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La Pivoine

Dernière mise à jour : 4 oct.



Étymologie :

  • PIVOINE, subst. fém.

Étymol. et Hist. Ca 1393 bot. (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, II, 2, p. 122, § 35). Empr. au lat. paeonia « id. », d'où dès l'a. fr. la forme pyoine (1180-90 Alex. de Paris, Alexandre, I, 1147 in Elliott Monographs, n°37, p. 26), avec -v- épenthétique, cf. le lat. des inscriptions pompéiennes paeuonia ds Z. rom. Philol. t. 61, p. 358, empr. au gr. π α ι ω ν ι ́ α « id. » (v. André Bot.), fém. substantivé de l'adj. π α ι ω ́ ν ι ο ς « relatif à Paeôn, propre à guérir » de π α ι ω ́ ν « Paeôn, littéralement le guérisseur, le secourable ».


Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Paeonia officinalis - Bois de chien - Boisier de chien - Boule de feu - Ergots de coq - Fleur de Mollet - Herbe Sainte-Rose - Pavot des jardins - Péône - Piône - Pivoine femelle - Pivoine officinale - Pompon - Rose aux convulsions - Rose de la Pentecôte - Rose de Notre-Dame - Rose-péone - Rossepienne - Sang de titan - Tourne-lune -

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Botanique :


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Bienfaits thérapeutiques :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les vertus médicinales de la Pivoine officinale :


Propriétés Physiques : La racine de cette plante est formée de tubercules ovales ou oblongs, suspendus à des fibres, brunâtres extérieurement, blanchâtres intérieurement. Elle a une odeur forte, particulière, désagréable, analogue à celle du raifort, et un goût nauséeux qui est d'abord doux, puis amer et un peu âcre. L'odeur se perd ou diminue par le séchage. Le jus exprimé de la racine fraîche est laiteux, d'une odeur forte et d'un goût désagréable. Les fleurs ordinairement d'un beau rouge et souvent doublées par la culture ont à l'état frais une odeur semblable à celle de la racine, mais plus faible et un goût astringent. Les semences sont rondes-ovales, de la grosseur d'un petit pois, lisses à l'extérieur, brillantes et presque noires, blanchâtres à l'intérieur, inodores quand elles sont sèches et d'une saveur fade et oléagineuse.


Usages médicinaux : La décoction des fleurs produit les phénomènes des poisons narcotico-âcres (Thomson) douleurs de tête, étourdissement, étincelles devant les yeux, nausées, vomissements, coliques et selles nombreuses. La racine de pivoine était autrefois en grande réputation chez les anciens qui s'en servaient dans la magie et dans le traitement de beaucoup de maladies. Les graines jadis fameuses dans la sorcellerie étaient employées à faire des colliers d'enfant pour favoriser la dentition. La racine, les fleurs et les semences sont encore de nos jours réputées antispasmodiques, antiépileptiques, fondantes et emménagogues ; les semences sont purgatives et émétiques. Le docteur A. Livezey, de Lamberville, a vanté cette plante dans le traitement des convulsions chez les enfants ; on l'a recommandée contre l'éclampsie et l'épilepsie (Fernet, Willis, Brendel , Tissot).

La dose de la racine fraîche est de 2 gros à 1 once bouillie dans une pinte d'eau avec réduction de moitié pour un jour. Le jus exprimé de la racine fraiche se prescrit à la dose d'une once. Les graines s'administrent aussi à la même dose que la racine. On prépare avec la racine une conserve et un sirop ; cette plante entre dans le sirop d'armoise composé et dans la poudre de guttète ; les fleurs donnent aussi une eau distillée et un sirop.

La pivoine måle (Paonia corallina) beaucoup plus rare dans nos jardins, a été employée aux mêmes usages que la précédente. La pivoine en arbre, pivoine de la Chine (P. Moutan, Sims) est inusitée en médecine.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


PIVOINE. Plante dont les sorciers du moyen âge célébraient à qui mieux mieux les propriétés merveilleuses. Selon eux, elle éloignait les tempêtes, rompait les enchantements, guérissait de l'épilepsie, etc. ; sa racine ne devait se recueillir que la nuit, à une certaine heure, et durant une certaine phase de la lune ; puis il fallait encore n'être pas aperçu d'un pic-vert, car sans cela on devenait subitement aveugle.

 

Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Dans le Loiret un collier de graines de pivoine préserve les enfants des convulsions. Au XVIe siècle, la graine ou la racine de cette plante, cueillie à défaut de lune, pendue au col ou appliquée au poignet, ou seule avec du gui de chêne, était un préservatif contre l'épilepsie. Sa racine pendue au col des petits enfants chassait le venin, et elle était aussi salutaire pour leurs dents quand on leur frottait les gencives.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la pivoine :


PIVOINE - HONTE.

Le père Rapin dit , dans son poëme des Jardins , en parlant de la Pivoine : « Ce ne sont point les roses de la pudeur qui la colorent, c'est la rougeur que donne la honte ; car cette plante renferme une nymphe coupable. »

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Pivoine - Honte. La couleur de sa fleur est le rouge de la honte et non la teinte rose de la pudeur.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


PIVOINE - HONTE.

Rougissez de ce que je vais vous dire ; car il n'est pas bon de rougir de tout, et il y a des choses qui ne plaisent pas à tous : Rougissez d'adresser à vos amis des paroles offensantes et de reprocher ce que vous avez donné. Il y a une honte qui amène le péché, et il y a une honte qui attire la grâce.

Ecclésiastes : XLI, 19, 28. ; IV, 25.

La pivoine officinale est originaire des Alpes. C'est une belle plante vivace qui fleurit au printemps et qui se présente sous la forme d'une rose gigantesque, d'un pourpre cramoisi, relevé par un ample feuillage d'un beau vert. On a attribué autrefois des effets merveilleux à cette plante. Avec elle on pouvait éloigner les tempêtes, dissiper les enchantements, chasser l'esprit malin ; elle était surtout d'une grande efficacité dans les convulsions, l'épilepsie, la paralysie.

Les poètes ont supposé que cette plante tirait son nom de Pæon, célèbre médecin qui employa cette plante pour guérir Pluton blessé par Hercule. La fable dit que la nymphe Péone avait été changé pivoine pour avoir porté atteinte à la pudeur.

RÉFLEXIONS.

La mauvaise honte est le mal le plus dangereux et le plus pressé à guérir ; celui- là, si on n'y prend garde, rend tous les autres incurables.

(FÉNELON, De l'éducation des filles.)

Quel bonheur pour l'homme que les animaux ne parlent que dans les fables d'Ésope ! Cela lui épargnerait bien de la confusion. (OXENSTIERN.)

 

Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


PIVOINE - HONTE.

Plante à racines tubéreuses ; la pivoine, distinguée en pivoine mâle et pivoine femelle, est une plante herbacée dont on obtient par la culture plusieurs variétés à fleurs doubles, blanches, roses ou d'un rouge cramoisi. La nymphe Péone ayant porté atteinte à la pudeur, fut changée en pivoine. Elle a conservé la couleur que la honte avait empreinte sur son front.

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :

Pivoine, autrefois Péone - Vous me rendez le calme.

Magnifique fleur de printemps dédiée à Péon, médecin des dieux, suivant la mythologie, fonction qui devait être une sinécure, car les dieux ne devaient jamais être malades. La racine de la pivoine est employée avec succès contre l'épilepsie ; ses fleurs, grandes et d'un vif éclat, n'ont aucune odeur, si ce n'est dans certaines espèces introduites de la Chine.

 

Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"La pivoine est en Chine un symbole de richesse et d'honneur, en raison du port de la fleur et de sa couleur rouge. Son nom meoutan, renferme le mot tan (cinabre), drogue d'immortalité qui la fait associer au phénix.

Par suite d'une déformation facile, à partir du langage : rougir comme une pivoine, on a fait abusivement de cette fleur le symbole de la honte.

Elle fut naguère une plante médicinale et fit naître beaucoup de superstitions, rapportées par Théophraste et répandues jusqu'à nos jours."

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Pivoine (Paeonia officinalis) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Soleil

Élément : Feu

Pouvoirs : Protection ; Chasteté.


Utilisation rituelle : Les empereurs des dynasties purement chinoises (les vingt-deux dynasties qui réussirent à refouler les Mongols) avaient fait de la Pivoine l'emblème de la gloire impériale éclatante.


Utilisation magique : Connue des Anciens, cette belle fleur, qui peut encore se rencontrer à l'état sauvage en Yougoslavie et en Grèce, est très recherchée pour son pouvoir protecteur. Portée sur soi (les femmes s'en mettaient au corsage et à la ceinture), elle protège efficacement sur les trois plans : physique, affectif, mental. Dans la maison, elle éloigne les mauvaises influences. Le jardin, où l'on plante quelques pieds de Pivoines, ne souffrira jamais des orages ou de la grêle.

Avec les graines et les racines, faites des colliers que porteront les enfants : non seulement les fées et autres diablotins ne viendront pas les inciter à désobéir, mais ils perdront aussi l'envie de se tripoter.

Pour tenir les succubes à distance, plusieurs grimoires donnent des recettes où les racines de Pivoine sont mêlées à du corail et à du silex pilé. Jusqu'à une époque relativement récente, la Pivoine était un préservatif contre les illusions nocturnes causées par le désir des femmes.

En Gascogne, on recommandait d'arracher le pied pendant la nuit parce que, si l'on était aperçu par le pivert, il attaquait aux yeux pour défendre la plante dont il était le gardien. A Saint-Amand-en-Puisaye, il fallait aussi récolter la plante de nuit, mais parce que les graines brillent alors d'une mystérieuse lumière glauque que les femmes ne peuvent pas regarder en face.

Dans certains villages des Flandres, on croyait que les feuilles de Pivoine, mises dans les souliers ou les bas, empêchaient la conception; aussi les jeunes filles allant aux kermesses avec des amoureux entreprenants n'oubliaient-elles jamais de s'en pourvoir.

Sa renommée contre les démons et les mauvaises fièvres est très ancienne. La belle-mère de Moïse, tourmentée par les esprits infernaux, alla sur le conseil de son gendre sur la montagne, et là Dieu lui fit connaître les vertus de cette plante.

Dans l'ancienne Russie, pour déraciner la Pivoine, un prêtre allait, portant la croix et l'évangile, auprès de la plante en lui disant : « Je te salue, Herbe. » Puis il lisait sur elle les VIe et XIe psaumes en lui disant encore :

« Seigneur, sois béni, car à cause de l'innocent Moïse tu as fait de cette belle et bonne plante un médicament pour toutes les maladies. Nous te prions, Seigneur, de donner la force à cette Pivoine contre les maladies et les démons. »

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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi la Pivoine :


Mot clef : Honte et Timidité

Pétales de pivoine

Trois pétales de pivoine

Rouges comme une pivoine

Et ces pétales me font rêver


Ces pétales ce sont

Trois belles petites dames

A peau soyeuse et qui rougissent

De honte

D'être avec des petits soldats


Elles se promènent dans le bois

Et causent avec les sansonnets

Qui leur font cent sonnets.


Guillaume Apollinaire (1880-1918), "Poème à Lou".


Les nymphes malfaisantes qui, dit-on, se cachent dans les pétales de la Pivoine sont responsables de la signification de cette plante dans le langage des fleurs ; mais elle a représenté également d'autres symboles, plus flatteurs.

Dans sa Chine natale, où on la cultive depuis le VIIIe siècle, la Pivoine rouge était considérée comme la reine des fleurs ; sa couleur riche et profonde, et ses formes généreuses, exprimaient alors l'abondance.

Son nom scientifique, Paeonia, lui vient de Paeon, médecin grec qui, d'après Homère, reçut cette plante sur le mont Olympe et s'en servit pour guérir Pluton de la blessure d'Héraclès. La Pivoine n'aime pas être déplacée : si vous la changez de place, elle risque de bouder plusieurs années, en refusant de fleurir... Rassurez-vous, elle finit par pardonner.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


D'après Pline, c'est Paeon, médecin des Dieux, qui découvrit les propriétés curatives de la pivoine - il s'en servit d'ailleurs pour guérir les blessures d'Hercule ; pour d'autres, Moïse conseilla à sa belle-mère, inquiétée par des esprits infernaux, de se rendre sur une montagne où Dieu lui révéla les pouvoirs antidémoniaques de la plante. Ces deux récits prouvent l'ancienneté de la renommée, de la pivoine.

La pivoine, surtout de couleur rouge (évocatrice du sang et de la vitalité), était encore très appréciée au Moyen Âge. Au XVIe siècle, sa graine ou sa racine récoltée une nuit sans lune et appliquée sur les poignets ou portée en collier préservait de l'épilepsie. Aujourd'hui encore, contre la danse de Saint-Guy (ou chorée, maladie nerveuse accompagnée de convulsions), on recommande le port d'un collier comprenant sept racines de la plante, "cueillies à la lune décroissante entre minuit et le lever du jour".

Les colliers de graines ou de rhizomes de pivoine ont également été largement utilisés pour faciliter la poussée des dents des enfants. Dans la région de Liège, par exemple, les colliers de dentition étaient composés de trente-deux graines ayant trempé vingt-quatre heures dans de l'eau bénite enfilées à l'aide d'une aiguille neuve sur de la soir rouge. frotter les gencives d'un enfant avec une racine de pivoine a le même effet. Rappelons, pour mieux comprendre ces superstitions, que la phytothérapie moderne reconnaît à la pivoine des vertus sédatives et antispasmodiques, lesquelles expliquent également pourquoi dormir avec cette fleur sous son oreiller permet de faire de beaux rêves. Les colliers de graines et de racines de pivoine ont également une influence très originale sur les enfants qui les portent : « Non seulement les fées et autres diablotins ne viendront pas les inciter à désobéir, mais ils perdront aussi l'envie de se tripoter. »

Une pivoine donnée à un nouveau-né avant sa première tétée le rendra gentil pour toute sa vie. Pour qu'un enfant soit toujours « frais et rose comme cette plante », il suffit, disent les Roumains, de mettre une pivoine dans son premier bain. De la même façon, les Arméniens croyaient qu'une jeune fille qui en mangeait trois graines pendant douze jours de suite aurait les joues rouges et fraîches.

Certains habitants de Flandre attribuaient aux feuilles de pivoine, mises dans les chaussures ou les bas, un pouvoir contraceptif. Les jeunes gens usèrent et abusèrent de ce procédé jusqu'à au moins la fin du XIXe siècle ! On dit aussi que « jusqu'à une époque relativement récente, la pivoine était un préservatif contre les illusions nocturnes causées par le désir des femmes ».

La pivoine rouge préserve de la violence et des blessures par arme blanche ou à feu. En avoir chez soi un bouquet ou quelques pétales desséchés éloigne voleurs et criminels, protège des sortilèges et des mauvais esprits, détourne tempête et foudre et agit contre l'asthme. Enfin, attachée au col, la plante dissipe les risques dus aux animaux ou insectes vénéneux.

Les Anglo-Saxons disent que ramasser une pivoine porte malheur. Depuis la plus haute antiquité, la cueillette de la plante du médecin des dieux, quasi sacrée mais en même temps maléfique, présente un danger pour les mortels, autant pour celui qui l'arrache que pour son destinataire, malade ou envoûté. C'est pourquoi il faut s'y livrer exclusivement la nuit. Si Pline conseillait la pleine lune, on peut lire dans la Lettre de Thessalus à Néron l'opinion contraire : « Cette plante croît et décroît en sympathie avec la lune. Si on l'arrache pendant la croissance de cet astre, sa racine ne peut être employée pour l'expulsion des démons et elle grave la maladie du patient. Il fait l'arracher pendant le déclin de la lune. » Les opinions s'accordaient sur un point : éviter le pivert qui défendait qu'on la cueillit en s'attaquant aux yeux de l'impudent. Les herboristes de Théophraste recommandaient tout un rituel de protection, avec prières et fumigations. S'en dispenser entraînait, selon eux, « une chute de rectum ». Certaines recettes recommandaient également de se munir d'arcs et de flèches « pour arrêter la fuite de la pivoine », voire d'une peau de phoque, aux vertus protectrices. Avant de l'arracher, et toujours selon de vieilles prescriptions, en plus d'offrandes (pain bénit, terre prises aux quatre coins de l'autel, orge, sel, etc.). Il fallait lui adresser les paroles suivantes pendant trois jours : « Bonjour, sainte plante pivoine, tu es la reine des plantes » ou « Pivoine trismégiste, mère des plantes, sacrée... »

Enfin, « la pivoine est en Chine un symbole de richesse et d'honneur, en raison du port de la fleur et de sa couleur rouge. Son nom, meoutan, renferme le mot tan (cinabre), drogue d'immortalité qui la fait associer au phénix ». La tradition chinoise veut qu'offrir des pivoines aux nouveaux mariés leur promette la fortune.

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Selon Des Mots et des fleurs, Secrets du langage des fleurs de Zeineb Bauer (Éditions Flammarion, 2000) :


"Mot-clef : La Timidité ; La Honte.


Savez-vous ? : Arrivée de Chine, la pivoine a été introduite en Angleterre vers 1795 et s'est répandue dans les jardins français vers les années 1800. L'impératrice Joséphine reçut en cadeau quelques plants pour les jardins de la Malmaison. A sa mort, l'Europe comptait plus de deux cents espèces de pivoines. Les Chinois et les Japonais sont les spécialistes de la culture des pivoines. Chaque année, une grande fête est organisée en son honneur pour sélectionner les meilleures fleurs.


Usages : Les Japonais sont friands de la fleur de pivoine. Ils la consomment comme légumes pour accompagner les nombreux plats de poissons. Toutes les jeunes filles japonaises d'un milieu traditionnel possèdent un kimono en soie représentant des pivoines.


Légende : Il paraîtrait que sous la dynastie Ming, il existait déjà plus de quatre-vingts espèces de pivoines et que celles-ci entouraient le palais d'été des empereurs chinois de l'époque.


Message : Votre amour m'intimide."

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D'après Nicole Parrot, auteure de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :


"La pivoine fait partie de ces fleurs apportant un choix de messages très différents où chacun reconnaît celui qui répond à ses questions. Elle commence, quelle que soit sa couleur, par protester de sa sincérité, elle vante l'amour maternel. Elle diversifie ensuite ses avis en fonction de sa teinte.

Elles sont innombrables, les fleurs rouge vif. Pourtant, l'écarlate de la pivoine semble avoir frappé les imaginations des papes (papesses, le plus souvent) du langage des fleurs. Ainsi la baronne de Fresne, auteur, en 1858, d'un des plus remarqués recueils, lui attribue un mot fort et déplaisant : "la honte". Et la baronne explique en termes si voilés qu'ils garderont leur mystère : "La nymphe Péone, ayant commis un crime de lèse-pudeur, fut changée en pivoine". Cependant, d'autres théoriciens de la fleur pensent que cette connotation provient de l'expression "rouge comme une pivoine".

Qu'importe, tournons le dos à la honte et préférons délibérément cet autre message nettement plus agréable, dispensé par la même pivoine rouge : "mon amour veille sur vous". Blanche, la pivoine se montre attentionnée : "prenez bien soin de vous" et rose, elle tient à l'exclusivité avec cette curieuse recommandation : "ne comptez que sur moi".

De toutes les couleurs, elle éclate de vie sous le génial pinceau de Matisse, plantée dans de beaux vases de porcelaine chinoise bleues et blancs, courant sur les murs et les tapis, imprimée sur les fauteuils, les divans, les robes et réfugiée dans la maison du mobile ou dans ses cheveux.


Mot-clef : "Une fleur attentionnée"

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle de la Pivoine :


Nom botanique : Paeonia spp.


Variétés communes : Pivoine commune européenne (Paeonia officinalis) et pivoine de Chine (Paeonia lactiflora).


Propriétés énergétiques : Soigne à distance ; envoie de l'amour ; apporte son soutien pour l'avenir ; règle les conflits à l'étranger et améliore l'énergie.


Archanges correspondants : Raphaël et Sandalphon.


Chakras correspondants : chakra racine - chakra sacré - chakra du cœur.


Propriétés curatives : Servez-vous de la pivoine pour vous créer un système de soutien si vous pensez en avoir besoin dans le futur, pour des situations telles qu'une opération chirurgicale, un entretien d'embauche ou une réunion importante. Invoquez simplement la pivoine en lui demandant de vous aider pendant cette période difficile. La pivoine dégage une énergie d'amour et de guérison, ce qui est idéal si l'on veut faire profiter les autres des bienfaits de la thérapie par les fleurs. Vous pouvez l'utiliser seule ou l'associer à d'autres fleurs pour soigner quelqu'un à distance. Par exemple, si une personne de votre connaissance aspire à une relation amoureuse, vous pourriez lui faire un bouquet de roses rouges et de pivoines.


Message de la Pivoine : « J'entends votre cœur appeler votre famille et vos amis qui habitent loin de vous. Je me joins à vous pour leur envoyer des prières et des pensées de guérison. Soyez assuré que vos proches reçoivent les bénédictions que vous leur envoyez, car l'énergie voyage à travers le réseau des anges pour arriver jusqu'à eux. Peu importe la distance, ce sera comme si vous étiez avec eux. Imaginez que vous leur tenez la main et que vous partagez des étreintes chaleureuses avec eux. Je peux aider chaque personne à se sortir d'une situation difficile. J'ai même la capacité de soulager des régions ou des pas qui traversent des épreuves et subissent des énergies négatives. Le processus est simple : asseyez-vous près de moi, posez votre main dominante près de mes pétales et sollicitez de l'aide pour vos proches ou pour un lieu géographique qui en a besoin. »

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Tony Goupil, dans un article intitulé "La Lune et ses relations avec les premiers botanistes" (LEJEUNIA, Revue de Botanique, Nouvelle série N° 191, Avril 2014) nous rappelle le lien de la Pivoine avec la Lune :


On peut encore citer la pivoine considérée comme plante de la lune, dite lounaria, que l'on devait cueillir selon certaines croyances pendant la pleine lune, en suivant un rituel bien précis.




Mythologie :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


PIVOINE. — D’après Théophraste, il faut en cueillir les graines et la racine pendant la nuit, si on ne veut pas que le pic (picus martius), qui a une sympathie particulière, dit-on, pour cette plante, ne saute aux yeux de l’imprudent qui se risquerait à en cueillir pendant le jour. Apulée, De Virtutibus herbarum, dit que la pivoine est un remède puissant contre la folie : « Herba paeonia, si lunatico jacenti ligetur in collo, statim se levat sanus. Et si eam secum portaverit, nun quam ei hoc malum accidet. » Macer Floridus, De Viribus Herbarum, sur l’autorité des anciens, recommande la racine de la pivoine contre l’épilepsie des enfants :


Illius radix, pueris suspensa caducis,

Non modicum prodest, Galienus ut asserit auctor ;

Quendam se puerum narrat vidisse caducum,

Aetas cujus erat annorum circiter octo ;

Paeoniae puer hic radicem ferre solebat

Appensam collo ; quadam vice decidit illa,

Moxque puer cecidit, solitoque more ligata

Protinus evasit ; Galienus vero, probare

Rem plene cupiens, radicem denuo dempsit

De collo pueri : cecidit, viguitque resumpta ;

Cognita vis herbae fuit huius sic manifeste.

Ipse Dioscorides cunctis ait esse caducis

Aptam, si bibitur vel si suspenditur illa.

Les enfants portaient souvent la racine de pivoine suspendue au cou comme talisman. D’après Pline, Paeon, le médecin des dieux, trouva le premier la plante qui, en son honneur, fut appelée Paeonia. Les montagnards de l’Ide ont donné à la racine le nom de Daktylon, en l’honneur, dit-on, des Kurètes et de Cybèle, déesse spécialement invoquée dans les maladies des petits enfants.

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Contes et légendes :


Dans la collection de contes et légendes du monde entier collectés par les éditions Gründ, il y a un volume consacré exclusivement aux fleurs qui s'intitule en français Les plus belles légendes de fleurs (1992 tant pour l'édition originale que pour l'édition française). Le texte original est de Vratislav St'ovicek et l'adaptation française de Dagmar Doppia. L'ouvrage est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire ; la Pivoine raconte la sienne dans un conte venu de Chine et intitulé "Le Père des Fleurs " :

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Littérature :


La Pivoine


Marchande de pivoines

Au faubourg Saint-Antoine,

Chausse tes gros sabots,

Couleur d’orange et de pivoine,

Et viens sur mon bateau,

Pivoine, pivoine,

Pêcher dans l’eau

Joyeux matelots.


Robert Desnos, "La Pivoine" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.

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