Étymologie :
HORTENSIA, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1789 bot. hortense (Encyclop. méthod. Bot. t. 3, p. 136) ; 1796 hortensia (Encyclop. méthod. Agric. t. 4, p. 689) ; 1813 « qui est de la couleur de l'hortensia » la robe de couleur hortensia (Jouy, Hermite, t. 4, p. 316) ; d'où 1920 adj. inv. en jupe hortensia (Proust, Guermantes 1, p. 177). Lat. sc. mod. hortensia, créé par le botaniste Commerson [1723-73] qui, d'après Jussieu, article hortensia du Dict. des Sc. nat., t. 21, avait d'abord donné à cette plante le nom de peautia caelestina en mémoire de Mme Nicole Reine Lepeaute, mathématicienne célèbre [✝ 1788], puis lui avait substitué celui de hortensia tiré probablement de flos hortorum « fleur des jardins » parce qu'elle était cultivée dans tous les jardins de Chine et du Japon. Jussieu a conservé hortensia ds Genera Plantarum [1789], p. 241 qui serait donc à interpréter comme le fém. de l'adj. lat. hortensius « de jardin ».
Lire aussi la définition du nom "hortensia" pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Hydrangea - Hortense du Japon - Hydrangelle des jardins - Rose du Japon -
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Botanique :
Didier Van Cauwelaert, dans un ouvrage intitulé Les Émotions cachées des plantes (Éditions Plon, 2018) nous rappelle un cas de jurisprudence du aux hortensias :
Lorsque trente ans plus tard, je devins ami avec mon initiateur végétal de Télé Monte-Carlo, Jean-Marie Pelt m'apprit qu'une jurisprudence américaine avait établi que les plantes n'oublient jamais un agresseur. L'état d'alerte qu'elles éprouvent ensuite à son approche est mesurable par des oscillographes. Ainsi la réaction électromagnétique enregistrée sur des hortensias avait-elle permis de confondre un assassin, dans l'État du Wisconsin.
Le crime ayant été commis à l'intérieur d'une serre en l'absence de tout témoin, mais au terme d'une bagarre ayant endommagé les hortensias, un expert suggéra de faire comparaître les différents suspects devant les victimes collatérales. L'émotion manifestée par les plantes, à l'entrée de leur agresseur, déclencha un pic sur l'écran de l'oscillographe auquel elles étaient reliées par des électrodes. Et leur témoignage fut déclaré recevable devant le tribunal, suite aux aveux spontanés que cette émotion végétale avait provoqués chez le meurtrier.
Émotion... le terme est-il approprié ? [...] Aussi incroyable que cela puisse paraître, les plantes sont capables d'éprouver et de mettre en pratique, nous le verrons, toute la gamme des émotions ainsi définies : la peur, l'humiliation, la gratitude, l'imagination créatrice, la ruse, la séduction, la jalousie, le principe de précaution, la compassion, la solidarité, le sens de l'anticipation... Et comme on l'a récemment montré, elles savent aussi, par les moyens les plus extraordinaires comme les plus simples, transmettre ce qu'elles ressentent.
Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :
Hydrangea : C'est ici que ça se passe
Les hydrangeas et les hortensias désignent différentes espèces venant d'Asie ou du continent nord-américain. Ces arbustes aux feuilles vert sombre et aux inflorescences de petites fleurs insignifiantes entourées de huit à dix petites fleurs roses, mauves ou bleues, se sont adaptés à toutes les régions tempérées, au point de devenir les stars des jardins bretons ou du sud de l'Angleterre.
Les hydrangeas ont deux types de fleurs, les petites à petits pétales, sans intérêt, et les fleurs à pétales aux couleurs vives situées en périphérie de l'inflorescence. Tandis que les hortensias forment des inflorescences en boule, uniquement constituées de ces fleurs à pétales aux couleurs vives, qui sont en périphérie sur les hydrangeas.
Nous allons ici nous intéresser à la pollinisation surprenante des fleurs d'hydrangea et laisser, pour un temps, les hortensias. Considérons les petites fleurs du centre, nombreuses mais insignifiantes. En regardant de plus près, on y trouve tout l'arsenal sexuel : des étamines qui portent le pollen, autour d'un pistil. On y retrouve aussi des nectaires, qui délivrent le nectar et attirent toutes sortes de pollinisateurs.
Les fleurs en périphérie, maintenant : elles en jettent. On les voit de loin, avec leurs quatre pétales aux couleurs criardes. Mais ici, point de pollen, point de style et point de nectar. Ces fleurs sont stériles.
Le stratagème : Alors quelle est l'utilité pour la plante de produire des fleurs qui ne portent pas de parties sexuelles ? Mettons-nous à la place d'une abeille cherchant de la nourriture. Les fleurs stériles roses se découpent sur le vert sombre des feuilles de l'hydrangea. L'abeille, de ses yeux composés, distingue l'inflorescence et se rapproche dare-dare de la source de nourriture. Passé les fleurs stériles qui n'offrent rien, l'abeille va se régaler sur les petites fleurs du centre de la boule. Après s'être rassasiée de nectar, avoir stocké un peu de pollen sur ses pattes et, sans s'en rendre compte, s'être fait poudrer le corps de pollen, l'insecte repart, trouve d'autres fleurs stériles, sur un autre hydrangea, celles-ci la mènent jusqu'à d'autres fleurs centrales. L'abeille continue à récolter du nectar, non seulement pour elle, mais aussi pour les larves ; et, circulant de fleurs en fleurs, elle dépose de précieux grains de pollen sur les stigmates de ces nouvelles fleurs, et ainsi, assure la fécondation de l'hydrangea.
Mais l'ingéniosité de l'hydrangea ne s'arrête pas là ! Les fleurs stériles, alors qu'elles indiquent la direction à prendre pour se goinfrer de nectar, peuvent aussi indiquer tout le contraire. Ces fleurs stériles peuvent également dire aux abeilles : circulez, il n'y a rien à voir, la boutique est fermée. Lorsque toutes les fleurs fertiles au centre ont été pollinisées, elles cessent de produire du nectar et ne sont plus réceptives au pollen. Nul besoin de les viser. La pollinisation donne le signal aux fleurs stériles de cesser d'attirer les polinisateurs : auparavant fièrement étalées, grandes ouvertes et dressées vers le ciel, les fleurs stériles, très soudainement, retombent, tête baissée et couleurs ternies. C'est le signal. il n'y a plus rien à manger et nul besoin de venir se poser par ici.
Alors, que se passe-t-il chez l'hortensia qui, de prime abord n'est constitué que de fleurs stériles ! Eh bien ces espèces cultivées ne pratiquent quasiment pas la fécondation. C'est généralement par multiplication végétative, lorsque l'on diviser un arbuste qui possède plusieurs tiges, que l'on peut avoir de nouveaux pieds. Ces fleurs stériles, ne donnent ni fruits ni graines, leurs pétales aux couleurs vives s'estompent, doucement, mais restent en place. Très rarement cependant, il y a quelques fleurs fertiles, permettant un certain brassage génétique dans la population. N'en déplaise aux pollinisateurs, les hortensia font de très intéressantes boules de fleurs séchées.
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'hortensia :
HORTENSIA - VOUS ÊTES FROIDE.
Nous ne possédons l'Hortensia que depuis peu d'années. Quoique ses corymbes de fleurs soient alternativement revêtus de blanc, de pourpre et de violet, que son ensemble ait de l'éclat et qu'elle se plaise dans l'appartement, on se lasse vite de sa froide beauté, image d'une coquette, qui sans grâce et sans esprit voudrait plaire uniquement par sa toilette.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Hortensia - Coquette prodigue.
L’hortensia se dépense tout en fleurs inodores qui passent très vite. Il craint le soleil et recherche l’ombre. La coquette n’a d’autre soin non plus que celui de sa parure et n’aime que le demi-jour du boudoir.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
HORTENSIA - INSOUCIANCE.
Sans vigilance les richesses dureront-elles toujours et la couronne passera-t-elle d'une génération à une autre génération ? Par la vigilance les prés se pareront de verdure, les fleurs brilleront des couleurs les plus vives , et les montagnes se revêtiront d'abondants pâturages.
- Proverbes, XXVII , 24, 25.
Les Chinois et les Japonais chez lesquels nous avons été chercher cette plante vers 1795, en apprécient comme nous la grâce et l'éclat ; souvent les peintures qui nous viennent de ces contrées nous montrent l'hortensia uni, dans d'élégants bosquets, au camélia et aux autres fleurs les plus recherchées par la fashion du pays. Ses feuilles sont grandes et dentelées ; ses fleurs agglomérées comme celles de la boule de neige, mais en tête beaucoup plus grosse, sont d'un rouge purpurin passant au violâtre, rarement bleues et plus rarement encore d'un rouge vif ; elles paraissent de juin en novembre. Toute la beauté de cette plante n'a pu la mettre à l'abri de l'inconstance. Après avoir fait l'ornement des plus jolis parterres, après avoir été la plante à la mode, elle s'est vue tout à coup délaissée.
RÉFLEXION.
L'indifférence est une qualité assez équivoque et n'est souvent pas moins l'effet de la stupidité que de la force de l'esprit.
(OXENSTIERN.)
Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :
HORTENSIA - FROIDEUR.
Cet arbrisseau porte des fleurs d'un rose tendre, qui naissent à l'extrémité des rameaux en boules, en corymbes touffus. On croit que son nom lui vient de la reine Hortense, à laquelle il aurait été dédié.
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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Hortensia - Réputation déchue ou Gloire oubliée.
Découverte au Japon par Commerson, cette plante, aujourd'hui si commune, fut rapportée vivante dans le jardin de Kew, en Angleterre, en 1790. Elle reçut le nom d'hydrangée qui veut dire « qui se plaît dans un vase d'eau », et se vendait au poids de l'or ; maintenant elle est à vil prix. L'on croit à tort qu'elle fut cultivée d'abord à la Malmaison et qu'elle y reçut le nom de la reine Hortense ; il n'en est rien. Comme cette plante faisait alors l'ornement des jardins, on l'appela hydrangea hortensis, c'est-à-dire hydrangée des jardins. Commerson en fit ensuite le genre Lepautia, dédié à son ami le célèbre horloger Lepaute, et comme la femme de celui-ci s'appelait Hortense, il y ajouta le nom de hortensia qui a prévalu sur la désignation scientifique.
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Hortensia (Hydrangea arborescens) a les caractéristiques suivantes :
Pouvoir : Désensorcellements.
Utilisation magique : Pour vous désensorceler, prenez de l'écorce d'Hortensia, portez-la sur vous, répandez-la autour de la maison, ou brûlez-la.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
De l'écorce d'hortensia, portée sur soi, répandue dans la maison ou brûlée vient à bout d'un ensorcellement.
Selon une croyance belge, introduire un hortensia dans son domicile porte malheur. Avant d'offrir un hortensia à une femme, sachez que, dans le langage des plantes, il signifie "Vous êtes froide".
Selon Des Mots et des fleurs, Secrets du langage des fleurs de Zeineb Bauer (Éditions Flammarion, 2000) :
" Mot-clef : Le Changement ; La Vanité.
Savez-vous ? : C'est le botaniste Joseph Commerson, travaillant pour Bougainville, qui implanta cette espèce en France au XVIe siècle et la dédia à une certaine Hortense Lapaute. Les Hortense sont fêtées le 11 janvier. Les hortensias bleus n'existent pas dans la nature. Leur couleur est obtenue grâce au sulfate d'alumine ou à la poudre d'ardoises pilées ajoutée à l'eau d'arrosage. Il existe un hortensia grimpant, le "petiolaris " qui croît tel un lierre, soit sur un mur, soit sur le tronc d'un arbre. Il fait d'abondants boutons blancs d'une rare beauté.
Usages : Cette fleur est souvent offerte pour la fête des mères et celle des grands-mères.
Message : Puis-je me méfier à vous ? "
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D'après Nicole Parrot, auteure de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :
"Pourquoi êtes-vous si froid(e) ?" demande l'hortensia. Verdissant, il ajoute : "laissez-moi espérer". Bleu, il reproche "vos caprices me peinent". Il plaît à ceux et celles qui, le visage impassible, aiment s'exposer aux regards et, parfois, bravent l'opinion. Tout comme le comte Robert de Montesquiou, poète esthète de la Belle Epoque et grand amateur d'hortensias. Cette fleur androgyne est un compagnon idéal pour distraire entre deux amours, elle apporte son lot de méditations et de rêves chimériques. mais attention, elle pousse au repli sur soi.
Arrivé en France à la fin du XVIIIe siècle, l'hortensia, qui, selon la saison, passe du blanc au rosé ou au bleu, nous vient de la belle Amérique du Nord encore sauvage du XVIIIe siècle, mais aussi des forêts humides de Chine et du Japon. L'Impératrice Joséphine de Beauharnais, grande amie des fleurs, découvre cette nouvelle venue et la fait planter dans les jardins de la Malmaison. Une consécration. La grosse boule faite de jolies fleurettes serrées les unes contre les autres est alors nommée hortensia en l'honneur d'Hortense, sa fille d'un premier mariage.
Seconde consécration, elle pousse en buissons touffus dans le jardin de Victor Hugo à Guernesey. Aperçue par-delà les fenêtres elle assortit son bleu aux carreaux de Delft couvrant les murs de la salle à manger. Les impressionnistes en raffolent. Édouard Manet le pose en pot sur son "Balcon" et, en gracieux chapeau, sur la tête de son joli modèle.
Mot-clef : "Entre deux amours".
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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle de l'Hortensia :
Nom botanique : Hydrangea spp.
Variétés communes : Hydrangea macrophylla ; Hydrangea paniculata.
Propriétés énergétiques : Facilite les transformations, aide dans les choix décisifs, lutte contre la procrastination et supprime les énergies négatives.
Archanges correspondants : Jérémiel et Sandalphon.
Chakras correspondants : chakra racine ; chakra sacré ; chakra du plexus solaire.
Propriétés curatives : Les hortensias ont la particularité de changer de couleur en fonction de l'environnement dans lequel ils poussent et du pH du sol Par conséquent, de nombreuses personnes sont troublées lorsqu'elles veulent acheter cette fleur. En effet, il est possible d'acquérir un hortensia aux pétales roses chez le fleuriste et de le voir devenir bleu un an après l'avoir planté dans son jardin, ce qui peut paraître étrange ! A l'image de ses pétales qui peuvent changer de couleurs, l'hortensia dégage une énergie qui vous permet de vous transformer. Il peut s'avérer d'une grande utilité si vous devez faire des choix décisifs. Cette fleur vous poussera dans la bonne direction.
Message de l'Hortensia : « Je favorise les transformations en douceur. Je peux vous être d'une aide immense si vous devez prendre des décisions, en particulier celles qui nécessitent une révision complète de votre vie. Ne vous inquiétez pas, car j'œuvrerai auprès de vous pour que ce processus soit facile et progressif ce qui vous permettra d'effectuer cette transition merveilleuse sans difficulté. Je comprends que ces changements puissent sembler trop importants ou éprouvants, mais prenez le temps d'envisager la première étape que vous êtes en mesure de franchir facilement et sereinement. Ne vous concentrez pas sur l'énorme montagne que vous devez gravir, mais plutôt sur les étapes qui vous mèneront à son sommet. Ces formidables changements de vie peuvent se produire au rythme qui vous convient. Je vous aiderai à vous libérer des émotions négatives telles que la peine et la colère, puis à les déposer en un lieu d'amour. »
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Littérature :
L'Hortensia
La belle est au bois dormant,
Hortensia bleu,
Hortensia rouge.
La belle est au bois rêvant,
Hortensia rouge,
Hortensia rouge ou bleu.
La belle est au bois aimant,
Qui l’aime le mieux ?
Robert Desnos, "L'hortensia" in Chantefables et Chantefleurs, 1952
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Patricia Highsmith dans Eaux profondes (Edition originale ; traduction française Editions Calmann-Lévy, 1958) fait de l'hortensia un enjeu de conversation
Vic et Peterson restèrent là à mâcher leurs beignets et à parler des massifs d’hortensias qui étaient en pleine floraison. Peterson dit que les siens étaient de jeunes plants et évidemment, trop jeunes pour fleurir cette année, car ils n’avaient pas encore de fleurs.
« Prenez donc deux pieds des nôtres, dit Vic, nous en avons plus qu’il ne nous en faut. »
Peterson protesta, mais Vic alla chercher dans le garage une bêche et deus sacs de toile, et déterra deux pieds d’hortensias Il y avait quatre massifs disposés au hasard sur la pelouse, et Vic justement détestait les hortensias. Cet après-midi en tout cas, il les avait en horreur. Les gros pompons pastel de leurs fleurs lui semblaient insipides et de mauvais goût. Il offrit les deux pieds, leurs racines enveloppées dans de la toile, à Peterson, en lui recommandant de présenter ses hommages à Mrs Peterson.
« Elle va être ravie, dit Peterson Ca fera rudement bien sur la pelouse. Ne m’oubliez pas auprès de votre femme non plus. Elle est là ?
- Non. Elle est allée faire une visite », répondit Vic.
Peterson hocha la tête sans rien dire.
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Dans Un Grison d'Arcadie (Éditions Denoël, 1999), Pierre Magnan raconte l'histoire de Pierrot, un jeune adolescent de condition misérable qui va vivre une aventure grisante (de son point de vue) avec une bourgeoise qu'il nommera Hortense :
- Viens ! dit-elle. Je vais te montrer pour les hortensias !
Elle m'entraîna à sa suite. Le ciel était noir je me souviens et le vent soufflait avec de longs soupirs mais on savait qu'il ne pleuvrait pas et que ce ciel resterait noir ainsi inutilement jusqu'au soir, serrant dans son deuil de novembre les branches longues des platanes qui s'entrechoquaient.
La plate-bande faisait le tour entier de la maison sur un mètre de large.
- Voilà ! dit-elle. Tu vois, tu coupes à ras. Tu vois ces protubérances ? Ce sont des bourgeons. Tu en laisses deux par branche pas plus et tu coupes au-dessus à un centimètre. Pas plus bas !
Brusquement elle s'était accroupie et sa jupe s'était retirée au-dessus des genoux. La position tendue qu'ils occupaient dans l'espace les faisaient paraître énormes. Penché en avant pour mieux suivre ses explications, j'avais le nez au niveau de son cou et les effluves du N°5 se mélangeaient au ras du sol avec l'odeur de la terre cent fois remuée.
- Je suis la plus forte, dit-elle en se redressant, pour faire des hortensias bleus. Ici, ce n'est pas commode. J'ai un secret ! ajouta-t-elle.
Pour la première fois depuis que j'étais là et que je l'avais vue arriver tristement par l'allée, son sourire narquois reparut sur son visage mais il ne dura pas.
- Bien madame ! dis-je.
Je lui pris le sécateur des mains et, comme elle m'avait montré, je me mis à sectionner les inflorescences en prenant bien soin de laisser deux yeux par tige.
- Tu apprends vite, dit-elle.
Je dis : - Tant que c'est facile !
Elle me recommanda : - Tu poseras le sécateur sur l'appui de la véranda.
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