Étymologie :
HIBOU, subst. masc.
Étymol. et Hist. [xie-xive s. gl. judéo-fr., v. Levy Trésor, s.v. ibou] ; 1530 huiboust (Palsgr., p. 18) ; 1535 [date de l'éd. B] (jouer) au hybou (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, p. 137, var. des éd. B. et E.). Orig. inc. (FEW t. 21, p. 238a), peut-être onomatopéique, d'après le cri du hibou : hou*, houhou*.
Lire également la définition du nom hibou pour amorcer la réflexion symbolique.
Galerie de portrait : Chouettes et Hiboux
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Zoologie :
Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :
"Le hibou, qui hante nos forêts et nourrit nos légendes, est un oiseau nocturne. Comme chez le héron, l'aigle, le corbeau et les autres rapaces, le produit de sa digestion donne deux sortes de déchets : des crottes et des pelotes de réjection. Celles-ci ne sont pas de nature fécale, mais des crottes "hors classe", car ce goinfre ne prend même pas le temps de déguster ce qu'il mange. D'ailleurs, il ne mange pas, il bouffe.
Description : Comme celles des autres oiseaux, les déjections du hibou sont un mélange d'acide urique et de matière fécale. Leur aspect blanchâtre et leur abondance font penser à de la chaux. ais ce n'est pas tout : il y a les pelotes que l'oiseau régurgite. En 1 cm et 10 cm de long elles sont noires, et deviennent plus claires en séchant. On y trouve les éléments que l hibou ne peut pas digérer, poils, plumes et os. On repère facilement ces excréments au pied des arbres où nichent les hiboux
Ça s'en va et ça revient : L'estomac du hibou a deux poches. Le proventricule (ou estomac glandulaire), où la nourriture est digérée par les enzymes, sucs gastriques et autres sécrétions. Et le gésier ou estomac musculaire à l'intérieur duquel de petites pierres détruisent les aliments durs. C'est là que sont stockés les débris tels que les ose et les poils, alors que les aliments solubles passent par l'intestin où ils seront évacués par le cloaque, sous forme de crottes. Dans le gésier, les éléments non digérés sont compressés en pelotes que l'oiseau rejette plusieurs heures après l'ingestion de sa proie. C'est lorsqu'il a besoin de faire de la place pour un nouveau repas que le hibou crache sa pelote. Avis aux promeneurs : si vous voyez un hibou en train de vomir, ce n'est pas parce qu'il a trop mangé. Au contraire, cela signifie qu'il a faim.
Le hibou glouton : Les pelotes des hiboux contiennent des fragments non digérés car ses sucs gastriques ne sont pas assez puissants. Et surtout parce qu'il se nourrit comme un goinfre, en avalant goulûment sa proie sans prendre le temps de la déguster."
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Croyances populaires :
Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses: qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :
HIBOU. - Oiseau de mauvais augure. On le regarde vulgairement comme le messager de la mort ; et les personnes superstitieuses qui perdent quelque parent ou quelque ami, se ressouviennent toujours d'avoir entendu le cri du hibou ; sa présence, selon Pline, présage la stérilité. Son œuf, mangé en omelette, guérit un ivrogne de l'ivrognerie.
Cet oiseau est mystérieux, parce qu'il recherche la solitude, qu'il hante les clochers, les tours et les cimetières ; on redoute son cri, parce qu'on ne l'entend que dans les ténèbres ; et, si on l'a vu quelquefois sur la maison d'un mourant, il y était attiré par l'odeur cadavéreuse, ou par le silence qui régnait dans cette maison.
Un philosophe arabe, se promenant dans la campagne avec un de ses disciples, entendit une voix détestable qui chantait un air plus détestable encore. Les gens superstitieux, dit-il, prétendent que le chant du hibou annonce la mort d'un homme ; si cela était vrai, le chant de cet homme annoncerait la mort d'un hibou. » Cependant si le hibou est regardé comme un mauvais présage chez les gens de la campagne, quand on le voit perché sur le haut d'une église ou de tout autre maison, il est aussi regardé comme d'un bon augure quand il vient se réfugier dans un colombier. Nos anciens Francs condamnaient à une forte amende quiconque tuait ou volait le hibou qui s'était réfugié dans le colombier de son voisin.
On ne peut non plus passer sous silence les vertus surprenantes de cet oiseau. Si l'on met son cœur avec son pied droit sur une personne endormie, elle dira aussitôt ce qu'elle aura fait et répondra aux demandes qu'on lui fera : très bonne recette pour les maris jaloux ; de plus, si on met les mêmes parties de cet oiseau sous les aisselles, les chiens ne pourront aboyer après la personne, et enfin, si on pend le foie à un arbre, tous les oiseaux se rassembleront dessus.
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Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
HIBOU. Pour quelques gens de la campagne, l'apparition d'un hibou est un signe de stérilité. D'autres demeurent convaincus qu'une omelette aux œufs de cet oiseau est un remède souverain contre l'ivrognerie. On croit aussi que lorsqu'il crie, c'est un appel qu'il fait pour qu'un nouveau corps soit porté au cimetière. Une autre croyance populaire, assez répandue, c'est que cet oiseau, pour se ménager des provisions, laisse la vie et donne la nourriture à un certain nombre de souris, dont il s'est emparé ; mais auxquelles il a le soin alors de couper les pattes pour les empêcher de fuir. « Ce qu'il faut voir dans les hiboux, dit le Moniteur de l'agriculture, c'est leur utilité. Or, ils font bonne guerre aux taupes, aux mulots, aux rats, aux souris, aux musaraignes, aux insectes qui sont plus ou moins nuisibles à l'agriculture et à l'horticulture ; en cela, ces oiseaux sont donc nécessaires et non funestes. »
Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :
Dans la littérature, peu d'oiseaux ont été peints sous des couleurs aussi sombres que les rapaces nocturnes. Shakespeare, par exemple, fait intervenir le Hibou dans une foule de situations dramatiques. Dans Macbeth (acte II) : « C'était le Hibou qui criait, le fatal veilleur, qui donne le plus sinistre bonsoir ». Plus loin, à l'acte IV, c'est une aile de Hibou que les sorcières ajoutent à leur chaudron plein de choses répugnantes, quand elles préparent leur mortel breuvage.
Les Grecs ont fait du Hibou le symbole de la Sagesse.
Dans le monde des oiseaux, le Hibou est détesté plus qu'aucun autre. Si les petits oiseaux le voient en plein jour l'alarme est aussitôt donnée, tous prennent part à une attaque générale. Les oiseleurs ayant observé ce fait se servent du Hibou, ils l'attachent près des filets, des pièges ou des gluaux. A ses cris, une multitude de passereaux accourent et se font prendre.
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Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17 Mars 2009) :
"Sous bien des aspects une signification semblable était accordée au hibou. Lui aussi, par sa rapacité et son mode de vie nocturne était considéré en général comme un émissaire du monde d’au-delà malveillant à l’homme, son apparition à proximité des habitations humaines inquiétait. Ses grands yeux et sa tête rappelant un visage humain éveillaient le respect. L’immobilité qu’il pouvait garder assez longtemps effrayait, tout comme son vol silencieux et le fait qu’il séjournait en général dans des endroits solitaires et sombres, “au bout du monde” (Kowalski 1998 : 520). Il pouvait être l’incarnation des puissances nocives. C’est pourquoi dans la région de Lublin à sa vue les garçons faisaient claquer leurs fouets, pour les chasser en dehors de l’espace habité par les gens, dans l’au-delà (Kolberg 1962b : 144). Même sa voix éveillait l’épouvante, car elle prédisait la tristesse et le deuil: “lorsque le hibou hulule, c’est un signe de malheur” (Kolberg 1962b : 144). Ses relations négatives avec les hommes ne se limitaient pas uniquement à augurer de mauvaises nouvelles. On les soupçonnait d’actes malicieux et de moqueries envers les humains : “on dit que le hibou roux rit la nuit dans les bois des espiègleries que font aux hommes les sorcières” (Kolberg 1962b : 144)."
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Symbolisme :
Dans le Dictionnaire des symboles (1969, édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant on peut lire que :
"Parce qu'il n'affronte pas la lumière du jour, le hibou est symbole de tristesse, d'obscurité, de retraite solitaire et mélancolique. La mythologie grecque en fait l'interprète d'Atropos, celle des Parques qui coupe le fil de la destinée. En Egypte, il exprime le froid, la nuit, la mort.
Dans l'iconographie hindoue, le hibou est parfois attribué à la mâtarah (mère) Vârâhi, sans que sa signification puisse être précisée.
Le hibou jouait, dans la Chine antique, un rôle important : c'était un animal terrible, qui était censé dévorer sa mère. Il symbolisait le yang, et même l'excès de yang. Il se manifestait au solstice d'été, s'identifiait au tambour et à la foudre. Il était aussi en rapport avec la forge. Il était l'emblème de Houang-ti, le Souverain jaune et le premier fondeur. Excès de yang : le hibou provoquait la sécheresse ; les enfants nés le jour du hibou (solstice) étaient de caractère violent (peut-être parricides). Le bouillon de hibou, distribué aux vassaux à la même date, était-il un rite d'épreuve, de purification, de communion ? ou le tout à la fois ? Quoi qu'il en soit, le hibou était toujours considéré comme un animal féroce et néfaste.
C'est un des plus anciens symboles de la Chine, il remonte aux époques dites mythiques. D'après certains auteurs, il se confondrait avec le Dragon-Flambeau, emblème de la seconde dynastie, celle des Yin. Il est l'emblème de la foudre, il figurait sur les étendards royaux. Il est l'oiseau consacré aux forgerons et aux solstices ; dans les temps archaïques, il présidait les jours où les forgerons fabriquaient les épées et les miroirs magiques.
Inutile de dire qu'il ne viendrait pas à l'idée d'un Chinois de clouer sur la porte de sa grange un hibou !
Pour les Indiens de la Prairie, le hibou a le pouvoir de donner aide et protection la nuit. D'où l'emploi des plumes de hibou dans certaines cérémonies rituelles.
Dans les rites initiatiques de la Société Midé (Midé WiWin), chez les Algonquins, figure, perché dans la loge cérémonielle, un homme-hibou qui montre le chemin de la Terre du Soleil Couchant royaume des morts. Le hibou remplirait ici une fonction psychopompe.
Il peut également être considéré comme messager de la mort et en conséquence maléfique : Quand le hibou chante, l'Indien meurt (Maya-Quiché) ; le sorcier chorti, incarnant des forces malignes, a pouvoir de se transformer en hibou."
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Seuls les anciens Athéniens, qui l'avait consacré avec la chouette à Athéna, déesse de la Sagesse, car il voit dans le noir, guettaient son vol la nuit et le considéraient comme un présage favorable envoyé par leur déesse. Les autres Hellènes comme les Latins le considéraient comme un oiseau ignoble et de mauvais augure, messager des Parques, déesses de l'Enfer, et Virgile au quatrième livre de l'Enéide évoque le caractère funeste de son chant. Selon Ovide (er livre des Métamorphoses) : « Ascalaphe est changé par Cérès (ou Perséphone) en hibou mâle et condamné à prédire les événements malheureux, parce qu'il l'avait accusée auprès de Jupiter d'avoir mangé secrètement une grenade, malgré sa défense ».
Lorsqu'un hibou mâle pénétrait dans le temple de Jupiter ou dans le Capitole, les Romains purifiaient la ville avec de l'eau et du soufre et faisaient des sacrifices. Il est vrai que cet oiseau avait prédit la défaite de l'armée romaine à Cannes lors de la deuxième guerre punique en 216 avant l'ère chrétienne Le hibou avait également annoncé la mort de Jules César, en se penchant sur sa fenêtre la veille du jour fatal. Il fit de même pour Commode, Auguste et Agrippa, le rois des Juifs.
La Bible le qualifie d'oiseau impur : « Après la ruine de Babylone annoncée par les prophètes, seuls les hiboux viendront faire leur demeure sur ces terres brûlées tandis que dans ces étendues désertes les satyres viendront danser : ainsi parle le prophète Esaïe ».
Le hibou était un oiseau néfaste également dans la Chine ancienne, car représentant l'excès de Yang, il « était capable de provoquer de grandes sécheresses, ou de donner un caractère extrêmement violent aux enfants nés le jour du hibou (24 juin) ».
Si l'on a reconnu l'utilité du hibou qui chasse taupes, mulots, rats, souris, musaraignes et insectes, l'imagination populaire y voit toujours un oiseau mystérieux et funèbre, au cri lugubre, appréciant la solitude, les clochers, les tours et les cimetières et attiré par les charognes. Cette superstition quasi universelle se rencontre d'Europe aux États-Unis, d'Égypte, où le hibou symbolise la nuit, le froid et la mort, au Tibet, où on cloue, comme en Occident, sa dépouille sur les portes pour éloigner les êtres maléfiques.
Les Indiens d'Amérique font exception, en accordant aux deux plumes de hibou que portent les chefs sur leur coiffe la propriété de les orienter et de les protéger, notamment dans leurs contacts avec les Blancs. Les Tartares, eux, en ont fait un oiseau sacré, qui sauva le futur empereur Gengis Khan :un jour qu'il était poursuivi par ses ennemis, il se réfugia sous un arbre où se tenait un hibou : « Les poursuivants passèrent sans s'arrêter, personne à leur avis ne pouvant être assez stupide pour aller se cacher sous un arbre sur lequel était perché un oiseau aussi funeste ».
Un conte breton explique le caractère nocturne et triste du hibou, qui représenta parfois Satan dans la symbolique chrétienne du Moyen Âge. Un jour, le roitelet ayant perdu toutes ses plumes, chaque oiseau lui en céda une, sauf le hibou, puni depuis à être le plus malheureux des oiseaux, à avoir toujours froid et à ne sortir que la nuit, pour ne pas être pourchassé le jour par tous les oiseaux : « C'est à partir de ce moment qu'on entend toujours le hibou crier : hou ! hou ! hou ! comme s'il était près de mourir de froid ». Ce récit concorde avec la croyance selon laquelle attacher un hibou à un arbre, allumer un flambeau à côté et faire « du bruit avec un tambour » attire tous les oiseaux venus « en foule pour faire la guerre au hibou » ; et avec l'utilisation très courante du hibou, ainsi d'ailleurs que de la chouette, comme appeau pour la chasse aux bêtes à plumes.
Selon une légende espagnole, le hibou, à l'origine oiseau diurne et grand chanteur, ne peut plus voir la lumière du jour et crie indéfiniment cruz cruz (croix) depuis qu'il a vu Jésus mourir.
Voir un hibou de jour doit inquiéter : cela peut annoncer dans les campagnes la stérilité des terres. C'est surtout son cri qui est redouté puisqu'il annonce un prochain décès. En Sicile, où le hibou ulule au voisinage d'un maison où se trouve un malade, trois jours avant sa mort, les paysans de jadis, s'ils entendaient pour la première fois du printemps un hibou, étaient si terrorisés qu'ils quittaient leur maître. Un hibou qui vole autour d'une maison, l'approche ou bat de ses ailes les fenêtres, est également signe de mort, et, selon une superstition picarde, introduire chez soi cet oiseau porte malheur et nuira à la récolte. Les Allemands promettent une vie malheureuse à un enfant si un hibou a crié pendant sa naissance. Regarder dans son nid suffit à devenir triste et mélancolique. Ne nous étonnons guère alors de trouver dans les campagnes des hiboux cloués sur les portes des habitations ou des granges, seul moyen de transformer un oiseau maléfique en amulette. Lorsqu'il se fait entendre, il faut jeter du sel dans le feu pour conjurer le mauvais sort.
En Angleterre, le hibou se charge d'annoncer qu'une célibataire a perdu sa virginité en ululant près de lieux d'habitation. En France, son chant prévient qu'une femme des environs est enceinte (en Saintonge, Poitou, ou Savoie) et si c'est une femme enceinte qui l'entend, il lui annonce une fille.
Du temps des Francs, un hibou installé dans un colombier était de bon augure : celui qui tentait de l'y déloger se voyait d'ailleurs condamné à une forte amende. Signalons également qu'autrefois, dans les îles Samoa (Polynésie), certains guerriers manono prenaient le hibou comme un très bon présage.
Enfin, pour rétablir quelque peu la réputation de l'oiseau : à Paris (au Palais-Royal), vers 1887, Liévin, spécialiste des porte-bonheur, vendait, parmi d'autres breloques, des amulettes en forme de hibou, emblème de la sagesse. A la fin du siècle, des fabricants avaient composé un fétiche très demandé, figurant un pendu et un hibou sur un arbre. Ce qui tend à prouver qu'on tenta de renouer avec la réputation, vieille de plusieurs millénaires, de cet oiseau. De plus, dans un ouvrage publié ces dernières années, on peut lire que « trouver une plume de hibou porte chance et aide à voir clair dans son destin. Il faut pour cela garder la plume sur vous dans votre portefeuille ».
Nous retrouvons également le hibou, incarnant un juge plein de la sagesse, dans es dessins animés de Walt Disney. Charles Baudelaire ne lui a-t-il pas consacré un poème ?
Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur œil rouge. Ils méditent !
Sans remuer, ils se tiendront
Jusqu’à l’heure mélancolique
Où poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s’établiront.
Leur attitude au sage enseigne,
Qu’il faut en ce monde qu’il craigne :
Le tumulte et le mouvement.
L’homme ivre d’une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D’avoir voulu changer de place. Charles Baudelaire, "les Hiboux" in Les Fleurs du mal, 1857.
De même, si les anciens traités d'onirocritie soutenaient que rêver de cet oiseau, comme de la chouette d'ailleurs, était de mauvais augure et prédisait entre autres des contacts prochains « avec des personnes adultères ou voleuses », un dictionnaire des songes plus récent en donne une signification très précise : voir en rêve un hibou prouve « que l'on vit inconsciemment dans des conditions de vigilance intense concernant un problème donné d'une importance capitale, un problème que la conscience semble en fait négliger ou sous-estimer ».
Dans l'Antiquité, le hibou était non seulement l'ennemi de Dionysos, dieu connu pour son amour du vin mais, on l'a vu également consacré à Athéna, mère du dieu de la Médecine Asclépios. Il jouait donc un grand rôle dans la médecine populaire et particulièrement dans les remèdes anti-alcooliques : donner simplement un œuf de hibou à un enfant l'incitera à la modération et à la sobriété ; absorber ses œufs dans du vin, pendant trois jours, guérit les ivrognes. L'omelette aux œufs de hibou est censée avoir le même effet même si une superstition picarde indique qu'elle « dérange l'esprit ». En soupe préparée à la lune descendante, ces mêmes œufs soignent l'épilepsie ou les toux convulsives ; en emplâtre, ils sont excellents pour les cheveux. Selon une croyance anglaise, celui qui les mange carbonisés acquiert la vue perçante de l'oiseau et la faculté de voir la nuit tandis que pour les Indiens, sa chair est aphrodisiaque.
Selon Albert le Grand, le cœur et le pied droit du hibou mis sous les aisselles empêchent les chiens d'aboyer ; placés sur une personne endormie, ls la font répondre à toutes les questions qu'on lui adresse. Ses plumes glissées sous un oreiller procurent une nuit paisible. enfin, le cri du hibou est si puissant qu'il guérit de la fièvre celui qui l'entend.
Le hibou qui ulule le soir, ou la nuit, annonce le beau temps ; s'il répète « houette, houette », ou encore s'il sort avant la nuit, gare au mauvais temps et à la pluie, dit-on à Namur.
Selon Les Cartes médecine, Découvrir son animal-totem (édition revue 1999, trad. française 2010) de Jamie Sams et David Carson, "symboliquement on associe la médecine de Hibou à la clairvoyance, la projection astrale et la magie, tant blanche que noire.
Dans bien des Roues de Médecine utilisées par les maîtres autochtones, Hibou est surnommé l'Aigle de la nuit. Traditionnellement, Hibou siège à l'Est, le lieu de l'Illumination. Depuis des temps immémoriaux, l'humanité craint la nuit, la noirceur, l'invisible et attend dans la peur que l'aube surgisse. Inversement, Hibou aime la nuit.
La nuit, Hibou chasse sa proie. Non seulement ce rapace peut il voir dans le noir, mais il peut aussi localiser avec précision et reconnaître exactement la source de tout son. Quel avantage quand il s'agit de chasser la nuit pour se nourrir ! Certains Autochtones craignent Hibou dont, d'après eux, les "plumes sont trompeuses". En effet, Hibou vole silencieusement. On ne peut l'entendre venir mais sa proie ressent violemment sa descente car son bec et ses serres tranchent comme un rasoir.
Souvent, Hibou s'associe à la médecine des sorciers et des sorcières. Si Hibou est votre médecine, la pratique de la magie vous attirera et vous serez peut-être même tenté de basculer dans la magie noire. Résistez à cette tentation ou à tout autre rituel qui cherche à enlever de l'énergie aux autres personnes ou aux autres êtres. Si vous êtes adepte de la médecine de Hibou, ces oiseaux nocturnes auront tendance à se rassembler autour de vous-même le jour, puisqu'ils reconnaîtront le lien qui vous unit à eux. Peut-on s'étonner que, dans plusieurs cultures, Hibou soit le symbole de la sagesse ? Alors que d'autres se laissent berner, Hibou voit et sait ce qui l'attend.
Athéna, la déesse de la sagesse, porte sur l'épaule un hibou qui lui révèle les vérités qu'elle ne perçoit pas. Capable d'éclairer le côté aveugle d'Athéna, Hibou lui permet de dévoiler toute la vérité plutôt que d'énoncer des demi-vérités.
Si le Hibou est votre médecine personnelle, personne ne peut vous tromper sur ce qu'il fait, même s'il tente de dissimuler ses intentions. Il se peut que vous inspiriez la crainte car bien des gens ont des arrière-pensées que vous décelez facilement. Vous ne reconnaissez peut-être pas toute la puissance de votre médecine vous prenez pour acquis vos brillantes saisies intuitives. Pourtant, les autres y accordent de l'importance. Vous les effrayez en reflétant leur aveuglement dont vous n'êtes pas dupe. Les adeptes de la médecine de Hibou en savent souvent plus sur la vie intime d'une personne que celle-ci n'en connaît sur elle-même.
Si vous avez tiré la carte du hibou, on vous demande de poser un regard pénétrant sur la vie, d'observer en silence une situation à laquelle vous faites face. Le Hibou s'approche amicalement pour vous aider à saisir toute la vérité. Il se peut bien qu'il attende la nuit pour vous apporter ses messages au cours de rêves ou de méditations. Prêtez attention aux signaux et aux augures. La vérité apporte toujours des éclaircissements.
A l'envers : Si vous avez trouvé le Hibou à l'envers dans vos cartes, vous vous êtes berné vous-même ou d'autres vous ont leurré. Il se peut qu'on utilise contre vous des rituels de magie noire ou de sorcellerie ; peut-être aussi faites-vous appel à ces rituels alors que vous devriez prier et demander conseil au Grand Esprit. Le message qu'on vous envoie, c'est de vous familiariser avec votre ombre, ce côté sombre qui vit à l'intérieur de vous. Cherchez au plus profond de vous-même, et bientôt la lumière vive de l'aurore vous éclairera. Ensuite, vous pourrez chercher à obtenir des éclaircissements sur ce qui vous échappe. Qui vous trompe ? Vous racontez-vous des histoires sur vous-même, sur quelqu'un d'autre ou sur quelque chose ? On vous trompe un petit peu ? Beaucoup ? Le Hibou vous recommande de garder à l’œil vos propriétés de même que les personnes que vous aimez. Rappelez-vous que le Hibou a la vue perçante !
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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des oiseaux de la cinquième dimension :
Nous volons ou nageons avec des yeux reflétant notre
éveil spirituel. Où que nous soyons, nous cherchons la perspective
la plus élevée. Chacun d'entre nous est unique et, pourtant,
nous ressentons l'unité de l'univers. Observez-nous avec un
regard nouveau, car nous avons beaucoup de choses à vous
apprendre, beaucoup plus que ce qui est révélé ici. restez attentifs
aux messages que nous vous apportons individuellement et
collectivement du royaume angélique, car ils peuvent
transformer votre vie.
Ces oiseaux ont accédé à la cinquième dimension et se sont individualisés Certains sont énormes alors que d'autres sont minuscules : La taille n'a pas d'importance, seule l'énergie compte.
Les hiboux sont des oiseaux ascensionnés extraordinaires. ils sont universellement reconnus pour leur sagesse, car ils apportent cette vertu en venant de Lakumay. Ils portent également l'énergie qui favorise l'éveil spirituel des humains.
Durant la nuit, ils dispensent un enseignement aux élémentaux de leur région Ils leur offrent la connaissance, l'information et la sagesse pour leur permettre de poursuivre plus facilement leur ascension.
Chaque hibou est responsable d'une région et il purifie toues les énergies inférieures qui s'y trouvent. Il protège également les élémentaux qui vivent dans cette zone.
Depuis des siècles, les hiboux ont gardé la vision supérieure de la planète tandis qu'elle accède à la cinquième dimension. Ils essaient d'éclairer les gens sur ce qu'ils doivent faire. Et cela devient de plus en plus important alors que nous approchons du nouvel âge d'or.
Quand j'étais en congé sabbatique dans le Sud de la France j'avais l'habitude d'emmener promener ma chienne Vénus près d'un lac. Pour nous y rendre, nous devions traverser un terrain vague, et il y avait presque toujours un chat noir à l'affût près de l'entrée. Nous avions aussi l'habitude de voir un hibou. Les chats surveillent, protègent et éliminent les énergies non désirées de leur territoire, tout comme les hiboux. Un jour, ils m'ont dit qu'ils travaillaient ensemble pour purifier cette zone et assurer sa protection. J'ai été émerveillée et j'ai raconté l'histoire dans son intégralité dans mon livre numérique Venus in France, The Spiritual Journey of a Dog in Holiday (Vénus en France, le cheminement spirituel d'un chien en vacances).
VISUALISATION POUR SE CONNECTER AUX OISEAUX DE CINQUIÈME DIMENSION
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Fermez les yeux et détendez-vous.
Imaginez que vous êtes dans la campagne, avec un ciel bleu au-dessus de votre tête et les rayons doux et chauds du soleil qui vous caressent.
Un oiseau apparaît et vous remarquez qu'il porte quelque chose pour vous dans son bec.
Tendez votre main gauche et il y dépose ce cadeau. C'est quelque chose d'important pour vous.
Regardez le cadeau et sentez ce que le message représente pour vous.
Observez l'oiseau qui bouge ou s'envole, et laissez la leçon qu'il enseigne à tout le monde s'infiltrer dans votre conscience.
Remerciez-le mentalement d'être venu vers vous et, le cas échéant, placez le cadeau dans votre cœur.
Ouvrez les yeux et commencez à voir les oiseaux sous un nouveau jour.
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Dans l'édition revue et augmentée de Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Éditions Le Dauphin blanc, 2019) Aigle bleu nous transmet la médecine du Hibou :
Le Hibou est souvent associé au « côté obscur » puisque c'est un oiseau nocturne et un oiseau de proie. Par sa particularité de voler sans bruit et par le fait qu'il se déplace de nuit, ses proies ne sont conscientes de sa présence que lorsqu'il est trop tard. Il mange beaucoup de souris, de gerboises et de petits animaux de la forêt. Il a une vision perçante et sa tête peut tourner sur presque 30 degrés ; c'est là une capacité fascinante. Il est très impressionnant de voir un Hibou tourner la tête pour regarder derrière lui sans que son corps bouge.
Parmi les Premières Nations, très peu utiliseront les plumes de Hibou, hormis ceux qui ont la médecine de cet animal. et même ceux-ci font des cérémonies pendant plusieurs jours afin d'annuler l'énergie obscure associée à ces plumes. Je connais cependant certaines personnes de la nation mohawk qui semblent n'avoir aucune difficulté à travailler avec les plumes de Hibou.
Les qualités positives du Hibou : c'est celui qui, dans le silence de la méditation, sait accéder à toute l'information et à la connaissance de l'univers. Dans la mythologie grecque, la déesse de la sagesse, Athéna, est souvent représentée avec une chouette sur l'épaule qui lui chuchote à l'oreille l'information dont elle a besoin. L'aspect obscur est aussi présent ici, puisque Athéna est également la déesse de la guerre.
Le Hibou est associé à la sagesse et à la connaissance. La personne qui en a la médecine fréquente les lieux sombres pour pratiquer la méditation et ainsi accéder aux connaissances cachées. Celui qui possède la médecine du Hibou a aussi la capacité de guérir à distance. C'est une médecine très utile que peut de gents pratiquent. Le côté équivoque de cette pratique existe aussi. Le Hibou est couramment associé à al sorcellerie, à la magie noire, soit aux mauvaises énergies envoyées à d'autres personnes.
Il est très intéressant d'avoir une personne Hibou dans un groupe ou une association, car elle voit tout, ne se laisse pas décevoir et sait distinguer ce qui n'est pas net ou honnête.
Lorsque l'on voit un Hibou et que l'on perçoit que c'est un signe, il est bon de revenir à l'observation de notre situation de vie et d’utiliser notre intuition. En effet, il peut y avoir un danger à maintenir la situation dans laquelle on se trouve. Cela peut être un signe que nous allons devoir mourir aux aspects de nos vies dont nous n'avons plus besoin telles une dépendance ou une relation toxique. Dans certaines nations, il était dit que lorsque nous entendions le Hibou chanter note nom, c'était le message que nous allions mourir dans la semaine.
Ne faites appel à la médecine du Hibou que si c'est votre totem. C'est une énergie qui n'est pas facile à manipuler à moins de bien maîtriser les énergies. Il m'est arrivé de rencontrer plusieurs personnes avec le totem Hibou : elles étaient toujours engagées dans les soins reliés aux mourants, à la mort. Si c'est votre totem, soyez attentif aux messages de vos rêves, n'hésitez pas à faire de longues retraites dans la solitude et entourez-vous de lumière. Vos dons sont précieux, mais peuvent être comme une épée à double tranchant.
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Symbolisme celte :
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée robert Laffont, 1982),
"La chouette fait partie des anciens du Monde, pleins de sagesse et d'expérience dans le conte apocryphe gallois du même nom. On devrait donc la ranger parmi les animaux primordiaux et il est probable qu'on peut l'assimiler au hibou. Mais ces animaux n’apparaissent pas dans le symbolisme religieux celtique. Le hibou est pris ici en mauvaise part sous l'influence du christianisme. Le symbolisme de la chouette, favorable, est plus ancien et profondément pré-chrétien. Blodeuwedd, la femme infidèle de Llew, dans le Mabinogi de Math, est transformée en hibou en punition de son adultère avec un seigneur voisin."
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Dans Animaux totems celtes, Un voyage chamanique à la rencontre de votre animal allié (2002, traduction française : Éditions Vega, 2015), John Matthews nous propose la fiche suivante :
"Hibou = irlandais : ulchabhan ; gallois : tylluan, gwdihw ; gaélique : chomhachag, a chailleach-oidhche ; langue de Cornouailles : ula ; breton : -.
Bien que pour les Celtes, le hibou soit considéré comme un mauvais présage. Il est également fortement perçu comme étant relié à la sagesse et à la transformation.
Le hibou est étroitement associé au personnage de Blodeuwedd, la femme créée à partir de fleurs par les enchanteurs Math et Gwydion. Son nom, qui signifiait "Visage de fleur", semble avoir prédit sa destinée, qui était d'être transformée en hibou pour sa traîtrise et sa complicité dans le décès de son mari Llaw Gyffes.
Dans l'histoire de Culhwch et Olwen, extraite du Mabinogion, un des animaux alliés principaux est le hibou Cwm Cawlwyd, dont la sagesse est aussi grande que son âge. Compte-tenu de son ancienneté, le hibou est considéré comme ayant vu défiler les époques. Pourtant, son sort est d'être seul, car il est rejeté par les autres oiseaux. Le travail avec cet animal n'est pas des plus faciles, mais il est incontournable lorsqu'il s'agit d'accéder à certaines facettes de la sagesse particulièrement en ce qui concerne l'isolement et la peur d'être seul.
Préceptes du totem :
Éclaireur : Même dans l'obscurité je peux te guider.
Protecteur : Rien n'échappe à mon attention.
Challenger : Qu'est-ce qui t'a conduit jusque là ?
Aide : La connaissance n'est pas tout."
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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), l'Owlman (Homme-Hibou) est défini par les caractéristiques suivantes :
Traits : L'homme-hibou est un hibou surdimensionné avec des yeux rouges et phosphorescents et un regard oblique, des oreilles pointues, une bouche ressemblant à un bec, de grandes ailes, des talons en forme de pointes et un corps qui fait plus de 2 mètres de haut. On le trouve dans le village de Mawnan en Cornouailles, auprès des vieilles chapelles de l'endroit. C'est un être nocturne qui apparaît souvent aux jeunes filles au moment du crépuscule. Les témoins oculaires disent qu'il est soudain apparu devant elles. On croit qu'il vit dans les clochers. La légende dit que, si l'homme-hibou vous regarde dans les yeux, vous serez incapable de parler pendant des jours ou des semaines après ça, à cause de l'extrême frayeur qu'il vous aura causée. En avril 1976, deux sœurs l'ont vu en train de voler autour des clochers de Mawnan, alors qu'elles se dirigeaient vers l'endroit. La famille était là en vacances, et le père a aussitôt amené ses filles à la police pour faire un constat, mais elles n'ont pu que le dessiner. La famille a immédiatement mis fin à ses vacances : terrorisés, tous sont repartis chez eux. La dernière apparition date de 2009.
Talents : Peut voir dans l'obscurité ; Envolées ; Illusions ; Mystérieux ; Poursuit son action ; S'élève plus haut que toute force ; Transitions ; Inexpliqué.
Défis : Agressif ; Attaque le faible ; Provoque sidération et étourdissement ; Traque ses proies ; Terrifiant.
Élément : Terre - Air.
Apparitions : Lorsque l'Homme-hibou apparaît, c'est pour vous le signe que vous devez vous élever au-dessus de la négativité. Les gens ont vu l'Homme-hibou apparaître juste devant eux, ou en haut des arbres, ou en train de voler autour des clochers. Dès qu'on le voit, l'Homme-hibou monte dans le ciel et disparaît. Cela signifie que vous êtes capable de vous élever par votre propre force intérieure pour surmonter les obstacles qui se présentent à vous. C'est pour vous le signe qu'il est bon de poursuivre vos rêves. Vous n'avez pas à raconter à tous ce que vous êtes en train de faire mais, tout comme l'Homme-hibou, vous pouvez mener silencieusement votre quête jusqu'à la réalisation de vos rêves. L'Homme-hibou voit dans l'obscurité. Vous pouvez également voir ce qui est caché si vous y faites attention. On considère souvent que l'Homme-hibou est une illusion, un être qui est né de la peur de l'inconnu. Cela signifie que vous devez chercher à reconnaître les illusions qui se trouvent dans votre vie. Vous êtes-vous mépris sur une situation, ou avez-vous fait quelque chose en toute innocence dans une situation qui n'avait rien d'innocent ? Considérez les choses avec clarté pour être certain de ce qu'elles sont vraiment pour vous, avant de prendre position.
Aide : Vous devez trouver votre voie ou votre chemin. L'Homme-hibou, connu pour faire très peur, peut aussi vous amener à prendre une autre direction. Si vous avez poursuivi une activité ou suivi une personne qui n'est pas vraiment bien pour vous, l'Homme-hibou peut vous aider à vous élever au-dessus de la situation pour la voir d'un point de vue différent, tout en vous montrant de nouvelles opportunités d'action ou de rencontre, ou un autre chemin possible. D'après sa légende, le Hibou connaît la vérité de votre âme et il peut voir ce qui n'est pas visible. L'Homme-hibou voit aussi tout cela : quand il regarde dans l'obscurité, il vous voit tel que vous êtes. Si vous êtes faible, il vous considère comme une proie, mais si vous êtes fort, vous pouvez le mettre en déroute. Cela signifie qu'il est bon de vous connecter à votre force intérieure et à votre confiance en vous. La légende dit que lorsque l'Homme-hibou est présent devant vous, vous vous sentez soudain étourdi, l'esprit vide. Si vous faites l'expérience de vous retrouver l'esprit vide, c'est peut-être que l'Homme-hibou a un message pour vous.
Fréquence : L'énergie de l'Homme-hibou est pulsation. Elle donne la sensation que les battements de votre cœur viennent marteler à l'intérieur d'un petite blessure sans gravité : c'est un peu douloureux, et c'est très rythmé. Sa sonorité ressemble à un sifflement aigu et donne l'impression qu'une présence que vous ne pouvez pas voir vous domine.
Imaginez...
Vous vous êtes toujours intéressé à l'architecture des vieux bâtiments. Aujourd'hui, vous allez explorer les chapelles du village de Mawanan. Vous avez entendu parler de l'histoire de l'Homme-hibou, qui est censé vivre dans le coin, mais vous pensez que ce ne sont que des délires d'imagination. Vous êtes dans l'église en train de regarder du haut du clocher, lorsqu'il vous semble voir quelque chose flotter dans votre vision périphérique. Mais il n'y a rien. Vous vous dirigez à présent dehors, vers l'arrière de l'église, pour revenir à votre voiture, quand vous bousculez soudain quelqu'un. Vous lui murmurez vos excuses et ne revenez à vous que pour vous rendre compte qu'il s'agit de l'homme-hibou ! Son regard oblique luit d'une lueur rouge, il a un gros bec crochu, ses griffes sont longues et pointues. Son énergie est épaisse et lourde, comme s'il venait d'une autre dimension. Alors que vous l'observez ainsi, il s'envole dans le ciel et disparaît.
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Symbolisme onirique :
Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),
L'oiseau de nuit, l'oiseau réel, s'enveloppe de ténèbres. Comme la chauve-souris dont on surprend le vol au crépuscule, chouettes et hiboux sont des acteurs furtifs évoluant sur une scène obscure. Ils figurent parmi les plus imaginaires des images, comme des reflets à peine perceptibles d'un monde caché, insaisissable, inaccessible au regard des vivants.
Les rêves livreront-ils une part de leur sens secret ? Placé dans la lumière, le symbole, comme l'oiseau, perdra-t-il toute force ?
La chouette et le hibou ! Les résultats d'un test auquel s'étaient prêtées un nombre considérable de personnes, un inventaire de la place de chacun des deux oiseaux dans la littérature et des informations dégagées de quelques dizaines de séances de rêve éveillé expérimental nous avait naguère conduits à la conviction que la chouette et le hibou étaient, pour l'inconscient contemporain, de quasi-synonymes symboliques. Toute tentative de distinction nous paraissait reposer sur des nuances insignifiantes et dont la justification frôlerait l'arbitraire. L'exploration d'un nombre élevé de scénarios de rêve éveillé dans lesquels apparaît l'un ou l'autre des deux oiseaux nous conforte aujourd'hui dans cette position.
La plupart des ouvrages spécialisés présentent cependant une interprétation distincte de la chouette et du hibou. Certains de ces textes s'appuient de façon flagrante sur les écrits qui leur sont antérieurs, ce qui ne renforce pas leur valeur probatoire.
La distinction classique entre la chouette et le hibou est essentiellement fondée sur une base culturelle : Les Grecs et les Romains ont en effet attribué la première à la déesse Athénée et le second à la Parque Atropos. Dès lors, les analystes se sentent contraints de respecter un clivage. L'oiseau d'Athénée figurerait l'intelligence, celui d'Atropos, la mort. C'est faire la part belle à l'emblématique. L'embarras du symboliste est évident lorsque l'objectivité l'amène à reconnaître aux deux nocturnes les mêmes liens au monde des ténèbres, à la lune, au mystère d'un au-delà du monde apparent.
Les deux oiseaux apparaissent ensemble dans 20% des rêves pris en référence : « … Sur la branche, je vois une chouette... ou un hibou. » Lorsqu'on déplace l'attention du contenu de chaque séance à celui des cures, on s'aperçoit que ce sont les mêmes rêveurs qui, dans 70% des cas, rencontrent les deux nocturnes dans leurs scénarios et souvent dans des séances consécutives.
L'étude des corrélations apporte l'argument le plus déterminant pour étayer la thèse d'une valeur symbolique commune aux deux images. L'une et l'autre entraîne une association particulièrement frappante avec le tournesol. Cette fleur rayonnante est dix fois plus fréquente lorsque la chouette ou le hibou sont présents dans un rêve que dans l'ensemble des scénarios composant la base de données.
Cela confirme les observations reposant sur les résultats du test sur les corrélations relevées dans la littérature. Les autres images les plus étroitement associées aux deux oiseaux de nuit sont les lunettes, la bicyclette, la pleine lune et les yeux. Dès qu'il a remarqué ces associations, l'observateur est amené à penser que la symbolique commune aux deux nocturnes s'est formée à partir de la corrélation avec le cercle et le double cercle. S'il prolonge quelque peu sa recherche, il se convaincra rapidement que, plus encore que le cercle, c'est le rayonnement du cercle sur lequel repose la formation du sens. Que l'on rapproche les images et l'évidence s'impose. La fleur du tournesol se compose d'une large surface circulaire ventrale autour de laquelle s'organisent les rayons d'or des pétales qui forment en couronne un cercle plus large encore. La roue de la bicyclette n'existe que par les rayons qui relient sa circonférence au moyeu. L’œil humain, dont la pupille a la propriété de se dilater, présente une succession de cercles concentriques. Celui de la chouette ou du hibou se prolonge par un rayonnement de plumes qui crée l'impression d'un œil immense par rapport à la taille de l'oiseau. Le tournesol tire son nom de sa réputation de plante héliotrope. La chouette est un oiseau dont la vision est indépendante des rayons solaires. Par-delà l'association de formes, cette remarque laisse soupçonner une voie d'accès à la compréhension du symbole. Pour la commodité de la rédaction, nous désignerons l'oiseau nocturne indifféremment par l'un de ses principaux représentants, la chouette ou le hibou.
L'exploration des rêves va montrer que ceux-là déploient des images nombreuses, variées, souvent fortement originales, pour exprimer le rayonnement du cercle ou les cercles concentriques en liaison avec l'oiseau de nuit. Comme les cercles de plus en plus grands que la moindre percussion déclenche à la surface d'une eau, la chouette suggère un élargissement du champ de vision, du champ de conscience, une dynamique qui part de l'informulé vers le nommé, de l'ombre vers la lumière, de l'inconscience à la conscience.
Le second scénario de Daniel, trente ans, orphelin de père à dix ans, offre une série d'images qui vont rendre indéniable la relation entre le nocturne et le cercle, le double cercle et le rayonnement du cercle. Daniel arrive, dans les premiers moments de son rêve, dans un bureau où l'attend "une hôtesse d'accueil qui porte des lunettes et semble assez sévère". Beaucoup plus tard, le rêveur monte au sommet d'un clocher. Les cloches sonnent, le soleil se lèvre, "diffusant une douce lumière jaune". Se succèdent alors une série de visions qui constitueraient une séquence incohérente si leur lecture n’était pas éclairée par l'association de forme que j'ai signalée : « … je vois la planète Saturne, avec ses anneaux... elle semble tourner sur elle-même dans l'espace... c'est la nuit... la lune se lève... elle éclaire des montagnes... je vois la planète Saturne, avec ses anneaux... elle semble tourner sur elle-même dans l'espace... c'est la nuit... la lune se lève... elle éclaire des montagnes... je vois un paon qui fait la roue... et... une coiffure de chef indien !... Puis, il y a un moulin, une roue à aube, qui tourne et brasse l'eau... cette roue devient une rose de chariot, qui avance, tiré par un cheval... il avance, dans le désert... il arrive... longtemps après, près d'un petit cours d'eau... là, je vois une fleur de tournesol... puis tout un champ... le chariot avance au travers... […] J'ai vu un vol de canards dans le ciel, leur vol forme un V... des canards aussi sur l'eau... une eau tranquille... le paysage est radieux... il y a un cygne aussi... et des arbres... et, puis... une chouette, ou un hibou, posé sur un e branche d'arbre... » Si l'on tient compte des lunettes de l'hôtesse d'accueil, ce n'est pas moins de huit images construites autour du cercle ou du rayonnement qui viennent annoncer la chouette et le hibou ! Un autre rêveur verra la statue de la liberté « au visage rond avec ses rayons qui diffusent ». Une patiente soulignera le rayonnement par une association inattendue : « Les yeux de la chouette sont comme les boutons d'un coffre-fort, vous savez, ces boutons striés... » Le vol de canards de Daniel, en forme de V, mérite une attention particulière. Le V, c'est gonos, l'angle générateur, la mère. Mais c'est aussi le triangle, portion de cercle, partie comprise entre deux rayons. Ce n'est pas sans raison que ce V s’intercale entre la série des images circulaires et l'apparition de la chouette. Le sixième scénario de Delphine propose des enchaînements qui portent la réflexion dans une direction qui surprendra peut-être, mais qui s'intégrera utilement à l'effort d'élucidation.
Le jeune frère de Delphine est décédé quelques mois avant le début de la cure, dans des circonstances particulièrement brutales : « … c'est une voiture ancienne, noire... je vois le conducteur, avec de grosses lunettes... maintenant, je dois avoir dix ans... c'est une photo... je suis avec mon frère, entre mon père et ma mère... c'est à Noël... je vois du sang... un personnage dont je ne vois que les yeux ronds... là, un petit moule rond et quelqu'un qui essaie de ranger une part de gâteau triangulaire dedans... alors ça ne marche pas... le gâteau est de plus en plus gros... quelqu'un grignote jusqu'à ce que ça devienne rond... je vois des yeux, dans la tarte, qui observent et puis, maintenant, une chouette sur une branche morte... et les dents d'un râteau... comme si elles voulaient m'arracher les yeux... mon frère... mon frère en Christ, avec la couronne d'épines... maintenant, une couronne en papier comme celle de la galette des rois... et puis, le cimetière... une pyramide dont la pointe est dans une source de lumière... le fronton triangulaire d'un temple... »
Les images de Delphine sont alimentées par la tragédie récente mais surtout par les sentiments coupables liés aux rivalités collatérales. Des expressions usuelles telles que cercle de famille, part de gâteau ou angle vif, peuvent être soupçonnées de vibrer dans l'atmosphère du rêve de Delphine. Le triangle, considéré comme une part ôtée du cercle, pourrait bien aussi renvoyer au sentiment ou à l'angoisse de castration. Daniel et Delphine ont été l'un et l'autre confrontés à a plus brutale des castrations : la mort.
Ici, nous devons reprendre l'observation capitale que nous avions faite lors de l'étude du nocturne dans la littérature. Chouettes et hiboux sont liés aux idées de renoncement, de chute, d’abattement, de mort. Verlaine écrit :
"Laissons faire à leur guise
Le bonheur qui s'enfuit et l'amour qui s'épuise
Et nos cheveux frôlés par l'aile des hiboux...
Oublions d'espérer. discrète et contenue
Que l'âme de chacun de nous deux continue
Ce calme et cette mort sereine du soleil..."
Un vers de Charles Cros fait écho à cette citation :
"Et mon âme abattue est un oiseau de nuit..."
La plupart des rêves das lesquels apparaissent la chouette ou le hibou renvoient le patient à cette période de l'enfance située entre huit et onze ans pendant laquelle e développement du psychisme s'opère dans le silence. Entre l'âge de raison qui qualifiait autrefois l'avènement de l'intellect, vers sept ans, et les turbulentes transformations pubertaires, cette phase incertaine, préparatoire et quelque peu obscure, ressemble aux siècles qui précédèrent le Moyen Âge, cette puberté de notre civilisation occidentale.
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Le nocturne rêvé désigne une psychologie en attente de la lumière. La chouette et le hibou se confondent l'un et l'autre avec les zones les plus obscures de l'être. Ils sont les représentations imprécises d'une ombre immense qui atteint les dimensions d'un néant. Cette ombre est maternelle. Comme telle, elle est la source insondable d'où se dégage la manifestation de la vie, par rayonnement, de l'inconscience à la conscience. Comme telle, elle est le refuge, la promesse de repos pour la psychologie qui s'est usée, blessée, cassée dans la poursuite exaltée de buts inaccessibles. Les traductions traditionnelles ne se trompent pas en attribuant aux nocturnes l'aptitude à symboliser l'intelligence et la mort ; Mais l'investigation des rêves montre qu'il est abusif de répartir entre la chouette et le hibou des sens dont l'un et l'autre sont porteurs.
Devant l'apparition du nocturne, le praticien sera en présence, soit d'un mouvement de libération d'un psychologie qui ne s'était jamais vraiment dégagée d'un lourd vêtement placentaire, tissé d'ombre maternelle, soit de l'indice d'élans brisés, d'une âme affaiblie par la désespérance, repliée dans sa quête d'un lieu de régression. Celle-là aspire à l'ombre maternelle pour y déposer sa souffrance et y reprendre force. Il ne s'agit pratiquement jamais d'un renoncement définitif. Les grands yeux de l'oiseau de nuit symbolisent la capacité du rêveur à se nourrir de la plus faible clarté. Chouettes et hiboux révèlent soir une immaturité affective, soit une situation régressive consécutive à quelque blessure psychologique. Ils annoncent pourtant un temps où l'intuition du patient lui restituera l'espérance, le rayonnement de la lumière intérieure.
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Mythologie :
Dans Histoire de Lynx (Éditions Plon, 1991), Claude Levi-Strauss analyse les mythes des Amérindiens pour en découvrir les constantes :
"Toute la mythologie nord-américaine associe chouettes et hiboux à des phénomènes périodiques : alternance du jour et de la nuit d'une part, durée mesurée de la vie humaine d'autre part ; phénomènes entre lesquels un rapport étroit existe puisque les âmes, réincarnées dans les rapaces nocturnes, habitent le monde des morts pendant le jour et reviennent la nuit parmi les vivants. Il n'est pas toujours facile de savoir à quel genre ou espèce renvoient les textes. On croyait en Californie que les bons Indiens se réincarnaient après la mort dans les hiboux, les mauvais dans les chouettes. Un mythe des Quinault, groupe salish de la côte dans l'actuel État de Washington, raconte qu'une jeune fille partie pour épouser le fils du Grand Duc se fourvoya chez le Petit Duc qui n'était bon à rien. Selon une version kwakiutl d'un mythe salish du bas Fraser, le ravisseur d'une fillette insupportable serait le Hibou Blanc (peut-être Nycha sp., un Hibou arctique qui hiverne dans la région).
Les Salish de l'intérieur attribuent au Petit Duc (Otus asio) le premier rôle comme annonciateur de mort prochaine. Le Grand Duc (Bubo virginianus) apparaît surtout dans leurs mythes en qualité de voleur d'enfants. Le nom du Grand Duc, skelula en thompson et en lilloet, snina en shuswap et en okanagon, ressemble au nom du héros humain de ces mythes, Snànaz, Ntsaâz, Tsa'au'z, selon les versions. Celle des Indiens Thompson, par laquelle je commencerai, est intitulée par Boas "Hibou et Ntsaâz", et Boas signale que d'après certains informateurs, le nom Ntsaâz serait apparenté à Snànaz, nom du héros dans une courte variante du même mythe ; nom aussi attesté chez les Shuswap.
Un petit garçon pleurait sans arrêt. Pour le faire taire on le menaça du Hibou, tant et si bien que celui-ci l'enleva. Il le fit magiquement grandir ; en quelques jours l"enfant devint adulte. Le Hibou l'emmenait casser avec lui mais le nourrissait à peine. Heureusement le héros fit la connaissance de Corneille et de sa femme qui se montrèrent plus hospitaliers. Et comme le Hibou ne se contentait pas de l'affirmer mais l'offensait en l'appelant son esclave, le héros décida de le tuer : il fit brûler le cœur du Hibou qu'avant de sortir celui-ci laissait toujours accroché dans la cabane. Corneille s'enquit si le héros avait une famille et si, enfant, il possédait "du saumon sec jouet, des baies séchées jouet, de l'huile de poisson jouet, de la graisse de cervidé jouet" - ce que nous appellerions une dînette - et proposa d'aller les chercher. Corneille s'envola, arriva au village, apprit à la mère et à la sœur du héros que celui-ci vivait toujours. il leur dit de suivre son vol des yeux et de repérer une colonne de fumée qui leur indiquerait où elles devraient se rendre. Un seul villageois eut le regard assez perçant pour réussir ; encore s'évanouit-il, épuisé par l'effort.
Les deux femmes parvinrent à destitution, se firent reconnaître et prirent la route du retour en compagnie du héros, lequel, un peu plus tard, éprouvé par la chaleur, voulut se baigner contre l'avis de sa mère et de sa sœur. Il sauta dans un lac et se métamorphosa en Plongeon. "Je reste ici, dit-il à sa sœur. Quand tu voudras me voir, viens et appelle-moi", ce qu'elle fit un peu plus tard. Le héros apparut, lui donna des coquillages précieux et son propre collier de dentales en lui recommandant de ne les montrer à personne. Mais une jeune fille du village les vit et comprit d'où provenaient ces joyaux (l'informateur avoue ici une lacune de mémoire). Elle demanda à la sœur du héros la permission de l'accompagner. Quand celle-ci appela son frère, il apparut dans toute sa splendeur, le corps couvert de somptueux coquillages. Elle l'invita à s'asseoir tout près d'elle, noua ses bras autour de son cou tandis que l'autre jeune fille lui jetait des herbes magiques qui lui rendirent forme humaine.
Ils repartirent tous les trois et passèrent près de la cabane d'un individu nommé Ntsaâz. Le héros (qui avait eu trop chaud dans une précédente séquence) se plaint maintenant qu'il a froid. Il veut entrer pour se réchauffer bien qu'on l'en dissuade : "Personne n'entre là. Ntsaâz sent trop mauvais." Les femmes poursuivirent leur chemin ; le héros reste en arrière, saisit Ntsaâz par le nez, le secoue si fort que le corps s'échappe de la peau dont lui-même se revêt : il devient Ntsaâz.
Or la jeune fille aux herbes magiques rebutait tous ses soupirants. Ses parents lui firent honte : "Tu refuses tout le monde. Va donc épouser Ntsaâz !" Elle alla chez le vieil infirme malodorant, l'enveloppa dans une natte et le transporta chez elle sans écouter les quolibets. Pour humilier davantage leur fille, ses parents voulurent qu'elle envoyât son mari couper du bois. Elle le porta dans la forêt, le héros sortit de sa peau, abattit d'un coup de pied quatre arbres secs qui se fendirent tout seules en bûches lesquelles diminuèrent de volume, de sorte que la femme put les charrier sans difficulté.
Quand elle fut de retour, elle déchargea son fardeau, les bûches reprirent leur grosseur et remplirent jusqu'au toit quatre cabanes, dont celle de Lune qui, trop lent à se garer, fut blessé aux testicules qu'il avait énormes. Le héros réussit ensuite à tuer beaucoup de gibier par temps de neige alors que les autres chasseurs, dont Lynx, rentraient bredouilles. Sa femme profita de ce qu'il s'éloignait à la poursuite du gibier pour brûler la vieille peau dont il s'était momentanément débarrassé. Le héros fut contraint de rester jeune et beau tel qu'il était en réalité. Tout le monde enviait sa femme, d'autant plus que, devenu grand chasseur, il approvisionnait en viande tout le village.
Ici, pourvu d'énormes testicules (comme le maître des animaux des Tenetehara ; et le Tanuki du folklore japonais), Lune fait d'ailleurs figure de cannibale, mangeur de testicules. Je discuterai plus tard ce motif et je me contenterai pour le moment, au sujet des affinités lunaires des personnages à gros testicules, de renvoyer à L'Origine des manières de table (p. 66-67) ; l'Homme nu (p. 507) ; La Potière jalouse (p. 221-223).
D'intérêt plus immédiat, une version provient elle aussi des Thompson, mais de l'aval. Teit l'a recueillie et publiée sous le titre "Hibou et Tsa'au'z" ; nom propre, précise-t-il, porté dans la bande de Lytton par quelques célèbres chamans et guerriers du temps passé.
Cette version débute comme l'autre. Le Hibou nourrit son prisonnier d'insectes (et dans une variante, de serpents). Le héros ne se plaint pas à Corneille qu'on l'affame, mais de ce que le Hibou lui serve de la viande et des insectes, et non, comme il le voudrait, des légumes. Corneille va en chercher au village natal du héros. Le seul habitant capable de suivre des yeux le vol de Corneille s'appelle, comme dans l'autre version, Ska'kuk "le petit hibou dont les yeux ne coulent pas". D'après les mythes de même provenance, ce serait le Petit Duc. Au lieu du cœur extérieur de Hibou, le héros brûle sa maison. Hibou se change en oiseau désormais incapable de ravir les petits-enfants.
Tsa'au'z, marié, enlève chaque nuit sa peau sanieuse et se montre à sa femme tel qu'il est réellement : jeune, beau, paré de dentales. Autre différence par rapport à la première version : ce n'est plus la femme du héros, mais ses beaux-frères qui, pendant la chasse, découvrent la peau qu'il a enlevée. Ils n'arrivent pas à la brûler entièrement et, en soufflant dessus, finissent par la transformer en brouillard : "Pur cette raison le brouillard a toujours une mauvaise odeur : celle des plaies et de la peau brûlée. Quand Tsa'au'z voulut remettre sa peau il vit qu'elle s'était changée en brouillard. Il essaya en vain de la ramasser, mais le brouillard montait et descendait au loin sur les montagnes. Aussi dut-il rester comme il était, sous sa forme véritable d'un homme jeune et beau."
[...] La symétrie ressort plus nettement encore dans une version chehalis du bas Fraser. L'enfant ravi est une fillette insupportable dont le Hibou fait son épouse. Plus tard elle veut se sauver, s'écarte sous prétexte d'un besoin pressant, et charge son urine de duper le Hibou pendant sa fuite en criant qu'elle n'a pas encore terminé. Elle revient à son village, mais les parents trouvent leur fille décidément impossible ; ils la renvoient chez son mari. Un jour son frère vient l'y visiter et se plaît tellement qu'il s'installe chez son beau-frère le Hibou et invite son autre sœur à le rejoindre. Celle-ci se fait accompagner par une belle amie dont, espère-t-elle, son frère s'éprendra et qui saura le convaincre de repartir. C'est ce qui se passe en effet. Le frère éloigne le Hibou par une ruse. Ses sœurs, la jolie fille et lui incendient la cabane. L'enfant du Hibou y périt.
Suit l'épisode du lac où le frère veut boire, tombe à l'eau et se métamorphose en plongeon. Plus tard une belle esseulée lui rendit forme humaine. Car, explique le mythe, "il ne s'était pas noyé et n'avait pas non plus été emporté par un démon aquatique comme sa femme et ses sœurs le croyaient. Une femme Plongeon était apparue, qui lui offrit une peau de Plongeon et le persuada de la suivre au fond du lac. Il avait consenti et était resté avec elle depuis."
Le héros accompagna sa libératrice. En arrivant à son village, désireux de garder l'incognito, il dépouilla un lépreux de sa peau et la revêtit. La fille refusait jusque-là tous les prétendants ; on la railla d'avoir choisi ce dégoûtant mari. Ils vécurent à l'écart. Le héros alla se laver en cachette dans un ruisseau voisin, "employant des rameaux d'épicéa et de sapin pour se frotter. Les aiguilles tombées se changeaient en ts'àkves. Il en rapporta une provision, dit à sa femme d'aller chercher le reste au fond de l'eau et d'en remettre quelques-uns à sa sœur cadette pour leurs parents. Le père admira les présents et dit à sa femme : "tu ferais mieux d'aller là-bas et de ramener notre fille et son mari à la maison."
On voit que l'épisode final de cette version respecte jusque dans les détails la symétrie avec l'épisode initial des voleuses de dentales.
Toutefois les ts'àkves semblent être des joyaux différents. Selon Hill-Tout à qui l'on doit ce mythe, il s'agirait d' "objets de grande valeur, un genre de trésor qu'on ne trouve habituellement que sur la côte, si précieux qu'un seul de ces objets valait un grand nombre de couvertures. Je n'ai pu comprendre ce qu'était ce trésor : "Quelque chose de blanc, percé d'un trou", mais pas un coquillage d'aucune sorte."
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Contes et légendes :
Dans "Les chamanistes du Bouddha vivant." (In : Études mongoles et sibériennes, cahier 17, 1986. Les chamanistes du Bouddha vivant. pp. 3-207), Sandagsürengijn Badamxatan et Marie-Dominique Even rapportent le conte suivant, appartenant à la culture orale darxad :
Le hibou.
Si on demande au hibou pourquoi il a de pareils yeux, il répond que c'est pour avoir mangé trop de beurre jaune [beurre fondu]. Si on lui demande pourquoi ses pattes sont si calleuses, il répond que c'est pour avoir manqué de beurre bien gras. Si on lui demande pourquoi son cerveau est comme un plat, il répond que c'est pour avoir fait beaucoup d'offrandes-rançons lün et avoir reçu beaucoup de bénédictions adis [faites en touchant le haut du front avec la main, une statuette de bouddha ou un livre de prières]. Mais si on lui demande pourquoi il n'a pas d'oreilles, il répond que c'est pour ne pas avoir écouté les choses de la religion.
Littérature :
Farid Al-Din Attar, poète persan auteur de La Conférence des oiseaux (1177 ; Diane de Selliers, 2012, remaniée par Jacques Prévost) évoque le hibou :
CHAPITRE 11. LE HIBOU. Le hibou vint ensuite d'un air effaré et dit : « J'ai choisi pour ma demeure une maison délabrée. Je suis faible ; je suis né dans les ruines, et je m'y plais ; mais non pour y boire du vin. J'ai bien trouvé des centaines de lieux habités ; mais les uns sont dans le trouble, les autres dans la haine. Celui qui veut vivre en paix doit aller, comme l'ivrogne, parmi les ruines. Si je réside tristement au milieu des ruines, c'est parce que c'est là que sont cachés les trésors. L'amour de ces trésors m'a ainsi conduit dans les ruines, car ce n'est qu'au milieu d'elles qu'ils existent. Là je cache à tout le monde ma sollicitude, dans l'espoir de trouver mon trésor, qui ne soit pas défendu par un talisman. Si mon pied rencontrait un trésor, mon cœur désireux serait libre. Je crois bien que l'amour envers le Simorg n'est pas fabuleux, car il n'est pas ressenti par des insensés ; mais je suis loin de me tenir ferme dans son amour, je n'aime que mon trésor et mes ruines. »
La huppe lui dit : « O toi qui es ivre de l'amour des richesses ! supposons que tu parviennes à trouver un trésor ; eh bien ! tu mourras sur ce trésor, et ta vie se sera ainsi écoulée sans avoir atteint le but élevé qu'on doit se proposer. L'amour de l'or est le propre des mécréants. Celui qui fait de l'or une idole est un autre Thâré. Adorer l'or, c'est de l'infidélité ; ne serais-tu pas par hasard de la famille de l'Israélite qui fabriqua le veau d'or ? Tout cœur qui est gâté par l'amour de l'or aura la physionomie altérée, comme une monnaie fausse, au jour de la résurrection. »
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Les Hiboux
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.
Leurs yeux d’or valent des bijoux,
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
À Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout c’était chez les fous.
Robert Desnos, "Les Hiboux" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.
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Nicole Viloteau, autrice de Un Baiser d'ailes bleues, 150 rencontres avec des animaux extraordinaires (Éditions Arthaud, 2009) croque sur le vif des instants de nature précieux :
Des yeux jaunes dans l'obscurité
Parc animal de Lakefield. Nord-Queensland, 19h32. J'ai installé mon campement dans une forêt d'eucalyptus et de palmiers éventails. Nuit d'encre. Des reflets d'étoiles fleurissent la surface noire de la rivière Normanby. Wouh-bouhhh ! Wouh-bouhhh ! Un hibou clignotant se met soudain à « aboyer » ! Vol bref et silencieux, l'oiseau nocturne passe devant moi, se perche tout près dans un bosquet : Ninox chasse le rongeur, le gecko ou la grenouille. Peu farouche, il va et vient dans les parages immédiats de mon bivouac. Ses plumes doivent être merveilleusement douces au toucher !
J'entends soudain son bec cogner quelque chose dans l'obscurité. Un coassement déchirant s'ensuit, vite étouffé dans un broyat de chairs sanglant. Le prédateur a fait mouche ! C'était une rainette géante : splendeur verte aux yeux jaunes. J'ai déjà rencontré cet oiseau peu commun dans une forêt d'eucalyptus. Il dormait à la fourche d'une branche. Le craquement léger des feuilles mortes sous mes bottes l'avait réveillé. Je me souviens de ses yeux. De grands yeux jaunes d'or qui tranchaient sur son plumage gris marbré d'ivoire.
Cette nuit, les yeux de sa proie, du même jaune que les siens, ne l'ont pas vu venir...
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Dans La Splendeur escamotée de Frère Cheval ou Le Secret des grottes ornées (Éditions Grasset, 2018), Jean Rouaud cherche à comprendre les différents paradigmes construits par les hommes, de l'époque paléolithique à nos jours à partir des traces laissées par l'art pariétal en France et il s'interroge en particulier sur les motifs des artistes :
"Les mains d'or, bonnes filles, lui ont donné une carte maîtresse, une sorte de talisman qui le protégera dans sa traversée périlleuse. Comme le prince de la lumière ne connaît rien aux ténèbres, elles l'ont placé sous le signe d'un hibou gravé sur un linteau de pierre et qui préside en amont au grand ballet nocturne. Le hibou, la nuit, c'est son domaine. Il y voit comme en plein jour. Il sera son guide et son assurance. Athéna, déesse de la sagesse et de l'intelligence, s'en remettait à la chouette pour percer les ténèbres de l'inconnaissance, comme nous au coq qui annonce la bonne nouvelle de la venue de l'aurore.
Si le corps du hibou est représenté de dos, les ailes repliées, sa tête nous dévisage, ce qui l'oblige à une contorsion à 180° qui ne paraît pas le gêner. Autrement dit, suis-moi, tu n'as rien à redouter. Mes yeux de lune seront comme deux sillons phosphorescents qui traceront dans la masse sombre un chemin balisé. Autrement dit encore, si notre cheval-soleil tremble à la perspective de cette traversée des ténèbres, les mains d'or, elles, n'ont aucun doute sur le réveil du jour."
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