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Hyacinthe (couleur)

Dernière mise à jour : 20 avr.



Étymologie :

  • HYACINTHE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. a) 1523 hiacinte « pierre précieuse d'un jaune tirant sur le rouge » (Apoc. IX, 17, Nouv. Test., éd. Lefebvre d'Etaples, Paris ds Littré) ; b) 1564 « étoffe de la couleur de l'hyacinthe » un drap de hyacinthe (Nomb. 4. a. 11 ds Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible, p. 169 ro) ; 2. a) 1559 bot. (Ronsard, Eclogue du Thier, 178 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 10, p. 61 : ses bors soient pour jamais d'hyacintes semez) ; b) 1840 « qui est d'un bleu tirant sur le violet » (Ac. Compl. 1842). Empr. au lat. hyacinthus, lui-même du gr. υ ̔ α ́ κ ι ν θ ο ς « jacinthe » parfois aussi « pied d'alouette », a désigné aussi une pierre précieuse, peut-être l'aigue marine ou l'améthyste (v. Chantraine et P. Mann ds Romania, t. 49, pp. 188-189) ; le lat. hyacinthus servait à désigner plusieurs plantes à bulbe mal déterminées, en particulier la jacinthe (la diversité des couleurs de la fleur montre qu'il s'agit de plusieurs plantes, v. André Bot.), une pierre de couleur bleu-violet. Le sens 2 b ne se trouve que dans les trad. de la Bible, comme trad. du lat. chrét. hyacinthus « étoffe teinte de couleur pourpre-violet », v. TLL s.v. 3128, 15 sqq.


Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion sur le symbolisme de la couleur hyacinthe.

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Symbolisme :


Frédéric Portal, auteur de l'ouvrage intitulé Des couleurs symboliques dans l'antiquité : le moyen-âge et les temps modernes. (Treuttel et Würtz, 1857) explore le symbolisme de l'hyacinthe qu'il associe à l'écarlate et au pourpre :


DU POURPRE, DE L'HYACINTHE, ET DE L'ÉCARLATE.


Le pourpre et l'hyacinthe sont deux nuances d'une même couleur qu'il serait facile de confondre et qui, cependant, ont deux significations différentes. Le pourpre était, dans l'antiquité, une couleur rouge nuancée de bleu ; le pourpre, disent les traités de blason, est mêlé d'azur et de gueules ; l'art héraldique conserva la tradition des couleurs, si ce n'est l'intelligence de leurs significations. Le rouge domine dans le pourpre ; au contraire, dans l'hyacinthe, c'est le bleu qui est la couleur principale. L'hyacinthe orientale, ou proprement dite, est un saphir orangé.

Dans la symbolique des couleurs mixtes, la nuance dominante forme la signification générale, et la teinte dominée la modifie. Le rouge est le symbole de l'amour divin, le bleu représente la vérité céleste ; le pourpre se rapportera, par conséquent, à l'amour de la vérité, et l'hyacinthe à la vérité de l'amour.

L'écarlate était une nuance composée de rouge avec une teinte de jaune ; il était le symbole de l'amour spirituel, de l'amour du Verbe ou de la parole divine, ainsi qu'il résulte du sens que possèdent le rouge et le jaune.

Les vêtements des prêtres d'Israël pour le service du sanctuaire et le costume d'Aaron étaient pourpre, écarlate et hyacinthe. Le pourpre dominait dans tous les ornementsdu grand-prêtre ; il teignait le rochet de l'éphod et les cordons du pectoral ; lui seul avait le droit de porter la tunique hyacinthe.

Nous avons remarqué, dans la signification des couleurs, une opposition qui reparaît dans le pourpre, l'hyacinthe et l'écarlate. Si la première de ces nuances se rapporte au bien, la seconde au vrai, et la troisième à la manifestation de l'un et de l'autre, il en résulte que le pourpre deviendra le symbole du mal, l'hyacinthe de l'erreur, et l'écarlate de la production des maux et des faussetés. C'est dans ce sens que Jérémie dit des faux sages que l'hyacinthe et la pourpre sont leurs vêtements. Ézéchiel reproche à Samarie ses prostitutions, et dit qu'elle s'est passionnée pour les Assyriens, vêtus d'hyacinthe, car elle avait prostitué la vérité. Dans l'Apocalypse, saint Jean voit des cavaliers revêtus de cuirasses comme de feu, d'hyacinthe et de soufre, et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et il sortait de leurs bouches du feu, de la fumée et du soufre, et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre qui sor taient de leurs bouches, la troisième partie des hommes fut tuée. Nous trouvons aussi, dans l'Apocalypse, la bête couleur d'écarlate avec une signification infernale.

Le paganisme hérita de ces traditions symboliques, les anciens voyaient, dans les diverses nuances claires ou sombres de l'hyacinte, les emblèmes des différents degrés de la vertu et du vice. Solin dit que l'hyacinthe azurée est précieuse pour les hommes vertueux et défavorable aux hommes corrompus, et que la plus belle espèce brille d'un éclat mélangé de lumière et de pourpre.

Philostrate donne aux amours des ailes de pourpre et d'azur.

Dans la langue profane des couleurs, Phyacinthe dut avoir la signification de constance dans les combats spirituels ; le bleu désignait la fidélité, et le rouge re présentait la guerre ou les combats.

Saint Épiphane compare les vertus de l'hyacinthe à celles de la salamandre. Non seulement, dit Grégoire de Naziance, la salamandre vit et se plait dans les flammes, mais encore elle éteint le feu. L'hyacinthe, dit saint Épiphane, placée dans une fournaise ardente, n'en est point attaquée et même elle éteint le feu.

La salamandre et l'hyacinthe étaient les symboles de la foi constante, qui triomphe de l'ardeur des passions et les éteint ; soumise au feu, l'hyacinthe se décolore et devient blanche, on devait у voir un symbole de la foi triomphante.

Solin prétend que l'éclat de l'hyacinthe suit les changements de l'atmosphère ; qu'elle brille sous un ciel serein et s'obscurcit sous un ciel nébuleux ; qu'elle résiste à la gravure et n'est attaquable que par le diamant. Malgré l'autorité de Solin, il existe des gravures sur hyacinthe près que toutes de l'artiste Aulo. Les anciens ignoraient-ils l'art de graver ces pierres précieuses ? Quoi qu'il en soit, on se méprendrait complètement, si on pensait que les descriptions des animaux, des plantes et des minéraux, transmises par l'antiquité, se rapportent toujours à l'histoire naturelle. La symbolique y joue un rôle fort important ; et, dans ce que Solin dit de l'hyacinthe, un écrivain du dix-septième siècle voit un emblème de l'homme pieux, dont l'âme s'ouvre aux rayons de l'amour divin et s’attriste lorsqu'elle n'en est plus embrasée ; aucune force humaine ne peut la dompter : Dieu seul, comme le diamant y grave son empreinte.

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Dans une note de son ouvrage Arbres filles et garçons fleurs, Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs (Editions du Seuil, février 2017), Françoise Frontisi-Ducroux précise que :


La couleur mêlant le rouge au jaune, correspond à la couleur "hyacinthe" et ce "depuis le XVIe siècle, selon Littré. Telle est aussi la teinte de la pierre précieuse nommé "hyacinthe" (le zircon). Sa dénomination est sans doute plus tardive. Quant au perroquet jaune et vert, comme la robe du "père", oiseau qui symboliserait, paraît-il, les plaisirs mondains, ce n'est pas - quel dommage - l'ara hyacinthe, variété d'un bleu éclatant, ainsi nommé en 1790. Pourquoi ? La couleur hyacinthe a beaucoup fluctué. Elle semble avoir correspondu initialement au pourpre, comme celle de la jacinthe. Il n'est cependant pas certain qu'Homère fasse allusion à cette teinte lorsqu'il mentionne la chevelure qu'Athéna déroule sur le front d'Ulysse pour le faire paraître à son avantage devant Nausicaa (Odyssée, VI, 223). Il peut s'agir de la forme des cheveux "bouclés, comme l'hyacinthe"."

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