Étymologie :
CLAVAIRE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1778 (Lamarck, Flore, Paris, t. 1, n°1288). Empr. au lat. des botanistes clavaria « id. » terme créé en 1697 par P. Bocco, Museum, Venise, I, t. 307 ds Linné, Species plantarum, Vindobonae, 1764, t. 2, p. 1651) à partir du lat. clava « massue » ; cf. lat. clavaria, xixe s. ds DEI.
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Clavulinopsis helvola - Ramariopsis helvola - Bâton jaune des fées - Clavaire blonde - Clavaire dorée - Clavaire jaunâtre - Clavaire lumineuse -
Ramaria aurea - Barbe de chèvre - Buisson - Clavaire dorée - Clavaire jaune - Chevrette - Espignette - Gallinette - Galmolo (Cévennes) - Gollet (Nice) - Mainotte (à cause de ses ramifications) - Menotte - Poule - Ramaire dorée - Tripette -
Ramaria flava - Barbe de chèvre - Buisson - Clavaire jaunâtre - Espignette - Gallinette - Galmolo (Cévennes) - Gollet (Nice) - Mainotte (à cause de ses ramifications) - Menotte - Poule - Tripette -
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Mycologie :
Dans son Histoire des champignons comestibles et vénéneux (Fortin, Masson et Cie Libraires-Éditeurs, 1841) le Dr Joseph Roques, mentionne la comestibilité de certains bâtons de fée :
CLAVAIRE NIVELÉE. Clavaria fastigiata - Clavaria pratensis - [Clavulinopsis corniculata - Corail des prés]
Cette clavaire, haute d'environ deux pouces et d'un beau jaune, a quelque ressemblance avec la clavaire corail ; mais elle est beaucoup plus petite. Son tronc, épais et nu à sa partie inférieure, se divise en une multitude de rameaux droits, glabres, bifurqués au sommet, et tous exactement de la même hauteur, comme s'ils avaient été taillés.
On la trouve dans les prés, dans les bruyères, sur les bords des bois et des chemins.
Elle est également douée de qualités alimentaires. On la mange en Allemagne sous le nom de Ziegenbart, barbe de chèvre.
Louis Fabre, auteur de Les champignons comestibles du canton de Neuchatel et les espèces vénéneuses avec lesquelles ils pourraient être confondus. (Imprimerie de C. Leidecker, 1861) propose une description et une illustration intéressantes :
CLAVARIA AUREA Schæff. - Clavaire jaune - Clavaire dorée - Chevrette -
Caractères. Pédicule épais, élastique, pâle, divisé en rameaux droits, plusieurs fois fourchus, jaunes et à pointes dentelées.
Description. Ce champignon est jaune d'œuf ; le pédicule commun peut avoir une épaisseur de 1 à 2 pouces ; il émet 6 à 10 rameaux cylindriques, épais de demi pouce, unis, nus, qui se ramifient encore 3 ou 4 fois ; les plus hauts rameaux ont seulement quelques lignes de longueur, et sont beaucoup plus minces et plus fragiles que les inférieurs. La chair est très tendre, compacte, cassante et blanche. La peau seule est jaune. L'odeur douce et fade en est assez agréable. Il s'en détache une fine poussière jaune qui constitue les sporules ou semences.
Ce champignon est très fréquent dans nos forêts en été et en automne ; il croît à terre et présente de loin l'aspect d'un chou-fleur de couleur jaune. Il est très souvent accompagné de la clavaire corail (Clavaria dichotoma ; - Ochergelber Zie genbart) avec laquelle il est facile de le confondre. Ces deux espèces sont comestibles, et on peut les récolter en toute confiance, sans craindre de mettre la main sur des individus dangereux . Mais on ne doit prendre que ceux qui sont jeunes et sains.
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Lyra Ceoltoir autrice d'un magnifique Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) décrit différentes clavaires ramifiées :
Les Clavaires font partie des champignons aux formes les plus originales dans le monde des fungi, évoquant de petits coraux poussant sur le sol de la forêt. Il en existe des multiples espèces, pouvant épouser des formes très différentes (en massue, en chou-fleur, en éponge...), mais les plus emblématiques suivent une croissance ramifiée. Elles représente cent vingt espèces parmi les cent soixante-dix que compte cette catégorie, certaines si semblables qu'il est bien difficile de les distinguer ! Nous n'en rencontrerons que trois, mais leurs aspects similaires et leur comportement peuvent se généraliser à l'ensemble des clavaires ramifiées, que que soit l'individu qui croisera votre chemin forestier.
Leur nom, « clavaire » , vient du latin clava, signifiant « massue », même si celles sur lesquelles nous allons nous pencher évoquent plutôt les coraux océaniques, avec leurs rameaux très divisés, fins et élancés, se divisant sur une sorte de petit « tronc » élastique, d'ordinaire de couleur vive, la plupart du temps dans les tons jaune et crème.
Les clavaires aiment la compagnie et poussent souvent en petites colonies sur le sol de la forêt, lui donnant une curieuse allure de fond marin. Leur autre nom vernaculaire, « menottes », fait écho à leur forme qui évoque parfois des doigts ou de petites mains, le mot « menotte » désignant généralement celle, délicate, d'un enfant ou d'une personne frêle.
Vie de champignon : La Clavaire dorée (Ramaria aurea)
La Clavaire dorée (Ramaria aurea, du latin ramus, « branche » et aureus « doré ») est un petit champignon de 5 à 12 centimètres de hauteur (sur à peu près autant de large, parfois un peu plus) et composé d'un grand nombre de rameaux très divisés, assez courts, plutôt épais et fourchus, poussant en bouquets serrés, d'un beau jaune d'or intense.
Son pied est court, trapu, à consistance élastique, de 4 à 5 centimètres de diamètre, blanc à la base, se colorant de jaune au fur et à mesure de son élévation. Sa chair est blanche, ferme, et dégage une odeur discrète, légèrement épicée, ainsi qu'une saveur plutôt douce, même si son goût insipide, sa chair coriace de même que ses effets laxatifs et purgatifs dissuadent de la consommer.
Elle pousse de la fin de l'été jusqu'en automne, sa saison de prédilection, dans les bois de feuillus, où elle apprécie tout particulièrement la compagnie des hêtres (Fagus sp.) et des conifères.
Vie de champignon : La Clavaire droite (Ramaria sricta)
Autres noms : Clavaire dressée - Clavaire droite - Menotte - Ramaire droite -
La Clavaire droite (Ramaria stricta, du latin strictus, « serré », mais aussi « rigoureux ») forme de petits groupes de rameaux verticaux de 3 à 10 centimètres de haut, moins denses que ceux de la Clavaire précédente et d'une couleur ocre-brun tirant sur l'orangé ou le rose avec l'âge ainsi que l'exposition du champignon à la lumière. Elle peut même devenir blanchâtre dans certaines conditions. Sa pousse est assez linéaire, ses ramifications anguleuses, ce qui lui donne effectivement l'air de vouloir se grandir en se tenant la plus droite possible !
Son odeur est à peine perceptible, sa saveur quelque peu poivrée, la rendant impropre à la consommation.
C'est un saprophyte lignicole, qui se nourrit donc du bois en décomposition sur lequel i pousse. C'est pourquoi on trouve souvent cette clavaire sur les souches, les branches tombées, les arbres couchés, sans véritable préférence pour une espèce en particulier, de la fin de l'été au début de l'automne. Sociable, elle forme la plupart du temps de petites colonies peu espacées.
Vie de champignon : La Clavaire élégante (Ramaria formosa)
Autres noms : Clavaire jolie - Menotte - Ramaire élégante - Ramaire jolie -
La Clavaire élégante (Ramaria formosa, du latin formosa signifiant « belle », « magnifique ») est une des plus grandes de sa famille, avec une élévation de 10 à 30 centimètres sur 5 à 15 centimètres de large. Elle est très semblable à la Clavaire dorée, dont elle se distingue par une couleur tirant davantage sur le rose orangé ou l'orangé, avec des pointes jaune citron. Ses rameaux sont assez longs, cylindriques, poussant serrés et nombreux depuis des « troncs » épais, blanchâtres à la base, puis beige rosâtre en s'élevant.
Sa chair blanche, parfois teintée de jaune ou d'orangé, a la particularité de virer au rouge vineux, voire au noirâtre, lorsqu'on la coupe ou qu'on la frotte. Son odeur est assez désagréable, évoquant la sciure de bois humide, et sa saveur amère annonce la couleur : elle st légèrement toxique et peut déclencher des troubles intestinaux très violents.
Elle pousse sur le sol des bois de feuillus de la fin de l'été jusqu'en automne, affectionnant particulièrement la compagnie des hêtres (Fagus sp.), sous lesquels elle forme des colonies parfois assez importantes.
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Usages traditionnels :
Selon François Simon Cordier, auteur de Les Champignons : Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) :
Excellente à manger et très recherchée en Allemagne ; cette Clavaire [jaunâtre] croit dans les bois ombragés.
[...] Cette Clavaire [dorée], excellente à manger, vient, dans les bois, en octobre et en novembre.
Louis Fabre, auteur de Les champignons comestibles du canton de Neuchatel et les espèces vénéneuses avec lesquelles ils pourraient être confondus. (Imprimerie de C. Leidecker, 1861) rapporte :
Après avoir nettoyé les clavaires en les lavant dans l'eau, on les frit sur un feu doux, dans un peu de beurre. On jette ensuite l'eau qu'elles ont donnée ; on les met de nouveau sur le feu avec du beurre, du persil et des oignons ; on les remue, on les saupoudre d'un peu de farine, on les arrose de bouillon, et quand elles commencent à bouillir on y met un jaune d'œuf. On les prépare aussi en salade, après les avoir bouillies, et en leur donnant un assaisonnement d'huile, de vinaigre, de fines herbes, etc.
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Symbolisme :
On peut faire l'hypothèse qu'il est intimement lié à ses noms vernaculaires, en particulier à celui qu'on lui donne en anglais : Le Bâton jaune des Fées (Yellow Fairy Club).
Symbolisme du bâton :
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),
"Le bâton apparaît dans la symbolique sous divers aspects, mais essentiellement comme arme, et surtout comme arme magique ; comme soutien de la marche du pasteur et du pèlerin ; comme axe du monde.
Il revêt tous ces sens dans l'iconographie hindoue : arme entre les mains de plusieurs divinités, mais surtout de Yama, gardien du sud et du royaume des morts ; son danda joue un rôle de contrainte et de punition. En revanche, entre les mains de Vâmana, le Nain, avâtara de Vichnu, le danda est un bâton de pèlerin ; nous dirons qu'il est axe entre celles du brahmane. Les bâtons de Nînurta frappent le monde et s'apparentent à la foudre.
La canne du pasteur se retrouve dans la crosse de l'évêque, dont Segalen souligne que le balancé de sa marche rituelle est la transcription splendide et périmée e celle des princes pasteurs, dans les pâturages anciens. Appui pour la marche, mais signe d'autorité : la houlette du berger et le bâton du commandement.
(à suivre)
Symbolisme de la fée : voir la page qui lui est consacrée.
Symbolisme de la couleur dorée : voir la page qui lui est consacrée.
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Dans les traditions populaires, la dénomination des champignons est moins précise qu'en mycologie. En ce qui concerne ce champignon, on comprend bien l'impact de sa couleur et de sa forme sur le nom qui lui a été choisi. On peut donc faire l'hypothèse que d'autres clavaires, morphologiquement semblables obéissent au même symbolisme.
Quant à leur lien avec les fées, Carole Chauvin-Payan, dans le préprint de son article intitulé "Les noms populaires des champignons dans les populations européennes mycophobes", (Quaderni di Semantica, 2018, Perspectives de la sémantique, pp.159-189) propose une explication :
Si aujourd’hui, le phénomène des ronds de champignons, ronds de sorcières, cercles de fées, corros de hadas, corros de brujas s'explique par le fait que lorsqu’un mycélium s'installe dans la prairie, il fructifie là où il est, et qu’une fois le sol épuisé, il s'étendra et ainsi de suite tous les ans, pendant très longtemps les ronds de sorcières ou cercles des fées ont donné lieu à toutes sortes de croyances et de superstitions. Les ronds de champignons ont souvent été considérés comme des lieux de rassemblements des danses des fées ou des lieux de sabbats des sorciers et du diable.
Selon G. Kastner [1858 :106] “Les traditions celtiques nous représentent les Fées comme également adonnées à la danse. La place où elles ont dansé est aisément reconnaissable ; elle est circulaire, et l’herbe y est comme brûlée. C’est ce que le peuple appelle cercle de fées. […]” Selon E. Rolland “Les cercles mystérieux que forment les pas de fées, dans leurs rondes nocturnes, passent, en beaucoup d'endroits, pour des asiles inviolables, toutes les fois que, sous le coup d'un danger quelconque, tel que poursuites de bêtes malfaisantes, embûches et attaques de Georgeon (le diable) et de ses suppôts, on est à portée de s'y réfugier. (Croyances du Centre) [1967: 179] ” En Aveyron, et dans d’autres nombre de régions, il est dit que l’herbe ne croît plus où les fées ont dansé, ces lieux s'appellent les bals des fées [1904-1907, réed. 1968: 201-203]. Mais près de Mont-Fol, il est aussi dit qu’une partie de prairie où les sorcières tiennent leur sabbat est sans herbe. Au revers du Puy de Pège, entre la chapelle et la bastide, le chemin du Diable est une sorte de cercle où l'herbe ne peut pousser; les gens du pays disent que c'est autour de ce cercle que Satan et ses adeptes viennent danser chaque nuit.
En Côtes d’Or, fées, sorciers, lutines et diable se retrouvent ensembles dans ces cercles. “C'est là disent les vieillards, que se tient le sabbat, où lutins et sorciers, fées et diables, se réunissent au clair de lune et dansent des rondes qui forment des cercles magiques où l'herbe se dessèche sous leurs pieds. Cette croyance s'appliquait tout particulièrement à l'un des plus réguliers, que l'on voyait au Vic du Chastenay, non loin d'une voie romaine appelée Chemin des fées, d'un arbre légendaire, et d'un lieu dit la Grosse-Borne, ce qui semble indiquer la présence, au temps jadis d'un menhir […]. [Sébillot, 1904-1907, réed. 1968: 202-204] ”
Pour certains, les danses des fées ou les sabbats de sorcières que nous avons présentées ci-dessus sont d’anciens vestiges de cérémonies païennes. Pour Kastner [1858: 109] :
“Tout ce qu’au moyen-âge on a raconté des danses et des sabbats de sorcières a très probablement son origine dans les mythes dont nous avons parlé sur la danse des Elfes, des Fées et des Nains. D’anciens contes qui remontent au XIVe siècle, mettent en scène des femmes nocturnes Nachtfrauen, qui sont au service de dame Holda, et qui, pendant certaines nuits, traversent les airs, montées sur des animaux. […] Holda présidait les danses. On entendait près des montagnes l’orchestre du bal mystérieux exécutant l’air favori de la déesse, le merveilleux chant d’Holda. Personne n’ignore le rôle que jouait la danse dans certaines cérémonies religieuses du paganisme. […] C’est dans ces danses païennes, dans les danses aériennes des Elfes, et peut-être dans le sautillement des feux follets que l’idée des rondes de sorcières a pris naissance.”
Pour cet auteur, les esprits enchanteurs des peuples du Nord : fées, lutins, elfes et nains ainsi que les cérémonies et fêtes qui leur étaient associées sont devenus avec le christianisme des objets malfaisants. Il écrit :
“L’endroit où se tenaient les rondes infernales était presque toujours un de ces lieux maudits où le christianisme avait eu à détrôner quelques divinités des anciens cultes. […]. Le Venusberg, d’où s’échappent les accords d’une musique mystérieuse, est le séjour enchanté d’une Vénus germanique présidant aux joies impures de l’amour des sens. Ceux qui s’abandonnent aux séductions de dame Vénus, qui se rendent aux fêtes célébrées en ce lieu, et qui prennent part aux rondes des esprits diaboliques dont cette reine reçoit les hommages, sont à leur tour frappés de réprobation. [1858: 38]» Cette réprobation de la religion chrétienne a fait que les danses des fées sont devenues pour la population des sabbats de sorcières. ”
Selon Kastner ces mythes et croyances expriment en général l’horreur qu’inspirent les croyances et pratiques du paganisme aux prêtres chrétiens. Ils vont de pair avec cette autre série de mythes qui transforment en une chasse éternelle la procession d’Odin ou Wuotan, disant que ce dernier était maudit pour avoir assuré qu’il donnerait sa part au paradis s’il pouvait être éternellement à la chasse. “Voilà comment la superstition chrétienne arriva peu à peu à confondre de simples mortels avec des êtres qui autrefois étaient considérés comme des êtres immatériels et comme des divinités d’un ordre inférieur. Bientôt, on compta même parmi cette troupe d’esprits, les enchanteresses ou sorcières humaines, désignant par ce terme certaines vieilles femmes de mauvaise réputation restées plus ou moins attachées à des cérémonies, à des pratiques toutes païennes. [1858 :111] ”
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Calocère visqueuse
Clavaire rugueuse Clavaire fusiforme
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Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :
Dans le chaudron : Leur forme de main et leurs buissons serrés, denses et ramifiés, de même que l'autre implication de leur nom vernaculaire (les « menottes » étant également ce fameux dispositif d'entrave) lient les clavaires à la magie des liens, des ligatures et des nœuds.
En lune croissante, on peut ainsi les utiliser pour lier, nouer ou attirer quelque chose à soi, dans un but d'attraction et d'accroissement, du simple sort d'attraction jusqu'à la cérémonie de handfasting. (1) En lune décroissante, en revanche, elles entreront dans la composition des charmes et des sortilèges de ligature de bannissement, d'entrave des choses menaçantes ou désagréables et de rupture des liens.
Le Message de l'Autre Monde : « Je suis le lien. Cette énergie entre les êtres, les choses, les idées, qui tisse une continuité entre tout et assure les échanges, les partages.... mais aussi les ruptures, les dissensions, les ligatures. Je peux être aussi bien positif que négatif ; tantôt profitable, tant sclérosant. Il n'appartient qu'à toi de poser un regard lucide que les liens qui parcourent ta propre essence Les as-tu tissés toi-même ? Viennent-ils d'autres personnes ? Et surtout, les acceptes-tu, là, maintenant, en pleine conscience ? Inutile de te débattre si ce n'est pas le cas, tu ne ferais que les resserrer et t'épuiser inutilement. Il faut du doigté pour défaire un nœud, de la patience, de la précision. Prends ton temps. Ce qui a été lié peut toujours être délié, pourvu que l'on 'attelle à la tâche avec suffisamment de soin.. »
Sortilège : Mariage forestier
Si vous souhaitez accomplir une petit rituel très simple s'apparentant à un handfasting en compagnie de l'élu de votre cœur sans passer par une cérémonie complexe, partez tous les deux en forêt à la recherche d'une clavaire, par une belle journée ensoleillée d'automne, lors d'une lune croissante ou d'une pleine lune. Quand vous avez trouvé votre bonheur et que le champignon, après que vous lui avez exposé votre requête, semble disposé à y répondre favorablement, tenez-vous debout, l'un en face de l'autre, la clavaire entre vos pieds (en prenant évidemment garde à ne pas l'endommager.
Les yeux dans les yeux, échangez des vœux d'amour et d'affection, que vous pouvez avoir préparés, et engagez-vous à le respecter. Traditionnellement, dans les voies de la magie, du paganisme et de la Wicca, on ne se promet jamais un amour éternel. Comme disait Franz Kafka, « l'éternité, c'est long... surtout vers la fin » (2), et nous en savons guère de quoi demain sera fait. Comme les serments sont très importants et que s'engager à les respecter n'es pas un acte anodin, on préférera être réaliste et lucide et se jurer attachement « tant que l'amour durera ». Ainsi, aucune restriction temporelle ne risquera de vous faire rompre vos promesses.
Nouez légèrement un ruban en fibres naturelles de la couleur de votre choix (3) autour de vos deux mains jointes (contentez-vous d'un nœud plat simple que vous ne serrerez pas), en énonçant, tour à tour, votre volonté de souligner le lien qui vous unit. Cela peut être une déclaration comme celle-ci :
« Moi, (votre nom complet), lie aujourd'hui mon cœur et mon âme aux tiens (nom de votre partenaire).
Que la forêt et l'univers soient témoins de cet acte et bénissent notre union.
Ainsi soit fait.
(Le partenaire répète la même déclaration à son tour) »
Embrassez-vous, essuyez la petite larme d'émotion qui s'est probablement invitée au coin de votre œil (prétendez que c'est une allergie) et retirez vos mains du ruban, sans défaire le nœud. Une fois vos mains libres, empoignez chacun une extrémité du ruban et tirez, de façon à refermer le nœud, en le serrant bien, cette fois.
Déposez le nœud ainsi formé au cœur du « buisson » de clavaire, adressez une offrande appropriée à l'esprit du champignon et poursuivez votre promenade. Vous voilà liés aux yeux de la forêt !
Dans les menottes : Entraver une mauvaise habitude
Si vous travaillez d'arrache-pied pour vous défaire d'une mauvaise habitude qui ne fait que revenir au galop dès que vous baissez votre garde, essayez de la résumer en une phrase, puis en un mot, et enfin en un symbole (sigil, monogramme, à votre convenance). Gravez ce symbole à la pointe de votre athamé sur une rondelle de navet (un légume associé au bannissement) et partez en quête d'une clavaire, lors d'une journée nuageuse de lune décroissante.
Exposez votre situation au champignon et, si vous le sentez réceptif, glissez la rondelle de légume délicatement entre ses ramifications, en le priant de vous aider à vous défaire de ce qu'elle représente.
Partez sans vous retourner. Au fur et à mesure que le navet se décomposera dans le champignon, vous éprouverez moins de difficultés à vous défaire de votre habitude néfaste.
Main dans la main : Sceller un coven
LOrs de votre première pratique en groupe, incorporez des clavaires dans votre sortilège d'établissement du lien si vous décidez de vous déclarer en tant que coven, peu importe le nombre de membres La symbolique du champignon aidera à resserrer vos liens en symbolisant les convictions et croyances qui vous unissent.
Vous pouvez par exemple en glisser une petite branche dans le sachet que vous confectionnerez pour l'occasion, en ajouter à la préparation (non comestible) qui bouillonne dans votre chaudron ou simplement en déposer sur l'autel du groupe.
Vous pouvez également vous en servir ce bâton de parole : lors de votre premier cercle, asseyez-vous en rond sur le sol ou autour d'une table en fonction de votre mobilité, et présentez-vous à tour de rôle en vous passant une branche de clavaire pour symboliser votre prise de parole et le relais que vous vous transmettez. Dites votre nom (civil et éventuellement magique, si vous choisissez de le partager), votre date de naissance, énoncez quelques-uns de vos traits de caractère que vous jugez fondamentaux dans votre personnalité, décrivez vos croyances et résumez brièvement votre parcours magique. Passez ensuite le champignon à votre voisin de gauche, et tournez ainsi dans le sens des aiguilles d'une montre (déosil).
Rendez ensuite le champignon à la terre, en le remerciant pour son soutien par une offrande appropriée.
Note : 1) « Mains liées », nom anglo-saxon de la cérémonie wiccane et païenne de mariage.
2) Woody Allen a amplement popularisé ce trait d'esprit, mais rendons à César ce qui lui appartient.
3) Vous pouvez opter pour une couleur symbolique de l'amour et du serment (blanc, rose, rouge) ou choisir une couleur signifiant quelque chose de fort pour vous. Si vous étiez tous deux vêtus de vert le jour de votre rencontre, cette couleur peut vous évoquer l'amour qui vous lie ; elle sera donc tout à fait appropriée.
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