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La Dentelaire

Dernière mise à jour : 28 janv.



Étymologie :


Le nom générique Plumbago vient du latin plumbum (« plomb »), la plante étant supposée guérir le saturnisme (empoisonnement au plomb). Son nom commun est dentelaire.

  • DENTELAIRE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1744 (Linné, Syst. nat., Regnum vegetabile, p. 30). Nom donné par Linné à la Plumbago Europea de Tournefort, dont la racine sert quelquefois de masticatoire pour intensifier le fonctionnement des glandes salivaires ; dér. du rad. de dentelé* ; suff. -aire*.


Lire également la définition du nom dentelaire pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Ceratostigma plumbaginoides - Dentelaire - Plumbago de Chine - Plumbago de Lady Larpent -

Ceratostigma willmottianum -Dentelaire - Plumbago de Willmott -

Plumbago capensis - Dentelaire - Plumbago du Cap -

Plumbago europae - Dentelaire - Dentelaire d'Europe - Herbe au cancer - Herbe de la rache - Herbe des plaies -

Plumbago zeylanica -

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Botanique :

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Usages traditionnels :


Selon François Marie Philippe Levrat, auteur de Considérations médicales sur les altérations que peut éprouver la lymphe de la part de quelques acrimonies cutanées : présentées et soutenues à l'Ecole de Médecine de Montpellier, le 7 août 1807. (J.-G. Tournel, 1807) :


Le traitement de la gale, d'après ce qui vient d'être dit, doit être divisé en simple et en composé. Le traitement simple consiste dans l'emploi des remèdes curatifs externes, tirés du mercure, du soufre, de la dentelaire et des acides.

[...]

Le traitement par la dentelaire a été proposé par M. Sumeire, médecin de Marignane en Provence. La manière de préparer son remède est de piler dans un mortier de marbre deux ou trois bonnes poignées de racines de dentelaire dont on a rejeté la partie ligneuse, quand la chose est faisable ; il en faut davantage en hiver que dans la belle saison ; on y jette ensuite dessus une poignée de muriate calcaire en poudre fine, et on y verse après au moins une livre d'huile d'olives bouillante ; on les agite ensemble pendant trois ou quatre minutes ; on met le tout sur un linge, et quand l'huile est passée, on exprime un peu fortement la racine, dont on ne laisse qu'une partie dans le linge qu'on lie en forme de nouet. La manière de s'en servir est de tremper dans l'huile bien chaude le nouet, avec lequel on remue un peu la lie qu'y a laissée l'expression de la racine. On frotte avec ce nouet toute la superficie du corps. Il faut frotter un peu fortement, et il faut toujours que l'huile soit bien chaude. On réitère la friction de douze en douze heures, et on les continue tant qu'il paraît des restes de gale. La première friction fait pousser quelquefois tout ce qu'il y avait de gale cachée sous la peau. On éprouve alors beaucoup de picotements et des démangeaisons, que les frictions suivantes dissipent à coup sûr. Les pustules alors bientôt desséchées se détachent, et tout le vice galeux est emporté. Ordinairement trois ou quatre frictions suffisent pour la guérison entière. Cette méthode n'exige aucune précaution, aucune préparation préliminaire, et on a constamment observé que la gale, ainsi traitée, n'est pas sujette à revenir. Le docteur Waton a proposé, d'après son observation, la racine de clématite employée de la même manière que celle de la dentelaire ; et M. Souville, une décoction de tabac en corde, hâché menu, macéré dans l'eau et bouilli dans l'huile.

 

Auguste Chevalier, auteur d'un article intitulé "Utilisation du Plumbago zeylanica pour le traitement de la lèpre." (In : Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 18ᵉ année, bulletin n°200, avril 1938. pp. 269-272 ) :

Dans toute l'Afrique tropicale, mais spécialement dans l'Ouest et le centre africain on rencontre près des villages, chez toutes les peuplades noires et même parfois en pleine brousse un Plumbago à fleurs blanches formant un arbuste de 30 à 60 cm. de haut avec de nombreuses tiges décorobantes parlant d'une souche rhizomateuse. Cette plante est le Plumbago zeylanica L. = p. toxicaria Bertol (?). Elle n'est certainement pas spontanée en Afrique. Certains féticbeurs-guérisseurs la cultivent encore parfois près de leurs villages. Elle s'est ainsi échappée depuis longtemps des cultures et est devenue subspontanée. On la rencontre parfois sur les termitières et çà et là à travers la brousse incendiée où elle marque sans doute (comme les Sansevières magiques) l'emplacement d'anciens villages ou d'anciennes cultures.

Dans une note récente nous avons indiqué qu'elle était répandue dans les Iles de la Sonde, en Malaisie, etc. C'est dans ces contrées du Pacifique qu'elle est spontanée. Très employée comme médicament, plante magique, servant aussi aux tatouages chez certaines peuplades nous pensons qu'elle a été transportée de l'est à l'ouest par les Noirs au cours de leurs migrations, de sorte qu'elle existe aujourd'hui dans presque toutes les régions tropicales. Avec les Noirs elle a également pénétré en Amérique mais sur ce continent existent aussi des Plumbago spontanés qui ont sans doute les mêmes propriétés. [...]

L'une de ces espèces, Plumbago europaea L. répandue sur tout le pourtour de la Méditerranée et qui croît dans le Midi de la France a joui d'une haute réputation au Moyen Age. On l'employait pour soigner le cancer, la rache (teigne), les ulcères, les hémorrhoïdes... et aussi le mal de dents. D'où les noms de Herbe au cancer, Herbe de la rache, Herbe des plaies, Dentelaire qu'elle portait en différents pays. On employait aussi la décoction de feuilles comme antisporique et par voie interne comme émétique. Ces essais sont abandonnés, mais ne seraient-ils pas à reprendre avec le glucoside ?

En Amérique et spécialement aux Antilles existe le Plumbago scandens L. dont les feuilles froissées sont vésicantes. On les emploie à la Martinique en guise de sinapisme (R. P. Duss).

Mais de toutes les espèces celle qui doit retenir surtout notre attention est le Plumbago zeylanica.

Le glucoside est localisé dans la racine, mais les feuilles contiennent un autre produit irritant encore mal connu. Les usages de cette plante chez les indigènes en Malaisie, dans l'Inde, à Ceylan, en Afrique tropicale sont innombrables.

Dans le Sud de l'Afrique le P. toxicaria qui est probablement la même espèce est employé comme poison de flèche.

Ainsi que nous l'avons précédemment signalé le suc de P. zeylanica est employé chez de nombreuses peuplades pour provoquer sur le corps des tatouages en relief : sur les incisions fraîches faites avec un rasoir on répand le jus de la plante. Il retarde la cicatrisation et amène une prolifération en relief des tissus incisés.

Burkill, Dalziel, Wehmer, Stener, Laffitte, etc., ont appelé de nouveau l'attention sur les nombreux usages médicaux de P. zeylanica. La racine très caustique et vésicante est utilisée dans l'usage externe et dans l'usage interne comme émétique. Dans l'Inde les racines sont employées contre les rhumatismes ; en Guinée supérieure la teinture d'écorce de racine s'emploie comme fébrifuge et comme sudorifique. On s'en sert aussi pour provoquer des abcès de fixation. La racine séchée et réduite en poudre est mélangée à certaines épices : elle constitue alors une mixture qui ajoutée à de la bouillie de Maïs chaude est préconisée contre les maladies parasitaires de la peau. Les feuilles pilées mélangées à du jus de citron sont aussi appliquées comme vésicatoire.

Selon N. W. Thomas la décoction de feuilles constitue un remède contre les vers et contre la fièvre. A la Gold Coast on emploie la décoction de racines en lavements pour guérir les hémorrhoïdes et autres maladies rectales (Dalziel).

Une variété de P. zeylanica à fleurs roses, le P. rosea L. (= P. coccinea Salisb.) originaire de Birmanie, mais cultivée dans tous les villages indiens aurait des propriétés encore plus actives. Les femmes indiennes se servent des raclures de racines ou de tiges administrées à l'intérieur comme produit abortif, mais cet emploi cause parfois des accidents mortels. Toutefois le P. zeylanica et sa var. rosea sont employés chez de nombreuses peuplades surtout comme un spécifique de la lèpre.

Chez les Ibo de la Nigeria, d'après Wehmer, le bois de la racine de Plumbago mélangé avec la matière mucilagineuse retirée du fruit de Gombo [Hibiscus esculentus) s'applique sur la peau des lépreux : celle-ci se sclarifie ; ensuite on applique sur la plaie les feuilles desséchées d'une plante à résine non identifiée nommée Nyrka en langue ibo. Cette thérapeutique amènerait à la longue la guérison. Chez certaines peuplades la poudre de Plumbago, s'emploie pour le traitement des lépreux mélangée à delà bouillie à l'Eleusine coracana .Dams l'Inde c'est la racine de P. rosea qui s'emploie dans le traitement de la lèpre et qui donnerait aussi de bons résultats.

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Symbolisme :


Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) évoque la signification emblématique du plumbago :


Dentelaire - Causticité

La dentelaire, surtout l'espèce du Cap, est une jolie plante à fleurs bleues que l'on cultive dans les terres tempérées.

Toutes les dentelaires renferment un principe gras nommé plombagine, qui teint en gris les doigts et le papier, et qui possède une vertu caustique très- énergique. Aussi l'employait-on autrefois contre les maux de dents, les maladies cutanées. C'est un remède dangereux dans son usage ; les mendiants seuls s'en servent encore pour se faire des plaies superficielles et exciter la pitié publique.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


DENTELAIRE : Causticité.

Elle irrite la peau à cause de la causticité de son suc.

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