Étymologie :
AUBÉPIN, subst. masc.,
ÉTYMOL. ET HIST. − xiiie s. bot. albespin « aubépine » (Simon de Pouille, Richel. 368, f°150b ds Gdf. : Flor d'albespin) ; 1268 aubespin (Claris et Laris, éd. J. Alton, 10728 ds T.-L.) − 1866, Lar. 19e, aubépin. Qualifié de ,,vieux`` dep. Ac. 1694. Du lat. pop. *albispinus « aubépine », forme du lat. de Gaule calquée sur un composé gaul. (André Bot., p. 22), de albus spinus « id. » (Antid. Cambridge, 164, ibid.), le lat. spinus désignant le prunier sauvage (Virgile, Georg. 4, 145 ds Gaff.).
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Crataegus ; Acinier ; Albépine ; Aubépin ; Blanche épine ; Bois de mai ; Buisson blanc ; Buisson de mai ; Cénellier ; Chaste épine ; Épine blanche ; Épine de mai ; Noble épine ; Sable épine.
Tous ces noms dialectaux désignent indifféremment deux variétés d'aubépines présentes en Europe : l'Aubépine monogyne et l'Aubépine épineuse.
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Botanique :
L'Aubépine épineuse se différencie de l'Aubépine monogyne par ses feuilles légèrement lobées à leur sommet, ses fleurs pourvues de deux ou trois styles et par ses fruits renfermant plusieurs noyaux.
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Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Dans certaines vallées de la grande chaîne alpine, telles que Beaufort, on recueillait avec le plus grand soin les fruits de l'alié, Sorbus aria, et ceux du pri martin, aubépine, Crataegus oxyacantha ; on les faisait sécher et moudre et on en mélangeait la farine avec celle d'avoine ou d'orge pour faire le pain ; en Dauphiné, d'après Villars, les baies du raisin d'ours ou busserole, Arclostaphylos uva ursi, étaient employées dans le même but. Il est à remarquer que les fruits de l'alié et de l'aubépine ne pouvaient être unis à la farine de seigle ; le pain qui en résultait était mauvais et se gâtait rapidement.
Ces mélanges paraissent singuliers à l'époque actuelle ; mais si l'on réfléchit, on voit qu'ils le sont bien moins que ceux pratiqués de nos jours par beaucoup de meuniers et de marchands de farine. Celle-ci n'est-elle pas souvent adultérée avec les farines de pois, de fèves, de lentilles, de haricots et d'autre bien moins bonnes ? N'y mélange-t-on pas, en certains endroits, depuis de nombreuses années, pour lui donner plus de poids, du plâtre anhydre dont la poudre très fine et très blanche extraite de certaines roches, notamment à Saint-Jean-de-Maurienne, est expédiée en nombreux wagons dans les centres où se fait en grand le commerce des farines ? Dans les temps anciens, l'insuffisance des céréales obligeait les habitants pour se nourrir à mélanger au pain des substances végétales peu nutritives, il est vrai, mais inoffensives. Aujourd'hui le besoin de lucre y fait incorporer des substances minérales dont l'action sur l'organisme ne peut être indifférente.
[...]
Les pommes de l'alié et de l'aubépine, celles du sorbier des oiseleurs, Sorbus aucuparaia, si commun dans nos bois de la zone subalpine, de l'alizier, Sorbus torminalis, que les coupes trop fréquentes de nos bois font disparaître des environs de Chambéry, du faux néflier, Sorbus Chamoemespitus, étaient récoltées en temps de disette pour être mangées cuites, mais elles ne fournissaient qu'une bien maigre nourriture. « Ca ne faisait que tromper la faim », me disait un vieux braconnier d'Aillon-le-Vieux.
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Phytothérapie :
Florence Laporte, dans son article pour "Le Menhir", revue francophone de l'OBOD, de mai 2015, nous apprend que :
"Les parties utilisées sont l’écorce, les baies, les feuilles, mais surtout les fleurs à récolter en mai/juin en début de floraison.
En usage interne, c'est une plante antispasmodique, tranquillisante, tonicardiaque. Elle permet de régulariser la tension, de supprimer l'arythmie, la tachycardie, les angoisses et les insomnies. Elle est recommandée pour l'artériosclérose, l'angine de poitrine, les troubles nerveux, la mauvaise circulation du sang, l'hypo ou l'hypertension.
Les infusions sont également bénéfiques pour les enfants angoissés qui ont du mal à se concentrer à l'école.
Utilisations : Infusion de fleurs : 1 cuillère à café par tasse d'eau bouillante, à prendre 3 à 4 fois par jour. Les cures devront durer au moins 3 mois.
En usage externe : elle est recommandée pour les peaux sèches, fragiles et dévitalisées, sous forme de lotion.
Les fleurs d’aubépine ont un parfum d’amande, très subtil. Elles peuvent être dégustées dans une salade de fruits par exemple. Les fruits de l'aubépine (cenelles) sont comestibles en confitures et compotes ; on dit qu’il est préférable d'attendre les premières gelées pour les ramasser pour qu’elles ne soient pas trop dures.
Astuce : vous pouvez leur faire passer une nuit au congélateur pour obtenir le même effet, ce qui vous permettra de ne pas attendre les gelées et de faire vos récoltes avant que les oiseaux ne fassent la leur…
L'élixir de fleurs d'aubépine est conseillé en cas de peine affective, de séparation ou de deuil, Les personnes qui font de l'accompagnement aux mourants y trouveront une aide précieuse.
Je considère vraiment l’aubépine comme l’arbre du cœur. Sur le plan physique, elle apaise les problèmes cardiaques ; sur le plan émotionnel, elle soulage nos peines de cœur affectives, et son énergie nous aide à nous recentrer au plus profond de nous-mêmes, dans notre cœur secret Elle nous appelle à transcender nos dualités pour retrouver la dimension de l’amour et de la paix.
Recette du vin d’aubépine : Cet apéritif, très commun en Vendée, est connu sous le nom d’ « épine ».
Ingrédients :
100 g de jeunes pousses d’aubépine
Un litre de bon vin rouge
200 g de sucre
Un verre d’eau de vie
Préparation :
Cuire les tiges et le vin pendant 10 minutes
Faire un sirop froid avec le sucre et l’alcool
A froid, mélanger les deux et laisser macérer deux semaines
Filtrer et mettre en bouteilles."
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Spagyrie :
Voici la fiche proposée par Viviane Le Moullec dans Élixirs floraux de Viviane à faire soi-même (Éditions du Dauphin, 1997, 2020) :
Mot clef : L'amie du cœur et des douces émotions
Qui est l'Artichaut ? Ce buisson épineux forme souvent des haies défensives. Il existe une grande quantité d'Aubépines (Crataegus). Le travail d'alchimie a été mené avec un Crataegus monogyna breton, aux feuilles largement découpées. Mais rien n'empêche de le faire avec un Crataegus laevigata aux feuilles moins découpées.
Avec quoi réaliser votre élixir ? Utilisez les délicates fleurs dont l'arbre se couvre au printemps, comme d'un nuage vaporeux et parfumé.
Utilisation traditionnelle : Cette plante assure un sommeil paisible et calme les palpitations cardiaques dues à une trop grande émotivité. Elle calme aussi l'impatience de ceux qui n'arrivent pas à tenir en place.
Aide alchimique :
L'Aubépine joue un double rôle : Elle protège des indésirables le territoire spirituel de chacun. Elle aide à abattre les barrières inutiles et... facilite le "voyage astral".
Le respect du territoire : L'Aubépine vous aide à vous défendre contre toute intrusion intempestive dans votre territoire. Et, en contrepartie... à ne pas empiéter sur celui d'autrui, par inadvertance ou par négligence. Beaucoup de personnes sont inconsciemment influencées par l'idée fausse qu'il ne devrait pas y avoir de territoire personnel. Ceci explique les horreurs que sont les "bureaux paysagers" dans les entreprises. Pourtant, même les chiens ont droit à un territoire... mais pas les hommes ?
Pour retrouver du discernement et un espace personnel, il est bon de se faire aider par l'Aubépine, afin de faire respecter son territoire et sa propre personne. Cela peut éviter une maladie de cœur, contrepartie physique du fait que le cœur spirituel a été ignoré. La perte du territoire personnel, physique et spirituel, est devenue une situation tellement ordinaire que la plupart des gens pensent que c'est normal. En temps de guerre, les atrocités ne paraissent-elles pas "normales" ? La France est le pays où l'on consomme le plus de tranquillisants au monde par habitant. Ce n'est pas une victoire, c'est simplement le glas du territoire personnel, le physique comme le spirituel.
Pour éviter ce piège - et tout le monde est susceptible d'y tomber dans un environnement aussi dangereux qu'une mégalopole - ayez recours à notre amie Aubépine. Elle vous aider à préserver l'intimité de votre cœur, la personnalité de vos pensées... et à trouver le courage de défendre votre territoire physique, si petit soit-il.
Une aide pour retrouver la confiance dans la vie
Enfin, une des spécialités de l'Aubépine est de faciliter le "voyage astral" ou sortie du corps physique. Phénomène plus fréquent qu'on se l'imagine : on ne s'en souvient en général que sous forme d'un rêve de vol ou d'une persistante sensation de planer. L'intérêt du phénomène est de prendre du recul par rapport à sa vie de tous les jours, d'avoir moins peur de la mort et plus confiance dans ce qui vient après la vie.
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Croyances populaires :
D'après Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012) :
"La religion chrétienne mentionne souvent l'aubépine sous laquelle la Vierge Marie se serait abritée une nuit, lors de la fuite en Égypte. Selon une tradition belge, le parfum des fleurs de l'arbuste aurait pour origine les langes de l'enfant Jésus que sa mère mit à sécher sur une aubépine. La couronne du Christ aurait été confectionnée d'autre part par les épines de la plante. Qui porte un morceau de rameau d'aubépine sur soi sera gai et chanceux. Sachez que la tradition juge le prélèvement de la plante effectué à jeun, plus efficace. Si le jeu est votre passion favorite, vérifiez si la tradition dit vrai et placez un rameau devant un calvaire dans l'espoir de gagner.
La vengeance aux deux visages : Grâce aux épines de ses branches et à la dureté de son bois, l'aubépine symbole de force et de résistance, s'est vu attribuer un pouvoir défensif contre les forces du mal. La mythologie romaine corrobore cette croyance en mentionnant l'histoire de la nymphe Carna. Cette belle vierge se jouait de ses admirateurs en faisant semblant d'accepter leurs avances. Prétextant sa pudeur, elle les entraînait dans une grotte sombre où elle se cachait jusqu'au départ des éconduits abandonnant tout espoir. Or le dieu Janus, pourvu d'un deuxième visage l'arrière de sa tête, fut pris de désir en voyant la nymphe. Grâce à sa vision élargie, il déjoua facilement le piège de la belle qui se dissimulai dans son dos et la prit de force. En échange de sa virginité perdue, il fit don à Carna du pouvoir des gonds, lui permettant d'ouvrir et de fermer à sa guise toutes les portes, mais aussi d'une branche d'aubépine capable de refouler les influences néfastes du seuil des maisons. Un rameau fort utile puisqu'il lui permet plus tard d'empêcher les Striges, créatures suceuses de sang, de revenir tourmenter un nourrisson. En déposant simplement la branche bienfaitrice près de la porte de la chambre, la nymphe créa une frontière infranchissable pour les êtres démoniaques. S'appuyant sur cette légende, les Romains fixaient souvent un rameau d'aubépine au berceau ou au lit de leur enfant afin de les protéger des Striges.
En France, les paysans du Languedoc, accrochaient une telle branche sous le ventre de leurs bœufs afin qu'aucun sort ne puisse les atteindre. Les bergers du Berry et de Champagne portaient sur eux une amulette identique pour écarter les esprits malins. Le même rameau posé sur le seuil de sa maison remplissait une fonction identique.
Usage contrôlé : Le corps maritime vouait un si grand respect à l'aubépine qu'il refusait de l'utiliser pour des causes aussi communes que la construction d'un bateau. Selon les habitants de Guernesey, quiconque outrepassait cette règle ne pouvait que s'en prendre à lui-même si son navire subissait des dégâts ou coulait au fond de l'océan. La fixation d'une branche d'aubépine à la proue de son bateau de pêche était en revanche de bon augure et les Marseillais espéraient s'assurer ainsi de bonnes prises.
Malédictions : Pour les Gaëls, peuple celtique basé en Irlande et en Écosse vers la fin du 1er millénaire avant notre ère, l'aubépine était une plante sacrée qu'il ne fallait couper sous peine de connaître une année de malchance. Voilà pourquoi ils faisaient couper sous peine de connaître une année de malchance. Voilà pourquoi ils faisaient venir des travailleurs pauvres et éloignés pour tailler les haies où poussaient des aubépines. Dans le sud-est de la France, quiconque se piquait à cet arbuste devait s'abstenir de l'injurier ou de mettre un coup de pied rageur dans le buisson sans quoi un malheur bien pire adviendrait dans sa vie.
Paratonnerre végétal : Mentionnée dans la Bible comme ayant abrité la Vierge lors d'un orage, l'aubépine fut identifiée comme une protection naturelle contre la foudre. Ce phénomène météorologique, soit disant généré par le diable, n'oserait en outre toucher la plante qui ceignait jadis le front du Christ. Voilà pourquoi se réfugier sous une aubépine par temps orageux serait une sage décision.
Français et Wallons plantaient d'ailleurs cet arbuste près des habitations et faisaient entrer un rameau entre leur quatre murs pour profiter de ses vertus. Une branche coupée à jeun dans la matinée du 1er mai ou à la Saint-Jean serait plus efficiente. En vue de protéger leurs maisons et leurs étables de la foudre, les paroissien de Bourth, dans l'Eure, cueillaient des branches d'aubépine fleurie chaque lundi de Pentecôte, lors de la procession de la Sainte-Barbe. Invoquée par temps d'orage, cette sainte est décrite comme une vierge décapitée par son père au IIIe siècle. Aussitôt son crime accompli, l'assassin aurait péri foudroyé.
Passage interdit : Les Irlandais ont toujours éprouvé une affection particulière pour l'aubépine. Au XII et XIIIe siècles, un tel arbuste se développant isolément aux abords d'un ruisseau attestait à leur yeux de la présence de fées. Aujourd'hui, cette croyance qui s'est étendue à chaque aubépine du pays ne facilite pas la tâche à l'administration qui cherche à détruire certains pieds pour tracer de nouvelles routes.
Amour toujours : Les Grecs relièrent la blancheur printanière des fleurs d'aubépine à Hyménée, déesse présidant aux mariages. L'arbuste passait pour attirer la prospérité et le bonheur sur les nouveaux couples et était en conséquence abondamment présent lors des noces. Les épouses étaient couronnées de ses fleurs, des torches faites de son bois brûlaient sur l'autel du mariage et chaque invité portait un rameau de la plante durant le repas de noces. A Rome où on accordait à l'aubépine le pouvoir d'augmenter la fertilité, le nouvel époux accompagnait sa femme jusqu'à la chambre nuptiale en tenant à la main un rameau d'aubépine. Les grecs quant à eux voyaient dans l'aubépine le symbole des mariages heureux."
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur :
Printemps - Mars.
AUBÉPINE - ESPÉRANCE.
Que tout s'anime d'espérance et de joie, l'hirondelle a paru dans les airs, le rossignol a gémi dans nos bocages, les fleurs de l'aubépine ont annoncé la durée des beaux jours. Pauvres vignerons ! rassurez-vous, la froide bise ne viendra plus détruire le tendre bourgeon, espoir de vos longs travaux. Heureux laboureurs, le souffle du rude aquilon ne jaunira point vos plaines verdoyantes ; vous les verrez, quand le temps sera venu, se dorer sous les rayons du soleil. Trop heureux si, en cultivant votre héritage, vous en avez marqué les bornes par une haie d'aubépine : de tristes murs ne viendront point vous attrister. La verdure, les fleurs et les fruits vont tour à tour réjouir vos yeux ; sans cesse environné de brillants concerts, vous verrez le pinson, la fauvette, le chardonneret, le rossignol et le tarin embellir votre enclos au retour de leurs longs voyages ; accueillez avec joie ces hôtes charmants, ils viennent pour vous servir et non pour vous dépouiller. La chenille qui ravage vos arbres, le ver qui pique vos fruits, voilà la seule pâture qu'ils destinent à leurs familles. L'hiver, attirés par les snèles éclatantes que la main de la ménagère n'aura pas recueillies (1), vous verrez le merle et la grive, dont les tardives amours auront empêché le départ ; ils vous apprendront qu'il ne faut rien craindre des rigueurs du froid, car une saison trop dure les éloigne toujours de nos champs ; mais alors même ils ne sont point abandonnés : l'aimable rouge-gorge, quittant ses bois solitaires, s'approchera peut-être de vos rustiques foyer. Surtout que vos enfants n'attentent point à sa liberté ; qu'à la vue de sa confiance et de son malheur, leurs cœurs s'ouvrent à la pitié, que leurs petites mains s'avancent avec précaution pour soulager la misère d'un pauvre oiseau. Hélas ! il ne demande que quelques miettes inutiles. Que vos enfants les lui accordent, il ne faut souvent qu'une bonne action pour faire germer la vertu dans de jeunes âmes .
Les Troglodytes, qui rappelèrent l'âge d'or sur la terre par des moeurs simples, couvraient, en riant, les parents que la mort leur avait enlevés, de branches d'aubépine, car ils regardaient la mort comme l'aurore d'une vie où on ne se séparerait plus. A Athènes, de jeunes filles portaient aux noces de leurs compagnes des branches d'aubépine, l'autel de l'hyménée était éclairé par des torches faites du bois de cet arbuste, qui, comme l'on voit, a toujours été l'emblème de l'espérance . Il nous annonce les beaux jours, il promettait aux belles Grecques d'heureux mariages, et aux sages Troglodytes une vie immortelle.
L'homme se traine, hélas ! de malheurs en ùalheurs ;
Par sa mère enfanté dans le sein des alarmes,
A ses gémissements répondant par ses larmes,
Il entre dans le monde escorté de douleurs :
L'Espérance en ses bras le prend, sèche ses pleurs,
Et le berce et l'endort.
Poëme de l'Espérance de Saint-Victor.
Note : 1) Les sneles sont les fruits de l'aubépine ; on en peut faire une boisson agréable .
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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Aubépine - Espérance et Prudence.
La douce odeur de l’aubépine en fleur annonce la lin de l’hiver et donne l’espoir des beaux jours. Il Luit des précautions pour détacher une branche fleurie d’aubépine, afin d’éviter la brûlante piqûre de ses aiguillons.
Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :
AUBEPINE - DOUX ESPOIR.
Arbrisseau épineux du genre néflier, qui est propre à former des haies, des clôtures, et qui produit de petites fleurs blanches d'une odeur très agréable, disposées par bouquets ou corymbes .
C'est au mois de mai que l'aubépine se pare de ses fleurs les plus éclatantes ; elle annonce l'été, après avoir embaumé l'haleine du printemps. C'est la fleur aimée de tous ... le rossignol la connaît aussi, et c'est dans ses branches touffues et discrètes, qu'il va d'ordinaire cacher le fruit de ses amours. - Les Romains accordaient à l'aubépine le pouvoir de combattre les maléfices. Aux jours des hyménées, ils en formaient d'élégants faisceaux ; ils en attachaient encore auprès du berceau des nouveau-nés.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
AUBEPINE - ESPÉRANCE.
Béni soit l'homme qui se confie au Seigneur et dont le Seigneur est l'espérance. — Jérémie, XVII.
La douce odeur que répandent dans les premiers jours du mois de mai les fleurs de l'aubépine nous a fait oublier que cette plante était armée d'épines . Cette fleur est une de celles dont nous aimons à orner nos appartements, pour célébrer le retour du printemps. Elle est alors pour nous le symbole de l'espérance, car elle nous annonce que l'hiver a tout à fait fui devant les rayons bienfaisants du soleil . Cet arbrisseau affecte assez généralement la forme d'un buisson , mais dans certains terrains, aidé par la culture, il s'élève à la hauteur d'un arbre de médiocre grandeur. Son bois est dur, son tronc tortueux, ses rameaux nombreux et diffus, armés de fortes épines .
DE L'AUBEPINE.
Qui ne connait l'aubépine ? On ne peut nommer ce joli arbrisseau sans éprouver un sentiment de jouissance. Ce nom se lie à tout ce que la nature offre de charmes, au souffle du zéphyr, à l'émail des prairies, au chant des oiseaux ; il nous transporte dans un tourbillon d'idées enivrantes. La jeunesse de nos villes du Midi, que les beaux jours du printemps font sortir en joyeux essaims hors de leurs murs, y rentre le soir en tenant en main des rameaux d'aubépine, dont les épines se cachent sous des bouquets de fleurs, du blanc le plus pur et du parfum le plus suave, et apparaitront bientôt quand celles-ci seront fanées ; emblème touchant des plaisirs fugitifs, d'un jeune âge derrière lequel se cachent les noirs soucis de l'âge mûr.
L'aubépine est moins éclatante que le magnifique cerisier double, mais les grappes de ses fleurs se balancent doucement sur ses rameaux flexibles et disposées avec une grâce inimitable. Bientôt elle changera ses fleurs en petits fruits rouges et les oiseaux habiteront à l'entour. C'est là qu'il faut venir entendre leurs concerts.
C'est de guirlandes d'aubépine que sont faites ces grandes couronnes qu’on suspend encore, à Bordeaux, au-dessus des rues, comme pour couronner le roi du printemps, couronnes qu’on illumine le soir de verres de diverses couleurs, et sous lesquelles voisins et voisines se réunissent pour former de joyeuses rondes, voisinage, lien si doux, lien sacré comme celui de l'hospitalité chez les anciens, connu dans nos villes du midi et qu'on ignore à Paris, où souvent, dans la même maison, le même étage renferme plusieurs familles aussi étrangères les unes aux autres que s'il y avait entre elles tout un diamètre du globe. Dans les Hautes-Pyrénées, un bouquet d'aubépine accompagne toujours la petite croix qu'on plante en mai dans les champs, et qu'on attache aux arbres auxquels se marie la vigne, pour attirer d'abondantes moissons et de riches vendanges.
L'aubépine jouait aussi son rôle dans les cérémonies de l'antiquité : aux noces des Grecs on portait des branches fleuries d'aubépine. C'était de bois d'aubépine qu'étaient faits les flambeaux, qu’à Rome, un jeune homme libre, ayant son père et sa mère pleins de vie, portait devant la jeune épouse pour guider ses pas vers la chambre nuptiale, usage qui, selon Pline, remontait aux premiers temps de cette ville, à l'enlèvement des Sabines, qui avait eu lieu à la clarté des flambeaux de cette espèce. Ces peuples avaient aussi coutume d'attacher des branches d'aubépine près du berceau des nouveau-nés, sous prétexte qu'elles avaient la propriété de chasser les maléfices.
Diodore de Sicile rapporte que les Troglodites passaient la tête de leurs morts entre les jambes, et les liaient dans cette posture avec des branches d'aubépine ; qu'ensuite ils leur jetaient des pierres en riant, jusqu'à ce qu'ils en fussent couverts. Ne pouvait-on pas voir là un acte de foi et n'était-ce pas pour témoigner hautement de leur adhésion au dogme de l'immortalité de l'âme qu'ils traitaient ainsi leurs cadavres ?
L'aubépine, par ses ramoncules nombreux et flexibles, est susceptible de prendre, sous les ciseaux du jardinier, toutes sortes de formes : c'est l'arbrisseau le plus propre à former ces haies vives qui sont en même temps des murs de défense et des palissades d'agrément.
MAXIMES.
Malheur à l'homme qui met son espérance dans l'homine, et qui cherche à s'appuyer sur un bras de chair !
(ORIGÈNE, Homélies.)
L'espérance est un sentiment si naturel à l'homme, que, quoi qu'il fasse, si charnel qu'il puisse être, il ne saurait s'en affranchir, il lui est impossible de ne vivre que dans le présent.
(S. EUCHER , Lettres.)
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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Aubépine - Espérance et Prudence.
La floraison de l'aubépine annonce la fin de l'hiver. C'est au mois de mai que cet arbuste se pare de ses fleurs qui, en embaumant l'air, annoncent que les frimas se sont éloignés. Les Romains pensaient que l'aubépine avait le pouvoir de combattre les maléfices. Au jour de l'hyménée, ils en décoraient leurs maisons, et les jeunes filles offraient à la fiancée une corbeille remplie de cette charmante fleur. Dans quelques provinces de France on avait coutume au moyen âge d'attacher un bouquet d'aubépine au berceau du nouveau-né. Cette fleur, emblème de l'espérance, est encore celui de la prudence, car il faut prendre des précautions pour détacher une branche fleurie d'aubépine, afin d'éviter la piqûre de ses épines. Les oiseaux et surtout la fauvette aiment à faire leur nid au milieu de ce buisson odorant.
AUBÉPINE ET FAUVETTE
Quand la neigeuse aubépine
Nous prodigue ses flocons
Et qu'un doux vent les incline
Sur la route où nous passons,
Que dit alors la fauvette
A l'écho qui le répète
Aux bocages d'alentour ?
Est-ce une sainte prière,
Dont Dieu seul sait le mystère ?
Est-ce une chanson d'amour ?
Est-ce la tendre ballade
D'une mère à ses petits ;
Une hymne, une sérénade,
Pour les bercer dans leurs nids ?
Quand la nature éveillée,
Sous la naissante feuillée
Prélude par des concerts ;
Que la goutte de rosée
Semble une perle enchâssée
Dans le bracelet des airs ?
Ce que c'est, moi, je l'ignore ;
Et cependant, chaque jour,
Comme un salut de l'aurore,
Sa voix vibre avec amour.
Dans tous les cas, voix et rose,
Aubépine fraîche éclose
Parant les bords du chemin,
Parfument l'air qu'on respire,
Et leur éclat semble dire :
Dieu sur nous étend la main !
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Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) place l'aubépine au cœur même de la haie magique :
La haie magique du Nord-Ouest de l'Europe. Les mots haie, haye s'introduisent dans la langue française au XXIe siècle (Bloch et V. Von Warrurg, Diet. Etym. langue française 1964). Ils dérivent du francique haga, hadja de même sens, venant d'un fonds germano-scandinave qui a donné : allemand hag et hecke, suédois hàck, hollandais heg, etc. tous signifiant « haie ». Anglais hedge « haie » vient du vieil anglais hager (anglais actuel haw) qui désignait le fruit de l'arbuste Crataegus oxyacantha, que nous appelons « Epine Blanche » ou « Aubépine » et qui est le haw-thorn en anglais actuel : « Epine du haw ». Hoeg, un vieux terme anglais, est aussi hague en normand pour les fruits (Lehericher, Philol. Flore Norm. Angl.) tandis que heugues « haies » nous est signalé en français du X-XIIe siècle par Taillard (ap. Littré, Diet.). Ainsi, l'arbuste par excellence pour constituer des haies dans ces régions était « l'Epine-Blanche » (allem. hagedorn). Mais le nom commun pour « sorcier » est angl. Witch, aussi hag avec un sens plus spécieux : hag « vieille sorcière », old hag « vieille fée », aussi « vieille taupe ». Dans quelle mesure le fruit de l'Aubépine, ou la plante elle-même, serait lié à la sorcellerie ?
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Aubépine (Crataegus oxacantha) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Divinité : Athéna ; Minerve ; Hyménée ; La nymphe Cardea
Pouvoirs : Fertilité ; Chasteté ; Bonheur conjugal.
Utilisation rituelle : Diodore de Sicile rapporte que les Troglodytes passaient la tête de leurs morts entre les jambes et les liaient dans cette position avec des branches d'Aubépine.
C'était de bois d'Aubépine qu'étaient faits les flambeaux qu'à Rome un jeune homme libre, ayant ses deux parents en vie, portait devant la jeune épouse pour guider ses pas vers la chambre nuptiale.
Une coutume subsista à Bordeaux jusqu'aux environs de 1870 : pour couronner le mois de Mai, on suspendait d'immenses couronnes d'Aubépine au-dessus des rues. On les illuminait le soir avec des verres de diverses couleurs, et les Bordelais envahissaient les boulevards ainsi décorés pour y danser rondes et farandoles.
On prétend que le lendemain de la Saint-Barthélemy, on vit une Aubépine fleurie au cimetière des Innocents. Ce phénomène (floraison hors saison) fut diversement interprété par les deux partis ennemis.
Utilisation magique : Pendant de longs siècles, cet arbrisseau a eu la réputation d'accroître la fertilité. C'est pourquoi il jouait un grand rôle dans les noces antiques. Les chants nuptiaux, dits chants d'hyménée, vantaient les vertus de l'Aubépine.
Il peut donc sembler paradoxal que le même arbrisseau ait eu aussi la fonction de conserver la chasteté et de prolonger le célibat. Cet apparent paradoxe ne surprendra pas ceux qui connaissent la passion pour l'ordre et la discipline qu'avait le monde gréco-romain. Les déesses gardiennes de la cité, du foyer, protectrices des femmes et de la famille, étaient des divinités austères qui ne plaisantaient pas avec la morale et les bonnes mœurs. Il est donc logique que l'Aubépine, garante de la fertilité du couple et de la bonne entente des époux, ait aussi surveillé la conduite des célibataires des vierges et des veuves non remariées. Les mères qui avaient des filles en âge de « fréquenter » disposaient des bouquets d'Aubépine dans la chambre des demoiselles.
Les femmes seules chassaient le désir, la tentation, en plaçant des fagots de ce bois tout autour de leur chambre, ou bien elles en glissaient sous leur lit.
Les pêcheurs phocéens plantaient un rameau d'Aubépine à la proue de leur barque pour s'assurer de bonnes prises.
Placée dans un berceau, elle joue le même rôle qu'une branche d'arbousier : l'enfant est protégé contre la maladie et les mauvaises influences.
L'Aubépine est l'arbuste sacré des fées. Elle fait partie des trois «arbres féeriques» que révéraient les anciens Bretons : chêne, frêne, Aubépine. Là où ces trois arbres croissent ensemble, disaient-ils, on est sûr d'assister, au crépuscule, à des manifestations surnaturelles.
La passion qu'avaient les sorcières du Moyen Age pour cet arbrisseau est peut-être une réminiscence de cette ancienne croyance celte. Tout jardin de sorcière avait sa haie d'Aubépines. Mais, à l'approche des inquisiteurs, cette bordure révélatrice avait la faculté magique de se transformer en une innocente haie de ronces ou de groseilliers.
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Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :
Utilisée comme porte-bonheur dès les temps les plus reculés, l'aubépine ou épine blanche assurait prospérité et fertilité aux nouveaux époux. Aux repas de noces à Athènes chaque convive en portait une branche, et à Rome le marié n'omettait pas d'en tenir un rameau en conduisant son épouse vers la chambre nuptiale. En même temps, l'aubépine avait la réputation de veiller à la bonne moralité des célibataires, dont elle se portait garante de la chasteté. Les mères désireuses de protéger la virginité de leurs filles plaçaient dans la chambre de ces dernières des bouquets d'aubépine tandis que "les femmes seules chassaient le désir, la tentation, en plaçant des fagots de ce bois tout autour de leur chambre, ou bien en glissaient sous leur lit". Les Romains en attachaient également sur les berceaux des nouveau-nés car l'aubépine, grâce à ses piquants, chasse les sorts en même temps que les maladies.
Certaines de ces croyances survécurent aux païens, d'autant plus que l'arbrisseau joue un rôle important dans la légende chrétienne : pour les uns, le célèbre "buisson ardent", où Dieu apparut à Moïse sur le monte Horeb, ne serait qu'une variété d'aubépine ; pour les autres, l'épine blanche, dont les fruits sont surnommés "poires à bon Dieu", a servi à tresser la couronne du Christ. Depuis, l'arbrisseau soupire et gémit tous les vendredis saints. On dit encore que la Vierge, pendant sa fuite en Égypte, s'est endormie dessous. Selon une tradition belge, la mère de Jésus, ayant étendu les langes de son fils sur l'épine blanche, a donné à ses fleurs leur parfum agréable. Inutile de dire qu'arracher un buisson d'aubépine porte malheur et dans le sud-est de la France, lorsqu'on se pique à ses branches, il ne faut pas offenser le "buisson blanc", considéré comme sacré et symbole d'innocence et de pureté.
Même la foudre respecte l'arbuste qui a touché le front du Christ, et l'épargne toujours. C'est à l'aubépine que s'adressaient les Gascons aux premiers coups de tonnerre :
La Vierge Marie
S'est endormie
Sous un aubépin
Depuis le soir jusqu'au matin.
C'est encore à elle que faisaient confiance les habitants des Ardennes qui, surpris par l'orage, en brandissaient une branche en disant :
Aubépine, mon bien,
Je te cueille et je te prends
Si je meurs en chemin
Sers-moi de sacrement.
Sinon, en placer dans sa main, sur son chapeau ou même se réfugier sous l'arbrisseau écarte également les mauvaises humeurs du ciel.
Autre superstition à rapprocher de la légende sainte : qui en dépose une branche devant un calvaire sera chanceux au jeu.
Son pouvoir contre les forces maléfiques, attesté par les Romains, lui fut reconnu aussi dans la France moderne et contemporaine, où l'on dit, comme en Languedoc, qu'attachée sous le ventre des bœufs, elle arrête les maléfices et empêche les animaux de s'emballer ; déposée dans les champs, elle les protège de l'enfer et des démons. En son temps, le Grimoire du pape Honorius la recommandait pour remédier à l'envoûtement d'un troupeau : il fallait percer le cœur d'un animal mort avec neuf piquants d'aubépine, en disant en premier : "Adibaga, Sabaoth, Adony, contraratout prisous prerunt fini unixis paracle gossum" et à la fin : "J'appelle ceux ou celles qui ont fait fabriquer le Missel Abel ; lâche, a-t-on mal fait que tu aies partout à nous venir trouver par mer ou par terre, tout partout, sans délai et sans dédit". On recommençait l'opération neuf jours de suite au bout desquels le cœur étant rôti sur de la braise ardente, le sorcier coupable se présentait ou mourait. En outre, on peut se débarrasser d'un vampire en lui transperçant le cœur d'une branche d'aubépine.
Ce qui n'empêche pas qu'elle fut également une plante chérie des sorcières au Moyen Âge : "Tout jardin de sorcière avait sa haie d'aubépine. Mais à l'approche des inquisiteurs, cette bordure révélatrice avait la faculté magique de se transformer en une innocente haie de ronces ou de groseilliers."
Les fées affectionnent particulièrement l'épine blanche et se rassemblent sous son feuillage. Dans de nombreuses régions, au printemps, on déposait, à l'intention de ces créatures, des couronnes d'aubépine sur les buissons dans l'espoir qu'elles remercient leurs bienfaiteurs par quelques bonnes actions. On dit aussi que "les jeunes filles qui ont entendu gémir l'enchanteur Merlin et qui l'ont consolé après s'être agenouillées auprès du buisson d'aubépine dans lequel la fée Viviane l'a autrefois enfermé se marieront quand elles le désireront".
Celle qui veut mettre fin à son célibat peut cueillir "neuf poires à bon Dieu" et, pendant l'office du dimanche, au moment de l'élévation, en faire tomber une à ses pieds : elle épousera le jeune homme qui, le neuvième dimanche, lui tendra de l'eau bénite.
Cueillie de préférence le 1er mai, et placée dans les étables ou dans le fumier, l'aubépine empêche les serpents de s'attaquer aux bêtes ; sa présence sur les taupinières en chasse les "habitantes". Elle empêche la viande de pourrir et le lait de cailler et permet à la vache traite à ses côtés de donner beaucoup de lait.
Selon une tradition marseillaise, planter un rameau d'aubépine à la proue du bateau garantit une bonne pêche. En Normandie, le conscrit qui s'était rendu devant l'arbrisseau avait toutes les chances de tirer un bon numéro.
Depuis l'Antiquité, l'épine blanche a conservé sa vertu amoureuse puisque, pendant des siècles, on en fabriqua des flambeaux éclairant les chambres nuptiales. Au temps de la chevalerie, le croisé à la veille de partir en Terre sainte offrait à la dame de ses pensées un rameau d'aubépine, lié à un ruban de velours rouge, comme gage d'espérance et de fidélité.
Dans de nombreuses régions françaises, pour guérir un enfant fiévreux, on le déposait devant une aubépine en fleur. Quelques prières ou offrandes (œufs, pièces de monnaie, du pain ou du sel) devaient accélérer la guérison. On peut aussi placer dans la bouche du malade un rameau qui sera brûlé dans la cheminée ou, plus simplement, mettre un bouquet d'aubépine dans sa chambre.
Elle soigne aussi bien les maux d'yeux, lorsque le patient prend la peine de lui adresser la conjuration suivante relevée dans les Vosges ! "Aubépine, Dieu te bénit par-dessus toute fleur et racine. Au nom de Dieu, fleur, je te commande, si tu es blanche, que tu déblanches ; si tu es rouge, que tu dérouges. Les trois personnes de la Sainte-Trinité te commandent de t'en aller." Suivront cinq Pater et cinq Ave à l'intention de la Sainte Trinité. En Belgique, deux feuilles d'aubépine posées en croix sur le nez en arrêtent les saignements.
Contre les maux de dents, il faut s'agenouiller à minuit au pied d'une aubépine, dire cinq Pater et cinq Ave, y attacher un ruban neuf et rentrer chez soi sans parler à quiconque (Seine-et-Marne). Selon un vieil usage, les paysans du Limousin jetaient dans le buisson d'épines blanches le linge qu'ils avaient appliqué sur une plaie, de temps à autre, "au hasard d'un défrichement ou par suite de toute autre circonstance, on découvr[ait] un petit paquet de linges soigneusement dissimulé dans le fourré d'une haie d'aubépine. [...] On ne d[evait] jamais toucher à ces chiffons maculés, sinon, d'après la croyance populaire, les plaies du malade, qui a recouvré la santé par ce moyen, ne tardaient pas à se rouvrir."
L'abondance des fruits de l'aubépine, que les enfants ne doivent pas manger au risque d'attraper des poux, présage, dans le Poitou, un hiver long.
En Angleterre, il ne faut jamais dormir dans une pièce où se trouve une branche d'aubépine fleurie ni en placer dans la maison d'un mort. Dans le Suffolk, certains disent qu'utiliser un balai fait que son bois "balayera" le chef de famille. L'histoire n'explique pas cette superstition, au contraire, car, jusqu'à Charles Ier, "on apportait en procession comme cadeau de Noël une branche de l'aubépine de Glastonbury, que l'on prétendait descendre en ligne droite de Joseph d'Arimathie". Joseph d'Arimathie, qui avait enseveli Jésus et dont une ville de Judée porte le nom, avait la veille de Noël, fait jaillir de son bâton planté dans le sol une aubépine en fleur. Depuis l'on disait que l'aubépine fleurissait la veille de Noël, fête que l'on reporta en 1753, à Quinton (Buckinghamshire), au 5 janvier, car le miracle de la floraison n'avait pas eu lieu.
La France eut aussi sa floraison exceptionnelle en 1572, dans l'ancien cimetière des Saints-Innocents où un pied d'aubépine fleurit le matin du 25 août, soit le lendemain de la Saint-Barthélémy, qui vit, sur ordre de Charles IX, le massacre des protestants : "Cet aubépinier fleurissant bien au-delà de la période habituelle était-il le signe muet mais visible d'un reproche envers le roi génocide, la blancheur de la floraison symbolisant l'innocence des pauvres victimes ?" Des siècles plus tôt avait eu lieu un autre prodige : à la mort de saint Martin, le 11 novembre 397, les buissons des bords de la Loire, au passage du convoi funéraire, se couvrirent d'aubépines, d'où le nom d' "Alba Via" (Voie Blanche) que prit ce chemin à Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire).
Les femmes kabyles désireuses de modifier le caractère de leur mari lui adressent l'invocation suivante : "Les hommes t'ont appelée aubépine ; moi, je t'appelle le "caïd qui commande" ; fais que mon mari ne me batte plus et change-le en âne à qui je ferai porter la paille."
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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :
Crataegus oxycantha : Son élixir adoucit la douleur occasionnée par une séparation, par un chagrin d'amour, un deuil. Il aide à surmonter le stress intense qui pèse sur le cœur mental. Car le cœur se nourrit de sang mais aussi de sentiments. Associé au Cœur de Marie, il émancipe et vous rend une liberté intérieure, facilitant ainsi la transition de la possession à la dépossession, de la dépendance à l'indépendance. Associé à l'élixir de Clématite, il contribue au lâcher prise, à détendre le muscle le plus important du corps humain. Déjà à l'époque des Croisades, le chevalier qui partait pour la Terre Sainte, offrait à sa dame un rameau d'aubépine lié d'un ruban incarnat, signe qu'il vivra en espérance et que le long éloignement ne fera rien pour durcir les sentiments qui les unissent. Il faut dire que cet arbuste au bois très dur et aux branches épineuses se débat comme un forcené pour éviter un complet durcissement qui semble le guetter. Durant les mois d'hiver, il semble retenir une formidable vitalité qui se manifeste dès les premiers réchauffements du printemps. Comme l'Amandier il peut commencer à produire ses premières fleurs malgré les gelées matinales car il possède des traces d'acide cyanhydrique. Il raffole de cet air imprégné par les premiers rayons réchauffants de la planète. Il exprime sa joie immense par une floraison généreuse qui le fait ressembler à un buisson en feu. Mais pas n'importe quel feu ! Un feu blanc comme de la neige. On pourrait ajouter de la neige carbonique tant il semble être débordé par une passion, par une inflammation contenue par la pureté de la couleur blanche. Cette blancheur immaculée a nourri bien des légendes : celle du buisson ardent de Moïse qui serait le Crataegus Pyracantha, son cousin germain. Celle aussi de la couronne du Christ sur la croix qui était soi-disant une branche tressée d'aubépine. Ne fait-on pas encore ici allusion à la Passion de Christ pour l'amour universel ?
Cette légende est encore vivace en Normandie où l'on prétend que la foudre, œuvre du diable, ne frappe jamais cet arbuste divin. En Bretagne, on vénère le rouge-gorge car il est dit qu'en cassant avec son bec une épine de la couronne de Jésus, un peu de sang lui a taché la poitrine. On conseillera cet élixir pour la couperose, l'hémorragie, l'angiome, les tâches d'envie sur la peau et toutes autres affections de la cellule. Il atténue l'effet de sangsue dune tumeur et induit même à sa rémission. Dans le mot oxyacantha on retrouve le mot oxy car il oxygène la cellule interrompant une éventuelle atrophie cellulaire et une précancérose.
Pour lutter contre ce durcissement sa fleur est équipée de flavones, de pectine, de lactones (acide oléanique), d'aesculine, de sistostérine, de triméthyline, de glucose, de manganèse. Les lactones collaborent à assurer la liaison rythmique entre l'Homme Émotionnel et l'Homme Vitalité. Ils éliminent facilement les substances résiduelles. La triméthyline régule les protéines qui sont la matière première de la cellule. L'excédent étant détruit, la tumeur éventuelle ne peut plus accumuler cette matière qui favorise son extension. Le manganèse contrôle étroitement : les systèmes nerveux et hormonaux, la formation de l'urée et autres déchets métaboliques ; l'oxygénation cellulaire (il agit directement sur l'acétylcholine, l'adénylcyclase, les triphosphatases).
Les flavones et la pectine interviennent sur l'organisation des liquides. Cet élixir active donc la diurèse (facilitant par là le rayonnement rénal), régularise la tension et répare efficacement un processus qui tend vers la pleurésie.
Ainsi, cet élixir met en place un plan de défense pour éviter toute dégradation cellulaire et tout dessèchement au niveau du cœur qui est, ne l'oublions pas, le logis de l'âme et des sentiments. Donc, cet important remède cardiaque et psychotonique soigne en même temps la formule sanguine, le système circulatoire, les séquelles d'infarctus, l'insuffisance cardiaque, l'algie précordiale, la tachycardie, les vertiges, les manifestations qui découlent de la ménopause, les pertes blanches, Gurudas ne le juge pas cependant efficace dans les cas de leucémie et de cancer de l'os.
La vénération de cet arbre s'explique par sa générosité pour son abondante floraison qui attire les coléoptères, les oiseaux, les mouches. Même l'œil de Marcel Proust se laisse séduire quand il écrit : « La haie d'aubépines formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoirs ». Il ne présente aucun poison dans toute sa constitution. Le seul inconvénient est l'odeur de poisson que dégage la fleur, à cause de la triméthyline. Un arrière goût peut-être de ces poissons christiques ?
Mots-clés : on attribue à et arbuste les autres appellations suivantes : le bois de Marie (cette dernière a toujours été glorifiée durant tout le mois de mai, période où l'arbuste s'enflamme de sa couleur immaculée). Ou encore l'épine blanche, l'épine de cette chose invisible mais ô combien fragile qu'est l'âme. Marie est l'anagramme d'aimer et il faut un cœur pour aimer. On pourrait encore longtemps épiloguer et on retournerait toujours autour des mêmes mots : cœur, âme, aimer éternellement... car le blanc restera toujours la couleur de l'éternité. Pensez à ces cinq pétales blancs qui servent à confectionner cet élixir. Pensez à ce pentagramme qui, quoi qu'on en dise, sera toujours martien et l'ami de tous les muscles et spécialement du cœur qui est le plus complexe de tout le système musculaire;
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D'après Nicole Parrot, auteure de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :
"Vous êtes délicat(e), élégant(e) et vous le savez. Mais, modeste et réservé(e), vous ignorez la puissance de votre charme. Alors sachez que je vous apporte la promesse d'un grand amour. Et le bonheur de l'attendre dans la sérénité". Ainsi parle l'aubépine à celle (ou celui) qui la reçoit, qui l'offre ou qui se l'offre. Et la petite fleur ajoute en confidence : "vous êtes trop jeune pour la passion, gardez-vous-en". Naïve et innocente en apparence, en réalité, la gentille fleurette connaît la vie et sait se défendre. Plantée au bord des chemins, elle élève une haie d'une piquante efficacité. Elle s'est posée sur la tête du Christ supplicié, une référence. Peut-être justement parce qu'elle est bien armée, elle préserve de la foudre, combat les maléfices et protège les nouveau-nés et les enfants malades.
Elle a reçu le plus vibrant hommage, peut-être, de l'histoire de la fleur dans la littérature. Marcel Proust qui, enfant, la découvrait avec ravissement au bord du chemin menant au jardin de son oncle a, des années durant et malgré sa douleur, tenté de percer son mystère. Celle qu'il appelait "la petite épine blanche" provoque de terribles crises chez les asthmatiques et, devenu adulte, l'auteur de La Recherche du temps perdu devait se contenter de contempler nos buissons "vêtus de leur robe de mariée" du fond d'une voiture, toutes vitres remontées. Chaque année depuis, le petit village d'Illiers, le Combray du Temps perdu voit, au début du mois de mai, arriver de fervents lecteurs de l'écrivain. Ils viennent revivre "la promenade des aubépines".
Mot-clef : "Promesse d'une grande joie".
Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :
"L'aubépine, ou littéralement, l'épine blanche, était couramment utilisée par nos ancêtres les Gaulois pour clamer les palpitations et combattre l'insomnie. En Grèce, sa blancheur immaculée en fit une représentation de l'amour pur, fidèle, sincère des futurs mariés, à qui l'on offrait des branches, des rameaux ou des bouquets d'aubépine. Plus tard, c'est pour consacrer la naissance d'un enfant que les Romains en paraient le berceau du nouveau-né. Enfin, les Chrétiens virent dans cet arbuste le symbole de la pureté qu'ils attribuaient au Christ et à la Vierge. Ainsi, l'aubépine eut toujours bonne réputation, des effets bénéfiques et protecteurs.
En rêver ou en voir inopinément est donc un signe de protection providentielle, de bienfait, de soulagement, de naissance ou de mariage heureux."
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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des arbres :
Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien
à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés
sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant
les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,
physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous
diffusons l'amour et la guérison pour vous.
Les aubépines : Ce ne sont peut-être pas les plus beaux arbres ; ils portent des épines et sont souvent en broussailles, mais je les aime. Ce sont des vaillants protecteurs : S'ils poussent autour de votre maison, ils vous protégeront ainsi que votre maison. Lorsqu'ils forment des haies, ils protègent les animaux et l'espace qu'ils entourent. Quand vous vous accordez à ces arbres, vous ressentez leur amour, ainsi que leur force et leur valeur.
VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.
Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.
Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.
Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.
Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.
Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.
Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.
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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), décrit ainsi l'aubépine : "L'aubépine peut atteindre une hauteur de douze mètres ; ses petites baies rouges sont facilement identifiables.
Propriétés médicinales : Il s'agit d'un tonique cardiaque qui renforce le cœur et les vaisseaux sanguins ; une décoction aide à soulager la plupart des malaises cardiaques. Les propriétés astringentes des fleurs et des fruits de l'aubépine en font également un remède idéal dans le traitement des infections et des maux de gorge. Elles servent aussi dans les cas d'inflammation rénale.
Genre : Masculin.
Déités : Flore, Brigide.
Propriétés magiques : Fertilité, chasteté, assurance d'une bonne pêche, bonheur.
Applications :
SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS
La propriété la plus importante de cette plante est d'assurer la fertilité. Les fleurs et les fruits de cet arbre sont souvent inclus dans les décorations et les bouquets de mariées, particulièrement lorsque le mariage a lieu au printemps.
Curieusement, les feuilles de l'aubépine, portées en sachet, assurent la chasteté ; au Moyen Âge, plusieurs confréries de moines et de religieuses portaient ce talisman.
OREILLER DE FERTILITÉ : La coutume nous vient de l'Italie. On y fabrique de petits oreillers replis des fleurs et de fruits séchés qu'on place sous les reins de la femme qui veut concevoir. En voici une version moderne, qui doit être faite au moment de la pleine lune.
Ce dont vous avez besoin :
trois chandelles : une rose, une rouge et une blanche
de l'encens de rose
un petit sachet de coton rose ou rouge
des boules d'ouate
de l'huile essentielle d'aubépine.
Rituel : Faites brûler l'encens. Allumez les chandelles : commencez par la rose, qui symbolise l'amour pour votre conjointe, puis la rouge, qui représente la passion qui vous unit, et, finalement, la blanche, qui symbolise la nouvelle vie que vous désirez concevoir. Prenez quelques instants entre chaque chandelle pour vraiment ressentir toutes les phases : l'amour, la passion et la conception. Versez enfin une goutte ou deux d'huile sur chacune des boules d'ouate avant de les insérer dans votre oreiller.
Une fois cela fait, refermez l'oreiller et tenez-le au bout de vos bras, vers le ciel, en prononçant cette invocation aux déesses de la fertilité :
Je vous invoque, déesses de la fertilité,
Brigide, Déméter, Vénus, Aphrodite, Héra, Junon et
toutes les autres dont la tâche es d'aider la conception,
Je désire un enfant qui soit béni des dieux
Qui symbolise l'amour que je partage avec mon conjoint.
Afin que notre union soit complète et fertile
J'en appelle à vous, déesses dont la puissance est éternelle,
Accordez-moi ce désir.
Portez ce sac autour de vos reins pour le reste de la soirée et, chaque fois que vous faites l'amour avec votre conjoint, placez-le sous vos reins."
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Alexandre Arnoux nous propose un Calendrier de Flore (Éditions Bernard Grasset, 2014) dans lequel il évoque l'aubépine :
Le 25 août 1572, le lendemain de la Saint-Barthélémy, un aubépin fleurit à Paris, au cimetière des Saints-Innocents. Un aubépin rose, je pense, qui mêlait du sang à sa sève, dans une ville qui sentait la tuerie après une nuit de cris, de poursuites, d'égorgements. Car l'arbuste épineux des champs et des haies n'a pas coutume de pavoiser à cette date de l'an, en cette saison ; il se pare de corolles neuves, à l'ordinaire, au temps d'avril et de mai, au moment du renouveau et chante dans les refrains printaniers. Ce miracle, on le pense, ne manqua pas d'engendrer des légendes et de fomenter des controverses, les Parpaillots le tenant pour preuve évidente et marque indubitable de la réprobation divine et de la glorification des martyrs, les Papistes pour manifestation de l'assentiment, de l'applaudissement célestes. Les desseins de l'Eternel sont impénétrables et, jusqu'à ce jour, personne, à ce propos comme en beaucoup d'autres, ne les a sondés ; les disputeurs demeurent sur leurs positions et en suspens. Du reste, la Providence nous a fourni bien d'autres chats à fouetter.
Pourtant l'aubépin ne s'occupe pas volontiers de catastrophes et massacres, de tragédies. Vous m'opposerez que certains ne doutent pas que ses rameaux crochus et griffus n'aient servi à tresser la couronne dérisoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ et qu'elle gémit, au souvenir de la Passion, la nuit du vendredi funèbre. Je ne vous l'accorde pas sans contestation. Le Jujubier a des droits plus évidents à ce titre de sinistre célébrité. Non, notre arbuste de Pâques, qui compose de si charmants bouquets champêtres, piqués à l'épaule des collines, soupire peut-être et lamente à l'anniversaire de la Crucifixion et de l'Agonie, mais parce qu'il a l'âme pieuse et tendre, qu'il partage le deuil commémoratif du ciel e de la terre, de la nature et des âmes, que ses tendres couleurs témoignent de son naturel excellent et que, s'il a des crocs, ils s'emploient quand on le taille en haies, et il y consent volontiers, à défendre les vergers et les potagers contre les maraudeurs et les bohémiens, à empêcher les oies et les vaches cde courir la prétantaine, les garnements de grapiller les raisins de septembre, les renards déprédateurs de se couler jusqu'au poulailler.
Ses fruits, - nous les appelions, enfants, pommes de la Saint-Jean - ont un doux et insipide agrément farineux, une couleur de rubis éteint. Les rats des champs construisent leurs nids à l'abri de leurs buissons peu pénétrables ; la foudre qui aime les chênes, affirment les superstitieux, respecte les aubépines, la Vierge ayant dormi sous le toit de leurs ramures ; et elle ne l'eût certes pas fait si elles avaient dû plus tard former le diadème injurieux et hérissé de dards de son Enfant, en bafouer la mort ignominieuse et rédemptrice. Son odeur suave et candide, il la tient également de la reconnaissance de Marie, et cet arrière-parfum très faible, qu'on ne discerne qu'au bout d'un moment, qui s'insinue sourdement et stagne, plus perceptible les jours d'orage, ce remugle, osons l'appeler de son nom, de sueur refroidie et d'unrine de poupon, que couve, sans le masquer entièrement l'arome de la floraison. Car la Mère Immaculée, après avoir lessivé les langes de son Fils au ruisseau, les étendit sur notre arbre afin qu'ils y sèchent. Il en a gardé la mémoire.
Pour se guérir des maux d'yeux, il suffit de cueillir avec quelques cérémonies que j'ignore, ce qui ôte toute efficience à mon remède, il suffit de cueillir une branche à l'époque de sa splendeur blanche, rose ou panachée, et de réciter une très vieille formule, peu compréhensible, comme il se doit, à ceux que gangrène le rationalisme,...
A suivre
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Selon Claire Tiberghien, auteure de Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir (Éditions Jouvence, 2016), l'aubépine est intéressante sur de nombreux plans :
Élément : Feu.
De son nom latin Crataegus laevigata et Crataegus monogyna, l'aubépine fait partie de la famille des Rosacées. Elle représente la chaleur du cœur. Ses fleurs calment les nerfs, apaisent l'agitation du cœur tout en le tonifiant, et améliorent la circulation du sang dans les vaisseaux. L'aubépine régule la tension artérielle et a un effet antispasmodique. on l'utilise contre les troubles de la ménopause, les palpitations, les bouffées de chaleur et l'insomnie.
Sur le plan psychique : L'aubépine porte un message d'amour. Elle nous aide à écouter nos propres sentiments. Elle ouvre notre cœur, l'encourageant à ressentir l'amour et à l'exprimer. Elle nous conduit à oublier la peur et renforce notre sentiment de sécurité. Elle nous apprend à gérer nos déceptions et nos vieilles blessures, et à regarder les événements avec les yeux de l'amour. Un cœur ouvert est sensible à l'intuition. Il permet une bonne vision des choses, ce qui favorise de nouvelles perspectives. La tisane de l'aubépine guérit les chagrins, dont les chagrins d'amour.
Grâce à l'aubépine, je peux affirmer :
Le cœur est au centre du corps. Sa chaleur nourrit l'esprit et l'âme.
Ma force créatrice se retrouve dans mes actions.
Je dis oui à la vie et à l'amour.
Mon cœur est léger et vivant.
J'exprime ma tristesse et la laisse se dissiper.
Je prends soin de tous mes sentiments et j'ose les exprimer.
Je suis en sécurité, protégé par la chaleur de l'amour.
J'ai le droit de faire ce que j'aime.
La méditation de l'Aubépine : Un sentier caillouteux, escarpé, se faufile à travers un talus pentu. Derrière un tournant, un petit buisson robuste apparaît : l'aubépine. A chaque saison elle se fait remarquer par sa splendeur, offrant au regard sa puissance. Au printemps, un parfum lourd et enivrant annonce sa présence. Lorsque vos yeux se posent sur elles, c'est une aura de blancheur qui vous transporte. L'été, le soleil se reflète dans la beauté presque solide et brillante du vert de ses feuilles. L'automne, sa force vite au rouge, le rouge de ses fruits, étincelants dans le bleu du ciel. En hiver, l'aubépine vous montre sa vie intérieure, sa structure, ses branches noueuses et épineuses, entrelacées, qui offrent une solide protection.
Écoutez votre cœur. Imaginez-vous assis à côté de l'aubépine. Son parfum, révélé par la chaleur du soleil, vous envoûte. Vous pouvez accueillir vos peines, vos chagrins, vos blessures. Leurs forces perdent leur importance. Votre cœur se libère, s'ouvrant à la joie du moment. Ressentez la chaleur de votre cœur, soyez présent à ses battements calmes et réguliers, présent à votre souffle. Plein d'amour. L'amour comme un élixir de vie qui coule en vous, dans chacune de vos cellules. La chaleur de l'aubépine dissout vos tensions. Vous êtes là, présent. Elle vous montre ce magnifique moyen de guérison qu'est l'amour. Vous le portez en vous, avec reconnaissance et l'offrez au monde.
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Sylvie Verbois, auteure de Les arbres guérisseurs : Leurs symboles, leurs propriétés et leurs bienfaits (Éditions Eyrolles, 2018) transcrit le message que lui inspirent les arbres :
Mot-clé : Renaître.
Élément : Terre ; Eau ; Feu ; Espace.
Émotion : Peur ; Mélancolie ; Colère ; Joie.
Je suis buisson ardent, j'offre la lente découverte de Soi après une longue descente au fond de soi-même. Vous redoutez de vous blesser, d'égratigner votre cœur, mes épines vous font craindre le pire. Et pourtant, c'est grâce à elles que je vous protège, que je chasse maladies et obsessions. Je repousse les forces obscures qui vous habitent, vous emmenant sur le chemin du renouveau. Je suis la blancheur d'une page nouvelle, la reviviscence de votre âme. J'ouvre votre regard sur aujourd'hui, vous invitant à délaisser le temps passé ; ce qui est maintenant est ce qui doit être, c'est cela la vie.
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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :
Apprends à essuyer les tempêtes : l’Aubépine
Comme la chanteuse country Dolly Parton l’a dit : « Les tempêtes forcent les arbres à enfoncer leurs racines plus profond. ». Il est certain que les arbres peuvent s’adapter à supporter des vents forts. Quand on est confronté à une épreuve, notre manière de le gérer nous appartient. Les arbres préfèrent pousser droit, mais mêmes les plus robustes, comme l’Aubépine, acceptent que dans certaines conditions, ce n’est pas possible. Les vents violents abîment leurs extrémités, si bien qu’ils poussent de guingois, seulement du côté abrité. Pour ne pas s’écrouler, l’Aubépine ancre son tronc en développant ses racines du côté opposé.
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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de l'Aubépine (Crataegus spp.) :
Mot-clef : Foyer du cœur
L'aubépine évoque le temps lointain où les divinités locales veillaient sur les sources et les collines, gambadaient et faisaient des bêtises à travers ses branches. Elle se souvient de ses grosses branches décorées de colliers de perles scintillant au soleil et de morceaux de tissus flottant au vent tels des drapeaux à prières : des offrandes à la terre et aux divinités qui entretenaient le lien vital entre l'esprit et la matière. Ce temps est largement révolu, mais l'aubépine garde les portes ouvertes, sachant que ces connexions intérieures offrent une nourriture essentielle à la plénitude du cœur. Si cette plante vient à vous, renforcez votre cœur et protégez-le de la nostalgie en cultivant les liens qui unissent le royaume spirituel et le monde matériel.
Rituel : Ancrer votre espace de vie
Nombre de paysages dans le monde ont perdu leur genius loci - l'esprit du lieu - lorsque des repères naturels ont été supprimés pour construire des routes, des bâtiments, etc. Vous pouvez vraiment faire revivre l'esprit du lieu dans les paysages où vous habitez avec une simple visualisation ; répétez ce rituel aussi souvent que vous le sentez nécessaire.
D'abord, arpentez - ou imaginez - les frontières de votre espace, que ce soit votre terrain, votre quartier, votre maison ou votre appartement au cinquième étage. Dès que vous avez une vision claire de l'espace que vous voulez ancrer, identifiez on centre physique et énergétique. A partir de là, imaginez une corde dorée qui plonge dans le sol et s'enfonce jusqu'à ce qu'elle s'ancre dans le cœur en fusion du centre de la terre. Sentez vibrer cette connexion, la vie qu'elle porte.
Puis, du même point central, envoyez une corde argentée vers le ciel pour laisser les énergies de la lune et des étoiles emplir votre espace de lumière et de paix.
Votre espace est désormais ancré à la terre et au ciel, une partie du grand Tout.
Réflexion : Vous connecter à votre foyer
Jadis, nous n'habitions jamais très loin de l'endroit où nous étions nés et où nous avions grandi. Le monde a changé depuis et vous avez désormais la possibilité d'être chez vous en plein d'endroits différents... Pourtant, votre cœur rêve parfois d'un paysage qui n'a rien à voir avec celui où vous vivez actuellement. Si la réponse aux questions suivantes est « non », pratiquez le rituel que nous venons de décrire pour vous connecter.
Êtes-vous reliée à l'endroit où vous vivez ?
Vous y sentez-vous vraiment chez vous ?
Pouvez-vous y sentir les douces vibrations de la terre ?
L'Arbre à souhaits
En Irlande, l'aubépine sert à créer des haies pour délimiter les pâturages. Ces haies forment un patchwork d'espaces contigus ayant chacun leur identité énergétique et maintenus par le réseau d'épines de la plante.
Des haies d'aubépine sont différentes d'une aubépine isolée. L'aubépine qu'on appelle l'Arbre à souhaits est une porte d'accès au royaume spirituel. Elle nourrit de rêves et d'histoires votre âme et votre connexion à l'au-delà. Couper une Arbre à souhaits porte malheur ; si vous le faites, vous portez atteinte au lien nécessaire qui vous relie à l'inconscient collectif.
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