Croyances populaires :
Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses: qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :
FEU DE LA SAINT-JEAN.- En 1634, l'ignorance, la superstition et l'idolâtrie exerçaient encore tellement leur empire à Quimper, en Bretagne, que les habitants mettaient des sièges auprès des feux de joie de la Saint-Jean, pour que leurs parents morts pussent s'y chauffer à leur aise. La veille de cette fête, en plusieurs endroits de la Basse-Bretagne, on permettait au peuple de danser une partie de la nuit dans les chapelles.
On réserve, en Bretagne, un tison du feu de la Saint-Jean pour se préserver du tonnerre. Les filles, pour être sûres de se marier dans l'année, sont obligées de danser autour de neuf feux de joie dans cette même nuit ce qui n'est pas difficile ; car ces feux sont tellement multipliés dans la campagne, qu'elle paraît illuminée. On conserve ailleurs la même opinion, qu'il faut garder des tisons du feu de la Saint-Jean comme d'excellents préservatifs qui, de plus, portent bonheur. Enfin c'est dans la nuit de la Saint-Jean qu'on guérissait miraculeusement les épileptiques, à Saint-Maur-des-Fossés.
A Paris, autrefois, on jetait deux douzaines de petits chats (emblêmes du diable) dans le feu de lạ Saint-Jean, parce qu'on était persuadé que les sorciers faisaient leur grand sabbat cette nuit-là. On disait aussi que la nuit de la Saint-Jean était la plus propre aux maléfices, et qu'il fallait recueillir cette nuit-là toutes les herbes dont on avait besoin pour les sortilèges.
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Symbolisme :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
FEUX DE LA SAINT-JEAN. L'origine de ces feux remonte à la plus haute antiquité. Dans le même mois où nous les allumons, c'est-à-dire en juin, les Grecs célébraient, en l'honneur de Diane, une fête qu'ils appelaient les Lophries, et, le jour du solstice. on incendiait un bûcher sur lequel étaient placés, comme offrande, des fruits et des animaux. Selon Gébelin, cette coutume d'allumer des bûchers à l'époque du solstice, aurait succédé aux feux sacrés qu'on embrasait alors à minuit chez les Orientaux, qui figuraient par cette flamme le renouvellement de l'année, et rendaient en même temps un culte au soleil. Ces feux de joie étaient accompagnés de vœux et de sacrifices pour la prospérité des peuples et des biens de la terre. On dansait autour, et les plus agiles sautaient par-dessus. En se retirant, chacun emportait un tison plus ou moins grand, et le reste était jeté au vent, pour qu'il emportât tous les malheurs comme il emportait les cendres. Plusieurs siècles après, lorsque le solstice ne fit plus l'ouverture de l'année, on continua néanmoins l'usage des feux à la même époque, par suite de l'habitude et des idées qu'on y avait attachées. Les Russes célébraient aussi, dans les temps reculés, une fête en l'honneur de Rupal, déesse des fruits, et elle avait lieu le 24 juin, c'est-à-dire avant la récolte du blé. On l'inaugurait par des feux de joie, et, aujourd'hui encore, les habitants de cette contrée donnent le nom de Rupal-Nisa, à la bienheureuse Agrippine, dont ils célèbrent la fête le jour de notre Saint-Jean. En France, la coutume des feux, au solstice, a été et est toujours générale dans les provinces.
Autrefois, à Paris, le roi assistait à la cérémonie du feu de la Saint-Jean, qui avait lieu sur la place de Grève, et cet usage remontait au moins au règne de Louis XI. On plantait, au milieu de la place, un mât de vingt mètres de hauteur, hérissé de traverses de bois auxquelles on attachait un nombre considérable de bourrées, de cotrets et de pièces d'artifices ; puis on amoncelait au pied du gros bois et de la paille. On avait aussi la coutume barbare de suspendre au mât un grand panier qui contenait des chats et des renards destinés à être brûlés vifs, mais qui, avant d'être atteints par la mort, poussaient des cris horribles. Quand le feu avait tout consumé, le roi montait à l'hôtel-de-ville, où on lui servait une collation. Les Bretons conservent avec soin un tison du feu de la Saint-Jean, qu'ils placent près de leur lit entre une branche de buis bénit le dimanche des Rameaux et un morceau de gâteau des Rois. Ces objets réunis doivent les préserver du tonnerre. La couronne de fleurs qui surmonte le bûcher est aussi un trésor qui excité la convoitise ; car elle est une sorte de talisman contre les souffrances physiques et morales. Les jeunes filles portent même les fleurs fanées de cette couronne suspendues sur leur poitrine par un fil de laine rouge. Celles qui désirent se marier dans l'année ont le soin aussi de se mettre en danse, dans une même nuit, autour de neuf bûchers de la Saint-Jean.
Dans le département de la Dordogne , chaque habitant fournit pour le feu son contingent de fagots et de sarments ; on couvre le bûcher de fleurs et principalement de roses et de lis ; on l'allume avec pompe en présence des autorités civiles et religieuses ; et lorsqu'il est éteint, on recueille précieusement les cendres, les charbons et les petits tisons, car tous ces débris doivent préserver de la foudre et de mille autres accidents.
Dans celles des communes de la Provence qui avoisinent les montagnes, les habitants se rendent sur celles- ci le jour de la Saint-Jean, avant le lever du soleil, pour assister à son apparition sur l'horizon, laquelle est accueillie par des cris de joie et le son des cornets et des cloches, mises en branle de toutes parts. Mais dans l'intervalle qui s'écoule entre l'aube et le lever de l'astre, les pèlerins ramassent des plantes aromatiques qu'ils introduisent à leur retour dans des flacons d'huile d'olive. Ils appellent cette infusion oli-rongé, et la considèrent comme un spécifique pour diverses maladies et surtout les blessures. La journée se termine par des feux autour desquels on danse la falandoule.
A la Ciotat, dans la même province , un coup de canon donne le signal pour allumer le feu, et pendant qu'il élève ses flammes dans l'air, les jeunes gens se jettent à la mer pour s'y asperger réciproquement, ce qui figure pour eux le baptême du Jourdain. A Vitrolles, les habitants vont prendre, dans la même circonstance, un bain qui doit les préserver de la fièvre pendant toute l'année ; et, aux Saintes-Maries, ce sont les chevaux que l'on oblige à prendre ce bain, attendu qu'ils ne peuvent alors être atteints par la gale.
Dans le département de la Vienne, la veille de la Saint-Jean, et après le coucher du soleil, chacun porte son fagot sur la place ; on forme du tout une pyramide, et le doyen d'âge y met le feu. Dès que la flamme s'élève en pétillant, et avant de se mettre à danser, on fait passer dans cette flamme un gros bouquet de bouillon blanc et de branches de noyer, lequel bouquet est destiné à être placé, le lendemain avant l'aurore, sur la porte de la principale étable, comme préservatif des maladies et des sortilèges.
A Brest, vers le soir, Emile Souvestre dans ses Derniers Bretons , trois à quatre mille personnes accourent sur les glacis . Enfants, ouvriers, matelots, tous portent à la main une torche de goudron enflammée, à laquelle ils impriment un mouvement rapide de rotation. Au milieu des ténèbres de la nuit, on aperçoit des milliers de lumières agitées par des mains invisibles, qui courent en sautillant, tournent en cercle, scintillent et décrivent dans l'air mille capricieuses arabesques de feu. En Poitou, on entoure d'un bourrelet de paille une roue de charrette ; on allume le bourrelet avec un cierge bénit, puis l'on promène la roue enflammée à travers les campagnes, qu'elle fertilise, si l'on en croit les gens du pays. En Allemagne, des usages du même genre constatent la liaison qui existe entre le feux de la Saint-Jean et l'ancien culte du soleil. »
Le même auteur décrit ainsi les feux de la Saint-Jean en Bretagne : « Vers le soir, on aperçoit sur quelque rocher, au haut de quelque montagne, un de ces feux qui brille tout à coup, puis un second apparaît, puis un troisième, puis cent feux, mille feux ! devant, derrière, à l'horizon, partout ! La terre semble refléter le ciel et avoir autant d'étoiles. De loin on entend une rumeur confuse, joyeuse, et je ne sais quelle étrange musique, mélangée de sons métalliques et de vibrations d'harmonie qu'obtiennent des enfants en caressant du doigt un jonc dont les bouts sont fixés aux parois opposées d'une bassine de cuivre. Cependant les conques des pâtres se répondent de vallée en vallée ; les voix des paysans chantant des noëls au pied des calvaires se font entendre ; les jeunes filles, parées de leurs habits de fête, accourent pour danser autour des feux de Saint-Jean, car on leur a dit que si elles en visitaient neuf avant minuit, elles se marieraient dans l'année. Les paysans conduisent leurs troupeaux pour les faire sauter par-dessus le brasier sacré, sûrs de les préserver ainsi de maladie ; les rondes se forment, et c'est alors un spectacle étrange pour le voyageur qui passe, que de voir ces longues chaînes d'ombres bondissantes tourner autour de ces mille feux en jetant des cris farouches et des appels lointains. Des sièges vides sont habituellement dis- posés autour de la flamme ; ils sont destinés aux âmes des morts qui viennent s'y placer pour écouter les chants et contempler les danses. »
Nous avons parlé plus haut de la coutume qu'avaient les Parisiens de brûler tout vifs des animaux dans le feu de la Saint-Jean. Cette coutume était peut-être encore une tradition des anciens. On voit en effet que les Sabéens faisaient le même sacrifice à la lune, qu'ils vénéraient sous les noms de Beltha et de Baaltis ; et que les Grecs, dans la fête qu'ils consacraient à Diane et Apollon, et qui se célébrait dans le mois de Targélion, offraient aussi à ces divinités des holocaustes composés de prémices de fruits et d'animaux vivants, qu'on jetait sur un bûcher, auquel on mettait ensuite le feu pour consumer l'offrande.
HAILLE. C'est le nom qu'on donne, dans les Basses-Pyrénées, au feu de la Saint-Jean. Il est nécessaire de le franchir neuf fois, si l'on veut s'assurer une prospérité prochaine.
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Dans Symboles de la Science sacrée, (Éditions Gallimard, 1962) René Guénon explique le symbolisme des deux solstices :
XXXV. Les Portes solsticiales
Nous avons dit que les deux portes zodiacales, qui sont respectivement l’entrée et la sortie de la « caverne cosmique », et que certaines traditions désignent comme la « porte des hommes » et la « porte des dieux », doivent correspondre aux deux solstices ; il nous faut maintenant préciser que la première correspond au solstice d’été, c’est-à-dire au signe du Cancer, et la seconde au solstice d’hiver, c’est-à-dire au signe du Capricorne. Pour en comprendre la raison, il faut se référer à la division du cycle annuel en deux moitiés, l’une « ascendante » et l’autre « descendante » : la première est la période de la marche du soleil vers le nord (uttarâyana), allant du solstice d’hiver au solstice d’été ; la seconde est celle de la marche du soleil vers le sud (dakshinâyana), allant du solstice d’été au solstice d’hiver2. Dans la tradition hindoue, la phase « ascendante » est mise en rapport avec le dêva-yâna, et la phase « descendante » avec le pitri-yâna3, ce qui coïncide exactement avec les désignations des deux portes que nous venons de rappeler : la « porte des hommes » est celle qui donne accès au pitri-yâna, et la « porte des dieux » est celle qui donne accès au dêva-yâna ; elles doivent donc se situer respectivement au début des deux phases correspondantes, c’est-à-dire que la première doit bien être au solstice d’été et la seconde au solstice d'hiver. Seulement, dans ce cas, il s’agit proprement, non d’une entrée et d’une sortie, mais de deux sorties différentes : cela tient à ce que le point de vue est autre que celui qui se rapporte d’une façon spéciale au rôle initiatique de la caverne, tout en se conciliant d’ailleurs parfaitement avec celui-ci. En effet, la « caverne cosmique » est ici considérée comme le lieu de manifestation de l’être : après s’y être manifesté dans un certain état, tel que l’état humain par exemple, cet être, suivant le degré spirituel auquel il sera parvenu, en sortira par l’une ou l’autre des deux portes ; dans un cas, celui du pitri-yâna, il devra revenir à un autre état de manifestation, ce qui sera représenté naturellement par une rentrée dans la « caverne cosmique » ainsi envisagée ; au contraire, dans l’autre cas, celui du dêva-yâna, il n’y a plus de retour au monde manifesté. Ainsi, l’une des deux portes est à la fois une entrée et une sortie, tandis que l’autre est une sortie définitive ; mais, en ce qui concerne l’initiation, c’est précisément cette sortie définitive qui est le but final, de sorte que l’être, qui est entré par la « porte des hommes », doit, s’il a effectivement atteint ce but, sortir par la « porte des dieux ».
Nous avons expliqué précédemment que l’axe solsticial du Zodiaque, relativement vertical par rapport à l’axe équinoxial, doit être regardé comme la projection, dans le cycle solaire annuel, de l’axe polaire nord-sud ; suivant la correspondance du symbolisme temporel avec le symbolisme spatial des points cardinaux, le solstice d’hiver est en quelque sorte le pôle nord de l’année, et le solstice d’été son pôle sud, tandis que les deux équinoxes de printemps et d’automne correspondent de même respectivement à l’est et à l’ouest (1). Cependant, dans le symbolisme védique, la porte du dêva-loka est située au nord-est, et celle du pitri-loka au sud-ouest ; mais ceci doit être considéré seulement comme une indication plus explicite du sens suivant lequel s’effectue la marche du cycle annuel. En effet, conformément à la correspondance que nous venons de mentionner, la période « ascendante » se déroule en allant du nord à l’est, puis de l’est au sud ; de même, la période « descendante » se déroule en allant du sud à l’ouest, puis de l’ouest au nord (2) ; on pourrait donc dire, avec plus de précision encore, que la « porte des dieux » est située au nord et tournée vers l’est, qui est toujours regardé comme le côté de la lumière et de la vie, et que la « porte des hommes » est située au sud et tournée vers l’ouest, qui est pareillement regardé comme le côté de l’ombre et de la mort ; et ainsi sont exactement déterminées « les deux voies permanentes, l’une claire, l’autre obscure, du monde manifesté ; par l’une il n’est pas de retour (du non-manifesté au manifesté) ; par l’autre on revient en arrière (dans la manifestation) ».
Notes : 1) Dans la journée, la moitié ascendante est de minuit à midi, la moitié descendante de midi à minuit ; minuit correspond à l’hiver et au nord, midi à l’été et au sud ; le matin correspond au printemps et à l’est (côté du lever du soleil), le soir à l’automne et à l’ouest (côté du coucher du soleil). Ainsi, les phases du jour, comme celles du mois, mais à une échelle encore plus réduite, reproduisent analogiquement celles de l’année ; il en est de même, plus généralement, pour un cycle quelconque, qui, quelle que soit son étendue, se divise toujours naturellement suivant la même loi quaternaire. Suivant le symbolisme chrétien, la naissance de l’Avatâra a lieu non seulement au solstice d’hiver, mais aussi à minuit ; elle est donc ainsi doublement en correspondance avec la « porte des dieux ». D’autre part, suivant le symbolisme maçonnique, le travail initiatique s’accomplit « de midi à minuit », ce qui n’est pas moins exact si l’on considère ce travail comme une marche s’effectuant de la « porte des hommes » à la « porte des dieux » ; l’objection qu’on pourrait être tenté de faire en raison du caractère « descendant » de cette période se résout par une application du « sens inverse » de l’analogie, ainsi qu’on le verra plus loin.
2) Ceci est en relation directe avec la question du sens des « circumambulations » rituelles dans les différentes formes traditionnelles : suivant la modalité « solaire » du symbolisme, ce sens est celui que nous indiquons ici, et la « circumambulation » s’accomplit ainsi en ayant constamment à sa droite le centre autour duquel on tourne ; suivant la modalité « polaire », elle s’accomplit en sens inverse de celui-là, donc en ayant le centre à gauche. Le premier cas est celui de la pradakshinâ, telle qu’elle est en usage dans les traditions hindoue et thibétaine ; le second cas se rencontre notamment dans la tradition islamique ; il n’est peut-être pas sans intérêt de remarquer que le sens de ces « circumambulations », allant respectivement de gauche à droite et de droite à gauche, correspond également à la direction de l’écriture dans les langues sacrées de ces mêmes formes traditionnelles. – Dans la maçonnerie, sous sa forme actuelle, le sens des « circumambulations » est « solaire » ; mais il paraît avoir au contraire été « polaire » dans l’ancien rituel « opératif », selon lequel le « trône de Salomon » était d’ailleurs placé à l’occident et non à l’orient.
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Symbolisme celte :
Guy Le Nair, propose un vademecum qui fait le point sur les différents significations des fêtes celtes intitulé Les Fêtes celtes au XXIe siècle :
Solstices et équinoxes : Il n’existe pas d’éléments concrets qui permettraient d’affirmer que les Celtes étaient des adorateurs du soleil. Les constructions mégalithiques du Néolithique étaient édifiés pour honorer les défunts. Ces constructions étaient orientées dans l’axe des solstices. Si ce n’est l’hypothèse d’un éventuel culte solaire, il n’existe pas de données indiscutables permettant d’affirmer que les équinoxes donnaient lieu à des célébrations populaires chez les Celtes. Cependant, les solstices et équinoxes, en rapport avec le temps des dieux, marquent les moments forts des aventures des héros de la tradition des Celtes et leurs rapports avec les dieux, dans un cycle symbolique de conquête de l’année. Cet aspect de la tradition est bien décrit par Philippe Jouët, dans son livre « L’aurore celtique » paru en 1994 aux éditions du Porte-Glaive.
Les nombreuses coutumes populaires qui se trouvent encore dans le folklore de nombreux pays héritiers de l’idéologie tripartie indoeuropéenne laissent à penser que le soleil avait dans leurs traditions populaires une place importante, en rapport avec le cycle de la nature.
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Solstice d’été (Br. Ham nos – Gousav-hañv)
Panthéon celtique : le Dagda - Taranis – Sucellos - Epona - Dian Cecht (dieu médecin) –
Nuit des Fées et des esprits guérisseurs.
Le solstice d’été, entre la célébration de Belteine et de Lugnasad, est symbolisé par le feu, sous ses différentes formes :
Feu du ciel, il était représenté en Gaule par Taranis, dieu gaulois de la foudre, et par Sucellos, le bon frappeur, muni de son maillet. En Irlande, ce pouvoir était celui du Dagda, le dieu bon, représenté avec une massue. La foudre était la manifestation de la toute-puissance du dieu par son pouvoir créateur et destructeur.
Feu qui réchauffe la nature en pleine maturation, il était représenté par Bélénos, l’aspect chaleur du soleil, au moment où son action fécondante sur la Terre était la plus évidente. L’union du Ciel et de la Terre, au solstice d’été, était le moment propice aux rapprochements pour la formation de nouveaux couples.
Feu qui illumine la Terre et les esprits, il était représenté par Lug, aspect lumineux du soleil à l’apogée de sa course annuelle. Au solstice d’été, le feu purificateur et régénérateur représentait le prolongement igné de la lumière. Représenté par Lug, le feu symbolisait l’énergie, l’action et la spiritualité.
Le chêne, symbole de force, de longévité et de succession des cycles de vie était associé à Taranis. Le chêne, symbole de l’axe du monde, met le Ciel en communication avec la Terre. Symbole de sagesse et de hauteur de vue, il relie ce qui est en haut à ce qui est en bas.
Dans le combat solsticial entre le ciel diurne et le ciel nocturne, ce dernier cesse de perdre pied. Le lever et le coucher du soleil se font dans leurs directions les plus septentrionales.
Le soleil, associé au sud, est au plus haut de sa course, à l’apogée de son pouvoir, au maximum de sa chaleur et de sa vitalité.
Au solstice, le peuple témoignait son respect et sa gratitude à la Terre nourricière.
Le pouvoir « magique » du feu était ressenti le plus fortement dans la nuit du solstice d’été, la nuit la plus courte de l’année. Ce pouvoir était illustré par le chaudron, ustensile associé au feu. Le chaudron est, dans la tradition d’Irlande, l’ustensile du Dagda, le Dieu bon. C’est également dans le chaudron de la galloise Kerridwen, l’équivalente de la Brigitt irlandaise et de Belisama gauloise, que mijote le breuvage d’inspiration et de la science.
Dans la mythologie, c’est dans un chaudron magique que sont plongés les guerriers morts au combat pour en ressortir vivants, mais privés de parole. Le mythe est représenté sur le chaudron exhumé dans les environs de Gundestrup. Dans la tradition d’Irlande, le chaudron d’abondance du Dagda contenait une nourriture inépuisable.
En Gaule, Epona, déesse de la fertilité et protectrice des chevaux, était associée au solstice d’été.
Au moment du solstice d’été, des feux de joie étaient allumés. Ces feux avaient des vertus purificatrices mais suscitaient des sentiments contrastés au sein de la population.
Les sentiments jubilatoires de la fête étaient teintés d’une certaine appréhension, liée au fait que le soleil allait entamer sa course descendante.
Les nuits de Samain, de Belteine et du solstice d’été, étaient réputées être les trois nuits enchantées de l’année, trois périodes durant lesquelles les esprits circulaient plus librement d’un monde à l’autre. Fées et esprits plus ou moins bienveillants inspiraient une certaine crainte, apaisée par des rites de protection.
Au solstice d’été, la société des hommes adressait ses encouragements au ciel diurne dans son combat solsticial. Les rites étaient destinés à accompagner le soleil, pour qu’il finisse son œuvre dans le mûrissement des récoltes. L’un de ces rites consistait à enflammer une grande roue et à lui faire dévaler une colline.
Le solstice d’été était la période la plus propice à la cueillette des herbes médicinales telles le millepertuis, la verveine, l’achillée, la fougère et l’armoise. Au moment du solstice d’été, les plantes médicinales étaient réputées être au maximum de leurs vertus bénéfiques. Selon la coutume, la cueillette devait se faire de la main gauche, sans se servir d’un couteau, avant le lever du soleil et en se déplaçant à reculons.
La fête du solstice d’été se passait sur une hauteur, autour d’un feu de joie. Un bouquet, composé de neuf plantes fraîchement cueillies était mis dans le feu, en offrande au soleil.
Les feux de la Saint-Jean d’été se placent dans la continuation de cette fête celtique. Le glissement de la fête du solstice, vers la Saint-Jean-le-Baptiste, s’est opéré au Vème siècle. Le symbole de Saint Jean baptisant Jésus, la lumière du monde, était le plus approprié pour faire oublier la fête païenne.
Les anciens usages se sont pourtant perpétués. Avant l’allumage du feu de Saint Jean, une circumambulation dextrogyre était faite autour du bûcher. C’est avec une branche de chêne que l’on allumait le bûcher. Le saut des couples au-dessus du feu est une réminiscence des anciens rites de fertilité associés au solstice d’été.
En Bretagne, à la Saint-Jean, se déroulait une procession des âmes en l’honneur des défunts.
Avant l’allumage du feu de Saint Jean, il était de coutume d’effectuer trois tours autour du bûcher, dans le sens de la course apparente du soleil. A chaque tour, un arrêt était marqué pour prononcer la formule « Doué da barolano an anaon », Dieu ai pitié de l’âme des trépassés. Autour du feu, des pierres plates étaient disposées pour permettre aux âmes de venir se réchauffer et de participer à la fête.
Dans certaines contrées celtiques, comme en Irlande, les paysans s’en remettaient au pouvoir magique du feu pour favoriser la fertilité de leurs terres. Munis de bouquets d’ajoncs enflammés, ils faisaient des moulinets en direction des champs.
En Angleterre, Litha, la fête du solstice d’été, est une fête de magie et de pouvoir, dédiée à la générosité de la Terre. On célèbre l’amour, la guérison et la protection. Les récoltes sont imminentes, les fruits sont dans les arbres, et les paysans peuvent déjà annoncer si l’année sera prospère ou non.
Litha est empreinte d’une forme de nostalgie : alors qu’on a vu les jours s’allonger, chaque fois un peu plus depuis six mois, on a intimement conscience que désormais, ils se raccourciront. La course de l’année est au sommet de sa gloire sur la roue de l’année, mais la roue ne s’arrête pas de tourner.
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Rituels :
Selon Jean Baptiste Bouché, auteur de Les druides. (Martinon, 1844) :
L'herbe, nommée belinuncia, était consacrée au Soleil dans toute la Celtique. On lui attribuait la vertu de faire tomber la pluie. Au solstice d'été, au moment de l'exaltation, de toute la force, du plus haut degré de gloire du Soleil, où cet astre, à son apogée, rétrograde en vaporisant les eaux par l'action de sa chaleur, les pompe dans l'atmosphère sous forme de nuages et les fait aussitôt tomber en pluie ; s'il survenait qu'on fût affligé d'une sécheresse opiniâtre et désespérante, on cueillait cette plante avec de grandes cérémonies.
Les druidesses faisaient rassembler toutes les femmes d'un canton. La plus jeune des vierges était choisie pour présider à cette cérémonie et représenter l'aridité et la nudité de la nature. On la dépouillait de tout vête ment, et, nue , elle marchait à la tête des autres femmes pour chercher l'herbe consacrée . Quand la troupe l'avait trouvée, la jeune fille la déracinait avec le petit doigt de la main droite. En même temps, ses compagnes cou paient des branches de chêne qu'elles portaient à la main, en la suivant jusque sur le bord de la rivière la plus voisine, où elle plongeait la plante sacrée. Ses compagnes y trempaient ensuite leur rameau de chêne, et les secouaient successivement sur le corps de la vierge.
Ce cérémonial terminé, chacune se retirait; mais la jeune fille était obligée de marcher à reculons pendant toute la route pour montrer la décroissance du soleil . Toute cette cérémonie était symbolique et marquait le besoin qu'avait la terre du concours de toutes les influences célestes pour être fécondée par l'eau, et que ses fruits pussent arriver à leur parfaite maturité
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Cérémonies :
21 juin 2015 : Célébration du solstice d'été à Champex Lac en Suisse : sous la conduite d'Howard, nous avons accueilli une part de notre ombre pour la transmuter et la joindre à la lumière partagée...
Cette cérémonie improvisée s'est déroulée sous le regard bienveillant des Esprits de la Forêt que nous avions invités à la célébration du feu nocturne :
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21 juin 2017 : A l'inverse de la dernière cérémonie qui nous a réunis, et en raison de la canicule qui annule toute velléité de mouvement sur la région grenobloise, nous avons cette fois-ci invoqué la pluie pour demain !
Nous avons partagé à trois une cérémonie toute simple pendant laquelle nous avons pu offrir au feu une intention de purification ciblée depuis la veille et réactivée lors de la montée sur la colline. Beau moment de partage et de force retrouvée grâce au pouvoir de l'élément air qui nous a accompagnées avec bonheur pendant deux heures et demie.
Les personnes qui souhaitaient se connecter avec nous à distance ont été incluses dans le cercle avec joie.
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21 juin 2022 : Veillée nocturne pendant la nuit la plus courte de l'année avec Marie-Claire à l'arbre des ancêtres, en l'honneur de Bélisama : un petit regard au champignon-autel qui prospère de manière outrancière :
Puis nous avons installé notre autel dédié à Bélisama :
Lire la suite de cette cérémonie de 2022.
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