Étymologie :
PLONGEON, subst. masc.
Étymol. et Hist. Fin xiie s. plongons (Le conte de Flore et Blanchefor, éd. J. L. Leclanche, 1682). Du b. lat. plumbionem, acc. de plumbio «même sens» (REW, 6614), dér. de plumbum (v. plomb), on nomme ainsi l'oiseau parce qu'il reste longtemps sous l'eau où il disparaît comme le plomb.
Lire également la définition du nom pour amorcer la réflexion sur la signification symbolique de cet oiseau.
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Symbolisme :
Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), le Plongeon a les caractéristiques suivantes :
Points clés : Rêve lucide et réveil de vieux espoirs.
Cycle de puissance : Crépuscule et aube.
Le plongeon est un oiseau hors du commun. Même quand on le compare à d'autres oiseaux d'eau, il se distingue par son caractère unique. C'est le meilleur nageur de tous les oiseaux d'Amérique du Nord. Et il peut même être un meilleur nageur que le pingouin.
Le plongeon se trouve toujours à proximité de l'eau. Cette dernière est naturellement l'ancien symbole du plan astral, des rêves et d'autres niveaux de conscience. De nombreux mythes et légendes symbolisent un périple vers un nouvel état de conscience en décrivant des navigations maritimes.
S'il se montre gauche et empoté sur la terre, cet oiseau est un nageur puissant. Ses ailes dirigent et ses pattes sont comme des nageoires de plongeurs. Le plongeon peut nager sous l'eau jusqu'à cinq minutes. Surtout, il peut plonger plus profond et nager plus vite que n'importe quel autre oiseau. Il est comme un sous-marin miniature.
A la différence de la plupart des oiseaux qui ont les os remplis d'air, les plongeons ont des os solides et lourds. Pour plonger et nager sous l'eau, le plongeon se vide les poumons. Il retient juste l'air nécessaire pour tenir longtemps. C'est cette aptitude qui lui permet d'échapper à de nombreux prédateurs et d'être un aussi formidable nageur. Quantité d'états de transe (ou y ressemblant) requièrent un ajustement de la respiration, descendant parfois jusqu'à un rythme lent à peine perceptible. Le plongeon peut enseigner cette technique pour atteindre facilement différents degrés de conscience - tout en gardant le contrôle.
Cette aptitude de l'oiseau plongeur reflète aussi la capacité potentielle pour un individu de devenir plus conscient dans ses étés de rêve. Le rêve lucide est l'état de rêve dans lequel vous prenez conscience que vous rêvez. Vous êtes alors en mesure de modifier le scénario du rêve. Le rêve éveillé n'est qu'à un demi-pas des expériences de sortie du corps pleinement conscientes.
Chaque fois que le plongeon se présente en qualité de totem, il vous incite à prêter attention à vos rêves. Il vous indique qu'ils vont être d'une extrême importance, tout en étant plus animés et colorés. Le cri envoûtant du plongeon peut aussi vous révéler que toues les espoirs, les vœux, les rêves que vous avez repoussés au fond de votre cœur sont sur le point de refaire surface. L'oiseau peut vous avertir de ne plus les négliger et de l réprimer, au risque, dans le as contraire, de vous retrouver vraiment envoûté.
Le plongeon vous apprend de nouveaux états de conscience. Mais il commence par vous aider à approfondir ceux que vous avez déjà réveillés. Parce qu'il vit près de l'eau - sur le rivage -, il vous montre comment utiliser ces différents états de conscience pour s'ouvrir à de nouvelles dimensions et d'autres formes de vie - comme celles que l'on trouve dans le monde des fées. Le cri du plongeon peut être une invitation entrer dans ce monde féerique. Il s'apparente à l'appel lointain des sirènes.
Pour la plupart des gens, le cri du plongeon est son trait le plus distinctif. On va jusqu'à le qualifier de lugubre ou plaintif, et il touche l'âme de manière essentielle. Le plongeon est en réalité très loquace et il a tout un répertoire de cris - chacun ayant une signification et un son différents L'un d'eux est semblable au hurlement du loup. Un autre ressemble à un rire cadencé. Il se sert souvent de ses cris pour détourner les prédateurs de son nid. Pour beaucoup de personnes vivant à l'extérieur, le cri du plongeon est le véritable appel de la nature. Il ravive les braises primales dans le cœur de tous ceux qui l'entendent - et peu importe depuis quand les braises étaient froides. C'est comme si ce son rappelait à la surface tout ce qui a été ignoré ou repoussé dans le fond 'un placard de notre esprit.
Le plongeon vole aussi très bien, mais à la différence des autres oiseaux, il ne put pas décoller du sol. Pour s'élever, il va d'abord devoir courir sur l'eau, ce qui traduit une nouvelle fois sa capacité à manifester des états modifiés de conscience à travers une plus grande expression de la force de la volonté.
Sur terre, le plongeon ne marche donc pas très bien et ne parvient même pas vraiment mieux à se dandiner. Un individu qui l'a pour totem constate souvent qu'il n'est vraiment à l'aise que dans un environnement - ou peut-être deux au maximum. Un tel individu ne se sent souvent pas plus à l'aise au regard des comportements traditionnels que des mœurs du temps. Il a aussi du mal à atterrir. Le plongeon qui entre dans votre vie comme totem le fait peut-être pour vous aider à vous sentir mieux dans différents environnements.
Ceux dont il est le totem ont de puissants dons d'imagination et de rêve (que ce soi endormi ou éveillé). Les images et les visions auront toujours toutes les apparences de la vie, et les individus pourront avoir du mal à distinguer la réalité de l'irréalité. Mais le plongeon peut précisément aider à faire cette distinction. Si vous l'avez pour totem, vous devez vous poser des questions. Regardez-vous quelque chose à travers des lunettes à filtre rose ? Vous laissez-vous emporter par l'imagination ? Empêchez-vous l'imagination et le rêve d'œuvrer pour vous ? Le plongeon vous appelle-t-il pour vous détourner de ce qui pourrait poser problème ?
Le plongeon est associé à de nombreuses superstitions. Pour les Norvégiens, son cri inquiétant est l'appel de l'esprit de quelqu'un qui e noie ou va bientôt le faire. Pour quantité de tribus indiennes d'Amérique du Nord, ce cri annonçait la pluie ou même la provoquait. Pour les Indiens algonquins, le plongeon est le messager de Glooskap (ou Gluskab), un héros surhumain. En Sibérie, on croyait que lorsqu'il prenait l'air, il emportait l'âme des morts vers le ciel.
Un conte esquimau raconte que le plongeon n'a pas toujours été un oiseau. Un jour, deux hommes pêchaient en mer, mais un seul des deux faisait des prises. Celui qui n'avait rien pris de toute la journée frappa l'autre et lui vola ces poissons. Puis il entreprit de lui couper la langue pour qu'il ne puisse rien raconter aux autres. Ensuite, il le passa par dessus-bord. Alors que le malheureux gémissait de douleur, le Grand Esprit l'entendit et le transforma en plongeon. Beaucoup croient que le cri plaintif de cet oiseau est celui de l'esprit de cet homme réclamant justice.
Tous ces éléments reflètent le mystère du plongeon. Son cri inquiétant et lugubre, ses couleurs iridescentes et son merveilleux don pur la nage sont autant de rappels des possibilités qui s'offrent à nous par l'apprentissage de états modifiés de conscience. Le plongeon réveille l'imagination et nous rappelle que l'on ne nous accorde jamais d'espoir, de vœu ou de rêve sans que nous soient également données des opportunités de les rendre réels. La seule chose qui peut anéantir cette possibilité, c'est de les refouler ou de les négliger. Le plongeon a la capacité de vous ramener à vos plus grands rêves et à vos plus grandes visions imaginées.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
En Europe du Nord, en Asie et au États-Unis, cet oiseau palmipède familier des côtes est le compagnon traditionnel des âmes.
Chez les Anglo-Saxons, voir cet oiseau sur la côte quand la mer est houleuse porte malheur.
Selon Virgile (1er siècles avant notre ère), « les plongeons légers, revenant en volant du milieu de la mer, lancent leurs cris vers le rivage lorsque le vent se lève ».
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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Plongeon arctique est défini par les caractéristiques suivantes :
Traits : Le Plongeon arctique symbolise la recherche de la vérité dans les profondeurs. Contrairement à la plupart des oiseaux, le plongeon a des os solides, ce qui lui donne du poids et lui permet de plonger à de très grandes profondeurs. il faut au plongeon une certaine longueur sur un plan d'eau pour arriver à avoir l'élan nécessaire pour s'envoler - du fait de la lourdeur de son corps (qui lui est indispensable pour pouvoir plonger !) et de la faible envergure de ses ailes. Une fois en vol, il peut parcourir de grandes distances, mais il a besoin d'agiter sans cesse ses ailes. cela veut dire que vous n'abandonnez pas, même si cela vous prend un moment pour faire décoller votre projet, mais, une fois qu'il a pris son envol, il peut aller très loin.
Talents : Connexion à la conscience universelle supérieure ; Sentiments profonds ; Rêves ; Profondeurs cachées ; Imagination ; Intuition ; Longévité ; Engagement personnel dans la recherche métaphysique et le pouvoir intérieur ; Accomplissement de ses vœux.
Défis : Détaché ; Imagine le pire ; Manque d'esprit pratique ; Repli sur soi ; Trop sensible ; Inamical ; Irréaliste.
Élément : Terre ; Eau.
Couleurs primaires : Noir ; Blanc.
Apparitions : Lorsque le plongeon apparaît, cela veut dire que vous devez regarder en vous-même. Êtes-vous trop sensible, vous cachez-vous des autres, ou laissez-vous votre imagination galoper ? Le plongeon peut vous aider à ramener toutes ces situations à l'équilibre. Bien que le plongeon préfère la solitude, ce n'est pas un animal absolument solitaire : il aime beaucoup être entouré des autres, tout comme vous. Le plongeon est connecté au monde spirituel et il voyage entre le plan physique et le plan spirituel. Cela veut dire qu'il vous faut accueillir pleinement vos capacités intuitives. Il se peut que vous les ayez combattues pendant un certain temps, peut-être même en souhaitant qu'elles disparaissent. Mais elles font partie de vous et seront toujours là. Aussi, au lieu de lutter contre elles, accueillez-les. La vie commencera à couler bien plus facilement lorsque vous le ferez. ll est temps aussi de commencer à travailler à votre développement spirituel. Explorez de nouveaux concepts pour voir s'ils sont porteurs de davantage de choses qui peuvent faire sens pour vous. Lorsque vous serez prêt à apprendre, les leçons vont apparaître et le plongeon peut vous le montrer.
Aide : Vous avez besoin de communiquer d'une manière qui vous est caractéristique. Le plongeon possède quatre cris différents. L'un résonne comme le rire d'un maniaque, l'autre comme une lamentation, le troisième comme une sirène, et le dernier comme une tyrolienne. C'est un large éventail de cris caractéristiques ! Le plongeon vous montre comment vous exprimer de façon intéressante pour faire passer votre point de vue. Les plongeons sont réputés pour leur maladresse sur la terre ferme. Leurs pattes se situent très à l'arrière de leur corps, ce qui constitue pour eux une vraie difficulté à marcher. Si vous vous sentez maladroit, demandez au plongeon de vous guider pour retourner dans l'eau pour retrouver votre équilibre. Si vous avez besoin d'avoir une apparence particulièrement belle pour un événement, demandez au plongeon de vous aider à vous y préparer : ils passent la plus grande partie de la journée à s'apprêter et à oindre leurs plumes pour aider leur flottabilité et garder leur imperméabilité. Le plongeon peut également vous aider à amener vos espoirs et vos rêves à se concrétiser.
Fréquence : L'énergie du plongeon est légère et flotte. Elle fait un son qui claque et frappe. Elle donne la sensation d'être fortement tiré vers le ciel.
Imaginez...
Vous faites une balade à vélo et, en arrivant près d'un lac, vous voyez un groupe de plongeons en train de nager : ils plongent sous l'eau et remontent en surface. Vous vous approchez du bord de l'eau pour mieux les voir. Les plongeons vous ignorent et continuent à recherche leur nourriture. Vous voyez une mère plongeon et ses petits sur une berge proche. Vous décidez de prendre quelques minutes pour méditer avec ces oiseaux intéressants. Vous leur demandez de vous partager les messages qu'il auraient pour vous. Lors de la méditation, vous avez l'impression d'être amené dans les profondeurs cachées de la connaissance. Vous éprouvez le fort désir d'en apprendre davantage sur les Annales akashiques, de développer votre intérêt dans la spiritualité et de devenir plus éclairé. Lorsque vous ouvrez les yeux, vous remarquez que l'un des petits s'est éloigné de sa mère et est à présent installé sur l"une de vos chaussures. Vous n'aviez même pas senti qu'il était venu là. Vous prenez cela comme un signe, - un symbole de renouveau, de conscience et de renaissance. Vous prenez le petit, le ramenez vers sa mère et l'observez rejoindre ses frères et sœurs. Vous revenez à votre vélo et vous continuez votre balade, mais à présent vous avez l'intense désir de vous plonger dans les Annales akashiques et autres sujets métaphysiques.
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Dans l'édition revue et augmentée de Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Éditions Le Dauphin blanc, 2019) Aigle bleu nous transmet la médecine du Plongeon Huard :
Les mots-clefs pour le Huard sont mystère et amour. Très rares sont les gens avec la médecine du Huard, aussi rare que cet oiseau qui peuple pendant l'été les Grands Lacs du nord du Canada. Renommé pour ses appels qui font frémir et qui ondulent pendant les soirées sur de grandes distances, le Huard a inspiré beaucoup de légendes et de mythes dans les traditions de nombreux peuples aborigènes du Canada.
Le Huard est un des rares oiseaux plongeurs. Il se nourrit surtout de poisson et peut plonger et nager de longues distances sous l'eau, disparaissant souvent de la vue avec à peine une ondulation sur la surface du lac, réapparaissant si loin et si longtemps après, que nous les perdons de vue. C'est un oiseau assez volumineux de la taille des oies sauvages de nos lacs nordiques. Il a un merveilleux plumage qui change avec les cycles nuptiaux et des yeux rouges très impressionnants. Je méditais souvent en soirée sur le lac avec mon canoë, écoutant et observant ces oiseaux extraordinaires.
Les Huards forment des couples et restent ensemble pour toutes leurs durées de vie. Ils ont un cycle nuptial très complexe. A un certain point de ce cycle, ils perdent certaines plumes de leurs ailes et sont alors pour un temps incapables de voler. Ainsi, accepter d'abandonner beaucoup de choses pour l'amour et la procréation est au cœur de ce que le Huard nous apprend. Ils sont toujours dans l’harmonie avec leur environnement et malgré la pollution et la réduction de leur habitat naturel, leur espèce a réussi à maintenir une population saine assez importante pour ne pas être considérée comme une espèce menacée.
Les personnes qui ont la médecine du Huard ont parfois le don de guérir les yeux et les problèmes de vision des autres lorsqu'ils sont en harmonie avec leur totem. Ils ont une vision très particulière, étant capables de voir dans des situations ou d'autres sont presque aveugles aux réalités qui les entourent. Ce sont des gens mystérieux, souvent distants, taciturnes, mais ils maintiennent la communication de manière surprenante lorsque nous avons cru qu'ils ne pensaient plus à nous. Leur compréhension du pays des rêves peut être hors-norme, mais vraie s'ils pratiquent les techniques oniriques, le rappel et le souvenir des rêves. Ce sont des personnes différentes qui peuvent sembler solitaires, mais ils sont en réalité en harmonie avec la communauté et la famille. Ils ont juste une façon différente de communiquer qui peut sembler étrange pour ceux qui n'y sont pas habitués.
Faites appel à la médecine du Huard pour mieux comprendre les complexités de l'amour et les messages du rêve. Faites appel à la médecine du Huard pour voir clair dans les situations de la vie qui nous plongent dans la confusion. Faites appel à la médecine du Huard pour disparaître de la vue quand les gens autour de nous sont négatifs, agressifs ou disharmonieux. Avec la médecine du Huard, nous pourrez apprendre à appeler sur de longues distances ceux qui écouteront les messages mystérieux des dimensions cachées de l'esprit.
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Mythologie :
Dans ses Métamorphoses (Traduction (légèrement adaptée) de G.T. Villenave, Paris, 1806, disponible sur le site de référence https://remacle.org), Ovide raconte celle du plongeon :
Esaque (XI, 749-795)
Un vieillard les voyant voler sur les plaines des mers, applaudit à des amours fidèles conservés si longtemps. Un autre vieillard, si ce n'est le même, dit alors : Voyez-vous cet oiseau qui plonge sa tête dans l'onde (et il montrait un plongeon aux longs pieds, au long cou)? il sort du sang des rois; et si vous voulez connaître son origine, il compte pour aïeux Ilus, Assaracus, Ganymède, qui verse aux dieux l'ambroisie; le vieux Laomédon, et Priam, qui a vu les derniers jours de Troie. Il fut frère d'Hector, et peut-être si dans son printemps il eût pu se défendre de son destin funeste, il aurait égalé la gloire d'Hector, quoique d'Hector Hécube fût la mère, et qu'Éaque eût été enfanté secrètement dans les forêts d'Ida, par Alexirhoé, nymphe champêtre qui du Granique avait reçu le jour.
[764] Esaque haïssait le tumulte des villes; il fuyait des cours la pompe ambitieuse, et se plaisait sur les monts solitaires, dans les champs, séjour du paisible bonheur. Il se montrait rarement au palais de son père. Mais son cœur n'était point sauvage et inaccessible aux traits de l'amour. Il aimait Hespérie, fille du fleuve Cébrène, et la cherchait dans les forêts. Un jour il la rencontre sur les rives du Cébrène. Elle séchait au soleil ses longs cheveux épars. La nymphe se voit surprise, et fuit, telle qu'une biche effrayée fuit devant le loup ravissant, telle que la canne aquatique devant l'épervier s'éloigne et laisse derrière elle l'étang qu'elle habitait. Le héros troyen poursuit Hespérie. L'amour le rend plus rapide; la crainte rend la nymphe plus légère.
[765] Mais, hélas ! un serpent caché sous l'herbe mord le pied d'Hespérie, et de sa dent aiguë le poison terrible porte dans ses veines un rapide trépas. En même temps elle cesse de courir et de vivre. Esaque, au désespoir, et l'appelle et l'embrasse. Il se repent, il se repent de l'avoir poursuivie. "Mais, s'écrie-t-il, pouvais-je prévoir ce malheur ? J'ai souhaité de vaincre, mais non pas à ce prix. Infortunée ! deux ennemis t'ont perdue, le serpent qui te donne la mort, et moi qui l'ai causée. Ah ! que je sois plus coupable que lui, si j'hésite encore à venger ton trépas par le mien. "
Il dit, et d'un rocher dont les flots ont creusé la base, il s'élance dans la mer. Thétis, touchée de son malheur, le soutient dans sa chute. D'une aile naissante il effleure l'onde, et la mort qu'il appelle est refusée à ses vœux. Il s'indigne de conserver une vie odieuse, et voyant que son âme impatiente de quitter sa demeure, y est malgré lui retenue, il s'élève d'un vol rapide, et de nouveau s'élance dans les flots. La plume le soutient. Furieux, il se plonge et se replonge au fond des mers, cherchant le chemin du trépas, qu'il ne trouve jamais. L'amour a causé sa maigreur. Sa jambe est effilée. Sur un long cou sa tête s'éloigne de son corps. Il aime l'onde et tire son nom de son empressement à s'y plonger et replonger sans cesse.
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Dans Histoire de Lynx (Éditions Plon, 1991), Claude Levi-Strauss analyse les mythes des Amérindiens pour en découvrir les constantes et les entrelacements, les symétries et les inversions :
"La séquence de l'enfant ravi, puis retrouvé, s'achève par la métamorphose de celui-ci en oiseau aquatique, Plongeon (Okanagon) ou Grèbe (Cœur d'Alène). Cette transformation en oiseau d'eau, et particulièrement en Plongeon, rappelle un vaste cycle mythologique dit de la Dame Plongeon, auquel toute la deuxième partie de l'Homme nu et une partie de la troisième furent consacrées. Cet ensemble a pour motif central la transformation en Plongeon d'une sœur incestueuse. Dans les versions du mythe des voleuses de dentales sur lesquelles on va maintenant se pencher, c'est, on le verra, par une conduite équivoque fleurant l'inceste que la sœur du héros changée en Plongeon, allongée contre lui, le serrant dans ses bras, lui restitue la forme humaine. Il épouse ensuite une jeune femme, payse ou étrangère selon les versions, mais en fait une doublure de la sœur ou, dans quelques versions, sa complice.
En même temps que le motif de l'enfant ravi et retrouvé émerge dans la série mythique, on observe aussi une transformation de nature étiologique. L'histoire de lynx se rapporte directement ou indirectement à l'origine du brouillard. Les versions des voleuses de dentales où le héros se change en oiseau aquatique renvoient au vent dont ces oiseaux sont les annonciateurs : ils remplissent donc une fonction liée à la périodicité saisonnière. [...]
La symétrie ressort plus nettement encore dans une version chehalis du bas Fraser. L'enfant ravi est une fillette insupportable dont le Hibou fait son épouse. Plus tard elle veut se sauver, s'écarte sous prétexte d'un besoin pressant, et charge son urine de duper le Hibou pendant sa fuite en criant qu'elle n'a pas encore terminé. Elle revient à son village, mais les parents trouvent leur fille décidément impossible ; ils la renvoient chez son mari. Un jour son frère vient l'y visiter et se plaît tellement qu'il s'installe chez son beau-frère le Hibou et invite son autre sœur à le rejoindre. Celle-ci se fait accompagner par une belle amie dont, espère-t-elle, son frère s'éprendra et qui saura le convaincre de repartir. C'est ce qui se passe en effet. Le frère éloigne le Hibou par une ruse. Ses sœurs, la jolie fille et lui incendient la cabane. L'enfant du Hibou y périt.
Suit l'épisode du lac où le frère veut boire, tombe à l'eau et se métamorphose en plongeon. Plus tard une belle esseulée lui rendit forme humaine. Car, explique le mythe, "il ne s'était pas noyé et n'avait pas non plus été emporté par un démon aquatique comme sa femme et ses sœurs le croyaient. Une femme Plongeon était apparue, qui lui offrit une peau de Plongeon et le persuada de la suivre au fond du lac. Il avait consenti et était resté avec elle depuis."
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Vladimir Randa, dans un article intitulé "Cornus versus dentus et autres modalités d’association des animaux dans l’imaginaire inuit." paru dansÉtudes Inuit Studies, (volume 41, number 1-2, 2017, p. 51–71), s'interroge sur le sens à donner aux paires d'animaux, ici sur l'association corbeau - plongeon :
[...] De tous les oiseaux, le grand corbeau est le plus engagé dans la construction du monde inuit. Il est à l’origine de l’avènement de la lumière du jour auquel s’oppose, par commodité pour leur mode de vie, le renard polaire mais quelquefois aussi le loup (Saladin d’Anglure 1976, 129) ou l’ours noir (Rasmussen 1932, 217). Au cours de ce processus il est lui-même objet d’une retouche de son apparence initiale (tout blanc). Il est le personnage central de l’épisode où deux oiseaux décident de changer d’apparence en se décorant mutuellement (peinture, tatouage). Le plus souvent, le partenaire du corbeau dans la séance de décoration corporelle est un plongeon (gavidé) [voir ci-dessous] qui présente dans ce contexte le double avantage d’être inadapté à la vie sur la terre ferme du fait de sa morphologie particulière, donc l’exact contraire du corbeau, et de porter un plumage tacheté, présenté dans le mythe comme le résultat d’une décoration inachevée (Rasmussen 1931, 399). Le plongeon a lui aussi un double en la personne du harfang dont le plumage est, sur fond blanc, plus ou moins tacheté (Boas 1964, 233).
Note : Il n’existe pas dans la langue inuit de terme générique pour « plongeon » même si cette catégorie existe bien dans l’esprit des gens puisque ses différents représentants (tuulligjuaq, kaglulik, qaqsauq) sont systématiquement rapprochés et comparés. Dans le mythe qui nous concerne, différentes espèces de plongeon interviennent indifféremment.
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Contes et légendes :
Howard Norman propose un recueil de contes intitulé Contes du Grand Nord, récits traditionnels des peuples Inuits et Indiens (Édition originale 1990 ; Éditions Albin Michel S.A., collection "Terre indienne", 2003), dont certains concernent le plongeon :
Le plongeon et le corbeau
Esquimau de Repulse Bay
Il y a de cela bien longtemps, le plongeon et le corbeau se tatouèrent l'un l'autre. Le corbeau commença. Il dessina quelques très beaux motifs, utilisa de jolies couleurs, et quand il eut fini, il dit : « Voilà ! » C’était au tour du plongeon. Le corbeau accepta d'être tatoué : « D'accord, vas-y ! » Mais le plongeon avait à peine esquissé son tatouage que le corbeau se mit à brailler « Aïe ! » Il se montra extrêmement douillet, craintif et nerveux. Le plongeon commença à s'énerver. « Arrête ! » dit-il. Il était très fier de ses talents de tatoueur et n'appréciait pas qu'on interrompe son travail. Mais le corbeau criait toujours « Aïe ! Aie ! » Le plongeon était de plus en plus agacé. « Si tu continues à crier et à avoir peur, j'envoie tout promener ! » menaça-t-il. dès qu'il reprit son travail, le corbeau cria : « Aïe ! » Le plongeon jeta son aiguille et, attrapant le pot qui se trouvait sous la lampe à huile, il le vida sur le corbeau et se précipita vers la porte ; pas assez vite pourtant. Au moment où il se baissait pour sortir, le corbeau lança le pot vers lui. Il le frappa violemment aux jambes. C'est pourquoi les corbeaux sont noirs et les plongeons incapables de marcher. Et il en sera toujours ainsi.
Pourquoi les plongeons ne s'empêtrent plus dans les herbes
Cycle de Kuloscap
Un jour que Kuloscap décide de se rendre à Terre-Neuve, il voit un plongeon survoler l'eau. Le plongeon tourne deux fois au-dessus du lac avant de s'approcher de la rive où vivent hommes et animaux, comme s'il cherchait quelque chose.
« Que fais-tu ? » crie Kuloscap.
- Je te cherche, répond Plongeon. Je serai ton serviteur.
Sur le champ, Kuloscap lui apprend un ri étrange. Plongeon le répète.
« Qui a poussé ce cri qui résonne ? » demanda-t-il.
- Toi, répond Kuloscap.
- Comment est-ce possible alors qu'il semble venir de si loin ?
- C'est parce que je l'ai voulu ainsi, explique Kuloscap. Chaque fois que tu voudras m'appeler, utilise ce cri."
Poursuivant sa route, Kuloscap arrive à Terre-Neuve. Il voyage quelque temps et se retrouve bientôt dans un village indien. Les habitants paraissent très heureux de la voir ; ils lu offrent des cadeaux, chantent pour lui, donnent des fêtes et lui font passer d'agréables moments. Kuloscap est très content et fait d'eux des plongeons qui d'ailleurs lui sont restés fidèles. Aujourd'hui encore on dit : « Le plongeon appelle Kuloscap » ou « L'oiseau a besoin de Kuloscap » ou « Kuloscap répond à l'appel du plongeon » ou encore « Ce sont certainement Kuloscap et le plongeon qui discutent. »
Un jour, Plongeon, qui est le meilleur des plongeurs, s'empêtra dans des herbes, au fond d'un lac. Il cria mais personne ne l'entendit car sa voix ne perçait pas la surface de l'eau. Plongeon était coincé et sur le point de se noyer. Pendant ce temps Kuloscap se promenait et se disait : « Ça fait un moment déjà que Plongeon ne m'a pas appelé ! » Il écouta attentivement mais n'entendit rien, il longea le lac en tendant l'oreille. Aucun signe de Plongeon !
Le tonnerre se mit à gronder. « Ferme-la ! cria Kukoscap. J'essaie d'entendre Plongeon.
- Ne te fâche pas, répondit Tonnerre. Je voulais seulement te dire que Plongeon est empêtré dans les herbes, au fond du lac ! »
Kuloscap sauta aussitôt à l'eau et découvrit Plongeon qui se noyait. Kuloscap le dégagea et remonta à la surface avec lui. Plongeon s'envola et alla se poser sur la rive. Il poussa son cri une fois de plus.
Kuloscap lui répondit : « A partir de maintenant, lorsque tu plongeras, tu atteindras presque le fond, mais tu n'iras plus dans les herbes. »
Aujourd'hui, on entend dire aussi : "C'est le plongeon qui dit à Kuloscap qu'il n'est pas allé dans les herbes du fond."
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