le symbolisme particulier de cette fête fait également référence à la fécondité. Imbolc se situe dans l’atmosphère particulière de la tradition indo-européenne, pour cette période de l’année, qui donnait lieu à des pratiques cultuelles lustrales mais aussi orgiaques, comme l’ont montré les travaux de Georges Dumézil.
Dans la tradition de l’Inde, la déesse celte a son équivalent en Sarasvatî, l’épouse de Brahmâ, déesse de la connaissance, représentée par un livre des Véda ou le symbole mystique du svastika.
Dans une période qui varie entre la fin du mois de février et le début du mois de mars, est célébrée Holi, la victoire de Shiva sur un dieu malfaisant, la victoire du bien sur le mal. Cette fête hindoue, qui dure trois jours, est la fête des couleurs, un moment de liesse populaire dans lequel on se réjouit des choses de la vie en se projetant mutuellement des poudres de couleurs vives.
Cette coutume rappelle les jets de confettis à l’occasion du carnaval en Europe.
Dans la tradition hindoue, le cinquième jour de la lune claire du quatrième mois de l’année, qui se situe dans la seconde semaine du mois de février, est célébré Kâma, le dieu de l’amour et fils de Shiva. Les humains qui avaient survécu aux rigueurs de l’hiver fêtaient dans l’allégresse, la vie et la perspective féconde des six mois à venir. La croyance populaire voulait que la tête de Shiva soit adorée dans le monde supérieur, que ses pieds soient adorés dans le monde inférieur et que la partie centrale de son corps soit adorée dans le monde des humains. Cela explique que Shiva est représenté dans le monde des humains sous la forme phallique du Linga.
Le dieu de l’amour, fils de Shiva est célébré sous la même forme. A cette période de l’année, dans certaines contrées de l’Inde, un Linga fiché dans un Yoni, symbole du sexe féminin, est promené en ville, dans un palanquin, à l’occasion d’une procession.
Si certaines stèles gauloises auraient une vocation funéraire, les stèles phalliques gauloises pourraient correspondre à la symbolique du Linga hindou.
La fête celtique d’Imbolc, probablement intimement liée à la déesse primordiale, marque la fin de la période la plus sombre de l’année et l’émergence de la jeune lumière. Elle marque la transformation de la déesse qui, de vieille femme la nuit, se métamorphose à l’aube pour devenir la jeune et vaillante Brigitt.
Brigitt, la gardienne du feu et des sources sacrées, favorise la réflexion spirituelle. C’est à cette période que, dans la tradition d’Irlande, prennent place les ébats amoureux de la jeune déesse, symbole de fécondité.
Brigitt est l’aspect céleste de la déesse Ana, mère, épouse et fille du Dagda. Profondément enracinée dans la conscience des Celtes d’Irlande, la déesse a été christianisée en Sainte Brigitte. Les Celtes associaient le symbole de fécondité, représenté par la très ancienne Grande Déesse Mère, à la célébration de la fête qui marquait la renaissance de la nature dans le cycle des saisons.
Sous le nom d’Ana, dans l’inconscient des Bretons, elle aurait été associée culte de Sainte Anne, la grand-mère du Christ dont de nombreux lieux de culte ont été construits dans des endroits marécageux, ce qui indique sa proximité avec l’Autre Monde des Celtes.
L’Église chrétienne est restée très discrète sur cette fête, dans la transcription effectuée par les moines copistes. Par défaut, ce silence nous donne une bonne indication sur l’importance que lui accordaient les Celtes avant l’avènement du christianisme. La différence entre les mythes celtes se rapportant à la Grande déesse mère et à la naissance du monde, sur une spirale du temps qui n’a pas de commencement, et le dogme chrétien de la Création ne semble pas étrangère à cette discrétion.
Les moines copistes qui transcrivirent les récits de la tradition orale des Celtes, n’ont pas relevé cet aspect lié à l’émergence du monde. Les textes ne retiennent qu’une signification lustrale par des ablutions destinées à évacuer les souillures de l’hiver et une explication pastorale par la lactation des brebis. Cette interprétation n’est cependant pas anodine. La lactation des brebis qui annonce l’agnelage jette un pont vers la tradition christique dont l’agneau est un symbole christologique fort, comme le sont le poisson et la colombe.
Imbolc, dans sa dénomination bretonne Goulou-deiz, désigne la lumière du nouveau soleil. La fête célèbre toujours une nouvelle naissance, un nouvel élan de vie avec la montée de sève dans une nature fertile et nourricière. C’est une fête joyeuse propice aux rencontres et à l’amour, ainsi que le montrent encore les festivités du Carnaval et de la Saint-Valentin.
Le calendrier breton a conservé une trace discrète de la Grande Déesse. Le 31 janvier est le jour de la Ste Morwenna, la mer blanche, la mer sacrée dont la libération a précédé la naissance du monde. Le 1er février est le jour de Sainte Berc’hed, Brigitte, l’un des noms de la Grande Déesse.
La nuit du 31 janvier au 1er février était nommée Noz ar Wrac’h, la nuit de la vieille femme stérile de l’hiver qui, à l’aube, se transformait en jeune femme fertile pour présider à une nouvelle naissance de la nature.
Le 2 février est célébrée Ar Goulou, la lumière du jeune soleil.
Dans la tradition d’Irlande, cette fête est placée sous le signe du trèfle (les trois feuilles du trèfle sont un rappel de l’idéologie tripartie des Indo-européens et de la trinité dans sa traduction chrétienne).
Le chêne était l’arbre symbole consacré à la Grande Déesse, qui marquait l’équinoxe du printemps.
Le chêne, dont le nom provient d’une racine indo-européenne Diwos, qui signifie « briller », est associé à la nouvelle lumière. Le chêne symbolise l’axe vertical reliant le monde souterrain des forces génératrices de vie, au monde céleste dispensateur de lumière. Le chêne, réputé être l’arbre sacré des druides, était aussi l’arbre consacré à Zeus chez les Grecs et à Jupiter chez les Romains. Le chêne était également honoré par les Germains et les anciens Baltes, tous héritiers d’une tradition indo-européenne commune.
Le chêne représente l’Arbre cosmique, qui soutient et traverse les trois mondes, inférieur, médian et supérieur, autour duquel se développent les spirales du temps des dieux et du temps des humains. Il est comparable à Yggdrasil, l’arbre sacré des Scandinaves. Cet arbre était un frêne nourri par trois racines, dont chacune puisait dans l’un des trois mondes de l’idéologie indo européenne. L’impression de robustesse et de force qui en émane symbolise la stabilité du cosmos.
L’arbre « Axe de Monde » semble bien perpétuer un mythe indo-européen.
Le saule, arbre des endroits humides, est associé à Imbolc, généralement célébré près d’une source ou au bord de l’eau.
Le taureau, animal lunaire associé au printemps, symbolise les puissances génératrices de la vie physique. Dans les textes mythologiques irlandais, la consommation de la viande de taureau permettait d’établir un contact avec l’Autre Monde.
Dans la tradition d’Irlande la vache, symbole d’abondance, est associée à Brigitt, comme la vache blanche à la Boand.
En Inde, la vache fait toujours l’objet d’une attention particulière.
En Irlande, le sanglier, animal consacré à Lug dans son aspect de lumière spirituelle, souligne la vocation de la période sombre de l’année, propice à la réflexion intérieure.
Le sanglier était parfois désigné par le mot ner, un ancien mot d’origine indo-européenne, que l’on retrouve sous la forme nar en sanskrit et en vieil iranien. En breton moderne, il exprime la notion de force et de vigueur dans le mot nerzh. L’association du sanglier à la lumière spirituelle, désigne l’animal comme le symbole des druides investis d’une réputation de sagesse.
En Bretagne, Heven (Samain) au début de novembre et Emwalc’h (Imbolc) au début de février, marquent les limites de la période la plus sombre de l’année. Période d’inactivité pour les anciens, elle était la période la plus propice à la spiritualité, dans une intimité avec le souvenir des défunts.
Samain et Imbolc sont des périodes favorables à une réflexion sur la mort, l’autre face de la vie. Il n’est cependant pas exact d’envisager un culte des morts qui ferait partie de la culture des Bretons. Ces derniers ont le culte de la vie, dans lequel le souvenir des proches disparus trouve une place importante.
La période qui va de Samain à Imbolc est la période du combat individuel contre les forces hostiles de l’hiver, contre le côté sombre de la personnalité. Cet aspect est souligné dans un passage du Tàin Bò Cùalnge, « La rafle des vaches de Cooley » :
- Du lundi avant Samain au mercredi après Imbolc, Cuchulain a combattu sans dormir pendant les trois mois les plus sombres de l’année. Souffrant de nombreuses blessures et perclus de fatigue, il est secouru par Lug, le lumineux dieu solaire polytechnicien, qui l’endort pendant trois jours et le soigne par des plantes. Lug se présente à Cuchulain en disant : Je suis ton père des Sìd, Lug, fils d’Ethliu.
Dans ce récit, le combat de Cuchulain se passe sur le gué, entre les deux rives de l’année, dans l’eau froide de l’hiver.
Imbolc correspond à l’aurore laiteuse que se disputent le ciel diurne et le ciel nocturne, chez les descendants des indo-européens, sur un vaste territoire qui va de l’Inde à l’extrême Ouest européen.
C’est le retour vers la lumière, la vache blanche convoitée par le héros des textes traditionnels celtiques, dans sa conquête de l’année. Cette fête représente la résurgence de la vie, un nouveau cycle, l’espoir.
L’année, commencée par la nuit de Samain, laisse percer à Imbolc, l’aurore qui porte en germe la nouvelle saison « claire » et annonce pour Belteine une reprise des activités laborieuses et bénéfiques.
C’est dans un lieu marécageux que l’aurore rouge a été emprisonnée à Samain, c’est également dans un lieu humide que l’aube laiteuse est délivrée à Imbolc.
La cérémonie fait appel au symbolisme de lustration, de purification (ablutions des pieds, des mains et du visage). La lumière du feu, ainsi que l’eau des sources et des rivières sont les éléments principaux associés à la fête d’Imbolc. Sources et cours d’eau, issus de l’union du ciel et de la terre, sont célébrés pour leurs actions dispensatrices de vie et de richesses. Imbolc est une fête joyeuse, un nouveau réveil à la vie, une nouvelle naissance.
La surface de l’eau symbolise l’interface avec l’Autre Monde.
Dans la tradition brahmanique, le quatorzième jour de la moitié sombre de la lune du quatrième mois de l’année, correspond à la fin de notre mois de février.
Ce jour-là, les Brahmanes se baignent pour se laver de leurs manquements au dharma, le code de conduite qui gouverne et règle chaque sphère d’existence de l’humain sur terre.
En 345, le pape Libère avait fixé la date de la naissance du Christ au 25 décembre, jour du solstice d’hiver dans le calendrier julien. Il avait choisi cette date de façon à intégrer les fêtes païennes qui se déroulaient autour du solstice d’hiver.
Le solstice d’hiver, point le plus bas de la course du soleil pour l’hémisphère Nord, marquait dans la tradition celtique la fin du déclin du vieux roi de l’année et l’avènement de son successeur. La naissance de Jésus ne pouvait être mieux placée pour se substituer à la vieille tradition des Celtes et des peuples issus du tronc commun indo-européen.
Dans une logique identique au calendrier des fêtes celtiques, pour lequel la période de trois quinzaines est importante, c’est le 2 février qu’est célébrée la fête chrétienne de la Chandeleur et la présentation de Jésus au Temple. Dans la religion chrétienne, Jésus est la nouvelle lumière spirituelle. La crêpe de la Chandeleur, par sa forme et sa couleur, serait une allusion au soleil.
Le 2 février est également le jour de la « purification » de la Vierge Marie après la naissance de l’enfant divin. Selon la Loi juive, une mère qui accouchait d’un garçon était considérée impure pendant sept jours. Elle devait ensuite attendre trente-trois jours pour que son sang soit purifié. Dans la tradition chrétienne, la purification de la Vierge intervient ainsi quarante jours après la naissance de Jésus. La nécessité d’une « purification » est surprenante, concernant Marie, la Vierge de l’immaculée conception qui donna naissance au fils de Dieu.
Le 2 février est fêtée sainte Brigide, la patronne de l’Irlande christianisée. Sainte Brigide était la mère abbesse, fondatrice de l’abbaye de Kildare.
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Dans L'Oracle de la sagesse gauloise (Éditions Le Courrier du Livre, 2021) écrit par Caroline Duban et illustré par Lawrence Rasson, une carte est dédiée à Imbolc :
IMBOLC
La fin de l'hiver
Parmi les fêtes celtiques connues, Imbolc marque l'éveil de la nature et la fin des frimas de l'hiver. Le calendrier gaulois de Coligny (IIe siècle) ne mentionne que les trois nuits de Samain, le reste étant manquant ou en trop mauvais état pour retrouver la trace des trois autres célébrations païennes. C'est donc aux textes irlandais médiévaux, retranscrivant des tradtitions antérieures, qu'il faut se référer, ainsi qu'aux assemblées modernes et contemporaines qui perpétuent et adaptent les traditions. Imbolc est associée à la déesse Brigid, Brigantia pour les Gaulois, qui préside aux arts, à la médecine et à la guerre. Elle est la patronne des poètes, des guérisseurs et des forgerons. Puissance qui traverse les tréfonds de la terre pour percer les derniers gels, Brigantia surgit et réchauffe les racines des arbres et des plantes, le terreau fertile des champs, les terriers où hibernent les bêtes, celles qui hivernent, ainsi que les créatures à sang froid plongée en brumation. Elle réactive un cycle mis en sommeil et avive la montée de sève des arbres. Les perce-neige indiquent l'arrivée des beaux jours, tandis que les bouleaux se gorgent d'un suc comestible précieux. Brigantia est aussi synonyme de fertilité et d'abondance.
Imbolc est comparée aux lupercales romaines, équivalent de notre Mardi gras actuel, pendant lesquelles on célébrait la fertilité retrouvée à travers le sacrifice d'un bouc au sein de la grotte du Lupercal, destiné au dieu Faunus, gardien des troupeaux. Les Luperques, jeunes hommes présents au côté du prêtre officiant au moent du sacrifice, étaient vêtus d'un pagne en peau de bouc. De l'animal on retirait des lanières de cuir avec lesquelles les Luperques, parcourant les rues de Rome, devaient fouetter les femmes qu'ils croisaient sur leur chemin pour les rendre fécondes. Aujourd'hui nous célébrons la Chandeleur, c'est-à-dire la Purification, qui honore la lumière des chandelles, lueur rassurante au milieu des ténèbres dont le voile se lève à mesure que l'hiver prend fin. La fête de la Purification peut être un indice sur une étymologie du vieil irlandais (utilisé entre les VIe et Xe siècles) imb-fholc, « se laver », potentiellement en lien avec un acte de purification par ablution.
Pendant Imbolc, il est de coutume - au moins depuis le XVIIe siècle - de réaliser des croix de sainte Brigitte, sainte qui a remplacé l'ancienne déesse après la christianisation des terres irlandaises à partir du Ve siècle. Les croix consistent en une section de quatre branches autour d'un nœud central. Le nombre de brins rassemblés pour former les branches est variable, mais l'objet est volontiers suspendu dans les foyers et les écuries pour protéger les lieux et ses habitants jusqu'à la prochaine fête d'Imbolc. La forme si particulière de ces croix n'est pas sans rappeler le svastika protecteur dont la culture est mondiale. Son nom change en fonction des pays, y compris en France : on parle de tétrascèle ou de hevoud en Bretagne, et de lauburu au Pays Basque. Chacun de ces symboles est solaire, rayonnant depuis un point central pur se diffuser vers l'extérieur en spirale. La croix de Brigid, le hevoud et le lauburu sont en parallèle avec la roue solaire de Taranis. Cycle, régénération, mouvement perpétuel... plusieurs concepts sont attachés à ces formes intemporelles qui n'ont pas de frontières.
Imbolc semblait coïncider avec le lever héliaque de l'étoile Capella de la constellation du Cocher (considérant que le ciel antique n'avait pas les mêmes dispositions qu'aujourd'hui). Sur la lame, l'esprit d'mbolc est encadré par deux loups blancs, quasiment fantomatiques. En langue gauloise, cuno- est utilisé à la fois pour désigner le chien domestique et le loup sauvage. L'esprit pose délicatement ses mains sur la nuque de ces deux loups, à la fois paisibles et sauvages, comme pour apprivoiser la nature indomptable et apaiser sa faim creusée par le gel.
Interprétation : Si vous vous questionnez sur une date, la période qui vous intéresse devrait se trouver entre janvier et mars.
Si votre consultation porte sur un tout autre domaine, la carte d'Imbolc signifie le réveil des forces, la fin d'un moment de stagnation, un regain d'énergie. Vous avez peut-être traversé un petit désert sentimental, ou un isolement psychologique qui vous aura donné la sensation d'un vide d'inspiration, de nouveauté, de découverte ou de rencontres. Ce moment est sur le point de prendre fin et laissera bientôt place à une émulation stimulante. Quelque chose ou quelqu'un vous offrira cette ouverture tant attendue. C'est un événement à savourer car il sera aussi délicieux que ce qui s'annoncera prochainement. Il y a également une conscience de basculement entre deux épisodes, qui contribue à l'évolution que vous vous apprêtez à expérimenter. Vous aurez l'occasion d'assimiler pleinement tous les enseignements de cette transformation, et pourrez de temps en temps vous retourner pour vous rendre compte du chemin parcouru. Ce moment de flottement deviendra alors un point de repère vous permettant de profiter de ce que vous serez devenu. Le domaine concerné dépendra de la forme de votre interrogation au moment du tirage. Il est conseillé de combiner une autre carte à Imbolc pour avoir d'autres détails sur la forme de cette transformation.
Il peut s'agir d'une réponse que vous attendez depuis un moment, que vous aviez presque oubliée, ou sur laquelle vous ne comptiez plus. Un long silence est brisé qui vous donnera l'occasion d'échanges constructifs ; une réconciliation, une explication, une réponse à une demande, la proposition d'un contrat ou un entretien d'embauche sont autant de possibilités.
Si vous vous interrogez sur une question de santé physique ou mentale, la montée de sève, le vase d'abondance de Brigantia, sa lance fertile vous indiquent une nette amélioration qui devrait durer, car le réveil des forces de la nature ne se fait pas brutalement, mais progressivement. C'est pourquoi les loups, malgré leur puissance et leur état sauvage, demeurent impassibles, à l'écoute de l'esprit de la nature à cette période. Les forces naturelles croissent depuis le cœur de l'être pour rayonner largement, comme elles figurent sur la croix de Brigid.
Enfin, la fertilité encourage aussi vos projets de toute sorte. Si vous avez une idée, elle germera et prendra un tournant très favorable si vous l'entretenez. N'oubliez pas que le geste de plantation n'est que le premier, et qu'il vous faudra irriguer, tailler, peut-être rempoter, et renforcer par des nutriments complémentaires ce petit arbuste pour qu'il devienne grand. L'image est métaphorique, bien sûr, mais vous pouvez appliquer ces comparaisons à tous les domaines de la vie. La fertilité peut aussi bien toucher une véritable grossesse qu'un concept, une entreprise ou une idée. C'est un moment idéal pour planter cette idée, pour concevoir votre enfant, pour mettre en place tout ce qui fera naître votre projet... Il ne faudra pas vous endormir sur vos lauriers une fois la mise en route effectuée, car la viabilité de cette entreprise, quelle qu'elle soit, dépendra également des traitements et des bons soins appliqués après ce premier pas. S'il s'agit d'un bébé, le suivi médical, le soutien moral, l'alimentation, l'arrêt du tabac ou de toute mauvaise habitude, contribueront à la bonne santé de la mère et de l'enfant ; s'il est question d'un projet professionnel, d'une entreprise, d'une association ou d'un emploi, votre engagement et votre sérieux seront nécessaires pour vous maintenir dans cette belle aventure.
Soyez à jamais le jardinier de votre avenir.
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Rituels :
Dans La Magie des Plantes, Douze mois avec la Sagesse des Plantes (Édition originale, 2017 ; Éditions Danaé, 2017), Sarah Kynes propose des rituels liés aux différents sabbats :
Février : La nuit de l'année approche de son terme, mais le mois de février apporte parfois le temps le plus rigoureux de l'hiver. Cependant, la promesse du printemps commence à se faire sentir quand la neige, en fondant, laisse apparaître l'herbe verte. Les graines endormies dans le sein de Gaïa commencent doucement à revenir à la surface pour sortir au soleil. Ce mois porte le nom d'un ancien rituel de purification, februum, qui avait lieu en son milieu.
2 février : Imbolc
A Imbolc, nous sommes à mi-chemin entre le solstice d'hiver et l'équinoxe de printemps. Les jours se font nettement plus longs. Ce sabbat est une fête du réveil de la terre. C'est aussi un moment pour se purifier et chasser de notre vie des choses indésirables. Comme le monde commence à s'éveiller du sommeil de l'hiver, il est temps de laisser aller le passé et d'avancer dans l'espoir et le dynamisme.
Si vous avez planté un bulbe d'amaryllis le jour du Nouvel An, mettez-le sur votre autel d'Imbolc pour éveiller symboliquement l'énergie de la vie. Plus tard durant le mois, quand l'amaryllis aura fleuri, remettez-le sur votre autel pour vous en servir dans des sorts d'amour ou de la magie sexuelle. Une amaryllis rouge est particulièrement efficace pour ces objectifs.
La croix de Brigid est un symbole fondamental de ce sabbat. C'est un ancien motif en tourbillon, qui stimule symboliquement l'énergie de la vie pour qu'elle commence un nouveau cycle. La paille ramassée en automne convient très bien pour faire cette croix. Le plus souvent la paille achetée en jardinerie vient de céréales comme l'orge et le blé, associés à Déméter. L'emploi de paille à Imbolc symbolise l'esprit et la promesse d'avenir, car elle annonce l'histoire de Déméter et de Perséphone à Ostara.
Faites tremper la paille pendant une nuit pour l'assouplir afin de pouvoir la plier sans la casser. Pour faire une croix de Brigid, courbez deux morceaux de paille, passez une boucle dans l'autre, puis mettez-les à un angle de 90° l'une par rapport à l'autre. Prenez un autre morceau de paille et pliez-le en deux autour du morceau vertical, de sorte que les trois morceaux forment une sorte de « T » un peu excentré. Faites de même avec un quatrième morceau, le pliant autour du troisième morceau à un angle de 90°. Ces morceaux forment le centre de la croix. Ajoutez ensuite un ou deux morceaux de paille de plus de chaque côté de la croix.
Pour finir, posez la croix sur une surface plane et mettez dessus quelque chose d'assez lourd pour faire tenir le centre. Coupez chaque bras à la même longueur, puis attachez un morceau de ficelle au bout de chaque bras pour les maintenir ensemble. Quand la paille est sèche, ajoutez un morceau plus long de ficelle pour la suspendre, ou posez-la simplement sur votre autel.
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Sharlyn Hidalgo, autrice de Rites de magie celtique, Les Cérémonies des treize lunes et de Samhain (Éditions Danaé, 2020) décrit le déroulement d'une cérémonie néo-druidique liée au Solstice d'hiver :
Cérémonie d'Imbolc
1er février
Imbolc est la première des quatre fêtes de la lune. Elle est célébrée six semaines après le solstice d'hiver et six semaines avant l'équinoxe de printemps. Il s'agit d'une fête du feu qui célèbre le retour du soleil. Le fait d'allumer des bougies et des feux de joie amène de la lumière et de la chaleur dans l'obscurité et le froid. Ces flammes représentent l'étincelle de la vie nouvelle qui éclot des graines plantées dans le sol. Imbolc est représenté par la lune croissante et la Déesse sous ses traits de jeune fille, en particulier Brigid, déesse de la Création. Nous célébrons la renaissance de notre feu sacré. Cette époque de l'année est propice à l'initiation, à la reconnexion à votre voie spirituelle, à de nouveaux projets créatifs et artistiques, ainsi qu'à de nouveaux objectifs, d'idées, entreprises et désirs.
Objectif : Célébrer Imbolc - ou Imbolg. Chandeleur, Brigantia.
Préparatifs : Remplissez un petit sac en tissu d'objets spirituels comme des plumes, des parures en argile pour la Déesse, un morceau de bois, des coquillages, des perles, une statue miniature. Ces objets seront utilisés pour lire les oracles. Préparez la lecture « Je suis un être puissant et sage » afin que tous les participants en aient une copie.
Accueil et remerciements : Bienvenue à notre cérémonie d'Imbolc. Présentez-vous et faites le tour du cercle en demandant à chaque participant d'indiquer son nom et la raison pour laquelle il s'est joint à vous. Demandez à vos invités de fermer les yeux et observez un moment de silence pour vous préparer à la cérémonie.
Invocation des points cardinaux :
Nous sommes l'est et l'air. Nous sommes la lumière qui grandit.
Nous sommes la graine qui éclot.
Nous sommes des penseurs pleins d'innovation et d'imagination.
Nous sommes le sud et le feu. Nous sommes inspirés.
Nous sommes passionnés. Nous sommes la flamme et la chaleur.
Nous sommes des créateurs pleins de lumière et de génie.
Nous sommes l'ouest et l'eau. Nous sommes la fluidité.
Nous revendiquons nos larmes.
Nous sommes pleins de compassion.
Nous sommes des nageurs
dans les eaux du renouveau et de la renaissance.
Nous sommes le nord et la terre. Nous sommes le sol.
Nous sommes forts. Nous sommes ancrés.
Nous sommes des bâtisseurs qui manifestent leurs rêves
sur le plan physique.
Nous sommes le firmament. Nous sommes le ciel.
Nous sommes des rêveurs et des visionnaires.
Nous sommes expansifs. Nous sommes magnifiques.
Nous sommes les dieux et les déesses qui créent le paradis
ici sur Terre.
Nous sommes la terr. Nous sommes frères et sœurs.
Nous sommes les gardiens. Nous sommes des protecteurs.
Nous sommes des adorateurs. Nous sommes les guérisseurs
qui transmettent leur pouvoir de guérison par leur existence.
Nous sommes le centre. Nous sommes des esprits.
Nous sommes le portail vers les mystères.
Nous sommes le passé, le présent et le futur.
Nous sommes tout ce qui est, était et sera.
Ains soit-il.
Enseignements : Imbolc marque le jour où les températures hivernales recommencent à grimper Egalement appelée Imbolg ou Jour de Brigid, cette fête de la lune célèbre le feu de la sexualité et e la création de la Déesse et du féminin divin. Imbolc signifie littéralement « dans le ventre ». Cette célébration coïncide avec l'époque de l'année où les brebis prêtes à donner naissance aux agneaux, ont une montée de lait. Le sacré réside dans la magie de la graine stimulée à pousser vers la lumière. Ce qui est vrai pour la nature l'est également pour nous.
Brigid est la déesse celtique du Feu, de la Guérison, de la Purification et des Forgerons. Elle est associe au saule et célèbre l'art de la collaboration, la coopération et le travail collectif. Les abeilles et la colombe sont ses guides. Elle représente l'initiation et le point de vue féminin qui prône la paix.
D'autres déesses sont célébrées à cette époque de l'année comme Vesta (Grèce), prêtresse gardienne de la flamme éternelle, déesse de notre feu intérieur et extérieur. Vesta continue à faire brûler le feu qui est en nous. Parmi les autres déesses, nous honorons également Junon (Rome). A l'origine, cette époque de l'année marquait la célébration de l'ardeur sexuelle de Junon. Les premières cartes de la Saint-Valentin étaient des mots licencieux que s'échangeaient les jeunes gens de la Rome païenne. Ces échanges étaient considérés comme normaux et amusants. Cette fête consacrait également Hathor (Égypte), déesse de l'Amour, de la Passion et de la Sexualité.
Plus tard l'Église a renommé cette fête Chandeleur, fête de purification de la Vierge. Les Pères de l'Église ont tenté de remplacer les cartes de la Saint-Valentin par des textes scripturaires et ont même inventé un Valentin qui n'était autre qu'un évêque célibataire. Cette fête était également l'occasion de s'adonner aux prémonitions. Le Jour de la marmotte permettait de faire des prévisions météorologiques. Dans l'ancien temps, s'il faisait doux ce jour-là, l'hiver continuait ; s'il pleuvait, l'hiver disparaissait. Les oiseaux, épluchures de pomme, feuilles de thé, étaient utilisés pour les présages.
Aujourd'hui, cette fête est l'occasion de se réunir et de soutenir les projets créatifs de chacun. Nous dépendons de la communauté. Imbolc est représenté par la lune croissante. Nous nous libérons du passé pour nous consacrer à de nouveaux projets, désirs, espoirs et souhaits. C'est à cette époque de l'année que nous fêtons et invoquons l'étincelle créative qui est en nous. Nous honorons les neuf muses et célébrons leurs bienfaits. Nous écrivons des poèmes et des incantations, chantons, dansons, pratiquons les arts divinatoires et espérons la guérison. C'est un moment de dévouement et d'initiation dans l'espoir de connaître une profonde transformation intérieure. Nous demandons l'inspiration pour un projet créatif. Nous nous reconnectons à la Source et à notre voie, notre nature et notre enveloppe spirituelles. Nous allons de l'avant pour réaliser pleinement notre potentiel divin.
Chants : choisissez des chants qui honorent la Déesse sous ses traits de jeune fille ou consultez l'annexe B si vous avez besoin d'idées.
Incantation :
Que nous enseigne Imbolc ? La graine éclot.
L'espoir renaît avec la lumière.
Regardez ! Brigid est notre muse.
Elle embrase la flamme de notre lumière intérieure.
Nous sollicitons son feu et l'étincelle de l'inspiration.
Que nous enseigne Imbolc ? De créer.
Lecture : Lisez ce texte aux participants pendant qu'ils allument une bougie au centre de l'autel, puis demandez-leur de le lire chacun à voix haute :
J'entre en ce lieu le cœur ouvert et l'esprit clair.
J'accède à de nouveaux royaumes de créativité, d'expression personnelle et d'imagination.
Je remercie mes sœurs, mes frères et notre communauté.
Ainsi soit-il !
Chants : Jouez du tambour ensemble pour harmoniser l'énergie. Choisissez des chants qui reflètent notre connexion à la Terre et invitent au renouveau du printemps.
Lecture : Nous invoquons Brigid, dame de la lune croissante argentée naviguant sur les eaux de notre devenir. Nous honorons son feu et l'étincelle créative qu'elle nous offre pour que nous puissions prendre un nouveau départ. Elle st la Triple Déesse celtique de la Créativité, la gardienne de la flamme de l'inspiration de l'imagination et de la guérison. Elle est notre muse sacrée et bien aimée. Elle nous stimule à peindre, rédiger des poèmes, faire de la musique, écrire, forger et pratiquer les arts de la guérison. Nous demandons à Brigid d'honorer notre cérémonie de sa présence ce soir, de nous donner des idées et de nous rendre inventifs. Qu'elle nous guide vers la transformation, elle qui guérit les malades par sa magie et nous offre l'étincelle de l'inspiration qui enflamme nos âmes. Nous voulons empreindre notre vie de sa passion et de sa joie Aide-nous, ô muse, à grandir et faire preuve de clairvoyance. Nous voulons créer de la beauté et de la paix en ton nom. Nous voulons soulager le monde. Aide-nous à rester connectés et défends les projets que tu fais pour nous. Bénie sois-tu !
Méditation silencieuse : Éteignez la lumière, à l'exception des bougies. Passez de la musique douce qui invite au rêve. Pendant ce temps, demandez aux participants d'observer un moment de silence et d'invoquer les messages de Brigid.
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Cérémonies :
2015 : Rendez-vous dans la caverne habituelle pour célébrer dignement la fête de la montée de la sève qui annonce le renouveau du printemps.
Un coup de tonnerre unique pour donner le la, la neige ensuite et la joie du printemps qui monte dans nos jambes et nous fait danser au son du tambour...
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2017 : Après avoir préparé la roue en l'honneur de Bride avec trois cercles concentriques, nous sommes allées à la rencontre des Esprits de la Nature pour leur demander de stimuler notre créativité...
Pour ma part, j'ai découvert un chemin que je n'avais encore jamais emprunté, un sentier qui grimpe dans la falaise et qui, à ma grande surprise, m'a fait découvrir une porte étrange dans la montagne, exactement à l'aplomb de notre grotte cérémonielle. Je n'ai pas voulu prendre le risque de trop m'en approcher car la pente était au moins à 100% (!) et le sol friable et glissant. En tous cas, j'ai trouvé dans la foulée le corps de l'orante avec ses deux bras levés vers la Déesse.
Et le résultat de nos voyages respectifs : tout simplement magique !
Merci aussi au hibou qui a par trois fois agréé notre cérémonie de guérison par le feu et merci à la salamandre verte qui a mis du temps à s'installer mais nous a ensuite honoré de sa présence étrange et fascinante.
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