Étymologie :
OR, subst. masc.
Étymol. et Hist. Métal précieux de couleur jaune I. Sens symboliques et métaphoriques A. Symbole des moyens matériels, de l'argent, de la richesse 1. ca 881 (Ste Eulalie, 7 ds Henry Chrestomathie, p. 3 : Elle [Eulalia] no'nt eskoltet les mals conselliers Qu'elle Deo raneiet ..., Ne por or ned argent ne paramenz) ; ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 888 : Pur tut l'or Deu ne volt estre cuard ; 1540 : Tient Durendal [Rollant], qui plus valt que fin or) ; ca 1135 (Couronnement de Louis, éd. Y.G. Lepage, 2102 réd. AB : Ne vos faudrons por tot l'or de cest mont) ; 2. fin xe s. l'accent est mis sur le caractère périssable, la vanité de la richesse (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 385 : Argent ne aur non i donat [Christus] Mas que son sang et soa carn [cf. la note de l'éd. renvoyant à I Pierre I, 18-19 : scientes quid non corruptibilibus auro vel argento redempti estis...sed pretioso sanguine...Christi]) ; ca 1200 (Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr, 1906 : Sor lou covre est biaus li ors Mais tost faut celle doräure). B. Symbole de ce qui a une valeur, un mérite, des qualités rares ca 1200 (Guiot de Provins, op. cit., 1208 : N'est pas tout ors qu'en voit relure) ; fin xiiie[ms.] (Proverbes fr., éd. J. Morawski, 1371 : N'est pas or quanque luit) ; 1559 (Amyot, Hommes illustres, Cicéron, XXIX ds Œuvres, éd. G. Walter, t. 2, p. 765 : son style était un fleuve d'or coulant) ; 1583-84 (Brantôme, Dames galantes, 1er discours, éd. Paris, Garnier, 1931, p. 70 : M. de Dole, qui disoit et escrivoit d'or, emporta le prix) ; 1668 (Boileau, Satire IX ds Œuvres, éd. F. Escal, p. 53 : Et préférer le clinquant du Tasse à tout l'or de Virgile). C. Désigne la couleur jaune, celle de l'or 1. ca 1273 hérald. (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 999 : Qui l'escu portoit d'or a un yon d'azur) ; 2. 1578 (Ronsard, Sonets et madrigals pour Astrée, VIII, 2, ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 17, p. 187 : Adieu cheveux, liens ambitieux, Dont l'or frizé me retint en service [cf. xiie s. Narcissus, éd. M. Thiry-Stassin et M. Tyssens, 96 : Caviaus...Qui plus luisent c'ors esmerés]). II. Désigne le métal sous ses différentes formes (pièces, bijoux, objets...) A. 1. Ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 526 : De lur tresors prenent l'or e l'argent); ca 1100 (Roland, 185 : Quatre cenz muls cargez de l'or d'Arabe) ; 1552 l'or de Tholose (Rabelais, Quart livre, éd. R. Marichal, XV, 100) ; 2. a) ca 1050 (St Alexis, 586 : D'or e de gemmes fu li sarqueus parez) ; ca 1100 frein, esperuns, corone d'or ; sele a or batue ; elme a or gemet (Roland, 92, 345, 3236, 1331, 1995) ; 1160-74 faire une ymage de or (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 96) ; 1174-76 melder sun or a fundre le vëel fig. allusion à l'érection du veau d'or (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 2183 ds T.-L.) ; ca 1200 (Jean Bodel, Saisnes, éd. F. Menzel et E. Stengel, 483 : ...ma chartre où li seaus d'or pant) ; b) ca 1100 or mer, neielez (Roland, 115, 684) ; ca 1170 or batu, infra II B ; xve s. or filé (ds M. de Laborde, Notice des émaux du musée du Louvre, t. 2, p. 411) ; 1562 or blanc (Du Pinet, Pline, Lyon, C. Senneton, t. 2, p.560) ; 3. 1174-87 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 7005 : ... E dras de soie a or batuz) ; 4. 1260 paindre de couleur a or (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, LXXVIII, 12) ; 1559 (Amyot, op. cit., Démosthène, XXVII, t. 2, p. 727 : des paroles qu'il avait fait écrire en grosses lettres d'or dessus son écu) ; 5. 1563 (Palissy, Recepte vér., p.55 ds Hug. : Aucuns philosophes alchimistes disent sçavoir rendre l'or en eau par quelque dissolution:... s'ils le peuvent dissoudre, il est potable) ; 1566 or potable (Kerquifinen, tr. Gelli, Disc., VII, p. 241, ibid.). B. L'or considéré quant à son poids, sa valeur ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1579 : ...Plus de .IIc. mars d'or batu) ; ca 1200 (Renaut de Montauban, 230, 25 ds T.-L. : Cent livres de fin or ; 230, 33 : mil mars d'or pesés). Du lat. aurum « or ; objet fait en or ; monnaie d'or, or monnayé ; fig. : richesse ; la couleur de l'or ».
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Symbolisme :
Dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines de Hildegarde de Bingen (XIIe siècle, traduction Pierre Monat, 2011), on peut lire que :
"L'or est chaud ; il a une nature semblable à celle du soleil et il se rattache à l'air.
Si on est bloqué par la goutte, il faut prendre de l'or et le faire chauffer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien d'impur en lui, mais sans rien en perdre ; le réduire en poudre, c'est-à-dire le passer à la meule ; prendre un peu de farine, c'est-à-dire à peu près la moitié d'une poignée, la pétrir avec de l'eau, et, à cette pâte, ajouter de cette poudre d'or, à peu près le poids d'une obole. Manger cela un matin, à jeun ; le deuxième matin, préparer de la même manière une petite galette avec de la farine et le même poids d'or : manger le jour même, à jeun. Cette galette, préparée de cette manière et mangée ainsi, protège de la goutte pendant une année.
Cet or reste dans l'estomac pendant deux mois, sans l'exciter ni l'ulcérer. Si celui-ci est froid et glaireux, il le réchauffe et le purifie sans mettre l'homme en danger ; si c'est un home en bonne santé qui agit ainsi, l'or lui conservera la santé ; si c'est un malade, il sera guéri.
On peut également prendre de l'or, le porter au rouge dans une marmite ou une poterie ; le mettre brûlant dans du vin pur afin que celui-ci se réchauffe et boire le vin chaud : si on le fait souvent, la goutte disparaîtra.
Si on a de la fièvre dans l'estomac, réchauffer du vin pur avec de l'or ainsi passé au feu et la fièvre s'en ira. Si quelque part sur le corps apparaissent quelques tumeurs, il faut réchauffer de l'or au soleil, et, une fois qu'il est réchauffé, en frotter le tour de la tumeur : ainsi celle-ci disparaîtra. Si on a perdu l'ouïe, il faut préparer une pâte avec de l'or moulu et de la farine, comme il a été dit plus haut, et en mettre un peu dans les oreilles jusqu'à ce que la chaleur de la pâte passe dans l'oreille : le faire souvent, et on retrouvera l'ouïe."
Explication supplémentaire figurant dans l'édition de Schott et non dans le manuscrit de Paris : "L'or doit être mis dans du vin et non dans de l'eau parce que, dans l'estomac de l'homme, le vin détruit plus les lividités que l'eau." ; "la bonne vertu de l'or, quand elle est excitée au feu du soleil, retrouve vie, en quelque sorte, par la chaleur du soleil, et, par sa vigueur, let en fuite les humeurs qui se dressent [dans les tumeurs].
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"L'or, considéré dans la tradition comme le plus précieux des métaux, est le métal parfait. En chinois, le même caractère kin désigne or et métal. Il a l'éclat de la lumière ; l'or, dit-on dans l'Inde, est la lumière minérale. Il a le caractère igné, solaire et royal, voire divin. En certains pays, la chair des Dieux est faite d'or ; celle des Pharaons égyptiens l'était également. Les icônes du Bouddha sont dorées, signe de l'illumination et de l'absolue perfection. Le fond des icônes byzantines - celui aussi, parfois, des images bouddhiques - est doré : reflet de la lumière céleste.
En diverses régions, et notamment en Extrême-Orient, l'or est censé naître de la terre. Le caractère kin primitif évoque des pépites souterraines. Il serait le produit de la gestation lente d'un embryon, ou de la transformation, du perfectionnement de métaux vulgaires. C'est l'enfant des désirs de la nature. L'alchimie se contente d'achever, d'accélérer la transmutation naturelle : elle ne crée pas la matière originelle. Il va de soi que l'obtention du métal précieux n'est pas le but recherché par les vrais alchimistes, car si l'argile peut, selon Nagarjûna, être transmuée en or, Shri Râmakrishna sait bien qu'or et argile ne font qu'un. La couleur symbolique chinoise de l'or est le blanc, non le jaune, qui correspond lui, à la terre. La transmutation est une rédemption ; celle du plomb en or, dirait Silesius, c'est la transformation de l'homme par Dieu en Dieu. Tel est le but mystique de l'alchimie spirituelle.
L'or-lumière est très généralement le symbole de la connaissance, c'est le yang essentiel. L'or, disent les Brahmans, c'est l'immortalité. Autre littéralisme en conséquence : en Chine comme en Inde, on a préparé des drogues d'immortalité à base d'or. Les cheveux redeviennent noirs et les dents repoussent... mais surtout, l'homme qui a suivi ce régime devient chen-jen (Homme véritable). C'est donc par la connaissance et non par la drogue, qui n'en est que le symbole actif, qu'il atteint l'immortalité terrestre.
Il faut se rappeler, en outre, à propos de la perfection, la primordialité de l'Âge d'or traditionnel, les âges suivant (d'argent, d'airain et de fer) marquant les étapes descendantes du cycle.
Chez les Aztèques, l'or est associé à la peau neuve de la terre, au début de la saison des pluies, avant que celle-ci reverdisse. Il est un symbole du renouveau périodique de la nature. Pour cette raison, Xipe Totec, Notre seigneur l’Écorché, divinité de la pluie printanière et du renouveau, est également le dieu des orfèvres. Les victimes offertes à ce dieu sanguinaire étaient écorchées et ses prêtres se revêtaient de leur peau, teinte en jaune comme la feuille d'or.
Selon la chronique de Guaman Poma de Ayala, les habitants de Chincha-Suyu, la partie Nord-Ouest de l'Empire des Incas, plaçaient dans la bouche de leurs morts des feuilles de coca, de l'argent et de l'or. Sans doute retrouve-t-on là les valeurs symboliques Yin et Yang de l'or et de l'argent.
Une association or-serpent mythique se révèle dans l'Oural : le Grand Serpent de la Terre, le Grand-Rampant, est le Maître de l'or. Il apparaît tantôt sous la forme d'un ophidien couronné d'or, tantôt sous celle d'un homme aux yeux et aux cheveux noirs, très brun de peau et vêtu de jaune (F. Bajov, Contes-Récits de l'Oural). On dit que, là où il passe, l'or se dépose : que, s'il se fâche, il peut l'emmener ailleurs. Tout gèle sur son passage, même le feu, sauf en hiver, où il adoucit le temps et fait fondre la neige. Cette association, de caractère chtonien, illustre la croyance très répandue, selon laquelle l'or, métal précieux par excellence, constitue le secret le plus intime de la terre.
Dans toute l'Afrique occidentale, l'or est le métal royal qui est l'un des mythes de base... bien avant qu'on ne lui attribue une valeur monétaire. Divers proverbes en indiquent les raisons : il ne se rouille, ni se souille ; le seul métal qui devient coton sans cesser d'être fer ; avec un gramme d'or on peut faire un fil mince comme un cheveu pour entourer tout un village ; l'or est le socle du savoir, il tombe sur vous et vous écrase ; soyez le cavalier de al fortune, non son cheval ; métal ésotérique par excellence, à cause de sa pureté et de son invulnérabilité. Il se trouve sous onze couches de terre et de minéraux différents. Il procure le bonheur s'il est bien utilisé, c'est-à-dire employé à la recherche du savoir, sinon il précipite la perte de son propriétaire. Métal ambigu, comportant lui aussi le dualisme originel : clé pouvant ouvrir bien des portes, masse ou fardeau pouvant rompre les os ou le cou. Il est aussi difficile de s'en servir bien que de se le procurer.
Pour les Dogons et les Bambaras, l'or est la quintessence du cuivre rouge, lui-même la vibration originelle matérialisée de l'Esprit de Dieu, parole et eau, verbe fécondant.
Cette signification spirituelle, principielle et cosmologique du métal jaune se retrouve et se précise avec le mythe du serpent arc-en-ciel. En effet, le serpent qui se mord la queue, symbole de continuité, enroulé autour de la terre pour qu'elle ne se désintègre pas, Dan, qui est spirale et mouvement premier de la création entraînant les astres, se trouve être aussi le maître de l'or et l'or lui-même. C'est le Serpent-Arc-en-Ciel-Soleil, ce serviteur universel, pour reprendre le mot de Paul Mercier, qui ne fait rien de lui-même, mais sans lequel rien ne se fait. Ici, la pensée des Fons recoupe celle des Dogons, et Dan, spirale d'or, mouvement du soleil et des astres devient un alter ego de la spirale de cuivre rouge, expression de la vibration première, enroulée autour du soleil dogon. Mais, l'or, étant la quintessence du cuivre rouge, devient le principe premier de la construction cosmique, et de la solidité, donc de la sécurité humaine, et , par extension, le principe du bonheur. C'est à ce titre, par sa valeur spirituelle et solaire, que Danballa devient, en Haïti, le Dieu de la richesse et l'or le symbole de la richesse matérielle, qui est elle-même le principe symbolique de la richesse spirituelle. On retrouve ainsi, à travers la pensée de peuples africains, le sens alchimique et ésotérique de l'or, tel qu'il est conçu dans la pensée traditionnelle européenne et asiatique.
Pour les Bambaras, l'or symbolise aussi le feu purificateur, l'illumination. Le mot sanuya, que l'on peut traduire par pureté est construit sur sanu qui veut dire or. Toujours chez les Bambaras, le moniteur Faro, divinité essentielle, organisateur du monde et maître du verbe, est représenté orné de deux colliers, l'un de cuivre rouge, l'autre d'or ; ils le tiennent au courant de toutes les paroles humaines ; le collier de cuivre lui transmet les conversations courantes, le collier d'or les paroles secrètes et puissantes. Cette fonction nocturne de l'or, symbole de la connaissance ésotérique, rejoint la signification alchimique de ce métal, produit de la digestion des valeurs diurnes ou apparentes, et résume l'ambivalence de la notion de sacré, en sacralisant les résidus de la digestion, les excréments et les immondices. Soulignons, à ce propos, que les initiés Bambara de la classe des Koré Dugaw (société Koré) ou vautours, qui se livrent publiquement à des démonstrations de coprophagie, sont dits les possesseurs de l'or véritable, les hommes les plus riches du monde. Des radiesthésistes estiment que l'or et les excréments déterminent les mêmes oscillations pendulaires.
Dans la tradition grecque, l'or évoque le Soleil et toute sa symbolique : fécondité-richesse-domination, centre de chaleur-amour-don, foyer de lumière-connaissance-rayonnement. La toison d'or ajoute un coefficient de ce symbolisme solaire à l'animal qui la porte ; au bélier par exemple, qui représente par lui-même la puissance génératrice d'ordre corporel et, par transposition symbolique, d'ordre spirituel. La toison d'or devient l'insigne du maître et de l'initiateur.
L'or est une arme de lumière. On n'usait que de couteaux d'or pour les sacrifices aux divinités ouraniennes. De même, les druides ne coupaient le gui qu'avec une faucille d'or. Apollon, dieu-soleil, était revêtu et armé d'or : tunique, agrafes, lyre, arc, carquois, brodequins.
Hermès, l'initié, le psychopompe, le messager divin et le dieu du commerce, est aussi le dieu des voleurs, signifiant ainsi l'ambivalence de l'or. Mais des anciens voyaient dans ce dernier titre du dieu un symbole des mystères soustraits à la connaissance du vulgaire : les prêtres dérobaient l'or, symbole de la lumière, au regard des profanes. Chez les Égyptiens, on l'a déjà noté, l'or était la chair du soleil et, par extension, des dieux et des pharaons. La déesse Hathor était l'or incarné... L'or conférait une survie divine... par suite, le jaune devint primordial dans la symbolique funéraire.
Enfin, toujours en raison de cette identification à la lumière solaire, l'or a été un des symboles de Jésus, Lumière, Soleil, Orient. On comprendra pourquoi des artistes chrétiens donnèrent à Jésus-Christ des cheveux blonds dorés comme à Apollon et placèrent une auréole sur sa tête.
Mais l'or est un trésor ambivalent. Si l'or-couleur et l'or-pur métal sont des symboles solaires, l'or-monnaie est un symbole de pervertissement et d'exaltation impure des désirs., une matérialisation du spirituel et de l'esthétique, une dégradation de l'immortel en mortel.
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Selon Nicki Scully dans Méditations de l'Animal pouvoir, voyages chamaniques avec les alliés esprits, (éditions originales 1991, 2001 ; traduction française : Guy Trédaniel Éditeur 2002), l'esprit de l'Or est très, très ancien.
Il s'est révélé de temps immémoriaux comme la manifestation physique du soleil, la source de toute vie. L'Or a été travaillé très tôt dans la création de notre univers physique. Il peut-être fondu, moulé, martelé en feuille, ou liquéfié. On peut lui allier d'autres métaux. Bien qu'il soit l'un des minéraux les plus malléables, il est inchangeable ou incorruptible.
On a livré beaucoup de guerres pour sa possession, car l'Or est un signe de richesse. Tout au long de l'histoire, il a orné le corps des riches, et l'or des temples et les églises du monde entier reflètent le soleil. L'Or reflète l'esprit de celui qui le porte, dont l'avidité ou la spiritualité est évidente pour quiconque veut bien le remarquer.
L'Or est un guérisseur et un protecteur de la terre, et ce sont les aspects dont l'Or désire faire part dans les enseignements du Chaudron. La connaissance de la valeur médicinale de l'Or n'est pas nouvelle. Par exemple, c'est un remède commun pour l'arthrite aussi bien en allopathie qu'en homéopathie, et c'est un réactif radionique pour le cœur. Quand vous utilisez l'Or de façon médicinale, il doit être pur, comme doivent l'être vos intentions quand vous demandez à l'esprit de l'Or de vous aider après que vous avez entrepris ce voyage.
Dans le système terrestre, il y a un équilibre vibratoire très délicat entre tous les éléments, minéraux et composés. En extrayant tous ces éléments et en les changeant de lieu, ou en les dispersant, on opère un changement dans les circulations vibratoires dans toute la planète. L'équilibre écologique originel est brisé. L'esprit de l'Or a la capacité d'influencer les entités les plus mobiles dans son champ, pour qu'elles fassent des choses qui contribuent à un nouvel équilibre. Ces entités sont des plantes, des animaux et des gens. L'Or et le Quartz aiment travailler avec les autres règnes, particulièrement le règne humain, plus encore que la plupart des autres minéraux. Le Quartz est l'allié naturel de l'Or, et on le trouve naturellement tout à côté.
Le rythme vibratoire de l'Or est lent en comparaison du rythme des animaux. Pour que les humains comprennent quelque chose comme un rocher ou un métal, ils doivent changer suffisamment leur rythme vibratoire pour pouvoir être en résonance avec ce minéral particulier, et communiquer avec. Pour vous donner cette expérience, le voyage de l'Or vous emmène dans les profondeurs de la Terre. Si vous trouvez que, après ce voyage, vous vous sentez un peu "collé" ou trop enraciné, faites un voyage aérien comme le Faucon ou l'Aigle, ou explorez l'air avec le Lion.
[Le Voyage de l'Or comme celui de l'Ours, des Cristaux, du Daim, de l'Aigle doré et de la Grenouille fait partie des] Voyages de Guérison. Ces voyages fournissent une occasion d'explorer des façons nouvelles de vous soigner et de soigner les autres. Beaucoup d'autres voyages des Méditations de l'Animal Pouvoir contribueront aussi à la guérison, parce que la guérison est une conséquence naturelle de la sagesse et de la connaissance.
Voyage des Cristaux
[Faites l'Alchimie du Chaudron...]
Thoth est là qui vous aide à revenir dans votre corps de façon à garder votre état de corps lumière... Inspirez par le creux de vos reins puis vers l'extérieur et le bas, dans la terre. Chaque expulsion de souffle vous emmène plus profond. Grâce à ce type de respiration, votre conscience passe par des types et des couches différents de minéraux et de terre à mesure que vous descendez de plus en plus profondément...
Avec l'expiration de votre cinquième souffle, vous atteignez une veine d'or... Continuez à respirer de cette façon, à mesure que vos expirations vous conduisent plus loin dans cette veine. Elle est très grande, et bientôt votre entière conscience est entourée par l'or... Tandis que vous respirez, vous pouvez sentir le métal de ce minéral jaune brillant. Vous êtes capable d'u distinguer votre propre corps par vos sens. Identifiez-le et réalisez que le sentiment de cet or est très différente du sentiment de la terre. Il donne la sensation d'un métal. Il vibre jaune. Il est dur. Il conduit l'électricité, si bien que vous pouvez sentir des courants inhabituels parcourir votre corps.
Inspirez la sensation de l'or jusqu'à ce que votre corps entier soit plein, en sorte que vous sentiez la même chose à l'intérieur qu'à l'extérieur. dans tout votre corps, remarquez les minuscules courants électriques dont cet or est conducteur.
Quand vous regardez l'or de près, vous êtes capable de le voir d'une façon nouvelle, dont vous étiez incapable auparavant. Il n'a plus l'air solide. Vous pouvez voir des structures métalliques, moléculaires. Quand vous observez ces composants basiques, vous pouvez voir qu'ils sont fait de multiples composants plus petits. Vous pouvez voir les courants d'énergie et les particules courant d'une partie de la structure à l'autre, à dessein plutôt qu'au hasard. Vous pouvez sentir ces messages électriques à l'intérieur de votre corps aussi bien qu'à l'extérieur, et vous prenez conscience de la communication intérieure d'une particule et structure avec l'autre.
Quand vous élargissez votre vision, l'or ressemble à une cité géante éclairée la nuit, avec de petites lumières allant à perte de vue, dans toutes les directions. Il y a une intelligence dominante et un dessein gouvernant toute cette énergie et ces lumières...
Quand vous respirez profondément, vous prenez conscience d'une substance d'or plus solide autour de vous et en vous. Il y a une sensation au plus profond de votre être avec laquelle vous vous êtes accoutumé, et vous êtes maintenant capable de parler avec l'esprit du minéral dans la demeure de laquelle vous êtes un hôte. Ecoutez maintenant la connaissance de l'or... [Longue pause]
Vous avez maintenant l'occasion de poser quelques questions de l'esprit de l'Or... [Longue pause]
Pensez à remercier cet esprit et faire une offrande d'énergie.
Pour retourner, faites cinq respirations profondes, inspirant par le creux de vos reins, et, avec chaque expiration, vous re-propulsant vers le haut, dans votre conscience humaine...
Prenez un moment pour partager cette expérience avec Thoth...
[Thoth vous touche le sommet du crâne et vous êtes de retour dans la conscience ordinaire, dans votre forme physique... ]
Mot-clef : Énergie."
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D'après Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) :
"L'or, qui fut souvent considéré comme le métal précieux par excellence de par le monde, au fil des siècles, dans toutes les civilisations, demeure toujours en analogie avec ce qu'il y a de plus beau, précieux, rare, dans notre mentalité contemporaine. Ainsi, avoir un cœur d'or est une des plus belles expressions populaires pour dire d'une personne qu'elle est généreuse, et l'Âge d'or est depuis toujours considéré comme une ère paradisiaque que l'homme a peut-être déjà connue, et dont de nombreux mythes disent qu'elle lui est promise. Richesses, trésor, fortune, c'est ce qu'évoque l'or dans la vie, mais aussi dans les rêves. Toutefois, l'or des rêves figure plutôt un trésor intérieur, les plus belles qualités humaines qu'un être détient, parfois sans même le soupçonner.
Mais il ne faut jamais oublier que l'or, métal précieux, suscite de nombreuses convoitises chez les hommes et, par là même, des rivalités, des conflits, des guerres. C'est peut-être pour cette raison que l'Âge d'or mythique semble être une ère où, paradoxalement, l'or n'existe plus, délivrant les hommes de toutes leurs ambitions et avidités..."
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D'après Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani,
L'or, le plus précieux et le plus pur des métaux, symbolise la perfection et la connaissance. Consacré au Soleil, l'or, qui « a l'éclat de la lumière » - il est en Inde « la lumière minérale » -, a un caractère royal et quasi divin :
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Symbolisme onirique :
Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),
Les mythes et les légendes ont fait un usage abondant de l'or. Certains récits, parmi les plus anciens, délivrent déjà des images que l'on verra surgir spontanément de l'inconscient contemporain. Plus près de nous, durant plusieurs siècles, les alchimistes ont poursuivi leur quête mystérieuse, présentée comme le secret de la transmutation des métaux vils en or. Leurs œuvres ont puissamment contribué à entretenir les rêves de l'or. Les ruées vers l'or de la conquête du Nouveau Monde laissent, elles, dans la mémoire, le mélange de rêves fous et de réalités sordides.
Qu'y a-t-il de commun entre ces fièvres, ces rêves de l'or et l'or des rêves ? Ce dernier est l'une des images les plus contrastées, les plus chargées d'ambivalence. L'or solaire, l'or royal, métal inaltérable, symbolise un sommet de perfection spirituelle. La rose d'or du rêve peut représenter, comme celle des alchimistes, un ferment d'accomplissement intérieur. Mais l'or, c'est aussi le signe de l'avidité, le désir de possession des richesses, garant de pouvoir temporel. La lumière d'or, dans l'imaginaire, peut être révélatrice d'une tendance excessive à la sublimation. L'or du rêve, bien souvent, dénonce la plus dérisoire des prisons : celle que constitue la disposition narcissique. Il peut encore, dans le rapport thérapeutique, traduire l'enlisement dans une relation transférentielle qui fige la problématique. Bien des scènes oniriques associeront aussi l'or et le feu purificateur.
Les légendes témoignent de ce que leurs inspirateurs avaient perçu la diversité des emprises de l'or sur l'esprit des hommes. Chacune des plus étonnantes productions du rêve éveillé a son lointain ancêtre dans la famille des grands mythes. Par sa fréquence d'apparition, soit 10% des scénarios, et par la variété des situations dans lesquelles il intervient, l'or du rêve offre au chercheur une matière qui semble apte à nourrir une réflexion inépuisable. Dans le cadre restreint d'un article, nous souhaitons traiter sommairement les aspects classiques du symbole pour réserver la meilleure attention à l'illustration et à l'exposition de thèmes moins évidents mais qui sont les plus actifs et les plus fréquents dans l'imaginaire des patients.
L'or, la cause est entendue, symbolise parfois la perfection, le couronnement de l'être accompli. L'éclat de ce métal demeure inaltérable en dépit de toutes les souillures, comme le Soi triomphant renaît toujours plus parfait des vicissitudes auxquelles il est soumis pas un environnement impur. L'obstination du chercheur lui permettra peut-être de découvrir, au fil des rêves, quelques cas où cette traduction de l'or puisse être retenue sans ambiguïté. Il faut le reconnaître, ces cas sont rares. Au point que l'on est amené à soupçonner qu'une telle interprétation relève davantage d'un déduction mentale que d'une réalité psychologique. Il semble bien, au terme d'une observation méthodique de nombreux scénarios, que l'or inaltérable, que l'or parfait, sont le plus souvent mis en scène par l'imaginaire pour révéler, par opposition, telle ou telle fausse valeur dont le patient est prêt à reconnaître le caractère erroné.
L'investigation conduit à retenir quatre situations dans lesquelles l'or joue l'un de ses rôles déterminants :
celle où le symbole propose le renoncement aux valeurs d'apparence, aux richesses, en faveur de l'authenticité d'être ;
celle où le métal doré dénonce l'emphase mise par le rêveur sur le réflexe de sublimation et l'invite à la confrontation aux réalités de la terre ;
celle dans laquelle l'or jette une imparable lumière sur la disposition narcissique qui enveloppe le patient dans ses rets paralysants ;
celle, enfin, qui expose le risque d'enlisement de la thérapie dans une relation transférentielle exacerbée.
Chaque fois qu'une image symbolique se prête, comme c'est le cas pour l'or, à des traductions multiples, une combinatoire subtile peut faire exister simultanément plusieurs sens, dans des proportions très variables. Le métal précieux n'échappe évidemment pas cette loi. Les hommes et les femmes offrent de très belles illustrations de chacune des situations décrites ci-dessus. Les rêveuses sont cependant beaucoup plus nombreuses à dévoiler une tendance à confondre leur intuition la plus pure avec leur disposition à se réfugier systématiquement dans la sublimation. Une compensation d'ordre esthétique alimente alors leurs rêves. de magnifiques séquences où coule un fleuve d'or, où ruisselle une lumière d'or, mêlent les images de transformation les plus positives à des visions dans lesquelles un or liquide, un or poisseux, enduit la peau de la patiente.
L'or du rêve appelle les mots figé, momie, statue, pétrifié. Une corrélation très nette s'établit avec tout ce qui exprime le gel d'une psychologie prisonnière de l'une ou de plusieurs de ces drogues de l'âme que tout le désir exacerbé de possession, le retour narcissique des énergies sur soi-même ou l'excessive tendance à la sublimation. La démarche analytique, dans la mesure où elle expose un piège d'une relation transférentielle hypnotisante, peut aussi provoquer, nous le montrerons, l'association de l'or et de la statue.
L'or dans lequel nous avons présenté les quatre axes d'interprétation principaux auxquels se prête l'or des rêves, sera respecté par la présentation de quatre séquences dont chacune illustre clairement l'un de ces axes.
Le renoncement aux richesses, aux valeurs d'apparence, à la possession avide, dans le cadre d'une restructuration de la psyché qui s'épanouit dans la simplicité et l'authenticité, ne peut être mieux exprimé que par des extraits de neuvième scénario de Véronique. La jeune fille est arrivée dans une vaste grotte dont la voûte est incrustée de pierres précieuses. Des barreaux métalliques scellés dans la paroi lui permettent le monter le long de la voûte : « Les barreaux deviennent progressivement en or... plus je monte, plus ils deviennent resplendissants... et j'arrive à la voûte... à la voûte des richesses... bon ! Mais il faut tout de même que je fasse attention, sur cette échelle, pour ne pas tomber... je commence à détacher les objets qui forment la voûte et à les mettre dans un sac... et puis, très vite, ce sac, ça m'énerve... enfin... je trouve ça idiot ! Alors je le laisse tomber... parce qu'en fait je ramasse quoi ? J'ai l'impression que ça ne sert à rien... Je me trouve maintenant dans un trou, une percée dans la couche qui fait plafond, dans toute la couche de pierreries, d'or et tout ça... et, en fait c'est une grande salle maintenant et je remarque que les parquets aussi sont en or et extrêmement glissants... Je m'amuse un moment à glisser, comme sur la glace et puis, tout à coup, je me casse la figure... enfin ! Je fais une belle chute, en glissade... et, en tombant, je heurte un mur et tout le plafond s'écroule... et alors, là, ce sont des pierres... de la pierre normale... qui tombent sur le parquet en or.. c'est un champ de ruines... et je me retrouve maçon et je rebâtis... je ne reconstruis pas comme avant... je me bâtis une maison avec une vitre qui fait presque tout un mur... et c'est au bord de la mer, sur une petite falaise en pente douce... y a beaucoup de vent et de soleil... et je vois un bateau apparaître au loin... et dedans il y a tous mes amis... tous les gens que j'aime bien mais aussi tous ceux que j'aimerai bien, que je connaîtrai, plus tard... et tous arrivent pour que l'on fasse la fête... »
Dans ce type de situation, l'or est presque toujours associé aux pierres précieuses. Ensemble, ils constituent le trésor inutile, symbole de la vanité des richesses et non le trésor du Soi, que représente en d'autres circonstances la multicoloration des pierres précieuses.
Parmi les très belles séquences produites par des rêveuses, généralement jeunes, dotées d'un potentiel imaginaire remarquable et d'un sens esthétique exigeant, un passage de la cinquième séance de Thérèse illustrera le deuxième axe de traduction que nous avons proposé. Cette séquence exprime particulièrement bien l'ambivalence d'un flot d'or qui féconde et dévaste, qui libère et colle à la peau, qui illumine et aveugle. Ici l'intuition créatrice s'est pervertie dans une attitude de sublimation systématique. Thérèse doit impérativement reprendre le chemin de la terre et accepter l'ombre - son ombre - pour retrouver l'équilibre.
Thérèse achève un très beau scénario, dont le début est cité dans l'article consacré à la terre-planète, sur la vision d'une fleur d'or au cœur de laquelle s'activent des abeilles qui lui apprennent à butiner : « ... je suis à l'échelle des abeilles. C'est un lieu très agréable car la fleur est très lumineuse, très douce. Et, un jour, la fleur se fatigue et penche vers la terre. Et tout tombe vers la terre... mais, au lieu de tomber en forme d'abeilles, elles tombent en gouttes d'or, en espèce de gouttes d'or et toutes ces gouttes forment un ruisseau, un fleuve d'or, qui court sur la terre et ce fleuve d'or commence à devenir de plus en plus gros et à entraîner des maisons et des gens sur son passage... les gens qui sont entraînés n'essaient pas de se débattre, ils sont bien et ils s'aperçoivent qu'on peut respirer dans ce liquide... et ce liquide devient lumière... ce n'est plus de l'eau, c'est une lumière qui baigne tous ces gens qui ont été entraînés par elle. Alors ils s'organisent, ils se refont un nouveau village, une nouvelle façon de vivre. Et on décide de planter des arbres, parce que je suis avec eux, pour avoir des zones d'ombre, parce que la lumière est trop forte et qu'il est important aussi de pouvoir avoir de l'ombre et du feuillage... et on a un nouveau village, organisé en corolle, avec des arbres, avec toute une partie feuillue et tout ce village est baigné de lumière... ».
Si le fleuve d'or de Thérèse se mue en lumière d'or, ce qui peut apparaître comme un signe de prédominance de l'intuition créatrice, la rivière d'or de Monique s'épaissit jusqu'à devenir « une sorte de pâte d'or dans laquelle je m'enlise », qui l'emporte vers un barrage filtrant, au-delà duquel, nageant dans une eau claire, la jeune fille retrouve la liberté de mouvement.
L'histoire de Peau d'Âne établit de la façon la plus directe la relation symbolique existant entre l'or et les excréments, relation décrite dès les premiers temps de la psychanalyse. Le père de la Princesse possède un âne dont le conte affirme que :
« Tel et si net le forma la nature,
Qu'il ne faisait jamais d'ordure
Mais bien beaux écus au soleil
Et louis de toute manière
Qu'on allait cueillir sur a blonde litière
Tous les matins à son réveil... »
Le roi développe une propension narcissique si totale qu'il ne peut être comparé qu'à lui-même et qu'il ne peut trouver objet de désir plus attirant que sa fille, c'est-à-dire son propre produit. La fable trouve une résonance indéniable dans un extrait du huitième scénario de Christian, jeune homme d'une beauté physique hors du commun et dont l'inversion narcissique des énergies s'oppose à toute projection positive sur une femme. Au fil d'un scénario extrêmement décousu, il est aisé de reconnaître les indices qui révèlent l'amalgame entre la disposition narcissique, la relation à l'image d'une mère castratrice et des tentations homosexuelles. Celles-ci sont la conséquence d'un processus de retournement de la libido qui revient vers la source, c'est-à-dire vers Christian lui-même : « ... je vois une Tour Eiffel, dont le sommet est une couronne. En fait, ça ressemble à une verge en érection... en haut, il y a une forme, moitié colombe, moitié femme voilée... elle se transforme en canard... puis en cygne... maintenant, c'est une momie d'homme, avec une couronne... il se masturbe... il est vraiment assez rebutant... il a une bague autour du sexe... Une flamme qui décrit des 8 dans l'air... Là, un chat qui grandit démesurément... il est devenu tellement énorme que c'est comme un éléphant... tout à coup, il s'est ouvert... comme un anus ou un sexe de femme... il en sort des tas de briques... des briques ou des lingots d'or... oui !... Ce sont des lingots d'or... un cercle noir, entouré de petites flammes... il y a un lingot d'or au milieu... un lingot d'or qui fait des pirouettes... on le voit dans toutes les positions possibles... il s'est pris dans une toile d'araignée... ça a beau être lourd un lingot d'or, il reste pris dans la toile d'araignée... »
Lorsqu'un sexe de femme, qui se transforme en anus, produit un lingot d'or, quand celui-là se prend dans une toile d'araignée, l'évidence du narcissisme et de l'angoisse de castration éclate au regard le moins averti.
Avant de présenter deux illustrations de l'aptitude de l'or à représenter aussi, dans la situation particulière créée par la démarche thérapeutique, le danger d'enlisement dans le transfert, nous ne pouvons éviter de renvoyer le lecteur à la légende du roi Midas. Ce monarque assoiffé de richesses, répondant à la proposition de Bacchus d'exaucer son vœu le plus cher, demande que tout ce qu'il touchera soit aussitôt transformé en or. Le pauvre homme se trouve exposé à mourir de faim puisque tous les aliments sur lesquels il porte la main sont aussitôt changés en métal. Bacchus, touché par son repentir, lui ordonne de remonter le fleuve Pactole pour se purifier. C'est ainsi que les gouttes d'eau qu'il reçoit sur le corps se transforment en paillettes d'or qui feront la réputation du fleuve. Deux rêves, entre lesquels nous n'avons pas pu nous résoudre à choisir, vont démontrer la réalité du piège transférentiel qui guette le patient dans sa relation au thérapeute. La huitième séance de Rose, longue de quarante minutes, commence par des mots convaincants : « Une statue !... Je vois une statue d'or, très belle... c'est un homme, comme un consul romain, avec un vêtement drapé... les reflets de l'or ajoutent encore une espèce de chaleur... on dirait que ce n'est pas tout à fait une statue, parce que, comme l'or brille, qu'il y a des reflets, on a presque l'impression qu'elle est un peu vivante... » Rose, au cours du scénario, imagine qu'elle revient chaque semaine revoir la statue d'or. En fait deux salles identiques abritent chacune une statue d'or. Dans la première la statue représente un homme, dans la deuxième il s'agit d'un Sphinx. Mais la rêveuse ne dispose d'aucun repère qui lui permette de choisir la pièce dans laquelle elle veut entrer et se trouve de ce fait face à l'une ou l'autre des deux statues d'or. « Quand j'arrivais dans la salle de l'homme, j'avais toujours la gorge serrée car je me demandais s'il allait m'approuver ou me désapprouver... un jour, je m'approchai de lui et j'osai le toucher : je fus surprise, c'était du métal froid. C'était si froid que cela m'a presque brûlée et j'ai reculé... » L'ensemble du scénario autorise à déduire que la statue d'or est une projection dans laquelle Rose mêle l'image de son père, une figuration de l'animus et la personne du thérapeute. A travers cette étonnante production de l'imaginaire, la rêveuse se donne à comprendre la nature transférentielle du regard qu'elle porte sur le praticien et qui agit comme un obstacle à la progression dans la cure. Lorsque les images se font aussi claires et insistantes, c'est toujours pour révéler un mécanisme psychologique auquel le rêve confère une tonalité paroxystique pour que la conscience ne puisse éviter de le prendre en charge.
On notera les paroles de Rose qui mettent en évidence l'une des caractéristiques du symbole : la chaleur de l'or n'est qu'une apparence trompeuse, l'or du rêve est un métal froid.
Florent, à la fin de son quarante-troisième scénario, va s'imposer des images qui l'obligeront à reconnaître qu'il s'est installé dans la cure comme dans un alibi qui le dispenserait de l'affrontement aux réalités. Pour lui, le thérapeute est devenu une figuration compensatrice de l'image d'un père méprisé. Le rêve s'achève par une séquence au sens imparable ! Un homme-chien, qu'il a identifié comme Anubis, ouvre au patient un chemin au cœur d'une montagne.
« On arrive dans une salle tout en or mais vide... l'homme-chien appose ses mains encore... un autre couloir se crée, plus large... et ainsi de suite, des salles de plus en plus grandes et des couloirs... et, à la fin, on marche dans un immense univers d'or... une énorme surface tout en or, avec beaucoup d'entrelacs, de sculptures compliquées, et là, l'éclat est beaucoup plus intense que tout l'or qu'on a déjà traversé... il y a plein d'entrées, de toutes les tailles, l'homme-chien me fait entrer par une entrée précise, où il y a deux gardiens vêtus d'or. Là, il se met en retrait et ferme la marche... le trajet dure longtemps... je le savais, mais je n'en vois pas le bout ! Que vont-ils donc me révéler ? Je ne sais pas ! On arrive dans une salle, innommable de splendeur... il y a là un homme vêtu d'or, sur un trône, avec un sceptre... les gardes me laissent... je m'agenouille, je baise la main de l'homme qui est là... il a la peau couverte de paillettes d'or... il m'invite à m'asseoir à sa droite. L'homme-chien est là, toujours calme, les bras croisés, contre le mur... des femmes arrivent, elles aussi couvertes de paillettes d'or... on me lave, me parfume, me coupe les cheveux... puis je suis aussi recouvert de pâte d'or... me voici aussi richement vêtu que le roi, à sa droite... l'homme-chien s'en va... je ne sais pas ce que je fais sur ce trône ! Tout ça est très lourd... c'est un peu vide !... Peut-être faut-il que j'attende ? Que je m'habitue ? Voilà, c'est fini. »
Au cours du scénario suivant, Florent retrouvera ce roi, complètement desséché, dans un vieux château auquel il mettra le feu. Ce rêve sera le dernier de la cure de Florent !
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L'or du rêve est un or lourd, un or froid, un or figé. Une matière lourde, froide et figée contamine aisément la psychologie qui l'abrite. L'or-lumière, l'or inaltérable, apparaîtra fugitivement dans des visions d'accomplissement du Soi. Alors, il sera promesse de lumière, approche de la perfection.
Bien plus souvent, le praticien qui reçoit l'or du rêve devra se référer à l'une des quatre situations dans lesquelles le symbole se fait acteur de la prise de conscience et qui correspond aux exemples que nous avons produits :
amorce d'un renoncement aux valeurs d'apparence ;
dénonciation de l'emphase placée sur la sublimation ;
révélation de la disposition narcissique ;
exposition de l'enlisement dans la relation transférentielle.
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Mythologie :
Le Glossaire théosophique (1ère édition G.R.S. MEAD, Londres, 1892) d'Helena Petrovna Blavatsky propose une entrée relative à l'or :
GULLWEIG (scandin.). Personnification du minerai "doré". Il est dit dans l'Edda que pendant l'âge d'or, lorsque le désir de l'or et de la richesse était encore inconnu de l'homme, "lorsque les dieux jouaient avec des disques d'or et qu'aucune passion ne troublait le ravissement de la simple existence", toute la terre était heureuse. Mais à peine Gullweig (minerai d'or), l'enchanteresse charmeuse, vint-elle, celle qui, jetée trois fois dans le feu en sortit chaque fois plus belle qu'avant, celle qui remplit les âmes des dieux et des hommes d'un désir impossible à apaiser", que tout fut changé. C'est à ce moment que les Nornes, Passé, Présent et Avenir, vinrent à l'existence, et la paix bénie du rêve d'enfance disparut et le péché survint avec toutes ses fâcheuses conséquences. (Asgard and the Gods).
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Selon Louis Deroy, auteur de "Jeux de mots, causes de légendes" (paru in Revista Letras. 11. 10.5380/rel.v11i0.19907, nov. 2010), certains mythes seraient issus de jeux de mots, volontaires ou non :
Quand, dans la légende des Argonautes, Jason et ses compagnons se donnent ou se voient imposer comme mission de conquérir la "toison d'or", on a le droit, sans fausse naïveté, de trouver surprenante et même saugrenue l'idée d'introduire cette toison au centre même du récit. Il s'agissait, expliquent les mythographes, de la toison du bélier qui servit de monture à Phrixos lors de son arrivée en Colchide. C'est une jolie façon de rattacher la légende de Jason à celle de Phrixos. Mais, à mon avis, le raccord est artificiel et secondaire. Il ne suffit pas à justifier le choix de la toison comme objectif suprême du voyage de Jason.
Me ralliant partiellement à des thèses déjà formulées, je pense que dans la légende poétisée des Argonautes survit le lointain souvenir des expéditions maritimes menées, dès le début du deuxième millénaire avant notre ère, par les marins égéens, notamment par ceux de la Crète minoenne, pour aller chercher en Colchide, c'est-à-dire au pays des Hourrites caucasiens, les lingots de bronze que cette région était alors seule à produire grâce à la richesse de ses mines et à l'art de ses fondeurs. Mais le caractère commercial et utilitaire de ces navigations n'était guère compatible avec la poésie et l'imagination fertile des conteurs de légendes. Il va nous suffire de déceler un jeu de mots, '^volontaire cette fois, pour découvrir comment on a glissé du réel dans le merveilleux, avec la même propension qui a poussé des conteurs français presque modernes à prêter à Cendrillon des chaussures de verre au lieu de ses pantoufles de vair.
Il faut bien dire d'abord que l'épithète "d'or" de la toison colchidienne est secondaire et n'a pas, pour nous, d'importance. Dans la vieille poésie grecque, toutes sortes d'objets et même d'animaux, qui avaient un caractère divin ou merveilleux, sont ainsi réputés "d'or", sans qu'il faille songer à la présence effective de ce métal. Hérodote d'ailleurs néglige l'épithète quand, dans un passage de ses Enquêtes (VII, 193), il fait allusion au voyage des Argonautes : " lorsqu'ils naviguèrent en quête de la toison vers Aia de Colchide". Quant à la toison elle-même, je pense que le nom qui la désigne traditionnellement, nous fournit la clef du Problème qui nous occupe. A côté de [mot en grec] en effet, on trouve, en grec, quelques termes fort semblables de forme et cependant tout différents de sens [idem], puis par contraction [id.] "trou, Creux, cavité, terrier, caverne" (c'était le nom propre d'une vieille Prison souterraine à Corinthe, et [id.] "'les faces creuses ou concaves de l'osselet". Ce sont, dans l'usage classique, des termes plutôt archaïques et l'on peut croire qu'ils ont été plus répandus à l'époque préclassique, comme le suggère notamment emploi dans la toponymie corinthienne. Cela étant dit, on imagine Sans peine que, dans sa version originelle, la légende des Argonautes employait une expression signifiant "en quête des mines" (ou quelque chose de semblable, soit en grec, soit en Préhellénique), mais qu'ultérieurement les conteurs de légendes, suivant peut-être en cela leur auditoire mal renseigné sur la métallurgie colchidienne primitive, se mirent à comprendre "en quête de la toison'' ou même d'abord "en quête des toisons". Le glissement sur un mot ouvrait la porte à l'inattendu et au merveilleux : c'était trop beau pour que les poètes n'en fissent pas leur profit.
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Selon Aurore Petrilli auteur d'un article intitulé "Le trésor du dragon : pomme ou mouton ?" (paru In: Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, numéro 16, 2013. pp. 133-154) :
L’or : L’or a toujours été un métal recherché et il a, très tôt, revêtu une forte symbolique, quelle que soit la civilisation qui en faisait usage. L’Antiquité grecque ne déroge pas à cette règle et les Anciens estimaient beaucoup ce métal. L’or, c’est le soleil. Comme le dit Dacosta, c’est la « lumière solaire matérialisée » (Dacosta, 1991, p. 99 ; Diel, 1966, p. 172). L’énergie de l’or est colossale. Sa fonction symbolique, outre celle de conférer de manière évidente un caractère précieux à un objet donné (même très courant), est double. Cette double expression figurée est équitablement partagée entre les deux mythes.
Le premier thème est celui de l’immortalité qui s’exprime en premier lieu dans l’épisode des pommes des Hespérides. En effet, l’or est une matière réputée imputrescible, inaltérable et presque indestructible. Cette inoxydabilité lui confère d’emblée une sorte de pureté qui l’associe au divin ( Fontana, 1995, p. 66). En revêtant les fruits de cette matière on les rend imputrescibles, éternels. Ils le sont d’autant plus s’ils sont entièrement faits d’or. Leur vol doit donc, par une action sympathique, conférer à Héraklès leur immortalité. Celle-ci ne pourra pourtant pas être effective tant que le héros ne se sera pas consumé sur le bûcher de l’Œta.
Le second thème est celui du pouvoir et de la royauté (Jourdain Annequin, 1989, p. 23) qui s’exprime surtout dans l’épisode de la Toison d’or. Ici, l’or de la Toison doit légitimer l’accession au trône de Jason. Ces deux thèmes sont toutefois assez proches, parfois même associés. La Toison d’or représente également un gage de prospérité pour qui la détient. Il est compréhensible qu’Aiétès ait quelques réticences à s’en défaire. Enfin, elle peut aussi symboliser une certaine immortalité à travers la conservation et les honneurs rendus à la dépouille de l’animal. Pour finir sur le pouvoir de l’or dans l’Antiquité, ajoutons simplement qu’il existe une plante, nommée Polygonum Idaeum ou Persicaire de l’Ida, qui aurait la capacité d’aurifier les dents des moutons qui la broutent. Cette plante aux feuilles duveteuses et aux fleurs d’un rose très pâle est connue depuis l’Antiquité, notamment par les bergers qui remarquèrent cette étonnante vertu. Jamais utilisée en cuisine, elle servait en revanche beaucoup en médecine, notamment contre les maux de dents (Psilakis, 1990, p. 21). Le pas est vite franchi qui relie la coloration des dents des moutons à une action magico-médicinale contre les douleurs dentaires et confirme un peu plus l’action bénéfique et protectrice de l’or.
Mais ce métal a aussi son côté sombre et sa symbolique est à double tranchant. À la pureté et à la luminosité, il oppose une forme de bassesse. La cupidité est le mal qui guette tous ceux qui se frottent à lui. Midas en est le parangon ! Diel évoque notamment cette impureté de l’or en tant que matière servant à frapper monnaie (Diel, 1966, p. 171-173).
[...]
Finalement, que l’on parle de pommes ou de moutons revient au même dans ce cadre mythique, car ils revêtent la même signification symbolique. Les pommes d’or doivent réparer les imperfections d’Héraklès, héros maudit par Héra. La Toison d’or doit, quant à elle, doit rendre visible la légitimité et la pureté de Jason. Ces deux objets revêtus d’or servent donc à la sublimation des héros qui les recherchent. La paronymie caractérisant les deux termes, pomme et mouton, ne fait qu’ouvrir une brèche supplémentaire qui facilite l’assimilation d’un mythe à l’autre. Les Anciens eux-mêmes y ont été sensibles, que ce soit Diodore et son incapacité à trancher entre deux versions, que soit Macrobe et son inventaire des différentes acceptions du terme pomme ou que ce soient les artistes et leur difficulté à représenter certains objets de manière intelligible. Il n’y a, en définitive, que l’or qui puisse donner une signification irréfutable à ces objets si familiers.
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Littérature :
Selon Pierre Magnan, auteur de Chronique d'un château hanté (Éditions Denoël, 2008) :
"- Mais enfin, notre maître, lui avait dit Clairance, tandis qu'il la besognait, cette pierre dont vous dites tant de bien, n'est-elle pas d'abord destinée à faire de l'or ?
Elle avait lu le livre de Flamel et l'avait interprété tout de travers.
- Que si fait, ma mie, mais savez-vous d'abord ce que c'est que l'or ? D'après Platon, il s'agit de la métamorphose d'un liquide filtrant à travers les pierres, dont il serait possible de l'extraire par cuissons répétées.
- A la bonne heure ! dit Clairance en se soustrayant aux tentatives de son époux. Faisons cuire ! Faisons cuire !
Elle le secondait dans cette chaufferie infernale pour parvenir au grand œuvre mais, y échouant, elle le traitait d'homme à béquilles dix fois le jour et néanmoins elle s'obstinait. Elle était hagarde à force de concentration. Son âme huchait littéralement hors de son corps pour tenter de se transcender en or par le truchement de cet étrange fourneau. Clairance ne voyait dans l'alchimie que le moyen de se procurer un peu de ce doux métal qui trouble tant de têtes. Oh, elle n'en attendait pas beaucoup. Une pincée lui eût suffit."
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