Étymologie :
CAFARD, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1542 caffar « blatte » (Du Pinet, Pline, XI, 18 dans Delb. Notes : Les caffars se nourrissent des ténèbres) ; 2. 1857 cafard « idées noires » (Baudelaire, Les Fleurs du mal, p. 196). Sens 1 prob. issu p. métaph. de cafard sens 2 « faux dévot », la blatte étant de couleur noire et fuyant la lumière. Du sens « blatte » est issu le sens 2 également p. métaph. (cf. avoir le bourdon).
Étymol. et Hist. 1534 (Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, chap. 1, p. 11 : Les ratz et blattes ou [affin que ie ne mente] aultres malignes bestes, auoient brousté le commencement). Du lat. blatta « id. » (Virgile, Georg., 4, 243 dans TLL s.v., 2050, 31).
Étymol. et Hist. [1701] 1704 cackerlac (Compte rendu de l'Histoire de l'Académie des Sciences pour 1704, impr. 1704 d'apr. Barbier ds R. Philol. fr., t. 34, 1922, p. 43) ; 1775 cancrelas du Brésil (Valm., t. 3, p. 521, s.v. Kakerlaque). Empr., avec attraction ultérieure de cancre*, au néerl. kakkerlak (lui-même originaire d'Amérique du sud ou d'Espagne) « blatte d'Amérique » attesté dep. 1675 (De Vries Nederl. ; Kluge 20, s.v. Kakerlac) mais que l'on peut supposer antérieur à cette date d'apr. le b. all. relevé dep. 1524 (ibid.).
Lire aussi la définition des noms cafard ; blatte et cancrelat pour amorcer la réflexion symbolique.
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Zoologie :
Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes, en particulier l'émission de phéromones :
Les blattes sont encore plus performantes que le ver à soie [en ce qui concerne le système d'émission de phéromones] : elles détiennent pour l'heure le record de sensibilité, le mâle réagissant à une dilution de l'ordre de cent mille milliardièmes de gramme par millilitre ! Un record qui ne demande qu'à être battu...
[...]
Le mâle d'une blatte (Blatela germanica) manifeste aussi à l'approche de la femelle, une attitude singulière : les préliminaires se traduisent par des contacts antennaires qui conduisent le mâle à lever les ailes, posture caractéristique qui précède l'accouplement ; le corps des femelles est lui-même enduit d'une cire dont la structure a été identifiée et qui agit comme aphrodisiaque.
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Symbolisme :
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019) Éloïse Mozzani propose la notice suivante :
En dépit de leur aspect, de leur mauvaise odeur et de leur association avec la saleté, les cafards ou blattes sont considérés comme bénéfiques en France - dans le Gard, qui tue une blatte (appelée dans cette région panetario ou panetière) s'attire une disgrâce - et surtout en Russie, où la présence de blattes dans une maison est gage de bonheur ; si elles s'en vont, il faut redouter un malheur. En Russie toujours, en cas de déménagement on ramasse celles qu'on rencontre pour les emmener dans le nouveau domicile.
On dit aussi que si les cafards quittent un navire, il ne faut pas embarquer car il ferait naufrage.
Les Chinois ont un respect quasi religieux pour les blattes qu'ils considèrent comme des esprits célestes, d'où l'interdiction de les tuer.
A l'inverse, la blatte noire commune est maléfique aux États-Unis et en Angleterre. Selon une légende commune à ces deux pays, quelques jours avant la crucifixion, les poursuivants de Jésus avaient demandé à un jeune homme dans un champ s'il était passé par là ; ce dernier répondit par l'affirmative mais sans préciser quand il l'avait vu. C'est alors qu'une blatte dit : "hier ! hier !". C'est pourquoi, tuer une blatte fait pardonner les sept péchés capitaux. Pour les Anglo-Saxons, en toucher une avec la main fait faire d'horribles cauchemars. Les Américains prétendent également que voir une blatte blanche indique que l'on aura bientôt la visite d'une personne bavarde.
Outre-Manche, où voir une blatte (surnommée thunderclocks, de thunder, "tonnerre") est signe d'humidité, si on marche dessus, un coup de tonnerre éclate aussitôt ou il pleut. Pour que le soleil continue quand même de briller, il faut la ramasser et l'enterrer.
Selon un remède prescrit par Dioscoride, les entrailles de blattes broyées avec de l'huile remédient aux douleurs d'oreilles.
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Joëlle Soler dans un article intitulé "Le sauvage dans le De Reditu de Rutilius Namatianus : un non-lieu . In : Les espaces du sauvage dans le monde antique : approches et définitions. Actes du colloque (Besançon, 4-5 mai 2000) Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 2004. pp. 223-234. (Collection « ISTA », 925) montre que la blatte devient le symbole du moine, voire du chrétien, détestable aux yeux du Romain :
Longeant ensuite l'île de Capraria, Rutilius comprend qu'il s'agit d'un repaire de moines. C'est l'occasion de dire tout le mal qu'il pense de ces "fous de Dieu", en les faisant apparaître là encore comme des sauvages. D'abord, ils sont eux aussi insociables, puisqu'ils "veulent vivre seuls, sans témoins" et que, nouveaux Bellérophons, ils prennent en haine le genre humain. Leur misanthropie supposée les exclut donc de la communauté humaine. Leur caractère étranger est souligné par le rappel de l'origine grecque de leur nom (I, 441 : Graio cognomine). Ces sauvages inversent les caractéristiques humaines, puisqu'ils ont eux-mêmes des "cervelles à l'envers" (1, 445 : perversi cerebri). Pour les déshumaniser plus encore, Rutilius a recours aux Géorgiques : l, 440 : Squalet lucifugis insula plena uiris, "l'île est repoussante, car pleine de ces hommes qui fuient la lumière". La formule combine deux vers virgiliens, d'une part, sa structure est calquée sur celle de squalent abductis arua colonis11 et se profile ainsi, derrière le verbe squalere, l'image d'une nature non cultivée, revenue à l'état sauvage, associée aux moines. Rutilius reprend aussi un autre passage des Géorgiques (IV, 243) : Lucifugis congesta cubilia blattis, "les cellules sont remplies de blattes qui fuient la lumière". La vie monacale est comparée implicitement, grâce à l'emploi du très rare adjectif lucifugus, à celle d'insectes répugnants : un monde inhumain surgit alors, qui ne peut qu'éveiller le dégoût et la répulsion.
Note : L'adjectif lucifugus se trouve aussi dans L'Octauius de Minucius Félix (8, 4), où il sert à qualifier péjorativement les chrétiens. On a déduit de ce rapprochement que Rutilius, dans son invective contre les moines, visait en fait plus largement les chrétiens.
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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des insectes de la troisième dimension :
Nous sommes ici, sur cette belle planète, pour apprendre et
parfois pour démontrer ce que nous avons déjà appris.
Nous souhaitons coexister avec vous en paix et
en harmonie. Notre désir est de faire notre travail de service,
car cela permet à la Terre de préserver la vie. Sans nous, vous
ne seriez pas ici. De grâce, reconnaissez-vous, donnez-nous de
l'espace et laissez-nous vivre. Nous vous honorons et nous
vous demandons de nous respecter.
Tous les insectes de la troisième dimension sont originaires de Neptune à l'exception des araignées, qui viennent d'un univers lointain et sont descendues sur Terre en passant par Sirius.
Les cafards : Ces insectes universellement détestés sont les rats du monde des insectes. Ils sont venus avec une importante mission de service. Ils décomposent les déchets pour maintenir les nutriments dans l'écosystème. C'était parfait et même accepté avec reconnaissance quand les humains étaient plus exigeants et ne créaient que peu de déchets. De nos jours, il y a tellement de gens sur Terre que nous avons créé un énorme complexe de systèmes d'égouts et que les cafards doivent proliférer et travailler dur pour accomplir leur tâche. Ils ne travaillent pas seulement avec la saleté physique, ils aident aussi à purifier l'énergie éthérique qui les entoure.
Ils décomposent également les déchets des autres animaux, y compris les chauves-souris et éliminent l'énergie psychique inférieure qui les entoure.
Il y a tellement de créatures qui souhaitent être sur Terre à cette période propice au développement spirituel que les cafards trouvent leur mission écrasante. Les esaks et les kyhils aident également dans ce processus de purification.
VISUALISATION POUR REMERCIER LES INSECTES DE LA TROISIEME DIMENSION
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Affirmez votre intention de comprendre et de remercier le royaume des insectes.
Vous êtes assis sur un rocher doux et lisse surplombant la campagne.
Ouvrez votre coeur au monde des insectes.
Remerciez les coléoptères d'avoir décomposé la matière indésirable, afin qu'elle puisse être recyclée pour servir un but plus élevé.
Remerciez les myriapodes d'avoir démontré la beauté de la coordination et la possibilité de régénération.
Remerciez les cafards d'avoir détruit les déchets nauséabonds pour conserver les nutriments dans l'écosystème.
Remerciez les puces de nous rappeler l'importance de la propreté.
Remerciez les mouches de nous rappeler l'importance d'une bonne hygiène.
Remerciez les moustiques de nous rappeler de garder l'eau propre et en mouvement.
Remerciez les limaces et les escargots d'avoir mangé les vieilles feuilles sèches.
Remerciez les tiques de nous enseigner que nous vivons dans un monde interdépendant et de transmettre la sagesse des autres créatures.
Remerciez les grillons, les sauterelles et les criquets d'avoir fertilisé la terre et de nous avoir appris à élargir notre niveau de possibilités.
Remerciez les araignées d'avoir démontré la géométrie sacrée et de nous avoir appris à nous concentrer sur notre vision.
Remerciez les guêpes de nous enseigner la géométrie sacrée et du travail qu'elles accomplissent en pollinisant et en dévorant les insectes.
Demandez que les humains et les insectes puissent vivre en harmonie divine.
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D'après Le Livre des symboles, réflexions sur des images archétypales (2010) dirigé par Ami Ronnberg et Kathleen Martin, avec le concours des auteurs de ARAS,
"Il y a trois cent millions d'années, dans les denses forêts humides du Carbonifère, prospéraient huit cents espèces de cafard. Leur plus lointain ancêtre pourrait avoir 450 millions d'années. Le cafard existait déjà avant la séparation des continents et ses populations les ont tous colonisés, y compris l'Arctique. Il a survécu aux ères glaciaires et aux dégels qui ont décimé de nombreuses autres formes de vie. Il a assisté à l'émergence et à l'évolution de l'homo sapiens, qu'il a exploité pour sa survie.
La vue d'un cafard isolé nous trouble mais ce n'est rien comparé à une infestation se traduisant par une mer grouillante de mouvements furtifs et d'antennes tremblantes s'accompagnant d'une forte odeur de phéromones animales. Le cafard représente une force élémentaire profondément archaïque, enracinée et adaptable. S'infiltrant à travers les murs de nos défenses, il prolifère dans le chtonien et le primal, esquive nos tentatives calculées de répression et, disparaissant d'une pièce de notre existence, réapparaît inévitablement dans une autre. Son corps segmenté (tête, thorax, et abdomen) est ovoïde et aplati, ce qui lui permet de ses faufiler dans de minces fentes. De nombreuses espèces possèdent deux paires d'ailes qui se replient contre le corps, facilitant leur passage dans des espaces très étroits. Fonctionnant comme un système d'alerte qui facilite ses fuites extrêmement rapides, ses six pattes flexibles et articulées sont couvertes de minuscules cils sensibles aux moindre changements de l'environnement. Des organes auditifs au niveau des genoux captent les vibrations internes du sol avec une telle acuité qu'il détecte un séisme d'une magnitude de 0.7 sur l'échelle de Richter (Copeland). Ses mandibules, semblables à celles de la sauterelle, lui permettent de manger pratiquement n'importe quoi, dont les rognures d'ongles, les cheveux humains, la colle, la peinture, le savon et le papier (Embery).
Nos fantasmes et nos projections ont démonisé le cafard, l'associant à la nuisance, au désordre, à la pauvreté et aux épidémies. La tradition patriarcale occidentale l'affecte mythiquement aux entrailles de la terre, à "l'élément criminel" de la nature ou à la redoutée "face intérieure" de la Grande Mère, marquée par la sorcellerie et la destruction. Cependant de nombreuses cultures reconnaissent en lui un véritable ancien associé aux débuts primordiaux ; un esprit domestique protecteur ; un mentor de l'adaptabilité héroïque à toutes les situations, des circonstances pénibles à un bouleversement nucléaire ; un emblème de continuité et une incarnation de l'esprit tenace de survie de l'immigrant et du paria traités comme une vermine par les sociétés. Les entomologistes ont souligné l'intelligence du cafard, son esprit grégaire, sa beauté magique et sa variété : le cafard siffleur de Madagascar, par exemple, le cafard doré, le cafard vert pâle de Cuba, le cafard "au visage divin" d'Amérique centrale et du Sud avec son envergure de trente centimètres.
Des contes populaires d'Afrique et des Caraïbes le dépeignent comme le héros rusé des opprimés qui se montre plus malin que les puissants ; des romans récents en font le porte-parole de l'éthique éco-féministe.
Partout dans le monde, le cafard est depuis longtemps une source de nourriture humaine et de remèdes pour soigner toute une série de maux, suggérant une affinité secrète avec nous. Bien qu'il puisse être porteur des contaminants d'un environnement, tels que ceux des logements de quartiers insalubres où on le croyait autrefois responsable du fort taux d'asthme, le cafard en lui-même ne propage pas de maladies. Néanmoins, ce n'est pas une créature de la lumière, ce qui explique sans doute qu'il focalise notre aversion. Il préfère vivre caché, dans l'obscurité et la terre, dans le sol jonché de feuilles des forêts où il joue un rôle écologique crucial dans la formation du compost. Le cafard est également un visiteur fréquent des enfers de nos rêves, annonçant souvent par son antique présence l'activation d'un vieux complexe ou une régression imminente. Or, qui mieux que cet Ancien peut déceler les énergies fermentant dans le noyau archétypal du psychisme ?
Marion Copeland, Cockroach, Londres, 2003 /
Joan Embery, Joan Embery's Collection of Amazing Animal Facts, NY, 2003
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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Cafard est défini par les caractéristiques suivantes :
Traits : Le cafard symbolise le nettoyage de l'ancien pour faire de la place au nouveau. Le cafard existe depuis des millions d'années et son adaptabilité est absolument phénoménale. Il a de formidables capacités de survie dans des environnements qui changent et des conditions de vie désagréables. Il préfère vivre enfoui dans l'obscurité, hors de la lumière. Cela veut dire que vous pouvez traverser n'importe quelle condition de vie en vous servant des ressources dont vous disposez. Vous savez intuitivement quand le danger est proche et comment vous sortir d'affaire.
Talents : Adaptable - Robuste - Longévité - Réactions rapides - Promptitude - Tempérament plein de ressources - Autonome - Capacités de survie - Tenace - Reconnaissant.
Défis : Asocial - Facilement influencé par la pression de ses pairs - Craintif - Vit dans la saleté - Préfère se cacher plutôt que d'affronter les situations - Solitaire - Ingrat.
Élément : Terre.
Couleurs primaires : Brun.
Apparitions : Lorsque le cafard vous apparaît, cela veut dire que vous allez bientôt connaître un changement dans vos conditions de vie. Vous pouvez vous trouver face à la nécessité inattendue d'avoir à vous reloger, qu'il s'agisse de votre propre décision ou d'un déménagement forcé. Vous allez aborder ce changement avec facilité du fait de vos excellentes facultés de survie et de votre adaptabilité. Vous n'abandonnez jamais les choses que vous voulez. Accomplir vos buts peut vous prendre des années, mais vous êtes d'accord avec ça. Vous pouvez affronter n'importe quel orage, supporter n'importe quel fardeau, et vous sortir la tête haute des temps d'épreuves. Vous êtes très sensible aux besoins des autres à cause de votre nature empathique. Votre préférence va à une existence tranquille, sans beaucoup de changements ni d'activités, mais, si ces choses se présentent, vous les gérez sans problème. Si vous vous rendez compte que vous dépendez trop des autres ou que vous subissez des pressions de vos pairs, le cafard peut vous aider à apprendre à compter davantage sur vous-même et à prendre vos propres décisions au lieu de vous laisser entraîner par les façons de faire du groupe. L'apparition d'un cafard signifie que vous avez besoin de prendre un peu de temps pour vous seul, pour lâcher votre stress, vous régénérer et faire un nettoyage de printemps à la fois dans votre maison et dans votre organisme.
Aide : Si vous vous sentez très émotif, inconstant ou la tête dans les nuages, le cafard peut vous aider à devenir plus ancré et à vous reconnecter à la terre. Il peut transformer votre détresse émotionnelle en détermination courageuse. Si vous êtes dans une situation hostile où tout vous semble perdu, ou que vous êtes contrarié et pas dans votre assiette, demandez au cafard de vous prêter sa force intérieure et sa faculté d'adaptation. Beaucoup considèrent le cafard comme l'un des plus vilains insectes de la planète à cause de sa capacité à se reproduire en surpeuplant les lieux en très peu de temps, et parce qu'il préfère vivre dans la saleté. Oui, c'est très moche - mais cette façon de vivre a produit des espèces qui bénéficient d'une résistance considérable. Prenez un instant pour être reconnaissant envers la négativité que vous devez gérer, en sachant que même si vous ne l'aimez pas elle est parfois nécessaire à vos progrès, à votre survie, et pour apprendre des leçons qui vont permettre votre développement spirituel. Les situations difficiles finiront par passer et vous serez bientôt capable à nouveau d'accueillir la légèreté de l'existence.
Fréquence : L'énergie du cafard est le bourdonnement de l'essence terrestre, basse, forte et pure. C'est aussi ancien que le temps, solide dans sa consistance, et cela vibre lentement avec une régularité imperturbable.
Imaginez...
Vous êtes en voyage et vous passez la nuit dans un hôtel. Au milieu de la nuit, vous vous levez pour boire un verre d'eau dans la kitchenette de la chambre. En allumant la lumière, vous restez figé sur place en voyant un gros cafard installé sur le comptoir, comme s'il vous attendait. Contrairement à ce que vous pensiez, il ne se sauve pas, mais darde ses antennes vers vous. Vous n'aimez pas particulièrement les cafards, mais cette rencontre vous semble étrange. Il aurait du s'enfuir dès que vous avez allumé la lumière ! En pensant à son énergie et en vous connectant à sa fréquence, vous lui demandez s'il a un message pour vous. Les images viennent en flashes dans l’œil de votre esprit alors que vous recevez le message. Vous ressentez une vibration lente qui gronde dans votre poitrine. Vous regardez à nouveau le cafard, mais il est parti. Vous retournez vous coucher, mais il vous est difficile de vous rendormir en vous repassant mentalement les images du message.
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Littérature :
Jules Renard nous propose dans ses Histoires naturelles (1874) de petites histoires sur des animaux familiers, toutes aussi incongrues les unes que les autres. Certaines se réduisent à un aphorisme :
Le cafard
Noir et collé comme un trou de serrure.
J'avais dans l'idée que dans La Métamorphose de Franz Kafka (1915), Gregor, le personnage principal de la nouvelle, était transformé en cafard mais, après vérification, il s'avère que le texte est moins précis. En effet, le terme allemand traduit de manière littérale signifierait simplement "vermine".
Dans Le Dernier Coyote (Edition originale, 1995 ; traduction française éditions du Seuil, 1999) Michael Connelly s'intéresse à travers l'inspecteur Bosch à la toponymie :
- Alors comme ça, dit-il, vous avez raccroché après vos vingt ans de police à L.A.. Qu'avez-(vous fat ensuite ?
- Vous le voyez. Je suis venu m'installer ici En fait, je suis de Palmetto, c'est un peu plus haut sur la côte. J'ai acheté un bateau et je sus devenu guide de pêche. J'ai fait ça pendant encore vingt ans, puis j'ai pris ma retraite et maintenant, je pêche pour mon plaisir.
Bosch sourit.
- Palmetto ? C'est pas le nom de ces énormes cafards qui... ?
- Non. En fait, si, mais c'est aussi le nom d'une espèce de palmier. Le nom de la ville vient de là, pas du cafard.
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Dans Camino 999 (Éditions Après la lune, 2007) Catherine Fradier met en scène le commandant Montalban qui collectionne les blattes :
Carla ouvrit le premier tiroir, elle en sortit un petit bocal au couvercle percé, qu'elle fit lentement tourner entre ses doigts. Contre le verre s'agitait une blatte à la robe vert vif. Panchlora cubensis, une espèce particulièrement gracieuse qui volait facilement. Laurent, de la brigade du métro, la lui avait ramenée dans la nuit. C'était un beau spécimen, moins rare que l'anaconda, mais un beau spécimen quand même.
Félix l'observait .
- Un nouveau bébé ?
- Un gros bébé ! Un bébé qui aime les morceaux d'écorce de bouleau et les feuilles mortes. Va falloir que je fasse des aménagements.
- Si t'étais une vraie maman, c'est dans une grotte que tu habiterais. Une bordélique comme toi, ça ne devrait même pas te gêner.
[...]
Elle posa son sac et son arme sur la console et entra dans le salon, le bocal à la main. Trois terrariums installés sur des pieds métalliques occupaient tout un pan du mur. Elle dévissa le couvercle, pencha le bocal et laissa glisser la blatte dans le creux de sa paume. Ses pattes délicates, ses antennes qui oscillaient en tous sens lui chatouillaient la peau. Le vert de sa robe se jouait de la lumière de fin de jour. Carla la posa délicatement au fond d'un des terrariums recouvert de copeaux de bois. Elle se baissa et la regarda évoluer, tapotant contre la vitre.
- Elle te plaît ta nouvelle maison ? lui demanda-t-elle d'une voix chantante.
La nouvelle venue marcha le long de la vitre du terrarium dans lequel était reconstitué en miniature un sous-bois; Des branchages, des souches, un pont, des dénivelés de terrain. Avec un peu d'imagination, l'insecte pouvait y croire. Carla remplit un petit ravier à ras bord d'eau et de coton. Les blattes buvaient en mastiquant le coton.
Elle se tourna vers le terrarium du milieu, repoussa le couvercle et se pencha tout en saupoudrant des granulés déshydratés.
- Les bébés, c'est maman qui est là. Montrez-vous !
Très tôt, Carla avait été fascinée par les insectes, et ils étaient devenus, dès qu'elle sut marcher, les animaux de compagnie de ses ours et de ses poupées. Mado, sa gouvernante, avait surmonté sa répulsion et son dégoût afin de ne pas être en reste de la passion qui émergeait chez la petite fille dont elle avait la charge. Carla avait pensé un moment en faire son métier mais un autre cursus l'avait détournée de ses rêves d'enfant.
De cette passion demeura sa faculté à pouvoir les observer pendant des heures, au bout desquelles elle se réconciliait avec le monde, et avec elle-même.
Plusieurs blattes accoururent, alertées par les vibrations contre la vitre et la nourriture qui pleuvait sur les copeaux.
[...]
Accompagné d'un garde, Werner les conduisit dans une vaste pièce aux stores baissés, éclairée par des lumières indirectes dont celles d'un aquarium, immense, dans lequel évoluaient des poissons menaçants.
- Des piranhas, déclara fièrement Werner. Des poissons qui ne vivent qu'en bandes. Un peu comme les éléphants... ou les blattes.
Carla se retourna vivement, éperonnée. Werner lui souriait d'un air angélique. Cet homme en savait plus sur son compte qu'elle sur le sien.
[...]
Karl Werner lui avait un beau cadeau, une Blabera fusca. C'était une longue blatte d'au moins six centimètres et qui venait tout droit du Mexique. Une espèce un peu fragile qui exigeait 25° toute l'année. Il faudrait songer lui aménager un chauffage lorsqu'il ferait frais. Elle enleva la carcasse desséchée de celle qui n'avait pas survécu et posa la nouvelle à sa place. Sa façon d'agiter ses antennes laissait croire que son nouveau domicile lui plaisait. Félix la regarda faire, navré.
- Je pense que t'es pas une fille normale. Tu es quand même sacrément givrée, tu t'en rends compte ? Non, elle ne s'en rend même pas compte.
[...]
Elle sommeilla plus qu'elle ne dormit et, dans un état second, appela sa femme de ménage pour lui demander de nourrir ses blattes pendant son absence, le concierge ayant toujours refusé, arguant que posséder des bêtes de cette espèce dans un immeuble collectif n'était pas du tout hygiénique. Louisa nourrissait avec la même ardeur les chats, les chiens, et même les cancrelats, au prétexte que tous étaient des créatures de Dieu.
[...]
Quand elle fit rapatrier ses blattes, Mado poussa de tels cris que Carla dut se résigner à toutes les lâcher dans le parc aussitôt leur transfert achevé. Elle le fit sans état d'âme. Tant de pages s'étaient déjà tournées depuis l'Argentine.
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Arts visuels :
Rendez-vous sur le blog de Louis-Georges Bourdat-Sainsevin consacré aux cafards pour découvrir de nombreuses œuvres contemporaines mettant en scène le cafard.
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