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L'Araucaria

Dernière mise à jour : 8 avr.




Étymologie :


  • ARAUCARIA, subst. masc.

ÉTYMOL. ET HIST. − 1823 (Boiste : Araucaire. Pain [sic] du Chili) ; 1859 (Bouillet : Araucaria). Dér. de Arauco (province du Chili) ; 1 suff. -aire* ; 2 suff. lat. sc.-aria.


Lire également la définition du nom araucaria pour amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Selon le site du Jardin des Oules :


"Ce conifère au nom d’araucaria est originaire de la Cordillère des Andes ; son surnom “désespoir des singes” s’explique par ses feuilles en écailles acérées et son tronc ridé, résineux, rugueux qui empêchent son escalade par les singes. Espèce protégée.

Arbre national du Chili, il est arbre de vie, nourricier (ses pignons se mangent grillés) et symbole de la liberté d’un peuple, de la résistance à l’oppression comme l’a chanté le poète Pablo Neruda dans son Ode à l’araucaria."

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Selon Michel Aufray, auteur d'un article intitulé « Note sur les messages de végétaux : quelques exemples océaniens », (Journal de la Société des Océanistes [En ligne], pp. 114-115 | Année 2002) :


La réalité langagière d’une culture ne concerne pas seulement la communication linguistique ; elle recouvre aussi les modes de communication non verbaux, ceux-ci pouvant utiliser divers supports : langage du corps, objets, marques, icônes et signes. Leur existence dans les sociétés océaniennes a souvent été signalée mais, généralement, ces systèmes d’information n’ont suscité qu’un simple intérêt documentaire. Ils mériteraient à notre avis d’être inventoriés et étudiés car ils participent aux échanges sociaux au sein d’une communauté.

Les messages de végétaux, en particulier, tiennent un rôle non négligeable. À la différence de la communication verbale, ils permettent de transmettre une information sans limitation de temps et d’espace. [...]


Les messages, annonces d’événements graves

La littérature orale mélanésienne fait parfois allusion à des plantes utilisées comme signes pour aviser d’une mauvaise nouvelle. [...]

Un morceau de branche de kârhé (Araucaria cookii R. Br., Araucariacées) accompagnait les messages de deuil.

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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :


Méfie-toi de tes penchants : le Pin colonnaire

« Un arbre tombe du côté où il penche, » nous dit le Lorax, alors prenez soin d’aller vers les bonnes choses, et de vous entourer de bonnes personnes. Habituellement, les arbres préfèrent pousser droit : leurs cellules contiennent des structures en forme de pochette qui leur indiquent où se trouve le haut. Le grand Pin élancé a toutefois adopté une approche innovante de la gravité : il aime être penché. Où que se trouvent ces arbres, ils penchent vers l’équateur, avec un angle plus ou moins accentué selon leur éloignement. Les scientifiques pensent que cette tendance sert à maximiser l’exposition au soleil, selon les latitudes. Comme le Pin colonnaire, allez vers ce qui est bon pour vous.

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Littérature :


Ode à l'Araucaria

Tout l'hiver, toute la bataille,

tous les nids du fer mouillé,

dans ta fermeté traversée d'air,

dans ta ville sylvestre s’élèvent.

La prison reniée des pierres,

les fils submergés de l'épine,

font de ta chevelure barbelée

un pavillon d'ombres minérales.

Pleur hérissé, éternité de l'eau,

montagne d' écailles, foudre de fers,

ta maison tourmentée se construit

avec des pétales de pure géologie.

Le haut hiver embrasse ton armure

et te couvre de lèvres détruites :

le printemps de violent arôme brise

sa soif dans ton implacable statue :

et le grave automne attend inutilement

de verser de l'or dans ta stature verte.

Pablo Neruda, "Ode à l'araucaria" in , traduction : Manu Riska

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque cet arbre étonnant :

20 décembre

(Bruxelles)


Un araucaria dans un jardin... Ses ancêtres vivaient de l'autre côté de la Terre. L'espèce nous arrive des antipodes de la logique. Elle ressemble à un conifère normal, mais avec ce décalage, ce décentrement d'où procède le fantastique. On dirait un épicéa aux rameaux reptiliens, dont les écailles auraient été peintes en vert sombre par un fou.

Ma rêverie se structure. Les maisons de Woluwé-Saint-Pierre se muent en falaises de granite noir sur le canal Messier. Je suis le dernier des Qawashqar. Sur mon canot d'écorces, je sillonne le labyrinthe de chenaux de brume de l'archipel Magellanique. Je salue le lion de mer et la baleine franche noire. Les albatros crient mon requiem dans le vent. Les pétrels géants viennent, depuis l'Antarctique, poser dans le ciel gris la croix grise de leurs ailes.

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