Étymologie :
MOUETTE, subst. fém.
Étymol. et Hist. Fin xiiie-début xive s. moette (J. Lescurel, Chansons, éd. A. de Montaiglon, XXXIII ds IGLF) ; 1422 mouete (A. Chartier, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 34, 1. 25). Dimin. de l'agn. mave, mauve, v. mauve ; suff. -et, -ette*.
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Zoologie :
Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :
"Quand, lors d'une promenade sur une plage, nous recevons une fiente d'oiseau (généralement sur la têt), peu importe alors l'auteur du délit : le triste résultat est là et même s'il s'agit de la mouette rieuse ça ne nous fera pas rire du tout. A moins que ça soit un goéland. Quoi qu'il en soit, ces oiseaux qui se ressemblent car ils sont de la même famille, celle des Laridés, sont de véritables calamités. et comme il semble prouvé en plus que leurs excréments sont radioactifs, il y a du souci à se faire.
Description : La fiente de mouette est un mélange bariolé d'excréments sombres et d'acide urique (trainées blanches). toute fraîche, elle est liquide. Elle devient poudreuse en séchant, et laisse des taches indélébiles.
Maudite soit la crotte : Les mouettes n'ont pas peur de nous, et, comme les souris et les rats, elles raffolent du contenu de nos poubelles. D'où leur mauvaise réputation.
Elles se régalent de nos déchets qu'elles défèquent ensuite tranquillement dans nos piscines et réserves d'eau potable. Nous savons désormais, tests ADN à l'appui, que les excréments de mouettes sont porteurs des bactéries chlamydia et salmonella, responsables d'infections sévères et on se demande aussi si d'autres maladies infectieuses comme la grippe aviaire ne seraient pas dues aux virus transportés par ces oiseaux. Mais il faut rester prudent car rien n'est prouvé.
A Sellafield dans le nord-ouest de l'Angleterre il y a une centrale nucléaire hautement radioactive si l'on en croit justement les excréments de mouettes. C'est pourquoi les ouvriers de la région, surtout depuis la catastrophe de Tchernobyl, sont obligés de porter des vêtements protecteurs. Ces taux élevés de radioactivité ne sont pas seulement dangereux pour les oiseaux ; des écosystèmes peuvent aussi être touchés, voire détruits, à cause des habitudes migratoires des mouettes.
La fiente ou la vie : En 2006, une mouette qui avait eu l'audace de faire ses besoins dans les assiettes lors d'une grande réception en plein air fut exécutée à coups de fusil comme un vulgaire pigeon."
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Croyances populaires :
Selon Paul Sébillot, auteur de Le Folklore des pêcheurs (1901) :
Si l’on entend les mauves (mouettes) crier : " Caré ! Garé ! Caré ! on peut caretter les lignes, c’est-à-dire les replier, car on ne prendra pas grand’chose. On assure qu’elles viennent chanter auprès des bateaux, et qu’elles disent :
Je suis venue près de vous.
Pour vous annoncer une nouvelle ;
Posez, virez, tournez votre chique de bord.
Je vous donne deux minutes,
Et après les deux minutes écoulées :
Carettez vos lignes, matelots.
Vous ne prendrez pas de maquereau.
Mais si les mouettes en bandes nombreuses plongent dans l’eau, c’est signe que la mer enferme du poisson. Sur les côtes d’Espagne la venue de ces oiseaux annonce ’abondance de la sardine : ''Nai gaibotos ventan sardina''. Lorsque viennent les mouettes, la sardine arrive aussi.
Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :
En 1939, à Villeneuve, un vieux pêcheur racontait à un médecin que les Mouettes du Léman ne pondent pas d'œufs, mais donnent naissance à des petits vivants. Le Dr ne paraissant pas très convaincu il lui dit avec un accent de grande autorité : « Nous connaissons notre lac mieux que personne et la preuve c'est qu'on ne trouve jamais de nids de Mouettes ».
Un habitant de Montreux prétendait récemment que les Mouettes nichent en montagne et disait « avoir vu » des nids.
Les Mouettes ne nichent pas sur le Léman, elles s'en vont sur les bords de la mer du Nord, en mars, mais il en reste quelques centaines qui ne se reproduisent pas, ainsi a pris naissance la croyance que les Mouettes, sont vivipares.
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Symbolisme :
Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; éd. revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gherbrant, on apprend que :
"Selon un mythe des Indiens Lilloet, de Colombie britannique, rapporté par Frazer, la mouette était primitivement propriétaire de la lumière du jour, qu'elle conservait jalousement dans une boîte, pour son seul usage personnel. Le Corbeau, dont on connaît les qualités de démiurge dans les cultures du Nord-Ouest, réussit à rompre cette boîte, par ruse, au bénéfice de l'humanité. Le même mythe explique ensuite comment le Corbeau organise une expédition au pays des poissons, à bord de la barque de la mouette (barque de lumière) pour conquérir le feu."
Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), la Mouette et le Goéland ont les caractéristiques suivantes :
Points clés : Comportement responsable et communication
Cycle de puissance : Toute l'année.
Les mouettes et les goélands (la famille des laridés) sont des oiseaux merveilleux. Beaucoup de monde, notamment dans les régions côtières, a tendance à les considérer comme des fléaux. Mais au sein de leurs communautés, à l'écart de tout contact humain, leur comportement est très différent.
Les mouettes et goélands sont des oiseaux de rivage et, en réalité, ils s'aventurent rarement loin de la terre. Les rivages sont des lieux de grand mystère et de magie. C'est un endroit qui n'est ni la terre, ni la mer ; il est entre les deux. Il s'agit d'un de ces lieux associés au contact avec le monde des fées. De ce fait, ces oiseaux peuvent vous apprendre à communiquer avec ce monde féerique - et en particulier avec les esprits des eaux.
Cette idée est encore renforcée par le fait que les membres de la famille des larinés sont associés tant avec l'élément eau qu'avec l'élément air. Ce sont des oiseaux qui combinent donc l'art du vol et celui de la nage. Dans l'eau, ils flottent sans problème. A dire vari, ils savent parfaitement évoluer dans les deux royaumes et connaissent les comportements appropriés à chacun d'eux. Cela reflète pour nous la capacité à savoir comment se comporter et agir dans d'autres dimensions que celles qui est normale pour nous.
L'apparition d'une mouette ou d'un goéland induit des aptitudes à adopter un comportement correct, une politesse idoine et une communication adaptée. Cela peut indiquer que vous avez besoin d'apprendre à agir ainsi ou d'être l'enseignant qui transmettra ces leçons. Cela peut aussi suggérer le besoin d'apprendre de nouvelles subtilités en matière de communication.
Les larinés ont développé un code comportemental complexe. Ils ont ainsi mis au point un ensemble de signaux pour toutes leurs activités rituelles. Ils utilisent une combinaison de cris et de postures. De ce fait, ils peuvent vous apprendre à déchiffrer plus efficacement les individus, mais aussi à assimiler les subtilités de communication évoquées plus haut - c'est-à-dire ce qui n'est pas expressément exprimé. Ils peuvent ainsi vous aider à lire entre les lignes et à comprendre le langage corporel des tiers. Ces oiseaux détiennent la connaissance des techniques de la communication psychologique.
Les mouettes contribuent aussi à la propreté des plages et des rivages. Ce sont des oiseaux écologiques. Leur manifestation en tant que totems peut attirer l'attention sur des occasions de travailler dans le domaine de l'écologie en général ou de nettoyer les "rivages" de votre propre vie.
Les petits de ces oiseaux se montrent difficiles en matière d'alimentation. Il faut les stimuler pour qu'ils mangent, et la couleur rouge jour précisément le rôle de stimulus alimentaire. La mère a une tache rouge sur le bec. Ses oisillons savent que c'est en piquant cette tache qu'ils vont recevoir à manger. Cette procédure décline bien des leçons subtiles. Par exemple, elle nous oriente vers des comportements alimentaires corrects, mais elle nous incite aussi à adopter un bon régime (physique ou autre)... La liste est longue. Méditer sur cette question vous procurera quantité d'informations formidables sur vos comportements, vos schémas de vie et vos stimuli.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Tuer une mouette porte malheur car comme la plupart des oiseaux de mer, elle abrite l'âme d'un marin. Sur les côtes truques, les mouettes grises qui rasent les flots sans jamais se poser sont considérées comme les âmes en peine de capitaines de navire ayant été cruels avec leurs matelots, et que Dieu « a condamnées à errer ainsi jusqu'à la fin du monde ». On croit également qu'elles sont « propriétaires de la lumière du jour » : leur faire du mal c'est risquer de devenir aveugle. Très serviable, la mouette frapppe à la fenêtre d'une maison pour avertir qu'un memebre de la famille qui est en mer se trouve en danger. A Saint-Malo, lorsque des mouettes se perchaient sur le phare du jardin à l'entrée de la rade, on en concluait qu'un bateau avait péri avec son équipage : autant de mouettes, autant d'hommes noyés.
Si elles crient « Caré ! caré ! », les pêcherus, convaincus qu'ils ne dferont pas une bonnne pêche, préfrent rentrer pau port. Lorsque trois mouettes volent ensemble, elles annoncent la mort d'un individu. En Inde, celle qui se pose sur le toit d'une habitation porte malheur.
Selon une croyance américaine, si, pour la première fois au printemps, on entend une mouette derrière soi, cela signifie la fin de ses ennuis mais si c'est devant soi, ils ne font que commencer.
Dans beaucoup de cabarets de Knocke (Flandre), « on suspend au plafond par un fil des mouettes empaillées. La direction du bec indique le vent qu'il fera le lendemain ».
Une tempête en mer est assurée lorsqu'elles crient ou se réfugient à l'intérieur des terres. Si elles picorent des vers de terre, il va pleuvoir et si elles battent des ailes au-dessus des maisons, le vent va se lever. Selon les Corses, « si elles planent au-dessus des villages, elles annoncent la neige dans les deux jours ». En réalité, ces observations longtemps rangées dan le domaine des croyances populaires trouvent aujourd'hui une confirmation scientifique : des spécialistes ont en effet établi que les mouettes, très sensibles aux « vibrations particulières engendrées par des ondes de basse fréquence et inaudibles pour l'oreille humaine », sont capables de pressentir un changement de temps « presque vingt-quatre heures à l'avance ».
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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des oiseaux de la troisième dimension :
Nous voulons que vous compreniez qu'un aigle
n'est pas meilleur qu'un moineau. Pas plus qu'un colibri n'est
meilleur qu'un corbeau. Ils vibrent simplement à des fréquences
différentes et ont des leçons uniques à vous enseigner. Nous
avons choisi les leçons que nous voulons vous transmettre et la
manière dont nous allons vous les présenter, un peu comme un
conférencier choisit le sujet qu'il veut enseigner et la façon dont
il veut l'enseigner. Vous êtes unique et spécial, quelle que
soit la fréquence à laquelle vous vibrez.
Tous les oiseaux de la troisième dimension appartiennent à une groupe d'âmes et nous enseignent des leçons à les démontrant dans leurs propres vies. Ils viennent de Sirius ou sont descendus sur Terre en passant par cette planète.
Les mouettes sont bruyantes et querelleuses. Elles intimident les petits oiseaux et parfois même les humains. Elles volent la nourriture ou profitent de toutes les occasions pour s'emparer de ce qui est à leur portée. En cela, elles reproduisent les comportements humains les plus bas. Mais, quand elles s'élèvent et volent ou planent harmonieusement dans les airs au-dessus de nous, elles nous montrent qu'il est possible de s'élever au-dessus de son propre ego. Elles nous rappellent que nous devons nous lier à notre moi supérieur et agir avec les meilleures intentions.
VISUALISATION POUR TIRER DES ENSEIGNEMENTS DES OISEAUX DE TROISIÈME DIMENSION
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Fermez les yeux et détendez-vous.
Pensez à un oiseau et appelez-le, mais vous pouvez aussi laisser n'importe quel oiseau apparaître dans votre esprit.
Dites mentalement à l'oiseau que vous êtes prêt à écouter ses enseignements et demandez une communication ou une démonstration.
L'oiseau peut chanter pour vous, auquel cas relaxez-vous et laissez le message pénétrer dans votre cœur.
Si l'oiseau vous montre une photo, demandez-vous quel est le message.
L'oiseau peut communiquer avec vous par télépathie, alors restez ouvert pour apprendre.
Remerciez l'oiseau et cherchez-en un de ce type dans votre vie, dans un livre ou à la télévision.
Si vous en voyez un, sachez que cela vient confirmer qu'il vous apporte un message important.
Alternativement, vous pouvez sortir dans votre jardin, un parc ou la campagne et observer quels oiseaux se présentent à vous.
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Don José Ruiz, dans un ouvrage intitulé Animaux de pouvoir chamaniques selon la tradition toltèque (Hierophant Publishing, 2021 ; Guy Trédaniel Éditeur, 2022) nous donne sa version du symbolisme de la Mouette :
Animaux apparentés : Albatros ; Cormoran ; Fou de Bassan ; Sterne ; Martin-pêcheur ; Pélican ; Mergini ; Bec-en-ciseaux ; Hirondelle de mer.
Éléments : Air, Eau et Terre.
[Mots-clefs] : Curieuse et débrouillarde ; Souple ; Déterminée.
Ce dont il faut se souvenir dans la rencontre avec une mouette : Vous rappelez-vous la première fois où vous avez vu l'océan ? Peut-être avez-vous grandi pas loin, auquel cas ce souvenir remonte à quand vous étiez si jeune qu'il semble faire partie de votre conscience même. Sinon, cette rencontre a probablement touché votre âme et ouvert votre cœur. La vaste étendue d'eau et le ciel, le doux mouvement ou le déferlement des vagues, l'horizon lointain et illimité : voir la mer peut nous couper le souffle. Toute vie est issue de la mer, et je crois que parfois nous pouvons ressentir son attraction au niveau cellulaire.
Les oiseaux de mer ont une place spéciale dans la vie de l'océan - plongeant dans l'eau, s'enfonçant dans le sable de la rive, planant sur le vent et ne s'éloignant jamais de l'océan.
Les mouettes sont les symboles vivants de la vie de la côte. Leur cri perçant caractéristique nous évoque immédiatement la mer. Pour certains personnes, elles peuvent être des nuisances ; tout comme les ratons laveurs et autres animaux inventifs, les mouettes vont manger absolument n'importe quoi et elles se sont parfaitement adaptées à vivre auprès des humains. Etant des créatures sociales, elles se rassemblent avec bruit en grand nombre, sans aucune considération pour les convenances des hommes. Elles vont mettre en pièce le panier de pique-nique des badauds de la plage, et même leur voler des mains leur repas ! Les mouettes ne font pas de détail quand il s'agit de nourriture, et cela fait partie de leur sagesse animale. Elles ne s'attachent pas à une seule sorte d'aliment, ni même à une façon précise de l'obtenir. C'est, par exemple, le seul animal qui va laisser tomber de haut coques et moules sur une surface dure pour les ouvrir. Ingénieuse, créative et intelligente, on peut apprendre beaucoup de la mouette.
Les mouettes ont ce que l'on peut appeler un éventail d'options possibles en matière de nourriture, nids et endroits où flâner. Elles se sentent tout autant à l'aise à se balancer sur les vagues, à farfouiller sur la terre ferme, ou à s'élever et voler au-dessus de tout ça. Elles gardent ouvertes toutes les options et leur inventivité est impressionnante. Des tas de messages dans le monde nous disent qu'il y a une « bonne » façon de faire les choses, et nous dictent comment éduquer, comment mener notre vie, où nous devons vivre, quelles choses nous devons acheter... et la liste est longue.
Il y a tant de façons d'être un parent, un artiste, un étudiant, un partenaire, un travailleur. Vous devez choisir ce qui est bon pour vous, et la mouette peut vous rappeler que vous avez seulement gratté en surface les options qui vous sont disponibles. Grâce aux leçons essentielles de détermination et de débrouillardise, tant de choses sont possibles à travers une grande variété de tactiques. Dès que vous êtes confronté à une situation où vous avez besoin d'essayer davantage d'options, continuez à aller de l'avant malgré les revers, ou en étant disposé à ennuyer les autres dans la poursuite de vos objectifs : l'esprit de la Mouette peut vous y aider.
Questions auxquelles réfléchir :
Y a-t-il un projet que vous êtes prêt à abandonner, ou une situation que vous pensez lâcher ? Comment pouvez-vous mettre en action un nouveau sentiment de détermination et de débrouillardise pour mener les choses à bonne fin ?
Y a-t-il des options que vous avez ignorées et qu'il serait justifié d'aller le voir de plus près, même si elles vous semblaient improbables de prime abord ?
Faire appel à l'Esprit de la Mouette : Lorsque vous associez détermination et débrouillardise, vous adoptez le mantra de la Mouette : il y a toujours une possibilité ! Chaque fois que vous vous sentez coincé ou piégé par les circonstances de votre vie, faites appel à l'esprit de la Mouette pour vous aider à trouver des options créatives.
Une façon de faire cela, c'est de vous servir de votre journal. D'abord, veillez à être dans un endroit confortable où vous vous sentez en sécurité, et faites quelques respirations profondes en vous posant dans le moment présent. Puis, prenez quelques minutes pour étudier la question sur laquelle vous voulez vous concentrer, et commencez à faire la liste des différentes façons dont vous pourriez l'aborder. Soyez aussi créatif que possible, et rappelez-vous qu'il n'est pas nécessaire de donner des alternatives plausibles et concrètes : l'essentiel est de vous rappeler que vous avez en vous à tout moment le pouvoir d'agir, la créativité et la liberté. Alors, si l'un des éléments de votre liste vous semble délirant et tout bonnement improbable, c'est parfait. Vous êtes simplement en train d'étendre vos ailes et d'inspirer le possible à revenir dans votre vie.
Nous sortir d'une histoire dont nous nous sentons prisonniers peut être difficile, cet exercice peut donc ressembler parfois à pousser un gros rocher en haut d'une montagne. Dès que vous vous sentez piégé, il peut être utile que vous fermiez les yeux pour vous imaginer seul sur le grand déploiement d'une côte en bord de mer, ayant devant vous la vaste, énorme et paisible étendue de l'eau.
Ressentez le vent sur votre visage et passez un moment à observer, aussi haut que vous le pouvez, le vol des mouettes qui foncent et tournent dans l'air absolument confiantes et prêtes à piquer pour saisir la première occasion qui se présente.
Prière à l'énergie de la Mouette :
Si douée et capable, amie Mouette,
sois mon guide alors que j'apprends à sortir
de ces histoires qui m'empêchent de voir
que le monde est plein de possibilités,
plein de rebondissements et d'alternatives,
tout comme la mer est infinie et remplie
de poissons.
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Jean-Yves Leloup dans "Les Graines de la Conscience" (site L'Odyssée de la Conscience) nous livre des pensées éclairées dont celle-ci, écrite en 2021 :
Le cri de la mouette
« Ce dont on ne peut pas parler il faut le taire » disait Ludwig Wittgenstein.
C’est une gageure, en effet, de parler de l’insaisissable, de parler de ce que l’on ne peut pas dire, mieux vaudrait sans doute garder le silence.
Et pourtant, dire qu’il y a de l’insaisissable en nous, en toute chose et en tout événement, c’est dire qu’il y a de l’imprévisible, de l’inconnu ou de la grâce, que rien n’est totalement enfermé dans ce que nous pouvons en saisir et en comprendre.
C’est rappeler que nous n’avons pas la maîtrise du temps, de la maladie et de la mort.
On ne peut pas saisir entre nos mains de l’eau vive, de l’eau courante, elle est insaisissable ; la saisir, la garder, c’est la rendre stagnante, ce n’est plus du réel vivant.
Tout ce qui est vivant est insaisissable, les virus particulièrement, par leurs innombrables mutations se renouvellent sans cesse, ils nous échappent toujours, et cela peut être ressenti comme une humiliation pour notre raison, pour notre science et ses capacités réduites à saisir le réel.
Ce n’est pas le réel que nous saisissons et dont nous parlons, c’est des limites de nos instruments de connaissance et de ce qu’ils peuvent contenir.
Ce qu’il y a d’insaisissable, d’indicible dans le réel est comparable à l’immensité de l’océan, et ce que nous pouvons dire est comparable à la vague que nous voyons, à son écume, et à ce petit espace où nous prenons notre bain.
Dire qu’il y a de l’insaisissable, c’est nous rappeler la place infime que nous tenons dans l’infini de l’univers.« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire », il faut peut-être aussi l’écrire, mieux encore, ce dont on ne peut pas parler il faut le faire…
Il y a tant de chose à faire en silence ou en chantant, ma parole et mon chant ressemblent plutôt aux cris de la mouette… La mouette familière des immondices et du grand large…
Mieux vaut être mouette que muet.
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Symbolisme onirique :
Selon le site spécialisé dans l'interprétation des rêves http://www.signification-reves.fr/ :
"La mouette intervient dans des cauchemars plutôt, ou des rêves d’une intensité marquante, car la mouette est annonciatrice d’une séparation douloureuse, la séparation de la mère.
Le cri de la mouette :
Dans toutes les histoires de naufragés, l’apparition d’une mouette est la promesse d’une terre proche. Mais il ne faut pas s’y tromper, si la mouette vit proche des côtes, c’est bien un animal de mer. D’ailleurs, quels autres oiseaux de mer connaissons-nous (mis à part le goéland) ? Avec son bec crochu, la mouette est à rapprocher des rapaces. Ce bec est puissant et inquiétant. Mais le plus significatif chez la mouette est son cri, un cri aigu et qu’on pourrait qualifier de primal, en se référant à la thérapie primale du psychanalyste Arthur Janov. Le cri de la mouette est strident, il peut être rapproché du cri de la mère lors de la naissance de l’enfant, ou d’un cri primitif comme celui peint par Edward Munch, un cri de douleur dans tous les cas.
L’oiseau de mère :
La mouette est un oiseau qui annonce la mère. Un rêve dans lequel apparaît une mouette a systématiquement pour thème le rapport du rêveur à sa mère, et en particulier la séparation avec la mère. La vie peut en effet être comprise comme une succession de séparation avec la mère. La naissance est la première séparation évidemment, la plus douloureuse, et celle que peut annoncer la mouette. Puis, petit à petit, le nourrisson apprendra à considérer sa mère comme un être distinct et non le prolongement de son propre corps. Ensuite, l’enfant, durant l’œdipe, devra également changer son regard sur la mère. A noter que l’œdipe d’une fille en particulier commence par un détachement à la mère (pré-œdipe) qui la conduira à se tourner vers le père. Puis vient l’adolescence. La dernière séparation sera la mort de la mère. Toutes ces périodes de vie peuvent être l’objet du rêve dans lequel apparaît une mouette. Pour identifier l’une de ces périodes, il faut s’intéresser aux événements du rêve qui interviennent juste après la vision de la mouette. La séparation mise en évidence aura certainement été douloureuse et c’est sur cette douleur que revient le rêve, cherchant à mettre à la portée de la conscience cette douleur toujours vive et qui réapparaît par intermittence dans la vie actuelle du rêveur."
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Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),
"Le faucon et la colombe ont été consacrés par l'usage comme les valeurs extrêmes d'une échelle d'agressivité. Jusqu'à ce jour, personne n'a défini les degrés intermédiaires qui feraient de cette échelle un instrument de mesure des sentiments belliqueux ou pacifiques. L'exploration des scénarios dans lesquels S'inscrit le vol mouvementé de la mouette nous a donné l'envie de disposer d'une telle graduation. Dans l'hypothèse où serait réalisé un étalonnage permettant de classer tous les oiseaux par rapport à dix degrés dont l'aigle et le faucon seraient le niveau d'agressivité le pus élevé et la colombe le niveau le plus paisible, où faudrait-il situer la mouette ?
Une rêverie de mouette, enveloppant l'image dans les clichés blanc et bleu d'un ciel de détente, serait tentée de la placer au niveau trois. Le souvenir des plages ensoleillées, de la douceur d'une brise marine, viendrait se confondre avec le symbole et le dénaturer.
La mouette du rêve est bien différente de celle qui plane complaisamment dans une simple rêverie ! La mouette onirique irait résolument se poser sur le septième ou le huitième barreau de l'échelle, à proximité des rapaces. Dans le rêve éveillé, pas plus que dans la poésie, il n'y a de colombe dans l'entourage de la mouette. Ses fréquentations sont les oiseaux de proie, le corbeau et les grands prédateurs terrestres ou aquatiques.
La mouette imaginaire est un signe d'animation tourmentée. Plus qu'un indice d'agressivité elle est révélatrice d'une situation conflictuelle dont l'origine est une souffrance. La plus cruelle des souffrances refoulées : celle qui se renforce à chaque étape de la séparation de la mère. C'est avec le regret de nous prêter au jeu des mots et non sans émotion que nous attestons, au terme de l'examen approfondi des scénarios pris en référence, que la mouette est vraiment l'oiseau de mère. Peu de symboles s'entourent, autant que la mouette, de souvenirs explicites de la relation à la mère du rêveur ou de la rêveuse. La séparation de la mère s'effectue trois fois dans le cours normal d'une vie. C'est d'abord la séparation physique aux instants de la naissance. Le traumatisme natal est assez connu pour rendre, sur ce point, tout développement superflu. C'est ensuite l'acte d'autonomie que doit réaliser l'adolescent pour se soustraire à la dépendance familiale, séparation psychologique et le plus souvent effective aussi. C'est encore la rupture consécutive à la mort de la mère. Lorsque cette disparition survient avant que l'enfant ait été en âge de décider par lui-même de l'inévitable prise d'indépendance, il est frustré d'une expérience majeure.
Il est facile d'observer, à travers les rêves examinés, que la séparation natale s'inscrit comme une blessure jamais définitivement cicatrisée, avec laquelle toute séparation ultérieure, la mort d'un proche par exemple, quel qu'il soit, entre en résonance. 80% des rêveurs qui ont placé la mouette dans le ciel de leur rêve sont des personnes qui ont perdu pendant l'enfance soit leur mère, soit leur père, soit un collatéral.
Les principaux auteurs qui traitent du symbolisme sont tous très discrets - voire silencieux - par rapport à un oiseau dont la présence atteint pourtant près de 5% des scénarios de rêve éveillé, ce qui le range parmi les témoins les plus actifs de la dynamique d'évolution. Il est vrai que les mythes et légendes, qui constituent le principal matériau sur lequel ces auteurs appuient leur recherche, n'offrent que de rares évocations de la mouette. Le mythe d'Alcyoné mérite cependant l'attention. Ceyx, époux d'Alcyoné, a péri dans une tempête dont Ovide décrit longuement la violence. L'auteur insiste sur la désorientation verticale d'un navire dont on ne sait plus où il est : "On croirait que le ciel entier descend dans la mer, tandis que la mer soulevée se hausse jusqu'aux régions célestes." Alcyoné, découvrant le corps de son époux sur la plage clame sa souffrance avec une telle ardeur qu'elle suscite la pitié des dieux qui les métamorphosent l'un et l'autre en oiseaux de mer. "Elle rasait, écrit Ovide, oiseau bien digne de pitié, la surface des ondes et, dans son vol, sa bouche, aux claquements de son bec effilé, fit entendre une sorte de chant triste et plaintif."
Ce tableau, brossé à grands traits, contient presque toutes les caractéristiques symboliques de la mouette. L'alcyon représente tous les oiseaux de mer. L'imaginaire contemporain, s'il met en scène quelques goélands, ignore les autres espèces et les exprime toutes par la mouette.
Le cri de la mouette est l'expression d'une souffrance et d'une nostalgie. C'est le cri de la mer. Le cri de la vague montant et descendant comme le vol de l'oiseau. Autour de la mouette rêvée, le praticien reconnaîtra une quantité de signes d'agitation, d'animation spatiale et, surtout, de perte des repères. L'oiseau marin n'est pas l'oiseau d'un ciel d'été, une enseigne pour voyages de vacances. Il est d'hiver, d'automne, de tempête ou de brouillard.
La brume, le brouillard sont explicitement présents dans 40% des scénarios étudiés. Si l'on additionne les évocations de brouillard et les expressions telles que "je ne sais plus du tout où je suis ni où je vais" c'est-à-dire le renoncement aux repères, aux codes du mental, c'est 80% des rêves qui sont concernés.
Laure, dans un scénario situé vers la fin de sa cure, traverse une phase émotionnelle intense : "J'ai l'image de ces vagues énormes... je les vois grises et j'ai froid... il y a du brouillard... un brouillard triste, un brouillard d'hiver... j'ai vu fugitivement le visage de mon père... et puis... Oh ! non ! Je me rappelle que ce rêve terrible à ma deuxième séance... ce cri de la mère, la plage grise, avec la mouette..."
Ce retour à la souffrance exprimée lors de la deuxième séance n'est lui-même qu'un écho du retour à la douleur initiale, à la souffrance natale. Le cri de la mère se confond ici avec le cri de la mouette. La plage grise dans le brouillard d'hiver est un lieu de résonances nostalgiques. Le mot nostalgie est fait de nostos, qui signifie retour et d'algos, la souffrance ! Étrange lucidité des cheminements inconscients !
A de rares exceptions près, la mouette apparaît, dans la moitié des cas environ, à la deuxième ou troisième séance et, dans l'autre moitié, vers le deuxième rêve.
L'engagement dans la cure, pour le patient, correspond à renoncer aux défenses mentales et à tolérer l'irruption du sentiment. C'est ouvrir la voie aux orages du cœur. "L'oiseau de mer, écrivait Gaston Bachelard, est intimement l'être orageux, il est le centre dynamique de l'orage." Tout rêveur emporté dans un envol de mouette va à la rencontre de ces orages qui précipitent les transformations de la psyché.
Roger avait quatre ans lorsque le décès de sa mère a laissé l'enfant aux soins douteux d'un père alcoolique. Placé, à sa demande, dans un foyer d'accueil, après quelques années passées sous la protection d'un organisme public, Roger, pour se défendre contre la souffrance, s'est interdit l'émotion. A quarante ans il raisonne chaque acte de sa vie et refoule tout émergence du sentiment. A travers la cure, cet homme sympathique, sincère, renoue peu à peu avec son âme. Cette anima, atrophiée du fait de l'absence d'image maternelle, se déploie. Dès son troisième rêve, les images favorisent une réhabilitation de la souffrance refoulée. Roger va parler d'exode ! Ce terme a pour origine la racine exo c'est-à-dire "dehors" ! Dans plusieurs articles du Dictionnaire de la symbolique on trouvera ce rappel : le plus dur, le plus irréparable des exodes c'est celui qui expulse le bébé du ventre maternel. L'exode auquel le patient fait allusion exprime la double séparation - sa propre naissance et la mort de sa mère :
"Je vois une côte, une grande falaise... il y a une femme et un enfant, ils se tiennent par la main... elle est habillée comme dans les années cinquante... elle agite un mouchoir, blanc... comme si quelqu'un partait... pour toujours... en voyage... au loin, sur la mer il y a un bateau... avec beaucoup de gens... ça ressemble à un exode... on dirait même que ça ressemble... oui ! c'est l'Exodus... les gens ont l'air pauvres... je vois la femme de tout à l'heure avec son enfant sur le bateau... l'enfant est... autour de sa mère, comme protégé... sur le mât du bateau... y a un oiseau... c'est une mouette... un peu... un peu menaçante... elle a un bec... un bec crochu, comme un aigle... l'enfant semble avoir peur de cet oiseau... pourtant, il grimpe au mât... il arrive près de l'oiseau... il est blanc... l'enfant s'accroche à ses pattes et ils s'envolent... ils arrivent dans un nid... là, une discussion s'engage... sur le thème "que va-t-on faire de l'enfant ?"..."
L'enfant se jette dans le vide, se met à voler dans le ciel, tourne autour du soleil puis va se poser sur un croissant de lune. "Je vois nettement son cœur, à travers ses vêtements... il revient sur la terre... il atterrit doucement... il aperçoit un vieillard aveugle... il va lui demander conseil sur la route à suivre... le vieil homme lui dit "Suis ton cœur !" l'enfant reprend sa route... tout, autour de lui, est vert maintenant, avec des fleurs multicolores... l'enfant se transforme en oiseau... un bel oiseau... je revois aussi la mouette du début sur le mât, dans le bateau... et je vois ma mère, seule, sur le bateau, sans l'enfant... elle semble triste... elle ne dit rien... en fait, depuis le début du rêve, je voyais le visage de ma mère et je me voyais avec elle."
La mouette, l'oiseau de nostalgie, symbolise la nécessité du retour à la souffrance, de la reconnaissance d'un douleur qui fut intolérable pour l'affectivité de l'enfant, donc refoulée, mais que l'adulte peut et doit affronter pour la dissoudre.
A l'instant où il s'autorise à revivre les racines douloureuses de son histoire, Roger plonge au cœur d'une ambivalence : besoin de revenir sur les causes de sa souffrance et peur de souffrir. C'est ce qui provoque l'image d'un oiseau "un peu menaçant, au bec crochu". Les mouvements contradictoires suscitent la phrase : "L'enfant semble avoir peur de cet oiseau, pourtant il grimpe au mât."
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La mouette du rêve se rapproche de l'aigle parce que le grand rapace, qui peut voler plus haut que tout ce qui vit, représente le réflexe qui pousse à se placer hors d'atteinte de la douleur. Cette position refuge se paie en isolement, en solitude.
Dans l'environnement onirique de la mouette, parmi les nombreuses figurations du mouvement ondulatoire, de montée et de descente, qui rappelle le vol de l'oiseau de mer, on repérera aussi des images de phare et de tourbillon. Dans les articles consacrés à ces deux symboles, nous montrons qu'ils sont associés l'un à l'autre par leurs valorisations dynamiques opposées. Le phare est avant tout le point de référence, exprimant le besoin de permanence, les repères. La spirale, le tourbillon, sont l'adhésion au mouvement, à l'évolution, à l'avancée confiante dans l'imprévisible.
La mouette imaginaire, qui contient à la fois la stabilité du rocher auquel elle est associée et la liberté des vents, est un agent puissant de la métamorphose du psychisme.
Le praticien averti n'aura pas à déployer de grands efforts pour interpréter le sens de la mouette. Il lui suffira de se laisser guider par l'oiseau dans le ciel du rêve pour être conduit vers les origines d'une souffrance refoulée.
Que le rêveur ne se laisse pas impressionner par l'agressivité affichée par l'oiseau de mer. Celle-là traduit la bienfaisante tourmente qu'il lui faut traverser. Au-delà de la tempête, au cœur de laquelle il entendra l'écho d'un cri qui le relie à sa mère, il sera porté vers des rivages apaisés."
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Littérature :
Dans le roman policier Dans les Bois éternels (Éditions Viviane Hamy, 2006), Fred Vargas nous rappelle comment l'imaginaire fonctionne en rapprochant les sonorités pour donner (ou masquer) du sens :
"- C'est la maison qui l'a rendue folle. Toutes les femmes qui vivent ici sont minées par l'ombre. Et puis elles en meurent.
- L'ombre ?
- La revenante du couvent. C'est pour cela que l'impasse s'appelle la ruelle aux Mouettes.
- Je ne comprends pas, dit Adamsberg en versant le café.
- Il y avait un ancien monastère de femmes ici, au siècle avant avant. C'étaient des religieuses qui n'avaient pas le droit de parler.
- Un ordre muet.
- Tout juste. On disait la rue aux Muettes. Et puis ç a donné "Mouettes".
- Ca n'a rien à voir avec les oiseaux ? dit Adamsberg, déçu.
- Non, ce sont les nonnes. Mais "muettes" c'est dur à prononcer. Muettes, ajouta Lucio en s'appliquant.
- Muettes, répéta lentement Adamsberg.
[...]
Adamsberg se laissait descendre vers la Seine, suivant le vol des mouettes qu'il voyait tourner au loin. Le fleuve de Paris, si puant soit-il certains jours, était son refuge flottant, le lieu où il pouvait le mieux laisser filer ses pensées. Il les libérait comme on lâche un vol d'oiseaux, et elles s'éparpillent das le ciel, jouaient en le laissant soulever par le vent, inconscientes et écervelées. Si paradoxal que cela paraisse, produire des pensées écervelées était l'activité prioritaire d'Adamsberg. Et particulièrement nécessaire quand trop d'éléments obstruaient son esprit, s'entassant en paquets compacts qui pétrifiaient son action. Il n'y avait plus alors qu'à s'ouvrir la tête en deux et tout laisser sortir en pagaille. Ce qui se produisait sans effort à présent qu'il descendait les marches qui le conduisaient sur la berge.
Dans cette échappée, il y avait toujours ne pensée plus coriace que les autres, telle la mouette chargée de veiller à la bonne conduite du groupe. Une sorte de pensée-chef, de pensée-flic, qui s'évertuait à surveiller les autres, les empêchant de passer les bornes du ciel,. Le commissaire chercha dans le ciel quelle mouette tenait aujourd'hui le rôle monomaniaque du gendarme. Il la repéra rapidement, en train de rabrouer une jeunette qui s'amusait à lutter vent debout, oublieuse de ses responsabilités. Ensuite, elle fonça vers une autre étourdie qui virevoltait au ras de l'eau sale. Mouette-flic criant sans discontinuer. Pour l'heure, sa pensée-flic, également monomaniaque, passait en vol rapide dans sa tête, en aller-retour continu, et piaillant Il y a bien un os dans le groin du porc, il y a bien un os dans la verge du chat.
[...]
- Que se passe-t-il ? demanda Veyrenc.
- Il a trouvé une idée en l'air, expliqua Danglard, avec les mouettes. Une chiure d'oiseau qui lui tombe d'en haut, en quelque sorte, un battement d'ailes, entre ciel et terre.
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Dans Temps glaciaires (Éditions Flammarion, 2015), Fred Vargas revient sur la mouette :
Le mieux était de rejoindre le canal Saint-Martin. Cela faisait toujours de l'eau. Ce n'était pas le gave de Pau, bien sûr, mais c'était toujours une sorte de rivière à suivre, avec ses mouettes au-dessus. Les immeubles qui le bordaient n'étaient pas non plus des pans des Pyrénées, mais cela faisait toujours de la pierre. Pierre et eau, feuilles aux arbres, mouettes, si abîmées soient-elles, n'étaient jamais à négliger.
Son portable vibra alors qu'il atteignait le canal et aspirait l'odeur de chiffon mouillé que dégageait l'eau crasseuses des villes. Il espérait ardemment une réponse de Froissy et leva la tête vers les mouettes criardes pour leur adresser une prière païenne. Mais les mouettes ne s'occupaient pas de lui et il reçut la photo de Victor.
[...] Pierre, eau, oiseaux. Il s'inclina sur le banc qu'il avait choisi, mains croisées sous la nuque, surveillant le ciel, repérant les mouettes les plus dociles. Il était facile pour Adamsberg d'en choisir une, de grimper sur son dos, sans la serrer, d'orienter sa course en en dirigeant doucement les ailes, de survoler les champs, d'atteindre la mer, et là, de jouer à résister vent debout.
Après quelque six cents kilomètres ainsi parcourus, Adamsberg, se redressa, demanda l'heure et arrêta un taxi.
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