Étymologie :
ONDIN, -INE, subst.
Étymol. et Hist. I. 1569 Ondine (Ronsard, Le Septiesme Livre des Poemes, Hylas, 276, éd. P. Laumonier, 15, p. 246 : Pres de la Nymphe au plus profond des ondes Estoit Antrine aux belles tresses blondes, Et Azuine aux tetins descouvers, Verdine, Ondine...). II. 1699-1700 Ondin (Mél. d'hist. et de litt. recueillis par M. de Vigneul-Marville d'apr. Trév. 1732). Dér. de onde*; I suff. -ine*, II suff. -in*.
Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.
Symbolisme :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
ONDINS ET ONDINES, Génies des eaux qui jouaient, au moyen âge, un grand rôle dans les superstitions populaires, principalement en Allemagne.
WASSERMANN. Les lacs, les fleuves, les rivières, dit M. Xaxier Marmier, en rappelant les traditions allemandes, « ont aussi leurs féeries et leurs enchantements. Là est Wassermann , qui monte parfois sur un banc de sable pour se réchauffer au soleil, et chante pour attirer les passants. Le wassermann est, comme les nains, un être assez obligeant quand on ne le tourmente pas, mais sans pitié pour ceux qui lui font injure. Il est petit et grêle. Il a les dents vertes et porte un chapeau vert. Mais au sein des vagues profondes, sur le sol étincelant d'or que les flots nous dérobent, il se bâtit des palais de nacre et de corail. Des coquillages azurés comme le ciel, jaunes et violets comme l'opale, brillants comme le rubis, tapissent les murailles ; des nénuphars forment autour de sa demeure une guirlande toujours verte et toujours fleurie. Il boit dans une coupe d'ambre et couche sur un lit d'ivoire. C'est là qu'il passe sa vie solitaire, tantôt chantant tantôt parcourant à la nage ses riches domaines, puis attirant à lui les âmes des noyés. Un paysan qui demeurait auprès d'un lac avait fait connaissance avec le wassermann du lieu. Ils se rencontraient quelquefois tous deux sur la grève et causaient ensemble comme de bons voisins. Un jour, le wasserman voulut lui faire voir sa demeure. Il l'entraina dans les eaux et lu montra l'une après l'autre ses salles splendides. A l'extrémité de cette royale habitation, le paysan aperçut une petite chambre dans laquelle se trouvaient quelques fioles hermétiquement fermées. Il demanda ce qu'il y avait dans ces fioles, et le wassermann répondit que c'étaient les âmes des noyés. Après cette exploration aquatique, le paysan revint à terre. Le sort de ces pauvres âmes le touche, et il prend la résolution de les délivrer. A l'heure où il savait que le wassermann avait coutume de sortir, il s'approche du lac, se recommande à Dieu, puis s'élance dans les flots avec courage. Son bon ange le soutint et le guida dans sa route. Il retrouva la demeure du méchant esprit et la chambre mystérieuse. Il ouvrit toutes les fioles, et les âmes s'élancèrent joyeusement hors de leur prison et s'envolèrent dans les airs. »
Le Glossaire théosophique (1ère édition G.R.S. MEAD, Londres, 1892) d'Helena Petrovna Blavatsky propose à l'entrée "Apsara" :
APSARA (sans.). Une Ondine ou Nymphe des Eaux du Paradis ou du Ciel d'Indra. D'après la croyance populaire les Apsaras sont les "épouses des dieux". Elles sont appelées Surânganâs, et, par un terme moins honorable, Sumad-Atmajâs ou les "filles de plaisir", car le mythe dit que lorsqu'elles apparurent lors du barratage de l'Océan, ni les Dieux (Suras) ni les Démons (Asuras) ne voulurent les prendre pour femmes légitimes. Urvasî et plusieurs autres sont mentionnées dans les Védas. En occultisme ce sont certaines plantes aquatiques "somnifères", et des forces inférieures de la nature.
*
*
Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et augmentée Robert Laffont, 1982), de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant on apprend que :
"Dans les mythologies germaniques et scandinaves les ondines s'apparentent aux nymphes des mythologies gréco-romaines. Fées des eaux, généralement malfaisantes, qui s'offrent à conduire les voyageurs à travers les brumes, les marais et les forêts, mais les égarent et les noient. Poètes, romanciers et dramaturges se sont inspirés de la légende nordique : Les ondines ont une chevelure vert glauque qu'elles viennent coquettement peigner à la surface des eaux ; elles sont toutes jolies, malicieuses et cruelles quelquefois. Elles se plaisent à attirer près d'elles le pêcheur ou le beau chevalier qui passe près du lac, elles l'enlèvent et le transportent au fond de leur palais de cristal, o les jours passent aussi rapides que les minutes... Les légendes scandinaves sont plus sombres et plus passionnées : le beau jeune homme entraîné par les ondines au fond des eaux ne revoit pas le jour et meurt épuisé entre leurs bras. Elles symbolisent, elles aussi, les sortilèges de l'eau et de l'amour, liés à la mort ; d'un point de vue analytique et éthique, les dangers d'une séduction à laquelle on s'abandonne sans contrôle."
*
*
Dans L'Oracle des Esprits de la Nature (Éditions Exergue, 2015), Loan Miège nous propose une carte intitulée "Ondins", à laquelle elle fait correspondre le petit texte suivant :
........................................................................................................................................................................
« Suis le flot, laisse-toi porter, la vie coule en toi, joie et félicité ! »
....................................................................................................................................
Apportant vitalité aux cours d'eau, les ondins et ondines sont des êtres joyeux et dynamiques. Leur présence dépend de la pureté du lieu. Ils sont très sensibles aux pollutions diverses et partent lorsque celui-ci est souillé. De ce fait, aujourd'hui, il n'est pas aisé de les rencontrer sur le plan terrestre. Ils sont plus facilement accessibles en communication télépathique, se déplaçant d'un monde à l'autre en suivant des flots d'énergie. Leur vibration ouvre grandement le cœur. Elle a aussi un effet sur tous les fluides, même ceux de notre corps. Elle tonifie, dissout, purifie et enrichit.
A propos du message : L'humain est composé d'environ 70% d'eau. Celle-ci circule librement en nous, nous apportant ce dont nous avons besoin pour vivre. Ce mouvement est naturel et s'inscrit dans un autre plus vaste, à l'échelle de la planète et du Cosmos. Nous sommes ainsi intimement connectés au microcosme et au macrocosme. A travers cette eau, c'est la vie elle-même qui s'exprime. Les ondins en connaissent la valeur et les secrets. Ils nous invitent à nous laisser glisser dans le flot en toute confiance. Ils nous disent qu'en lâchant prise et en s'abandonnant dans son courant, nous sommes conduits vers ce qu'il y a de plus juste pour nous. Dès lors, il n'y a plus qu'à se réjouir.
Pratique : L'idéal est une baignoire, mais i nous n'en avons pas, nous nous contenterons d'une bassine. remplissons la baignoire ou la bassine avec de l'eau à une température agréable. Créons une ambiance relaxante avec musique douce, lumière tamisée, bougie, encens, huiles essentielles...
Pour ceux qui utilisent la bassine, une couverture chaude est aussi à prévoir. Plaçons la carte à proximité et à l'abri. Puis, mettons-nous à l'eau ! Nous allons maintenant appeler les ondins et ondines venir nous rejoindre. Fermons les yeux et faisons le calme en nous. Portons notre attention sur la carte. Laissons le contact s'établir. Ensuite, visualisons un pont d'eau entre l'image et notre baignoire ou bassine. Nos amis aquatiques traversent le voile qui sépare nos deux mondes pour arriver à nous. Ils sautent dans l'eau et se mettent instantanément en mouvement pour la vivifier. Ils la travaillent telle une œuvre d'art et l'ajustent afin qu'elle nous soit bénéfique. Cette eau entre peu à peu en lien avec nos fluides intérieurs. Une communication s'établit de part et d'autre de notre peau. Les ondins nous purifient et nous imprègnent d'énergies soutenant la vie Et pourquoi font-ils tout cela pour nous ? En nous faisant prendre conscience de l'importance de la qualité de l'eau, ils espèrent faire évoluer nos comportements à son égard. L'eau est l'élément essentiel à la vie sur Terre. Son accès a été énormément facilité par la technologie, au point de la rendre banale dans les pays matériellement développés. Nous ouvrons et fermons le robinet tout au long de la journée sans même y faire attention. Or, l'eau est précieuse... Et la qualité de notre eau interne dépend de celle qui nous entoure. Il s'agit bien d'un même mouvement mettant en circulation un flot infini. Par cette pratique, laissons-nous emporter par ce dernier. Abreuvons-nous à la source de la vie. Et finissons par une vague de gratitude en direction des ondins.
Mot-clé : S'hydrater.
*
*
Littérature :
L'Ondine et le Pêcheur
Tous les jours, écartant les roseaux et les branches, Près du fleuve où j’habite un pêcheur vient s’asseoir — Car sous l’onde il a vu glisser des formes blanches — Et reste là, rêveur, du matin jusqu’au soir.
L’air frémit, l’eau soupire et semble avoir une âme, Un œil bleu s’ouvre et brille au cœur des nénufars, Un poisson se transforme et prend un corps de femme, Et des bras amoureux, et de charmants regards.
« Pêcheur, suis-moi ; je t’aime. Tu seras roi des eaux, Avec un diadème D’iris et de roseaux !
« Perçant, sous l’eau dormante, Des joncs la verte mante, Auprès de ton amante Plonge sans t’effrayer :
« À l’autel de rocailles, Prêt pour nos fiançailles, Un prêtre à mains d’écailles Viendra nous marier.
« Pêcheur, suis-moi ; je t’aime. Tu seras roi des eaux, Avec un diadème D’iris et de roseaux ! »
Et déjà le pêcheur a mis le pied dans l’onde Pour suivre le fantôme au regard fascinant : L’eau murmure, bouillonne et devient plus profonde, Et sur lui se ferme en tournant…
« De ma bouche bleuâtre, Viens, je veux t’embrasser, Et de mes bras d’albâtre T’enlacer, Te bercer, Te presser !
« Sous les eaux, de sa flamme L’amour sait m’embraser. Je veux, buvant ton âme, D’un baiser M’apaiser, T’épuiser !… »
Théophile Gautier, "L'Ondine et le Pêcheur" in Poésies diverses, 1838 - 1845.
*
*
Ondine
— « Écoute ! — Écoute ! — C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.
« Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.
« Écoute ! — Écoute ! — Mon père bat l’eau coassante d’une branche d’aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne ! »
*
Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt pour être l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.
Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.
Aloysius Bertrand "Ondine" in Gaspard de la Nuit, 1842.
*
*
Ondine
Ton rire est clair, ta caresse est profonde, Tes froids baisers aiment le mal qu’ils font ; Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l’onde, Et les lys d’eau sont moins purs que ton front.
Ta forme fuit, ta démarche est fluide, Et tes cheveux sont de légers réseaux ; Ta voix ruisselle ainsi qu’un flot perfide ; Tes souples bras sont pareils aux roseaux,
Aux longs roseaux des fleuves, dont l’étreinte Enlace, étouffe, étrangle savamment, Au fond des flots, une agonie éteinte Dans un nocturne évanouissement.
Renée Vivien, Etudes et préludes, 1901.
*
*