Étymologie :
DIPLODOCUS, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1890 (Lar. 19e Suppl.). Composé du gr. δ ι π λ ο ́ ο ς « double » et de δ ο κ ο ́ ς « poutre » en raison des os doubles de la queue de l'animal et de sa grande taille.
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Zoologie :
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J. P. Magnol dans un article intitulé "Appareil digestif, appareil locomoteur et stratégies de prise alimentaire chez les Dinosaures" paru dans la Revue de médecine vétérinaire (2003, vol. 154, p. 543-563) :
— Les dents de Diplodocus sont petites, longues, cylindriques, la couronne n’étant pas plus large que la racine. Projetées vers l’avant, assez régulièrement espacées à la façon d’un peigne, elles étaient destinées à effeuiller les extrémités des rameaux pour en détacher feuilles ou aiguilles, non mastiquées et dégluties en l’état. Chez Camarasaurus et Brachiosaurus, la couronne est creusée en forme de gouge. L’appareil dentaire, simple appareil de capture, semble totalement inapte à la mastication. Fiorillo a pu montrer, grâce à l’étude des facettes d’usure de la couronne, que Camarasaurus consommait des végétaux plus grossiers que Diplodocus. Les jeunes Camarasauridés toutefois se rapprochent de ce point de vue des Diplodocidés, suggérant pour les premiers des différences dans le régime alimentaire entre sub-adultes et adultes et une possible compétition entre Camasauridés juvéniles et Diplodocidés.
[...]
Les particularités du squelette axial et appendiculaire influent sur la hauteur de capture. Il apparaît clairement que, compte tenu de leur morphologie générale, les Ankylosaures restèrent plaqués au sol tandis que les Sauropodes du Jurassique furent parfois capables d’écrêter le faîte des arbres. Les hautes branches ou les cimes sont en effet atteintes par les animaux qui peuvent porter leur tête, donc leur appareil de capture, à leur niveau. Plusieurs solutions évolutives conduisirent au même résultat. L’animal put utiliser son long cou vertical prolongeant des membres thoraciques plus hauts que les pelviens (Brachiosaures), ou bien mettre à profit un très long cou (la hauteur du prélèvement des végétaux est estimée entre 4 et 6 m, pour Diplodocus et Apatosaurus. (Encadré 2) ou encore se dresser sur ses membres pelviens, la queue formant tripode. Cette aptitude à se dresser sur les postérieurs en prenant appui sur la queue fut, pour certains paléontologues [5] partagée par les Apatosaures, les Stégosaures et Diplodocus. Cependant, les arguments d’ordre anatomique avancés par cet auteur sont loin de faire l’unanimité parmi les spécialistes. Dodson, en outre, critique cette interprétation compte tenu des difficultés à assurer une irrigation céphalique correcte.
Encadré 2 — Flexibilité du cou et hauteur de la prise alimentaire chez les Sauropodes.
Stevens et Parrish estiment, à partir d’une modélisation informatique, la relation entre le degré de liberté des facettes zygapophysaires (surface, orientation, conformation en 3D) et la mobilité du cou chez deux diplodocidae : Apatosaurus Brontosaurus louisae et Diplodocus carnegii. En position neutre (facettes pré et postzygapophysaires centrées) les cous des deux sauropodes (L = 6,2 m pour Diplodocus et 5,3 m pour Apatosaurus) sont portés rectilignes et inclinés, la tête se trouvant proche du sol (1,6 m pour Apatosaurus et 0,8 m pour Diplodocus). Cette attitude qui renoue avec les premières descriptions, s’éloigne des reconstructions plus récentes. La flexibilité maximale latérale et dorso-ventrale dépend de la résistance opposée au déplacement par les capsules articulaires. Par analogie avec les caractéristiques du cou des oiseaux modernes, les auteurs estiment que le déplacement maximum est atteint lorsque le chevauchement n’est plus que de 50 %. Sur ces bases théoriques, Stevens et Parrish constatent que la hauteur maximum de la tête, donc du prélèvement des végétaux, est de 6 m pour Apatosaurus et de 4 m seulement pour Diplodocus (en dehors de l’adoption d’une position tripodale). La flexion ventrale maximum, en revanche, pourrait porter la tête (pour les deux taxons) à environ 1 m 50 au-dessous du niveau du sol permettant une exploitation aisée des végétaux des berges des rivières encaissées, voire des plantes sub-aquatiques. Les auteurs concluent que ces deux taxons contemporains se nourrissaient à partir des strates inférieures de la végétation arbustive (fougères, cycadales, prêles, peut-être plantes aquatiques...) avec un avantage pour Apatosaurus dont la gamme des mouvements cervicaux était plus étendue latérodorsalement et latéroventralement.
[...]
Les données analytiques précédemment exposées sont diversement corrélées. C’est ainsi que les arcades dentaires simples, réduites à un appareil de préhension, s’accompagnent généralement de la présence de gastrolithes, témoins probables de l’existence d’un estomac musculeux. Deux grands groupes de dinosaures herbivores peuvent être, sur ces bases, distingués.
A - Les « non-masticateurs : comme les Sauropodes (Saurischiens) du Jurassique (Diplodocus, Camarasaurus...) et du Crétacé (Titanosaures). Leur long cou, mobile, et peutêtre pour certains (Apatosaures, Diplodocus, Barosaures...) l’aptitude à se dresser sur leurs membres pelviens, autorisaient la cueillette entre le sol et une hauteur de plusieurs mètres. Des travaux récents portant sur la hauteur de capture pour Diplodocus et Apatosaurus, accordent un léger avantage à ce dernier (Encadré 2). Brachiosaurus adulte qui bénéficiait de membres thoraciques très longs, atteignait quant à lui le couvert végétal vers 12 mètres. Le régime était donc probablement éclectique : fougères, ginkgos, conifères, fruits de Nilssonian, peut-être Czekanowskiales, Caytoniales... L’étude des facettes d’usure des dents des Brachiosauridés a permis à Fiorillo de suggérer un régime alimentaire différent et moins ligneux pour les jeunes que pour les adultes. Les premiers entraient peut-être en compétition avec les Diplodocidés consommateurs de végétaux plus tendres. Les arcades dentaires constituaient chez ces herbivores un simple appareil de capture destiné à effeuiller les rameaux. Corrélativement les muscles masticateurs étaient faibles et les muscles des joues peu développés. En revanche, l’estomac musculeux (analogue au gésier des oiseaux granivores) jouait le rôle d’un broyeur, rôle facilité par la présence de gastrolithes. La cuve à fermentation se situait probablement à l’avant de la région abdominale compte tenu de la disposition de l’os pubien.
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Selon Ronan Allain, dans son ouvrage intitulé simplement Histoire des Dinosaures (Éditions Perrin, 2012),
"Nul besoin donc d'aller chercher plus loin pour comprendre d'où vient la fascination qu'exercent sur nous les dinosaures. Armand Fallières, neuvième président de la IIIe République, en fit d'ailleurs l'amère expérience en 1908 lors de l'inauguration, dans la galerie de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, du squelette de Diplodocus offert par le magnat de l'acier Andrew Carnegie. Face au gigantesque sauropode, le président Fallières n'aurait rien trouvé d'autre à dire que :
"Quelle queue : Quelle queue !"
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Symbolisme :
Selon le site http://www.animalspirits.com/dinosaur2.html, la sagesse du Diplodocus comprend :
L'utilisation appropriée de l'instinct ;
Connexion aux Conifères / aux Pins ;
La capacité à atteindre des objectifs élevés ;
Faciliter le mouvement ;
Auto-croissance.
Selon le site http://timberwolfhq.com/animals-spirit-power-totem/ le Dinosaure symbolise la sagesse ancienne.
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Georges-Arthur Goldschmidt, dans un article intitulé « La décision du monstrueux » et paru dans la revue Imaginaire & Inconscient, (vol. n°13, n°1, 2004, pp. 11-14) prend l'exemple du diplodocus pour éclaircir la notion de monstruosité :
Ce ne sont jamais les choses qui sont monstrueuses, ni à plus forte raison les animaux ou les plantes, ils sont simplement de l’ordre de la nature et peuvent, en effet, « dépasser l’entendement », être ou trop grands ou trop petits, mais ils sont toujours et quels qu’ils soient, accordés à eux-mêmes, en conformité avec eux-mêmes. Ils ne sont pas intentionnellement monstrueux. Un diplodocus ou un tyrannosaure ne sont pas monstrueux, ils sont simplement diplodocus ou tyrannosaure. Le difforme ou le gigantesque ne sont pas forcément monstrueux. Le monstre du Loch Ness n’est monstrueux que pour qui le trouve tel. Il n’y a pas de monstrueux en soi dans l’ordre de la nature.
Pour qu’il y ait du monstrueux, il faut du vis-à-vis, du regard ou de la parole. Il peut y avoir du monstrueux dans le discontinu éprouvé comme tel, comme basculant sur le désarroi. Celui qui se trouve en présence du monstrueux le juge tel. Dire qu’il y a du monstrueux, c’est probablement se situer du côté de l’humain, c’est se revendiquer d’un certain consensus, d’une continuité reconnaissable et d’origine humaine que le monstrueux interrompt et compromet. Une inondation, un incendie ne sont pas monstrueux ; monstrueux est de les provoquer, d’en être à l’origine.
[...]
Il ne s’agit pas d’ailleurs de faire savamment l’historique ou l’étymologie du mot et d’en rappeler les différentes acceptions; il est beaucoup plus intéressant de le situer, tel qu’on peut le ressentir dans son emploi tout simple, aujourd’hui. Peut-être, en effet, le monstrueux n’est-il pas autre chose que déni – la forme dernière du déni étant le meurtre. Le meurtre supprime toute parole. On tue pour ne pas entendre l’autre rendre le meurtre inutile par ce qui peut être objecté à son accomplissement. On tue pour ne pas entendre. Le meurtre est monstrueux puisqu’il instaure le néant là où il y avait quelqu’un. Le monstrueux est l’inverse de la grâce, qui n’est rien d’autre que comprendre avant qu’il ne soit trop tard. Le meurtre a pour destination la suppression d’une parole encore possible et, de ce fait, il est le monstrueux en soi. Le monstrueux commence quand on ne laisse plus parler. Devant le meurtre, devant le monstrueux, on est atterré, hors langage.
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Selon le site http://www.dragonsofjustice.org/basic/totemList.html, les Dinosaures herbivores :
sont émotionnels et peuvent voir à travers les émotions ;
évoquent la gentillesse ;
sont pacifiques et défenseurs de la paix ;
sont capables de gérer au mieux les problèmes.
Étienne Cornevin dans « Chaosmos », paru dans Ligeia, vol. 125-128, n°2, 2013, pp. 177a-177a relie le diplodocus à l'idée que nous nous faisons du chaos :
Nous imaginons le chaos comme un état d’après la destruction, paysage après la bataille, champ de ruines, magasin d’anticailles après le passage d’un hippopotame rêvant qu’il est un diplodocus se prenant pour un éléphant ivre, mais il serait peut-être plus intéressant et sûrement plus original d’imaginer un chaos d’avant-après, un symposioum des parapluies, machines à coudre, tables à repasser, et objets par milliers du merveilleux moderne. Hétéroclites du monde entier, unissez-vous ! Et puis, par un habile usage de la machine à remonter le temps, rétro-projeter ce fatras à l’origine du monde. Bien mélanger, et vous obtenez un né-cosmos convenablement chaotique, à moins que ce ne soit un néo-chaos, convenablement cosmique : disons « chaosmos », et n’en parlons plus.
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Raphaële Bertho dans un article intitulé "Les grands ensembles. Cinquante ans d’une politique-fiction française". (In : Études photographiques, 2014, no 31) reprend à son compte la métaphorisation des barres d'immeuble de banlieue, dirait-on aujourd'hui, en diplodocus :
[...] De fait, l’iconographie institutionnelle ici étudiée, mêlant vue aérienne et vue terrestre, noir et blanc et couleur, chimie et pixel, soutient dans un premier temps la vision d’un État visionnaire, à l’origine de l’édification de cités modernes idéales. Elle accompagne ensuite le retournement critique consacrant la dénonciation d’une politique désincarnée conduisant à la lente désintégration de ces édifices jusqu’à leur implosion, au sens figuré comme littéral, à la fin du siècle. Le travail historiographique engagé il y a une vingtaine d’années sur les grands ensembles a pour objet de s’abstraire de ces récits, tout aussi prégnants l’un que l’autre, pour en faire non plus les fidèles destriers de la modernisation ou des « diplodocus repoussants » (1), mais des objets d’histoire. Cette démarche semble aboutir à la consécration patrimoniale de ces architectures, dans un mouvement qui convoque de nouveau l’image et sa puissance formelle pour asseoir leur devenir monument.
[...]
Après le temps de la reconstruction, puis celui du discrédit, vient le temps des ruines. En 1973, la circulaire Guichard61 met officiellement un coup d’arrêt à la réalisation « des formes d’urbanisation désignées généralement sous le nom de “grands ensembles” […] » et marque le début de la mise en œuvre de la politique de la ville. La photographie accompagne de nouveau étroitement le développement de ces actions « d’humanisation du béton62 » dans les années 1970 et 1980, cette fois encore afin de documenter et de légitimer l’intervention étatique qui se fonde sur une faillite consensuelle des grands ensembles. Ces derniers sont perçus comme la source de tous les maux de la ville contemporaine, responsables de fait d’une désagrégation sociale résultant du manque d’équipement et de l’isolement géographique. Au cours de la première période, le choix de l’État consiste, au regard de la dégradation d’un certain nombre de logements sociaux durant les années 1970, à engager une vaste politique de réhabilitation. Afin de justifier cette dernière, les services de l’État enregistrent en couleurs la déliquescence des ensembles urbains, la dégradation physique des bâtiments et exposent le « mal être » des banlieues. Dans cette cité radieuse laissée à l’abandon, les enfants jouent à côté des carcasses de voitures désossées qui jonchent les anciens espaces verts : le rêve moderniste est démantelé terme à terme.
De métaphorique, cette destruction devient effective à la fin des années 1980. L’éradication du premier de ces « diplodocus repoussants », en 1986, fait l’objet d’une large couverture médiatique, dans les journaux comme à la télévision. L’implosion de l’immeuble Debussy de la cité des 4000 à la Courneuve est transformée en grand spectacle. L’immeuble est soufflé, dans une volonté de faire disparaître ce qui est alors considéré comme les stigmates des errements de la politique urbaine d’antan. Quand la recherche des traces de la désagrégation lente des cités se fait en plan rapproché, au pied des tours, la scénographie de leur disparition fait écho à celle de leur érection. L’immeuble est isolé dans sa masse, entité gigantesque à la découpe résolument géométrique qui se détache sur l’horizon par l’adoption d’un point de vue panoramique ou en perspective. Les images sont ainsi utilisées dans une visée projective qui se fonde sur le renversement du mythe, déconstruisant la fiction moderne sur son propre territoire iconographique.
Note : 1) Bruno Vayssière, Reconstruction, déconstruction : le hard french ou l’architecture française des Trente Glorieuses, Paris, Picard, 1988, p. 7.
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Littérature :
Dans la nouvelle "Pour piano et chant" extraite du recueil Les Cinq Plages de Stanislas Perceneige (1949) et écrite par Jypé Carraud, on assiste à un dialogue quelque peu étrange :
"- Le préambule est exact ?
- Hélas !
- Eh bien, continuez. J'en ai assez de reconstituer des diplodocus.
- Hein ?
- Comme Cuvier. Avec un bout de vertèbre.
- Je... je continue. [...]
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Le Diplodocus et la petite Anna
Le diplodocus
prit l’autobus.
Il dit à l’employé qui mangeait :
» Bon appétit ! »
Et l’employé s’évanouit.
Les vingt places assises
étaient déjà prises.
« Je reviens de loin », dit le diplodocus,
« et j’ai les pieds bien fatigués ».
Mais la petite Anna
fit celle qui ne comprenait pas.
Aussi le diplodocus
-debout dans l’autobus-
mangea la petite Anna.
Moralité :
si tu prends l’autobus
cède ta place au diplodocus.
Jacqueline Held, "Le Diplodocus et la petite Anna" in Dikidi et la sagesse : antifables, (Jean-Pierre Delarge éditeur, 1976.)
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Dans le roman policier Le Parme convient à Laviolette (Éditions Denoël, 2000) de Pierre Magnan, on découvre que le diplodocus peut devenir un élément de métaphore :
"- Qui est-ce le Misé Lachugot ?
- Oh, un sculpteur soi-disant !
- Mais n'allez pas vous figurer du marbre ou de la pierre ! Lui, c'est les racines.
- Il sculpte les racines ?
- Pardieu pas ! Il est trop feignant pour ça ! Il les trie !
- Oui. Il revient de la montagne avec des fagots de bois mort ! Une fois il a traîné jusqu'ici un chêne foudroyé qui ressemblait à un diplodocus ! Et il y a pendu des lanternes vénitiennes dans les branches noires ! C'est un fabricant de roulements à billes qui le lui a acheté pour sa pelouse d'Angleterre ! Ils ont bu ensemble l'argent de la sculpture pendant trois jours.
Les yeux leur sortaient de la tête. L'énormité du monde, la façon dont il allait, les expulsait à coups de pied dans le train hors de leur enveloppe goguenarde. Par rapport aux sculptures du barbu et aux douze bouteilles de pure malt vides qu'on avait trouvées alignées à côté de la poubelle après le passage du fabricant de roulements à billes et du camion qui avait emporté l'œuvre d'art, Auzet leur paraissait anodin. Ils admettaient leur incompréhension, leur ignorance, leur crainte obséquieuse devant ce qu'on ne conçoit pas."
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Arts visuels :