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Le Koudou

Dernière mise à jour : 14 mars



Étymologie :


  • de l'isiXhosa iqudu, par l'Afrikaans koedoe.

  • de Koudou, un peuple d'Afrique centrale.

Autres noms : Tragelaphus strepsiceros ; Grand koudou ;

Tragelaphus imberbis ; Petit koudou ;

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Zoologie :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :


Les fermiers du Transvaal élèvent une sorte d'antilope, le koudou, dont la nourriture ordinaire est le feuillage des acacias, arbre typique des savanes africaines. [...]

Ceux-ci [les koudous] vivent également de ces arbres et ont fourni d'étonnantes informations recoupant celles qui concernent la prédation par les insectes. En 1981, les fermiers du Transvaal trouvent des koudous morts de faim ; à côté d'eux, des acacias pourtant encore verts, mais que les koudous ont visiblement refusé de brouter. Deux années plus tard, le professeur Van Hoven (W. Van Hoven, Custos, 1984, 13(5), 11-16), de l'Université de Pretoria, prend les choses en main. Il soumet les koudous à une autopsie et découvre dans leur estomac de grosses quantités de feuilles non digérées. A l'analyse, ces feuilles manifestent à nouveau de très fortes teneurs en tanins. Un an plus tard, les études se poursuivent avec le renfort de chercheurs de l'Institut de Recherche agronomique. Il va falloir maintenant tenter de comprendre ce qui se passe réellement, alors que les travaux qu'on vent de citer n'ont pas encore été publiés.

Un groupe d'étudiants est amené à proximité des acacias et, pour simuler une forte prédation, les soumet à une sévère correction en les frappant à coups de fouet, de ceinture, de bâton, etc. Les feuilles, naturellement, sont déchiquetées et les malheureux acacias, qui ne font pas la différence, se croient sans doute brutalement assaillis par une horde de koudous. Or, en analysant à intervalles réguliers les feuilles des acacias battu, on s'aperçoit qu'un quart d'heure après l'attaque, les arbres augmentent dans des proportions considérables la teneur en tanins de leurs feuilles, laquelle, au bout de deux heures, atteint jusqu'à deux fois et demie la quantité initiale. Du coup, elles sont devenues parfaitement indigestes et incomestibles. Quand les coups cessent de pleuvoir sur l'acacia, le taux de tanins revient peu à peu à la normale, qu'il atteint au bout de cent heures.

Les chercheurs sud-africains ont alors l'idée d'épargner certains arbres dans leur campagne de flagellation. Puis ils analysent les feuilles de ces arbres épargnés. Surprise ! S'il est de la même espèce, un arbre situé à moins de trois mètres d'un autre que l'on a frappé va augmenter lu aussi la production de tanins dans ses feuilles. Il faut donc qu'un message ait été communiqué des arbres attaqués aux autres. Ce message ne peut raisonnablement être qu'une substance volatile dégagée par les feuilles blessées.

Les koudous devaient fuir ces arbres blessés ainsi que leurs congénères voisins, dûment « informés » du risque qu'ils encouraient et eux-mêmes protégés par une importante sécrétion de tanins. Mais l'hiver austral avait été particulièrement sec cette année-là au Transvaal, les arbres avaient perdu leurs feuilles, la végétation restait maigre, et beaucoup de koudous n'avaient pu, en raison des grillages séparant les propriétés, partir à la recherche d'acacias lointains qui n'auraient pas reçu l'information et la mise en garde de leurs congénères. Car il y a, pour les koudous, nécessité de brouter par-ci ou par-là... sous peine de mort ! [...]

D'autres arbres réagissent de la même manière, qu'il s'agisse du chêne argenté ou du koari, par exemple. Mais l'acacia, lui, riposte très vite : la proportion de tanins dans ses feuilles double dans les 15 minutes qui suivent le premier coup de bâton. Ceci explique a posteriori pourquoi les koudous, dans la savane arborée, ne broutent jamais longtemps les feuilles du même arbre ou du même buisson. Désormais, la réponse est claire : c'est l'arbre qui ne le permet pas. [...]

Dans cette histoire, il convient aussi de lire les effets d'une grave perturbation d'un écosystème par l'homme. En grillageant les propriétés et en prenant le risque d'un surpâturage au cours d'un hiver où l'herbe et les feuilles étaient rares, on obligeait les koudous à avaler autant d'herbe et de feuilles que de terre, ce que démontra leur autopsie. En les emprisonnant, on les condamnait à mort. Dans des espaces plus larges, comme il sied aux bêtes des savanes, les koudous auraient pu se nourrir d'acacias situés plus loin, donc non encore prévenus par leurs congénères. La régulation de la prédation s'est visiblement mal passée : les arbres surpâturés se sont « mis en colère », les koudous n'ont pas pu les fuir pour trouver des congénères plus calmes et plus digestes, moyennant quoi ils sont morts...

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Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) revient sur ce que d'aucuns considèrent comme une fable :


Les « communications » inter-plantes

Une histoire semblable à une fable est relayée depuis plusieurs années pour illsutrer les capacités des végétaux de communiquer entre eux. Elle se situe en Afrique du Sud durant les années 1980 dans la province du Transvaal, et met en scène des acacias aux prises avec une antilope de l'espèce grand Koudou (Tragelaphus strepsiceros).

Tout commence lorsque plusieurs corps de koudous sont retrouvés morts de façon mystérieuse dans un élevage au pied de plusieurs acacias. Le zoologiste sud-africain Wouter Van Hoven est amené à étudier cette surprenante mortalité qui n'est pas liée à des prédateurs. Après autopsie, il constate une concentration élevée de feuilles d'acacia dans l'estomac des koudous. En 1984, il publie ses conclusions, qui vont beaucoup faire parler d'elles par la suite. Selon lui, lorsqu'il est attaqué par des herbivores, l'acacia active ses défenses en quelques minutes en augmentant fortement son taux de tanin. Son objectif : devenir toxique. Mais dans cette histoire, il ne s'arrête pas là. Une fois grignotée par l'herbivore, la feuille d'acacia libérerait un gaz - l'éthylène - qui rayonne sur plusieurs mètres. De telle manière que l'arbre parvient à communiquer le danger à son voisinage grâce à l'émission de ce composé organique volatil (COV) qui est intercepté et compris par les arbres alentour.

Ce serait donc en vertu de cette communication inter-plantes que les koudous, et autres mammifères herbivores comme les girafes, s'interrompent de grignoter un même acacia au bout de quelques minutes, même s'il reste encore de nombreuses feuilles, et repartent en grignoter un autre, non pas dans le proche périmètre mais à une distance assez éloignée.

Le botaniste Adrien Delattre revient sur cette histoire dans un texte récent avec la volonté d'en établir la prt de réalité scientifique. Un point en particulier des travaux du scientifique sud-africain est remis en question, le rôle de l'éthylène comme signal chimique d'alarme : « Bien que Van Hoven défende la thèse d'une communication par l'éthylène entre les acacias, il semble avoir désigné l'éthylène comme signal chimique par défaut, faute de pouvoir identifier les autres substances volatiles présentes dans ces échantillons. » (Adrien Delattre, « Le koudou et l'acacia : histoire et analyse critique d'une anecdote » Tela Botanica, 21 mars 2019). Plus globalement, ce botaniste questionne le phénomène de communication inter-arbres par les composés volatils, ou plutôt le terme qui est employé pour l'exprimer : « communication ». Une notion mal adaptée pour les plantes, car elle suppose qu'il y aurait une action réfléchie. Selon l'auteur, il faudrait plutôt employer la notion de « signalisation aérienne » et reprendre la définition qu'ne proposait dès 2008 le biologiste Richard Karban, de l'université de Californie, spécialiste des interactions entre les plantes et les animaux : « Celle-ci implique une émission plastique et conditionnelle du signal en fonction de stimuli environnementaux, associée à une réponse rapide de la plante réceptrice aujourd'hui les preuves semblent s'accumuler en faveur d'une signalisation aérienne répondant à une telle définition. » (Richard Karban, « Plant Behaviour and Communication », Ecology Letters, 8 avril 2008.)

Nombreuses sont les recherches qui vont dans le sens de cette définition de la signalisation aérienne. D'autres, comme celles conduites par Patrick Achard de l'Institut de biologie moléculaire des plantes, se sont intéressées au système de « communication » moléculaire à longue distance, au sein d'un même végétal, afin de lui assurer une croissance coordonée des organes. Il est ainsi parvenu à mettre en évidence en 2015 un nouvel agent de communication chez les plantes, très actif depuis les racines jusqu'aux parties aériennes : la gibbérelline GA12.

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Symbolisme :

Le Grand Koudou est l'emblème du Zimbabwe.

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