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La Chélidoine

Dernière mise à jour : 5 oct.



Étymologie :


  • CHÉLIDOINE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1er quart du xiie s. celidoine minér. (1re trad. fr. du Lapidaire de Marbode ds Studer, Evans, Anglo-norman Lapidaries, p. 43) ; 1575 chelidoine (Belleforest, Cosmogr. de Munster, t. II ds Gdf. Compl.) ; 2. ca 1268 bot. celidoine (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille, p. 217) ; 1538 chelidoine (Est.). Empr. au lat. chelidonia (gemma ou herba) littéralement « pierre (ou) plante de l'hirondelle » parce que les Anciens croyaient que la pierre se trouvait dans le ventre de l'hirondelle et qu'avec la plante cet oiseau soignait ses petits, s'ils étaient aveugles (Pline ds TLL s.v., 1004, 45 et 68), lui-même empr. au gr. χ ε λ ι δ ο ́ ν ι ο ν dér. de χ ε λ ι δ ω ́ ν « hirondelle ».


Lire également la définition de la chélidoine pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Chelidonium majus - Arondelière - Célydoine - Chierlande - Coco jaune - Éclaire - Félougène - Felougne - Grande Claire - Grande éclaire - Herbe à Florence - Herbe à l'éclaire - Herbe à verrues - Herbe aux boucs - Herbe aux hirondelles - Herbe aux poireaux - Herbe aux verrues - Herbe de l'hirondelle - Herbe d'hirondelle - Herbe dentaire - Herbe de Sainte-Claire - Herbe oculaire - Jagouasse - Saleugne - Sélogne - Solagne - Sologne -

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Botanique :

D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :


"La grande éclaire est une plante au feuillage mou d'un vert presque gris, qui aime bien l'ombre. Elle pousse en touffes, adossées aux murs des maisons. Ses petites fleurs jaunes en forme de croix se transforment en de fines gousses appelées siliques. Sa tige velue est très fragile : elle saigne quand on la casse et laisse s'écouler un latex orange très toxique, à l'odeur désagréable. Vers la racine, le latex est presque rouge sang et devient encore plus foncé en séchant.


Pourquoi fait-elle ça ? La grande éclaire se défend contre les herbivores et les attaques d'insectes en se rendant immangeable grâce au latex qu'elle contient. Il y a dans ce latex une substance paralysante qui bloque la respiration et qui pourrait servir à faire un redoutable poison !


L'ennemie des verrues : Autrefois dans les campagnes, on utilisait ce latex pour faire disparaître les verrues. On cassait une tige de grande éclaire, puis on déposait quelques gouttes de on jus sur les verrues. Il fallait recommencer plusieurs fois par jour, pendant plusieurs semaines, pour qu'elles disparaissent complètement."

[Je confirme que cela marche : c'est ainsi que j'ai fait disparaître la bonne dizaine de verrues que j'avais sur les mains quand j'étais adolescente. C'est long mais elles ne sont jamais revenues...]

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Chélidoine :


Propriétés physiques. La grande chélidoine est naturellement inodore, mais elle exhale une odeur vireuse et désagréable quand on l'écrase ; sa saveur est amère, âcre, persistante, plus forte dans la racine que dans les feuilles. L'odeur se perd par la dessication, mais la saveur persiste. Toute la plante est remplie d'un suc jaune, caustique, qui est amer et excessivement âcre ; Orfila l'a rangé au nombre des poisons irritants.


Analyse. - MM. Chevalier et Lassagne ont trouvé dans la chélidoine une matière résineuse, amère, jaune, une matière gommo-résineuse jaune orangé, amère, nauséabonde, une substance mucilagineuse, de l'albumine et des sels. Thomson assure que le suc contient une petite quantité de gomme-gutte ; Probst y a découvert un acide qu'il a nommé Chélidonique et deux alcalis azotés Chelidonine et Chélérythrine.


Usages Médicaux. - Cette plante agit à la manière des purgatifs âcres, drastiques ; elle possède des propriétés diurétiques, diaphorétiques et expectorantes. A haute dose, elle produit des effets désagréables et quelquefois vénéneux ; Orfila a constaté que le suc tue les chiens à la dose de 60 à 90 grammes ; l'extrait est aussi vénéneux. La racine sèche passait autrefois pour un bon apéritif ; on l'employait dans les obstructions en infusion dans du vin blanc. La chélidoine a été vantée par les anciens (Dioscoride, Galien) dans la jaunisse, probablement par signature à cause de la couleur jaune de son suc ; cependant quelques médecins modernes la prescrivent encore dans cette affection. Elle faisait partie du vieux Decoctum ad ictericos de la Pharmacopée d'Edimbourg. On la prescrit de nos jours dans les engorgements du foie et de la rate (Gilibert, Récamier). Son action purgative l'a fait employer efficacement dans le traitement de l'hydropisie ; elle a été vantée aussi dans les affections lymphatiques et scrofuleuses, dans les fièvres intermittentes (Wagner) et dans les maladies de la peau. On l'a préconisée jadis contre les taies de la cornée d'où son nom d'éclaire. Roques a vanté le suc à la dose d'environ 4 grammes dans 60 à 100 grammes d'eau fraîche ou d'eau distillée de roses comme efficace dans les ophthalmies scrofuleuses. L'herbe fraiche a été appliquée sur le pelvis dans l'aménorrhée et en frictions localement pour faire cesser la douleur des piqûres d'ortie et contre le prurit des brûlures (Grandeliment). Le jus qui est corrosif est un remède populaire contre les cors et les verrues ; on lui a attribué aussi des propriétés antivénériennes ; Cazin l'emploie comme vermifuge.


Formes et doses. - Racine ou herbe sèche, 2 à 4 grammes en pilules, en électuaire. Infusion ou décoction de la racine : des feuilles : 15 à 30 grammes → 10 à 15 grammes par kilogramme ; - Suc, 10 à 40 gouttes. Extérieur. Aq. 25 à 50 centigr. Vin, 15 grammes dans 1 kilogramme de vin. Infusion de la racine et de l'herbe dans de la bière contre l'hydropisie. A l'extérieur, le suc seul ou étendu d'eau comme rubéfiant et stimulant de la peau.

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Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Le suc de la chélidoine, herbe aux verrues, Chelidonium majus, passe pour « éclaircir la vue et ronger la toile qui tombe sur les yeux ». (Bugand). Etant irritante, il est possible qu'elle agisse dans les cas de pannus.

[...]

Nombreux sont les remèdes contres les brûlures : feuilles de [...] et surtout l'herbe aux verrues, Chelidonium majus, dont on emploie toute la plante cuite dans l'eau à l'exception de la racine.

 

D'après Marc Questin, auteur de La Médecine druidique (1990, nouvelle édition inchangée 1997), "Louzaouenn an darvoed, "herbe aux dartres" : c'est la grande chélidoine. On l'appelle aussi ar sklerig, "le petit éclair".


Poussant dans les décombres et sur le bord des chemins, cette plante assez élevée (0.60 m) porte des feuilles profondément découpées, d'un beau vert tendre. Les fleurs, jaunes, sont en forme de croix. La cassure de la tige fait sourdre un liquide âcre et jaune. La plante fraîche est irritante et dangereuse.

La chélidoine est considérée comme un puissant cholérétique, qui quintuplerait le volume de la bile. C'est un stimulant hépatique général qui agit électivement sur le lobe droit du foie. Grâce à ses alcaloïdes voisins de la papavérine et de l'opium, c'est un sédatif de la vésicule et un calmant des douleurs hépatiques. L'extrait a été utilisé contre les tumeurs cancéreuses par un médecin russe, le Dr Denissenko, et le Dr Leclerc trouvait que si la plante ne guérissait pas absolument le cancer, elle exerçait néanmoins un frein momentané sur l'extension du néoplasme. la plante étant toxique et dangereuse, le Dr Leclerc la recommande pour l'usage interne sous forme d'extrait et de teinture pharmaceutique.

Renommée de nos jours pour l'efficacité de son latex jaune contre les verrues, l'"herbe aux yeux" (louzaouen an daoulagad) était censée guérir les ophtalmies. En fait, on a pu se servir du pouvoir analgésique de ses alcaloïdes pour diminuer la douleur oculaire.

Le latex de la chélidoine contient une vingtaine d'alcaloïdes qui sont apparentés à ceux du pavot. ils sont spasmolytiques et sédatifs. La principale de ces substances est précisément la chélidonine.

Les Gaulois nommaient cette papavéracée "thona" et Dioscoride, en son temps, nous en décrivait déjà les effets : "Le suc de cette plante, mêlé à du miel et bouilli dans un récipient de cuivre sur du charbon, donne une vue perçante. On extrait aussi, au début de l'été, de la racine, des feuilles et du fruit, un suc qu'on sèche à l'ombre et qu'on reconstitue ensuite. la racine, bue avec de l'aneth et du vin blanc, guérit les ictériques. Pétrie avec soin, elle fait cesser les dartres, en application locale avec du vin, ainsi que les maux de dents..."

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


La plupart de celle de la première catégorie intéressent plus la pharmacie que le folk-lore, je ne les noterai que lorsqu'elles s'y rattachent par quelque point, lorsque, par exemple, leur vertu tient à ce qu'on peut appeler l'analogisme, c'est-à-dire à l'assimilation, fréquente en matière traditionniste, entre l'aspect de la plante et la maladie à guérir ; telles sont la chélidoine, qui en raison de son suc jaune, est employée contre la jaunisse...

[...] On se sert en plusieurs contrées contre la jaunisse du suc de la-chélidoine ou grande éclaire, qui est d'un beau jaune, en raison de son analogie de couleur, et plusieurs de ses noms vulgaires ou patois font allusion à son pouvoir. Au XVIe siècle une de ces feuilles portée dans ses souliers contre la plante nue des pieds guérissait cette affection.

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Symbolisme :


Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Chélidoine - Lumière - Clarté.

La chélidoine est une plante qui croît le long des routes et sur les murs ; elle renferme un suc jaune et épais dont on se sert pour faire passer les verrues. Autrefois on l'employait dans différents remèdes pour fortifier la vue : de là le nom de grande-éclaire sous lequel elle est connue.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


CHÉLIDOINE, CÉLIDOINE ou ÉCLAIRE, plante très commune dans les mauvaises terres, sa sève est épaisse, jaune, et on lui attribue la propriété de guérir les verrues, symbole : Émotion d'amour.

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Dans Des hommes et des plantes (Éditions Opéra Mundi, 1970), son autobiographie, Maurice Mésségué évoque le savoir ancestral de son père :


Pour lui, la chélidoine était « l'herbe aux hirondelles », celle dont on disait depuis des siècles : « Elle fait pleurer le malade qui va mourir, elle fait chanter le malade qui va guérir. »

- Tu ne peux pas te tromper, si tu la casses, elle pleure de grosses larmes orange et elle est bonne pour tout. C'est ma préférée. La plus belle c'est la rose mais la chélidoine c'est la meilleure.

Et il en mettait dans toutes ses préparations.

[...]

J'allais vivre sans [les plantes], cela n'était pas possible ! Et puis tout a changé : dans un creux du mur j'ai aperçu un pied de chélidoine, pas gros, pas reluisant de santé comme ceux que je connaissais. non, un maigrichon souffreteux comme les arbres qui étaient là. Mais c'était tout de même de la chélidoine, la plante « fée » de mon père.

Personne ne l'a jamais employée comme lui et maintenant comme moi. En usage externe on se sert surtout de son suc sur les verrues, comme anti-ophtalmique et sur les tumeurs scrofuleuses, les ulcères sordides scorbutiques et atoniques. J'en mets absolument dans toutes mes préparations. mon père me disait qu'il avait découvert une des vertus de cette plante en observant un nid d'hirondelles sous le toit de la maison :

- Tu comprends, je voyais la mère qui apportait un brin de chélidoine à son nid. ce n'était pas pour le donner à manger à ses petits, alors pourquoi ?

A force de patience il a fini par comprendre. L'hirondelle tenait dans son bec la plante et la frottait contre la tête d'un petit, toujours le même, celui dont les yeux restaient fermés. Quand ils se sont enfin ouverts, l'hirondelle n'a plus apporté de la chélidoine. Plus tard, j'ai appris que son nom venait du grec Klélidôn : hirondelle. La propriété que mon père avait découverte l'avait été bien avant lui. Cet empirique de génie l'avait retrouvée !

J'entends toujours la voix de mon père : « Tu vois dans la chélidoine tout est utilisable : la feuille, la fleur, la tige, la racine et elle est bonne pour tout. » J'ai observé également que dans une préparation elle devenait une sorte de faire-valoir des autres plantes.

Elle est aussi, pour moi, mon porte-bonheur.

[...]

Même la meilleure de mes « bonnes herbes » peut devenir dangereuse et faire du mal. [...] Et même la chélidoine, dont j'apprécie tellement les vertus, ingérée à très fortes doses, est si toxique qu'elle peut devenir mortelle.

[...]

Ces plantes du bonheur sont au nombre de trois : la chélidoine, la berce, la sarriette.

La chélidoine soit être fraîche, pas plus de quinze à dix-huit jours. C'est pourquoi en janvier et février je ne soigne jamais les impuissants; mais au mois de mars, c'est le renouveau, la sève montante donne aux plantes une vigueur, une force étonnante, elle monte dans tout... et tous. C'est la meilleure période pour soigner les déficiences sexuelles.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Chélidoine (Chelidonium majus) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Soleil

Élément : Feu

Pouvoirs : Liberté ; Influence ; Protection.


Son nom lui vient du grec khélidôn, hirondelle, peut-être un peu parce que la plante fleurit à leur venue, mais surtout parce qu'on disait que l'hirondelle se servait de l'herbe appelée chelidonia pour rendre la vue à ses petits, et que la pierre du même nom (variété d'agathe, ou calcédoine, dite aussi « pierre d'hirondelle », employée par les alchimistes égyptiens et grecs) se trouvait dans l'estomac des hirondelles


Utilisation magique : Est-ce l'association d'idées, hirondelle = liberté, qui a fait de la Chélidoine l'herbe miraculeuse des prisonniers ? Une vieille tradition affirme, en effet, que ni murailles ni barreaux ne peuvent retenir celui qui porte sur lui, à même la peau, des tiges fraîches de cette plante. La morale est bien entendu sauve : pour que l'évasion réussisse, il est indispensable que le prisonnier soit une victime, injustement détenue. La difficulté réside dans l'approvisionnement : il faut absolument renouveler les plantes tous les deux jours.

Mais il n'est pas nécessaire d'en arriver à ces extrémités pour éprouver les vertus de l'Herbe aux hirondelles. Déjà pendant son procès, le prévenu (toujours injustement accusé) peut s'aider en ayant sur lui des feuilles et des sommités fleuries : les magistrats et le jury seront enclins à la clémence. Selon la légende, la marquise de Brinvilliers se serait fait apporter, à plusieurs reprises, de la Chélidoine par son confesseur, le père Pirot ; mais comme elle avait fait commerce avec Satan, les plantes se desséchaient en la touchant.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Au Moyen Âge, on attribuait à cette plante des propriétés magiques exceptionnelles car les pharmaciens de l'époque avaient, à tort, vu dans le nom grec de chelidonia, un coeli donum c'est-à-dire un "don du ciel". En réalité, son nom vient du grec khélidôn (hirondelle), car sa floraison correspond à l'arrivée des hirondelles qui, en outre, selon une vieille croyance, se servent de la chélidoine pour rendre la vue à leurs petits devenus aveugles. La chélidoine est d'ailleurs surnommée "herbe des hirondelles".

Dès l'Antiquité, elle passe pour entretenir la jeunesse et la vigueur éternelle. La chélidoine, "touchée à pied nu et portée à même le soulier", guérit la jaunisse. Cette croyance provient d'une assimilation de la maladie au suc jaune de la plante. Appliqué plusieurs fois par jour, ce suc chasse les verrues et ses feuilles réduites en jus sont un remède contre les vers intestinaux.

Portée sur soi avec le cœur d'une taupe, elle assure victoire sur ses ennemis et dans les procès. Elle pourrait même rendre invisible selon Jean-Pierre Bourre et permettre, dit Scott Cunningham, à un prisonnier de s'évader, à condition qu'il soit "une victime, injustement détenue". "Selon la légende, ajoute-t-il, la marquise de Brindivilliers se serait fait apporter à plusieurs reprises de la chélidoine par son confesseur, le père Pirot ; mais comme elle avait fait commerce avec Satan, les plantes se desséchaient en la touchant"

L'herbe des hirondelles "chante" ou "rit" quand le malade doit mourir et "pleure" quand il doit guérir. Elle sera cueillie de préférence le vendredi et dans des ruines.

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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :


Cet élixir développe le dialogue et la communication. Il est utile pour les professeurs, enseignants, conférenciers, les hommes politiques. mais aussi pour les timides ou les étudiants qui manquent d'attention durant les cours. De plus, il a la capacité de transmettre des informations subtiles chez le thérapeute à l'écoute des vibrations d'autrui. Ou encore chez l'artiste, l'écrivain ou le compositeur en quête d'inspiration.

Cette papavéracée qui contient du latex (même racine que late en latin qui signifie lait) nourrit en quelque sorte l'étudiant du savoir du maître, nourrit l'homme des facultés intuitives de la femme lors de l'acte sexuel, nourrit le génie de l'artiste. Elle accroît donc les échanges et les transferts télépathiques, favorisant ainsi toutes les formes subtiles de dialogue, toutes les formes d'expression divine (dialogue). Il faut dire que chélidonium vient du latin coelidonum qui signifie don du ciel.

Les feuilles souples et molles de la chélidoine défient les rigueurs de l'hiver car elles souffrent des gelées mais ne périssent pas pour autant. Leur deuxième particularité est la couleur différenciée de leurs deux faces : la face supérieure est vert dorée ; alors que la face inférieure est bleuâtre. Cette différence indique le conflit entre l'air lumineux (face supérieure) et l'air humide (face inférieure).

Les fleurs jaunes apparaissent sitôt l'arrivée des hirondelles vers le mois de mai. Leur odeur légèrement narcotique, sent le cuir non tanné. Le deuxième étage de cette florescence ne s'épanouit que quand le premier étage de cette florescence ne s'épanouit que quand le premier étage se dessèche. Ainsi la plante présente un certain rythme (à rapprocher étroitement du rythmique de l'homme) et des fleurs qui perdurent jusqu'au mois d'octobre, mois du départ des hirondelles. Le cycle floral de cette espèce végétale est tellement lié au cycle européen des hirondelles que dès l'Antiquité, les Grecs l'appelaient khélidon (hirondelle en grec).

La fleur présente une saveur âpre, brûlante et amère. Ce principe amer agit sur le foie et la vésicule biliaire. Ainsi, on peut utiliser cet élixir contre la jaunisse, la cirrhose du foie la tendance aux calculs et pour stimuler « la bile qui voit ». Cette expression ne se trouve que dans les livres de médecine tibétaine et hindoue. Ne cherchez pas ailleurs la signification. pour être un peu plus explicite, contentons-nous de dire que cette plante fournit une stimulation spécifique au foie (pour ne pas dire de l'éther lumière) pour augmenter l'acuité visuelle. Un principe valable aussi pour la myrtille. Les Anciens l'appelaient la Grande Éclaire. Donc cet élixir raille contre la cataracte et autres problèmes oculaires pour rendre propre la fenêtre de l'âme et rendre cette dernière plus ouverte dans le sens social.

« La bile est une substance purement astrale » selon Steiner. Nous vulgariserons le mot astral par émotionnel. Nous comprendrons encore mieux en nous référant à l'expression populaire qui dit qu'un tel se fait de la bile. Cela revient à dire qu'il s'inquiète, qu'il se fait du mouron ; il craint que le Moi ne soit pas à la hauteur de la situation qui se présente. Il s'ensuit un raidissement du Moi, une sorte de dévalorisation que l'élixir de Chélidoine peut éviter.

Il existe encore une autre glande émotionnelle qui peut être déséquilibrée par les contrariétés : c'est la thyroïde. Les conséquences directes ou indirectes sont : une atrophie ou son hypertrophie, les problèmes de poids, les troubles du métabolisme, le double menton, le goître, les nodules, les problèmes de cordes vocales, l'asthme. La glande thyroïde est le cerveau du métabolisme et automatiquement du tube digestif. La fleur de chélidoine peut donc régler des problèmes de colon car elle agit aussi bien sur le poumon (indirectement) qui est jumelé au colon que sur la qualité du sang qui régénère cette partie des intestins. Le plus surprenant est de trouver dans la composition de cette fleur de la spartéine, substance qui permet au Genêt à balai d'avoir des poumons insignifiants (des toutes petites feuilles).

Cette spartéine contrôle les hydrates de carbone (lien étroit du carbone et du poumon de l'homme). mais à ce processus s'ajoute celui des alcaloïdes (chélidoine, chlérythrine, sainguinarine, protopine, papavérine) qui contrôle les protéines. On comprend maintenant comment peut se remettre en route un métabolisme interrompu par une vive émotion et éviter tout désordre cellulaire.


Mots-clés : pensons à coeli donum ou encore à cette hirondelle qui fait le printemps. Vous aussi retrouvez un nouveau printemps dans votre âme et conscience. Pourquoi l'âme et l'esprit n'auraient-ils pas quatre saisons ? Pourquoi après des durs mois de froidure et d'hiver, ce couple si célèbre chez les Grecs, ne retrouverait-il pas un nouveau printemps avec l'élixir de Chélidoine par exemple ?

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D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :


"On croyait jadis que l'hirondelle utilisait le suc de l'éclaire pour soigner les yeux de ses petits, quand ils n'arrivaient pas à les ouvrir. C'est à cause de cette croyance qu'on surnomme cette plante la grande éclaire : qui permettrait "d'éclairer", de rendre la vue !

 

Selon Claire Tiberghien, auteure de Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir (Éditions Jouvence, 2016), la chélidoine est intéressante de plusieurs façons :

Élément : Bois


De son nom latin Chelidonium majus, la chélidoine fait partie de la famille des Papavéracées. Elle apporte la clarté. La chélidoine a une action antispasmodique et légèrement sédative. Par ses propriétés cholérétiques, on l'emploie lors de troubles digestifs et de dysfonctionnements du foie ou de la vésicule biliaire. C'est un draineur hépatopancréatique.

Le latex, suc jaune que l'on trouve dans la tige de la plante, a une action efficace sur le verrues, les cors et les durillons. Il s'utilise en application externe pendant une courte période de deux à quatre jours.

En usage interne, la chélidoine doit s'utiliser avec la plus grande prudence. On emploie uniquement la plante séchée pour la préparation d'infusions. Le dosage est de 15g de feuilles par litre d'eau. L'ingestion de feuilles fraîches est fortement déconseillée, car elle peut produire de graves troubles digestifs, nerveux et cardiaques. De même, le latex de la chélidoine est irritant pour les muqueuses et sa racine est toxique. L'usage de la chélidoine est à éviter totalement durant la grossesse.


Sur le plan psychique : La chélidoine supprime les excès de toutes sortes. Elle aide à trouver la juste mesure et l'équilibre intérieur. Elle élimine la pollution émotionnelle, la contrariété et la frustration. la chélidoine aide à se débarrasser du passé avec légèreté et à lâcher prise.

Elle repousse les limites, améliore la communication et la concentration.

Elle dissipe la mélancolie et la tristesse, développe la vision intérieure et symbolise une vie de paix et d'harmonie.


Grâce à la chélidoine, je peux affirmer :

  • Je suis responsable de moi-même.

  • Je sais qui je suis.

  • Je suis important.

  • Je suis relié à ma source et à ma propre énergie.

  • Je décide moi-même de ma vie.

  • J'aime ce qui vient et ce qui s'en va.

  • Je suis libéré du besoin d'approbation ou de la peur des critiques.

  • Je suis présent à moi-même, relié à tous les êtres humains.

La méditation de la chélidoine : Visualisez une belle couleur jaune, brillante comme l'or ou le soleil. Imaginez-la couler comme une rivière, légère, scintillante, toujours en mouvement. Ressentez cette force remplir vos cellules. Un courant chaud, lumineux, traverse votre corps.

Pensez à ce qui vous bloque dans la vie, à ce que vous portez. Lâchez toute cette lourdeur dans l'énergie dorée de la chélidoine. laissez-la se transformer. respirez profondément. ressentez la sensation de fluidité qui circule en vous. Prenez conscience de votre rigidité physique et mentale, et laissez votre respiration la dissoudre. Au milieu du scintillement de la lumière dorée, vous sentez naître quelque chose de nouveau, de dynamique. Portez votre attention sur votre intuition. Laissez monter en vous un rêve, un désir. faites confiance à ce que vous ressentez. Osez accueillir vos rêves, osez vous en occuper. Ils font partie de votre vision de la vie.

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Patricia Gaillard-Seux, dans un article intitulé « L’automédication animale : le serpent et le fenouil, l’hirondelle et la chélidoine. Du mythe à l’indication médicale », Histoire, médecine et santé, 8 | 2016, 47-68 revient sur les capacités d'automédication des animaux :


L'hirondelle et la chélidoine : Dans l’Antiquité, c’est une plante médicinale, toutefois absente de la collection hippocratique. Du fait de la perte de presque toutes les sources médicales hellénistiques, ses indications se trouvent essentiellement dans les écrits rédigés entre le Ier et le VIe siècles. L’usage de son suc est massivement préconisé en ophtalmologie ; à un degré nettement moindre, on emploie le suc ou la plante et ses parties pour divers maux, comme la jaunisse, les douleurs de dents et d’oreilles, les brûlures et les ulcères, les écrouelles. Dans la médecine populaire, elle est longtemps restée employée en ophtalmologie, d’où également son nom français de grande éclaire.

Son emploi oculaire aurait été indiqué à l’homme par l’hirondelle comme le souligne Pline l’Ancien : « L’hirondelle nous a montré le pouvoir salutaire pour la vue de la chélidoine, en traitant avec cette plante les yeux blessés de ses petits »

En réalité, le lien entre hirondelle, chélidoine et soin de la vue paraît assez complexe. Il faut d’abord noter que le rôle que lui ferait jouer l’hirondelle n’est pas à l’origine du nom de la plante, malgré l’affirmation isolée et tardive d’Isidore de Séville. Marcellus de son côté dit qu’elle pousse sur les excréments des hirondelles (VIII, 44), ce qui semble pour lui l’origine de son nom et de ses vertus. L’explication la plus souvent avancée de nos jours est celle de Dioscoride (II, 180) et Pline l’Ancien (NH, XXV, 89) : la plante s’appellerait ainsi parce qu’elle fleurit à l’arrivée des hirondelles et se fane à leur départ. En réalité, le lien avec l’hirondelle est encore plus lointain : notre source la plus ancienne sur la question, Théophraste, dans son seul passage sur la chélidoine, dit qu’elle porte ce nom parce qu’elle fleurit lorsque souffle le chelidonias, vent doux de printemps apparaissant à l’arrivée des hirondelles en Grèce, vers le 5 mars.

La chélidoine est donc une plante aux vertus ophtalmologiques incertaines, dont le nom est simplement dû au moment de l’année où elle fleurit.

L’affirmation que les hirondelles emploient la chélidoine pour soigner leurs petits paraît liée à une croyance, dont nous voyons la première attestation chez Aristote : si on crève les yeux à des hirondeaux, ils recouvrent la vue. Il y a une explication naturelle pour Aristote : certains oiseaux, comme les hirondelles, mettent au monde des petits inachevés et aveugles ; s’il y a blessure des yeux avant que leur développement soit terminé, les hirondeaux continuent ainsi leur croissance ou la reprennent du début, ce qui entraîne la guérison des yeux. Pline va jusqu’à dire que les yeux repoussent et voient, même si on les arrache. Ce sont ces blessures de leurs petits que les hirondelles soigneraient grâce à la chélidoine, Celse et Élien croyant à une guérison spontanée lorsqu’il y a blessure à l’œil d’une hirondelle. Pline, dans un autre passage, et Élien notent seulement que les hirondeaux naissent aveugles et que leurs parents leur permettent de voir grâce à la chélidoine pour Pline (NH, XX, 165) ou à une plante indéterminée pour Élien (NA, III, 25).

L’hirondelle se répare donc les yeux ou leur donne la vue, avec le rôle d’une plante, la chélidoine pour la majorité des sources. Or, deux auteurs disent que la plante utilisée par les hirondelles n’est pas la chélidoine.

Élien parle d’une herbe employée par l’hirondelle pour ouvrir les yeux de ses petits, dont l’homme n’a pu s’emparer. Par ailleurs, un passage attribué à Julius Africanus donne sur ce point de plus longues explications, où figure aussi l’allusion aux fientes vue chez Marcellus :

L’hirondelle emporte du suc d’une certaine herbe : si elle en répand une goutte à terre, de cette goutte naît une autre herbe qui porte le nom de l’oiseau qui l’a laissée tomber. Elle pousse aussi des fientes que peuvent projeter à terre les petits de l’hirondelle qui ont profité de la plante. C’est un remède extraordinairement actif contre l’amblyopie ; elle efface même en un rien de temps les leucomes consécutifs aux blessures et redonne à l’œil son aspect bien portant. Mais la plante qu’elle produit à son tour est moins active et réussit moins bien : cependant une fois broyée, elle guérit le glaucome ; réduite en cendre et mêlée à de l’eau, elle agit tout comme la précédente. Si on avait la chance de cueillir la première de ces plantes, on rendrait la vue jusqu’à des yeux aveugles.

L’herbe emportée par l’hirondelle pour soigner ses petits ne serait donc pas la chélidoine. Celle-ci serait née soit du suc de l’herbe utilisée par l’oiseau, soit des fientes des petits traités avec cette dernière. L’attribution de cette origine à la chélidoine a probablement été inventée pour justifier le lien de la chélidoine avec l’hirondelle. En réalité, les Grecs ont sans doute transféré à une plante portant chez eux un nom en rapport avec l’hirondelle les croyances mythiques liées à une plante que transporterait l’hirondelle, ce d’autant plus que le nom de la chélidoine est identique à celui de l’hirondeau, réputé soigné par la plante.

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Mythes et légendes :

D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


CHELIDONIA (Chelidinium corniculatum L., Hirundinaria ;)— L’herbe chélidoine, ou herbe des hirondelles, est appelée ainsi d’après Dioscoride, parce qu’elle pousse lorsque les hirondelles arrivent et pourrit lorsqu’elles partent, et, d’après d’autres, parce que l’on prétend qu’avec cette herbe, les hirondelles frottent les yeux de leurs petits aveugles et leur donnent la vue. Cette dernière croyance est encore très répandue à Muro Leccese, dans la Terra d’Otranto. Dans le Libellus de Virtutibus Herbarum, attribué à Albert le Grand, on lit ce qui suit : « Quarta herba a Chaldaeis aquilaris dicitur, quia nascitur tempore quo aquilae faciunt nidos suos, a Graecis dicitur valis, a Latinis chelidonia. Ista herba, tempore quo hirundines faciunt nidos nascitur ; quo etiam aquilae. Hauc herbam si quis cum corde talpae habuerit, devincet omnes hostes, omnes causas et omnes lites removebit. Et si praedicta ponatur super caput infirmi, si debet mori, statim cantabit alta voce ; si non, lacrymabit. » Aldrovandi (Ornithologia, XVII) nous explique comment on a pu attribuer à cette herbe des propriétés magiques extraordinaires : l’herbe serait redevable de cet honneur à l’ignorance du grec des pharmaciens du moyen âge, qui ont vu dans la chelidonia, non pas l’herbe de l’hirondelle, mais un coeli donum ; comme don du ciel, elle devait nécessairement faire des miracles.

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque la chélidoine :

6 avril

(Fontaine-la-Verte)


La chélidoine (hirondelle végétale) est un don du ciel : coeli donum. Quels mystères du Moyen Âge vient-elle présenter sur le parvis des vieux murs du village ?

J'ai toujours aperçu, dans le gris-vert de ses feuilles molles et dans le crucifix chiffonné de ses pétales jaunes, l'univers grinçant d'Hoffmann. Sa tige, lorsqu'on la tranche, pleure un lait orange qui n'est pas de ce monde. [...]

10 mai

(Fontaine-la-Verte)


L'Homo sapiens est un ignorant paresseux et discipliné : voilà pourquoi il assassine la nature. Ce matin, les employés communaux, qui obéissent au maire, qui exécute les ordres du préfet, qui fait ce que dit le ministre, ont déversé des hectolitres d'herbicides pour « nettoyer » le bord de la route. Solution d'auxines et de facilité. Mini-désasatre écologique Quant à l'esthétique... Les talus se barbouillent d'herbes noires, brûlées, suppliciées, qui furent naguère triomphantes.

On admirait, sur chaque rive de la chaussée, de superbes touffes de chélidoine : les voilà « jeanne-d'arquisées ». Leurs pétales, torturés par la chimie, font songer au Viêt-Nam ou à Seveso ; leurs tiges et leurs feuilles, où le flux de sève orange s'est figé, pendant lamentablement. On assassine les hirondelles végétales par arrêté municipal. L'éloge funèbre s'inscrit à la rubrique « Voirie », sur le budget de fonctionnement de l'hôtel de ville.

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