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Le Myosotis

Dernière mise à jour : 29 sept.



Étymologie :


  • MYOSOTIS, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1546 myosota (Rabelais, Tiers livre, L, 10, éd. M.A. Screech, p. 336 : le Myosota [qui semble], à l'aureille de souriz) ; 1545 myosotis, cité comme mot grec, v. FEW t. 6, 3, p. 315 a, note 1 ; 1562 myosotis (Du Pinet, L'Hist. du monde de C. Pline Second, XXVII, XI, t. 2, p. 377 : myosota ou myosotis) Empr. au lat. myosota, myosotis, transcr. du gr. μ υ ο ς ω ̃ τ α, μ υ ο σ ω τ ι ́ ς « myosotis », proprement « oreille de souris » en raison de la forme des feuilles ; cf. l'appellation oreille de souris Boiste 1823, v. Roll. Flore t. 8, p. 84. André Bot., s.v. myosota.


Lire également la définition du nom myosotis pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Myosotis - Aimez-moi - Grémillet - Herbe d'amour - Ne m'oubliez pas - Oreille-de-souris - Pensez à moi - Plus je vous vois, plus je vous aime - Scorpione - Souvenez-vous-de-moi -

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Botanique :


Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle :


Ses diverses espèces ; lieux qu'il préfère ; légende touchante.

Le myosotis, du grec mus, souris, et ous, otos, oreille, a été ainsi nommé par allusion à la forme de ses feuilles. C'est une charmante petite plante, aux fleurs élégantes, tantôt d'un bleu pâle, tantôt roses ou blanches.

Les deux principales espèces sont : le myosotis des marais, commun dans les prairies et les lieux humides de l'Europe; ses fleurs sont assez grandes, d'un beau bleu, jaune à l'orifice du tube et disposées en grappes; le myosotis des champs, dont les fleurs, très petites, se montrent dès le printemps et se succèdent pendant tout l'été.

Outre ces deux principales espèces, on distingue un très grand nombre de variétés intermédiaires.

On trouve le myosotis dans presque toutes les contrées de l'Europe ; dans les pâturages, les plaines, les marais, sur les montagnes et les collines, dans les champs et les bois.

Le myosotis produit le plus ravissant effet au milieu des gazons verts; on peut en orner les endroits frais et humides des jardins, le bord des ruisseaux et des pièces d'eau. On l'élève également dans des jardinières et des vases pour l'ornement des salons.

On donne à cette délicieuse petite plante les noms les plus gracieux et les plus tendres : Plus je vous vois, plus je vous aime ; Souvenez-vous de moi, et chez les Allemands, où elle est emblématique comme la pensée l'est chez nous, on l'a nommée Ne m'oubliez pas.

« Cette petite fleur, dit M. Aimé Martin, eût été chez les anciens le sujet d'une touchante métamorphose, peut-être moins touchante que la vérité. J'ai entendu raconter en Allemagne que deux jeunes fiancés à la veille de s'unir se promenaient sur les bords du Danube ; une fleur, d'un bleu céleste, se balance sur les vagues, qui semblent prêtes à l'entraîner ; la jeune fille admire son éclat, et plaint sa destinée : aussitôt le fiancé se précipite, saisit la tige fleurie, et tombe dans les flots.

« On dit que par un dernier effort il jeta cette fleur sur le, rivage, et qu'au moment de disparaître pour jamais il s'écriait encore : Aimez-moi, ne m'oubliez pas.

 

Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), ouvrage illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :


Myosotis : Ca ne s'oublie pas !


Ces petites fleurs bleu et jaune sont sans prétention. Elles peuplent indifféremment les berges, les forêts, les prairies ou les jardins, où elles bleuissent tranquillement les parterres. En grandes stratèges, les myosotis sont les rois de la communication visuelle, misant tout sur leurs couleurs contrastées pour attirer ou repousser les polinisateurs. Abeilles bourdons et mouches ou d'autres diptères sont des habitués et viennent se régaler de nectar, ou prendre un petit peu de pollen des cinq paquets qui sont collés à la base des cinq pétales soudés de la corolle. Au centre de cet anneau de pollen se situe un petit trou, par où les pollinisateurs vont puiser le nectar, mais aussi déposer le pollen qui entrera en contact avec le pistil. Le cercle de pollen bien jaune, est comme une cible, il faut alors que l'insecte mette en plein dans le mille pour l'atteindre, et trouver le nectar.

Attention, ça ne peut pas fonctionner à chaque fois : le nectar n'est produit que lorsque la fleur est mature mais pas encore fécondée. En effet, il n'est pas dans l'intérêt du myosotis de produire du nectar lis qu'il n'en fait, alors que le pistil ou les étamines ne sont pas encore matures. Et lorsque la fécondation s'est déjà produite, nul besoin d'avoir affaire aux abeilles. Pour les pollinisateurs il n'y a pas grand intérêt à aller fouiller une fleur trop jeune, ou une fleur déjà pollinisée.


Stratagème : Alors le myosotis, ce peintre impressionniste des jardins, mis en place un code. Un code visuel efficace, usant de ses meilleures couleurs. Une fleur qui est mature et donc qui produit du nectar est bleue, avec en son centre le pollen jaune. En revanche, un fleur trop jeune, qui ne produit pas encore de nectar, possède des pétales roses, avec du pollen déjà jaune. Le virage de couleur du rose au bleu serait dû au pH des pétales : les jeunes fleurs ont des pétales plutôt acides (rosés) alors que les pétales matures sont plus basiques (bleus). Lorsque la fleur est en phase de déclin, dépossédée de son pollen et ne produisant plus de nectar, parce qu'elle a été fécondée, ses pétales sont encore bleus, mais la collerette de pollen est devenue plus pâle, tirant vers le blanc.

Ainsi les pollinisateurs n'ont qu'à bien regarder, et à retenir le code couleur : simple, mais efficace ! Lorsque l'on s'approche d'un parterre de myosotis, en observant bien, on s'aperçoit que cela fonctionne : les fleurs principalement visitées sont bleues avec une collerette bien jaune ! Les abeilles et les bourdons sont capables, en effet, d'apprendre à associer une forme, une couleur ou encore une odeur à une récompense de manière très rapide et de garder cet apprentissage sur le temps long jusqu'à ce que toutes les fleurs de myosotis aient passé un coup de blanc sur leur collerette. Rester fidèles à une espèce de fleur tout le temps de sa floraison fait parti de la capacité cognitive de nombreux polinisateurs. C'est ce que l'on appelle la constance florale.

Maos alors, on peut se demander pourquoi le myosotis garde des fleurs fécondées en place aussi longtemps. La publicité, les amis, la publicité ! Se rendre visible à tout pris, du plus loin possible ! En effet, dans la compétition pour attirer les insectes vers son espèce, plus on en fait, mieux c'est ! Une masse de fleurs attirera plus l'œil complexe d'un hyménoptère qu'une ou deux fleurs isolées. Les hyménoptères ont une très bonne vision de la couleur, avec une acuité particulière pour le bleu et le rose, qui leur permet de bien distinguer ces deux couleurs qui pourraient paraître très proches à l'œil humain. Cependant, à plus de cinquante centimètres d'un ensemble de fleurs, ils sont bien incapables de faire la distinction. Ainsi, il y a deux signaux visuels qui entrent en jeu chez le myosotis : de loin il faut attirer les insectes, donc toutes les fleurs comptent, et de toute façon l'abeille ou le bourdon sont bien incapables de distinguer la bonne fleur de la mauvaise à cette distance ; donc ils vont se rapprocher. De près, les fleurs au cœur blanc ne sont plus utiles, car seules les fleurs bleues à la collerette jaune sont visitées ; et le tour est joué !

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur :


Automne - Septembre

MYOSOTIS - SOUVENEZ-VOUS DE MOI ; NE M'OUBLIEZ PAS.

Je n'ai vu nulle part le myosotis palustris aussi beau et en aussi grande abondance, que sur les bords d’un ruisseau aux environs de Luxembourg. Les villageois appellent ce ruisseau le bain des fées ou la cascade du chêne enchanté ; ces deux noms lui viennent sans doute de la beauté de sa source, qui s'échappe, en murmurant, du pied d'un chêne aussi vieux que le monde. Les eaux de ce ruisseau bondissent d'abord de cascades en cascades sous une longue voûte de verdure, qu'elles n'abandonnent que pour couler lentement dans une vaste prairie : là, elles apparaissent à l'œil enchanté comme un long filet d'argent. La rive la plus exposée au midi est seule couverte d'une épaisse bordure de myosotis ; les jolies fleurs de cette plante brillent, au mois de juillet, d'un bleu semblable à celui du ciel ; elles se penchent alors comme si elles prenaient plaisir à se mirer dans le cristal de cette eau, dont rien n'égale la pureté. Souvent les jeunes filles descendent des remparts de la ville, et viennent aux jours de fêtes danser sur les bords de ce ruisseau. En les voyant couronnées des fleurs qu'il arrose, on les prendrait pour autant de nymphes qui célèbrent des jeux en l'honneur de la naïade du chêne enchanté. L'auteur des Lettres à Sophie dit avec raison que le myosotis eût été chez les anciens le sujet d'une touchante métamorphose, peut-être moins touchante que la vérité. J'ai entendu raconter en Allemagne, ajoute-t-il, que dans les temps anciens, deux jeunes amants : « à la veille de s'unir, se promenaient sur les bords du Danube ; une fleur d'un bleu céleste se balance sur les vagues, qui semblent prêtes à l'entrainer ; la jeune fille admire son éclat et plaint sa destinée. » Aussitôt l'amant se précipite, saisit la tige fleurie, et tombe englouti dans les flots. On dit que, par un dernier effort, il jeta cette fleur sur le rivage, et qu'au moment de disparaitre pour jamais, il s'écriait encore : « Aimez-moi , ne m'oubliez pas ! »

Pour exprimer l'amour, ces fleurs semblent éclore ;

Leur langage est un mot, mais il est plein d'appas :

Dans la main des amants elles disent encore : Aimez-moi, ne m'oubliez pas.

Lettres à Sophie, tome 1


ARGENTINE - NAÏVETÉ.

C'est le Myosotis des jardiniers, rien n'est plus doux et plus naïf que la blancheur de cette jolie petite plante ; on en fait des bordures d'un charmant effet et qui contrastent admirablement avec la verdure des gazons que souvent elles environnent.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Myosotis - Souvenez-vous de moi, ou Ne m’oubliez pas.

Deux amants se promenaient sur le bord d’un fleuve bordé de myosotis. La jeune tille vit une de ces fleurs entraînée par le courant et témoigna le désir de l’avoir. Le jeune homme se penche pour l’atteindre et tombe dans le fleuve. Avant de disparaître pour jamais aux yeux de son amante, il lui montre le myosotis qu’il avait pu saisir, en lui disant : Souvenez-vous de moi.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


MYOSOTIS – SOUVENEZ-VOUS DE MOI.

Souvenez-vous Seigneur de votre bonté, souvenez-vous de vos miséricordes qui sont éternelles. Ne vous souvenez point de mes fautes, de ma jeunesse et de mon ignorance. Souvenez-vous de moi dans votre miséricorde, souvenez-vous en Seigneur à cause de votre bonté.

Psaumes : XXIV, 6-8.

Souvenez-vous de moi ou bien encore, ne m'oubliez pas, aimez-moi comme je vous aime, tels sont les noms donnés à une jolie petite plante vivace qui croît sur le bord des eaux et dans les marais La tige haute de trente centimètres environ porte d'avril en août des fleurs petites, bien ouvertes, d'un bleu céleste, fort jolies, et un épi roulé en crosse à leur extrémité. Ce sont les Allemands qui ont donné de pareils noms à cette charmante petite miniature. On raconte que deux fiancés qui devaient être mariés le lendemain, se promenaient au coucher du soleil sur les bords du Danube ; la fiancée aperçut une touffe de Wergis mein-nicht, elle désira l'avoir pour fixer, en la conservant, le souvenir de cette belle soirée ; le fiancé en voulant la cueillir tomba dans le fleuve, et sentant ses forces l'abandonner, oppressé, étouffé par l'eau, il rejeta sur le rivage la touffe de fleurs qu'il avait arrachée en voulant se retenir, puis il disparut sous les flots pour toujours ; et on avait traduit cet adieu par ces mots, qui sont restés le nom de la fleur Wil giss-mein-nicht, ne m'oubliez pas.

On peut se servir des différentes espèces de myosotis pour orner les endroits frais et humides des jardins, ainsi que les bords des pièces d'eau et de ruisseau ; elles produisent un effet très agréable au milieu de la verdure des gazons.

RÉFLEXION.

Le mérite d'une action augmente souvent par les circonstances et par les motifs de celui qui la fait ; c'est ce qui est cause que celui qui donne peu, donne quelquefois plus que celui qui donne beaucoup.

(FLÉCHIER, Réflexions sur les caractères).

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


MYOSOTIS - NE M'OUBLIEZ PAS.

Qui ne connait celle jolie petite fleur bleue, à étoile jaune ? Rien n'est plus frais, ni plus délicat, ni plus coquet. Elle croît sur le bord de l'eau. On rapporte à son sujet, une tradition touchante, à laquelle elle devrait son nom allemand, Vergies mein nicht. Deux amoureux se promenaient sur les bords escarpés d'un torrent ; ils parlaient du ciel et de la terre, du présent et du passé ; ils faisaient de doux projets pour l'avenir, ils avaient la joie dans le cœur : tout à coup une fleur de myosotis leur apparait ... la pauvre fleur va être entraînée par le torrent ; la jeune fille le fait remarquer à son amant, et celui-ci, n'écoutant que son amour, à se précipite aussitôt dans les flots ... Mais, hélas ! le torrent devait être plus fort que lui ; c'est en vain qu'il lutte contre la force du courant, les flots écument et l'entraînent lui-même ... Cependant, avant de disparaitre pour jamais, ajoute la légende, il eut encore le courage de tendre à sa fiancée la fleur qu'il vient de saisir , et de prononcer ces mots, Ne m'oubliez pas !

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Myosotis - Ne m'oubliez pas.

Au bord d'un fleuve bordé de petites fleurs bleues, deux jeunes amants se promenaient en devisant tendre ment. L'attention de la jeune fille fut distraite par une branche de ces jolies fleurs, qui était entrainée par le courant. Son amant veut la saisir au passage et la lui offrir ; mais le pied lui manque et il tombe dans le fleuve. Avant de disparaitre pour jamais aux yeux de la jeune fille, il lui montre la fleur qu'il avait pu saisir en lui disant : Ne m'oubliez pas.

Fleur naine et bleue, et triste, où se cache un emblème,

Où l'absence a souvent retrouvé le mot j'aime,

Où l'aile d’un phalène a déteint ses couleurs,

Toi qu'on devrait nommer le colibri des fleurs,

Traduis-moi ! porte au loin ce que je n'ose écrire,

Console un malheureux, comme eût fait un sourire ;

Enlevée au ruisseau qui délasse mes pas

Dis à mon cher absent qu'on ne l'oubliera pas.

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Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :

MYOSOTiS : Souvenez-vous de moi.


Pour exprimer l'amour, ces fleurs semblent éclore !

Leur langage est un mot, mais il est plein d'appas !

Dans la main des amants elles disent encore :

Aimez-moi, ne m'oubliez pas ! Aimé MARTIN.


Sur mon front, — comme Marguerite, —

Je porte mon secret écrit ;

J'aime les étangs, et j'habite

Partout où l'eau se creuse un lit.


Ma fleur d'un bleu pâle, s'agite

Au moindre vent, au moindre bruit ;

Ma coupe d'or est si petite

Qu'une larme d'oiseau l'emplit.


Je n'ai ni parfum ni richesse,

Et, si près de moi l'on s'empresse,

Si l'on m'interroge tout bas,

C'est que ma corolle inquiète,

En songeant aux absents, répète

Ces trois mots : ne m'oubliez pas ! A. SPINELLI.

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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi le Myosotis :


Mot clef : Amour véritable.

Tout près du lac filtre une source,

Entre deux pierres, dans un coin :

Allègrement l'eau prend sa course

Comme pour s'en aller bien loin.


Elle murmure : Oh ! Quelle joie !

Sous la terre il faisait si noir !

Maintenant ma rive verdoie,

Le ciel se mire à mon miroir.


Les myosotis aux fleurs bleues

Me disent : Ne m'oubliez pas !

Les libellules de leurs queues

M'égratignent dans leurs ébats.

Théophile Gauthier (1811-1872),"La Source".


Cette fleur, appelée parfois Ne-m'oubliez-pas, est associée à a mémoire de l'être aimé et à l'amour véritable. Selon une vieille légende allemande, un preux chevalier se promenait avec sa belle au bord d'une rivière : celle-ci, apercevant de timides fleurs bleues sur la berge, lui demanda de lui en cueillir. En formant son bouquet, le beau jeune homme glissa et tomba à l'eau ; sa lourde armure l'empêchant de nager, il fut emporté par le courant, mais, avant de sombrer, il eut le temps de jeter son bouquet azuré vers sa bien-aimée en lui criant : « Vergiss mein nicht » (ne m'oubliez pas). Désespérée, la belle conserva sa mémoire en son cœur et choisit ses dernières paroles pour baptiser la fleur.

Le nom du Myosotis vient du grec μυοσωτίς / myosōtís [μῦς, μυός / mys, myós, « rat, souris » et οὖς, ωτός / oûs, ōtós, « oreille »] et signifie « oreille de souris » ; il évoque la forme oblongue des feuilles.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Cette plante, emblème du souvenir et sorte de gage de fidélité lorsqu'on l'offre ou la reçoit, d'ailleurs couramment appelée "ne m'oubliez pas", peut être utilisée pour se faire aimer de quelqu'un. On en placera une branche, sans être vu, sous le livre des Évangiles le temps d'une masse.

Un autre procédé pour inspirer l'amour d'un homme, en usage dans la Vienne, recommande qu'une jeune fille réglée enjambe un pied de cette plante jusqu'à ce que celle-ci reçoive une goutte de son sang menstruel. Attention cependant de ne pas piétiner distraitement un myosotis car, dans l'Ain, cela fait oublier des êtres chers.

Dans la région du Luxembourg, cueillir un bouquet de cette plante dans un lieu appelé "bains de fées" ou "Cascade du chêne enchanté", (bien connu, dit-on, des Luxembourgeois) promet de susciter l'amour toute son existence.

Pour savoir si l'on est aimé, il faut mettre du myosotis dans un vase contenant de l'eau et du sel. Si la fleur demeure fraîche et belle, il n'y a pas de souci à se faire mais si elle se flétrit, le doute est permis.

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Selon Des Mots et des fleurs, Secrets du langage des fleurs de Zeineb Bauer (Éditions Flammarion, 2000) :


"Mot-clef : Le souvenir ; La fidélité.


Savez-vous ? : Le nom de ces délicates fleurs leur vient de la forme de leurs feuilles velues et pointues comme le sont les oreilles d'une souris. Fleurs très anciennes, elles figuraient déjà sur les murs des villas romaines. Fleur très présente en Allemagne et en Autriche, elle pousse partout et fait l'objet de beaucoup de soins de la part de nos voisins d'outre-Rhin.


Usages : C'est sans doute parce qu'elle est légèrement soporifique que les Anciens appelaient le myosotis "l'herbe de l'amour" et la prenaient en tisane avant de se coucher.


Légende : Une légende germanique raconte qu'un jeune homme périt noyé dans le Danube alors qu'il tentait de cueillir une branche de myosotis pour sa belle. Il fut englouti par les eaux non sans avoir crié auparavant "ne m'oubliez pas". Depuis, le Danube est devenu bleu comme le myosotis.


Message : Ne m'oubliez pas."

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D'après Nicole Parrot, auteure de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) : le myosotis supplie : "Ne m'oubliez pas".


Les plus ignorants du langage des fleurs connaissent la supplique de la petite fleur bleue. Elle est si désarmante qu'elle donne une certaine importance au geste de la personne qui l'offre, seule ou en bouquet.

Son destinataire appréciera la recommandation qui implique beaucoup de modestie et de simplicité. A moins qu'il ne s'agisse de lucidité. Elle se complète d'ailleurs par une vaillante promesse de fidélité éternelle. Car ce "ne m'oubliez pas" s'accompagne de ces serments : "moi, je ne vous oublierai jamais", et, "je garderai toujours le souvenir de nos premiers émois". Il est sympathique, décidément, le myosotis et, avec lui, ceux qui l'offrent. Et qui aiment, comme Balzac dans Le Lis dans la vallée : "Les bleuets, les myosotis, toutes les fleurs bleues dont les nuances, prises dans le ciel se marient si bien avec le blanc".

Cette fleur très ancienne, peinte sur les murs des villas de Pompéi, doit sans doute son nom aux petits poils de ses feuilles : il signifie en grec "oreille de souris". Quant à son célèbre message, il lui vient d'une légende allemande. Un jeune homme à qui sa fiancée avait demandé de repêcher son bouquet tombé dans les eaux tumultueuses du Rhin, s'approcha tout au bord de la rive, réussit à le saisir, le lui lança. Et tomba à l'eau. Il cria : "ne m'oubliez pas !". Puis disparut dans les flots. Parions qu'elle n'était pas près de l'oublier."


Mot-clef : "Ne m'oubliez pas"

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle du Myosotis :


Nom botanique : Myosotis spp.

Propriétés énergétiques : Règle les problèmes liés à des vies antérieures ; guérit les traumatismes et relie aux étoiles et aux autres planètes.

Archanges correspondants : Raziel.


Chakras correspondants : chakra du troisième œil - chakra coronal.


Propriétés curatives : Les myosotis vous aident à vous souvenir de vos vies antérieures, lesquelles peuvent vous donner des indices sur votre mode de vie actuel. Elles vous renseignent sur vos schémas relationnels et professionnels, vous entraînant souvent vers un cheminement d'une grande profondeur. N'acceptez que les leçons et l'amour qui vous viennent du passé et libérez-vous du reste, notamment de votre culpabilité et des autres émotions qui vous nuisent. Ainsi, vous serez en mesure d'accueillir votre avenir. Soyez doux envers vous-même pendant cette période de guérison. Permettez la libération des problèmes du passé dans le meilleur intérêt de chacun.

Le myosotis est relié aux étoiles et aux autres planètes. Les personnes qui s'intéressent aux êtres célestes bénéficieront de la présence de cette fleur qui leur permettra de mieux communiquer avec eux.


Message du Myosotis : « Les situations que vous vivez sont influencées par les problèmes encore non résolus de votre passé. Restez avec moi le temps de faire un voyage dans vos vies antérieures Nous déterminerons ainsi à quel moment vos schémas dysfonctionnels ont véritablement pris naissance.

Quand vous retournez dans le passé, vous gardez en mémoire cette vie actuelle et le pouvoir que vous possédez désormais. Découvrez l'origine de vos problèmes et revenez dans le présent avec les leçons que vous aurez apprises afin de procéder à une guérison complète. Le but de ce voyage n'est pas de vous juger. Libérez-vous de votre culpabilité, et tirez la leçon des situations passées pour éviter qu'elles ne se reproduisent. Mettons un point final à ces schémas négatifs. »

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Contes et légendes :


Dans la collection de contes et légendes du monde entier collectés par les éditions Gründ, il y a un volume consacré exclusivement aux fleurs qui s'intitule en français Les plus belles légendes de fleurs (1992 tant pour l'édition originale que pour l'édition française). Le texte original est de Vratislav St'ovicek et l'adaptation française de Dagmar Doppia. L'ouvrage est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire ; le Myosotis raconte la sienne dans un conte venu de la Slovaquie et intitulé "La jeune fille à la chevelure bleue" :



 

Galina Kabakova, autrice de D'un conte l'autre. (© Flies France, 2018) étudie les contes d'origine qui mettent les plantes à l'honneur :


Comme tous les éléments de la nature, les plantes reçoivent leurs noms du démiurge. Et le myosotis se rappelle au bon souvenir de Dieu qui l’avait oublié lors de la distribution des noms ou se plaint d’avoir oublié le sien. C’est l’explication de son nom roumain nu-mă-uita (ne m’oublie pas) (1) (Brill 2005 : 209-210).


Note : 1) Chez les Flamands, il s’agit d’une fleur qui pousse sur un trésor, l’homme continue à en chercher en vain, mais il entend une voix : « Ne m’oubliez pas ! ne m’oubliez pas ! » (Vergeet-mij-nietje). C’est l’origine du nom de la fleur (Van den Berg 2000 : n° 182)

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Littérature :


Le Myosotis


Ayant perdu toute mémoire

Un myosotis s’ennuyait

Voulait-il conter une histoire ?

Dès le début, il l’oubliait.

Pas de passé, pas d’avenir,

Myosotis sans souvenir.


Robert Desnos, "Le Myosotis" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.

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