Étymologie :
IVOIRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 (Pèlerinage de Charlemagne, 353 ds T.-L. : un corn d'ivoire blanc) ; ca 1165 allus. à la blancheur de l'ivoire (Benoît de Ste-Maure, Troie, 5410, ibid. : ... les denz Plus blans qu'ivoires ne argent) ; 2. a) ca 1200 p. méton. « éléphant » (Renart, éd. J. Martin, XI, 1769), seulement en a. fr. ; b) 1683 « objet en ivoire [ici peigne] » (Boileau, Lutrin, V, éd. F. Escal, p. 212) ; 3. 1778 p. anal. ivoire de morse (Buffon, Époq. nat. ds Œuvres, t. XII, p. 29 ds Littré). Empr. au lat. vulg. * eboreum, substantivation du neutre de l'adj. eboreus « d'ivoire », dér. du class. ebur, eboris « ivoire ; objet en ivoire ; éléphant ».
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Symbolisme :
D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; édition revue et augmentée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
L'ivoire est "par sa blancheur, symbole de pureté. Son usage dans la confection du trône de Salomon pourrait en outre l'associer au symbolisme de la puissance, en ce sens que la dureté de l'ivoire le rend quasi incassable et incorruptible. Homère, qui ne l'a peut-être pas réellement vu, oppose l'ivoire à la corne comme l'expression du mensonge à celle de la vérité : une telle dualité apparaît difficile à légitimer. Elle ne s'exprime du reste que dans un texte interpolé (Odyssée, 19, 562-569), semé de calembours, dont la valeur est en tout point douteuse. Il n'en a pas moins été souvent cité et abondamment commenté... Il est vain de vouloir expliquer en disant que la corne est transparente, comme la vérité, et que l'ivoire est opaque, comme le mensonge. Il s'agit du fameux passage sur la porte des songes :
Les songes vacillants nous viennent de deux portes ;
l'une est fermée de corne ; l'autre est fermée d'ivoire ;
quand un songe nous vient par l'ivoire scié ;
ce n'est que tromperie, simple ivraie de paroles ;
ceux que laisse passer la corne bien polie
nous cornent le succès du mortel qui les voit.
Pline rapporte que la pierre nommée chernités est semblable à l'ivoire ; comme lui, elle prépare le corps de toute corruption ; le tombeau de Darius était en chernités à cause de cette vertu... Cette croyance des Perses confirmerait la valeur d'incorruptibilité attachée à la symbolique de l'ivoire."
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
L'ivoire doit à sa blancheur d'être un symbole de pureté. En outre, « son usage dans la confection du trône de Salomon pourrait [...] l'associer au symbolisme de la puissance, en ce sens que la dureté de l'ivoire le rend quasi incassable et incorruptible ».
L'ivoire protège des influences négatives. Tout bijou en ivoire est bénéfique, attire la chance et même, selon une croyance signalée déjà par Pline, protège le corps des corruptions, y compris du cancer pour certains auteurs contemporains.
Parce que l'ivoire est riche est calcium, en placer sous son oreiller soulage des douleurs rhumatismales dues à une carence de calcium.
Boire de la poudre d'ivoire grillée et mêlée à du sang de chèvre soulage toute douleur. La sciure d'ivoire, additionnée de miel, fait disparaître les taches de rousseur et les dartres et peut venir à bout d'un panaris.
En Bretagne, au siècle dernier, en cas de « chute de l'estomac », on utilisait une plaque d'ivoire ronde sur laquelle était posé du levain : « On [pesait] avec la plaque d'ivoire sur un petit os que l'on a dans l'estomac, et le tout [était] joué : l'estomac [était] relevé ».
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