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Le Liseron

Dernière mise à jour : 7 oct.



Étymologie :


  • LISERON, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1538 « plante herbacée à tige volubile » (Est., s.v. clematis et concilium ; 2. 1867 liseron épineux « salsepareille » (Littré). Dér. de lis*; suff. -eron (v. -on).

Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Convolvulus - Baromètre des gueux - Boyaux du diable - Campanettes - Capsulé - Chemise de Notre-Dame - Crémette - Couriasse - Grande vrillée - Herbe aux cloches - Herbe aux sonnettes - Lach'ron - Liaou - Ligneul - Liorne - Lis des champs - Lison - Lisse - Litrelle - Manchette de la Vierge - Manchettes de Notre-Dame - Rampioule - Riboulo - Rouvion - Traînasse - Varvèle - Vaucielle - Véyette - Voluble - Vignolé - Vitréole - Volubile - Vrillée - Yeux rampants -

Convolvulus arvensis - Campanette - Clochette champêtre - Liseron des champs - Liset - Petit liseron - Petit liset - Vrillée - Robe de la Vierge -

Calystegia sepium - Clochette - Grand Liseron - Henat (Wallonie) - Liseron des haies - Manchette de la Vierge - Scammonée d'Allemagne - Scammonée d'Europe -

Convolvulus soldanella - Chou marin - Liseron maritime - Liseron soldanelle -

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Botanique :


Jacques Lefrêne (pseudonyme d'Elie Reclus), auteur de Physionomies végétales, Portraits d'arbres et de fleurs, d'herbes et de mousses (In : La Société Nouvelle, novembre 1910 ; Éditions Héros-Limite, 2012) s'appuie sur la description botanique de la plante pour en déduire des traits symboliques :


A Alfred Dumesnil, auteur de L'Immortalité


« Le monde ne dure qu'un instant, disent les Çoufis, mais à chaque instant il est toujours nouveau. »

« Qu'ont voulu dire les Çoufis ? » pensais-je, en me promenant dans le Parc Monceau.

Matinée de juillet. dans l'étang, les gyrins nageurs, les tourniquets étincelants pirouettent en traçant un cercle de feu?. Les araignées d'eau dardent des cercles de lumière ; dans le miroir limpide se réfléchissent les colonnades, les guirlandes de lierre, les grands troncs des vieux peupliers.

« Qu'ont voulu dire les Çoufis ? »

Entre les branchages, du milieu des ombres fraîches et obscures, de larges rayons illuminent le gazon, le découpent en tranches vert-doré. De minces filets d'eau jaillissent des tuyaux d'arrosage et retombent en fine poussière, et à travers la pluie d'or et de diamants volètent des moineaux prenant leur douche matinale. Alertes et agiles, gais et fringants, la bande bruyante passe et repasse, piaulant de bonheur, jetant de petits cris d'innocence et de malice...

« Mais qu'ont voulu dire les Çoufis ? »

Cette haie est vraiment magnifique. On dirait de grands papillons multicolores, on dirait des flammes irisées voltigeant le long du buisson vert. Volubilis et Convolvulus ! Qu'elles sont belles et superbes ! Aucune qui ne soit splendide : laquelle admirer le plus, des violettes, des purpurines ou des chatoyantes, roses par-ci, azurées par-là, toutes veloutées, transparentes et suaves ? Sans doute, les rubis et les grenats délectent les yeux, mais que dire de ces délicates transparences ? Les perles sont brillantes et les diamants éclatants, mais ici les chairs diaphanes, aériennes, palpitent de vie.

La première fleur que je me rappelle avoir vue au monde, la première aimée et admirée, est le petit liseron des champs, qu'on appelle aussi clochette, campanette ou vrillée commune, que sais-je ! Commune, dot-on, mais belle autant que répandue. On la voit du Nord au Midi, sur tous les continents, dans tous les buissons et dans tous les sentiers, sr les lisières des forêts, sur les plages marines, dont elle fixe les d unes avec ses racines profondes et menues, élastiques et fibreuses.

Les formes qu'elle affectionne relèvent de la géométrie et même de la plus délicate. la feuille affecte l'élégance silhouette d'une toupie. Mince et grêle la tige économise la matière pour donner davantage à la floraison et à la fructification. Montant haut, si haut qu'elle peut monter, sa ténuité l'oblige à s'appuyer sur des corps étrangers. Elle retombe en arceaux et guirlandes avec des mouvements gracieux et tendres, elle s'enroule sur les troncs et rameaux voisins. Le Liseron est la faiblesse s'entortillant autour de la force, et en échange de sa protection, l'entourant de grâce et de beauté, de fleurs éphémères, hélas ! Et si les tiges de liseron n'ont pas trouvé aide et protection au dehors, elles s'entortillent industrieusement. L'union fait la force et leurs spires rapprochées affectent la forme d'un cylindre creux.

C'est pour obéir à une mystérieuse loi cosmique que la tige dispose ses hélices en tournant sur elle-même de droite à gauche, à l'instar de légumineuses et passiflores, tandis que houblons et dioscorées vont en sens opposé.

De l'ovaire, centre sacré du monde liseron, surgissent un pistil et cinq étamines qui se dressent de toute leur hauteur à la rencontre du soleil. Dans un calice vert s'emboîte une corolle qui passe du blanc au rose, puis au pourpre - mystique succession. Le symboliste y verrait l'enfant devenant éphèbe et l'éphèbe devenant l'adulte - mieux encore : l'ignorance s'épurant en innocence et l'innocence aboutissant à la passion, terme et récompense d'une sage virginité. Cinq nervures rayant la corolle forment étoile, la coupe s'ouvre circulairement, elle est légèrement dentelée et se profile suivant deux fières hyperboles. L'ovaire sphéroïde, aplati vers les pôles, côtoient trois berceaux, et dans chacun dorment deux petits embryons.


Ce buisson est un peuple de Convolvulus à tous les âges de la vie, peuple bigarré, peuple éphémère. ici des boutons roulés en corne, chiffonnés à l'extrémité ; on dirait l'étoffe satinée d'une ombrelle rose, dont on aurait voulu refouler les plis à l'intérieur. Mais pourquoi donc les spires des bouton et celles de la tige tournent-elles en sens inverse ?

Certains peuples se sont figuré que chaque matin un nouveau soleil se lève. Voici des fleurs fanées et flétries hier encore elles étaient magnifiques et superbes. Celles qui, fraîches de ce matin, triomphent dans leur splendeur, le soir les verra penchant tristement la tête, mortes u mourantes. Demain, elles ne seront plus que cadavres, tristes rebuts, objets déplaisants :


Ô vraiment marâtre Nature,

Puisqu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusqu'au soir...


Comme il disait vrai, le Persan : « Le monde ne dure qu'un instant ! »

Ces volubilis ne vivent pas plus longtemps que le monde des Çoufis. Et pourquoi leur fraîcheur, pourquoi leur magnificence, puisque si promptement elles devront mourir ?

Avec un tissu plus épais et résistant, vous leur donneriez plus de durée, mais verriez-vous par transparence les frêles colonnettes du pistil et des cinq étamines ? Verriez-vous ces irisations, ces réfractions, ces jeux de couleurs, ces feux de lumière ? Ce qui se gagne en force, se perde en vitesse, nous dit la mécanique. De même, ajouterons-nous, la vie qui augmente en intensité diminue en durée. En opposition avec ces éclairs de la corolle, nous voyons des graines noires, luisantes, dures comme de la limaille de plomb, sans aucune prétention à la beauté. Au liseron, il a fallu choisir. A un germe quelconque, à une cellule éclose on ne sait où, la Nature a dit :

- Mille matrices, un milliard d'ovaires, sont prêts à te recevoir. Veux-tu être baobab ou violette, mousse ou peuplier ? Veux-tu lutter de force contre l'ouragan ? Ou préfères-tu, jonc gracieux, ployer sous le souffle de la moindre bise ? Tu peux être chêne. Ta fleur sera rudimentaire, il est vrai, inodore et insignifiante, mais tu élaboreras lentement un bois noueux et tordu, dur et vigoureux, qui bravera les autans de cent hivers. Tu peux, aussi, ne durer que l'espace d'un matin, tu peux n'être qu'une campanule, mais être belle parmi les belles fleurs de Mai !

- Je préfère, répondit la petite vie, l'animule flottant dans l'espace, je préfère être belle un jour et mourir !


Le Convolvulus, fleur délicate, veut bien être frêle et ne durer qu'un instant, mais pour sa progéniture, elle a rêvé force et durée ; la graine est d'une dureté qui semble la rendre indestructible.

Pourquoi le liseron serait-il immortel, puisque la famille liseronne ne meurt point ? Les convulvulus, liserons et volubilis démontrent le bienfait de la mort, proclament que la mort est la condition de la beauté.

Quand le liseron a reçu sa fécondation, il se replie et reploie, puis il se dessèche en protégeant la semence de l'avenir. La plante a raison. Le liseron ne vivra que l'espace d'un matin, mais par sa descendance il est immortel. L'Espèce, par la prompte mort de tous les individus qui la composent, jouit d'une éternelle jeunesse.

On nous a toujours enseigné que la perfection comportait l'éternité. C'est le contraste que nous voyons. Je comprends la vie comme la rencontre d'une multitude de forces qui, avant de diverger en une multitude de directions, convergent d'abord vers un centre commun, centre qui se rapprochera d'autant mieux du point mathématique dans l'espace et la durée, que la rencontre aura été mieux calculée. Plus la beauté est exquise, plus elle sera fragile ; plus le bonheur est difficile et extraordinaire, plus il est court. Pour tout ce qui vit, un bonheur sans fin est illogique. Éternelle beauté, idée contradictoire, il est déplorable qu'en implantant ces chimères-là dans nos âmes, nous en ayons fait le critérium de nos jugements et ne voulions pas être heureux tant que nous ne tiendrons pas dans nos mains l'intangible et l'impossible.

L'éternelle perfection supposerait une éternelle immobilité, dont la Nature a horreur autant que du vide, car elle est faite de temps non moins que d'espace. La grande maïa jamais ne se lasse, jamais ne se repose. Pénélope tisse, détisse et retisse constamment et sa toile est la matière organique. Elle crée, détruit et recrée. La matière ne cesse de fermenter. Les germes qui éclosent de toutes parts n'ont qu'une portion très limitée de nourriture et d'existence. A ses enfants qui grouillent et pullulent, la mère Gigogne tend ses innombrables mamelles, mais la faim presse, et moins nombreux sont les tétins que les bouches suçantes.

Le liseron a compris et choisi. C'est une feuille qui ne veut pas survivre à ses dix-huit ans, cette fleur qui ne veut pas survivre aux première caresses du soleil matinal. Elle a vu, elle a eu ce qu'il y a de plus beau. Elle a bu toutes les délices du monde en une pointe de lumière et n'en veut pas davantage, elle en a assez.

Ô liseron charmant, que t'importe donc, que t'importe la brièveté de l'existence ! Tu préfères ignorer les interminables hivers, ne pas subir les vents aigres et froids, les faims affreuses, les soifs atroces. D'autres ont voulu se priver, s'abstenir, combattre et lutter, souffrir et haïr. A leur aise !

« Je m'exempterai, as-tu dit, de la douleur en même temps que de l'orgueil et de l'égoïsme. Je durerai autant que le plus beau des jours, moins encore, autant que dure une seule sensation de bonheur. Pourvu qu'un instant, un seul instant, je sois beau d'une beauté accomplie, que je plonge dans la joie, l'amour et la lumière, que me faut-il de plus ? Plutôt une extase de volupté qu'un éternel désir, plutôt avoir tout en un instant que de n'avoir point assez pendant de longs et longs siècles ! »

Je comprends maintenant. La vrillé commune m'a expliqué la doctrine des Çoufis. C'est précisément parce qu'il ne dure pas que le monde est toujours nouveau. C'est grâce à une mort incessante qu'il renaît dans son éternelle beauté. Et ceux-là meurent jeunes qui sont aimés des Dieux. Aux mortels, les Destins ont alloué une même quantité de bonheur, à savoir une goutte de nectar et pas davantage. Les uns l'étendent dans des litres d'eau. D'autres la mélangent de vin bleu, d'absinthe, d'eau-de-vie, d'acide nitrique, la noient dans des potions chimiques, qu'ils ingurgitent jusqu'aux lies, jusqu'à l'amertume des arrière-goûts. D'autres encore la gaspillent ou attendent que la liqueur évaporée n'ait plus laissé qu'une efflorescence saline. Quelques heureux - ils sont rares - avalent la gouttelette sans hésiter, la boivent pure, entière, suave, exquise. Ils ont un éclair de feu, un instant suprême ; c'est assez !

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Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) consacre une courte section à la description ddu Grand Liseron :


Nom scientifique [Calystegia sepium] : Le premier élément du binôme est un nom composé du gr. k£lux- « toutes sortes d’enveloppes : enveloppe des graines, gousse ; calice d’une fleur ; bouton de fleur, de rose » (DELG : 487) et gr. stšgw « mettre à l’abri, couvrir, protéger » (DELG : 1046). Le deuxième élément dérive, en revanche, du lat. SAEPIŌ, -ĪRE « envelopper, encercler (souvent avec l’idée de protection) ; vêtir, couvrir » (OLD : 1677).


Description botanique : Le grand liseron est une plante grimpante avec un single rejet rampant et radicant qui naît à la base d’une tige et sert à la multiplication de la plante. Les racines sont à rhizome ; les fleurs 257 blanches sont disposées sur la tige, chacune sur un pédoncule indépendant. La période de la floraison va de juillet à octobre (Pignatti, 1982, II : 386).

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Liseron :


Propriétés Physiques et Chimiques. ― Le liseron des haies est inodore ; sa racine est un peu âcre ; les feuilles et les fleurs sont amères. Cette plante contient une résine analogue à celle du jalap et de la scammonée, des matières grasses, de l'albumine, du sucre, de la silice, du fer, du soufre et des sels (Chevallier).


Usages Médicaux. ―  Toute cette plante possède des propriétés purgatives bien tranchées ; c'est un de nos meilleurs purgatifs indigènes. Il a moitié moins de force que le jalap. Son suc épaissi en extrait purge les enfants à la dose de 2 à 5 décigrammes et les adultes à celle de 7 à 15 décigrammes (Necker, Coste, Willemet). L'infusion des feuilles et surtout de la racine s'administre à la dose de 4 à 12 grammes (Bodard). On a dit cette plante bonne contre la paralysie et la gravelle. Les feuilles sont résolutives appliquées en cataplasme.


Convolvulus arvensis : Usages Médicaux. Nous manquons de bonnes expériences sur cette plante qui paraît douée des mêmes propriétés que le grand liseron. Tournefort et Garidel la regardaient comme un excellent vulnéraire. On la prescrivait aussi dans la goutte, contre les calculs et dans les maladies cutanées. La plante entière s'administrait comme purgative.


Convolvulus soldanella : Propriétés Phyiques. et Chimiques. - Les racines sont grêles et blanchâtres ; elles contiennent, d'après Planche, de la résine, de l'extrait gommeux, de l'amidon, de la silice et des sels. Les feuilles sont pourvues d'un suc lactescent, un peu âcre, amer et salé.


Usages Médicaux. - Cette plante est aussi purgative ; elle peut remplacer le jalap, mais à dose plus forte. Elle est usitée depuis longtemps comme un purgatif hydragogue (Matthiole, Forestus, Boerhaave) ; elle a été remise en honneur par Loiseleur-Deslongchamps. Cazin préfère les racines aux feuilles dont l'action est quelquefois infidèle ; il recommande aussi l'emploi de la teinture alcoolique qui peut remplacer l'eau de vie allemande ou teinture de jalap composée du Codex. La soldanelle était aussi estimée autrefois dans la fièvre quarte et le scorbut ; Ferrein la regarde comme un bon anthelminthique.

Formes et doses. - Poudre des feuilles ou de la racine, 1 à 4 grammes. Décoction, 10 à 15 grammes. Résine, 1 à 2 grammes dissoute dans l'alcool. - Suc, 1 cuillerée à café jusqu'à 1 cuillerée à bouche.

 

Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », (Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ 1984, pp. 129-158) proposent la notice suivante :


Vïlyà, f. / avllyà, f. / vïyà, f. / aviyà, f. / *yorta, f. = « lien » / = liseron = Convolvulus sp.

Avec la plante entière, on fait de la tisane contre la diarrhée de l'homme et du bétail ; les racines sont détruites par l'urine de cheval.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


En Dauphiné, d'après Villars, on a mangé aussi en potages ou apprêtées comme des épinards les feuilles du liseron des champs, Convolvulus arvensis [...] En Savoie, je ne l'ai jamais ouï dire ; mais les relations entre ces deux provinces limitrophes étaient trop fréquentes pour que l'on dédaignât dans l'une ce que l'on appréciait dans l'autre. Je fais pourtant des réserves pour le liseron et certains chénopodes.

 

Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes :


Propriétés et utilisation : Cette espèce botanique est utilisée en médecine populaire pour le traitement des troubles hépatiques, des calculs biliaires, de l’hypertension, des varices, des blessures, des durillons ; ses propriétés laxatives et cholagogues sont également connues (Guarrera, 2006 : 71). Le liseron est aussi utilisé dans l’alimentation de cochons et lapins, qui en sont friands (Guarrera, 2006 : 71).

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Vertus médicinales :


Dans Des hommes et des plantes (Éditions Opéra Mundi, 1970), son autobiographie, Maurice Mésségué évoque le savoir ancestral de son père qu'il a su faire perdurer après la mort prématurée de celui-ci :


Pour les intestins j'ai choisi le ravissant, l'humble Liseron blanc des haies. Il est bien trop modeste pour retenir l'attention, c'est pourtant un excellent purgatif. Mon père, avec sagesse, me défendait d'en mâchouiller les tiges lorsque j'étais enfant. J'ai fait de même pour mes fils.

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


D'après Marcellus Empiricus, médecin de Bordeaux (IVe siècle), on remédiait puissamment aux maladies inguinales en faisant avec du liseron sept nœuds, en nommant à chacun une veuve, et en les attachant sur le talon du pied du côté où se trouvait le mal.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du liseron des champs :


LISERON DES CHAMPS - HUMILITÉ.

Plante qui rampe sur la terre, ou qui s'élève à l'aide d'un appui. Le père Rapin apostrophe ainsi cette fleur :

« Croissez, lis heureux ! doux essai de la nature dans son enfance ! chef- d'œuvre qui semblait annoncer de grands ouvrages ! »


CONVULVUS DE NUIT - NUIT.

Il y a plusieurs espèces de beaux liserons qui ne s'ouvrent que la nuit ; ils sont originaires des pays chauds.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Convolvulus - Nuit.

Cette plante ne fleurit que la nuit.


Liseron pourpre - Élévation fragile.

La croissance du liseron est rapide, sa tige peut atteindre la hauteur de dix mètres dans une année ; mais il tombe si on lui retire son appui, et meurt dans l’année même qui l’a vu naître.


Liseron des champs - Humilité.

Cette espèce fort jolie rampe presque toujours et se cache.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


LISERON DES CHAMPS - HUMILITÉ.

Dieu dompte les superbes et fait grâce à ceux qui sont humbles. Courbez-vous donc sous le bras du Seigneur, afin qu'il vous élève quand il sera temps.

- 1 Pierre : V, 5,7, 6.

Le liseron des champs est une plante vivace que l'on rencontre très souvent dans les blés. Sa tige est très menue, rampante ou grimpante. Sa fleur est une corolle monopétale évasée comme un entonnoir ; elle est rose en dehors et blanche en dedans, exhalant une douce odeur d'héliotrope. Le calice se renferme sur la graine quand elle n'a plus qu'à mûrir. Que de soin la nature se donne pour garder de la graine de liseron, pour en tapisser le sol que nous dédaignons de fouler ! Elle fait tout pour celui qui la laisse triompher seule.

On a fait de cette plante l’emblème de l'humilité parce que ses tiges courtes sont couchées sur la terre et disparaissent sous les ronces et les chardons. Il faut une main amie pour produire au grand jour l'humble modestie.

RÉFLEXIONS.

Le vrai humble ne veut point paraître tel ; mais l'être. L'humilité est si délicate, qu'elle a peur de son ombre, et ne peut ouïr nommer son propre nom sans courir le risque de se perdre.

(ESPRIT DE SAINT FRANÇOIS DE SALES.)

Un vrai humble est aussi soigneux de cacher son humilité que toutes ses autres vertus, ou plutôt il est humble sans savoir qu'il l'est, et il ne le serait pas du moment qu'il se flatterait de l'être.

(BOURDALOUE, Pensées diverses.)

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Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte les équivalences de l'Horloge de Flore :


Il est des fleurs qui s'ouvrent invariablement à la même heure ; les horticulteurs profitent de cette horloge naturelle pour régler leur temps, et les amoureux emploient ce moyen pour indiquer le moment où ils passeront sous les fenêtres de celle à qui ils offrent leurs vœux.


Quatre heures du matin = Le liseron des haies.

Huit heures du soir = Le liseron droit.

Dix heures du soir = Le liseron à fleurs pourpres.


L'autrice s'intéresse également aux caractéristiques des plantes qui permettent de définir un baromètre botanique :


Liseron (petit). — Quand le petit liseron referme ses cloches blanches, les bergers ramènent leurs troupeaux ; la pluie n'est pas éloignée.


Et enfin à leurs particularités symboliques :


Liseron - Humilité.

Plante fort jolie qui rampe presque toujours ; sa tige étant trop faible pour la soutenir, elle emprunte son appui à la terre.

Aimez le liseron, cette fleur qui s'attache

Au gazon de la tombe, à l'agreste rocher,

Triste et modeste fleur qui dans l'ombre se cache

Et frissonne au toucher ! MURGER.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Liseron (Convolvulus arvensis et Convulvus sepium) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin Planète : Saturne Élément : Eau.

Pouvoirs : Rêves prémonitoires ; Voyage astral.

Utilisation magique : Des graines de Liseron mêlées au duvet de votre oreiller joueront un double rôle pendant votre sommeil : leurs effluves ne laisseront pas passer les cauchemars (manifestation des forces négatives ; résurgence de peurs et d'angoisses archaïques ; expression semi-consciente de conflits intérieurs générateurs d'inhibitions et de blocages) ; elles faciliteront au contraire le passage à la conscience des rêves de bonheur, d'évolution (manifestation des forces positives ; images, souvent magnifiques, qui sont l'expression de la partie divine de l'être humain). Ces rêves positifs sont fortement chargés en énergies bénéfiques, même pour un sujet qui n'en comprend pas le sens caché. Mais leurs effets sur le psychisme sont beaucoup plus intenses et beaucoup plus immédiats quand le rêveur sait décoder le message symbolique que véhiculent de tels rêves. Les principes actifs de la graine de Liseron facilitent ce décodage. Expérimentez d'abord avec les graines seules. Il faut deux ou trois poignées par oreiller, que vous taperez ensuite dans tous les sens pour bien répartir les graines parmi le duvet. Retournez l'oreiller chaque soir et redonnez quelques tapes. Notez vos rêves au réveil. Certains sujets auront des rêves d'une extraordinaire richesse dès les premières nuits, d'autres, plus tendus ou plus inhibés, n'obtiendront pas tout de suite le résultat escompté. Ceux-là peuvent s'aider en prenant, avant de se coucher, une infusion de feuilles de Liseron. Après quoi ils dormiront sur l'oreiller traité, comme il est dit plus haut. De toute façon, il faut persévérer pendant plusieurs semaines. Ce sera le cas, par exemple, pour les personnes « qui ne rêvent jamais ». Ce qui est faux, bien entendu. Tout le monde rêve, même plusieurs fois par nuit. Simplement certains s'en souviennent et d'autres pas. La racine de Liseron (les « boyaux du diable » et la hantise des jardiniers : ces interminables nouilles blanches qui, dit-on, cheminent sous terre sur plusieurs kilomètres...) peut être brûlée sur des réchauds pour les voyages hors du corps physique.


Turhith végétal (Ipomoea turpethum)


Pouvoir : Désenvoûtement des animaux.

Partie toxique : La racine.


Les Anciens donnaient le nom de Turbiths à diverses substances, tant minérales que végétales. Le plus célèbre, cité dans maintes recettes, est le Turbith noir qui eut son heure de gloire au XIXe siècle sous l'appellation de mercure soluble de Hahnemann, d'après le père de l'homéopathie. Les alchimistes s'en étaient déjà beaucoup servis, et à leur suite les pharmacologues.

Le Turbith végétal est une variété de liseron. On extrait de sa racine un suc extrêmement virulent qui entrait autrefois dans la composition de l'eau-de-vie allemande. Les populations rurales en mettaient dans diverses « eaux bénites » destinées à désenvoûter le bétail.

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La volubilité du liseron : Le liseron des haies est une plante volubile, et « volubile » est un des plus beaux mots de la langue française, particulièrement dans son acception botanique : une plante volubile est une plante qui s'élève en s'enroulant. Vivre la volubilité est un rêve, à l'instar de l'arborescence ou du vol. Mais encore faudrait-il avoir un corps de serpent pour en ressentir toutes les voluptés ! L'enlacement en est un piètre succédané et la volubilité de la langue une sublimation. La qualité de volubilité du liseron des haies est également inscrite dans son nom de famille : Convolvulacées, et dans son ancien nom de genre : Convolvulus (du latin « convolvere » : s'enrouler). Eu égard aux deux bractées florales recouvrant son calice, le liseron des haies se nomme désormais Calystegia sepium (L.) R. Br. Le mot « liseron », quant à lui, est un dérivé de lis (ou lys), sûrement par analogie à la blancheur et à la forme des lis blancs, symboles de la pureté. Le liseron des haies, joliment appelé « Grande-Vrillée » ou « Manchette-de-la-Vierge », s'enroule de gauche à droite et développe ainsi une volubilité dextre (du latin « dexter » : qui est à droite, racine qui donna aussi « dextérité »). A l'inverse, le houblon, qui s'enroule de droite à gauche, est qualifié de plante volubile senestre (du latin « sinister » : qui est à gauche, et dont est issu le mot « sinistre ! »). Dieu soit loué pour les gauchers... les mentalités ont changé ! En juillet et en août, les haies de l'Indre sont tout enguirlandées des grosses fleurs blanches en entonnoir du Grand-liseron. Le petit liseron des champs, lui, à stigmates filiformes et à calice nu, pudibond... préfère courir les champs.

Pour compléter cet article : la symbolique de la spirale.

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Plante lunaire : « La fleur du Grand Liseron, écrit R. Frederick dans son livre L'Influence de la Lune sur les cultures, qui est très sensible, se ferme à la moindre averse, demeure ouverte au rayonnement lunaire. Il oriente parfois sa fleur en entonnoir pour que la lumière de la lune baigne parfaitement le fond des corolles. La floraison s'en trouve prolongée. »


Le liseron et l'effet Kervran : L'effet Kervran ou autrement dit la transmutation ou fusion froide est observée partout dans la nature : Lorsqu'une terre est fortement carencée, elle va favoriser la pousse de certaines plantes qui vont transmuter les élément présents en éléments nécessaires pour un rééquilibrage de celle-ci. Les « mauvaises herbes » signalent ainsi par leur présence une ou des carences minérales et métalliques d’éléments de la terre de culture. Ce processus d’équilibre fonctionnerait par l’apport des éléments chimiques de la plante sous la forme d’humus. Cette restitution à la terre étant trop longue (une année), on peut alors la remplacer immédiatement par une formule très rapprochée de celle de la plante et cela donne d’étonnants résultats : mauvaises herbes qui repoussent plus après le désherbage et rendement considérablement augmenté pour la culture suivante qui est exempte de maladies et de parasites. L’apparition des liserons : particulièrement difficiles à faire disparaître. L’analyse chimique du liseron permet de découvrir une énorme teneur en bore, donc une carence du terrain en bore. Le liseron synthétiserait le bore à partir d’autres éléments encore en abondance dans le terrain et l’apporterait en fumure à ce même terrain une fois composté. Il suffira pour s’en débarrasser de procéder à un arrosage ou à un épandage sur le terrain, après l’avoir labouré ou désherbé grossièrement, d’une solution d’acide borique.

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A lire : page très intéressante sur la symbolique du liseron en Égypte ancienne.

 

D'après cette autre page :

"[En langage des fleurs], symbole de passivité, le liseron rose promet : « je m'attacherai à vous » et le bleu prend patience : « j'attendrai des jours plus favorables ». Il se lamente parfois : « pourquoi me faire souffrir ? ». Belle-de-jour en raison de sa beauté éphémère, cette fleur est une femme qui se refuse encore, non sans coquetterie. Mais à l'occasion, elle fait preuve de caractère : « vos assiduités m'importunent ! ».

 

Selon Éloïse Mozzani, auteure du Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, S.A.S., 1995 et 2019) :


"Jadis, dit la légende, la fleur du liseron des champs était entièrement blanche jusqu'au jour où la Vierge et son fils, égarés dans une région où ne poussaient que ces plantes, cherchèrent à se désaltérer : « Vint à passer un roulier avec une voiture chargée de vin. La Sainte Vierge demanda à en boire un peu, ce à quoi le roulier consentit mais en demandant dans quelle coupe elle pourrait boire. Marie prit un liseron blanc et y but à longs traits. L'Enfant Jésus fit de même. C'est depuis ce temps que le liseron des champs a sa couleur teintée de rose. » Il est également surnommé « couronne de Notre-Dame » du fait d'une croyance selon laquelle ses tiges auraient servi à tresser la première couronne de la Vierge. Le liseron des haies, quant à lui, prit le nom de « chemise de Notre-Dame » car Dieu utilisa la corolle de ses fleurs pour coudre la chemise que portait Marie en descendant du ciel sur la terre, ou encore de « manchettes de Notre-Dame » (ou de la Vierge) à cause « de la forme campanulée de ses belles grandes fleurs dans lesquelles le peuple a vu l'image des manchettes de la Sainte Vierge. On ne s'étonnera guère que, placé sous de tels auspices, le liseron soit le symbole de l'humilité. Mêlées au duvet d'un oreiller, ses graines protègent des cauchemars et facilitent « le passage à la conscience des rêves de bonheur, d'évolution (manifestation des forces positives ; images, souvent magnifiques, qui sont l'expression de la partie divine de l'être humain). Ces rêves positifs sont fortement chargés en énergies bénéfiques, même pour un sujet qui n'en comprend pas le sens caché. Mais leurs effets sur le psychisme sont beaucoup plus intenses et beaucoup plus immédiats quand le rêveur sait décoder le message symbolique que véhiculent de tels rêves. Les principes actifs de la graine de liseron facilitent ce décodage. » Retournez des trompettes de liseron au pied d'un arbre, vous aurez de la pluie, affirment les Américains.

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Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) se penche sur les croyances liées aux différents noms arbëreshe du Grand Liseron :


Analyse lexico-sémantique des désignations :

1- [kartˈuʧ] est un emprunt du nap. cartòccio « cornet de papier, cartouche » (NVDN : 157) dont la forme en cône rappelle la morphologie de la fleur.

2- [zˈɔrːa pˈuls] est un syntagme composé de l’arb. zorra « boyau » et du spécificateur arb. pulës « de la poule ». Cette structure motivationnelle est très commune en phytonymie populaire et, dans ce cas, elle est composée de deux éléments renvoyant à deux motivations : la motivation primaire qui est désignée moyennant la partie du corps de l’animal, notamment l’arb. zorra « boyau », renvoie à la partie de la plante dont on veut spécifier une qualité, qui est lexicalisée par la seconde motivation zoomorphique. L’arb. zorra est la métaphore lexicalisant les rameaux minces typiques, longs et grimpants dont l’espèce se sert pour se développer en hauteur ; en revanche, le spécificateur arb. pulës « de la poule » en spécifie la qualité négative et mauvaise parce que, tout comme les autres volatiles de basse-cour, la poule symbolise elle aussi la mort (Riegler, 1981a : 309). Le phytonyme arb. zorra pulës traduit donc l’image des « rameaux mortels » que cette plante, extrêmement mauvaise et nuisible, utilise pour envelopper les autres espèces sur lesquelles elle pousse abusivement.

3- [drˈɛðez] est un nom dérivé du suffixe diminutif alb. -ez qui accompagne la base verbale alb. dredh- < alb. dredh « tourner, faire tourner, tordre » (SE, III : 482) ; mais l’origine de ce dernier mot reste controversée (cfr. SE, III : 482, pour la discussion de cette question). Il faut, d’autre part, considérer également l’existence d’un autre mot dans le lexique albanais qui peut être rapporté à ce phytonyme : alb. dredhëz [drˈɛðəz] « fraisier, fraise » que nous considérons, en accord avec Çabej, comme un nom dérivé (SE, III : 482). Si l’on considère la possibilité que l’alb. dredhëz, tout comme le phytonyme en question, soient des noms dérivés dont les signifiants sont presque identiques, il reste à examiner la raison pour laquelle deux espèces botaniques distinctes peuvent être nommées de manière identique. Le trait commun pourrait être apparemment le port rampant des deux plantes bien que le grand liseron se développe en haut en grimpant et en tournant sur les branches d’autres arbres ou sur les poteaux, tandis que le fraisier se développe surtout en rampant et en se tordant sur le terrain. L’alb. dredh fait partie d’un groupe de mots que Pedersen considère comme apparentés, tels que le bret. drezen, dreizen « ronce », le vieux irl. driss « vêpres » et le gr. dr…oj « taillis, fourré » (SE, III : 482), ainsi que d’autres correspondances lexicales dont on trouve le témoignage dans les langues slaves, comme le montrent les exemples suivants : scr. dređza « outil pour desserrer les vis », bulg. drăgnă « courage », slo. dŕgati « frotter, piquer », ru. dërgatb « courage, arracher », etc. (Skok, 1971 : 432). La racine chamito-sémitique dVr-dVr- « tourner, tordre » doit également être rapprochée du phytonyme arbëresh que l’on a examiné ici (HS : 174) : cependant, alors que la racine présente un redoublement total de la structure syllabique, l’alb. dredh- ne semble pas présenter ce même type de structure. Çabej et d’autres spécialistes (SE, III : 483) voient aussi dans le mot alb. dredh un reflet de l’IE. dreĝ- « être tenace, dur » (Pokorny IEW : 226). L’origine ne semble donc pas claire mais nous suggérons tout de même une interprétation possible, basée sur l’observation du développement des espèces grimpantes : le port caractérisant ces plantes est représenté par leur tronc épais et dur qui s’enroule autour d’un support et est, ainsi, très difficile à éradiquer ; en effet, les plante grimpantes sont aussi très mauvaises, on pourrait même dire « mortelles », pour les espèces qu’elles attaquent.

4- [uvrˈiː] semble être un lexème primaire sur lequel nous n’avons pas d’informations provenant des dictionnaires étymologiques consultés (notamment SE ; EWAS ; AED) ; ce phytonyme demeure donc opaque. En revanche, nous envisageons la possibilité d’un rapprochement formel possible de l’arb. uvri avec d’autres phytonymes désignant les plantes à port rampant et grimpant dans le domaine albanais, telles que la clématite, le lierre, le tamier et la vigne dont nous discuterons de manière approfondie en traitant les dénominations du tamier.

5- [kambanjˈɛʎ] est un emprunt du nap. campaniéllo « liseron » dérivant de la forme des fleurs (NVDN : 135). 6- [krijˈɔɣe] est également un emprunt au napolitain : cette variété connaît le nom curriúlo « liseron », déverbal de currià « courir, s’enfuir ») que D’Ascoli considère comme un synonyme de campaniéllo (NVDN : 244), renvoyant à l’idée du port grimpant de la plante qui se déploie (qui « courre ») vers le haut.

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Astrologie :

Selon Pierre Manoury dans Les plantes sorcières, Traité de phytothérapie traditionnelle, le liseron est une plante dominée par Mercure et qui subit l'influence secondaire de Vénus.

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Spagyrie :

Voici la fiche proposée par Viviane Le Moullec dans Élixirs floraux de Viviane à faire soi-même (Éditions du Dauphin, 1997, 2020) pour le Liseron (Calystegia arvensis) :


Mot clef : Pour se purifier quand le temps presse


Qui est le Liseron ? Désespoir des jardiniers, le liseron trouve toujours le moyen de repousser. Comme dit le proverbe : "Quand on lui ferme la porte, il entre par la fenêtre". Mais il est bien gracieux avec ses feuilles en fer de lance et ses fleurs en calices roses ou blancs, ou roses rayés de blanc.

Nous avons utilisé "Calystegia arvensis". Les autres variétés du Liseron peuvent être aussi utilisées : les gros roses (Calystegia pulchra), les gros blancs (Calystegia silvatica). En revanche, Calysgtegia soldanella (Liseron de mer), aux feuilles arrondies, n'a pas été testé.


Avec quoi réaliser votre élixir ? Utilisez les corolles blanches ou roses du Liseron.


Utilisation traditionnelle : Remarquable purgatif, le Liseron est à réserver plutôt pour des actions isolées que pour soigner une constipation rebelle. Pour cette dernière, il vaut mieux commencer par restaurer la joie de vivre avec de la mélisse, renforcer le tonus avec de la Menthe, procéder à un bon ménage interne avec le Genêt à balais...


Aide alchimique : Le Liseron aide à se purifier profondément quand il devient urgent de se nettoyer, quand on sent que les choses vont bientôt changer et qu'il conviendrait d'être un peu plus prêt qu'on ne l'est.

La paresse étant un défaut communément répandu, on peut se faire avantageusement aider par le Liseron qui, lui, sait s'accrocher et même se cramponner pour survivre...

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Mythes et Légendes :

Le liseron évoque la légende grecque d'une fille qui reçut dans le cœur une flèche au lieu de l'oiseau qui lui apportait des nouvelles de son amant, et que les dieux apitoyés changèrent en fleur. C'est bien connu, tout le monde rêve, et plusieurs heures par nuit. Mais voilà : certains ne s'en souviennent pas ; d'autres accumulent d'affreux cauchemars. Des graines de liseron arrangeront bientôt cela ! Mêlez-en donc au duvet de cet oreiller, puis secouez-le bien afin de répartir les graines (chaque soir, vous retournerez votre oreiller et lui prodiguerez quelques claques). Ces liserons vous protègent désormais des mauvais rêves (en Chine, les belles-de-jour écartent tout souci). Quant aux autres songes, notez-les dès le réveil : les graines vous faciliteront cet effort et vous serez surpris de constater au bout de quelques semaines que vous vous rappelez maintenant très bien de vos rêves, voire que vous vous amusez à les décrypter à l'aide de votre fertile imagination !

http://www.chantony.fr/langage_des_fleurs/liseron.htm

 

Une jeune fille et son amant avaient un oiseau comme messager. La jeune fille reçut dans le cœur une flèche destinée à l’oiseau. Vénus que l’amour des jeunes gens attendrissait, changeât la jeune fille en liseron et le jeune homme, qui ne pouvait survivre à son amour, en crocus

 

La Vierge, un jour, se promenait avec son divin Fils.

A travers champs et bois ils allaient, devisant. L'heure passant, la Vierge voulut revenir, mais hélas !à travers l'entrelacs des chemins elle se perdit. Était-ce par ce champs parsemé de chardons qu'il fallait revenir, ou fallait-il passer à travers cette plaine brûlante ? - J'ai soif, dit doucement l'enfant Jésus. Alors, venant d'un chemin creux, apparut un Samaritain. La Vierge Marie se hâta vers lui pour lui demander sa route. Du doigt, l'homme indiqua le plus court chemin. - J'ai soif, redit la petite voix divine. Lors, le bon Samaritain offrit une outre pleine de vin. Mais dans quoi le verser ? Trottinant, l'enfant s'en fut cueillir aux bords de la haie deux liserons immaculés que l'homme emplit jusqu'aux bords. Depuis les liserons sont teintés de rose, gardant ainsi la trace du vin qui désaltéra le couple divin.


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Littérature :


Le Liseron de François Coppée.

 

"[...] L'écriture : pour certains la distraction horrible. Pour nous, le liseron de sang prisé à même le rocher, liseron élevé au-dessus d'une vie enfin jointe, liseron non invoqué en preuve.

La parole écrite s'installe dans l'avènement des jours comptés, sur une ardoise du hasard. Elle ne témoigne pas avant le poudrement, mais répond. Entre deux vapeurs humidifiantes."


René Char, Chants de la Balandrane, 1977.

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Régine Detambel consacre un ouvrage à Colette. Comme une flore, comme un zoo (Éditions Stock, 1997) dans lequel elle s'intéresse aux métaphores botaniques et zoologiques :


Fraîche comme un Liseron

« Et puis, brusquement, il disparaît pendant trois semaines, reparaît vidé, pâle et rose comme un liseron, fébrile, ne parle plus, répond à peine. » La Retraite sentimentale


On dit, un peu partout, « frais comme un gardon, comme un épinard, comme un liseron. » A la proverbiale fraîcheur de liseron, Colette recourra dès Claudine à l'école : « La chérie, enrobe de toile bise, coiffée d'un grand chapeau simplet sous lequel elle est plus fraîche qu'un liseron (petite rosse d’Aimée !) excite l’admiration de trois commis voyageurs... » Dans La Retraite sentimentale, le liseron perdra son éclat de dicton : « Marcel [...] disparaît pendant trois semaines, reparaît vidé, pâle et rose comme un liseron, fébrile, ne parle plus, répond, à peine. » Au liseron, qui est la fraîcheur même, Colette n’hésite pas à donner la fièvre. Quoi qu’il en soit, c’est une fleur fragile et vite fatiguée.

Le volubilis est un liseron d'une espèce ornementale, à grandes fleurs colorées. Sa tige, volubile, s'enroule en spirale, tige frêle qui ne peut s'élever qu'en s’enroulant autour d'un support : « C'est une chose extraordinaire qu'une créature aussi faible que moi, aussi penchante vers tout appui moral et physique, se trouve seule, on ne sait comment, sans en périr aussitôt, comme un volubilis désenlacé. » Volubilis signifie « qui tourne aisément.» On lit, dans Le Blé en herbe : « A trois cents mètre de là, sur le pré de mer, Lisette en blanc tournait comme un volubilis blanc, et ses petits bras bruns gesticulaient... »

Le volubilis met en évidence le velouté et la transparence d'une peau noble, délicate et superbe. Claudine montrera ce croquis de son amante : « Je sais qu’elle est riche mais “jamais, jamais assez”, dit-elle passionnément, que sa mère, viennoise, lui a donné de beaux cheveux, une peau de volubilis blanc (je cite) et le nom de Rézi. » Dans Claudine à Paris, Marcel, le fils de Renaud, est « mince et léger dans un smoking, les cheveux d'un blond de lune, sa peau translucide se veloute aux lumières comme un intérieur de volubilis. »

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