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Le Géranium

Dernière mise à jour : 1 juin


Étymologie :


  • GÉRANIUM, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1545 (Guill. Gueroult, Hist. des plantes, 815 ds Delb. Notes mss). Empr. au lat. des botanistes geranium, gr. γερα ́νιoν de même sens, de γε ́ρανος « grue ».


Étymol. et Hist. 1850 (Balzac, Pts bourg., p.54). Mot du lat. sc. pelargonium « id. » 1787-88 (L'Héritier, Geraniologia, Planche 7), formé d'apr. un plus anc. geranium*, issu du gr. π ε λ α ρ γ ο ́ ς « cigogne » proprement « (oiseau) au plumage noir et blanc », comp. de π ε λ(λ)óς « de couleur sombre » et α ̓ ρ γ ο ́ ς « blanc », en raison de la forme du fruit, allongé en bec de cigogne. Cf. dès 1800 le fr. pelargon (Boiste).


Lire également la définition des noms "géranium" et pélargonium afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Pelargonium x hortorum - Géranium des fleuristes -

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Botanique :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :


Les fruits du géranium sanguin (Geranium sanguineum) illustrent le premier cas de figure. Les jolies petites fleurs rouges donnent à maturité un fruit capsulaire à cinq loges, surmonté d'un long bec. La contraction des fibres dans ce bec amène brusquement les loges à se séparer les unes des autres, chacune étant littéralement arrachée de son support er de ses voisines, et projetée en l'air avec éjection des graines. En fin d'opération, l'ensemble simule étrangement une sorte de lustre à cinq branches recourbées vers le haut, où les capsules vides occuperaient la place des lampes.

 

Robert Castellana et Sophie Jama, auteurs de "Floriculture et parfumerie : les origines de l’acclimatation végétale sur la cote d’azur." (Issued by The Phoenix Project, 2012) nous apprennent les vertus du Géranium rosat ou bourbon (Pelargonium graveolens ou P. capitatum) en lien avec la parfumerie :


Le géranium rosat est en fait un pelargonium, dont la caractéristique est son parfum voisin de celui de la rose. C'est d'ailleurs cette particularité qui le définit de nos jours, sous la dénomination de Pelargonium Groupe Rosat, qui rassemble les cultivars dont l’huile essentielle possède un parfum de rose. Cette caractérisation botanique provient d'une longue histoire d'hybridation, qui trouve ses origines dans la région grassoise, d'où les cultivars ont été ensuite diffusés dans les principales régions de production. Trois espèces sauvages originaires d’Afrique du Sud (qui abrite l'essentiel des 260 espèces de Pelargonium) seraient impliquées dans la genèse de ces cultivars: Pelargonium capitatum, Pelargonium graveolens ou asperum, et Pelargonium radens. Si tous contiennent de l’huile essentielle, aucun d'entre eux n’est toutefois directement impliqué dans sa production. Ils pourraient avoir été importé au 17ème siècle dans l'Ile de la Réunion (à l'époque Ile Bourbon), qui fut le principal producteur historique et demeure le standard international. La culture commerciale prit son essor au début du XIXe siècle à Grasse, qui demeura le centre principal de production jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Parmi les nombreux hybrides de pelargonium odorants, on trouve de nos jours une infinie variété de senteurs, dont pin, chocolat, menthe, agrumes, pomme, poivre, gingembre, eucalyptus, etc.). Les principes aromatiques, obtenus par distillation des feuilles, sont principalement citronnellol, géraniol et formate de citronnellyle. Ils passent pour avoir des propriétés antispasmodique, antiinflammatoire et astringente. La culture de géranium “rosat” a représenté à Grasse, au début du XX° siècle, une culture importante - avec quelques 100 hectares et 9000 tonnes -, située aux embouchures de la Siagne, du Loup ou de la Cagne. Les feuilles étaient récoltées de préférence avant la floraison, d'août à septembre. Les terrains humides produisaient une essence abondante mais moins fine que les terrains secs.

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 Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :


Géranium et Pélargonium : Beauté naturelle et plastique


A la seule évocation de ce nom, nous avons tous en tête cette indémodable image des jardinières peuplant les rebords de fenêtre, les volets, trônant à l'entrée des portes des maisons à colombage alsaciennes ; d'abondantes fleurs rouges en dégoulinent et masquent un feuillage vert toute l'année. Oui, dans l'imaginaire collectif, le « géranium » accompagne aussi bien les rebords de fenêtre de chez notre chère mamie, que les cartes postales kitsch des années 1960.

L'imaginaire collectif est cependant peu regardant quant à l'exactitude des termes, et pour tout bon botaniste, ou jardinier qui se respecte, ce géranium est un fait un pélargonium. En botanique, ce qui est « géranium » comprend plusieurs dizaines d'espèces sauvages et cultivées issues des régions tempérées et très présentes dans les forêts et les campagnes européennes Ce sont des plantes avec de petites fleurs souvent roses, comme, par exemple pour le petit géranium herbe à Robert, largement répandu. Les fleurs sont formées de cinq pétales placés en cercle entourant dix étamines placées autour d'un pistil qui les surplombe. Ce sont des fleurs dites actinomorphes, c'est-à-dire à symétrie radiale, comme le lis, le tournesol ou encore la tulipe.

Quant aux pélargoniums, ce sont des espèces issues principalement d'Afrique du Sud et largement naturalisées, sélectionnées et hybridées en Europe. Leurs fleurs souvent rouges ou roses ont aussi cinq pétales, cependant elles ne sont pas placées en cercle, mais elles possèdent une symétrie bilatérale, symétrique par rapport à un plan central - ce sont des fleurs dites zygomorphes - comme la gueule-de-loup, le chèvrefeuille, le lupin, etc. Elles possèdent moins de dix étamines et un pistil.


Stratagème : Pour autant, malgré ces différences de symétrie, les espèces de pélargonium et de géranium sont très proches d'un point de vue évolutif, au point d'être mises dans le même panier - la famille des géraniacées.

Ces deux fleurs utilisent les mêmes stratagèmes pour avertir de leur présence les insectes pollinisateurs sur lesquels ils comptent pour favoriser la fécondation croisée. Tout d'abord, elles utilisent des odeurs pour être repérées de loin. ensuite, classiquement, c'est la fleur dans toute sa beauté contrastante (rouge ou rose sur vert, ça se voit !) qui attire l'œil. Les insectes s'approchent et là ils sont, si l'on ose dire, « pris par la main » par les signaux plus subtils : les guides à nectar. Que ce soient des points plus clairs au centre de la corolle circulaire du géranium herbe à Robert, ou des rayures claires sur le pétale supérieur de certains pélargoniums, dans les deux cas, la fleur indique où se trouve le nectar : au centre.

Comme de nombreuses autres fleurs, les géraniacées ont un système de différence de maturation dans le temps entre les parties males et les parties femelles. Toutes les fleurs sont d'abord mâles, puis l'organe femelle prend le relais, qui s'épanouit alors et se rend réceptif. Ainsi le pollen d'une fleur ne peut entrer en contact avec le pistil de cette même fleur, mais cela pet se faire si un insecte pollinisateur est passé par une fleur jeune avant de venir butiner une fleur âgée. Il aura sans doute récupéré un peu de pollen par accident sur ses poils, et ces grains se déposeront alors sur le stigmate réceptif de la fleur âgée. Voici donc que la fécondation croisée est accordée aux géraniums et pélargoniums.

Les fleurs de pélargonium ont une longévité assez exceptionnelle. Malheureusement, il semble que la sélection horticole qui a permis le maintien d'une fleur quasi immuable et l'a privée d'une relation épanouie avec les insectes qui pourraient la butiner. Une étude a regardé l'attractivité d'une trentaine de fleurs de jardin classiques, issues de divers cultivars sélectionnés pour leur usage horticole et donc pour plaire à l'humain. L'idée étant de voir si les abeilles avaient les mêmes goûts que nous et si notre vision de la nature pourrait leur convenir. Les résultats de cette étude, conduite sur plusieurs années, ont montré que le pélargonium était le plus rarement visité, voire ne recevait aucune visite pendant des jours et des jours, tandis que la majorité des autres fleurs recevaient des centaines de visites par jour de la part d'insectes variés. A croire qu'à trop vouloir s'approprier la nature, on en écarte les principaux intéressés Ou alors, tout simplement les abeilles ont-elles meilleur goût que notre grand-mère !

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur


Automne -Octobre.

GÉRANIUM ÉCARLATE - SOTTISE.

Madame la baronne de Staël se fâchait toutes les fois que l'on tentait d'introduire dans sa société un homme sans esprit. Un jour, un de ses amis risqua pourtant de lui présenter un jeune officier suisse de la plus aimable figure. Cette dame, séduite par l'apparence, s'anima, et dit mille choses flatteuses au nouveau venu, qui d'abord lui sembla muet de surprise et d'admiration. Cependant comme il l'écoutait depuis une heure sans ouvrir la bouche, elle commença à se méfier un peu de son silence, et lui adressa tout à coup des questions tellement directes qu'il fallut bien y répondre. Hélas ! le malheureux n'y répondit que par des sottises. Madame de Staël se tourne alors, fâchée d'avoir perdu sa peine et son esprit, vers son ami, et lui dit : En vérité, monsieur, vous ressemblez à mon jardinier, qui a cru me faire fête en m'apportant ce matin un pot de géranium ; mais je vous préviens que j'ai renvoyé cette fleur, en le priant de ne plus l'offrir à mes regards. Et pourquoi donc ?demanda le jeune homme, tout ébahi. - C’est, monsieur, puisque vous voulez le savoir, que le géranium est une fleur bien vêtue de rouge : tant qu'on la regarde elle plait aux yeux ; mais lorsqu'on la presse légèrement, il n'en sort qu’une odeur importune. En disant ces mots, madame de Staël se leva et sortit, laissant, comme on pense bien, les joues du jeune sot aussi rouges que son habit, ou que la fleur à laquelle il venait d'être comparé.


GÉRANIUM TRISTE - ESPRIT MÉLANCOLIQUE.

Ce charmant Géranium, semblable aux esprits mélancoliques, fuit la lumière du jour ; mais il enchante ceux qui le cultivent, par ses délicieux parfums ; sa parure est sombre et modeste ; en tout il contraste avec le Géranium écarlate, emblème de la sottise.


GÉRANIUM ROSÉ - PRÉFÉRENCE.

On compte plus de cent espèces de Géranium ; il y en a de tristes, de brillants, de parfumés, d'inodores. Celui à odeur de rose se distingue par la douceur de ses feuilles, sa douce odeur et la beauté de ses fleurs purpurines .

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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Géranium écarlate - Sottise.

Celte fleur éclatante et sans odeur symbolise bien le sot qui ne brille que par ses habits.


Géranium rose - Préférence.

La fleur et la feuille distillées de ce géranium donnent une essence que quelques amateurs préfèrent à l’essence de rose, parce qu’elle est presque aussi agréable et qu’elle se volatilise moins facilement.


Géranium rose a grandes fleurs - Tendre faiblesse.

A cause de la couleur rose de ses pétales tout maculés à la partie supérieure.


Géranium triste - Tristesse et Mélancolie.

A cause des teintes sombres de sa fleur et de son feuillage, et parce que cette variété fuit la lumière du jour.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


PÉLARGONIUM A LA ROSE - PRÉFÉRENCE.

Il n'est pas bien de faire acception de personne dans le jugement. Ceux qui disent à l'impie : tu es juste, seront maudits des peuples et abhorrés des tribus. Ceux qui condamnent les méchants seront loués, et la bénédiction viendra sur eux.

Proverbes : XXIV, 23, 24.


PÉLARGONIUM TRISTE - ESPRIT MÉLANCOLIQUE.

La tristesse hâte la mort et elle ôte la force, et la tristesse du cœur courbe la tête .... Ne livrez pas votre cœur à la tristesse, mais éloignez-la de vous et souvenez-vous de votre dernier jour.

Ecclésiastes : XXXVIII, 19-21.

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D'après Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


GÉRANIUM ÉCARLATE - BÊTISE.

Il y en a de plusieurs espèces : le géranium strié d'Italie, le géranium sanguin, le géranium macrorhize, le géranium robertin. Leurs fruits affectent la forme d'un bec de grue.

 

Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte les équivalences de l'Horloge de Flore :


Il est des fleurs qui s'ouvrent invariablement à la même heure ; les horticulteurs profitent de cette horloge naturelle pour régler leur temps, et les amoureux emploient ce moyen pour indiquer le moment où ils passeront sous les fenêtres de celle à qui ils offrent leurs vœux.


Six heures du soir - Le géranium triste.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Géranium (Pelargonium zonale et Pelargonium inquinans) a les caractéristiques suivantes :


Les espèces ornementales, très répandues dans les jardins et en potée sur les balcons, appartiennent au genre Pélargonium, d’origine sud-africaine. Ce genre regroupe aussi les Géraniums-lierre (Pelargonium peltatum). Enfin les Pélargoniums proprement dits, à grandes fleurs, ne sont plus des Géraniums.


Genre : Féminin

Planète : Vénus

Élément : Eau

Pouvoirs : Fécondité ; Santé ; Amour ; Protection.


Utilisation magique : Tous les Géraniums sont protecteurs, cultivés au jardin ou en pot dans la maison, quelles que soient leurs couleurs. De plus, un massif planté de Géraniums rouges fortifie et tonifie par les effluves que ces plantes dégagent; simplement, pour que les effets se fassent sentir, il faut qu'il y ait beaucoup de Géraniums plantés au même endroit - au moins une soixantaine.

Ces fleurs très populaires protègent contre les serpents :


« Serpens va pas

Où Ger'hunum crâ [croît] »


Plantés en bordure devant la maison d'une sorcière, des Géraniums rouges lui indiquent, par leurs mouvements, qu'un visiteur arrive : les pétales se tournent magiquement dans la direction d'où vient l'intrus…

Ceux à fleurs roses entrent dans les charmes d'amour ; la variété à fleurs blanches accroît la fertilité.

Au Mexique, les curanderos (guérisseurs) soignent et purifient leurs patients en les brossant énergiquement avec des touffes d'herbes fraîches mélangées : tiges feuillues et fleuries de Géraniums rouges ; sommités fleuries de rue et jeunes pousses vertes de poivrier.

Avec ses feuilles très odorantes, le Géranium rosat du bassin méditerranéen (Geranium capitatum) est suspendu autour de la maison où il forme un barrage protecteur contre « toutes choses mauvaises ». Une amusante « évolution » de la tradition est à signaler dans la région de Costigliole d'Asti, dans le Piémont : les feuilles fraîches du Geranium capitatum servent à astiquer tout ce qui sert à fermer la maison : loquets, becs-de-cane, targettes, espagnolettes, etc. La raison avouée est que les riches huiles essentielles contenues dans la plante graissent et entretiennent les mécanismes des serrures, ce qui n'est peut-être pas entièrement faux; mais la raison inavouée, et probablement inconsciente aujourd'hui, est à rechercher du côté des croyances populaires : aucun esprit ne se hasarderait à toucher un loquet de porte ou de fenêtre frotté avec des feuilles aromatiques de Géranium rosat...

Les parfums très divers des Géraniums ont chacun leurs propriétés magiques - propriétés déterminées par l'odeur elle-même : muscade, citronnelle, menthe, etc. En plus de ses vertus propres, le Géranium possède alors, de surcroît, les vertus de la plante dont il se rapproche par ses composants aromatiques.

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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi le Géranium :

Mot clef : Géranium foncé : Mélancolie

Géranium à feuille de lierre : Amitié véritable

Géranium rose : Préférence

Géranium rouge : Réconfort


Emblème de la nuit, ta fleur rougeâtre et sombre,

Géranium, attend la nuit pour embaumer,

Ton parfum hait le jour et se répand dans l'ombre.

Oh ! dites, dites-moi, vous qui savez aimer,

Dieu, comme cette fleur, n'a-t-il pas fait votre âme ?

N'est-il pas vrai qu'à ceux dont le cœur est de flamme

Le monde et la clarté sont toujours importuns ?

Et n'est-ce pas la nuit, et sous l'œil solitaire

De la lune voilée, amante du mystère,

Que l'amour doit sur nous épancher ses parfums ?


Lamartine (1790-1869), "Le Géranium".


Les Géraniums poussent sous presque toutes les latitudes et, généralement, on les confond avec les Pélargoniums, plantes originaires d'Afrique du Sud qui fleurissent tout l'été et ornent a plupart des fenêtres et balcons. Le nom botanique du Géranium vient du grec geranos (bec de grue). Son fruit est allongé et pointu ; quand il est mûr, quatre petites pièces se détendent comme des ressorts pour projeter les graines au loin.

Dans les pays du Moyen-Orient, on dit parfois que c'est Mahomet qui a donné leur couleur rouge à ces fleurs en faisant sécher ses vêtements sur un parterre.

Dans nos campagnes, on trouve de nombreux Géraniums, dont certains sont odorants au crépuscule, comme l'écrivait Lamartine. Beaucoup sont rouges, tels le Géranium sanguin, le Géranium luisant ou L'Herbe-à-Robert, mais le Géranium des prés danse de belles fleurs bleues qui s'épanouissent en plein soleil. Les Géraniums foisonnent dans les villages méditerranéens, où ils retombent en cascade des grandes potées de terre cuite et où leurs couleurs vibrantes donnent un air de fête aux vieux murs de pierre ensoleillés.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Orner son balcon de géraniums ou en planter dans son jardin n'a pas uniquement une fonction décorative : ces plantes ont un grand pouvoir de protection. On dit également qu'un massif d'au moins une soixantaine de géraniums rouges dégage des effluves qui fortifient et tonifient. Les géraniums rouges qui se trouvent devant la maison d'une sorcière ont encore ce pouvoir très original : ils "lui indiquent, par leurs mouvements, qu'un visiteur arrive : les pétales se tournent magiquement dans la direction d'où viennent les intrus".

Les géraniums blancs renforcent la fertilité et ceux à fleurs roses peuvent servir aux charmes d'amour.

De plus, les feuilles du géranium rosat du bassin méditerranéen servent, dans le Piémont, "à astiquer tout ce qui sert à fermer la maison : loquets, becs-de-cane, targettes, espagnolettes, etc. La raison avouée est que les riches huiles essentielles contenues dans la plante graissent et entretiennent les mécanismes des serrures, ce qui n'est peut-être pas entièrement faux ; mais la raison inavouée, et probablement inconsciente aujourd'hui, est à rechercher du côté des croyances populaires : aucun esprit ne se hasarderait à toucher un loquet de porte ou de fenêtre frotté avec des feuilles aromatiques de géranium rosat.

En Belgique, les feuilles des géraniums étaient employées pour arrêter le sang d'une coupure.

 

Selon Des Mots et des fleurs, Secrets du langage des fleurs de Zeineb Bauer (Éditions Flammarion, 2000) :


"Mot-clef : La Simplicité.


Savez-vous ? : Le bec de grue ressemble étrangement au fruit du géranium, d'où l'origine du nom grec. Le géranium est à la mode dans les châteaux de France, vers 1690. L'île de la Réunion est le premier producteur au monde de géraniums. Certaines espèces vivent de nos jours dans l'Arctique et l'Antarctique.


Usages : Le géranium est connu dans les pays chauds pour être un insecticide très efficace. Une goutte de concentré de cette plante garantit une nuit sans moustique. L'eau de géranium (odorant) est une eau extrêmement prisée en Afrique du Nord, car elle parfume une grande partie des pâtisseries.


Légendes : D'après la légende celte, la grue était le symbole de la sagesse. Elle la transmettait en dessinant dans le ciel les signes de l'alphabet celte. Le géranium ainsi que le gui (symboles de l'immortalité) étaient offerts aux dieux celtes.


Message : Je vous aime."

 

D'après Nicole Parrot, auteure de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :


"Cette fleur en pot qui se pose sur le bord des fenêtres aux quatre coins du monde émet des messages aussi variés qu'originaux. A chacun d'opter pour celui qui semble le mieux adapté à ses propres questions.

Écarlate, il promet un amour voluptueux et parfois conjugal. Où fusera l'esprit puisqu'il ajoute : "Votre conversation brillante m'a ébloui". Sous cette même couleur, il assène : "sottise". S'agirait-il de la sottise de ne pas aimer celui ou celle qui l'offre , c'est probable, et pour une bonne raison : dans le langage des fleurs, on en arrive toujours à parler d'amour. Tout permet donc de penser qu'il proteste énergiquement devant l'éventuelle indifférence de l'aimé(e). il se plaint également de sa causticité. Rosé, il avoue sa langueur mais encore : "Je peux vaincre ma timidité". Il s'enhardit encore, réclame la préférence et suscite un premier flirt. Jaune, il se montre exclusif : "Je veux être tout pour vous" mas reproche un "caprice". Blanc (ça lui arrive), il conseille directement : "Commencez donc à m'aimer", rappelle les dangers de l'innocence et conclut : "Protégez-moi". Serait-ce un piège ? Allez savoir, il dit tant de choses, le géranium.

Cette fleur "aux couleurs brûlantes", selon l'expression de Katherine Mansfield, fleurit dans le jardin des peintres impressionnistes, de Manet à Monet, en passant par Frédéric Bazille.


Mot-clef : "Amour voluptueux, parfois conjugal".

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Editions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Géranium (Pelargonium) : "C'est une plante très connue dont il existe environ variétés cultivées aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur.

Propriétés médicinales : C'est principalement à l'huile essentielle de géranium qu'on accorde des propriétés médicinales, notamment dans le traitement de l'acné, de l'eczéma, des plaies, des coupures et des brûlures où ses propriétés cicatrisantes sont reconnues. Certains soulignent qu'elle amène aussi l'harmonisation de la rate et du pancréas.


Genre : Masculin.


Déités : Déméter - Vénus - Freyja.


Propriétés magiques : Fertilité - Santé - Amour - Protection.


Applications : SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • Toutes les espèces de géraniums possèdent des propriétés de protection tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la maison.

  • La légende veut qu'un bosquet de géraniums rouges plantés près de la maison d'une sorcière annonce l'arrivée de visiteurs à celle-ci, en pointant la direction d'où ces personnes arrivent.

  • Les fleurs roses de géraniums servent dans les sachets et les sortilèges pour attirer l'amour.

  • Les fleurs blanches servent aux rituels de la fertilité féminine.

  • Les curanderos, praticiens de magie du Mexique, purifient leurs patients en les baignant dans les effluves de fleurs de géraniums rouges.

  • Les fleurs de géraniums roses peuvent servir à frotter les poignées de portes d'une demeure ainsi que le tour des fenêtres afin de les protéger de toute entrée par effraction.

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle du Géranium :

Nom botanique : Geranium spp.


Propriétés énergétiques : Protège sur le plan énergétique - Renforce et guérit l'aura.

Archanges correspondants : Métatron, Michael et Raphaël.


Chakras correspondants : chakra du troisième œil - chakra coronal.


Propriétés curatives : Le géranium répare les dommages pouvant être causés à votre champ aurique.. Ces "fissures" dans l'aura peuvent s'expliquer de différentes façons, notamment par une consommation occasionnelle excessive d'alcool, par les drogues et par les environnements négatifs. Vous nuisez également à votre aura en vous forçant à continuer une activité pour laquelle vous n'éprouvez aucune passion. Le géranium peut remédier à tous les effets négatifs de ce genre de situation. Quoi qu'il en soit, l'énergie de cette fleur vous met en garde contre l'utilisation abusive de ses pouvoirs. Ne restez pas dans ces situations en comptant continuellement sur la thérapie par les fleurs pour réparer les dégâts qu'elles provoquent en vous.


Message du Géranium : « Vous avez laissé votre énergie se disperser et il est temps pour vous de vous recentrer. Réparons votre aura qui a été négligée par le passé. Je la renforcerai pour que vous soyez désormais protégé sur le plan énergétique. J'ai la capacité de réparer tous les dommages et de remettre votre champ énergétique à neuf. Votre état naturel de vitalité et d'énergie s'améliorera, et vous profiterez de chaque journée. Le matin, au réveil, vous bondirez de votre lit, prêt à accueillir la journée qui débute. »

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Par sa caractéristique obsidionale, la Géranium Herbe à Robert semble lié à la conquête militaire, et plus particulièrement à l'arrivée des troupes allemandes lors de la Grande Guerre. C'est donc une plante martienne....


Ainsi, dans un article intitulé "Ces plantes de la guerre que l’on nomme obsidionales" (In : Études touloises, 2015, n°151, pp. 7-19) François Vernier nous raconte de manière les circonstances historiques de l'implantation du Géranium des prés, notamment dans la Meuse :


L’adjectif obsidional signifie « qui concerne le siège militaire ». Les botanistes utilisent ce terme, par extension, pour les végétaux qui ont été propagés lors des conflits armés ou des occupations militaires.

[...]

Géranium des prés (Geranium pratense L.)

Au temps de GODRON, cette Géraniacée était rare et aucune station n’était indiquée dans la Meuse. CARDOT écrit en 1889 à propos de cette espèce « devenue assez commune depuis une dizaine d’années, sur le talus des routes ». Dans la région de Saint-Mihiel, BRETON indique « introduit, talus du canal de la Meuse, Koeur la Petite » (BRETON 1927). PARENT le note « au bord de la route d’Etraye à Consenvoye ». Il déclare également « La plante existait déjà au XIXe siècle en Lorraine française, mais elle y était rare ; dans la région de Montmédy, elle serait apparue vers 1880. Pour la Zone Rouge de Verdun, on dispose du témoignage de Lehuraux (1926) qui disait que la station du bois de Sivry était la première pour la région. »

Les Allemands ont beaucoup utilisé le train au cours des guerres de 1870 et de 1914-1918 pour amener les armes, munitions et hommes sur le front et cette plante est arrivée d’Allemagne par ce moyen de transport. Elle s’est ensuite étendue sur le territoire et a tendance aujourd’hui à s’éloigner des premiers lieux d’installation.

A noter que cette espèce est aussi arrivée avec le ravitaillement des soldats allemands durant la Deuxième Guerre Mondiale dans le nord de la Finlande.

Aujourd’hui, les localités meusiennes sont significatives de l’extension anthropique du Géranium des prés, il en existe sur les bermes des routes forestières, talus routiers du nord meusien en quantités parfois importantes.

L’histoire des chemins de fer allemands peut expliquer pourquoi le Géranium des prés a pris une telle extension entre la guerre de 1870 et celle de 1914-1918. Après le traité de Francfort, les Allemands « héritent » des réseaux ferrés alsaciens lorrains et luxembourgeois. Le gouvernement de Berlin indemnise à hauteur de 352 millions de francs la compagnie de l’Est qui doit céder 862 km de lignes en Alsace-Lorraine et les 240 km du réseau « Guillaume Luxembourg ». En 1914 l’Allemagne est la première nation ferroviaire d’Europe avec 62 692 kilomètres de lignes ferrées contre 61 861 kilomètres pour la Russie.

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Dans La Magie des Plantes, Douze mois avec la Sagesse des Plantes (Édition originale, 2017 ; Éditions Danaé, 2017), Sarah Kynes propose des recettes rituelles liées à de nombreuses plantes :


[...] Le nom du genre vient du grec pelargos qui signifie « cigogne », ce qui fait référence aux graines allongées de la plante, qui ressemblent à un bec de cigogne.

Les géraniums sont des plantes vigoureuses qui réveillent l'énergie et favorisent la croissance. Mettez-en une feuille dans votre poche pour augmenter votre énergie psychique, ou placez une plante en pot près de vous quand vous voyagez dans le monde astral. Pour la protection, mettez deux géraniums rouges sur un rebord de fenêtre dans la direction d'où vous sentez que la menace vient. Cette plante est aussi associée à la concentration et à la réussite, et vous pouvez en placer une sur votre bureau ou près de lui quand vous travaillez à quelque chose en rapport avec la créativité ou les finances. Faites brûler des feuilles ou des fleurs séchées pour vous aider à briser les mauvais sorts.

Le géranium est associé à l'élément Eau, et son influence astrologique vient de Vénus.

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Littérature :


Le Géranium


Dans un pot un géranium,

Un poisson dans l’aquarium.

Géranium et poisson rouge,

Si tu bouges, si tu bouges,

Tu n’auras pas de rhum,

Géranium, géranium,

Géranium et poisson rouge.


Robert Desnos, "Le Géranium" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.

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Régine Detambel consacre un ouvrage à Colette. Comme une flore, comme un zoo (Éditions Stock, 1997) dans lequel elle s'intéresse aux métaphores botaniques et zoologiques :


Un Géranium rouge : « Un appel d'enfant, un rire jailli du jardin au-dessous de ma fenêtre tombent sur ma page aussi vifs qu'un géranium rouge. » De ma fenêtre


De la farine raboteuse, irritant les joues, servait de poudre libre aux amies de Claudine qui se maquillaient en cachette. Les pétales de géranium, frottés contre les lèvres, leur tenaient lieu de rouge : « Ma bouche, vous êtes toujours ma bouche, mais si blême, que je ne résiste pas à frotter sur ces lèvres courtes et pâlottes les pétales arrachés au géranium rouge de la fenêtre. (Ça fait, d'ailleurs, un sale ton violacé que je mange tout de suite.) »

Chercher le sceau de Colette dans sa ressemblance avec un peintre qui vécut il y a quatre cents ans est une démarche folle ou insuffisante. Arcimboldo ne la définit pas. Mais peut-être l'addition de tous les traits que j'essaie de rassembler donnera-t-elle une idée de l'écriture mosaïque de Colette. J'ajoute donc une ligne nouvelle. J'affirme que Colette a tissé chacun de ses personnages comme ce tapis de fleurs : «... l'église des saints Pierre et Jean (ou Paul et Pierre ?) où nous entrons pour respirer un instant, car le vent sirocco souffle une chaleur à donner des éblouissements, est parée pour la fête de Saint Jean d'un tapis de fleurs fait à l'italienne, aussi net, aussi minutieux qu'une tapisserie, à l'aide de têtes de camomille, de pétales de roses, de géraniums effeuillés, de verdure haché menu, de lavandes égrenées. La couleur en est vive, l'odeur délicieuse... »

L'œuvre de Colette me renvoie à un assemblage de pétales qui supplée les images classiques. La plante devient une matière à lecture. On m'a dit que les livres sacrés de l'Inde ancienne étaient faits de feuilles de palmier. Je savais que le calame est un roseau dont on se servit pour écrire.

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