Étymologie :
AMANDE, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − 1. Fin xiie s. bot. alemande « fruit de l'amandier » (G. de Berneville, Vie de St Gilles, éd. Paris et Bos, 1926 ds T.-L.), forme encore attestée fin xive s. ds Gdf. ; av. 1266 amandie « id. » (Assises de Jérusalem, II, 180 ds Littré), forme isolée ; 1268-1271 amande (E. Boileau, Livre des métiers, éd. Depping, 159 ds T.-L. : faire huile de olives, de amandes) ; 2. 1393 « graine contenue dans un noyau de fruit » (Ménagier, éd. Soc. bibliophiles fr., II, 51, ibid. : l'amande d'un noyau de cerise). Du b. lat. amandula (altération du lat. amygdala « fruit de l'amandier » et « amandier, arbre » dep. Colum., TLL s.v., forme class. à laquelle remontent le prov. amella et le cat. amenla), attesté ds Götz, CGL t. 3, 1892, 578, 1. 2 et au vie s. par Plinius Valerianus et Oribase ds TLL s.v., 2029, 43, 44. Au même type remontent aussi les formes ital. du nord : Abbruzzes manele, malle, Lombardie armandola, Imola amandel, ital. mandola (REW3, s.v. amygdala), de même que a. lyonn. amandole, amandre, a. dauph. (a) mandole (FEW, ibid.), d'où on peut conclure que le mot est parvenu d'Italie du nord en France du nord par cette dernière région intermédiaire spéc. par le marché lyonn., voir Aebischer, Les formes vulg. du lat. amygdala > amande et leur répartition dans les lang. rom. ds Estudios a Menendez Pidal, 1-17. Enfin, les formes du sud de l'Italie (sicilien, napolitain), le logoudurien et l'a. prov. amendola, le prov. amenlo remontent au type amyndăla, attesté ds Not. Tir., 105, 27 ds TLL s.v., 2029, 72 (REW3).
AMANDIER, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − Ca 1150 bot. alemandier « amygdalus communis L. » (Thèbes, éd. Constans, 2680 ds T.-L. : Cyprès, aubours, alemandiers), forme encore en usage en m. fr. ; 1372 id. amandier « id. » (J. Corbichon, Propriétés des choses, XVII [éd. 1522] ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 109 : Le vieil amandier, quant il est bien labouré porte plus de fruict que le nouveau). Dér. de amande* ; suff. -ier* ; forme alemandier, dér. de alemande, forme anc. de amande*.
Autres noms : Amygdalus communis - Alemandier - Amone - Émandre - Mandolin - Mellé - Omillié -
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Botanique :
Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une description quelque peu orientée de l'amandier :
DE L'AMANDIER.
L'amandier est un arbre originaire de l’Asie et de l'Afrique septentrionale ; il croit actuellement dans tous les pays chauds, mais nos climats ne le possèdent qu'à force de culture. Ainsi les soins de l'éducation peuvent suppléer quelques dispositions, et la nature, cette mère universelle, cède quelques victoires à l'industrie, au courage de ses enfants.
De l'écorce brune et raboteuse de l'amandier et de ses branches irrégulières et dures, nous voyons s'élancer des jets plus verts, plus minces et un peu plus flexibles. On voit sortir alternativement de petits boutons ligneux, si on peut parler ainsi, dont l'enveloppe est brune comme l'écorce. C'est sur ces appuis que naissent les boutons qui renferment les feuilles, et qui, à travers une triple enceinte d'écailles, progressives en hauteur et toujours de moins en moins colorées vers l'intérieur, laissent échapper la pointe du feuillage, qui bientôt se développera en longues feuilles. Quel art merveilleux dans l'arrangement de ce berceau et des frêles nourrissons qu'il protège ! Après ce triple rempart écailleux, deux membranes blanchâtres s'embrassent et se croisent autour des feuilles naissantes. On aperçoit ces feuilles pliées en deux, chacune longitudinalement sur elles-mêmes, quelques-unes comme de simples fils, quelques autres très courtes. Les plus grandes affectent déjà la forme qu'elles doivent conserver. Ainsi le premier trait de la nature imprime déjà le chef d'œuvre.
La corolle de la fleur de l'amandier se compose de cinq pétales, d'un beau blanc, dont le délicat tissu a la forme d'un cœur ; plus de vingt étamines étalent au-dessus de ces pétales leurs colonnes de marbre, surmontées de chapiteaux d'or. Le calice, dans son intérieur, est arrondi et creux comme un vase. Tout dans la fleur a le goût de l'amande. C'est entre les parois de la belle corolle ; c'est dans ce temple dont l'éclatante blancheur réfléchit, comme dit Bernardin de Saint-Pierre, et les rayons et la chaleur sur le creuset où la nature opère ses bienfaits prodigues ; c'est dans ce temple que, par une suite de merveilles incompréhensibles et surtout inimitables, la Divinité se joue de la puissance et de l'orgueil humain. Elle les combat en leur jetant des fleurs, et, si des maux aigus rappellent plus vivement aux mortels leur extrême faiblesse, ces fleurs, qu'elle leur présente, recèlent un fruit précieux, dont les sucs peuvent les soulager. On distingue les fruits de l'amandier, d'après leur saveur, en amandes douces et amandes amères.
Amandes douces. -Dans la saison où les amandes douces commencent à mûrir, on les sert sur les tables et on les mange fraiches ; elles sont agréables au goût, mais elles ne conviennent qu'à ceux qui ont un bon estomac, et il faut avoir soin de les bien broyer entre les dents. Les personnes chez lesquelles les premières voies sont faibles et languissantes ne peuvent les digérer. Lorsqu'elles sont sèches elles sont encore en possession d'orner les desserts, pour lesquels on préfère la variété à coque tendre, se brisant facilement entre les doigts et connue sous les noms d'amandes princesses ou des dames. On fait, avec les amandes douces, des gâteaux, des biscuits, des massepains, des macarons, des dragées, des pralines et autres sucreries; elles font la base du sirop d'orgeat, préparation très usitée, soit en médecine, parce qu'elle a les mêmes propriétés que les émulsions ou laits d'amandes, soit dans le monde, pendant les chaleurs de l'été, comme formant une boisson très rafraichissante. L'huile d'amandes douces dissout le camphre et d'autres substances ; elle peut s'unir à l'eau au moyen d'un jaune d'oeuf. Administrée à l'intérieur, elle est légèrement laxative ; on la donne aux enfants atteints de coliques, de vers intestinaux et même de convulsions. Elle est utile contre les toux sèches et nerveuses. A l'extérieur, on prescrit cette huile comme émolliente, dans les inflammations externes et sur certaines tumeurs ; elle est utile dans quelques névralgies.
Amandes amères. -Ces amandes contiennent une huile volatile vénéneuse et une certaine proportion d'acide hydrocyanique, qu'on retire principalement de leur épiderme. Prises en petite quantité, elles sont toniques, tandis qu'à haute dose, elles peuvent empoisonner. Une femme, sujette à des palpitations de cour, fit usage d'amandes amères ; elle commença par en manger une par jour, et augmenta ensuite le nombre par degrés. Arrivée au numéro sept, par jour, elle éprouva des faiblesses générales, des évanouissements et une anxiété extrême ? : - Les anciens considéraient les amandes amères comme un excellent moyen de prévenir et de dissiper l'ivresse (Dioscoride). Plutarque raconte que le médecin du fils de Néron se préservait de l'ivresse, en surpassant les buveurs les plus intrépides de son temps, en mangeant cinq ou six amandes amères. Cependant, des observateurs dignes de foi ont remarqué précisément le contraire.
Outre les avantages que l'on retire de son fruit, l'amandier sert encore à orner les vergers et les bosquets par l'élégance de son port, la légèreté de son feuillage, par ses rameaux couverts de belles fleurs blanches, dès le commencement de mars et même plus tôt, quand l'hiver n'est pas rigoureux. Son bois est dur, veiné de bandes verdâtres ; il prend assez bien le poli, et les ébénistes en font de fort jolis ouvrages. Cet arbre se plait dans les terrains légers, sablonneux et pierreux.
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Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de l'Amande :
L'amandier se couvre de fleurs dès l'orée du printemps, les feuilles n'apparaissent que plus tard. Ce premier sourire de la nature inspira aux Grecs une touchante allégorie : Phyllis, fille de Lycurgue, roi de Thrace, aimait Démophon, fils de Thésée ; Démophon dut partir pour la guerre et promit à Phyllis de revenir bientôt. Les jours passèrent sans qu'il réapparût. Se croyant abandonnée, Phyllis se tua et fut changée en un amandier aux branches dénudées. A son retour, Démophon enlaça l'arbre et, sous l'effet de cette étreinte, celui-ci se couvrit de feuilles et de fleurs. [...]
Tous ces récits [cf symbolisme ci-dessous] montrent que l'amandier était connu des peuples du pourtour méditerranéen dès les temps les plus anciens. On mentionne en Grèce des amandes retrouvées à des niveaux de fouilles allant du paléolithique supérieur au néolithique récent. Sans doute originaire d'Asie centrale, l'Amandier se propagea par la culture en Égypte d'abord, puis en Grèce, en Italie, en Espagne, ainsi que dans le midi de la Gaule.
L'amandier est une espèce très proche de la pêche ; sur l'arbre, la petite amande ressemble d'ailleurs à une pêche verte, car sa chair reste mince, dure et sèche et ne devient jamais juteuse. A maturité, elle éclate, découvrant ainsi le noyau qui renferme généralement deux amandes.
On distingue traditionnellement deux sortes d'amandes. Chez l'amande amère, les graines contiennent un hétéroside qui se transforme, en présence d'eau, en acide cyanhydrique très toxique, que l'on appelait jadis acide prussique ; c'est pour cette raison qu'il ne faut manger ni les amandes contenues dans les noyaux de pêche, ni celles des noyaux d'abricot ou autres fruitiers de la famille des rosacées, également plus ou moins toxiques. Les amandes amères sont légèrement plus petites que les amandes douces et possèdent une coque plus dure. On pense que cinquante à soixante amandes amères suffiraient à tuer un adulte. Dioscoride, médecin de l'Antiquité, chirurgien des armées de Néron signalait leur emploi pour tuer les renards. Elles sont réputées protéger les buveurs invétérés contre les effets de leurs excès, propriété mentionnée par Plutarque qui préconise, ainsi que Pline, la consommation de cinq amandes amères pour prévenir l'ivresse. Dans sa Physiologie du goût, Brillat-Savarin confirme cette qualité et rapporte comment elle lui permet de remporter une éclatante victoire sur deux Anglais qui l'avaient provoqué en un duel bacchique.
Les graines des amandes amères, comme celles des amandes douces, contiennent une huile très appréciée dans une proportion de 55%. A l'inverse, les amandes sont très pauvres en glucides et en protides, ce qui les recommande notamment dans les régime des diabétiques. Avec un pouvoir calorique de 634 calories pour 100g, elles ont un très haut pouvoir nutritif, comparable à celui de la noix et de la noisette. Elles sont aussi les fruits les plus riches en phosphore et en magnésium et, comme les noix et les noisettes, en vitamine E, ce qui leur confère un intérêt renouvelé en tant qu'aliment antiradicalaire.
Associées aux figues sèches, aux raisins secs et aux noisettes, elles constituent le plus populaire des desserts, que l'on baptisait jadis "les quatre mendiants", leur couleur évoquant la bure des quatre ordres mendiants : Dominicains, Franciscains, Carmes et Augustins. [...]
La France a pratiquement abandonné la culture de l'amandier. Généralement autostérile, l'arbre a besoin de la présence à proximité d'un congénère pour sa pollinisation. Tandis que l'Espagne en récolte annuellement cinquante mille tonnes, et les États-Unis deux cent mille tonnes, la France importe vingt mille tonnes d'amandes décortiquées. On s'efforce actuellement de mettre au point des variétés à floraison plus tardive, afin d'éviter les risques de gelées, ou des variétés résistantes aux champignons parasites. C'est une culture d'avenir pour notre Midi méditerranée, d'autant plus que les amandes, par leur richesse en vitamine E, présentent aujourd'hui un intérêt certain sur le plan diététique.
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Dans Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. (Springer Paris, 2013) Victoria Hammiche, Rachida Merad, Mohamed Azzouz, et al. rapportent le détail de la toxicité de l'amandier :
Parties et principes toxiques : L'amande, qui est la graine de l'amandier, renferme l'amygdaloside ou amygdaline, glycoside cyanogène (mandelonitrile-beta-D-gentiobioside), situe dans Ie parenchyme des cotylédons et l'émulsine (glycosidase), localisée dans les faisceaux libéro-ligneux. Lors de la mastication, les deux composés sont mis en contact et l'hétéroside, hydrolysé par l'émulsine, libère l'acide cyanhydrique.
Cette hydrolyse intervient lors de l'absorption orale du glycoside du fait de l'action de la flore digestive. L'hydrolyse du glycoside libère du benzaldéhyde, 2 molécules de glucose et de l' acide cyanhydrique. L'ion cyanure est un poison cellulaire ; en se liant à l'ion Fe (III) de la cytochrome oxydase, il bloque la chaine respiratoire mitochondriale. Les cellules cérébrales, notamment celles du centre respiratoire bulbaire sont très sensibles à cette action.
Noyaux des Rosacees : A côté de l'Amandier, la famille des Rosacées compte d'autres arbres fruitiers : notamment, Abricotier, Cerisier, Pêcher ou Prunier, qui produisent Ie même fruit charnu dont la graine renferme de l'amygdaloside. La teneur en glycosides cyanogènes est variable selon l'espèce. Un gramme d'amygdaloside peut libérer près de 60 mg de cyanures (59,1 mg d'acide cyanhydrique équivalent à 56,9 mg de cyanures).
On rapporte, pour les graines d'abricot, des teneurs en cyanures d'environ 90 mg/kg à 2 170 mg/kg soit une teneur approximative en glycoside de 3-4 %. En moyenne, les amandes amères renferment l'équivalent de 300 à 3400 mg/ kg de cyanures, ce qui correspondrait à des teneurs en amygdaline de 0,5 a 5,5 %. L'huile naturelle d'amande amère renferme de 0,08 à 4 % de cyanures.
La teneur en cyanures dans les amandes amères a été évaluée jusqu'à, environ, 4700 mg/kg, ce qui donne une teneur moyenne par amande (poids moyen : 1,32 g) de 6,2 mg de cyanures. La teneur en glycoside serait, ainsi, estimée à près de 8 %.
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Vertus médicinales :
A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les vertus thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :
Amandier à fruit doux. Amygdalus dulci fructumajor.
Amandier amer, Amygdalus amara.
VERTUS : Les amandes douces sont nourrissantes, adoucissantes, restaurantes, laxatives, l'huile est très usitée dans les douleurs inflammatoires ou autres affections de la poitrine, des reins, de la vessie, elle est aussi un peu laxative, tient |e ventre libre, elle fait la base des potions huileuses, des loochs ; les amandes entrent dans les émulsions, le sirop d'orgeat, le looch commun, qui sont adoucissants, rafraîchissants prises à l'heure du sommeil, elles font reposer. Elles entrent dans le Diaphonie, pour adoucir l'âcreté des autres ingrédients purgatifs, hydragogues.
Les Amandes amères sont moins rafraîchissantes, donnent un goût moins fade au sirop d'orgeat ; elles ont une vertu stomachique qui les rendent moins pesantes, et une vertu diurétique qui les rendent plus faciles à passer ; elles entrent dans le trochisques d'Alkekenge qui est diurétique, narcotique et adoucissant, dans l'électuaire de baies de laurier qui est stomachique, incisif, carminatif, diurétique et emménagogue ; l'huile est un fort bon émollient détersif contre les vers, adoucissante dans les affections des reins, etc. Enfin la coque, en tisane, est très adoucissante.
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Usages traditionnels :
Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), rapporte également quelques usages de l'Amande :
L'amande est abondamment utilisée en cosmétologie et en confiserie. Ce serait une erreur de croire que l'huile d'amande douce se doit d'être réservée à la cosmétologie ; elle est aussi une excellente huile de table, bien qu'elle présente l'inconvénient de rancir assez vite. Quant aux amandes elles-mêmes, elles entrent en particulier dans la confection du nougat et de la praline. Celle-ci aurait été inventée, selon la légende, par un apprenti cuisinier sous les ordres de Lassagne, officier de bouche du duc de Choiseul-Praslin. Par maladresse, le jeune homme aurait fait tomber des amandes dans du miel de Gâtinais ; Lassagne sut habilement exploiter son geste en ouvrant une maison de la praline à Montargis. Quant au nougat, Monsieur de Nougarède, dans les 8721 pages du livre qu'il a consacré à sa fabrication, ne parvient pas à établir l'étymologie du mot.
Le lait d'amande était fort utilisé autrefois comme tonique et reconstituant - on dirait aujourd'hui comme "fortifiant". On s'en servait aussi comme véhicule pour l'administration de médicaments au goût désagréable et, bien entendu, comme adoucissant dans l'hygiène corporelle et pour l'entretien de la peau, fonction aujourd'hui dévolue à l'huile d'amande douce.
La tradition rapporte que l'on offrait jadis, afin de les réconforter, du lait d'amande et des œufs aux nouveaux baptisés de la nuit pascale qui avaient subi, quarante jours durant, les sévères exercices du carême et la rigueur des jeûnes, rite d'initiation propre à toute religion. Ces œufs et ce lait d'amande se muèrent plus tard en œufs de Pâques et en dragées de baptême. Une dragée est, en effet, une amande enduite de sucre glacé. Il s'en consommait beaucoup au XVIe siècle où la dragée devint à la mode, grâce notamment aux apothicaires de Verdun, passés maîtres dans l'art de la dragéification. Un art que leurs confrères contemporains perpétuent, cette fois dans la fabrication des dragées pharmaceutiques... Il était de bon ton, sous Henri III, d'avoir son "drageoir" en poche ; celui du duc de Guise est resté aussi célèbre que le fut plus tard la bonbonnière de Madame de Pompadour.
La carrière de la dragée en confiserie continua à faire bon ménage avec les traditions qui, dit-on, lui donnèrent naissance. L'amande de la dragée symbolise en effet, le sacrement par lequel le baptisé, à l'instar d'une graine d'amande, restauré et lavé de la faute originelle, est appelé, après un long et lent processus de croissance, à devenir un arbre superbe, épanoui dans l'éternité. L'amande devient une graine d'immortalité comme le petit enfant dont elle commémore le baptême et dont elle symbolise la virginité retrouvée de la première condition humaine.
Avec des fruits confits arrosés de fleur d'oranger, l'amande entre également dans la composition des calissons d'Aix-en-Provence dont Madame de Sévigné se montra très friande.
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D'après les travaux de Victoria Hammiche, Rachida Merad, Mohamed Azzouz, et al. consignés dans Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. (Springer Paris, 2013) :
On emploie l'amande, en petite quantité, ou l'extrait, pour aromatiser les pâtisseries (pâte d'amandes, macarons) et les confiseries. l'extrait qui a les mêmes usages sert, par ailleurs, à la fabrication de liqueurs (amaretto) et de sirops (orgeat). L'huile, autrefois conseillée comme vermifuge et pour diminuer les calculs rénaux n'est plus employée en usage interne. Elle reste très utilisée en parfumerie et en cosmétologie (soins capillaires, taches de rousseur, eczéma). L'indication majeure de l'amande amère est Ie diabète.
Croyances populaires :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
NOYAUX MERVEILLEUX. Nos pères, qui avaient un grand amour pour les recettes étranges et estimaient surtout celles qui leur étaient communiquées par les magiciens et les sorciers , accordaient une confiance toute particulière à la suivante, quoiqu'ils ne l'eussent probablement jamais mise en pratique. Afin de se procurer, disaient-ils, des noyaux de pêcher ou d'amandier sur lesquels son nom fût écrit, on prenait un noyau ou une amande provenant d'un beau fruit, on le mettait en terre et on l'y laissait durant six ou sept jours jusqu'à ce qu'il fût à demi ouvert. On le retirait alors avec précaution, on écrivait dessus son nom avec du cinabre, et lorsqu'il était sec, on le replaçait en terre, après l'avoir refermé au moyen d'un fil. L'arbre obtenu de ce semi, fournissait à son tour des fruits dont tous les noyaux devaient porter immanquablement le nom du planteur.
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Historique des empoisonnements relatifs à l'acide cyabhydrique :
Nicolas Simon, dans une thèse intitulée Le poison dans l’histoire : crimes et empoisonnements par les végétaux et soutenue à la faculté de pharmacie de Nancy, (Sciences pharmaceutiques. 2003. ffhal-01732872f) nous rappelle la dangerosité de plantes que l'on juge souvent inoffensives :
Les plantes contenant le plus d'acide cyanhydrique appartiennent à la famille des Rosaceae qui regroupe des plantes plus que familières telles que le pêcher, le cerisier, le pommier, l'abricotier, le prunier ou l'amandier. Ces plantes, nous les connaissons bien et nous croyons tous qu'elles ne peuvent pas nous faire de mal. Et pourtant les noyaux de leurs fruits contiennent en quantité non négligeable un des poisons les plus toxiques et les plus foudroyants que l'Homme ait jamais découvert: le cyanure.
Les funestes effets de l'acide cyanhydrique étaient connus depuis l'Antiquité: ce sont eux que les prêtres égyptiens utilisaient, après avoir extrait l'acide de la pêche, pour punir les initiés qui avaient trahi les secrets de l'art sacré, et selon la coutume juive et égyptienne, les « eaux amères », prédécesseurs de l'eau de laurier-cerise, de l'essence d'amandes amères et même du kirsch, servaient au châtiment des femmes adultères sans laisser la moindre trace dans son cadavre. Nous avons vu précédemment que Britannicus aurait visiblement succombé sous l'effet du cyanure.
C'est en 1709 que le philosophe allemand Conrad Dissel, se piquant d'alchimie, prépara le bleu de Prusse. Puis, en 1782, partant de ce produit, le suédois Charles Guillaume Scheele, l'un des fondateurs de la chimie organique, en isola un acide qui reçut le nom d'acide prussique. Il garda ce nom jusqu'en 1814 après que Louis Gay-Lussac ait obtenu la molécule d'acide cyanhydrique à l'état pur et son précurseur, le cyanogène.
On dit que le scientifique suédois fut la première victime de sa trouvaille puisqu'il mourut subitement dans son laboratoire en 1786. Un chimiste autrichien, Schlaringen, serait mort d'avoir laissé trop longtemps de l'acide prussique au contact de son bras nu.
Ce poison si toxique, nous pouvons le trouver tous les jours à portée de main: écrasez un noyau de cerise ou un pépin de pomme et vous sentirez une odeur d'essence d'amande amère caractéristique de l'acide cyanhydrique que vous venez de produire par hydrolyse. Mais pour ressentir le moindre début d'intoxication, il faudrait ingurgiter une quantité considérable de noyaux. En revanche, le danger peut rapidement venir de l'amande ; il existe deux types d'amandier, l'un produisant les amandes douces (Prunus amygdalus var. dulcis) et l'autre, les amandes amères (Prunus amygdalus var. amara). L'amertume des amandes de cette deuxième variété est due à la présence d'un hétéroside cyanogénétique (c'est-à-dire qui produit du cyanure) : l'amygdaloside. Une centaine de grammes d'amandes amères constituerait une dose létale pour l'homme et cinq à six amandes suffiraient à provoquer la mort d'un enfant. Et il faut savoir qu'il n'est pas rare de trouver quelques amandes amères dans un lot d'amandes douces, d'où un nombre important d'intoxications parfois fatales.
[...] De par sa rapidité d'action, c'était autrefois le moyen favori de suicide des photographes, chimistes, médecins (qui en disposaient toujours dans leurs laboratoires), mais aussi des espions, tombés aux mains de l'ennemi, qui se supprimaient grâce à une capsule de cyanure cachée dans une dent creuse.
Citons l'histoire d'Alan M. Turing (1912-1954), qui fut l'un des plus grands génies du 20ème siècle. Premier théoricien de l'informatique, il formalise les notions qui vont permettre à celle-ci et à J'intelligence artificielle de se développer (machine de Turing, test de Turing ... ). Au service de l'armée britannique pendant la seconde guerre mondiale, il vient à bout du cryptage des messages nazis en perçant les secrets de la machine Enigma, procurant un avantage stratégique inestimable aux Alliés. Mais pendant la guerre froide, il fut persécuté par l' administration britannique pour son homosexualité et il fut condamné à la castration chimique. Il mit fin à ses jours le 7 juin 1954, en croquant dans une pomme qu'il avait imprégnée de cyanure. Plusieurs années plus tard, trois jeunes américains fondent une société d'informatique promise à un grand avenir, qu'ils baptisent Apple et prennent pour logo une petite pomme entamée, aux couleurs de l'arc-en-ciel. Beaucoup, dans le milieu étroit de l'informatique naissante des années 70, y reconnaîtront un hommage au destin tragique du père fondateur de l'informatique.
Des années sombres : L'acide cyanhydrique connut une de ses heures de gloire lors de la première guerre mondiale, en effet, l'acide prussique fut l'un des nombreux gaz de combat utilisés sur les champs de bataille pendant cette guerre, souvent associé au phosgène. Les spécialistes français, qui croyaient beaucoup aux vertus militaires de l'acide cyanhydrique, l'utilisèrent de façon massive dans des projectiles d'artillerie à partir de 1917. Mais cet acide a aussi connu une période plus trouble, plus dévastatrice et surtout plus honteuse dans l'Histoire : c'est lui qui était le composant principal du Zyklon B. Les nazis s' aperçurent que ce gaz, initialement utilisé comme insecticide, était d'une toxicité sans égale et pouvait se révéler l'outil idéal dans leur immense projet de purification ethnique. Les premières chambres à gaz à Zyklon B furent installées en 1941 à Auschwitz. Au début, elles pouvaient permettre de gazer près de neuf cent personnes entassées à plus de dix par mètres carrés en une seule opération.
Le témoignage suivant nous est rapporté par R. Vrba et F. Wetzler, rescapés d'Auschwitz :
« Pour persuader les malheureux qu'on les conduit vraiment au bain, deux hommes vêtus de blanc leur remettent à chacun un linge de toilette et un morceau de savon. Puis on les pousse dans la chambre des gaz C. Deux mille personnes peuvent y rentrer, mais chacun ne dispose strictement que de la place pour tenir debout. Pour parvenir à parquer cette masse dans la salle, on tire des coups de feu répétés afin d'obliger les gens qui y ont déjà pénétré à se serrer. Quand tout le monde est à l'intérieur, on verrouille la lourde porte. On attend quelques minutes, probablement pour que la température dans la chambre puisse atteindre un certain degré, puis des SS revêtus de masques à gaz montent sur le toit, ouvrent les fenêtres et lancent à l'intérieur le contenu de quelques boîtes de fer blanc : une préparation en forme de poudre. Les boîtes portent l'inscription "Cyklon" (insecticide), elles sont fabriquées à Hambourg. Il s'agit probablement d'un composé de cyanure, qui devient gazeux à une certaine température. En trois minutes, tous les occupants de la salle sont tués. »
Le poison fut responsable, dans les camps de la mort, d'un nombre incalculable mais sûrement gigantesque de victimes innocentes. La «solution finale» des nazis a permis au poison de prendre subitement une autre dimension: il était auparavant l'outil d'un homme qui voulait supprimer un autre homme; avec les camps de la honte il devient un outil de mort industriel, un outil d'extermination de masse. C'est cette facette du poison qui perdurera jusqu'à nos jours et qui continuera encore longtemps après nous. Et ne l'oublions pas, ce sont d'innocentes plantes qui ont servi de base à cette industrie de mort.
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cet arbuste :
Printemps - Mars.
AMANDIER - ÉTOURDERIE. Emblème de l'étourderie, l'amandier répond le premier à l'appel du printemps. Rien n'est plus frais ni plus aimable que ce bel arbre, lorsqu'il parait dans les premiers jours de mars, couvert de fleurs, au milieu de nos bosquets encore dépouillés. Les gelées tardives détruisent souvent les germes trop précoces de ses fruits ; mais par un effet assez singulier, loin de faner ces fleur , elles semblent leur donner un nouvel éclat. J'ai vu une avenue d'amandiers, toute blanche la veille, frappée du froid pendant la nuit, paraitre couleur de rose le lendemain matin, et garder plus d'un mois cette nouvelle parure, qui ne tomba que lorsque l'arbre fut entièrement vert. La Fable donne à l'amandier une touchante origine. Elle raconte que Démophon, fils de Thésée et de Phèdre , fut jeté par une tempète, revenant du siége de Troie, sur les côtes de Thrace, où régnait alors la belle Phyllis. Cette jeune reine accueillit le prince, s'éprit d'amour pour lui, et en fit son époux. Rappelé à Athènes par la mort de son père, Démophon promit à Phyllis de revenir dans un mois, et il fixa le moment de son retour. La tendre Phyllis compta toutes les minutes de l'absence ; enfin le jour tant désiré arriva, Phyllis courut neuf fois au rivage ; mais, ayant perdu tout espoir, elle y tomba morte de douleur, et fut changée en amandier. Cependant Démophon revint trois mois après ; désolé, il fit un sacrifice sur les bords de la mer, pour apaiser les mânes de son amante. Elle parut sensible à son repentir et à son retour, car l'amandier qui la pressait sous son écorce fleurit tout à coup ; elle prouva, par ce dernier effort, que la mort elle-même n'avait pu la changer.
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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Amandier - Étourderie.
L’amandier fleurit à l’étourdie avant les dernières gelées qui viennent souvent détruire toutes les espérances de ses fleurs blanches et parfumées.
Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
AMANDIER — ÉTOURDERIE.
L'étourdi se met d'abord tout lors d'haleine ; mais le sage diffère et se réserve pour l'avenir.
- Proverbes XXIX, 11.
La fable donne à l'amandier une touchante origine : Démophon , fils de Phèdre et de Thésée, fut jeté par une tempête, en revenant du siége de Troie, sur les côtes de Thrace, où régnait la belle Philis. Il en fit son épouse, mais il fut bientôt obligé de la quitter pour aller à Athènes recueillir l'héritage de son père. Il lui promit de revenir au bout d'un mois. Lorsque le jour indiqué fut arrivé, la jeune princesse alla plusieurs fois sur le rivage de la mer pour chercher à découvrir le vaisseau qui devait lui ramener l'époux qu'elle chérissait. Enfin, ne le voyant pas paraitre, elle succomba sous le poids de ses inquiétudes et mourut de douleur. Les dieux la changèrent en amandier. Mais, après, Démophon revint et apprit avec douleur cette triste aventure. Il fit un sacrifice sur le lieu même où elle avait rendu le dernier soupir et lorsqu'il invoqua les mânes de son épouse, l'amandier frémit, s’agita et fleurit tout à coup. — Partout, les fleurs de l'amandier sont les premières à répondre au premier appel du printemps ; mais cette apparition hâtive, que l'on peut regarder comme une espèce d'étourderie leur est souvent funeste ; l'hiver, caché au fond des bois, revient sur ses pas et détruit en un instant leur fragile beauté et tous les fruits qu'elles promettaient.
RÉFLEXIONS.
La sagesse ne consiste pas loujours à faire les choses promptement, mais à les faire dans le temps qu'il faut.
(Bossuet)
Heureux l'homme qui se dépouille pour être revêtu, qui foule aux pieds sa vaine sagesse pour posséder celle de Dieu. (Fénelon)
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Amandier - Étourderie.
L'amandier fleurit comme un étourdi, sans penser que les dernières gelées détruisent ses fleurs blanches et parfumées et les rendent bien souvent stériles surtout dans les régions du nord de la France.
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René Guénon, dans Le Roi du Monde, Chap. VII : Luz ou le séjour d’immortalité :
Les traditions relatives au « monde souterrain » se rencontrent chez un grand nombre de peuples ; nous n’avons pas l’intention de les rassembler toutes ici, d’autant plus que certaines d’entre elles ne semblent pas avoir une relation très directe avec la question qui nous occupe. Cependant, on pourrait observer, d’une façon générale, que le « culte des cavernes » est toujours plus ou moins lié à l’idée de « lieu intérieur » ou de « lieu central », et que, à cet égard, le symbole de la caverne et celui du cœur sont assez proches l’un de l’autre (1). D’autre part, il y a très réellement, en Asie centrale comme en Amérique et peut-être ailleurs encore, des cavernes et des souterrains où certains centres initiatiques ont pu se maintenir depuis des siècles ; mais, en dehors de ce fait, il y a, dans tout ce qui est rapporté à ce sujet, une part de symbolisme qu’il n’est pas bien difficile de dégager ; et nous pouvons même penser que ce sont précisément des raisons d’ordre symbolique qui ont déterminé le choix de lieux souterrains pour l’établissement de ces centres initiatiques, beaucoup plus que des motifs de simple prudence. Saint-Yves aurait peut-être pu expliquer ce symbolisme, mais il ne l’a pas fait, et c’est ce qui donne à certaines parties de son livre une apparence de fantasmagorie (2) ; quant à M. Ossendowski, il était sûrement incapable d’aller au-delà de la lettre et de voir dans ce qu’on lui disait autre chose que le sens le plus immédiat.
Parmi les traditions auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure, il en est une qui présente un intérêt particulier : elle se trouve dans le Judaïsme et concerne une ville mystérieuse appelée Luz (3). Ce nom était originairement celui du lieu où Jacob eut le songe à la suite duquel il l’appela Beith-El, c’est-à-dire « maison de Dieu » (4) ; nous reviendrons plus tard sur ce point. Il est dit que l’« Ange de la Mort » ne peut pénétrer dans cette ville et n’y a aucun pouvoir ; et, par un rapprochement assez singulier, mais très significatif, certains la situent près de l’Alborj, qui est également, pour les Perses, le « séjour d’immortalité ».
Près de Luz, il y a, dit-on, un amandier (appelé aussi luz en hébreu) à la base duquel est un creux par lequel on pénètre dans un souterrain (5) ; et ce souterrain conduit à la ville elle-même, qui est entièrement cachée. Le mot Luz, dans ses diverses acceptions, semble d’ailleurs dérivé d’une racine désignant tout ce qui est caché, couvert, enveloppé, silencieux, secret ; et il est à noter que les mots qui désignent le Ciel ont primitivement la même signification. On rapproche ordinairement coelum du grec koilon, « creux » (ce qui peut aussi avoir un rapport avec la caverne, d’autant plus que Varron indique ce rapprochement en ces termes : a cavo coelum) ; mais il faut remarquer aussi que la forme la plus ancienne et la plus correcte semble être caelum, qui rappelle de très près le mot caelare, « cacher ». D’autre part, en sanscrit, Varuna vient de la racine var, « couvrir » (ce qui est également le sens de la racine kal à laquelle se rattachent le latin celare, autre forme de caelare, et son synonyme grec kaluptein) (6) ; et le grec Ouranos n’est qu’une autre forme du même nom, var se changeant facilement en ur. Ces mots peuvent donc signifier « ce qui couvre (7) », « ce qui cache (8) », mais aussi « ce qui est caché », et ce dernier sens est double : c’est ce qui est caché aux sens, le domaine suprasensible ; et c’est aussi, dans les périodes d’occultation ou d’obscurcissement, la tradition qui cesse d’être manifestée extérieurement et ouvertement, le « monde céleste » devenant alors le « monde souterrain ».
Il y a encore, sous un autre rapport, un rapprochement à établir avec le Ciel : Luz est appelée la « cité bleue », et cette couleur, qui est celle du saphir (9), est la couleur céleste. Dans l’Inde, on dit que la couleur bleue de l’atmosphère est produite par la réflexion de la lumière sur l’une des faces du Mêru, la face méridionale, qui regarde le Jambu-dwîpa, et qui est faite de saphir ; il est facile de comprendre que ceci se réfère au même symbolisme. Le Jambu-dwîpa n’est pas seulement l’Inde comme on le croit d’ordinaire, mais il représente en réalité tout l’ensemble du monde terrestre dans son état actuel ; et ce monde peut, en effet, être regardé comme situé tout entier au sud du Mêru, puisque celui-ci est identifié avec le pôle septentrional (10). Les sept dwîpas (littéralement « îles » ou « continents ») émergent successivement au cours de certaines périodes cycliques, de sorte que chacun d’eux est le monde terrestre envisagé dans la période correspondante ; ils forment un lotus dont le centre est le Mêru, par rapport auquel ils sont orientés suivant les sept régions de l’espace (11). Il y a donc une face du Mêru qui est tournée vers chacun des sept dwîpas ; si chacune de ces faces a l’une des couleurs de l’arc-en-ciel (12), la synthèse de ces sept couleurs est le blanc, qui est attribué partout à l’autorité spirituelle suprême (13), et qui est la couleur du Mêru considéré en lui-même (nous verrons qu’il est effectivement désigné comme la « montagne blanche »), tandis que les autres représentent seulement ses aspects par rapport aux différents dwîpas. Il semble que, pour la période de manifestation de chaque dwîpa, il y ait une position différente du Mêru ; mais, en réalité, il est immuable, puisqu’il est le centre, et c’est l’orientation du monde terrestre par rapport à lui qui est changée d’une période à l’autre.
Revenons au mot hébraïque luz, dont les diverses significations sont très dignes d’attention : ce mot a ordinairement le sens d’« amande » (et aussi d’« amandier », désignant par extension l’arbre aussi bien que son fruit) ou de « noyau » ; or le noyau est ce qu’il y a de plus intérieur et de plus caché, et il est entièrement fermé, d’où l’idée d’« inviolabilité » (14) (que l’on retrouve dans le nom de l’Agarttha). Le même mot luz est aussi le nom donné à une particule corporelle indestructible, représentée symboliquement comme un os très dur, et à laquelle l’âme demeurerait liée après la mort et jusqu’à la résurrection (15). Comme le noyau contient le germe, et comme l’os contient la moelle, ce luz contient les éléments virtuels nécessaires à la restauration de l’être ; et cette restauration s’opérera sous l’influence de la « rosée céleste », revivifiant les ossements desséchés ; c’est à quoi fait allusion, de la façon la plus nette, cette parole de saint Paul : « Semé dans la corruption, il ressuscitera dans la gloire (16). » Ici comme toujours, la « gloire » se rapporte à la Shekinah, envisagée dans le monde supérieur, et avec laquelle la « rosée céleste » a une étroite relation, ainsi qu’on a pu s’en rendre compte précédemment. Le Luz, étant impérissable (17), est, dans l’être humain, le « noyau d’immortalité », comme le lieu qui est désigné par le même nom est le « séjour d’immortalité » : là s’arrête, dans les deux cas, le pouvoir de l’« Ange de la Mort ». C’est en quelque sorte l’œuf ou l’embryon de l’Immortel (18) ; il peut être comparé aussi à la chrysalide d’où doit sortir le papillon (19), comparaison qui traduit exactement son rôle par rapport à la résurrection.
On situe le luz vers l’extrémité inférieure de la colonne vertébrale ; ceci peut sembler assez étrange, mais s’éclaire par un rapprochement avec ce que la tradition hindoue dit de la force appelée Kundalinî (20), qui est une forme de la Shakti considérée comme immanente à l’être humain (21). Cette force est représentée sous la figure d’un serpent enroulé sur lui-même, dans une région de l’organisme subtil correspondant précisément aussi à l’extrémité inférieure de la colonne vertébrale ; il en est du moins ainsi chez l’homme ordinaire ; mais, par l’effet de pratiques telles que celles du Hatha-Yoga, elle s’éveille, se déploie et s’élève à travers les « roues » (chakras) ou « lotus » (kamalas) qui répondent aux divers plexus, pour atteindre la région correspondant au « troisième œil », c’est-à-dire à l’œil frontal de Shiva. Ce stade représente la restitution de l’« état primordial », où l’homme recouvre le « sens de l’éternité » et, par là, obtient ce que nous avons appelé ailleurs l’immortalité virtuelle. Jusque-là, nous sommes encore dans l’état humain ; dans une phase ultérieure, Kundalinî atteint finalement la couronne de la tête (22), et cette dernière phase se rapporte à la conquête effective des états supérieurs de l’être. Ce qui semble résulter de ce rapprochement, c’est que la localisation du luz dans la partie inférieure de l’organisme se réfère seulement à la condition de l’« homme déchu » ; et, pour l’humanité terrestre envisagée dans son ensemble, il en est de même de la localisation du centre spirituel suprême dans le « monde souterrain » (23).
(1) La caverne ou la grotte représente la cavité du cœur, considéré comme centre de l’être, et aussi l’intérieur de l’« Œuf du Monde ».
(2) Nous citerons comme exemple le passage où il est question de la « descente aux Enfers » ; ceux qui en auront l’occasion pourront le comparer avec ce que nous avons dit sur le même sujet dans L’Ésotérisme de Dante.
(3) Les renseignements que nous utilisons ici sont tirés en partie de la Jewish Encyclopedia (VIII, 219).
(4) Genèse, XXVIII, 19.
(5) Dans les traditions de certains peuples de l’Amérique du Nord, il est aussi question d’un arbre par lequel des hommes qui vivaient primitivement à l’intérieur de la terre seraient parvenus à sa surface, tandis que d’autres hommes de la même race seraient demeurés dans le monde souterrain. Il est vraisemblable que Bulwer-Lytton s’est inspiré de ces traditions dans La Race future (The Coming Race). Une nouvelle édition porte le titre : La Race qui nous exterminera.
(6) De la même racine kal dérivent d’autres mots latins, comme caligo et peut-être le composé occultus. D’un autre côté, il est possible que la forme caelare provienne originairement d’une racine différente caed, ayant le sens de « couper » ou « diviser » (d’où aussi caedere), et par suite ceux de « séparer » et « cacher » ; mais, en tout cas, les idées exprimées par ces racines sont, comme on le voit, très proches les unes des autres, ce qui a pu amener facilement l’assimilation de caelare et celare, même si ces deux formes sont étymologiquement indépendantes.
(7) Le « Toit du Monde », assimilable à la « Terre céleste » ou « Terre des Vivants », a, dans les traditions de l’Asie centrale, d’étroits rapports avec le « Ciel Occidental » où règne Avalokitêshwara. - À propos du sens de « couvrir », il faut rappeler aussi l’expression maçonnique « être à couvert » : le plafond étoilé de la Loge représente la voûte céleste.
(8) C’est le voile d’Isis ou de Neith chez les Égyptiens, le « voile bleu » de la Mère universelle dans la tradition extrême-orientale (Tao-te-king, ch. VI) ; si l’on applique ce sens au ciel visible, on peut y trouver une allusion au rôle du symbolisme astronomique cachant ou « révélant » les vérités supérieures.
(9) Le saphir joue un rôle important dans le symbolisme biblique ; en particulier, il apparaît fréquemment dans les visions des prophètes.
10) Le Nord est appelé en sanscrit Uttara, c’est-à-dire la région la plus élevée ; le Sud est appelé Dakshina, la région de la droite, c’est-à-dire celle qu’on a à sa droite en se tournant vers l’Orient. Uttarâyana est la marche ascendante du Soleil vers le Nord, commençant au solstice d’hiver et se terminant au solstice d’été ; dakshinâyana est la marche descendante du Soleil vers le Sud, commençant au solstice d’été et se terminant au solstice d’hiver.
(11) Dans le symbolisme hindou (que le Bouddhisme lui-même a conservé dans la légende des « sept pas »), les sept régions de l’espace sont les quatre points cardinaux, plus le Zénith et le Nadir, et enfin le centre lui-même ; on peut remarquer que leur représentation forme une croix à trois dimensions (six directions opposées deux à deux à partir du centre). De même, dans le symbolisme kabbalistique, le « Saint Palais » ou « Palais intérieur » est au centre des six directions, qui forment avec lui le septénaire ; et « Clément d’Alexandrie dit que de Dieu, « Cœur de l’Univers », partent les étendues indéfinies qui se dirigent, l’une en haut, l’autre en bas, celle-ci à droite, celle-là à gauche, l’une en avant et l’autre en arrière ; dirigeant son regard vers ces six étendues comme vers un nombre toujours égal, il achève le monde ; il est le commencement et la fin (l’alpha et l’ôméga), en lui s’achèvent les six phases du temps, et c’est de lui qu’elles reçoivent leur extension indéfinie ; c’est là le secret du nombre 7 » (cité par P. Vulliaud, La Kabbale juive, t. I, pp. 215-216). Tout ceci se rapporte au développement du point primordial dans l’espace et dans le temps ; les six phases du temps, correspondant respectivement aux six directions de l’espace, sont six périodes cycliques, subdivisions d’une autre période plus générale, et parfois représentées symboliquement comme six millénaires ; elles sont aussi assimilables aux six premiers « jours » de la Genèse, le septième ou Sabbath étant la phase de retour au Principe, c’est-à-dire au centre. On a ainsi sept périodes auxquelles peut être rapportée la manifestation respective des sept dwîpas ; si chacune de ces périodes est un Manvantara, le Kalpa comprend deux séries septénaires complètes ; il est d’ailleurs bien entendu que le même symbolisme est applicable à différents degrés, suivant qu’on envisage des périodes cycliques plus ou moins étendues.
(12) Voir ce qui a été dit plus haut sur le symbolisme de l’arc-en-ciel. - Il n’y a en réalité que six couleurs, complémentaires deux à deux, et correspondant aux six directions opposées deux à deux ; la septième couleur n’est autre que le blanc lui-même, comme la septième région s’identifie avec le centre.
(13) Ce n’est donc pas sans raison que, dans la hiérarchie catholique, le Pape est vêtu de blanc.
(14) C’est pourquoi l’amandier a été pris comme symbole de la Vierge.
(15) Il est curieux de noter que cette tradition judaïque a très probablement inspiré certaines théories de Leibnitz sur l’« animal » (c’est-à-dire l’être vivant) subsistant perpétuellement avec un corps, mais « réduit en petit » après la mort.
(16) Ire Épître aux Corinthiens, XV, 42. - Il y a dans ces mots une application stricte de la loi d’analogie : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, mais en sens inverse. »
(17) En sanscrit, le mot akshara signifie « indissoluble », et par suite « impérissable » ou « indestructible » ; il désigne la syllabe, élément premier et germe du langage, et il s’applique par excellence au monosyllabe Om, qui est dit contenir en lui-même l’essence du triple Vêda.
(18) On en trouve l’équivalent, sous une autre forme, dans les différentes traditions, et en particulier, avec de très importants développements, dans le Taoïsme. - À cet égard, c’est l’analogue dans l’ordre « microcosmique », de ce qu’est l’« Œuf du Monde » dans l’ordre « macrocosmique », car il renferme les possibilités du « cycle futur » (la vita venturi sæculi du Credo catholique).
(19) On peut se reporter ici au symbolisme grec de Psyché, qui repose en grande partie sur cette similitude (voir Psyché, par F. Pron).
(20) Le mot kundalî (au féminin kundalinî) signifie enroulé en forme d’anneau ou de spirale ; cet enroulement symbolise l’état embryonnaire et « non développé ».
(21) À cet égard, et sous un certain rapport, sa demeure est aussi identifiée à la cavité du cœur ; nous avons déjà fait allusion à une relation existant entre la Shakti hindoue et la Shekinah hébraïque.
(22) C’est le Brahma-randhra ou orifice de Brahma, point de contact de la sushumnâ ou « artère coronale » avec le « rayon solaire » ; nous avons exposé complètement ce symbolisme dans L’Homme et son devenir selon le Vêdânta.
(23) Tout ceci a un rapport des plus étroits avec la signification réelle de cette phrase hermétique bien connue : « Visita inferiora terræ, rectificando invenies occultum lapidem, veram medicinam », qui donne par acrostiche le mot Vitriolum. La « pierre philosophale » est en même temps, sous un autre aspect, la « vraie médecine », c’est-à-dire l’« élixir de longue vie », qui n’est pas autre chose que le « breuvage d’immortalité ». - On écrit parfois interiora au lieu d’inferiora, mais le sens général n’en est pas modifié, et il y a toujours la même allusion manifeste au « monde souterrain »
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Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"L'amande est très généralement, par rapport à la cosse, le symbole de l'essentiel caché dans l'accessoire, de la spiritualité voilée par les doctrines et les pratiques extérieures, de la réalité masquée par les apparences et selon l'ésotérisme, la Vérité, le Trésor, la Source toujours cachée. Ainsi Clément d'Alexandrie : Mes Stromates renferment la vérité mêlée aux dogmes de la philosophie, ou plutôt enveloppée et recouverte par eux comme par la coque la partie comestible de la noix. Ou Mahmûd Shabestari : La shariât est l'écorce, la haqîqat en est l'amande... Lorsque le migrateur a atteint la certitude personnelle, l'amande est mûre et l'écorce éclate ; ou encore Abd al-Karim al-Jîlî : Laisse donc l'écorce et prends le noyau : ne sois pas de ceux qui ignorent le visage, mais ôte le voile !
L'amande est le Christ, parce que sa nature divine est cachée par sa nature humaine, ou par le corps de la Vierge-mère. Elle est encore, dit Adam de Saint-Victor, le mystère de la lumière, c'est-à-dire l'objet de la contemplation, le secret de l'illumination intérieure. L'amande qui, dans l'ornementation médiévale, auréole les figures de la Vierge ou du Christ en majesté, participe d'une autre manière au mystère de la lumière : c'est la lumière céleste, à la fois émanation du séjour des Bienheureux et voile de la vision béatifique. Elle correspond en outre à l'arc-en-ciel, selon l'Apocalypse : Celui qui siège est comme une vision de jaspe vert ou de cornaline : un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d'émeraude (4, 3).
La notion d'élément caché, enclos, inviolable, est parfaitement exprimée par le nom hébreu de l'amande : luz, qui est aussi le nom d'une ville souterraine (voir amandier) et celui du noyau indestructible de l'être (chinois : che-li ; sanscrit : shârira), contenant tous les éléments potentiels de sa restauration. C'est en somme le noyau d'immortalité.
Dans la tradition mystique, l'amande symbolise le secret (le secret est un trésor) vivant dans l'ombre et qu'il convient de découvrir afin de s'en nourrir.
L'amandier était pour les Hébreux le symbole d'une vie nouvelle.
Il est le premier arbre fleurissant au printemps. D'où ce texte dans Jérémie (I, 11-12). Que vois-tu, Jérémie ? dit l’Éternel - Jérémie répond : Je vois une branche d'amandier - Et l’Éternel déclare : Tu as bien vu, car je me hâte d'exécuter ma parole.
Découvrir l'amande, manger l'amande a pour signification découvrir un secret, participer à ce secret.
Dans l'ésotérisme du Moyen Âge, l'amande signifie la virginité de la Vierge : amande mystique. L'auréole en ellipse entoure parfois la Vierge dans l'art.
Suivant le Thesaurus d'Henri Estienne, amandalos signifie obscur, invisible, intériorité.
Le corps des saints est souvent tout entier enveloppé dans une amande ; elle est fréquemment divisée en trois lignes, pour exprimer la Trinité. Ils sont entrés dans le giron des Trois Personnes Divines, auxquelles ils s'unissent par la Vision béatifique.
Mais, en langage profane, manger l'amande c'est coïter car l'amande est la vulve, le yoni, dont les Upanishad nous disent qu'elle est le symbole des eaux cosmiques e de l'agitation tournoyante des infinies possibilités de l'existentialité. Cette vieille image archétypale pourrait être à l'origine de la mandorle.
Le fait que le terme amande mystique désigne la virginité de Marie dans le langage ésotérique du Moyen Âge corroborerait cette hypothèse. Le plus remarquable en cet exemple est que le passage du religieux au profane ne vient nullement diminuer la valeur sacrée du symbole, mais au contraire la renforcer, ainsi qu'il en va dans maints poèmes soufis. Car cette connotation sexuelle donnée la mandorle en fait la Matrice originelle, celle d'où jaillissent, dans la lumière de la révélation, l'Homme et Dieu confondus.
L'amandier, dont la floraison est très printanière, est le signe de la renaissance de la nature et d'une vigilance attentive aux premiers signes du printemps. Il est également symbole de fragilité, car ses fleurs, ouvertes les premières, sont le plus sensibles aux derniers frimas... Il est le symbole d'Attis, né d'une vierge qui le conçut à partir d'une amande.
Cette légende est peut-être à l'origine de la mise en rapport de l'amandier avec la Vierge Marie. Toutefois, le symbole ne prend toute sa valeur qu'avec la signification de l'amande elle-même.
Selon une tradition juive, c'est en outre par la base d'un amandier (luz) qu'on pénètre dans la ville mystérieuse de Luz, laquelle est un séjour d'immortalité. C'est en même temps le nom de la ville près de laquelle Jacob eut sa vision, et qu'il nomma Beith-el, ou Maison de Dieu. La mise en rapport de l'amandier et de la notion d'immortalité s'explique ici encore par le symbolisme de l'amande (également nommé luz). Mais si le symbolisme de l'amande est féminin, celui de l'amandier est masculin.
Chez les Grecs, l'amande pressée était comparée à l'éjaculation phallique de Zeus, en tant que puissance créatrice. Pausanias raconte que, au cours d'un rêve, Zeus perdit de sa semence, qui tomba à terre. Il en sortit un être hermaphrodite, Agdistis, que Dionysos fit émasculer. De ses parties génitales tombées à terre poussa un amandier. Un fruit de cet arbre rendit enceinte la fille du dieu-fleuve, Sangarios, qui l'avait placé sur son sein.
De ces légendes, il ressort que l'amandier remonte directement à Zeus, par le sang d'un hermaphrodite, et que son fruit peut féconder directement une vierge. Son symbolisme phallique se nuance de ce fait que sa fécondité s'exerce indépendamment de l'union sexuelle. Selon une croyance encore attestée en Europe, la jeune fille, qui s'endort sous un amandier et rêve à son fiancé, peut se réveiller enceinte.
Enfin, à l'article mandorle, on peut lire que c'est une "figure géométrique en forme d'amande (mandorle = amande). Dans l'iconographie traditionnelle, peinte et sculptée, elle est l'ovale dans lequel s'inscrivent les personnages sacrés, le Christ, la Vierge Mère, les Saints, comme dans une gloire immortelle.
Par sa forme géométrique, elle se rattache à la symbolique du losange. Elle est un losange dont les angles latéraux auraient été arrondis. Comme lui, elle signifie l'union du ciel et de la terre, des mondes inférieurs et supérieurs et, à ce seul titre, elle convient déjà parfaitement à l'encadrement des humains sanctifiés. Elle symbolise le dépassement du dualisme matière-esprit, eau-feu, ciel-terre, dans une unité harmonieusement réalisée."
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Amandier (Amygdalus communis) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mercure
Élément : Air
Divinités : Hermès ; Mercure ; Horus
Pouvoirs : Argent ; Prospérité ; Sagesse ; Esprit de décision.
Io, fille du roi Midas, perd son amant Atys ; Adgestis prend sur lui la mort d'Atys et se mutile. De son sang naissent les violettes. De son corps, l'amandier aux amandes amères, symbole de la douleur.
On rapporte qu'Elisabeth de Bavière (Sissi), se trouvant à Corfou au milieu d'amandiers en fleurs, dit à une personne de sa suite : « C'est un berceau où l'on voudrait renaître - si cela en valait la peine ». Il est vrai que le destin s'était particulièrement acharné sur celle qui avait fait le « mariage du siècle » en épousant l'empereur François-Joseph d'Autriche.
Utilisation rituelle : Alors que les auréoles des saints sont rondes, celle qui entoure la Vierge Marie sur les images pieuses est en forme d'amande. C'est l'amande mystique, symbole de sa virginité. L'origine de ce mythe serait la verge d'Aaron qui fleurit en une nuit et porta, dit-on, une amande.
Si l'on en croit la légende, le sultan maure Abd-er-Rhaman mangea des amandes la veille de la bataille de Poitiers. Il vit sa mort en rêve (il fut tué le premier jour) et la déroute de l'armée arabe.
Utilisation magique : L'Amandier - feuilles, fleurs, parfois l'écorce et même le bois - est essentiellement associé aux vœux de chance et d'argent. Dans la région de Nîmes, s'endormir sous ses frondaisons à l'heure de midi permet de voir en rêve l'issue, positive ou négative, du problème financier dans lequel on est engagé. La même croyance se retrouve en Haute-Provence, mais là c'est en grimpant dans l'arbre que le flash d'intuition a le plus de chances de se produire.
Pour les Arabes (peut-être en lointain souvenir du sultan malchanceux de Poitiers), manger des amandes apporte la sagesse.
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Dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), Jean-Marie Pelt évoque le symbolisme de l'Amandier :
L'amandier est mentionné à plusieurs reprises dans la Bible. Il l'est dès le Livre de la Genèse, à propos de l'étonnant épisode de Jacob et Laban. Jacob travaille chez Laban, frère de sa mère. Travailler, à l'époque des patriarches, c'est évidemment garder des troupeaux. Quand Laban lui demande de fixer son salaire. Jacob sollicite « tout agneau moucheté ou tacheté toute chèvre tachetée et mouchetée ». Mais Jacob est rusé : « Il se procura des baguettes fraîches de peuplier, d'amandier et de platane, il y fit des raies banches en mettant à nu la couche d'aubier des baguettes. Il exposa les baguettes rayées en face des bêtes, dans les auges des abreuvoirs où les brebis venaient boire. Les bêtes s'accouplaient devant les baguettes ; les femelles mettaient bas des petits rayés, mouchetés et tachetés. Chaque fois que les bêtes robustes du troupeau s'accouplaient, Jacob mettait les baguettes sous leurs yeux [...] Il ne les mettait pas quand il s'agissait des bêtes chétives Les bêtes chétives étaient pour Laban, les robustes pour Jacob » (Genèse, 30n 35-42). Jacob, paysan madré, croit, comme les hommes de son temps, que l'on peut influencer de cette manière les caractères de la descendance. Depuis lors, la génétique nous a prouvé qu'il n'en est rien.
L'amandier est également présent dans l'histoire du bâton d'Aaron. Yahvé va désigner celui à qui reviendra l'honneur de le retrouver, au nom du peuple, dans la tente de la rencontre. Il demande que douze bâtons, un par tribu, y soient placés. Le lendemain, Moïse entre dans la tente et c'est le bâton d'Aaron qui a bourgeonné : « Il avait fait surgir un bourgeon, éclore une fleur et mûrir des amandes. » (Les Nombres, 17, 16-26). Le bâton est signe de l'autorité du chef, comme on l'observe avec le stick ou la badine du général.
Les Hébreux faisaient de l'amandier le symbole de la vigilance, cet arbre étant le premier à annoncer le printemps par sa floraison. Ils y voyaient aussi le symbole d'une vie nouvelle, du séjour d'immortalité. Toujours dans la Genèse, les fils de Jacob offrent des amandes à Joseph, leur frère, devenu l'intendant de Pharaon, quand ils se rendent en ambassade auprès de lui (Genèse, 43, 11). Ils considèrent, en effet, les amandes comme l'une des productions les plus précieuses de Canaan.
Les symboles liés à l'amande se rapportent aussi à ce qui est essentiel mais dissimulé sous les apparences à l'intérieur du noyau. Ainsi l'amande représente-t-elle le Christ dont la nature divine demeure cachée sous sa nature humaine. Dans l'ornementation médiévale, le Christ et La Vierge apparaissent souvent représentés au sein d'une amande mystique, la mandorle, qui désigne aussi la lumière émanant d'eux, leur aura. De même la vie nouvelle qui se cache en nous et qui jaillira dans et pour l'éternité demeure-t-elle cachée comme l'amande dans sa coque.
Sa floraison précoce vaut à l'amandier d'être considéré non seulement comme un signe de renaissance de la nature, mais aussi comme un symbole de fragilité, car ses fleurs sont très sensibles aux gelées printanières. Quant à l'amande, elle est l'archétype et le prototype de la graine, au point que les mots « graine » et « amande » sont devenus quasi synonymes. Par son aptitude à résister sans dommage aux conditions les plus sévères tout en conservant son pouvoir germinatif, elle est naturellement un symbole d'immortalité. Fragilité des fleurs, dureté et permanence de la graine en sont les éléments matériels à l'origine du symbolisme de l'amande.
C'est dans un lieu appelé « Louz », autrement dit « l'Amandier », que Jacob, petit-fils d'Abraham, eut sa célèbre vision : « D'une pierre [...], il fait un oreiller et il s'endort. Il a un songe : une échelle est dressée sur la Terre et son sommet atteint les cieux ; les messagers de Dieu la gravissent ou la descendent. Et voici que le Seigneur se tenait devant lui et qu'Il disait : "Je suis le Seigneur, le Dieu d'Abraham ton père, le Dieu d'Isaac. Je te donnerai la terre sur laquelle tu es couché, à toi et à tes descendants" [...] Jacob s'éveille alors et dit : "[...] C'est la maison de Dieu, en vérité, et la porte qui ouvre sur le ciel. Que ce lieu est redoutable !" » A ce lieu qui s'appelait Louz, l'Amandier, il donne le nom de Bétel (Genèse, 28, 10-19). L'amandier symbolise ici l'immortalité du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
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Dans Le livre des superstitions, mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995, réédition, 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Porter sur soi une amande double ou triple protège de la foudre, des hémorroïdes ou du mal de dent. Cette graine comestible peut également servir à faire disparaître les verrues. A Cagnes (Alpes-Maritimes), on conseille d'en manger, à deux heures du matin, un nombre correspondant à celui des verrues que l'on a.
De plus, l'amande, selon Pline et Plutarque, agit efficacement contre l'ivresse, et l'empereur Claude recourut souvent à ce procédé.
Les Marseillais conservaient l'écorce des amandes consommées au repas de Noël pour les répandre dans les champs et s'assurer une bonne récolte.
L'amandier est utile pour s'éclaircir les idées. Dans la région de Nîmes, le dormeur qui s'est assoupi sous cet arbre trouvera en songe la solution d'un problème financier. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, la solution s'impose à celui qui a grimpé sur l'amandier.
Au Moyen Âge, pour découvrir un voleur, on coupait une branche d'amandier un samedi avant le lever du soleil, en disant Ego te ramum aestatis reseco, paroles qu'on répétait trois fois en mettant une nappe sur une table.
Amour et relations sentimentales sont protégés lorsqu'on porte sur soi un petit morceau d'une branche d'amandier effeuillée. Cette amulette est exclusivement réservée aux hommes.
Symboliquement, l'amandier est un arbre empreint de sexualité. L'amande amère, par exemple, a des propriétés contre l'impuissance. Son lait, chez les Grecs, symbolisait l'énergie créatrice et était comparé au sperme. La mythologie explique cette tradition. L'amandier est né du sang de l'hermaphrodite Adgistis (né lui-même de la semence de Zeus), que les dieux de l'Olympe avaient fait émasculer. La fille du dieu fleuve Sangarios en cacha un fruit dans son sein, et de ce contact avec une amande lui naquit un fils. On croit toujours dans certaines parties de l'Europe qu'une jeune file qui s'endort sous cet arbre et rêve à son fiancé peut se réveiller enceinte de lui.
En revanche, dans la tradition chrétienne, le fruit de l'amandier est un symbole de virginité, d'où l'auréole en forme d'amande qui est la particularité de la Vierge dans les images pieuses : "L'origine de ce mythe serait la verge d'Aaron qui fleurit en une nuit et porta, dit-on, une amande".
Dans les pays arabes, on croit que manger des amandes procure la sagesse. Par ailleurs, la veille de la bataille de Poitiers, Abd al-Thaman en consomma et rêva de sa mort et de la débâcle de l'armée : le sultan maure ne survécut pas à la première journée de la bataille.
Selon un usage remontant de l'Antiquité, il faut observer les amandiers au printemps : s'ils sont couverts de fleurs avec peu de feuilles, c'est un signe de fertilité de la terre ; si les feuilles sont beaucoup plus nombreuses que les fleurs, le présage est inversé.
Ceux qui souhaitent planter un amandier dont les noyaux des fruits porteraient leur nom doivent mettre en terre une amande pendant six ou sept jours, le temps qu'elle s'entrouvre, la reprendre pour écrire leur nom avec du cinabre puis la replanter.
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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :
Vous ou votre enfant détenez un problème de croissance tel que le nanisme. Ou vous faites un pré-vieillissement, ou certaines tâches dites de vieillesse vous tapissent la peau. Si vous êtes un peu plus âgé, vous ne supportez pas l'idée de vieillir. Votre mental s'est arrêté lors d'un épisode douloureux de votre vie. Il est donc bloqué et il vous empêche d'atteindre une maturité normale. Enfin, vous avez un problème de reins, de vessie, d'hypertension artérielle, de prothrombine (qui est en relation peut-être avec votre mental bloqué).
Dans ce cas, faites confiance à l'Amandier. Cet arbre est le premier qui annonce le printemps. Il produit des fleurs avant de produire ses feuilles et fait ainsi le contraire des autres. Ce phénomène est dû à l'acide cyanhydrique qui est un composé de substances cyanogènes associées à l'hydrogène. Par ce qui précède, nous savons que l'hydrogène est porteur de chaleur. C'est l'hydrogène donc qui facilite la floraison alors que les froides matinées de février dissuadent l'arbre de fabriquer ses poumons, ses feuilles en l'occurrence.
Ces substances cyanogènes sont composées de carbone et d'azote. Et maintenant, rappelons-nous ce qui précède : le carbone est le lien entre le poumon extérieur de notre planète, le poumon de la plante et le poumon de l'être humain. L'azote est le poumon respectif de ces trois règnes précités. Nous commençons à comprendre le pourquoi du phénomène de l'amandier. Ainsi doté de ces substances uniques, l'Amandier peut provoquer la montée de sève et la floraison malgré les conditions climatiques déplorables que ne peut supporter aucun autre arbre. Par cette performance, l'Amandier mérite une certaine immortalité. C'est d'ailleurs ce qu'on retrouve dans la tradition juive qui avance que c'est par la base d'un Amandier (luz en hébreu) qu'on pénètre dans la ville mystérieuse de Luz (la lumière), laquelle est un séjour d'immortalité.
Mots-clés : retenez le mot am dans amandier et extrapolez... Donc, grâce à l'élixir d'Amandier, fortifiez votre corps de vitalité ainsi que votre corps physique. Donnez du dynamisme à vos deux éthers (lumière et vie) et vous comprendrez que la beauté n'est pas celle éphémère du corps mais celle éternelle, de l'âme. Ainsi vous retrouverez la joie de vivre et la vitalité. Il va de soi que cet élixir est encore conseillé contre les toux quinteuses, la coqueluche (phénomène carbone qui donne de la force à l'appareil pulmonaire), l'insuffisance hépatique (phénomène azote).
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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :
"Du fait même qu'elle est enrobée d'une cosse, l'amande est un symbole de l'âme incarnée et incorporée dans une enveloppe charnelle. A cet égard, la noix propose d'ailleurs la même représentation symbolique. L'amande est un symbole de l'immortalité et de l’éternité de l'âme, de la lumière du divin que recèle l'être humain. Cette lumière est contenue en l'homme comme dans une cosse ou une coque, qui ne demande qu'à s'ouvrir, pour que l’âme soit libérée, illuminée, transcendée. L'amande est donc en analogie avec l'accomplissement de soi qui se produit à son heure, lorsque les temps sont mûrs. En effet, dès que l'amande est venue à maturité, la cosse s'effrite, s'ouvre, se casse ou tombe. Cette image symbolique fut souvent exploitée dans l'Occident chrétien médiéval, pour représenter la perspective de l'abandon ou de la perte de l'enveloppe corporelle qui doit libérer l'âme, de la mort du vieil homme, l'ancien Adam, duquel naît l'homme nouveau., l'homme magnifié par la lumière du divin, l'homme-dieu. Le Christ et la Vierge apparurent souvent entourés d'une seule auréole en forme d'amande : la mandorle. Étymologiquement, le mot amande est une altération de amandala, venu du grec amygdala qui dérive lui-même du latin classique amagdala, qui signifie amygdale. Or on peut considérer les amygdales, ou les deux amandes, comme les portes du palais, au sens propre comme au sens figuré.
L'amande a aussi une connotation symbolique, celle du sexe féminin. Elle figure souvent la vulve. Elle est alors en analogie avec la yossi du vocabulaire de l'hindouisme, la vulve ou la matrice, représentée par ne amande ou une noix coupée en deux. Par ailleurs, l'mande amère et pilée est censée posséder des vertus aphrodisiaques. C'est ainsi que l'amande est aussi le symbole de l'énergie créatrice. Dans certaines régions de France et d'Europe, on a longtemps cru, et l'on croit encore, qu'une jeune fille qui s'endort sous un amandier en fleur peut se réveiller enceinte.
L'amandier, dont la floraison au tout début du printemps est précoce, est un symbole de renouveau, de renaissance. Pour les Hébreux, il était la représentation d'une révélation, d'un avènement. Shoqed, l'amandier en hébreu, révèle la ressemblance de l'homme avec Dieu qui le fit à son image. "Quand l'amandier fleurit... l'homme retourne à sa demeure éternelle", dit l'Ecclésiaste (XIII, 7). Enfin, signalons que, selon la tradition ésotérique occidentale, l'amande est une représentation de ce qui est obscur, caché, secret, mystérieux, enfoui au plus profond de soi. Manger l'amande signifie alors connaître les secrets ou les mystères, être initié."
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Dans le Petit Larousse des symboles (Éditions Larousse, 2006) établi sous la direction de Nanon Gardin et de Robert Olorenshaw, on apprend que :
L'amandier, premier arbre du printemps, est un symbole de vie et de fécondité. Son fruit, l'amande, jouit d'un symbolisme riche en raison de sa morphologie ; le noyau enfermé dans sa coque évoque la vérité, l'essentiel sous la réalité visible et par extension la féminité.
L'arbre de vie et de l'amour
Dans la tradition hébraïque, l'amandier représente l'immortalité de Dieu. Premier arbre à fleuri au printemps, il est emblématique de la résurrection de la vie, mais la fragilité de ses fleurs, qui s'envolent au premier coup de vent, peut symboliser l'aspect éphémère de l'amour. Amandier et amour sensuel vont de pair dans le mythe grec de Phyllis, princesse de Thésée. La princesse guette le retour du navire de son amant, parti se battre à Troie, mais ne le voyant arriver, elle meurt de chagrin. Prise de pitié, la déesse Héra la transforme en amandier. Débarquant le lendemain Acamas ceint l'arbre des ses bras et entend battre le cœur de sa bien-aimée sous la dureté de l'écorce. chacun des baisers d'Acamas produit une fleur blanche.
Le fruit et sa semence
L'amande, qui dissimule un fruit sous sa coque, est le symbole de l'essentiel caché et par extension du sexe féminin. mais, si la forme de l'amande est plutôt du côté féminin, son lait rappelle le sperme. C'est donc un fruit tout à fait adapté aux histoires d'amour et de sexualité, où les genres se mêlent.
Le lait d'amande pressée représentait pour les Grecs la force virile et créatrice, mais les fruits de cette énergie n'étaient pas toujours prévisibles. il arriva par exemple à Zeus d'éjaculer sur le sol pendant son sommeil. Il en naquit un monstre hermaphrodite, Agditis, que les autres dieux décidèrent de châtrer, et du sang répandu ors de cette émasculation naquit un amandier. Dans d'autres mythes, c'est en mangeant une mande qu'une vierge peut devenir enceinte. cette association est passée du fruit à l'arbre, car il remonterait directement à Dieu ; dans certaines contrées européennes, on dit toujours qu'une jeune fille vierge qui rêve à son fiancé sous un amandier se retrouve enceinte à son réveil.
De l'amande à la dragée
Les fruits secs, symboles de fécondité et de prospérité, ont toujours été appréciés : on en jetait sur les enfants à la sortie de l'église à l'occasion des baptêmes et des mariages en signe de protection et de conjuration du mauvais sort. Remplacées progressivement par les dragées, amandes enrobées de sucre, dont la fabrication remonte au Moyen Âge, ces friandises, qui évoquent la vie et la pureté, sont offertes à l'occasion des rites de passage religieux : baptême, communion, mariage ?
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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi l'amande :
Propriétés médicinales : Ce sont les noix de l'amandier, l'amande elle-même, qui possèdent des propriétés médicinales. Tout le monde connaît les propriétés émollientes de l'huile d'amande douce utilisée dans les cosmétiques et comme huile de massage. Une variété d'amandes amères sert dans la préparation d'un sirop contre la toux.
Genre : Masculin.
Déités : Artémis - Hécate - Zeus.
Propriétés magiques : Argent - Prospérité - Sagesse.
Applications :
SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS
Traditionnellement, le bois d'amandier servait dans les rituels pour honorer les dieux de l'Antiquité.
Plus près de nous, Aaron, grand prêtre des Hébreux dans la Bible, avait sélectionné une branche d'amandier pour fabriquer son bâton magique. encore de nos jours, les fleurs d'amandier parent les synagogues.
C'est un bois idéal pour fabriquer une baguette magique.
Au Moyen Âge, on croyait que consommer des amandes empêchait l'ivresse.
TALISMAN DE PROSPÉRITÉ (pour attirer la prospérité)
Ce dont vous avez besoin :
une chandelle verte
de l'encens de vétiver ou de patchouli
13 amandes
du fil vert très solide (3 ou 4 brins de fil à broder feront l'affaire)
Rituel : Allumez votre chandelle et faites brûler votre encens.
En vous tournant vers l'ouest, enfilez vos amandes sur le fil vert pour en faire un collier. Puis, demandez l'aide de l'archange Gabriel en élevant vos ras vers le ciel et en présentant votre collier, tout en disant :
J'en appelle à toi, grand prince de la lumière,
Écoute ma prière, archange Gabriel,
Toi Qui es le gardien de la tour de l'ouest
Fais ressentir ta présence et accorde-moi cette faveur
Transforme ces amandes en talisman magique
Afin que la prospérité e soit accordée Mon cœur est pur et ma demande juste
Fais en sorte que j'obtienne mon désir
Ainsi soit-il.
Une fois que c'est fait, portez ce talisman sur vous ou dans votre sac. Il vous apportera des occasions merveilleuses.
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Jean Paquereau, dans son ouvrage intitulé Au jardin des plantes de la Bible : botanique, symboles et usages. (Forêt privée française, 2016) explicite le symbolisme biblique de l'amandier :
Le terme hébreu « shaked » signifie éveil et vigilance. Le terme hébreu « louz » a été employé dans Genèse 30, 37 dans le récit de Jacob avec les rameaux d'amandier.
Références bibliques :
« La parole de l'Éternel me fut adressée en ces mots : Que vois-tu Jérémie ?
Je répondis : Je vois une branche de l'amandier hâtif.
Et l'Éternel me dit : Tu as bien vu ; car je me hâte d'accomplir ma parole. »
Jérémie 1, 12-12 SER.
L'abondance de ses fleurs blanches fait penser à la tête blanchie du vieillard :
« ... l'on craint ce qui est élevé, l'on a des terreurs en chemin, l'amandier fleurit, la sauterelle devient pesante, la câpre n'a plus d'effet, car l'homme s'en va vers sa demeure éternelle et les pleureurs circulent dans la rue. »
Ecclésiaste 12, 5 SER.
Sa fleur entre dans l'ornementation du chandelier à sept branches : Exode 25, 33.
Les amandes très appréciées à ce jour en Orient étaient connues des Égyptiens :
« Leur père Israël leur dit : Puisqu'il en est ainsi, faites donc ceci. Prenez dans vos bagages des spécialités du pays, pour en porter un présent à cet homme, un peu de baume et un peu de miel, des aromates, du ladanum, des pistaches et des amandes. »
Genèse 43, 11 SER.
La verge d'Aaron était en bois d'amandier : Nombres 17, 8.
Légende et traditions : La branche fleurir de l'amandier symbolise par sa précocité, la vigilance (amandier et vigilance ont la même racine).
C'est le symbole du réveil de la nature.
Ses fruits ont été considérés par les Hébreux comme un don de la nature.
Au Moyen Âge, on a vu dans l'amande (mandorle de l'italien mandorla = amande) un emblème de la virginité et de la mère du Seigneur. C'est cette « amande mystique », cette auréole ogivale qui est représentée sur les tympans de certaines églises du Moyen Âge comme la célèbre basilique de Vézelay en France.
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Annick de Souzenelle, auteure de Le Seigneur et le Satan, au-delà du Bien et du Mal (Éditions Albin Michel, 2016) :
La coque dure d'un disque est souvent symbolisée dans la Bible par celle d'un fruit. Celle de l'amande par exemple. Luz est l'« amande ». Son nom est aussi celui de la terre sur laquelle le patriarche Jacob s'endort un soir, nous dit le texte biblique. Quitte à me répéter, car j'en ai souvent parlé, je vais préciser ce texte ; il syncrétise magistralement le chemin de l'Homme sur le disque dur de cette terre qui vous voit naître et puis mourir sans qu'on en comprenne bien le sens, pour introduire cette autre dimension de lecture qui éclairera mieux ce parcours.
Jaqob, troisième patriarche d'Israël, obéir à l'ordre du Seigneur : « Va vers toi », que reçurent en Abraham, premier patriarche, toux ceux qui en entendent le sens. (1) Jaqob vient de rompre avec son enfance et ses valeurs infantiles, et tout particulièrement avec Ésaü, son frère jumeau, symbole de sa première identité encore animale. [...]
Je reviens donc vers le mot hébreu Luz, ce fruit de lumière qu'est l('mande dont la coque dure qualifie la terre sur laquelle Jaqob s'étend et s'endort en cette première nuit de voyage. Le mot Luz est construit sur deux radicales, Lemed ל et Zaïn ז, qu'unit la conjonction de coordination Waw ו
Note : 1) Généralement traduit par une redondance : "Va, quitte ton pays..."
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Fabrice Fenouillère, dans Des Plantes et des hommes (Éditions Galéa, 2017) consacre un article à l'Amandier :
Un don divin pour Saint-Valentin : Nous avons affaire là, à un arbre mythique au point que son nom même d’amandier, dérivé du mot amygdalon en grec ancien, signifie littéralement « le don divin ». Solidement implanté dans notre île, cet Asiatique dont la culture a commencé il y a 5000 ans du côté de l’Iran tient une place à part dans l’univers végétal.
D'abord, parce qu'il est le premier arbre fruitier à fleurir à la fin de l'hiver, ensuite, parce que ses fleurs blanches ont la drôle d'idée de naître avant ses feuilles.
Enfin surtout, parce que, depuis les temps les plus anciens, il est le végétal symbole de l’amour.
Une réputation qu’il doit à une légende racontant que Phyllis, fille du roi de Thrace, mit soudainement fin à ses jours et fut transformée en amandier aux branches dénudées, si désespérée de ne voir revenir de voyage son bel amant. Pourtant celui-ci finit par réapparaître et enlaça alors, à corps perdu, l’arbre qui se couvrit aussitôt de fleurs parfumées par milliers...
Et comme si cette aventure ne suffisait pas à élever l’amandier au rang d’arbre des amoureux, on se raconta, des siècles durant, cette autre histoire de la bien aimée d’un certain Valentin de Terni, plantant un amandier magnifique sur la tombe de celui qui lui avait redonné la vue et volé son cœur.
Un homme qui serait désormais connu sous le nom de Saint Valentin.
Mais l’amandier, évidemment, s’est aussi taillé une sacrée réputation grâce à son fruit, l’amande, qui inonde de ses qualités nutritives la planète toute entière en provenance des coteaux californiens et espagnols, non sans que les tonnes exportées dans l’hexagone depuis nos terroirs corses ne se distinguent par leur douceur.
Et quand elle ne se retrouve pas dans nos petits plats, c’est, bien sûr, sur notre peau que l’amande en huile ou en lait, nous gratifie de ses merveilleux pouvoirs hydratant et tonifiant.
Mais comme l’amour et le divin ne sont jamais très éloignés, rappelons que, selon les textes antiques, l’amandier a été doté d’un talent encore plus étonnant : celui de faire se réveiller enceinte toute jeune femme amoureuse s’endormant sous son feuillage et rêvant à son fiancé : « Mesdemoiselles, attention, vous voici prévenues... »
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Sylvie Verbois, auteure de Les arbres guérisseurs : Leurs symboles, leurs propriétés et leurs bienfaits (Éditions Eyrolles, 2018) transcrit le message que lui inspirent les arbres :
Mot-clé : Se laisser inspirer
Élément : Air
Émotion : Mélancolie, tristesse.
Arbre des songes, je suscite des rêves prémonitoires et vous ouvre au monde des visions. Je rêve la terre au seuil des jardins et des prés. J'éclaircis les pensées, la réflexion, les idées, déposant clarté et lucidité. Si vous vous assoupissez sous mon branchage, ou si vous grimpez sur mes branches, je vous apporterai la solution recherchée. Laissez-vous emporter au cœur de l'imaginaire, je réveillerai en vous le sens de l'inventivité et du plaisir de créer en toute simplicité. Mangez mes amandes, je puis vous procurer la sagesse, et tendez-bien l'oreille, apprenez à entendre mes bruissements, ils vous parleront de tempérance et de confiance. Je peux être protecteur, car si vous trouvez une amande double, voire triple, elle vous protégera de la foudre et effacera vos colères contenues.
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
Croyances populaires :
D'après Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012) :
Les soucis d'argent, toujours : La floraison précoce de l'amandier symbolise la renaissance végétale, la victoire de la vie sur la dormance hivernale et c'est certainement par analogie que l'amandier fut estimé comme portant chance. Grimper ou s'endormir sous cet arbre passait aux yeux des Provençaux comme un bon moyen pour trouver la solution à un souci d'argent. Si vous espérez une rentrée financière, brûlez des feuilles d'amandier ou gardez sur vous quelques amandes et votre vœu se réalisera peut-être.
Bonjour Philippine ! Certaines coques renferment parfois une amande double. Portée sur soi, cette amulette préserve de la foudre, des maux dentaires et des hémorroïdes. Elle peut aussi donner prétexte à un jeu dont les règles diffèrent selon les régions. Il faut d'abord offrir une moitié de cette amande à un proche puis convenir d'une date ou d'une heure. Si les deux protagonistes se rencontrent à ce moment, le premier qui énonce "Bonjour Philippine" aura la chance de se voir offrir un cadeau de la part de son partenaire de jeu. Pour d'autres, celui qui n'a pas gardé avec lui la précieuses graine et n'est donc pas en mesure de la présenter à son concurrent doit s'acquitter du même gage. S'inspirant de ce jeu, les bijouteries parisiennes des premières années 1900 vendaient des "fétiches Philippines", de petites amandes en or s'ouvrant en deux pour laisser apparaître un double grenat.
Huile de choc : Au XIXe siècle, les personnes persuadées d'avoir un insecte au fond de leur conduit auditif, y versaient de l'huile d'amande amère afin de tuer l'intrus. Pour soigner tout trouble d'oreille, les médecins du XVIIIe siècle recommandaient quant à eux l'emploi d'huile d'amande douce dans laquelle avaient infusé des cloportes...
Cuisine porte-bonheur : En Provence, l'amande fait partie des treize desserts traditionnels de Noël. Les paysans gardaient précieusement les coques des amandes mangées pour les disperser dans les champs afin de favoriser leurs récoltes. AU Danemark, le repas de Noël se clôture par du riz au lait dans lequel est dissimulée une amande. Celui qui trouve le fruit reçoit un cochon façonné en pâte d'amande, censé porter chance.
Fertilité explosive : Attention aux jeunes filles dormant sous un amandier. Rêver de leur fiancé pourrait suffire à provoquer leur grossesse !
L'amour à la baguette : La mythologie grecque relate comment la princesse Phyllis, croyant à la mort de son aimé parti en guerre, préféra mettre fin à ses souffrances en se pendant à un amandier. Las, l'homme tant espéré n'était qu'en retard. Apprenant la nouvelle, il enlaça le tronc de l'arbre qui fleurit aussitôt à son contact. Selon une autre version, Phyllis périt de désespoir et fut métamorphosée en amandier par Héra, déesse des amours constants. Au vu de ces légendes, il n'est pas surprenant que les hommes soucieux de préserver leur union ne se démunissent jamais d'une portion de branche d'amandier effeuillée.
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Mythes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
AMANDIER. — L'amandier joue un rôle assez important dans les contes populaires, dans les légendes mythologiques et dans les usages de noce. Les amandes remplacent généralement les noix et noisettes dans les cérémonies nuptiales des Tchèques. Dans les contes populaires du Casentino et d'autres pays, l'amande remplace la noisette ou la noix enchantée qui cache quelque trésor merveilleux. La signification de la noix, de la noisette, de l'amande dans le mythe est évidemment phallique. Les différentes légendes helléniques sur l'origine de l'amandier nous confirment dans cette interprétation. J'en connais trois que je rapporte ici :
1° Phyllis, abandonnée par Démophoon, fils de Thésée, par désespoir, va se pendre à un amandier. Sur son tombeau poussent ensuite des amandiers sans feuille ; Démophoon s'approche, embrasse l'arbre sur le tombeau de Phyllis ; à l'instant même poussent des feuilles sur l'amandier. Démophoon qui revient est une figure évidente du soleil printanier (1) ; l'amandier sans feuille personnifié par Phyllis, abandonnée par Démophoon, indique évidemment la saison funéraire de l'année, l'hiver.
2° Io, la fille du roi Midas, perd son amant Atys ; Adgestis prend sur lui la mort d'Atys et se mutile ; de son sang naissent les violettes; du corps, l'amandier aux amandes amères, symbole de la douleur.
3° Ce conte mythologique se trouve dans le septième livre de Pausanias : « Jupiter, en dormant, laisse tomber sa semence sur la terre ; il en sort un androgyne, Adgestis ; les Dieux s'en effrayent et lui coupent le membre viril ; du sang, pousse l'amandier ; la fille du fleuve Sangarius en convoite les fruits, elle en cueille et les cache dans son sein ; la jeune fille devient enceinte et accouche d'un garçon ; on le jette aux bois où une chèvre vient le nourrir ; l'enfant devient si beau qu'Adgestis se prend d'amour pour lui ; les parents l'éloignent et l'envoient à Pessinunte, où il est sur le point de se marier avec la fille du roi, Atta ; mais au moment même de la noce, Adgestis rend folle la fiancée et son père, qui tous les deux se mutilent. Pausanias ajoute qu'Adgestis se repentit de cet exploit. »
On doit se refuser à toute interprétation de ces contes, vu l'état de confusion dans lequel ils nous ont été transmis. L'enfant né de l'amandier et de la fille de Sangarius se nommait Atys, qui reproduit évidemment le personnage mythologique d'Adgestis (cf. Cèdre et Grenadier). D'après Pline et Plutarque, l'amande est un remède puissant contre l'ivresse. Plutarque nous apprend que chez Drusus, fils de Tibère, dînait habituellement un médecin qui défiait tout le monde à boire du vin, mais qu'une fois il fut surpris avant le dîner, pendant qu'il avalait des amandes amères ; s'il n'avait pas pris une pareille précaution, même une très faible quantité de vin lui aurait porté à la tête.
Notes : 1) Les Hébreux faisaient de l'amandier le symbole de la vigilance, parce que cet arbre est le premier à annoncer le printemps par sa floraison. Le mythe hellénique se fonde en partie sur l'équivoque entre le nom Phyllis et le mot Phylla. Soderini, dans son Trattato degli Arbori, dit que l'amandier pousse toutes ses feuilles eu une seule nuit. Cf. Bianca, Della Coltivazione del Mandorlo in Sicilia (Palermo, 1872),
Dans Arbres filles et garçons fleurs, Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs (Éditions du Seuil, février 2017, Françoise Frontisi-Ducroux mentionne brièvement parmi d'autres métamorphoses de femmes en arbres, celle de "Phyllis, pendue par désespoir de ne pas voir son époux rentrer à la maison : sur sa tombe pousse un amandier sans feuilles."
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Littérature :
Selon Pierre Magnan, auteur de Chronique d'un château hanté (Éditions Denoël, 2008) :
"Quand Poverello Lombroso, en ce début d'année 1349, mit pied à terre sous les remparts de Manosque, ce fut à l'ombre d'un amandier dont les branches en fleur encadraient étroitement la ville. On était en février et les amandiers ont depuis toujours l'habitude de défier l'hiver. En général, ils perdent dans ce défi mais, quand ils gagnent, la profusion d'amandes suffit pendant trois ans aux besoins du pays.
Cette année-là, ils gagnaient. Février avait un goût d'avril et le Poverello se serait bien arrêté pour peindre les branches fleuries, mais il n'était pas ici pour ça."
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Dans L'Armée furieuse (Éditions Viviane Hamy, 2011) de Fred Vargas, le commissaire Adamsberg délocalise son enquête en Normandie où il tombe sous le charme d'une des suspectes qu'il invite à manger afin d'en apprendre davantage :
"- ... Vous pensez que je peux demander quelques amandes en plus ?
- Bien sûr, dit Adamsberg en levant la main vers la serveuse. - Ça ne va pas coûter trop cher ?
- La police paiera.
Lina rit en agitant sa cuiller.
- Pour une fois que la police paie les amendes, dit-elle.
Adamsberg la regarda sans comprendre.
- Les amendes, expliqua Lina. Les amandes qu'on mange, les amendes qu'on paie. C'était un jeu de mots. Une plaisanterie.
- Ah bien sûr, dit Adamsberg en souriant. Pardonnez-moi, je n'ai pas l'esprit vif. Ça vous ennuie de continuer à me parler de votre père ? On a su qui l'avait tué ?
- Jamais."
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