Étymologie :
LIS, LYS, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 bot. (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 8038) ; b) ca 1223 symbole de pureté, de vertu (Gautier de Coinci, éd. V. F. Kœnig, II Mir. 32, 235 : la fleurs de lis [désignant la Vierge]) ; 2. a) ca 1225 hérald. (Durmart le Gallois, éd. J. Gildea, 8558) ; b) 2e moitié du xive s. les fleurs de lis « la famille royale française » (Chronique des règnes de Jean II et de Charles V, éd. R. Delachenal, t. 1, p. 185, cf. Gdf., s.v. lis2 [Chron. de S.-Den.]) ; c) fin du xvie s. fleur de lis « marque au fer rouge qu'on applique sur l'épaule de certains condamnés » (P. de L'Estoile, Mémoires, 2e p., p. 342 ds Gdf. Compl.) ; 3. a) 1583 lis d'étang « nénuphar » (Ch. Estienne, J. Liébault, L'Agriculture et maison rustique, p. 134a) ; b) 1680 lis des vallées « muguet » (Rich.) ; c) 1840 lis de Saint-Jacques « amaryllis » (Ac. Compl. 1842) ; d) 1896 lis d'eau « nénuphar » (Roll. Flore t. 1, p. 148). Forme du plur., qui a éliminé le sing. *lil, du lat. lilium « lis », qui ne semble attesté que chez Béroul, Tristan, éd. E. Muret 4, 2738.
Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Lilium candidum ; Lis blanc ; Lis commun ; Lis de Saint-Antoine ; Rose de Junon.
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Botanique :
Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle, en proposant quelquefois une courte description botanique :
LE LIS. Ses diverses espèces ; sa description ; ses propriétés ; ses symbolismes ; le lis chez les Grecs ; le lis et les poëtes.
Le lis est une plante herbacée, à tige simple, droite, élégante et couronnée d'un épi de fleurs resplendissantes, qui s'épanouissent en juin et en juillet.
Les fleurs du lis sont en général de grande dimension; il y en a de diverses couleurs : blanches, roses, carminées, violacées, rouges, orangées, etc.
Les principales espèces sont :
1° Le lis géant, des montagnes de l'Himalaya, introduit depuis une vingtaine d'années en Europe. C'est la plus grande espèce connue. Sa tige, presque de la grosseur du bras d'un enfant au niveau du sol, s'élève à trois mètres et même plus, et se termine par une grappe de fleurs odorantes, d'un blanc jaunâtre, colorées de carmin à l'intérieur.
2° Le lis blanc ; c'est l'espèce classique du genre, la plus anciennement connue et aussi une des plus belles. L'origine de sa culture remonte aux temps les plus reculés, comme le prouvent de nombreux passages de la Bible et des auteurs grecs et latins.
3° Le lis à grandes fleurs, du Japon, plante peu élevée eu égard à la grandeur de ses fleurs ; sa tige dépasse rarement quatre-vingts à quatre-vingt-dix centimètres de hauteur.
4° Le lis tigré ou martagon de la Chine, très belle plante de l'Asie orientale, haute d'un mètre et plus. Ses fleurs, au nombre de six à douze sur une même tige, sont grandes, inclinées, d'un rouge écarlate ou orangé ponctué de pourpre et de brun à l'intérieur.
5° Le lis de Chalcédoine, connu aussi sous le nom de martagon d'Orient, martagon écarlate, originaire de l'Asie Mineure, et introduit depuis plusieurs siècles dans les jardins de l'Europe ; ses feuilles sont courtes et ses flèurs rouge écarlate.
6° Le lis orangé, indigène de l'Allemagne méridionale, est d'une taille élevée ; ses fleurs, grandes, forment de véritables ombelles au sommet de la tige : elles sont d'un rouge orangé parsemé de ponctuations brunes. Il est presque aussi commun dans les jardins que le lis blanc
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Vertus médicinales :
Selon Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de "Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques." (In : Bulletin de la Murithienne n°102, 1984 : pp. 129-158) :
rï d'or, f. = « racine » d'or = lys orangé = Lilium bulbiferum : les feuilles, appliquées sur la peau, guérissent les infections ; on peut aussi les cuire avec du pain blanc et du lait et appliquer le mélange sur les abcès.
Croyances populaires :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
LIS DU MONASTERE DE CORVEY. « Le monastère de Corvey, sur le Weser, rapportent les frères Grimm dans leurs Traditions allemandes, a reçu de Dieu la grâce particulière que toutes les fois qu'un des frères doit mourir, celui-ci reçoit un avertissement trois jours auparavant, au moyen d'un lis qui se trouve dans une guirlande d'honneur suspendue dans le chœur. Ce lis n'a jamais manqué de descendre merveilleusement de la guirlande, pour venir se montrer sur le siège du frère dont la vie est arrivée à son terme ; de sorte que le frère reconnaît à ce signe infaillible que, dans trois jours, il doit prendre congé de ce monde. Ce prodige durait déjà depuis plusieurs centaines d'années lorsqu'un jour un jeune frère de l'ordre, prévenu par un semblable avertissement que le moment de sa mort approchait, et ne tenant pas compte de cet avis, eut l'idée de transporter le lís de son siège sur celui d'un vieil ecclésiastique, pensant que c'était plutôt au vieux qu'au jeune à mourir. Aussitôt que le bon vieux frère aperçut le lis fatal, il fut saisi d'une si vive frayeur à cette annonce de mort, qu'il tomba gravement malade toutefois il ne mourut pas, il parvint même à se rétablir parfaitement ; mais le jeune frère, qui avait méprisé l'avertissenent, mourut le troisième jour de mort subite. »
Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette fleur royale :
Été - Août.
LIS COMMUN - MAJESTÉ.
Il est le roi des fleurs dont la rose est la reine (Boisjolin).
Du milieu d'une étoffe de longues feuilles, qui, en se développant, se renversent et se pressent les unes sur les autres, comme pour former un trône circulaire de verdure, on voit s'élancer une tige élégante et superbe, qui se termine par une grappe de longs boutons d’un vert doux et luisant. Le temps insensiblement gonfle et blanchit les boutons de cette belle grappe, et vers le milieu de juin, ils s'inclinent et se déploient en six pétales d'une blancheur étincelante. Leur réunion forme ces vases admirables, où la nature s'est plu à renfermer des étamines d'or, qui versent des flots de parfums. Ces belles fleurs, à demi inclinées autour de leur haute tige, semblent demander et obtenir les hommages de toute la nature ; mais le lis, malgré ses charmes, a besoin d'une cour pour paraître dans tout son éclat. Seul, il semble froid et comme délaissé ; environné de mille autres fleurs, il les efface toutes : c'est un roi ; sa grâce, c'est la majesté. On ne trouve nulle part chez nous le lis primitif ; il nous vint de la Syrie ; jadis il para les autels du Dieu d'Israël, et couronna le front de Salomon ; mais il règne dans nos jardins depuis un temps immémorial. Charlemagne voulait qu'il partageât, avec la rose, la gloire de parfumer ses jardins, et, s'il faut en croire les antiques récits de nos aïeux, le vaillant Clovis reçut un lis cé leste le jour où la victoire et la foi lui furent données. Louis VII vit dans les fleurs du lis le triple symbole de sa beauté, de son nom et de sa puissance : il les plaça sur son écu, sur son sceau, et sur sa monnaie. Philippe-Auguste en sema son étendard. Saint Louis portait une bague représentant, en émail et en relief, une guirlande de lis et de marguerites, et sur le chaton de l'anneau était gravé un crucifix avec ces mots :
Hors cet annel, pourrions-nous trouver amour ? parce que, en effet, cet anneau offrait, à ce monarque pieux, l'emblème de tout ce qu'il avait de plus cher, la religion, la France et son épouse. Ce fut aussi une idée religieuse qui engagea Charles V à fixer à trois le nombre de ses fleurs de lis ; depuis son règne, ce nombre n'a plus varié ; mais si le lis céleste brilla depuis Clovis sur le manteau et sur l’écusson de nos rois, il donna aussi sa couleur à l'étendard de nos guerriers. Le plumet de Henri IV, qui conduisit toujours les Français à la victoire, était blanc comme un lis : il était l'image d'une âme pure, et d'une gloire sans tache. Il fut un temps où l'écharpe blanche ne soutenait plus l'épée redoutable de nos guerriers ; l'élégance et la courtoisie s'enfuirent avec nos drapeaux blancs. Hélas ! la gloire française illustra d'autres drapeaux ; mais souvent elle gémit de ses folles victoires, au milieu des dépouilles du monde. Ces temps malheureux sont déjà loin de nous.
Noble attribut de la puissance,
O lis ! pour nous sois désormais
Le gage heureux de l'abondance,
Et le symbole de la paix.
Et toi, qui te crus sa rivale,
Devant lui, mère impériale, Abaisse ton front éclipse ;
De ton fol orgueil détrompée ,
Descendis de ta gloire usurpée :
Ton règne d'un jour est passé.
Les Fleurs, idylle, par M. Constant Dubos.
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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Lis commun - Majesté.
A cause de la noblesse de son port et parce qu’il orne l’écu des rois de France.
Lis jaune - Vanité.
A cause de la raideur de sa tige, que jamais le zéphir ne balance, et de la couleur jaune d’ostentation de sa fleur.
Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
LIS – MAJESTÉ.
Il n'est pas bon de manger beaucoup de miel et celui qui voudra sonder la majesté de Dieu, sera accablé par sa gloire. -
Proverbes : XXV, 27.
Tout le monde connait le lis, cette plante magnifique qui s'élève avec une grâce majestueuse au-dessus de l'herbe des champs, au dessus des fleurs de nos parterres et dont le parfum exhale la plus douce ambroisie. Sa bulbe est écailleuse et produit un faisceau de feuilles allongées, ondulées, environnant la base d'une tige simple, élevée, garnie dans toute sa longueur de feuilles plus étroites, lancéolées et d'un joli vert. Vers la mi-juin cette tige se termine par un épi de fleurs grandes, belles, d'une blancheur admirable et d'une odeur exquise.
Une plante telle que le lis ne pouvait pas être admirée sans amener le merveilleux, surtout chez une nation comme celle des Grecs. Le lis ne devait donc pas avoir une origine ordinaire. Selon les uns il a été créé par Vénus, qui changea en cette fleur une jeune fille pour avoir osé lui disputer le prix de la beauté ; selon d'autres, il a été produit par une goutte de lait échappée du sein de Junon, lorsqu'elle repoussa Hercule enfant, que Jupiter voulait lui faire allaiter ; une autre portion de ce lait forma la voie lactée.
Un roi de Navarre, Garcias IV, avait institué l'ordre militaire de Notre-Dame du Lis, à l'occasion d'une image de la Vierge, trouvée miraculeusement dans un lis, à ce qu'on lui fit accroire, et par laquelle ce prince fut guéri d'une maladie dangereuse.
DU LIS BLANC.
Le lis blanc est une plante naturalisée depuis très longtemps dans la plus grande partie de l'Europe australe, et aujourd'hui il est cultivé dans tous nos parterres où il brille parmi toutes les autres fleurs. Il lui est arrivé à certaines époques de bien puissantes rivales, mais accoutumé à dominer, il n'a rien perdu de sa brillante réputation, il parait au milieu d'elles avec fierté, bravant et les froids de nos hivers et la température inégale de nos étés , tandis que les autres, à l'approche des moindres gelées, fuient dans les serres où ils ont pris naissance. Son odeur suave nous transporte au milieu des aromates de ces contrées de l'Orient qu'il a quittées pour habiter parmi nous. Ses aimables attributs ont fourni les comparaisons les plus gracieuses ; il est dans son éclat, l'image du bel âge de la vie ; réuni à la rose sur les joues d'une jeune vierge, c'est la beauté dans sa fraîcheur ; flétri et incliné sur sa tige, c'est encore cette même beauté que la mort vient de moissonner.
Le lis est une de ces plantes très souvent mentionnées dans les saintes Ecritures ; dans le Cantique des cantiques, l'Epoux et l'Epouse sont très souvent comparé aux lis des champs. Comme le lis s'élève au milieu des épines, ainsi ma bien-aimée, au milieu des jeunes filles. Ailleurs c'est l'époux qui cueille des lis dans son jardin, ou qui se repose parmi eux. Isaïe voulant nous montrer les bienfaits et les avantages de l'avènement du Christ, nous dit que le désert se réjouira, que la solitude sera dans l'allégresse et qu'elle fleurira comme un lis. Dans le prophète Osée le Seigneur voulant nous faire comprendre combien il nous aime et combien nous serons heureux , nous dit : Je serai pour Israël une douce rosée, il fleurira comme le lis et multipliera ses racines comme le cèdre du Liban. Enfin la beauté du lis a été célébrée par Notre-Seigneur lui même : Salomon dans toute sa gloire ne fut jamais vêtu comme l'est un lis des champs ; et poursuivant avec une admirable bonté cette comparaison, ce tendre Sauveur nous apprend qu'une providence maternelle veille sur nous, et que nos moindres besoins lui sont connus.
Aux premiers siècles de la monarchie, le lis devint la fleur favorite de nos rois ; car d'antiques légendes nous apprennent que Clovis reçut d'un ange le lis céleste, qui figura depuis dans les armoiries royales. Charlemagne voulait que des lis se trouvassent dans tous ses jardins ; Louis VII en plaça sur son écu, sur son sceau, sur sa monnaie ; Philippe-Auguste en parsema son étendard ; et ce fut Charles V qui en fixa le nombre à trois.
Cette fleur nous rappelle la touchante et pieuse allégorie de saint Louis roi de France. Il portait une bague représentant, en émail et en relief, une guirlande de lis et de marguerites, et sur le chaton de l'anneau était gravé un crucifix sur un saphir avec ces mots : Hors cet annel pourrions-nous trouver amour ? Ce pieux monarque trouvait en effet dans son anneau l'emblème de tout ce qui lui était cher : Dieu, la France et sou épouse, Marguerite d'Anjou. Les anciens semaient sur les tombeaux les fleurs les plus odoriférantes. Virgile termine l'éloge admirable de Marcellus en jetant à pleines mains des lis sur sa cendre. ( Virgile, Énéide, livre VI.)
Les parfumeurs emploient le lis pour parfumer des pommades, des essences, des huiles, et autres préparations destinées à la toilette. L'eau distillée qu'on débite comme domestique n'a rien qui justifie sa réputation. On a également renoncé aux usages que l'on attribuait à ses propriétés. Les bulbes employées comme mucilagineuses, ne l'emportent nullement sur les autres substances de la même nature. Il est bon de prévenir les amateurs de parfums qu'il est dangereux de trop multiplier les lis, surtout dans les jardins étroits et clos de murs, encore plus dangereux de les conserver dans les appartements renfermés ; leurs émanations produisent sur les personnes délicates des maux de têtes, des vertiges, des syncopes et même des accidents plus graves. Une femme à Londres en 1779 fut trouvée morte dans son lit pour avoir placé des touffes de lis dans sa chambre à coucher.
RÉFLEXIONS.
Il n'y a rien de plus éclatant ni qui fasse plus de bruit que la gloire, et tout ensemble il n'y a rien de plus misérable ni de plus pauvre.
(Bossuet, Oraisons funèbres.)
Tant que vous n'aurez que cette gloire où le monde aspire, le monde vous la disputera : ajoutez- y la gloire de la vertu, le monde la craint et la fuit ; mais le monde pourtant la respecte.
(MASSILLON, Petit-Carême.)
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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :
LIS - MAJESTÉ - PURETÉ.
Le lis est originaire du Levant : il a été longtemps le symbole de la France . Sa tige est couronnée d'un chapiteau de cinq à huit fleurs pédonculées, très grandes, du blanc le plus pur, du parfum le plus suave, dont celles qui sont tout à fait à l'extrémité de la tige regardent fièrement le ciel, et les autres s'inclinent à demi au-dessous de leurs sœurs. Le lis est le symbole de la virginité, de la candeur, de l'innocence, de la pureté.
Le lis, plus noble et plus brillant encore,
Lève sans crainte un front majestueux ;
Paisible roi de l'empire de Flore,
D'un autre empire, il est l'emblème heureux. PARNY.
Le lis que dans ces lieux, un charme fit éclore,
Dans sa coupe d'argent boit les pleurs de l'amour. BAOUR-LORMIAN.
Noble fils du soleil, le lis majestueux
Vers l'astre paternel dont il brave les feux
Élève avec orgueil sa tête souveraine.
Il est le roi des fleurs, comme la rose est reine. BOISJOLIN.
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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Lis - Majesté - Souveraineté - Pureté.
Noble fils du soleil, le lis majestueux
Vers l'astre paternel dont il brave les feux
Élève avec orgueil sa tête souveraine.
Il est le roi des fleurs, comme la rose est reine. BOISJOLIN.
C'est alors qu'on chérit un vallon solitaire
Émaillé par des fleurs, asile du mystère ;
Où le superbe lis, d’un luxe si décent
Voit son autel champêtre environné d'encens,
Et croit trop honorer la tendre violette
Du regard protecteur qu'à ses pieds il lui jette. SAINT-LAMBERT.
Les Grecs prétendaient que le lis ne pouvait avoir qu'une origine divine et le supposaient né du lait de Junon.
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Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle :
On croit que le lis blanc, aujourd'hui répandu partoute la terre, nous vient de Syrie. Tout le monde connaît ses grandes fleurs, en forme de cloche légèrement inclinée, d'un blanc si pur, d'une odeur si pénétrante. Aucune plante ne présente à la fois plus de simplicité, plus d'élégance et plus de majesté.
Lorsque le divin fondateur du christianisme parle de toute la splendeur que peut revêtir une tête couronnée, il donne la préférence à la suprême élégance du lis. En rappelant la confiance que l'on doit avoir dans notre Père commun, qui est au ciel, il ajoute : « Considérez comment croissent les lis des champs ; ils ne travaillent point, ils ne filent point, et cependant je vous déclare que Salomon même dans toute sa gloire n'a jamais été vêtu avec autant de magnificence. » (Saint Matthieu, chap. VI.)
Le lis rouge brille d'un éclat tout particulier sous les rayons du soleil ; mais il n'offre point dans son port cette dignité modeste, et ne porte pas sur son front l'empreinte de cette sublime majesté qui a fait du lis blanc l'emblème du pouvoir royal.
Le lis est surtout cultivé dans les jardins ; cependant on le trouve aussi à l'état rustique dans les prés et les champs.
Son parfum en plein air est des plus agréables ; mais il devient trop fort et donne des vertiges et des maux de tête quand on le respire dans des appartements fermés. On l'emploie pour parfumer des pommades, des essences et des huiles; ses bulbes cuites servent quelquefois en cataplasme pour hâter la maturité des abcès.
Le lis est le symbole de la grandeur et de la majesté : il figure sur les armoiries de plusieurs souverains, d'un grand nombre de villes et d'ordr.es de chevalerie.
Il était autrefois l'un des ornements de la couronne de France ; il a suivi dans l'exil la branche aînée des Bourbons. On raconte que Garcias IV, roi de Navarre, qui vivait en 1048, étant tombé dangereusement malade, fut guéri par l'image miraculeuse d'une madone trouvée, dit-on, dans une fleur de lis, et qu'en reconnaissanced'un si grand bienfait il institua l'ordre de Notre-Dame-du-Lis. Saint Louis avait pris pour devise une marguerite et un lis, la première faisant allusion à la reine, et le second aux armes de France ; il avait inscrit sur la devise : Hors cet anneau pourrions-nous trouver amour ? On conserve encore de nos jours la vénération qu'avaient nos pères pour cette belle fleur.
Le lis blanc est également regardé comme l'emblème de l'innocence, de la candeur, de la pureté virginale.
Les Grecs, qui attachaient des idées gracieuses à l'origine de tout ce qui est distingué, regardaient la fleur si belle et si remarquable du lis blanc comme l'image d'une jeune fille qui s'était comparée à Vénus, et attribuaient sa blancheur éclatante à quelques gouttes de lait échappées du sein de Junon.
Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :
Lis : Majesté ; Innocence. Il est le roi des fleurs dont la rose est la reine.
— DE SIBÉRIE : Mes intentions sont pures.
— DES INCAS : Sagesse.
— DU JAPON : Naïveté.
— JAUNE : Inquiétude.
— MARTAGON : Virginité pieuse.
— POMPON : Pureté enfantine.
— SUPERBE : Candeur.
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Édouard Grimard, auteur de L'esprit des plantes, silhouettes végétales. (Éditions Mame, 1875) propose sa propre vision des plantes :
C'est, en effet, lui qui a donné son nom à la famille entière. Le Lis blanc, superbe entre tous, a toujours passé pour être originaire de l'Orient, surtout de la Syrie et de la Palestine. Maintenant il est acclimaté dans nos jardins, où il domine fièrement de son éblouissant diadème le menu peuple des petites fleurs. La beauté remarquable du Lis, dont l'imagination des Grecs avait été frappée, lui fit donner une origine mythologique par ce peuple aux goûts artistiques et toujours épris du merveilleux. Selon certains poëtes donc, il dut sa naissance à Vénus, qui métamorphosa en cette fleur une jeune fille dont la beauté lui parais sait inquiétante ; selon d'autres auteurs, dont l'imagination était beaucoup plus excentrique, le Lis n'était pas autre chose que la transformation végétale d'un peu de lait tombé du sein de Junon, un jour qu'elle allaitait le petit Hercule. Quelques gouttes éparpillées sur la voûte céleste y auraient formé la voie lactée, tandis que les autres, égarées sur la terre, en auraient immédiatement fait jaillir le Lis, dont la blancheur également lactée rappelle l'origine ; de là vient même le nom de Rose de Junon que les Latins donnèrent à cette fleur.
Les propriétés du Lis blanc ont été singulièrement exagérées ; elles sont cependant à peu près nulles, quoi qu'en ait pu dire un certain Matthias Tilingius, nom vaut vraiment la peine d'être conservé, - qui, emporté par une ardeur inconsidérée, composa sur les prétendues vertus de ce végétal une indigeste compilation de six cents pages !
Voilà de quoi peut être capable l'enthousiasme d'un botaniste.
Les bulbes du Lis sont remplis d'un mucilage dont l'action adoucissante est en partie neutralisée par la présence d'un principe d'une grande âcreté. Quant à l'odeur qui s'exhale des fleurs, elle est douce et pénétrante, mais elle devient bien vite dangereuse quand elle est trop condensée, ce qui arrive du reste avec toutes les fleurs, – et l'histoire a conservé le souvenir de diverses personnes qui, s'étant endormies dans des chambres où fleurissaient des Lis, y ont été trouvées mortes le lendemain.
Mais ce ne sont ni ses qualités cachées ni ses vertus secrètes qui constituent l'originalité du Lis. Ce qui le distingue et le classe parmi les végétaux remarquables, c'est le caractère de sa beauté, en un mot, sa physionomie. De tous temps cette plante a occupé une place importante dans la symbolique des fleurs. Les uns en ont fait l'emblème de la pureté, les autres de la modestie ; les anciens en faisaient le symbole de l'espérance. Toutes ces appréciations sont naturellement arbitraires, et comme, d'autre part, on a de toutes façons abusé du « langage des fleurs », il vaut mieux n'insister que sur l'expression ... que j'appellerais philosophique, si je ne craignais d'effaroucher certains de mes lecteurs et la plupart de mes lectrices. Mais que les uns et les autres se rassurent, car le mot est plus effrayant que la chose. Laissons donc de côté symboles et emblèmes, décrivons simplement le beau végétal qui fait l'objet de cette étude.
Que voyons-nous dans le Lis ? D'abord une touffe de feuilles qui, serrées les unes contre les autres, ont l'air de concentrer leurs efforts. Que va-t-il sortir du milieu d'elles ? A quoi donc leur beau groupe va-t-il servir de piédestal ?
La voici qui s'élève, la colonne merveilleuse. Svelte mais suffisamment feuillée, elle s'élance, elle monte, dépassant d'environ dix fois la hauteur de sa base étalée. Qu'elle est belle dans l'harmonie de ses proportions ! Plus basse, elle semblerait écrasée ; plus haute, elle paraîtrait trop grêle. Elle est superbe ainsi.
Voyez avec quelle ardeur, avec quelle sorte d'émulation montent et se dépassent les petites folioles qui, en s'étageant le long de la tige, semblent vouloir atteindre, là-haut, les belles fleurs épanouies.
Et dans cette fleur quelle simplicité ! quelle pureté ! quel éclat ! Avec quelle loyauté elle étale au grand jour ses irréprochables pétales ! Oh ! elle a la conscience pure, allez ; regardez jusqu'au fond, vous n'y trouverez pas une seule tache, rien que la poussière d'or que versent les étamines sur ces fermes tissus, dont la blancheur opaque et laiteuse est devenue proverbiale et sert, comme la neige, de terme de comparaison.
Elle était si pressée de fleurir, c'est-à-dire d'atteindre l'idéal que rêve toute plante, qu'elle a négligé de se faire un calice, ou plutôt que ce calice lui-même a revêtu sans transition l'éclatante livrée d'une corolle. Le voilà ce Lis ! admirons-le, et sans chercher à définir l'idée plus ou moins mystique qu'il re présente, contemplons en lui les proportions élégantes, les belles lignes, les couleurs éclatantes, et cette expression de loyauté sereine qui émane de sa pure et calme beauté.
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Jacques Brosse dans La Magie des plantes (Éditions Hachette, 1979) consacre dans sa "Flore magique" un article au Lis :
Le lis, vivante image de la pureté, de l'innocence virginale, consacré à la Vierge Marie, semble faire partie de ces archétypes qui hantent la mémoire des peuples. Pourtant, le mot lis n’apparaît en notre langue qu'en 1175, dans un roman de Chrétien de Troyes, il est donc vraisemblable que cette fleur n'ait été connue en France qu'à partir du XIIe siècle ; effectivement, on la donne comme introduite par les croisés à leur retour de Terre sainte. La patrie du lis est le Levant et c'est dans la Bible qu'il est tout d'abord mentionné, au Cantique des cantiques : « Comme le lis entre les chardons / Telle ma bien-aimée entre les femmes », et dans l’Évangile selon saint Matthieu, lorsque Jésus emploie la parabole bien connue : « Considérez comment croissent les lis des champs ; ils ne peinent ni ne tissent ; cependant, je vous le dis, Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. » Remarquons que jusqu'ici, il n'est guère question de pureté ; le lis symbolise l’élection, le choix divins, celui d'Israël parmi les nations, puis, dans le christianisme, celui de Marie « entre toutes les femmes ». C'est seulement alors qu'il commença à symboliser la virginité. Le culte de la Vierge Marie atteignait son apogée en Occident au moment même où le lis du Moyen-Orient y aurait fait son entrée. Ils sont restés depuis étroitement liés.
Cependant, le parfum des lis, si fort et quelque peu entêtant, trouble même les enfants à l'église et, dans La Cathédrale, Huysmans dénonce ses effluves capiteux : « Son parfum est absolument le contraire d'une senteur chaste ; c'est un mélange de miel et de poivre, quelque chose d'âcre et de doucereux, de pâle et de fort » que l'écrivain n'hésite pas à qualifier d'érotique.
Il est vrai que les fables relatives au lis dans la Grèce antique iraient tout à fait dans ce sens. Héraclès enfant aurait été autorisé par Zeus à téter la mamelle d'Héra endormie, moins malgré l'opinion de certains, pour participer à la divine immortalité qu'afin de se faire adopter par Héra qui détestait cet enfant né des amours deux fois adultérins du maître de l'Olympe avec une humaine, Alcmène, femme d'Amphitryon. Goulu comme il était, Héraclès tira si fort qu'une partie du lait divin se répandit dans le ciel, où il forma la Voie lactée, tandis que d'une goutte tombée sur la terre naquit le lis. A la vue de toute cette blancheur, ajoutent les fabulistes, « Aphrodite, issue elle-même de la blanche écume de la mer, en conçut une vive jalousie et, par dépit, fit pousser au milieu de la fleur candide un pistil énorme qui rappelle la verge de l'âne ». Assurément, cet organe choquant est caractéristique du Lilium candidum, qui, venu d'Orient, aurait été cultivé très tôt en Grèce, tandis que dans les autres historiettes relatives au lis il s'agit des lis rouges, eux indigènes. Il n'en reste pas moins qu'on est bien obligé de reconnaître à la fleur de lis une certaine ambiguïté. Symboliquement, elle représenterait un amour intense, mais irréalisable, celui du servant pour sa dame, et aussi du dévot pour Marie, et nous savons à quel point furent liés au XIIe et XIIIe siècles culte de la Vierge et amour courtois, un amour donc qui ne peut être que refoulé ou sublimé.
Même ces fleurs héraldiques que sont les lys de France sont équivoques. Il y a fort longtemps que les historiens ont remarqué que le fleuron à trois lobes ne ressemblait point du tout à une fleur de lis. La figuration la plus ancienne ne remonte pas au-delà de 1180, on la trouve sur un contre-sceau de Philippe-Auguste - ce qui, notons-le, correspond à la date de l'apparition du mot en français et peut-être à celle de son introduction depuis le Levant. Après quoi, les lys deviennent l'emblème de la Maison de France ; plus tard, en l'honneur de la Sainte Trinité, Louis VII limita leur nombre à trois et, dès le règne de Charles V, les armes de France s'énonçaient : « d'azur à trois fleurs de Lys d'or ». Mais les érudits ont depuis longtemps découvert la préfiguration du lys héraldique dans le sceptre des rois mérovingiens du VIe siècle ; or, la fleur qui se termine est, stylisée, mais reconnaissable, celle d'un iris, celle d'une espèce cette fois vraiment indigène, l'iris jaune ou iris des marais.
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D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"Le lis est synonyme de blancheur et, en conséquence, de pureté, d'innocence, de virginité. On le trouve chez Boehme ou chez Silesius comme symbole de la pureté céleste : Le fiancé de ton âme désire entrer ; fleuris : il ne vient pas que les lis ne fleurissent.
Toutefois, le lys se prête à une interprétation toute différente. Il serait le terme de la métamorphose d'un mignon d'Apollon, Hyacinthos, et rappellerait à ce titre des amours interdites : mais il s'agit ici du lis martagon (le lis rouge). C'est en cueillant un lis (ou un narcisse) que Perséphone fut entraînée par Hadès, épris d'elle, dans une ouverture soudaine du sol, jusqu'en son royaume souterrain ; le lis pourrait à ce titre symboliser la tentation ou la porte des Enfers. Dans sa Mythologie des plantes, Angelo de Gubernatis estime qu'on attribue le lis à Vénus et aux Satyres, sans doute à cause du pistil honteux et, par conséquent, le lis est un symbole de la génération ; ce qui, selon cet auteur, l'aurait fait choisir par les rois de France comme symbole de prospérité de la race. Outre cet aspect phallique, Huysmans dénonce dans La Cathédrale ses capiteux effluves : son parfum est absolument le contraire d'une senteur chaste ; c'est un mélange de miel et de poivre, quelque chose d'âcre et de doucereux, de pâle et de fort ; cela tient de la conserve aphrodisiaque du Levant et de la confiture érotique de l'Inde. On pourrait ici rappeler les correspondances baudelairiennes de ces parfums : qui chantent les transports de l'esprit et des sens. Ce symbolisme est plutôt lunaire et féminin, comme Mallarmé l'a si bien senti :
Et tu fis la blancheur sanglotante des lys
Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure
A travers l'encens bleu des horizons pâlis
Monte rêveusement vers la lune qui pleure !
Ce symbolisme se précise encore en s'intériorisant, dans un autre poème, "Hérodiade" :
... j'effeuille
Comme près d'un bassin dont le jet d'eau m'accueille
Les pâles lys qui sont en moi...
La symbolique des eaux s'ajoute ici à celle de la lune et des rêves pour faire du lis la fleur de l'amour, d'un amour intense, mais qui, dans son ambiguïté, peut être irréalisé, ou refoulé ou sublimé. S'il est sublimé, le lis est la fleur de gloire.
Tu seras Marcellus. Donnez des lis à pleines mains, que je répande des fleurs éblouissantes. (Énéide, Virgile, 6, 884). Cette notion n'est pas étrangère à l'équivalence qu'on peut établir entre le lis et le lotus, élevé au-dessus des eaux boueuses et informelles. Il s'agit alors d'un symbole de la réalisation des possibilités antithétiques de l'être. Peut-être faut-il interpréter en ce sens les paroles d'Anchise à Énée, lui prédisant le merveilleux destin de sa race : Cette offrande de lis, à la mémoire du jeune Marcellus, lors de la descente d'Énée aux Enfers, illustre toute l’ambiguïté de la fleur : la voyant au bord du Léthé (6, 706), Énée est parcouru d'un frisson sacré devant le mystère de la mort ; d'autre part, ces fleurs éblouissantes, offertes au fils adoptif d'Auguste, contribuent à ranimer dans le cœur d'Énée l'amour de sa gloire future. Valeur à la fois funèbre et exaltante du symbole.
Le lis héraldique à six pétales peut encore s'identifier aux six rayons de la roue dont la circonférences n'est pas tracée, c'est-à-dire aux six rayons du soleil : fleur de gloire et source de fécondité.
Dans la tradition biblique, le lis est le symbole de l'élection, du choix de l'être aimé :
Comme le lis entre les chardons,
telle ma bien-aimée entre les jeunes femmes.
Cantique des Cantiques (1, 2)
Tel fut le privilège d'Israël parmi les nations, de la Vierge Marie parmi les femmes d'Israël. Le lis symbolise aussi l'abandon à la volonté de Dieu, c'est-à-dire à la Providence, qui pourvoit aux besoins de ses élus :
Observez les lis des champs, comme ils poussent : ils ne peinent, ni ne filent (Matthieu, 6, 28).
Ainsi abandonné entre les mains de Dieu, le lis est cependant mieux vêtu que Salomon dans toute sa gloire. Il symboliserait l'abandon mystique à la grâce de Dieu."
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Lis (Lilium candidum) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Féminin
Planète : Lune
Élément : Eau
Divinités : Aphrodite-Vénus ; Héra-Junon ; Nebthâît (Nephthys en grec), l'une des déesses du mythe osirien.
« Voyez le Lis des champs. Ils ne travaillent point; ils ne filent point. Et cependant, je vous le déclare, Salomon lui-même dans toute sa gloire n'a jamais été vêtu avec autant de magnificence. » (Matthieu, VI.)
Les Latins l'appelaient Rose de Junon en souvenir de la fable hellénique d'après laquelle Héraclès enfant avait tété sa mère, Héra, avec une telle avidité qu'une partie de ce lait tomba sur le sol où il devint la fleur de Lis. A la vue de cette blancheur inégalée, Aphrodite, issue elle-même de la blanche écume des flots, en conçut une vive jalousie et, par dépit, fit pousser au milieu de la fleur virginale un pistil énorme qui rappelle la verge de l'âne.
En dépit de ce détail grivois de la légende antique, la déesse Pudicitia n'en porte pas moins une tige de Lis fleuri à la main ; Junon également. A cause de ce pistil honteux, cependant, on attribuait aussi cette fleur à Vénus libentina et aux Satyres.
Pouvoirs : Divination ; Charmes amoureux ; Projection astrale ; Protection, plus particulièrement contre les envoûtements sexuels.
Utilisation rituelle : La fleur de Lis fut, dans les temps reculés, l'emblème de la création universelle.
Puis elle fut à la fois associée au libertinage (Vénus libentina, saturnales, fêtes dionysiaques) et à la virginité, la chasteté (Héra-Junon, gardienne des femmes et surveillante des bonnes mœurs). Avec le temps, l'image libertine s'est graduellement estompée et le Lis a partout affirmé sa vocation de fleur pure et virginale.
Un souvenir des anciennes croyances se retrouve dans la tradition qui a fait du Lis un symbole de grandeur et de majesté ; il figure sur les armoiries de plusieurs souverains, d'un grand nombre de villes et d'ordres de chevalerie.
Beaucoup d'auteurs spécialisés différencient très nettement la fleur du Lis (du Lilium candidum) de la fleur de lis (qui devrait s'écrire fleurdelys), emblème de la royauté en France depuis Louis VII. Nous avons évoqué ce problème héraldique dans la fiche sur l'iris des marais, donnant à propos de cette fleur aquatique l'une des nombreuses explications fournies. Selon d'autres blasonneurs, la fleurdelys royale n'a jamais été une fleur, mais une figure graphique stylisée, et ils lui attribuent diverses origines, la lance, par exemple. Si erreur il y a, il faut toutefois admettre qu'elle s'est solidement ancrée dans les usages car, jusqu'à la chute de l'Ancien Régime, l'un des noms que l’on donnait à la France était le royaume des Lis.
Dans les dictionnaires du XIX e siècle on peut relever cette expression :
Etre assis sur les fleurs de Lis = siéger ; exercer une charge de magistrature, par allusion aux fleurs de Lis dont étaient couverts les sièges des anciens magistrats français.
Et il Y avait aussi la fleur de Lis infâmante : celle que le bourreau imprimait avec un fer rouge sur l'épaule de certains condamnés; ainsi tous les galériens étaient automatiquement marqués de la fleur de Lis.
Le Lis d'or fut une monnaie émise sous Louis XIV ; elle avait une valeur nominale de huit livres et circula de 1655 à 1679.
Utilisation magique : Un oignon de Lis, sorti de la terre lors de la conjonction de Vénus et de la Lune dans le signe du Capricorne ou des Balances rompt les envoûtements amoureux si on le suspend dans un sachet autour du cou.
Avec les Lis, on compose des parfums à brûler qui, employés en fumigation dans une salle peinte en blanc, rendent celle-ci propice aux manifestations astrales.
Pour obtenir des indices concernant un crime impuni, même commis il y a très longtemps, il faut enterrer un vieux morceau de cuir sous trois bulbes d'inégale grosseur ; lorsque les trois fleurs seront sur le point de se faner, le pollen tombant de leurs pistils écrira sur le sol le nom de l'assassin.
Le tout premier Lis blanc de la saison apporte force et succès à l'homme qui le trouve à l'état sauvage; à la femme il apporte sagesse et modestie.
D'après les Deutsche Sagen de Wolf, un moine du XIIe siècle, Isobert, étant mort alors qu'il adorait la Vierge Marie, en l'honneur de laquelle il récitait chaque jour dix psaumes, de sa bouche, de ses deux yeux et de ses deux oreilles poussèrent cinq Lis.
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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi le Lis :
Mot clef : Pureté
Ô Lis, combien j'aime ta fleur !
Simple et modeste avec noblesse,
Elle convient à la jeunesse,
Elle couronne la pudeur.
Quand le zéphyr vient avec l'ombre
Ranimer l'arbrisseau mourant,
Je vois ton calice odorant
Se fermer devant la nuit sombre.
Florian (1755-1794),"A un lis".
Le Lis a toujours été le symbole de la pureté. On le voit sur les murs des palais de l'ancienne Grèce, où il était consacré à Héra, déesse de la Lune : alors que celle-ci repoussait Héraclès enfant, que Zeus voulait qu'elle nourrisse, deux gouttes de son lait seraient tombées de son sein : l'une donnant la Voie lactée, et l'autre, le Lis. Cette fleur est aussi dédiée à l'image même de la pureté qu'est la Vierge Marie, et on la reconnaît dans les bouquets des mariées.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
"Fleur des fleurs" chez les Grecs, le lis blanc qui, en tant qu'emblème de la création universelle est à l'Occident ce que le lotus est à l'Orient, symbolise la pureté et l'innocence. Les Anciens l'avaient cependant associé, à cause probablement de son gros pistil, à Vénus et aux satyres. Selon une légende hellénique, Zeus permit à son fils Héraclès de téter le sein d'Héra, afin qu'il accédât aussi à l'immortalité : un peu de lait tomba et donna naissance à la fleur de lis. La déesse Aphrodite, jalouse, "fit pousser au milieu de la fleur candide un pistil énorme qui rappelle la verge de l'âne". En souvenir de cette légende, les Latins appelèrent le lis "rose de Junon" (déesse romaine assimilée à l'Héra grecque).
A cause de ce fameux pistil, le lis personnifie la génération, comme l'atteste d'ailleurs la tradition catholique qui dédie la fleur à saint Antoine, protecteur des mariages. Angelo de Gubernatis suggère également que c'est parce qu'il symbolise la reproduction que le lis fut choisi comme emblème par les rois de France, soucieux de leur succession et de la multiplication de leur peuple. Signalons cependant que, pour certains, la fleur de lis "est une corruption de fleur de Louis, en souvenir non pas du lis, mais de l'iris que Louis VII aurait adopté".
L'aîné de six frères consécutifs ou l'aînée de six sœurs, appelé(e) "marcou", a sur le corps l'empreinte naturelle d'une fleur de lys qui lui donne les pouvoirs de guérison attribués aux rois de France (les écrouelles notamment). Comme le note Victor Hugo (Les Travailleurs de la mer) : "Il suffit, pour guérir les malades, que le marcou souffle sur leurs plaies ou leur fasse toucher sa fleur de lys. La chose réussit surtout dans la nuit du Vendredi saint".
L' "aspect phallique" du lis, son arôme capiteux - "son parfum est absolument le contraire d'une senteur chaste, écrit Huysmans dans La Cathédrale, c'est un mélange de miel et de poivre, quelque chose d'âcre et de doucereux, de pâle et de fort" - en font une fleur de l'amour. D'où l'utilisation du lis dans les charmes amoureux : en porter la racine en pendentif attire les sentiments sincères. A contrario, "un oignon de lis, sorti de la terre lors de la conjonction de Vénus et de la Lune dans le signe du Capricorne ou des Balances rompt les envoûtements amoureux si on le suspend dans un sachet autour du cou".
Un usage grec veut qu'offrir des lis aux jeunes mariés place leur union sous les meilleurs auspices tout en leur promettant de nombreux enfants. On dit encore que mettre une fleur de lis dans un vase avant le mariage et la conserver jusqu'à ce qu'elle se fane porte chance au jeune couple.
La plante éloigne les forces maléfiques et les fantômes ; cueillir le premier lis blanc de la saison procure force et succès à un homme, sagesse et modestie à une femme. Le lis est en outre particulièrement recommandé aux jeunes femmes auxquelles il apporte "l'équilibre, l'ardeur et la sensibilité nécessaires à leur épanouissement". Cependant, les Anglais, qui associent les fleurs blanches à la mort et aux enterrements, répugnent à faire entrer un lis dans une maison où il pourrait entraîner un deuil.
Piétiner, casser ou abîmer un lis porte malheur et menace la moralité des femmes de la famille de celui qui a commis ce sacrilège.
En cas de doute sur la virginité d'une jeune fille, il suffit de lui faire manger la poudre qu'on trouve entre les fleurs de lis ; si elle urine peu de temps après, elle n'est certainement plus vierge.
Le lis dont les fumigations favorisent les manifestations astrales (à condition de s'y livrer dans "une ville peinte en blanc"), permet de découvrir l'auteur d'un crime impuni même très ancien : "Il faut enterrer un vieux morceau de cuir sous trois bulbes d'inégale grosseur ; lorsque les trois fleurs seront sur le point de se faner, le pollen tombant de leurs pistils écrira sur le sol le nom de l'assassin". Selon une croyance du nord de l'Europe, des lis ont poussé spontanément sur les tombes de personnes exécutées pour un crime qu'elles n'avaient pas commis.
La fleur peut également être utilisée en sorcellerie :
Si vous amassez cette herbe pendant que le soleil est dans le signe du Lion, et si vous la mêlez avec du suc de laurier, et qu'ensuite vous la mettiez quelque temps sous du fumier, il s'y engendrera des vers ; lesquels étant réduits en poudre, et mis autour du cou ou dans les habits de quelques-uns, les empêcheront de dormir, tant qu'ils y demeureront. Ou bien si on en frotte quelqu'un de ces vers qui naîtront dans le fumier de cette composition, il prendra aussitôt la fièvre. Si l'on met du lis comme dessus dans quelque vase où il y ait du lait de vache, et qu'ensuite on couvre le vase d'une peau de vache de même couleur, toutes celles des environs perdront leur lait.
Selon Pline, la racine du lis appliquée sur le ventre avec du miel "évacue l'eau et même le mauvais sang". Ses feuilles ont un effet bénéfique sur les seins après un accouchement (Pline, Histoire naturelle, XXi, 82).
Il existe sur les dunes de l'île de Guernesey une variété de lis rouge, émaillé de points dorés et inodore. Cette espèce spécifique au rivage marin aurait une origine féerique. On dit en effet qu'autrefois une jeune fille de l'île anglo-normande rendit visite aux fées de la caverne du Creux et décida de rester en leur compagnie. La nouvelle recrue apparut alors en rêve à sa mère, l'avertit qu'elle ne reviendrait pas et l'assura de son bonheur. Elle ajouta qu'elle avait apporté sur la dune de la baie de Vazon une fleur qui y pousserait toujours : c'est le lis de Guernesey.
Le lis bleu a lui aussi une origine superstitieuse : saint Séverin avait élu domicile dans une hutte des marais. Déçu de ne pas entendre le chant des rossignols, qui n'aiment pas les endroits où l'air est impur, il pria la Vierge d'y faire pousser une fleur qui purifierait l'air. le lendemain, le marais était recouvert de lis bleus.
On signalait naguère au milieu de l'étang des Aunais, près de Candé (Maine-et-Loire), l'apparition le jour de la Saint-Jean, au soleil levant, d'un lis d'or qui disparaissait dès que l'astre s'élevait sur l'horizon.
Dans les Alpes, on dit du lis des montagnes qu'il "sort du cœur de quelqu'un qui est mort et oublié de tous".
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Selon Des Mots et des fleurs, Secrets du langage des fleurs de Zeineb Bauer (Éditions Flammarion, 2000) :
"Mot-clef : La Pureté.
Savez-vous ? : La famille des liliacées est une des familles de végétaux les plus anciennes. Elle serait contemporaine des dinosaures. L'ail, l'oignon et la ciboulette font également partie de la famille des liliacées. Le lys fut ramené par les croisés, du Liban et de Syrie. Au Moyen Âge, la monarchie française prit cette fleur comme emblème. Mais d'après certains historiens, Clovis ne reçut ps un lys après sa victoire sur les Wisigoths, mais plutôt un iris blanc. C'est Catherine de Médicis qui a choisi cette fleur pour figurer sur les armoiries de la monarchie italienne. Ce lys différait du lys royal français car il était représenté avec ses étamines.
Usages : Cette fleur est depuis toujours considérée comme un antirides efficace.
Légendes : Les Égyptiens cultivaient déjà le lys blanc, car il symbolisait la déesse Isis, mère nourricière du Pharaon. Pour les Grecs, il a poussé à l'endroit où le lait de la déesse Héra a coulé alors qu'elle allaitait Héraclès. Dans certaines régions d'Europe, le lys est annonciateur de la mort, à cause de sa blancheur blafarde.
Message : Vous êtes la pureté même."
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D'après Nicole Parrot, auteure de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :
"Le lis - ou lys - " cache son jeu. Ambassadeur de qui l'a choisi, tout beau, tout blanc, tout droit, et fier de l'être, il se drape de noblesse et de sentiments élevés, il chante "douceur, pureté, chasteté et renoncement". Offrir des lis, ou, plus raffiné, un seul lis - spectaculaire - c'est rendre hommage au goût et à la personnalité de la personne à qui on le destine. En gardant une certaine distance respectueuse.
Parce que les croisés qui l'ont rapporté du Moyen-Orient l'ont voué au culte de la mère du Christ, un peu de l'atmosphère mystique des églises flotte autour de lui. Il orne les autels et figure en bonne place sur les plus belles nativités comme sur les images pieuses, brandi par les vierges marchant à la rencontre des lions. Le Christ lui-même l'a chanté : "Voyez les lis des champs, ils ne tissent ni ne filent, cependant Salomon, dans toute sa gloire ne fut jamais vêtu comme l'un d'eux". Et pourtant, son parfum, l'un des plus troublants qui soit, capiteux et entêtant, grise et incite aux voluptés les plus terrestres. Il fait s'évanouir les jeunes mariées à 'heure du oui et les petites communiantes face à l'hostie. Qu'importe, faussement vertueux ou vraiment séducteur, il trône en majesté. Qu'il n'ait pas servi de modèle à la fleur de lis - ou fleur de lys -, insigne royal (de nombreux historiens d'art s'accordent sur ce point) ne l'empêche pas, depuis la nuit des temps, de régner sur le royaume des fleurs, aux côtés de la rose. Et d'inspirer les poètes, comme Verhaeren qui le célèbre ainsi : "Le lis surnaturel qui fleurit la légende".
Mot-clef : "Pureté en majesté"
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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Lys (Lilium) : "Cette fleur est connue de tous ; on la retrouve sous une forme ou une autre dans toutes les parties du monde.
Propriétés médicinales : Le lys n'est pas largement utilisé pour ses propriétés médicinales ; toutefois, au Moyen Âge, on utilisait ses bulbes pour assurer la chasteté. En médecine chinoise, où l'on associe le lys au méridien du foie, on s'en sert pour régulariser la température du corps et pour aiguiser le sens de la vue. D'ailleurs, dans les cas de conjonctivite, ou lorsque les paupières sont gonflées et que les yeux larmoient, il est indiqué de baigner ses yeux dans une infusion de lys.
Genre : Féminin.
Déités : Vénus - Junon - Kwan Yun.
Propriétés magiques : Protéger - Briser les sortilèges amoureux.
Applications :
SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS
On plante des lys dans son jardin pour éloigner les fantômes et les esprits malicieux et pour se protéger du mauvais œil.
C'est une plante qui éloigne aussi les visiteurs indésirables.
Le premier lys blanc de la saison apportera du courage et de la force à la personne qui l'aperçoit en premier.
RITUEL POUR SE DÉBARRASSER D'UN AMOUREUX DEVENU INDÉSIRABLE
Ce dont vous avez besoin :
trois chandelles blanches
de l'encens de lotus
un lys (de préférence blanc)
une feuille de papier blanc
une enveloppe assez grande pour contenir le lys
Rituel : Allumez les trois chandelles et faites brûler l'encens. Inscrivez sur la feuille de papier blanc le nom de la personne dont vous ne voulez pas ou dont vous ne voulez plus l'amour. Si vous soupçonnez que cette personne vous a jeté un sortilège amoureux, placez du sel dans l'enveloppe. Prenez ensuite le lys et la feuille de papier, et glissez-les dans l'enveloppe. Par une nuit où la lune est dans son cycle décroissant, enterrez l'enveloppe en disant :
Je ne veux plus de ton amour
Il me pèse.
Je ne veux plus de ton amour
Rends-moi mes aises.
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Dans Vert, Histoire d'une couleur (Éditions du Seuil, 2013), Michel Pastoureau nous apprend que :
"Tout verger est construit comme un espace symbolique, et [que] chaque plante qui s'y trouve possède sa signification propre. Celle des fleurs varie beaucoup selon les époques et les régions et prend en compte plusieurs particularités : la couleur, le parfum, le nombre de pétales, l'aspect des feuilles, les dimensions des unes et des autres, l'époque de la floraison, etc. Quelques idées peuvent néanmoins être dégagées pour le Moyen Âge central : Le lis est symbole de pureté et de chasteté...
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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle des différents lys :
Nom botanique : Lilium spp.
Lys jaune :
Propriétés énergétiques : Assure l'abondance et la prospérité ; rétablit la situation financière ; attire l'argent.
Archanges correspondants : Métatron ; Michael etRaphaël.
Chakras correspondants : chakra racine ; chakra sacré ; chakra du plexus solaire.
Propriétés curatives : Les lys jaunes sont utiles si vous éprouvez des difficultés financières. Par exemple si vous avez besoin d'argent pour couvrir les frais de vos prochaines vacances, ces lys seront vos meilleurs alliés. En outre, ils déploient des efforts importants pour vous libérer de ce qui vous empêche de recevoir. Les lys jaunes vous permettent d'attirer l'abondance que vous méritez dans tous les domaines de votre vie. Vous vivrez dans le bonheur et le confort en sachant que tous vos besoins sont comblés.
Message du Lys jaune : « Si vous faites appel à moi, je réglerai tous vos problèmes financiers. Imaginez le bien-être que vous ressentiriez si vous n'aviez plus d'inquiétude quant à votre situation financière et si vous pouviez aisément payer toutes vos dépenses. Donnez-moi accès à votre situation financière pour que je puisse guérir la relation instable que vous entretenez avec l'argent. Prenez quelques respirations profondes. J'agis comme un aimant en attirant l'abondance de toutes les directions. J'attire la prospérité dans tous les domaines de votre vie. L'argent a sur vous une emprise malsaine - libérez-vous en pour la laisser au passé et préparez-vous à l'abondance que je vous envoie ! »
Lys orangé :
Propriétés énergétiques : Soigne de la dépression ; améliore l'estime de soi ; débarrasse de ce qui pèse ; apporte le calme et la satisfaction ; aide à perdre du poids.
Archanges correspondants : Jophiel.
Chakras correspondants : chakra du plexus solaire.
Propriétés curatives : Le lys orangé vous permet de voir au-delà des petits détails pour profiter de la joie et de la beauté qui vous entourent en permanence. En état de stress, vous vous enfermez dans une énergie de peur et perdez de vue tout ce qu'il y a de bon dans votre vie. Le lys orangé est là pour vous le rappeler et pour vous alléger du poids qui pèse sur vos épaules depuis trop longtemps.
Si vous le pouvez, achetez des lys orangés en bourgeons. Installez-vous près de ces fleurs et concentrez-vous sur ce que vous souhaitez retirer de cette thérapie par les fleurs, tout en visualisant leur floraison. Prenez conscience du merveilleux bien-être qui vous envahit au cours des jours suivants, alors que les lys fleurissent doucement, réalisent vos désirs et vous libèrent des émotions négatives. Les lys apportent également leur soutien dans les situations de dépression, de manque de confiance en soi, de critiques mal vécues et même de surpoids ! C'est une excellente idée d'en envoyer à des amis qui traversent des périodes difficiles.
Message du Lys orangé : « Je vais commencer mon travail pour vous libérer de tout ce qui vous pèse sur le plan émotionnel. Révélons la personne qui est en vous Je suis ici pour vous aider. Je sais que vous avez parfois des pensées que vous n'aimez pas, et que vous avez été dur avec vous-même par le passé. J'aimerais vous aider à vous voir véritablement tel que vous êtes et à aimer chaque parcelle de votre corps magnifique. Ave moi, vous arrêterez de vous concentrer sur vos petites "imperfections" pour vous tourner vers tout ce qu'il y a de merveilleux en vous. Ce sont vos prétendues imperfections qui vous rendent unique. Vous avez été créé ainsi pour des raisons divines. Invoquez-moi dans es moments de déprime ou de contrariété et je vous transporterai dans un lieu de bonheur. »
Lys rose :
Propriétés énergétiques : Incite au respect des engagements, des promesses et des décisions.
Archanges correspondants : Jérémiel et Raziel.
Chakras correspondants : chakra sacré ; chakra du plexus solaire.
Propriétés curatives : Les lys roses vous aident à réaliser vos souhaits, quels qu'ils soient. Ils sont très utiles lorsque vous prenez un engagement, envers vous-même ou une tierce personne, car ils garantissent que vous tiendrez votre parole. Ils sont également là pour vous rassurer lorsque vous prenez des décisions importantes. Parce que leur taille et leurs couleurs éclatantes en font des fleurs remarquables, les lys roses attirent votre regard pour vous rappeler en permanence que vous vous êtes fixé des objectifs. La couleur rose intense symbolise l'amour et le soutien que vous envoient les anges et les fées.
Message du Lys rose : « Je vous soutiens dans vos engagements et je m'assure que vous persévérez Il peut s'agir notamment de respecter en plan d'alimentation saine, de commencer un programme d'exercice physique ou de vous concentrer davantage sur l'amour de vos anges. Peu importe vos difficultés actuelles, je vous soutiendrai et vous transmettrai de la force pour que vous puissiez facilement atteindre votre objectif. Que vous ayez conclu une entente écrite ou mentale avec vous-même ou avec une autre personne, je suis ici pour vous aider à la respecter. »
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Stéphanie Ribeiro, autrice de Célébrer les pleines lunes (Éditions Secrets d'étoiles, 2022) propose un rituel pour chaque pleine Lune. Elle en profite pour expliquer quelles sont les plantes spécifiques pour célébrer la lune :
Le lys blanc est la seconde reine des fleurs. Avec la rose, il a toujours suivi l'humanité. Si la rose tend vers le soleil, le lys blanc, lui, tend vers la lune. Dans l'Antiquité, il symbolisait la beauté, la fertilité et la richesse. Les Romains intégrèrent le lys dans leur blason comme symbole de pureté, d'espoir et d'invulnérabilité.
Son utilisation en magie : En magie, on l'utilise pour attirer l'amour, privilégier la paix, la pureté, l'innocence et la jeunesse. On s'en sert également pour favoriser la beauté, a bonté, le bonheur, le calme, la communication, la créativité, la manifestation, la protection, les relations, la volonté, ou pour communiquer avec les mondes subtils, l'après-vie.
En amulette : pour attirer l'amour et le bonheur, ou développer sa créativité.
En fumigation : la poudre de lys, brûlée sur un charbon ardent, aide à la résolution aide à la résolution de vos problèmes et à la réalisation de vos souhaits tout en chassant toute épreuve qui pourrait entraver votre ascension.
En sachet magique : associez la fleur de lys séchée avec l'améthyste et la verveine pour que vos désirs se manifestent dans votre vie.
En élixir d'amour : on dit que cueillir des lys blancs, quand Vénus et la Lune sont dans les signes du Taureau ou de la Balance, permettrait de concocter d'excellents élixirs d'amour.
Sur votre autel : pour les rituels autour des ancêtres ou de la Vierge Marie.
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Croyances populaires :
D'après Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012), le lis blanc (Lilium candidum) est un "porte-bonheur royal".
Fleur royale : Longtemps considéré comme emblème de la royauté, le lis blanc ne serait en réalité qu'un usurpateur. Louis VII avait élu l'iris des marais, dès lors surnommé "la fleur de Louis". La plupart des historiens jugent que cette appellation déformée avec le temps, finit par devenir "la fleur de lis".
Pas si innocent que ça : Selon la mythologie grecque, le premier lis blanc provient d'une goutte de lait échappée du sein d'Héra alors qu'elle allaitait son fils Hercule. En avisant cette fleur dont la blancheur immaculée surpassait son teint de porcelaine, la belle Aphrodite prise de jalousie fit pousser au cœur de la fleur un pistil disproportionné évoquant le sexe d'un âne.
La fleur de lis blanc fut ainsi associée à l'innocence pour sa teinte mais aussi au libertinage pour son pistil. Reconnaissons à la religion chrétienne de s'être tirée à bon compte de cette contradiction ! Elle associa la pureté symbolique de la fleur blanche à la Vierge Marie et dédia l'allusion fécondatrice de la plante à Saint Antoine, protecteur des unions maritales.
Porte-bonheur machiste : En Charente-Maritime, près de Jonza, on confectionnait de grandes croix avec des fleurs de lis blanc le jour de la Saint-Jean. Après avoir été bénis par le curé, ces symboles religieux étaient passés à travers la fumée du brasier allumé pour le solstice d'été. fixés au-dessus de la porte des maison, ils permettaient que nulle maladie ni autre malheur ne vienne ternir le quotidien des habitants.
Une autre croyance plus répandue stipule que la fleur blanche protège des revenants comme des sorciers.
Terminons ce chapitre avec une superstition aux relents un brin misogynes !
Le premier lis blanc poussant à l'état sauvage et rencontré au printemps procurerait chez les hommes vigueur et succès. Il couvrirait en revanche les femmes de modestie et de sagesse. En serions-nous ce point dénuées ?
Interdiction d'entrer : Si on se fie aux Anglais, pour qui le lis était une fleur mortuaire, le fait d'avoir une telle plante chez soi pourrait entraîner le décès d'un habitant de la maisonnée. En France, le lis blanc était uniquement proscrit dans les chambres. Le parfum de la fleur capiteuse était accusé de provoquer chez les dormeurs de terribles maux de tête voire des syncopes.
Garantie maritale : Par son parfum capiteux et son pistil évocateur, la fleur de lis fut liée à la sexualité et aux sentiments amoureux. Ainsi, monter une racine de lis en pendentif et garder cet accessoire sur soi promet de recevoir un amour sincère. Les couples devant se marier prochainement auront à cœur de placer une fleur de lis blanc dans un vase avant leurs noces et de la laisser en place jusqu'à sa fanaison pour attirer la chance sur leur union. Lors des mariages grecs d'antan, les jeunes époux recevaient de la part des invités des lis blancs supposés porter bonheur à leur couple et leur promettre une descendance."
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Mythologie :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
LIS. — Le lis a reçu, en Occident, à peu près le même culte populaire que le lotus (cf.) en Orient. Les Grecs l’appelaient ..., c’est-à-dire, la fleur des fleurs ; les Latins Junonia rosa, en souvenir de la fable hellénique d’après laquelle Héraclès enfant, autorisé par son père Zeus, pendant que Héra dormait, aurait sucé le lait de sa mamelle, pour pouvoir participer à son tour à la divine immortalité. Mais le lait était si copieux, et il le suça avec une telle véhémence, qu’une partie de ce lait tombant sur le sol forma, d’après les uns, la voie lactée ; d’après les autres, la fleur de lis. A la vue de cette blancheur, la déesse Aphrodite, issue elle-même de la blanche écume de la mer, en conçut une vive jalousie, et, par dépit, fit pousser au milieu de la fleur candide un pistil énorme qui rappelle la verge de l’âne. C’est à quoi fait allusion Nicandre, dans ces vers que l’on cite d’après la traduction latine :
... at in floris medio turpe
Armamentum rudentis asini prominet, quod membrum dicitur.
Malgré ce scabreux détail de la légende, la déesse Pudicitia n’en porte pas moins une fleur de lis à la main ; Junon, de même, et Spes sont représentées avec cette fleur, que l’on attribue aussi parfois à Vénus et aux Satyres, mais, sans doute, à cause du pistil honteux. De même, dans la légende catholique, tandis que l’on place le lis dans les mains de saint Louis de Gonzague, candide protecteur de la jeunesse, on l’attribue aussi à saint Antoine, protecteur des mariages. On prétend que le nom du fils des rois de France (Reali di Francia), Fleur de lis, est une corruption de Fleur de Louis, en souvenir, non pas du lis, mais de l’iris que le roi Louis VII aurait adopté. Porta, Phytognonomica, prétend que l’iris avec le lis « uteros emollit, mensesque provocat, unde uterum conceptui praeparat ». D’après Albert le Grand : De Secretis Mulierum, par le lis, on découvre si une jeune fille est encore vierge ou corrompue : « Nota, si vis experiri utrum virgo sit corrupta ; pulverisa fortiter flores lilii crocei, qui sunt inter flores, et da ei comedere de illo pulvere ; si est corrupta, statim mingit (cf. Laitue, Mauve) ; et d’après le Libellus De Virtutibus Herbarum attribué au même auteur, par le lis on ôtait le sommeil. « Nona herba a Chaldaeis Ango, a Graecis Amala, a Latinis Lilium. Si hanc herbam, Sole existente, in Leonis signo collegeris, et cum lauri succo commiscueris, deinde sub fimo, tempore aliquo, succum illum posueris, fient vermes. De quibus si fiat pulvis, et ponatur circa collum alicujus, vel in vestimentis suis, nunquam dormiet, vel dormire poterit, quousque depositum fuerit. Et si praedictum sub fimo posueris et de vermibus inde nascentibus aliquem unxeris statim inducetur ad febrem. Et si praedictum ponatur in vase aliquo, ubi fit lac vaccae, et cooperiatur de pelle alicujus vaccae amittent, lac suum, et hoc maxime expertum est tempore nostro a quibusdam sortilatoribus. » On peut se demander maintenant si le lis qui revient si souvent sur les écussons, spécialement sur ceux des rois de France et de la ville de Florence, peut être considéré comme un symbole d’innocence, de candeur et de pureté ; mais on devrait, en ce cas, s’expliquer le choix d’un tel symbole en des temps presque barbares, et on se trouverait fort embarrassé pour proposer une solution probable. Nous avons déjà dit que le lis occidental est le pendant du lotus oriental ; et il n’est pas difficile, pour ce dernier, de prouver qu’il a été adopté comme un symbole de génération. Je suis donc très porté à croire que la ville de Florence et les rois de France, en choisissant le lis comme leur emblème, songeaient à la multiplication de leur peuple et à la succession non interrompue de leur race. Maintenant, après avoir proposé cette explication, nous pouvons suivre, dans le Dictionnaire des Institutions, Mœurs et Coutumes de la France de Chéruel, l’article qui concerne le lis : « Quelques-uns ont prétendu que les premiers Francs avaient choisi l’iris ou lis des marais, pour rappeler leur origine, parce qu’ils étaient sortis de pays marécageux. D’autres ont raconté que les soldats de Clovis s’en étaient fait des couronnes après la bataille de Tolbiac. Sonnini a cru reconnaître la fleur de lis héraldique parmi les peintures d’un temple de Dendérah, en Égypte. On a cru aussi retrouver la fleur de lis dans l’ornement qui termine le sceptre des anciens rois babyloniens et assyriens. Le P. Godefroy Henschenius, à l’occasion d’un sceau de Dagobert Ier, apposé à une charte donnée par ce prince en faveur de l’abbaye de Saint-Maximin de Trèves, le 5 avril de la douzième année de son règne, qui correspond à l’année 635, dit que l’on y voyait trois sceptres liés ensemble, pour signifier les trois royaumes d’Austrasie, de Neustrie et de Bourgogne que Dagobert avait réunis. De là, ce savant jésuite conclut qu’il est à présumer que la fleur de lis héraldique représente l’union de ces trois sceptres qui, liés ensemble, ressemblent à la plante nommée iris. Il est plus probable, ajoute Chéruel, que les fleurs de lis rappellent une ancienne arme offensive qui présentait au milieu un fer droit et pointu. On avait adapté aux deux côtés des pièces de fer en demi-croissant, et le tout était lié par une clavette qui formait ce qu’on appelait le pied de la fleur de lis. Dans un sceau de Lothaire, que Mabillon a publié dans son Traité de Diplomatique, Lothaire est représenté tenant en sa main droite un long bâton, au haut duquel on voit un fer de lance avec deux crochets ; c’est déjà la fleur de lis héraldique grossièrement dessinée. Un sceau de Hugues Capet le montre avec une couronne dont les fleurons ressemblent à des fleurs de lis.
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Selon Annie Boule, auteure d'un article intitulé "Notes sur la civilisation guaranie." In : Mélanges de la Casa de Velázquez, tome 1, 1965. pp. 255-278 :
Il est enfin trois fleurs qui par leurs couleurs variées ou changeantes semblent avoir une double nature : celle que les Guaranis appellent le lys des bois, qui fleurit rougeâtre puis devient blanche, viendrait d'après eux de deux frères, Pîtâ (qui signifie rouge) et Moroti ( qui signifie blanc) que le créateur obligea à se réconcilier en fondant leurs corps en une seule plante. Les mêmes noms se retrouvent dans une autre légende, mais cette fois Moroti est une jeune fille et Pîtâ un jeune homme : pour prouver aux autres l'amour qu'elle inspirait à Pîtâ, Moroti lui demanda son bracelet qu'elle venait de jeter dans le Parana. Pîtâ plongea et disparut. Le devin ayant déclaré qu'il était au pouvoir de la sorcière des eaux, Moroti se jeta à l'eau pour le ramener, mais aucun ne reparut sous forme humaine. Seulement, à l'aurore, on vit flotter sur l'eau une superbe fleur nouvelle, l'irupé, formée de pétales blancs au centre, et à l'extérieur de pétales rouges...
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Contes et légendes :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
Des fées ont aussi propagé ou créé des espèces particulières au rivage marin. Une jeune fille de Guernesey, qui était allée voir les bonnes dames dans leur caverne du Creux, et avait fini par rester avec elles, apparut en songe à sa mère, lui dit qu'elle ne la reverrait plus, mais qu'elle était heureuse, et qu'en souvenir de son affection, elle avait apporté sur la dune une jolie fleur du pays des fées qui devait y pousser toujours c'est le lys de Guernesey, rouge, parsemé de points dorés, mais sans parfum, qui croit sur les dunes de la baie de Vazon.
[...]
L'origine d'autres plantes se rattache à des épisodes de la légende dorée, Saint Séverin, après avoir bâti sa hutte au milieu des marais, était chagrin de ne pas entendre la voix des rossignols ; qui ne vivent pas dans les endroits où l'air est corrompu il pria la bonne Vierge d'envoyer une belle fleur, qui pût assainir le pays et permettre aux hommes de se réjouir du chant des oiseaux le lendemain, à son réveil, le marais était tout couvert d'un tapis bleu de ciel, formé par une innombrable quantité de lis bleus.
[...]
Le jour de la Saint-Jean, au soleil levant, un lys d'or émerge au milieu de l'étang des Aunais, près de Candé (Maine-et-Loire) ; son apparition cesse dès que le soleil s'élève au-dessus de l'horizon. Des vieillards affirment l'avoir vu, mais ils disent que depuis quelques années ce prodige ne se montre plus.
[...]
Des fleurs poussent sur une tombe pour témoigner de la sainteté d'un humble personnage qui gît dessous. Un vieux légendaire raconte ainsi l'origine du miracle à la suite duquel fut bâtie la belle église du Folgoat. Lorsque Salaun le fol, serviteur de Marie, eut été enterré, comme sa mémoire sembloit avoir esté ensevelie dans l'oubliance aussi bien que son corps dans la terre, Dieu fit naistre sur sa fosse un Lys blanc, beau par excellence, lequel repandoit une fort agréable odeur, et ce qui est plus admirable, c'est que dans les feuilles de ce Lys estoient escrites en caractère d'or ces paroles : Ave Maria. Le bruit de cette merveille courut par toute la Bretagne, de sorte qu'il s'y transporta une infinité de monde pour voir cette fleur miraculeuse, laquelle dura en son estre plus de six mois, puis commença à se flétrir, et lors fut advisé par les Ecclésiastiques, nobles et officiers du Duc, qu'on fouiroit tout à l'entour de sa tyge, pour sçavoir d'où elle prenoit sa racine et trouva-t-on qu'elle procedoit du corps mort de Salaun.
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Dans la collection de contes et légendes du monde entier collectés par les éditions Gründ, il y a un volume consacré exclusivement aux fleurs qui s'intitule en français Les plus belles légendes de fleurs (1992 tant pour l'édition originale que pour l'édition française). Le texte original est de Vratislav St'ovicek et l'adaptation française de Dagmar Doppia. L'ouvrage est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire ; le Lys raconte la sienne dans un conte venu de France et intitulé "Les deux filles du jardinier" :
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Arnault Maréchal et Jaromír Erben Karel, traducteur et auteur de Lilie / Le Lys. (In : Cahiers slaves, n°4, 2001. Kytice. Un bouquet de légendes tchèques. Édition bilingue. pp. 158-163) :
Le Lys
Une jeune fille mourut en ses années de printemsp
Littérature :
Le Lis, l’Amaryllis, le Volubilis, la Mélisse
Monsieur de la Palice,
Dégourdi sans malice,
Cultive avec délices Les lis, les amaryllis
Et les volubilis,
La réglisse pour Alice :
Méli, mélilot, mélisse.
Robert Desnos, "Le Lis, l’Amaryllis, le Volubilis, la Mélisse" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.
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Dans Une Femme (Éditions Gallimard, 1987), Annie Ernaux rend hommage à sa mère qui vient de mourir :
Vers cinq heures, j'ai appelé l'hôpital pour demander s'il était possible de voir ma mère à la morgue avec mes deux fils. La standardiste m'a répondu qu'il était trop tard, la morgue fermait à quatre heures et demie. Je suis sortie seule en voiture, pour trouver un fleuriste ouvert le lundi, dans les quartiers neufs près de l'hôpital. Je voulais des lis blancs, mais la fleuriste me les a déconseillés, on ne les fait que pour les enfants, les jeunes filles à la rigueur.
Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque avec tendresse le lys orangé :
30 juin
(Tincave)
[...] Les lis orangés colonisent les balcons de roche. Leurs boutons éclatent en fleurs de feu. Six gros pétales tachetés, grumeleux, tordus. Des étamines haltérophiles qui ploient sous la charge de leurs anthères pourpres. Un style... dorique, qui finit en stigmate à trois lobes redivisés comme des bouches lippues.
Aspic lové
Près du lis
Jardin d’Éden
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Régine Detambel consacre un ouvrage à Colette. Comme une flore, comme un zoo (Éditions Stock, 1997) dans lequel elle s'intéresse aux métaphores botaniques et zoologiques :
Lis et Lys
« L'été venu, elles s'en iront, un peu de prairie autour des reins, un coquelicot sur le sein, des lys à langue bifide à hauteur du cœur. » Le Voyage égoïste
« Je t'aime tant, je te trouve si jolie, ta peau est plus douce que la poudre jaune qui est dans les lis, et j'aime même quand tu me griffes parce que tu as des petits ongles froids », écrivait l'amoureuse Luce à Claudine. La peau, sa couleur, sa douceur ont à voir avec le lis, son pollen et la qualité de ses pétales : « [Minne] découvre, en tournant la tête, une nuque blanche, bleutée comme un lis dans l'ombre, où des cheveux impalpables, échappés du chignon, se recroquevillent avec une grâce végétale. »
La fleur royale désigne des silhouettes dignes ou d'une noble pureté, « droites et blanches comme un lys... » Sur la poitrine du lieutenant bleu couché contre Mitsou, « le pelage châtain [...] planté entre les mamelles plates, dessine [...] les trois branches d'une fleur de lys. »
Les lis sont beaux et calmes, en apparence. Ils auraient pourtant une face cachée, celle que Colette démasque quand elle insiste sur leur langue bifide, leur longue gueule carnivore, leurs mandibules plates : « J'avoue que, un peu froide devant les films romanesques, j'ai peine à contenir les “oh !” et les “ah !” quand il s'agit de la microphotographie, du ralenti et de l'accéléré. Une ruée de champignons casqués, le bouton du lis qui ouvre sa longue gueule, la course souterraine et tâtonnante des germes, la guerre des microbes, la vie des abeilles... »
Pour un herbier contient un souvenir d'enfance semblable à un rêve de fiévreuse. Ce spectacle, plus effarant qu'un truquage de cinéma, fournit au lys un grimage de fauve aux émanations narcotiques : « L'église était étroite et chaude, et les enfants chargés de fleurs. L'intraitable odeur du lys s'épaississait et troublait les cantiques. Quelques-uns des fidèles sortaient précipitamment, quelques-uns penchaient la tête et s'endormaient, ravis par un étrange sommeil. Mais la Vierge de plâtre, debout sur l'autel, frôlait de ses doigts pendants la longue mâchoire de caïman qu'un lys entrouvrait à ses pieds, et lui souriait avec mansuétude. »
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Dans Sans dommage apparent (Édition originale 1999 ; traduction française éditions Denoël, 2001) Ruth Rendell évoque rapidement le lys :
Sous l'éclat du plastique, les roses, les fuchsias et les zinnias se fanaient maintenant. Leurs pétales se recroquevillaient, brunissant sur les bords, leur parfum subissait d'étranges altérations chimiques.
"Les lys qui pourrissent sentent bien pire que les mauvaises herbes."
- Je ne vois pas de lys, dit prosaïquement Burden. Mais je comprends ce que vous voulez dire."
Selon Jacqueline Kelen, auteure de Un Chemin d'ambroisie, Amour, religion et chausse-trappes (Éditions de La Table ronde, 2010),
"Dans la langue d'oïl, en particulier dans les récits de Chrétien de Troyes, li lis désigne aussi bien le lit que le lys. Merveilleuse rencontre entre l'horizontalité du coucher et la verticalité de la fleur. Li Lis : là où s'étreignent les parfaits amants surgit la fleur d'éclatante majesté."
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