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L'Ortie

Dernière mise à jour : 25 oct.




Étymologie :


  • ORTIE, subst. fém.

Étymol. et Hist. a) Début xiie s. bot. orthie (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1746) ; b) 1176-84 au fig. p. oppos. à rose pour signifier «le pire» (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 1268) ; c) 1496 gecter le froc es ortyes (Mystère de St Martin, éd. A. Duplat, 7993 cité ds Z. rom. Philol. t. 97, p. 445) ; 1564 jetter le froc aux orties (Thierry, s.v. froc). Du lat. urtica « ortie ».


Lire également la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Urtica dioica - Artic - Astrigol - Brûlant - Chakesse - Chédyon - Chocotte - Chodrule - Chogrien - Darse - Echôdure - Etrudjo - Etrouge - Étruge - Grindjéta - Itourdzé - Jusca - Linard - Ortie barbarisque - Ortie de grange - Ortie grièche - Ortie gringette - Ortie grise - Ortie maligne - Ortie sauvage - Ortige folle - Orti-gravé - Orti-noir - Ortive - Ortruge - Otrille piquante - Otritse - Otrouge - Ourtille - Outric - Petite Ortie - Strudza -

Urtica urens : Ortie grièche - 0rtie brûlante - Petite ortie - P'tite ourteie (Wallonie) -

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Botanique :


D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :


"L'ortie est une grande plante à la tige raide, qui pousse en troupes denses sur les terrains riches et fertiles. Ses feuilles dentelées sont bordées d'une multitude de piquants, qui sont des sortes de minuscules seringues remplies d'un liquide toxique. Lorsqu'on touche l'ortie, la pointe des seringues se casse. Le liquide toxique est alors injecté dans la peau et ça fait très mal !


Pourquoi fait-elle ça ? C'est pour se défendre, pardi, que l'ortie pique et brûle ceux qui la touchent. Les animaux bien protégés par leur pelage ne la craignent pas trop, mais ils n'osent pas la brouter de peur de se faire piquer le museau. Les ânes et les brebis en grignotent quand même de temps en temps. La plupart des insectes ne semblent pas sensibles à ses piqûres, et se nourrissent des ses feuilles.


Bonne à tout faire : Malgré son abord rébarbatif, l'ortie est une plante utile qui sert à des dizaines d'usages. Au printemps, les jeunes pousses permettent de préparer une soupe délicieuse et revitalisante. Les fibres de sa tige donnent un tissu très doux, appelé ramie. Les feuilles, mises à fermenter avec de l'eau, servent à faire le purin d'ortie, un excellent engrais pour les plantes du jardin.


Orties à papillons : Beaucoup d'insectes s'installent sur les feuilles d'ortie, peut-être pour échapper à leurs prédateurs. Les chenilles d'un joli papillon d'été, la petite tortue, apprécient particulièrement les feuilles d'ortie. On les y trouve parfois en troupe nombreuse, à l'appétit féroce. Après leur passage, il ne reste plus de l'ortie que la tige et les nervures des feuilles.

 

Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), ouvrage illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :


Ortie : Jaillissement soudain


Elle le dérange, elle pique, gratte, démange. « Ca fait circuler le sang ! », entend-on. Non merci, sans façon. L'ortie est urticante. Urtica est d'ailleurs son nom scientifique. C'est un mécanisme de défense : de petits poils à la surface de ses feuilles, qui, une fois en contact avec une autre surface, par exemple la peau d'un humain, se dispersent en autant de débris siliceux aussi coupants que du verre. De plus, la base du poil urticant libère un cocktail de substances désagréables comme l'acide formique et l'histamine. Ainsi la plante se défend des herbivores ; et s'en défend d'autant mieux qu'elle se sent attaquée : un pied déjà mangé par un herbivore, ou piétiné, augment la quantité de ses piquants.

Ainsi l'Urtica ne laisse pas indifférent. Et son aspect général ne se prête pas forcément à la contemplation ; pourtant, sa pollinisation est très intéressante. On n'y voit aucune fleur spectaculaire. Il n'y a aucune odeur non plus... Mais on peut discerner de petits chapelets de toutes petites fleurs, comme sur certains arbres. Et effectivement, comme les noisetiers, les orties possèdent des fleurs petites, inodores, vertes et organisées en chatons dansant au vent : c'est qu'elles sont précisément pollinisées par le vent ! Ce sont des plantes anémogames.


Stratagème : Si l'on est attentif, on peut voir que certains pieds possèdent les mêmes chatons, tandis que d'autres en portent de différents. Si on s'approche, en évitant de se faire piquer, on peut remarquer que certaines de ces fleurs minuscules produisent du pollen tandis que d'autres possèdent un pistil. Nous sommes d'accord qu'il fallait le savoir pour le voir. il y aurait donc des pieds à fleurs mâles et des pieds à fleurs femelles. Ces espèces non hermaphrodites sont dites dioïques - le nom de l'espèce pourrait y faire penser, Urtica dioïca.

Il est certain qu'une fleur appartient soit à un sexe (étamines pour les fleurs mâles) sot à l'autre (pistil pour es fleurs femelles). Et, sur une même grappe de fleurs (ou chaton), on ne retrouve qu'un type de fleur.

Dans de très rares cas, les orties peuvent avoir des fleurs mâles et des fleurs femelles sur un même pied - les fleurs ne sont toujours pas hermaphrodites. Dans ce cas, on parle de plante monoïque.

Les pieds mâles ne sont pas forcément juste à côté d'un pied femelle, et bien souvent, les fleurs mâles peuvent se retrouver à des distances non négligeables des fleurs femelles. Un bon gros coup de vent devrait aider à parcourir ces distances entre bosquets d'orties, mais le vent n'est pas forcément toujours très puissant, donc tout coup de pouce est le bienvenu pour envoyer le pollen des fleurs mâles le plus loin possible. Justement, l'ortie a une stratégie imparable : la catapulte à pollen. En début de floraison, les fleurs mâles possèdent des étamines enroulées, gardant précieusement le pollen. Puis en mûrissant, les anthères s'assèchent et à pleine maturité, sous l'effet du soleil, les cellules de la paroi des anthères rétrécissent, créant une tension. En moins d'une seconde elles éjectent tous les grains de pollen en un nuage qui sera vite emporté par le vent. Les fleurs mâles produisent des quantités extrêmement importantes de pollen, et certains de ces grains finiront certainement leur course sur des fleurs femelles, permettant ainsi la reproduction croisée, tandis que d'autres finiront éventuellement leur course dans les narines d'humains - participant ainsi au rhume des foins !

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de l'Ortie :


Urtica dioïca : Propriétés Physiques. — L'odeur de cette plante est faible ; sa saveur d'abord herbacée est ensuite aigrelette et astringente (Cazin) ; elle contient des sels de chaux, de soude et de potasse, du ligneux, de la silice et de l'oxyde de fer.


Usages Médicaux. Cette espèce et la suivante ont passé pour détersives et diurétiques. Le suc d'ortie dépuré ou par lui-même ou par une légère ébullition arrête le crachement de sang et le flux des hémorroïdes ; il est fort bon aussi pour la dysenterie et pour les fleurs blanches ; le cataplasme d'ortie est émollient et résolutif ; il soulage les goutteux, et dissipe quelquefois les loupes et les tumeurs froides. On donne l'infusion des feuilles pour le calcul et pour la gravelle. Les racines confites au sucre sont expectorantes ; cette plante convient dans l'asthme et la pleurésie, en cataplasme elle enlève les douteurs pleurétiques. La tisane est fort bonne dans la fièvre maligne, la petite vérole et la rougeole (Tournefort, Histoire des plantes). Cette ortie est réellement astringente ; elle a été remise en honneur par Ginestet dans le traitement des hémorragies de l'utérus ; d'autres auteurs modernes ont constaté l'efficacité du suc pour arrêter les hémorrhagies ; on l'a aussi vantée dans le traitement des fièvres intermittentes (Zannetti) et des maladies de la peau.


Urtica urens : Propriétés Physiques et chimiques. — Ce sont les propriétés de l'espèce précédente ; Saladin y a rencontré du carbonate d'ammoniaque, une matière azotée, de la chlorophylle, un peu de cire, du muqueux, une matière colorante, du tannin, de l'acide gallique et du nitrate de potasse. Les aiguillons de cette espèce sont moins forts que ceux de l'ortie dioïque, mais la cuisson qu'ils font éprouver est plus vive et plus persistante, le fluide âcre qu'ils contiennent étant beaucoup plus irritant.


Usages Médicaux. Cette espèce, bien que souvent confondue avec la précédente par les pharmaciens et les herboristes, doit ètre préférée pour pratiquer l'urtication ; on sait que cette opération a pour but d'irriter vivement une partie où l'on veut exercer une prompte révulsion. Les auteurs anciens (Celse, Arétée, Galien) l'ont conseillée dans la paralysie et le coma ; les libertins y avaient recours dans l'antiquité pour réveiller la sensibilité d'un organe épuisé (Pétrone). On peut se servir de l'urtication dans l'apoplexie, le rhumatisme, la sciatique ; pour rappeler une éruption répercutée dans la variole, la scarlatine, la rougeole ; on s'en est servi dans la période algide du choléra. Cette plante doit être employée à l'état frais ; elle perd ses propriétés irritantes par la dessication. On l'a employée aussi aux mêmes usages internes que la précédente. Les semences de ces deux espèces très bonnes pour engraisser la volaille contiennent une huile comestible. Les jeunes pousses préparées en guise d'épinards forment, dit-on, un mets assez agréable.

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Usages traditionnels :


J. Bouquet dans "L'art de conserver la santé, extrait du "Messager boiteux "." (In : Revue d'histoire de la pharmacie, 20ᵉ année, n°77, 1932. pp. 54-56) relève quelques extraits du Véritable Messager boiteux de Berne pour l'année 1817 :


DE L'ORTIE


L'ortie, aux yeux du peuple herbe si méprisable

Tient dans la Médecine une place honorable.

Qu'un malade inquiet dorme malaisément,

Elle lui rend bientôt un sommeil secourable.

Contre un fâcheux vomissement

C'est un spécifique admirable.

Sa graine, avec le miel, abrège le tourment

D'une colique insupportable.

Le breuvage d'ortie étant réitéré,

Adoucit de la toux le mal invétéré,

Réchauffe les poumons, du ventre ôte l'enflure,

Et de la goûte même apaise la torture.

 

Dans Des hommes et des plantes (Éditions Opéra Mundi, 1970) Maurice Mésségué évoque le savoir ancestral de son père :


- Mon petit, regarde « l'herbe qui pique » (l'ortie) toute velue et si peu douce, mais si tu sais la prendre, comme ça bien par en dessous, elle ne te piquera pas. Cuite, elle est douce à l'estomac et au ventre.

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Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », (Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ 1984, pp. 129-158) proposent la notice suivante :


ourtyà, f. / = ortie = Urtica diœca : on en met des feuilles dans la soupe; à la montagne, les feuilles mélangées à des chardons et à de la « recuite » (= sérum qui reste après la fabrication du sérac) servaient de nourriture pour les porcs ; la décoction faite avec la racine était utilisée comme shampoing ; les feuilles étaient aussi employées contre la diarrhée des lapins et pour faire dégonfler les fromages si la fermentation était trop importante (mettre sur le fromage une couche de feuilles d'ortie pressées par un caillou plat).

 

Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions supplémentaires sur les usages traditionnels de l'Ortie :


L'Ortie : adapto-gêne ! Cette ortie, que l'on peut rencontrer croissant spontanément dans les fossés, bords de champs ou de chemins et nos jardins, bien sûr, est-elle une plante potagère ? A mon avis oui. Je connais bien peu de jardins où ne croît à proximité, quand ce n'est pas en son sein même, cette espèce rudérale, qui esst partout là où l'homme est. Cultiver un potager, faire un jardin, revient paradoxalement à inviter cette Urticacée à nous rejoindre.

J'ai une énorme tendresse pour les orties de mon jardin. Je les vois comme une preuve supplémentaire de la générosité de la nature qui, connaissant l'inconséquence de notre étrange espèce zoologique, prend bien soin d'installer dans nos parages cette incroyable plante qui saura nous nourrir, nous vêtir, nous guérir de quelques maux, tut en maintenant une distance respectable avec nous qui voudrions nous en saisir sans précaution.

Riche en protéines complètes, apportant de l'azote en paillage, en compost ou en purin, hébergeant de nombreuses chenilles de papillons, l'ortie est aussi une extraordinaire plante fourragère et une remarquable plante textile permettant de réaliser cordages et tissus. La crainte, voire la colère qu'elle suscite, en fait le symbole bien involontaire de la désynchronisation de l'homme avec la nature, qui ne voit qu'adversité ou compétition quand il y a en fait entraide et générosité.

Je me souviens, gamin, de ma réticence à me saisir des orties la première fois, bien qu'on m'ait assuré n'avoir rien à craindre : les trichomes, ces poils urticants redoutables, sont orientés vers le haut. Il suffit donc de prendre les orties en remontant toujours du bas vers le haut de façon à les « écraser » le long de la tige ou des feuilles. A condition de ne pas se faire piquer par une voisine, ça marche !

Mais c'est maintenant que la situation se complique. Parmi les nombreuses vertus de l'ortie, il en est une que j'ai omis de citer : l'effet urticant a de formidables propriétés vasodilatatrices immédiates, un genre de coup de fouet au sens propre comme au sens figuré ! Bonne ou mauvaise nouvelle ? Chacun en jugera : elle est sensationnelle dit-on, en application directe sur les parties concernées, masculines comme féminines. Outre me féliciter de ne pas être auteur d'enquête ou d'investigation et de ne pas avoir à tester physiquement toutes mes allégations, je me dois de signaler qu'il existe d'autres méthodes que je préfère a priori. On pourra par exemple pulvériser les graines avec du poivre et du miel et les mélanger à du vin, ainsi que le conseillait au XVe siècle la résolue Catherine Sforza, dont la réputation de croqueuse d'hommes était légendaire. Néanmoins, verre de vin ou flagellation, chacun fera en fonction de ses goûts. Les deux sont d'ailleurs parfaitement envisageables : un verre de vin avant peut permettre de se donner du courage, tandis qu'après, il agira lui aussi comme un remontant.

Le poète latin Pétrone recommande à tous les hommes qui ne parviennent à obtenir une érection de se fouetter les fesses, le dessous du nombril et les reins avec un bouquet d'orties. La méthode est approuvée par Galien, puis par les libertins au XVIe siècle qui n'hésitent pas à se fouetter mutuellement. Personnellement, je crois que je préfère la guimauve.


Dans la série « bon à savoir », en cas d'échec le plantain apaise les cuisantes brûlures.

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Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes de l'Ortie :


Propriétés et utilisation Dans le Regimen Sanitatis Salernitanum, la règle LXVII « de urtica » [1] illustre les vertus thérapeutiques de l’ortie, qui favorise le sommeil des faibles, arrête les vomissements, et ses graines, avec du miel, apaisent les douleurs des coliques ; elle soigne également la toux, la bronchite et le cancer à l’intestin et elle soigne aussi, en dernier lieu, les douleurs articulaires (Gatto Trocchi, 1982 : 282). Macioti (1995 : 67) place l’ortie parmi les « herbes pauvres », c’est-à-dire qu’elle est considérée comme l’une des espèces sauvages comestibles avec la bourrache, la menthe et la marjolaine utilisées pour nourrir les gens pendant les périodes critiques du passé, telles que les guerres. Dans la médecine populaire italienne, l’ortie trouve de nombreuses utilisations que Guarrera (2006 : 211) illustre en détail : elle sert à traiter la plupart des troubles gastro-intestinaux, tels que gastrites, aérophagie, coliques, ulcères gastriques et duodénaux, vomissements, colites, diarrhée, et elle présente aussi des propriétés apéritives et cholagogues. Cette plante a de nombreux effets bénéfiques sur l’appareil respiratoire car elle est aussi utilisée pour le traitement de la toux, du rhume, de l’asthme, des maux de gorge, des bronchites et des pneumonies. Les effets que la plante a sur les voies urinaires sont dus à ses propriétés dépuratives et diurétiques, qui agissent sur les inflammations des reins, l’hématurie, l’énurésie nocturne, l’azotémie, la goutte et les calculs rénaux. L’appareil reproducteur bénéficie aussi des propriétés de l’ortie : elle est galactagogue et emménagogue, elle sert à traiter les douleurs menstruelles, la leucorrhée, la dysménorrhée, la métrorragie, les infections vaginales et elle combat surtout les difficultés à concevoir. En tant que plante riche en chlorophylle, l’ortie favorise d’une part la circulation sanguine avec des effets positifs sur l’hypertension et sur les varices et de l’autre, elle est très efficace contre la chute des cheveux et comme antipelliculaire (Simoni, 1995 : 214). L’ortie agit aussi sur plusieurs troubles cutanés, tels que les piqûres d’insectes, blessures, urticaire, enflures dues aux morsures de couleuvres ou lézards, abcès, eczémas et furoncles. Cette espèce a aussi des propriétés antirhumatismales puissantes et elle est particulièrement indiquée comme reconstituant pour les enfants (Guarrera, 2006 : 211). En agriculture, on prépare un antiparasitaire puissant en laissant macérer toute la plante dans l’eau pendant quelques jours et, puis, avec ce liquide on badigeonne, en particulier, les plantes de haricot qui sont attaquées par des aphidés (Guarrera, 2006 : 211). En médecine vétérinaire, les études menées par Viegi et al. (2003) en Italie confirment que l’ortie est l’une des plantes les plus utilisées également dans les pratiques de médecine vétérinaire populaire et on rappelle, parmi ses nombreuses applications, le fait que presque toutes les espèces du genre URTICA ont des propriétés rafraîchissantes pour les hommes et pour les animaux (Viegi et al., 2003 : 222). En Émilie-Romagne, Toscane et Ombrie, l’espèce Urtica dioica est utilisée pour faire augmenter le poids des poulets et des dindons (Viegi et al., 2003 : 232). La plupart des espèces de ce genre botanique sont riches en aminoacides, protéines, minéraux et vitamines, outre le fait qu’elles possèdent des quantités considérables de tanins, d’acide formique et salicylique ; ces composantes chimiques particulières permettent à l’ortie d’agir comme un médicament polyvalent, capable de soigner un grand nombre de maladies (Viegi et al., 2003 : 234). Ainsi, en Toscane l’ortie est donnée comme nourriture aux volailles pour soigner de nombreux troubles (Pieroni, 1999 : 153) et aux bovins pour réactiver la rumination (Pieroni, 1999 : 152) ; en Sardaigne, en Sicile et dans les Abruzzes on donne comme nourriture les parties aériennes de l’ortie pour stimuler la production d’œufs chez les poules (Pieroni, 1999 : 153). Dans les Abruzzes, l’ortie bouillie est donnée comme nourriture au Porcins pour les protéger des maladies contagieuses et des épidémies, tandis que la décoction d’ortie, mauve, et son de blé est donnée aux bovins après le vêlage parce qu’elle est riche en propriétés tonifiantes, astringentes et légèrement laxatives (Viegi et al., 2003 : 234). Les études d’ethnobotanique et d’ethnopharmacologie menées par Pieroni et ses collaborateurs, parmi les communautés arbëreshe et romanes du Vulture lucanien, ont mis en évidence le fait que l’ortie est exploitée surtout pour ses propriétés digestives et pour être consommée, bouillie ou comme soupe, comme tous les autres légumes (Quave & Pieroni, 2007 : 217, 219 ; Pieroni et al., 2002a : 172 ; Pieroni et al., 2004 : 378). Chez les Slaves du Molise, on fait bouillir les parties aériennes de l’ortie qui sont utilisées ainsi pour la préparation de farces à base de différents légumes avec lesquelles on prépare des pâtes fraîches maison ; en revanche, la décoction des feuilles fortifie les cheveux (Di Tizio et al., 2012 : 5). L’utilisation de l’ortie, en médecine populaire et dans l’alimentation humaine, est connue aussi dans les Balkans. Dans l’Albanie septentrionale, Pieroni (2008 : 1206) nous renseigne sur l’utilisation des feuilles de la plante pour la préparation de tartes salées farcies de légumes, tandis que ses parties aériennes sont appliquées en usage externe pour le traitement des arthrites alors que les racines étaient, en revanche, vendues au marché mais on ne se souvient plus pour quel usage. Au Kosovo, l’infusion de fleurs a des propriétés antipelliculaires ; les cataplasmes de feuilles sont antirhumatismaux ; l’infusion de feuilles traite le diabète, l’hypertension et l’anémie (Mustafa et al., 2012a : 751) ; la décoction de racines est efficace contre les hémorroïdes (Mustafa et al., 2012b : 10). En Macédoine, l’infusion de feuilles et de tiges favorise la circulation sanguine et régule encore une fois le diabète (Rexhepi et al., 2013 : 2068). On consomme aussi les feuilles fraiches, bouillies, en soupes que l’on utilise pour farcir les tartes salées parce que la plante purifie le sang. Tout comme au Kosovo, les cataplasmes de feuilles sont utilisés pour soigner l’arthrite et rhumatismes ; la décoction de racines a des propriétés antitumorales et sert à apaiser les troubles hépatiques, tandis que les racines crues étaient utilisées, dans le passé, comme présure (Pieroni et al., 2013 : 12).

L’ortie est une plante que l’on trouve aussi dans le cadre de certaines croyances liées à la vie ou à la mort des individus, dont Rolland (1967, X : 15) donne des exemples ; cette plante avait en particulier le pouvoir de déterminer le sexe d’un enfant avant sa naissance : « pour qu’une femme enceinte ait un garçon, il faut que le mari cache, sous le matelas, à son insu, une poignée d’orties fraîches cueillies au soleil ». Elle est utilisée en tant que plante capable de faire des pronostics, pour deviner si une personne malade est destinée à vivre ou à mourir : il faut mettre de la racine d’ortie dans l’urinal où pisse le malade et, le matin suivant, si l’urine est blanche la personne mourra, si elle est verte la personne guérira (Rolland, 1967, X : 16). Les Islandais croient que la plante a le pouvoir de les préserver des sortilèges et, pour cette raison, « ils conseillent d’en former des verges pour frapper les sorcières à nu » (Rolland, 1967, X : 16). En médecine vétérinaire, il est nécessaire de faire pisser la génisse sur des orties pendant neufs jours consécutifs pour qu’elle guérisse (Rolland, 1967, X : 16). Dans le chapitre sur les plantes et les herbes « génésiques », De Gubernatis (1878 : 165) classe l’ortie parmi les « plantes de la terre » « ayant des propriétés essentiellement génésiques » capables de créer la vie; comme nous l’avons décrit ci-dessus, les emplois de l’ortie en médecine populaire, comme fortifiant et pour favoriser la conception, montrent les « pouvoirs magiques » de cette espèce et, comme un grand nombre d’autres herbes magiques, l’ortie est aussi cueillie à l’occasion de la fête de la Saint-Jean.

Chez les Arbëreshë, on trouve le témoignage de la croyance selon laquelle si un enfant est toujours malade et ne grandit pas en bonne santé, cela signifie que les fées lui ont fait un maléfice (Bellusci, 1983 : 19) en le frappant avec un serpent et de l’ortie pendant son sommeil. Pour annuler ce maléfice, il faut qu’une femme ayant des « pouvoirs magiques » prenne l’enfant, l’enveloppe dans un drap rouge et le passe sur le feu trois fois de suite, en dessinant une croix et en disant les mots magiques : « que la maladie tombe sur le feu et brûle ! Que le mal s’en aille et le bien arrive » (Bellusci, 1983 : 19).


Note : 1) LXVII. De urtica. Aegris dat somnum : vomitum quoque tollit et esum, illius semen colicis cum melle medetur. Et tussim veterem curat, si saepe bibatur. Pellit pulmonis frigus ventrisque tumorem, omnibus et morbis subvenit articulorum (Gatto Trocchi, 1982 : 282).

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


ORTIE. Nos pères, dans leurs croyances superstitieuses, avaient recours à une foule d'expériences ayant pour objet de connaître quel serait le résultat d'une affaire ou d'une maladie, et les résultats de leur crédulité étaient quelquefois des plus fâcheux. En effet, leurs horoscopes leur inspiraient, soit une confiance qui était le plus souvent déçue, soit un effroi non justifié qui aggravait leur position. Pour en citer un exemple, lorsqu'on voulait s'assurer si un malade devait vivre ou mourir, des matrones prenaient une branche d'ortie, la plaçaient dans l'urine du patient qui venait de pisser, et la laissaient infuser ainsi pendant vingt-quatre heures. Si au bout de ce temps l'ortie se trouvait racoquillée ou pourrie, c'était un signe de mort ; si, au contraire, elle restait verte, la guérison du malade était assurée.

Les Islandais croient que cette plante, qu'ils nomment netla, a la vertu de préserver des sortilèges, et ils conseillent d'en former des verges pour frapper les sorciers

 

Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


[...] Suivant une croyance très répandue, on peut se débarrasser d'une maladie en la transmettant à un être ou à un objet ; ceux-ci la prennent, en souffrent et éprouvent le même sort qu'aurait subi celui qui la leur a passée. En ce qui concerne les plantes, cette transmission se fait assez fréquemment au moyen de l'urine. [...] En Lorraine pour faire passer la jaunisse, on doit pisser sur des orties pendant neuf jours consécutifs.

[...] A Menton des plantes épineuses, ou des orties, sont un signe de damnation, des plantes sans épines indiquent qua le défunt est au ciel, un mélange des deux au purgatoire.

[...] En Provence, pendant les belles nuits de mai, les jeunes gens chantaient sous les fenêtres de leurs maitresses des couplets improvisés dans lesquels les fleurs leur servaient de termes de comparaison : la violette indiquait le doute ou le soupçon, l'ortie la rupture.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'ortie :


ORTIE - CRUAUTÉ.

La piqûre de l'Ortie cause une douleur semblable à celle de la brûlure. En examinant au microscope les feuilles de l'Ortie, on est surpris de les trouver chargées de poils fins, roides, articulés, pointus, qui sont autant de conduits d'une humeur âcre et mordante, renfermée dans une vessie qui est à la base de chacun d'eux. Ces poils et celle vessie sont en tout semblables aux dards que portent les abeilles. Dans l'insecte et dans la plante, c'est l'humeur âcre qui cause la douleur.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Ortie - Cruauté.

La piqûre de l’ortie donne une douleur bridante et fait pousser des pustules à la peau.

 

Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


URTICA - ORTIE - CRUAUTÉ.

On connait la douleur que cause la piqûre de l'ortie ; on ignore généralement l'utilité de cette plante, qui croit spontanément, sous presque toutes les latitudes, le long des murs, des haies et parmi les décombres. Ses fibres offrent assez de consistance pour que, dans certains pays de l'Europe, on en fabrique des toiles, des cordages, du papier même. Elle renouvelle l'air pur ; les oiseaux mangent ses graines ; quand elle se fane, on la donne en pâture aux vaches ; elle fournit une teinture jaune, et sous mille formes, elle offre des propriétés médicinales.

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Ortie - Cruauté - Douleur cuisante.

Qui n'a pas éprouvé la désagréable sensation de la piqûre de l'ortie ? L'œil est attiré par une campanule à la clochette bleue, par la blanche lychnide ; la main s'avance pour les cueillir et se retire bien vit , toute rougie par le contact des poils brûlants de l'ortie.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


ORTIE : Cruauté.


Je dois subir la destinée

A laquelle on m'a condamnée

Comme l'Epine et le Chardon.

Ainsi que moi la Rose est née

Pour défendre ou pour blesser

La main qui cherche à l'offenser,

Et cette fleur est pardonnée. Anatole DE MONTESQUIOU.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Ortie brûlante (Urtica urens) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mars

Élément : Feu

Divinité : Thor.


Utilisation rituelle : Dans les provinces des Balkans - Valachie, Transylvanie, Moldavie, Russie subcarpathique -, une coutume subsista jusqu'à la guerre de 1914-1918 : aux noces de campagne, les sœurs de la mariée préparaient en cachette un bouquet avec des tiges fraîches d'Orties brûlantes ; le soir, au moment où le couple allait se retirer, elles venaient alors cérémonieusement, et sans doute avec une bonne dose de malice, donner au mari, sous les rires et les plaisanteries des invités, les verges urticantes destinées à fustiger la jeune épouse au cas où celle-ci ne se montrerait pas suffisamment amoureuse durant la nuit de noces.


Utilisation magique : Les vertus protectrices des Orties sont connues de longue date. Pour détourner un sort de son but et le retourner à son envoyeur, bourrez une poupée avec des feuilles et des tiges d'Ortie brûlante. Vous pouvez également en porter sur vous, en sachet.

Ces plantes, répandues dans la maison, chassent les influences négatives. Une botte d'Orties fraîchement coupées, glissée sous le lit d'un malade, peut l'aider à guérir.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


L'irritation désagréable qu'entraîne le contact de l'ortie en fait une arme efficace contre les sorcières et les influences négatives : en mettre au pied de son lit ou en porter sur soi protège du mauvais œil et des maléfices (France et Italie) ; cueillie avant l'aube, elle éloigne du bétail les mauvais esprits (Allemagne). Les Islandais s'en servent « comme fouet pour frapper les sorciers ».

Un peu d'ortie sèche dans un morceau de tissu cousu avec du fil rouge constitue une amulette qui rend courageux, entreprenant et énergique. Tenue dans la main avec des brins de millefeuille, la plante supprime la peur en général, fait fuit les fantômes et éloigne la foudre.

Liée à la planète Vénus, l'ortie, qui, selon les croyances germaniques, excite la volupté et facilite les accouchements, est parfois symbole de luxure : en placer quelques feuilles sous un matelas a d'heureux effets sur la sexualité (si le mari les a placées à l'insu de sa femme enceinte, celle-ci concevra un garçon). Pour que l'ortie déploie toutes ses vertus "érotiques", une recette allemande recommande de la saupoudrer de sel avant de la cueillir. L'ortie a également beaucoup d'effets sur les poules : en mélanger à leur nourriture leur fait pondre beaucoup d’œufs.

Pour connaître le sort d'un malade, on recommandait autrefois d'immerger une ortie dans l'urine de ce dernier : si, après une infusion de vingt-quatre heures, l'ortie ne se ressentait pas de ce bain forcé, la guérison était assurée, mais si elle s'était abîmée, le pire s'annonçait.

Les Romains, qui connaissaient déjà les propriétés curatives de l'ortie, mangeaient les jeunes pousses pour se protéger des maladies. La plante est capable de faire passer une mauvaise fièvre si on la déracine en répétant le nom du malade et de ses parents. Selon une recette du Dauphiné, le fiévreux peut aussi, la nuit, sortir de son domicile par la fenêtre pour se rendre auprès d'une ortie, répandre sur elle du sel pilé et des miettes de pain en disant : « Ortie, je te remets ma fièvre », puis rentrer chez lui par la porte cette fois. Le lendemain, l'ortie est flétrie et le malade rétabli.

Uriner pendant neuf jours consécutifs sur la plante guérit de la jaunisse et remédie aux excès de bile ; glisser dans les narines un coton imbibé d'infusion d'ortie blanche enraye un saignement de nez. L'ortie blanche sert également à frictionner la gencive d'un enfant qui souffre de la poussée des dents ; s'il fait des convulsions, on prescrit de le frotter énergiquement avec des orties fraîches. Les adultes peuvent faire de même sur les parties atteintes de rhumatismes et de paralysie ou, à l'exemple des Bretons, sur les ampoules des pieds ou des mains.

Les Anglais, pour qui l'ortie naît spontanément de la terre arrosée d'urine humaine, attribuent des pouvoirs de protection et curatifs renforcés à celle qui pousse dans un endroit toujours sombre. Ils disent encore que se coiffer à l'envers avec un peigne qui a été trempé dans du jus d'ortie favorise la poussée des cheveux. Ce qui n'est pas sans rappeler un usage de certaines îles grecques où les femmes, la veille du 1er mai, se frappaient le dos avec des orties pour que leurs cheveux deviennent plus longs.

Dans l'est de l'Europe, les enfants qui, la veille de la Saint-Jean, sautent par-dessus des orties acquièrent de la vigueur. Les Russes jettent de l'ortie dans le récipient qui sert pour la première fois à recevoir le lait des brebis pour qu'elles ne soient pas malades.

Le corps enduit de son suc associé au suc d'estragon permet de prendre facilement des poissons à la main dans les rivières.

Selon une croyance relevée aussi bien en Bretagne que dans le sud de la France, des orties qui poussent sur une tombe sont de mauvais augure : elles annoncent la damnation du défunt.

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi l'Ortie (Ortica dioica) :


"Il s'agit d'une plante vivace que l'on retrouve un peu partout dans le monde. Ses feuilles dentelées et irritantes pour la peau la rendent facile à reconnaître. Elle peut atteindre une hauteur de deux mètres.


Propriétés médicinales : Le jus extrait de cette plante ou une infusion des feuilles sont recommandés pour stimuler la digestion. Cette même infusion favorise la montée de lait chez les nouvelles mamans ainsi qu'une production accrue chez les femmes qui allaitent déjà. D'autre part, ses propriétés astringentes en font un remède idéal dans les cas de flux menstruel trop abondant ou de présence de sang dans les urines. C'est aussi recommandé pour traiter les problèmes urinaires et pour prévenir les rhumes durant la saison hivernale. Prise en décoction, l'ortie aide à soulager la diarrhée.


Genre : Masculin.


Déités : Mars.


Propriétés magiques : Guérison - Protection - Purification.

Applications :

SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • L'ortie a longtemps été utilisée en magie pour ses pouvoirs de protection. On se souviendra que dans le conte de fées des princes changés en cygnes, leur sœur devait tisser de l'ortie et en faire des manteaux afin de briser le sort.

  • On peut éparpiller de l'ortie séchée et réduite en poudre autour de la maison afin d'empêcher les influences négatives d'y pénétrer.

  • Les vibrations émises par la plante en pot, et placée dans la chambre d'une personne malade, hâteront sa convalescence.


SORTILÈGE POUR CONJURER LE MAUVAIS SORT (pour conjurer un sort et le retourner vers la personne qui l'a jeté.)

Il faut faire ce sortilège durant le cycle décroissant de la lune.

Ce dont vous avez besoin :

  • une chandelle noire

  • de l'encens de myrrhe

  • du tissu noir pour confectionner une "poupée"

  • quelques feuilles d'ortie

  • de la bourre.


Rituel : Allumez la chandelle et l'encens. Sur votre tissu plié en deux, tracez la forme d'une poupée ; coupez et cousez pour former une marionnette que vous bourrerez. Faites ensuite une incision au niveau du cœur de la poupée et insérez-y les feuilles d'ortie en prononçant cinq fois l'incantation suivante :


Par le pouvoir de l'ortie sacrée

Je retourne ce sort qui m'a été jeté

Par la puissance de l'ortie sacrée

Retourne d'où tu viens, je ne t'ai pas appelé.


La puissance du sort sera aussitôt retournée à la personne. Prenez maintenant la poupée et allez l'enterrer."

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Claire Tiberghien propose des méditations guidées vers quelques plantes classées en fonction de leur analogie avec les cinq éléments de la philosophie chinoise dans un ouvrage intitulé Équilibre et méditations par les plantes (Éditions Jouvence, 2016) :


Élément : Eau.


De son nom latin Urtica dioica, appartient à la famille des Urticacées. Sa particularité, c'est l'attention.

Ses forces thérapeutiques sont immenses. Elle a une action sur presque tous les systèmes du corps. Elle renforce les défenses immunitaires et soulage aussi bien les douleurs rhumatismales que la goutte ou les troubles hépatobiliaires. Une cure d'ortie stimule l'élimination rénale. Au printemps, cette plante permet de surmonter la fatigue saisonnière par son action dépurative, reminéralisante et antianémique.

Sa racine soulage les troubles mictionnels liés à l'hyperplasie bénigne de la prostate.

Ses graines stimulent les forces du corps. Elles sont particulièrement recommandées pour les personnes âgées ou contre les fatigues chroniques et les états de faiblesse.


Sur le plan psychique : L'ortie vous parle d'abondance, de franchise et de simplicité. Elle vous demande de l'attention à chaque mouvement augmentant ainsi votre présence et votre conscience. Elle clarifie l'esprit. C'est une bonne alliée si vous avez tendance à vous laisser influencer par les autres, à être toujours gentil et d'accord avec tout le monde. L'ortie vous apprend à poser vos limites, à vous protéger. Elle vous permet de retrouver les forces nécessaires pour vous occuper de vous.

L'ortie vous enseigne l'attitude qui vous aide à prendre votre place, à vous imposer de manière naturelle L'énergie et la vitalité de l'ortie vous amènent à l'action.


Grâce à l'ortie, je peux affirmer :

  • Je me sens partout à ma place.

  • Je ressens la légèreté de la vie.

  • Je vis dans l'attention et le respect.

  • Je suis conscient du mouvement de la vie et me laisse guider.


La méditation de l'ortie : Assis sur un vieux tronc, à l'orée du bois, vous respirez la clarté de l'air pur. A vos pieds, un parterre d'orties, déjà bien touffu. Un rayon de soleil transperce les arbres et éclaire délicatement le vert intense, profond, des orties. Si généreuses, si fortes. Vous sentez une énergie inconnue vous envahir. La terre dégage une étrange odeur d'humus où se mêle le parfum particulier, un peu âcre, un peu frais, de l'ortie.

Vous prenez conscience de votre respiration, conscience de vous-mêmes, de l'instant présent. Vous ressentez l'abondance que vous offre la vie. la simplicité. Vous êtes un être à part entière, en lien avec les autres et le monde. Vous sentez la force de poser vos limites, afin de réaliser ce qui est important pour vous, de respecter votre valeur et vos besoins. Vous êtes attentif, présent.

Votre respiration s'approfondit. Comme une brise purifiante, une énergie fluide et apaisante monde en vous, allégeant vos pensées. Plein de force, mais léger, vous reprenez tranquillement votre chemin.

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Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) se penche sur les croyances liées aux différents noms arbëreshe de l'Ortie :


Analyse lexico-sémantique des désignations :

1- Ce premier groupe de désignations se compose de cinq formes lexicales, notamment [ɣˈiθ] ghith, [xˈið] hidh, [ˈiθ] ith, [xˈiðez] hidhez (commune aux deux parlers du Molise) et [xˈiθ 373 e bˈut] hith e butë . [...]

Du point de vue du signifié, il semblerait que la notion de « feu » soit à la base du processus de création de ce phytonyme : l’association entre les troubles dermatologiques causés par le contact avec l’ortie et la sensation de brûlure qui en résulte a déterminé, selon toute probabilité, l’utilisation du concept de « feu » qui a pu motiver les noms de l’ortie dans le domaine albanais. En revanche, si l’on observe avec plus d’attention ces deux dernières formes lexicales que l’on trouve chez Blanchum, notamment hÿξ « ortie » (Roques, 1932 : 187) et hÿ « cendre » (Roques, 1932 : 12), on s’aperçoit que le phytonyme est un nom dérivé de hÿ « cendre ». Les formes lexicales arbëreshe et albanaises dérivent aussi formellement de hi « cendre », comme nous l’avons illustré au début de ce paragraphe, lorsqu’on a considéré la structure (-)hi- + -th/-dh(-) comme base lexicale des phytonymes. Cependant, l’évidence concernant l’existence de ce processus de dérivation n’explique pas la relation sémantique qui associe le matériel de résidu de la combustion au phytonyme. Si les propriétés irritantes de l’ortie sont associées à la notion de feu, alors la présence du mot « cendre » nous amène à considérer le fait que le nom du feu pourrait être tabouisé. Chez les Ukrainiens de Volyn, le feu étant tabou, il est interdit de le nommer et d’en parler pour éviter de le réveiller (Zelenin, 1989b : 175) ; c’est pour cette raison que ces populations adoptent toute une série de noms substitutifs afin d’éviter que l’esprit du feu puisse se mettre en colère, en dévastant le territoire. Chez les Slaves orientaux, on trouve beaucoup de mots substitutifs de « feu », appelé « chaleur », « tiédeur », « richesse », « riche », « clair », « invité », « non-ardent » (Zelenin, 1989b : 176) ; il est possible que chez les Albanais le feu ait aussi été considéré comme tabou et que son nom ait donc été remplacé par un autre, tout comme chez les Slaves. Les « cendres » en tant que résidus de la combustion représentent en particulier une forme extrêmement atténuée de ce même feu, mais qui ne produit pas de dégât tout comme l’irritation de l’ortie qui n’est pas mortelle bien qu’elle soit désagréable. En revanche, en ce qui concerne le suffixe -th, Ressuli (1986 : 165) affirme qu’il sert pour la formation des diminutifs, tandis que -dh forme les noms collectifs (Xhuvani et al., 1962 : 218).

Si les trois premières formes arbëreshe, notamment [ɣˈiθ] ghith, [xˈið] hidh, [ˈiθ] ith sont des noms avec un seul suffixe, [xˈiðez] hidhez est en revanche un nom dérivé moyennant l’ajout d’un deuxième suffixe diminutif féminin -ez utilisé pour la formation des noms de plantes. En dernier lieu, le syntagme [xˈiθ e bˈut] hith e butë « cendre douce » est composé de la forme lexicale, commune en albanais pour désigner cette espèce hith et de l’adjectif fonctionnant de spécificateur e butë qui sert à distinguer cette espèce d’ortie « dangereuse, nuisible ». En effet, tout comme ce premier syntagme, dans la même communauté de Shën Kostandini/San Costantino on trouve un autre [xˈiθ e ˈɛɡer] hith e eger « cendre sauvage (nuisible) » qui désigne l’espèce Urtica urens L.


2- [arðˈikuʁ] ardhikull est le nom de l’ortie à Hora/Piana en Sicile et il est emprunté au dialecte sicilien, comme le témoigne le phytonyme sic. ardìcula « ortie ». En sicilien, l’un des noms de l’ortie est représenté par la forme lexicale ardìca qui est aussi utilisée pour désigner d’autres espèces botaniques ressemblant à l’ortie (Mercurialis annua L., Lamium album L., Stachys sylvatica L., Lamiastrum galeobdoon (L.) Ehrend. et Polatschek, Lamium orvala L., Nepeta cataria L.) et pour un zoonyme (Carybdaea marsupialis L.) (VS, I : 236). D’autres variantes formelles sont les noms suivants, qui sont surtout dérivés d’ardìca : ardìcula « ortie » que l’on a proposés comme source du phytonyme arbëresh, ardiculeḍḍa « petite ortie », ardìcura « ortie » avec rhotacisme (VS, I : 237). [...]

À partir des observations ci-dessus, il résulte que les noms arbëreshë et albanais de l’ortie peuvent être tous reconduits à la même source pré-indoeuropéenne dont les reflets sont représentés par la racine chamito-sémitique gin- / gir- « feu » en raison des propriétés urticantes qui caractérisent cette espèce botanique et qui étaient connues dès l’époque de Pline, comme le témoignent ses observations à propos de cette espèce :


« Il est singulier que le simple duvet, sans pointes d’épines, soit malfaisant et qu’il suffise de le toucher légèrement pour provoquer aussitôt une démangeaison et des vésicules qui ressemblent à des brûlures » (HN, XXI, 93).


Ces caractéristiques intrinsèques de l’ortie ont été ainsi lexicalisées en utilisant une métaphore qui a permis de nommer la plante comme « (celle) qui brûle » ; le nom de l’espèce Urtica urens L. apparaît comme étant plus transparent que les dénominations que l’on vient d’analyser. Cette espèce est nommée dans la communauté de Shën Kolli/San Nicola [djˈeɡəz] djegëz « qui brûle », rattaché au verbe alb. djeg « brûler » : cette désignation montre clairement le lien motivationnel avec l’idée de « feu »

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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de l'Ortie (Urtica dioica) :


Mot-clef : Faites attention !


Si nous ignorons les noms des plantes qui nous entourent, si nous ne prêtons pas attention à la courbe unique d'une feuille ou à la trajectoire d'un rhizome, nous sommes face à un mur de verdure uniforme. C'est là que nous, humains, commençons à généraliser et à regrouper dans la catégorie « mauvaises herbes » tout ce qui ne porte pas de fleurs flamboyants. C'est le cas de l’ortie. « Faites attention ! » dit-elle pour nous mettre en garde. « Nous sommes tous différents, tous uniques. » Si vous reconnaissez la spécificité de l'ortie et la traitez avec respect, elle vous laissera approcher. Mais oubliez-vous, t vous n'oublierez pas sa piqûre... L’ortie vous demande de faire attention à l'individualité et de traiter le monde qui vous entoure en conséquence. Si elle vous pique, arrêtez-vous et faites plus attention la prochaine fois !


Rituel : Voir vraiment

L'ortie nous dit « Voyez-moi. » N'est-ce pas finalement ce que souhaite chacun d'entre nous ? Être vu et reconnu ?

ADOPTEZ CE RITUEL QUOTIDIEN : Voyez les gens qui vous entourent comme des individus uniques. Habitez le monde avec présence, reconnaissez dans votre cœur, votre famille les personnes avec lesquelles vous travaillez ou étudiez, les gens qui font la queue avec vous au marché. Dans votre tête, dites-vous deux choses uniques sur chaque personne que vous rencontrez. Quand vous glissez dans votre monde intérieur, cet endroit d'où vous voyez les autres un peu flous, faites l'effort de vous en extraire pour être extérieurement présent. En concentrant votre attention sur l'extérieur, imaginez chaque cellule de votre corps avoir conscience des moindres détails de la vie qui vous entoure.


Réflexion : Qui n'est pas vu ?

L'ortie nous offre un remède à la fois vaste et fondamental. Elle nous donne les éléments nécessaires à la constitution du corps humain et d'un sol sain. Comme elle n'attire pas l'attention, elle n'est pas souvent cultivée dans les jardins et sa piqûre la marginalise. Mais une fois qu'on la connaît, on la chérit.

Des groupes entiers de gens sont-ils relégués en marge de votre conscience ?

Les personnes âgées ont souvent l'impression de ne plus être considérées comme des individus à part entière, et des populations entières sont souvent catégorisées en fonction de leur race, de leur appartenance ethnique ou de leurs préférences.

L'ortie demande : « Qui est devenu invisible à vos yeux ? » Elle vous rappelle tout ce que vous ratez en en voyant plus l'individualité de chacun.

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.

La famille des Guérisseurs comprend la Sauge, le Romarin, la Lavande, l’Ail, la Consoude, le Pissenlit, l’Ortie. Ils ont un rôle clé dans l’équilibre de la santé et de la guérison.

Que ton aliment soit ton seul médicament.

Hippocrate.


Les Guérisseurs : Si nous avons chacun une mission de vie, il en est de même pour chaque esprit parmi le peuple végétal, chaque arbre, plante, pousse, fruit, champignon, herbe a sa raison de vivre sur la Terre. Chacun contribue à l'équilibre de l'univers et à notre propre équilibre. Notre santé s'enrichit quand elle st vue comme un tout dans sa dimension systémique. C'est l'intelligence de différents systèmes superposés qui nous maintient en santé. Le système digestif, cardiovasculaire, immunitaire, musculaire, osseux, mais aussi l'équilibre entre le système conscient et inconscient, visible et invisible, interne et externe du corps. L'équilibre entre nous et l'environnement. Le peuple végétal l'a bien compris. Aucune plante ne survivrait sur la Terre si elle n'était nourrie par les autres. Nous sommes tous liés les uns aux autres et sont liées entre elles les différentes dimensions de notre incarnation. Ainsi, une relation toxique peut avoir des répercussions sur notre mode de pensée, sur notre cerveau et sur nos organes. Les Guérisseurs savent cela. Ils nous permettent d'équilibrer nos différents systèmes et de nous concentrer sur une facette ou sur un organe en particulier. La médecine quantique, qui est la médecine de demain, nous enseigne que le seul fait de se connecter à une plante ou à une information nous permet de recevoir cette information, cette qualité ou cette sagesse.

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Avant de cueillir,

prends le temps de sentir.

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Voici encore une plante riche de qualités gustatives et médicinales dont le talent est bien au-delà de sa réputation. L'Ortie est un guérisseur non conventionnel. Si l'Ortie est mal aimée, c'est parce qu'elle pique et qu'elle prolifère. Les feuilles de l'Ortie sont parsemées de petits tubes microscopiques en silice qui dégagent en se cassant un cocktail d'acide formique, d'histamine et de sérotonine qui, associés, irritent la peau et créent la sensation de douleur. C'est pourquoi beaucoup la coupent dans le jardin. Comme la plante est persistante, plus elle est coupée, plus elle repousse en renforçant ses piqûres. Ainsi, la piqûre des Orties des sous-bois et moins douloureuse que celle des jardins. Si votre jardin abrite beaucoup d'Orties, c'est que votre terre est riche, car l'Ortie s'installe dans les terres fertiles pour y planter ses longues racines. L'Ortie est appréciée des jardiniers qui réalisent un purin précieux pour les cultures. Mais les bienfaits de l'Ortie sont bien plus nombreux qu'on ne le croit. La plante est utilisée en cuisine, en médecine, mais aussi en tissage. La fibre d'Ortie est facile à tisser et a été utilisée dans la confection des vêtements, d'accessoires, de cordes et de papier. La relation de l'homme à l'Ortie remonte à plusieurs millénaires. Cette plante a été cultivée de façon intensive jusqu'au tout début du XXe siècle, et pour cause, elle se cuisine aussi facilement que les Épinards ou les feuilles de Blette, en salade, en soupe, en tarte. Elle joue un rôle important dans la guérison. L'Ortie est diurétique, anti-inflammatoire, antalgique, elle apaise les rhumatismes, l'infection des voies urinaires, elle régule les hémorragies, apaise les maux de tête. Elle est active en bains de bouche contre les aphtes et les gingivites, en lotion contre l'acné. Riche en calcium, en magnésium, en phosphore, en vitamines, elle est un complément alimentaire précieux, notamment pour les végétariens. Les vikings honoraient l'Ortie, qui offrait aux guerriers la force nécessaire. Quant à Milarepa, l'un des plus grands yogis du bouddhisme tibétain, il est représenté de couleur verte. L'Ortie accompagnait ce sage en retraite dans sa grotte en devenant sa seule nourriture. L'Ortie a la réputation de développer la libido et de repousser les mauvais esprits. C'est pourquoi elle est associée autant à la protection qu'à la magie. L'Ortie était du reste utilisée par les sorcières pour la confection des philtres d'amour. Parce que la fabrication et la diffusion du purin d'Ortie ont été récemment interdites sous la pression des lobbys de l'agrochimie, l'Ortie est devenue un symbole de la résistance. Interdire l'Ortie pour la remplacer par des composants chimiques polluants est un non-sens pour les défenseurs de la nature. C'est pourquoi ils ont choisi l'Ortie comme plante de ralliement, l'Ortie dont les racines sont si nombreuses et longues, qu'elles symbolisent la lutte clandestine, la résistance au monde visible et la prolifération naturelle.


Mots-clés : Le feu ; La foudre ; La chaleur ; La réputation ; La parole ; La bouche ; La sexualité ; La malédiction ; Les protections ; La fertilité ; La perversion ; La résilience ; La piqûre ; La guérison ; La résistance ; La peau.


Lorsque l'Ortie vous apparaît dans le tirage : C'est toujours un signe fort qui vous relie au feu, à l'action, à la capacité à créer, à inventer, à poser des actes, à agir, à voyager. L'Ortie vous fait réagir, vous interpelle, vous invite à vous positionner, à sortir des sentiers battus, à regarder ce qui vous arrive. L'Ortie vous réveille de votre torpeur, pique votre curiosité, attise votre intérêt, chauffe votre sang et vous encourage à la présence, à la vigilance et au soin que vous accordez à vous-même et à vos proches. L'Ortie vous questionne sur votre énergie vitale et sur votre capacité à transformer vos intensions en actions, à concrétiser ce qui vous tient à cœur. Lorsque vous entreprenez, vous avez besoin de recevoir et de transmuter l'énergie de la terre. L'Ortie par ses racines tentaculaires peut vous interroger sur votre ancrage. Vivez-vous en lien avec la terre et la profondeur de vos racines, ou votre énergie mentale vous fait-elle vivre hors-sol ? Lorsque vous êtes ancré, l'énergie de la terre nourrit le premier chakra puis remonte jusqu'au sommet du crâne en passant par le cœur. Ainsi, il est nécessaire que vous soyez ancré pour que vos paroles et vos actes soient alignés à votre énergie vitale. L'Ortie est une plante utile et généreuse, pourtant, quand on oublie sa vocation, on la traite comme une mauvaise herbe. Ici, elle vous interroge sur la noblesse de vos motivations. Comment réagissez-vous aux premières rencontres ? Êtes-vous sur la défensive ? Trop confiant ? Passez-vous à côté d'une aide précieuse à cause d'un a priori ? L'Ortie sur voter chemin vous parle aussi de positionnement, de difficulté à poser vos limites et à vous faire respecter. capacité à poser des limites, lien avec ses racines, réputation, la rencontre avec l'ortie est une belle étape dans votre chemin d'évolution spirituelle. elle vous apprend à développer la connaissance, l'attention vigilante et le sens du discernement. Mais comme toute initiation, il faut accepter qu'elle pique un peu.


Signification renversée : Lorsqu'elle est renversée, l'Ortie vient surtout vous brûler. Vous vous êtes approché trop près. Avez-vous manqué de vigilance ? Peut-être avez-vous été trop avide ou impatient ou simplement n'avez-vous pas été attentif. Peut-être avez-vous voulu être trop intrusif. Prenez le temps d'écouter l'autre avant de lui parler. Écoutez son rythme, regardez où vous marchez. L'Ortie renversée peut vous interroger sur la façon dont vous-même vous protégez. Savez-vous exprimer vos limites ? Être à l'écoute de vous tout en vous positionnant ? Enfin, l'Ortie était utilisée pour fesser les suppliciés sur les places publiques et demeure encore dans l'inconscient collectif attachée à la punition, aux jeux érotiques, aux tabous, aux fantasmes. L'Ortie alors vous invite vous relier à votre motivation, à ce que vous souhaitez réellement et à la force de votre légitimité.


Le Message de l'Ortie : Qui s'y frotte s'y pique, et tu viens de toucher le feu de mes poils urticants. Tu t'es approché trop près, et voilà que tu t'es piqué. Ta première réaction est-elle la colère de t'être laissé surprendre ? Déjà, m'en veux-tu et voudrais-tu m'écraser ? Car bien sûr, il te serait possible avec un gant d'arracher quelques-uns de mes plants. Cela est stérile tant je pousse plus fort encore quand on m'arrache. Cela ne ferait donc que te soulager un temps. Ne cherche pas à lutter contre moi. Je t'invite plutôt à composer avec moi. Je te pique pour t'enseigner à être plus vigilant. Ce n'est pas contre moi qu'il faut lutter, mais contre ton absence à toi-même. Je vais t'apprendre à être plus attentif et plus présent. Je peux t'apprendre à être à ton écoute tout en étant à l'écoute de l'autre. Je t'apprendrai à poser tes limites avec douceur. Tu es une création de l'univers, et toutes les créations ont leurs limites et doivent apprendre à composer avec celles des autres. J'ai en moi le secret du feu de la terre. Je me moque de ma réputation. Je peux en revanche te transmettre mon pouvoir, , le pouvoir du feu de la guérison, pourvu que tu t'engages à être vigilant !


Le Rituel de l'Ortie : Notez aujourd'hui toutes les fois où vous avez eu du mal à poser vos limites. Toutes les fois où vous avez dit OUI, alors que votre corps ressentait NON. Toutes les fois où par consensus, pour ne pas rentrer en conflit, vous avez accepté une situation qui ne vous convenait pas. Puis répétez cette phrase : « Longtemps j'ai cru que pour être aimé je devais accepter des situations qui ne me convenaient pas. Aujourd'hui, je suis à l'écoute de mes besoins, de mes limites et m'autorise à demander ce qui est juste pour moi, car personne mieux que moi-même ne sait ce qui profondément me convient. Je prends le risque de décevoir, de surprendre et de piquer, car désormais, je protège mon territoire. ».

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Marine Lafon et Sandrine de Borman proposent une équivalence entre les 22 arcanes majeures du Tarot et 22 plantes majeures chez les Celtes dans un Tarot des plantes sauvages, Initiations végétales pour s'éveiller à soi (Tana Éditions, 2022) ; ainsi l'Ortie est-elle associée au Mat :


L'Ortie / Le Mat


Je suis l'Ortie. Nourricière,

Voyageuse indomptée, Je suis le lait vert de la Terre.

mes pointes acérées Mon fer vous régénère

partent à la conquête au sortir de l'hiver.

de votre liberté. Je vous dynamise de mes minéraux

et de ma silice qui s'immisce dans vos os/

Rien ne m'arrête.

Je projette ma semence féconde Conquérants,

pour parcourir le monde. mes poils urticants

vous foudroient.

Je suis pure expansion. si vous ne prenez soin de moi.

Je brûle les stagnations Mais lorsque vous me caressez,

qui limitent vos perceptions Je vous insuffle avec joie

et stimule la circulation la fougue de ma vitalité.

de votre vitale impulsion.


J'affranchis votre instinct.

Mon flux d'énergie infini

vous soutient

sur votre chemin de vie.


La Guidance de l 'Ortie : Énergie vitale - Impulsion - Expansion - Nettoyage - Libération.


Nourrir son impulsion vitale : Éternelle voyageuse, la Grande Ortie parcourt la Terre grâce à ses longs rhizomes qui se propagent à toute vitesse. Originaire d'Eurasie, elle est aujourd'hui présente dans le monde entier. Où qu'elle aille, elle emmène cette impulsion vitale. Nourricières, ses feuilles sont extrêmement riches en protéines, vitamines, minéraux et oligoéléments, et ses graines contiennent de précieux acides gras essentiels. L'Ortie renforce et protège notre système immunitaire grâce ce cocktail boostant de vitamines C (sept fois plus que dans l'orange !), B1 et E, de zinc, de sélénium et de manganèse. Son infusion à froid permet aux personnes convalescentes de retrouver leurs forces vives et assure une bonne stabilité nerveuse à celles dont le stress a épuisé les réserves en minéraux. La silice renfermée dans ses poils urticants stimule la vitalité des ongles et cheveux et celles des os et cartilages. Elle dynamise également les sécrétions digestives ainsi que le péristaltisme intestinal. Grâce à la sécrétine qu'elle contient, elle tonifie la vessie et régénère les reins. L'Ortie infuse donc sa formidable puissance de vie en nous,. Elle nous engage à nous demander comment vibre notre énergie de vie.

Compagnes des êtres humains, elle les suit à la trace en se nourrissant des sols gorgés de nitrates. En échange, elle leur pourvoit, depuis les temps préhistoriques, de quoi subvenir à leurs besoins primaires. Elle les alimente de ses feuilles nutritives et leur offre la médecine de ses minéraux. Elle leur a aussi fait don de ses fibres solides qui servent à fabriquer des tissus et cordages résistants et dont les Égyptiens entouraient les momies. De plus, elle les soutient dans leur production alimentaire. Son purin revitalise les sols cultivés et dynamise la croissance de légumes. Elle favorise également la pleine santé des animaux qui la mangent (elle simule la ponte des poules et augmente la teneur en lipides du lait de vaches.


Faire circuler son énergie de vie : Ses tiges striées de rouge sang semblent signaler son affinité avec la circulation sanguine. Sa richesse en minéraux et sa haute teneur en fer te sécrétine favorisent la présence de globules rouges, hématies et hémoglobine. En médecine traditionnelle chinoise, la bonne santé du sang est considérée comme l'élément clé de l'énergie vitale. Consommée pendant plusieurs mois, l'Ortie renforce donc le qi. Le vert profond de son feuillage révèle sa concentration en chlorophylle régénératrice du sang. Susun Weed, célèbre herboriste américaine contemporaine, la nomme « le lait vert de la Terre » et la préconise en cas d'anémie, de même que pour accompagner les grossesses et les accouchements : elle fortifie l'utérus et le fœtus, et prévient les saignements du post-partum.


S'émanciper : Inséminatrice d'énergie, l'Ortie projette en été des nuages de pollen pour assurer sa reproduction, tellement massifs qu'on peut les voir à l'œil nu. Cette fertilité exubérante et cette capacité à peupler massivement de vastes espaces font parfois le cauchemar de celles et ceux qui veulent s'en débarrasser. Mais cette détermination à parcourir librement le monde fait partie de sa médecine. L'Ortie nous invite à l'expansion de notre être. Elle nous pousse à agrandir la perception que nous avons de nous-mêmes, à faire voler en éclats des représentations obsolètes conditionnées ou imposées, à découvrir l'infinité de notre espace intérieur souvent bien plus vaste que l'on ne pense. Voyageuse indomptée, elle nous demande d'oser nous laisser mouvoir par d'autres dimensions que la seule raison, de cesser d'enregistrer et d'analyser en permanence ce qui nous arrive afin de libérer nos instincts primitifs. Auprès d'elle nous sommes pure présence, ici et maintenant. Conquérantes, ses pointes acérées à l'allure guerrière nous offrent la détermination nécessaire pour avoir confiance en qui nous sommes. Elle nous donne le courage d'affronter les obstacles pour marcher avec enthousiasme et sans crainte sur notre chemin de vie. Auprès d'elle, nous nous demandons : vers quoi ai-je l'impulsion de cheminer ?


Canaliser son flux d'énergie : L'Ortie qui engendre en permanence la vie impulse en nous la fougue de son feu vital. Son nom latin Urtica viendrait de uro, « je brûle ». En Russie, la veille de la Saint-Jean, les enfants sautaient au-dessus des Orties pour célébrer l'entrée dans la saison brûlante ; dans la mythologie germanique, la plante est associée au dieu Donar, maître de la foudre et du tonnerre. Pour qui la croie sur son chemin, sans prendre le temps de la connaître, elle irrite. L'acide formique et l'histamine que renferment ses poils sont responsables de piqûres. La plante échauffe et agace celles et ceux qui, indélicats, n'ont pas mis les formes pour la rencontrer et qui s'y piquent faute d'avoir observé où ils mettaient les pieds. Brûlante à l'extérieur, elle a pourtant, quand on la prend en interne, un effet rafraîchissant sur l'organisme. Elle apaise un excès de feu à l'intérieur du corps comme les inflammations et les irritations. Antihistaminique, son alcoolature calme notamment les emballements du système immunitaire. Elle apaise aussi les muqueuses digestives enflammées, ce qui permet de mieux assimiler ses précieux nutriments.

Au niveau psychique, elle modère le tempérament explosif des personnes facilement piques à vif., soit par un excès d'énergie mal canalisée, soit parce que leurs ressources sont brûlées et épuisées. Ce pouvoir alchimique, cette capacité à transmuter son feu extérieur en une énergie tempérante et régénérante nous enseigne à canaliser notre pulsion vitale. Plutôt que de l'utiliser pour continuer à nourrir le feu destructeur de l'ego, qui ne mène qu'à la destruction de soi-même et de l'environnement, elle nous enseigne à l'honorer en le mettant au service d'une élévation de notre conscience. Elle oblige celles et ceux qui écrasent les herbes sur leur chemin sans les regarder à la prendre en considération. Elle exige le respect et soigne ceux qui la ramassent en la caressant. Elle nous enseigne à nous décentrer de notre seule humanité et à voir les vivants non humains.


Libérer son élan de vie : L'Ortie nous aide ainsi à nettoyer ce qui bloque la bonne circulation de l'énergie vitale en nous. Elle a la particularité rare de nourri et de nettoyer en même temps notre organisme. Grande dépurative, elle aide le corps à évacuer ses toxines par les reins. Considérée comme « nettoyeuse du sang », elle permet, par l'alcalinité de ses minéraux, de tamponner les déchets acides de l'organisme. Comme elle aime pousser dans des lieux humides, on dit en médecine traditionnelle chinoise qu'elle « ouvre la voie des eaux » et draine l'organisme de l'accumulation néfaste d'humidité, telles les mucosités du système respiratoire ou les stagnations responsables des douleurs articulaires. Elle nous offre d'ailleurs ses jeunes pousses revitalisantes au sortir de l'hiver, à un moment où l'organisme est alourdi de toxines et la psyché engourdie par des mois de sédentarité. Auprès d'elle, nous apprenons à faire un grand travail de nettoyage à la fois physique et psychique afin d'accéder à notre plein potentiel vital. Nous abandonnons certaines croyances limitantes, les complexes et les jugements qui entravent notre flux d'énergie vital. Nous nous demandons : de quoi dois-je me libérer ?


Le rituel sauvage : nourrir son énergie vitale avec l'infusion à froid d'Ortie

L'infusion à froid des feuilles permet d'extraire les minéraux (magnésium, calcium, potassium, etc.) sous leur forme la plus simple et de les absorber facilement. Cette tisane est très nutritive et reminéralisante, elle fortifie l'organisme.

Avant de vous coucher, emplissez un bocal en verre de feuilles d'Ortie fraîches ou sèches, sans les tasser, et recouvrez-les d'eau à température ambiante. Laissez infuser toute la nuit et, le lendemain au petit matin, contemplez le vert profond de l'infusion concentrant toute la vitalité de l'éveil printanier. Filtrez et savourez.

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Symbolisme celte :


Selon Philip et Stephanie Carr Gomm, auteurs de L'Oracle druidique des plantes, Travailler avec la flore magique de la tradition druidique (Éditions Véga 2008), les mots clefs associés à cette plante sont :

en "position droite : Irritation - Dons cachés - Transmutation

en position inversée : Peur - Irritabilité - Aventure.


Il existe environ 500 espèces d'orties dans le monde entier. La grande ortie (Urtica dioica) est une plante pérenne originaire d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord. Elle poussait déjà en Grande-Bretagne avant les deux dernières glaciations, mais s'est répandue seulement quand les hommes ont commencé à abattre les forêts. Bien qu'elle pousse mieux dans un sol fertile, l'ortie s'est adaptée à des conditions extrêmement variées, atteignant des tailles de 60 cm à 1 m et florissant de juin à septembre.

La carte montre une ortie en fleur en plein été. Un papillon Robert-le-diable volette, prêt à se nourrir dans les fleurs, tandis que dans l'herbe, une vipère mâle s'éveille de son sommeil. On voit au loin le menhir du complexe cérémoniel de Merrivale, sur le Dartmoor (Devonshire).


Sens en position droite. L'extérieur rugueux des orties dissimule une douceur incroyable. Cette carte incarne une situation ou une personne avec des caractéristiques similaires. Il est facile d'ignorer les gens irritants, mais souvent cette attitude cache leurs dons. Si vous essayez de laisser de côté cette irritation et de communiquer davantage avec eux, vous serez étonnés de ce qu'ils ont à offrir. Comme pour toute situation compliquée, vous devez décider si vous voulez reculer ou persévérer - "saisir l'ortie" et supporter la gêne initiale afin d'en bénéficier par la suite. Les orties enseignent que les apparences sont trompeuses et que les premières impressions peuvent être erronées, ainsi que le secret de la transmutation : une expérience initialement inconfortable se transforme en une chose précieuse.


Sens en position inversée. Nos ancêtres étaient certainement plus robustes que nous. Notre mode vie urbanisé et de plus en plus sophistiqué a apporté de bon nombre de bénéfices, mais nous a également rendus plus "délicats" - craignant d'interagir avec le monde naturel par peur de ses dangers. Le choix de cette carte dit que cela s'applique à vous ou est significatif dans le contexte de votre lecture. Bine que la nature puisse être sévère et mettre en péril la vie, c'est seulement en nous battant avec elle que nous nous sentons vivant. Le moment est venu pour vous de vous aventurer dehors.

Une signification alternative de cette carte apparaît si vous lui demandez : " Qu'est-ce qui me vexe ?" Si vous avez une nature positive, vous tendez à ignorer les signes de votre irritation, mais vous pouvez rester à l'écoute de ce sentiment. Si une personne ou une situation vous irrite, il se peut que vous soyez en accord avec elle. Finalement, la carte enjoint de ne plus être si irritable, et de vous occuper de la cause sous-jacente de vos ennuis au lieu d'être "hérissé" envers les autres.

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Une réserve de générosité

Pour les Anciens, la grande ortie était une plante des plus importantes, offrant nourriture, vêtements et remèdes. Difficile de croire qu'une plante qui punit d'une piqûre si désagréable et qui est actuellement tenue pour nuisible puisse représenter une telle réserve de générosité. L'homme a tourné le dos à cette plante à une époque relativement récente. A mesure que les tribus néolithiques abattaient des arbres pour s'installer dans les clairières des bois. les orties avaient poussé sur de grandes bandes de terrain et avaient rapidement été mises à contribution pour obtenir les fibres dont on fabriquait les cordes, les nasses et les tissus avant l'apparition du lin. La fibre d'ortie est incroyablement forte. Au XVIIème siècle, on la tissait encore en Écosse pour des draps et des nappes. Pendant la première guerre mondiale, lorsque les réserves de coton ont été épuisées, l'Allemagne et l'Autriche ont produit des vêtements en fibre d'ortie. Cuite ou dans une soupe, l'ortie rappelle le goût des épinards ou du chou frisé. Elle contient du calcium, du potassium, du fer, du manganèse et des vitamines A et C. En Écosse, on l'ajoutait au caille-lait pour préparer le beurre et le fromage. Bouillie avec de la farine d'avoine, l'ortie soignait le bétail constipé ou servait simplement de fourrage. En plus de servir de nourriture aux animaux et aux hommes, cette plante polyvalente entretient aussi plus de quarante espèces d'insectes, dont de nombreux papillons, comme la petite vanesse dont elle est la seule alimentation. A la fin de l'été, beaucoup d'oiseaux se gavent des graines produites en énorme quantité par les orties. Cette plante est si riche en phosphates que macérée dans de l'eau de pluie, elle fait un terreau bio idéal.

Les bains faciaux de vapeur d'ortie sont censés améliorer le teint et les infusion soignent l'eczéma. On l'utilise aussi comme tonique pour les cheveux et nettoyant pour la peau grasse. Un vieux remède populaire utilisé dans certaines régions des îles Britanniques consiste à fouetter délibérément son corps d'orties pour alléger les douleurs articulaires et rétablir la circulation. Les légionnaires romains, les gitans et les habitants de l'île de Man (qui appelaient l'ortie undaagah, ancien mot gaélique pour flagellation) connaissaient aussi ce secret.


"Nous avons mangé un peu de potage d'orties, très bon..."

Samuel Pepys, 1661

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Mythologie :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


ORTIE. — L’ortie a, le plus souvent, dans les croyances populaires, une signification propice. Dans le gouvernement de Novgorod, en Russie, les enfants sautent par dessus les orties, comme ailleurs sur le feu, à la veille de la Saint-Jean, pour indiquer l’entrée du soleil dans la saison brûlante. Un proverbe hongrois dit que la foudre ne frappe point les orties, probablement en vertu de la même croyance par laquelle on invoque le diable contre le diable. Les orties et les roses d’or sont destinées à essuyer les larmes de l’amant orphelin de la jeune Marie, dans un chant mythique et solaire des Lettes, cité par Mannhardt : Lettische Sonnenmythen :

D’après le livre De Virtutibus Herbarum, attribué à Albert le Grand, l’ortie chasse la peur : « Hanc herbam tenens in manum cum millefolio, securus est ab omni metu et ab omni phantasmate. Et si id ponatur cum succo sempervivae et ungantur manus et residuum ponatur in aqua, et aquam intret ubi sunt pisces, ad manus ejus congregabuntur, et etiam ad piscellum. Et si extrahatur, statim resiliunt ad loca propria ubi erant prius. » Le véritable Albert le Grand connaissait déjà de son temps l’usage d’employer l’ortie pour faire des tissus : « Duas autem habet pelles (urtica), interiorem et exteriorem ; et illae sunt, ex quibus est operatio, sicut ex lino et cannabo. Sed pannus urticae pruritum excitat, quod non facit lini vel cannabis » Cette notion nous fait mieux comprendre la petite toile de soie mouillée de larmes que les orties doivent essuyer. Les orties elles-mêmes fournissent la petite toile de soie. En Toscane, lorsque la feuille du mûrier vient à manquer, on y supplée encore en donnant aux vers à soie la feuille d’ortie. Le mot allemand Nessel, qui signifie ortie, a été rapproché du gothique nati, de l’anglo-saxon net et de l’allemand Netz. Victor von Hehn, dans son intéressant ouvrage, Kulturpflanzen und Hausthiere, s’étend sur le tissage de l’urtica dioeca par les femmes bachkires. Dans le Turkestan, on mêle souvent le fil d’ortie avec le fil de soie, et l’on en fabrique un tissu que l’on fait passer pour soie toute pure. La Thaumatographia naturalis de Johnston nous décrit un prodige concernant les orties : « Cum quidam remedium contra calculum instituere vellet, sub finem Autumni non paucas e terra urticas integras radicitus evulsit ; ex evulsis lixivium cum aqua calida vulgari modo composuit, compositumque philtrando atque transcolando purificavit, ut ex illis tandem, secundum artis praecepta suamque pariter intentionem, educaret, accomodatum. At vero, cum in vasculo quodam terreo, praedictum lixivium, tota nocte, ut frigefieret, exposuisset, quo die subsequente, exhalationem ad salem extrahendum moliretur, casu quodam contigit, hac ipsa nocte, aerem ita infrigidatum fuisse, ut totum lixivium gelu nimio concretum fuerit. Cum igitur, summo mane, vas illud e fenestra amovere vellet, praeter suam vidit opinionem aquam lixivii congelatam, subindeque mille urticarum figuras, in illa cum radicibus foliis et truncis adeo perfecte descriptas et adumbratas, ut qui melius illas ad unguem expressisset figurassetque vix pictor ullus reperiretur. » D’après Mannhardt, Germanische Mythen, l’ortie était consacrée au dieu Thunar. Dans le à Thyrol, lorsque l’orage éclate, on jette des orties sur le feu, pour éloigner tout danger, et, spécialement la foudre. La graine d’ortie, d’après les croyances germaniques, excite à la volupté et facilite les accouchements. Thunar était aussi un dieu du mariage pour les anciens Germains. Mannhardt ajoute ces renseignements curieux : « Si quis in urticas minxerit, libidine afficietur (1) ; Paullini (Zenkürzende Lust, 176) : Virginitatis probandae causa puellam in urticas etiam virides mingere jube, quae, amissa pudicitia, exarescent (2) (Ein schön neu erfundenes kunstbüchlein, darinnen 125 stück vor Menschen und Vieh). An einigen Orten schlägt man sich am Johannistage gegenseitig mit Brennesseln, die in Urin getaucht sind. Im Volkslied ist die Brennessel Symbol der Liebestrauer. Wenn man grüne taube Nesseln in den Urin des Kranken legt und sie nach 24 Stunden noch grün sind, so wird er gesund (Buck der Geheimnisse, Ilmenau, 1824). Gegen böse Träume hilft es, auf einem Schaffell schlafen und vor dem Zubettgehen einen Aufguss von Brennesselwurzeln trinken. » Par l’ortie, si on la cueille avant le lever du soleil, on chasse aussi, en Allemagne, les mauvais esprits du bétail, en prononçant ce quatrain :

Brennessel lass dir sagen,

Unsere Kuh hat (im Fuss) die Maden (böse Elbe) ;

Willst du sie nicht vertreiben,

So will ich dir den Kragen abreiben.


Dans le Canavais, en Piémont, on croit se sauvegarder de tout maléfice en portant de l’ortie sur soi. A Lugnacco, dans le Canavais, comme dans le Tyrol, à l’approche de l’orage, on jetait de l’ortie dans le feu, croyant ainsi éloigner par la fumée, les sorcières censées cause de la vapeur orageuse. Dans le Canavais, on donne aussi aux poules de l’ortie avec le son, dans la conviction que, par ce procédé, elles produiront beaucoup d’œufs. Macer Floridus (De viribus herbarum) recommande l’ortie comme un remède aphrodisiaque :


Si quadrupes quaecumque marem perferre recusat,

Urticae foliis illius vulva fricetur ;

Sic naturalem calor excitat ille calorem.


Notes : 1) Quelle pourrait être l’origine de l’expression française : jeter le froc ou la soutane aux orties ? En Italien, le proverbe plébéien pisciur sull’ortica est un équivalent de devenir sérieux. Pourquoi ?

2) Serait-ce pour cette raison que dans Hamlet, de Shakespeare, la vierge Ophélie porte une couronne d’orties ?

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Contes et légendes :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


CHEMISE D'ORTIES. La tradition allemande qui porte ce titre est rapportée comme suit dans les souvenirs de voyage de M. X. Marmier :


« Dans une des grottes de ce rocher adossé au château d'Eberstein, habitait autrefois une naine de montagne (Bergweiblein), qui n'était plus ni jeune, ni jolie, mais qui avait un caractère extrêmement bon et obligeant. Elle venait souvent à la veillée du soir visiter les pauvres habitants du village ; elle racontait aux jeunes filles de merveilleuses histoires, et partout où elle avait passé, la quenouille se remplissait de lin, et la bobine se couvrait d'un fil beaucoup plus fin et plus uni.

Il y avait dans ce temps là à Eberstein un châtelain au cœur dur, qui tourmentait les vassaux, forçait impitoyablement les enfants de ses serfs à travailler sans cesse, et ne leur permettait de prendre ni une heure de repos, ni un instant de plaisir. L'une des jeunes filles à ses ordres était très belle ; elle s'appelait Clara. Le jardinier du château l'aimait et elle l'aimait aussi. Mais elle ne pouvait se marier sans la permission du châtelain, et chaque fois qu'elle en avait manifesté le désir, celui-ci avait trouvé un nouveau moyen de repousser sa prière. Un jour qu'elle était revenue l'implorer de nouveau, il lui dit avec une froide ironie, en la conduisant vers la fenêtre :

- Tiens, vois- tu là-bas ce tombeau ?

- Hélas ! répondit Clara en pleurant, c'est celui de mes parents.

- Les orties y croissent à merveille, ajouta le châtelain ; je me suis laissé dire que l'on peut faire un tissu charmant en filant cette plante. Si tu veux que j'accède à ta demande, va te mettre à l'œuvre, pose ces orties sur ta quenouille et tires-en de quoi faire deux chemises de même grandeur, l'une sera ta chemise de fiancée, l'autre me servira de linceul .

A ces mots, il s'éloigna avec colère, et la pauvre fille resta toute stupéfaite, ne sachant à quoi se résoudre. Dans la tristesse de son âme elle alla s'asseoir sur le tombeau de ses parents, et pleura el pria tant, que ses pleurs et ses prières auraient pu attendrir un rocher. Tout à coup la Bergweiblein lui apparut et lui demanda la cause de ce chagrin. Clara lui raconta ce qui venait de se passer, et, en écoutant ce récit, le visage de la vieille femme prit une expression de colère :

- Console-toi , lui dit -elle , Je viendrai à ton secours.

En disant cela elle arracha les orties qui avaient grandi sur le tombeau et retourna dans sa montagne.

Peu de temps après, le châtelain chassait dans la montagne ; il arriva auprès du Rockenfelds, et trouva la Bergweiblein assise à l'entrée de sa grotte et tournant son rouel avec une grande activité.

- Vieille, dit-il en passant, tu travailles à faire une chemise de fiancée ?

- Oui , répondit-elle, une chemise de fiancée et une chemise de mort.

- Tu as là une belle laine, tu me l'auras sans doute volée.

- Non. Je l'ai recueillie sur la tombe du brave Gottfried.

Cette réponse jeta le trouble dans la conscience du châtelain. Il retourna à Eberstein avec une agitation visible, et il combattait au dedans de lui-même pour savoir s'il consentirait au mariage de Clara, ou s'il s'y opposerait encore. Quelques jours se passèrent sans qu'il eût la force de prendre aucune résolution. Un soir où il était assis à table, avec sa coupe pleine de vin devant lui ; Clara entra portant ses deux chemises.

- Monsieur le châtelain , dit-elle, voici ce que vous avez demandé, voici les deux chemises tissues de fil d'orties ; l'une est pour vous, l'autre est pour moi.

- Eh bien ! Je tiendrai parole, répondit le châtelain, demain le mariage aura lien.

Il dit ces mots en riant ; mais son âme était pleine de frayeur et son regard était sombre. Il lui semblait qu'il se trouvait poussé par une main miraculeuse ; il donna ses ordres pour la cérémonie et promit d'accompagner Clara à l'église. Mais le lendemain matin il avait cessé de vivre, et à l'heure où la cloche s'ébranlait pour annoncer le mariage de Clara et du jardinier, une autre cloche sonnait pour annoncer ses funérailles. »

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Lire le conte étiologique qui explique l'origine de la qualité urticante de l'ortie.


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Littérature :


J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,

Parce qu'on les hait ;

Et que rien n'exauce et que tout châtie

Leur morne souhait ;


Parce qu'elles sont maudites, chétives,

Noirs êtres rampants ;

Parce qu'elles sont les tristes captives

De leur guet-apens ;


Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;

Ô sort ! fatals nœuds !

Parce que l'ortie est une couleuvre,

L'araignée un gueux ;


Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,

Parce qu'on les fuit,

Parce qu'elles sont toutes deux victimes

De la sombre nuit...


Passants, faites grâce à la plante obscure,

Au pauvre animal.

Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,

Oh ! plaignez le mal !


Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;

Tout veut un baiser.

Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie

De les écraser,


Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe,

Tout bas, loin du jour,

La vilaine bête et la mauvaise herbe

Murmurent : Amour !


Victor Hugo, "J'aime l'araignée et j'aime l'ortie", Livre premier : Aurore, poème XXVII, Les Contemplations, 1856.

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi les orties :

12 août

(Fontaine-la-Verte)


[...] Les orties contemplent dans l'eau brune de la mare l'image de leurs dentelures hérissées de mini-seringues à injection.

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