La Gestuelle de la "Plante" :
Même si l'Eau de roche n'est évidemment pas une plante, Julian Barnard, auteur d'un ouvrage intitulé Sur les traces du Dr Bach et de ses fleurs (© Julian Barnard, 2002 ; Éditions Ulmus, 2002 pour la traduction française) évoque cet élixir à la faveur d'une étude sur la gestuelle des plantes :
Étant donné que ce n'est pas un remède de plante ou d'arbre, on ne peut pas dire que le geste de la fleur se reflète dans le geste de la personne. Pourtant la présentation élémentaire d'une personne dans l'état d'Eau de Roche indique un contraste entre la rigidité et l'obstination de la pierre et le mouvement fluide et lénifiant de l'eau. Aussi les gestes complémentaires sont immédiatement illustrées par ces deux éléments. Mais la qualité de cet élixir va bien plus loin. Pour la découvrir, il faut adopter une perspective plus large qui inclurait toute une série d'idées, de croyances et d'événements historiques autour du pouvoir guérisseur d'une source sacré. Observer l'environnement entier, tant physique que métaphysique. C'est pour cette raison que l'on parle parfois de l'Eau de Roche comme du premier « élixir environnemental » bien que la Bruyère participe de cela également.
Le seul indice que Bach donna sur le caractère environnemental de la source d'Eau de Roche est une remarque sur le fait qu'elle devrait avoir les traditionnelles vertus curatives et qu'elle ne doit être « touchée » par aucun sanctuaire fabriqué de mains d'homme : le sanctuaire de la nature se suffit à lui-même. Cela suscite deux idées. Pourquoi certains puits ou sources ont-ils été associés à la guérison et pourquoi leurs vertus risqueraient-elles de changer lorsque ceux-ci sont intégrés à un lieu saint ou un lieu de prière ? Pensez à Lourdes où l'on croit que la Vierge Marie est apparue à une jeune fille en 1858. Pensez au Puits de Saint Winifred à Holywell en Pays de Galles du Nord ou retourner jusqu'au bassin de Bethesda à Jérusalem. D'après l'Évangile selon Saint Jean, le bassin de Bethesda était parfois « troublé par un ange » et parmi les malades qui attendaient, ceux qui descendaient les premiers dans le basin pouvaient être guéris. La réputation de ces sources repose peut-être sur des faits réels mais elles sont devenues des lieux où les gens affluent dans l'attente et l'espoir d'un miracle. Toutes leurs pensées créent une atmosphère ; elles se matérialisent sous la forme d'un lieu saint (le bassin de Bethseda avait cinq portiques Jean, 5,2) et elles se sont ainsi structurées en religion. L'architecture de la foi s'est construite sur les prêtres, les services, les rituels et les grâces. Tout cela est assez louable, peut-être, mais cela crée un puissant égrégore autour de la source et de l'eau qui en jaillit. Les deux sont chargées de l'environnement physique et métaphysique. L'eau, comme on a pu le voir est un milieu qui absorbe facilement les formes-pensées et les champs énergétiques auxquels elle est exposée. Tout au moins pouvons-nous dire que l'eau de Lourdes est chargée et modifiée par la dévotion et la foi des prêtres et des pèlerins.
La croyance au caractère sacré de certains sources est antérieure au Christianisme. Le miracle rapporté sur le bassin de Bethesda liait Jésus à une tradition et un pouvoir plus anciens. Dans les cultures pré-Chrétiennes, nous dit-on, on avait l'impression que la Terre elle-même était sacrée et qu'elle était habitée par des présences Divines. Les puits et les sources figuraient dans les cérémonies et les rites religieux. On ne possède pas beaucoup de documents sur l'adoration de la nature mais la présence d'armes, bijoux et autres trouvailles archéologiques dans les sources indiquent sans doute des offrandes votives à la déesse mère (Gaïa) ou à quelque autre esprit qui habitait dans une certaine localité. Les grottes et sources étaient considérées comme l'entrée des enfers et comme un portail d'accès aux mystères de la vie et de la mort. Les grottes étaient tantôt considérées comme le ventre de la déesse mère et les sources comme la sortie de son corps. Francis Jones note dans l'incipit des Sources miraculeuses du Pays de Galles :
On ne peut pas souligner trop souvent que tout ce qui concerne les puits, que ce soit dans leur forme primitive ou dans une survivance mutilée, remontent à une seule source - la religion. Il y a au Pays de Galles des puits qui étaient sacrés même avant le Christianisme, des puits qui sont passés d'un usage payen à une usage chrétien et d'autres qui revendiquent une origine purement chrétienne.
Les preuves d'un culte
[...]
La fleur illustre donc la proportion d'esprit présente dans toute la structure vivante. [...] Où cela place-t-il [cet élixir] ? Et l'Eau de Roche pour toute son inspiration porte plus sur la forme extérieure des choses que le développement intérieur du potentiel de l'âme. L'Eau de Roche est tournée vers le monde plus que vers les cieux.
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La fabrication de l'élixir :
Julian Barnard, auteur d'un ouvrage intitulé Sur les traces du Dr Bach et de ses fleurs (© Julian Barnard, 2002 ; Éditions Ulmus, 2002 pour la traduction française) nous explique comment faire le remède :
L'Eau de Roche n'est pas un élixir floral au sens strict du terme ;il n'est pas fabriqué à partir de fleurs. L'Eau de Roche, dit Bach, devrait provenir d'un puits ou d'une source « qui a la réputation d'être un centre de guérison toujours vierge, à l'état naturel et non mêlé aux lieux saints de l'homme. » Plus tard, il remplacera « centre de guérison » par « pouvoir de guérison ». L'eau de source est prélevée dans un bol en verre fin et déposée tout près afin de recevoir les rayons lumineux et constants di soleil. Voilà, c'est tout. L'eau est froide et il se forme immédiatement de la condensation à l'extérieur du verre. Après un temps, celle-ci disparaît à mesure que l'eau du bol se réchauffe. Plus tard, les fameuses bulles apparaissent et les couleurs brillantes du spectre s'intensifient jusqu'au moment où l'élixir est prêt. Bach disait que ce remède demandait à peu près une demi-heure bien que Nora Weeks parle de trois heures : elle penche du côté de la prudence.
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Message de l'Eau de Roche :
Selon Mechthild Scheffer, auteure du coffret de cartes Les Fleurs du Dr Bach, le chemin de l'harmonie psychique (1997, traduction française : Médicis-Entrelacs, 2001), la bruyère est :
Mot clé : "la fleur de la flexibilité"
Chemin : "du dogme disciplinaire... vers une attitude ouverte".
Message de la carte :
Quelle est la vérité que je dois mieux comprendre ?
Les idéaux sont des indicateurs de chemin qui nous montrent une direction, mais ce ne sont pas des critères auxquels nous pouvons mesurer concrètement nos performances. Seul notre guide intérieur a une vision complète de notre plan de vie et il nous guidera de telle manière que tous les aspects de notre personnalité pourront se développer harmonieusement. La vie n'est pas un sport d'élite, mais plutôt une sorte de danse cosmique.
Quelle est la décision qui pourra me reconnecter avec mon Guide intérieur ?
Je m'ouvre à tous les aspects de mon être et je serai flexible face aux ondulations du cours de ma vie. C'est ainsi que j'arriverai sûrement au but.
Ces signes me permettent de voir que mon potentiel positif de Rock water s'accroît :
Je ne suis plus à même de me rendre compte et d'accepter mes besoins vitaux. En forçant moins, j'obtiens plus. Mon comportement avec ceux qui m'entourent est devenu plus souple.
État d'âme négatif : Autoritarisme - Exigence vis-à-vis des autres : Trop dur avec soi-même, on a des conceptions sévères et rigides ; tendance à réprimer des besoins fondamentaux tels que le nourriture, le sommeil, les exercices.
Dans Les fleurs de Bach authentiques - les trouver, les identifier, les utiliser (Édition originale 2011 ; traduction française : Éditions Médicis, 2017) la même autrice revient sur les principales caractéristiques de la fleur de Rock Water :
Rock Water : La Fleur de la Flexibilité
Du dogme de la discipline…. à l’adaptabilité
Vous vous contraignez constamment du respect de la discipline ?
Les personnes qui ont besoin d’Eau de roche obéissent souvent à des idéaux de perfection et d’excellence. Elles pensent exactement savoir en théorie comment y parvenir, obéissent à une discipline de fer te s’imposent des règles sévères. Elles veulent ainsi atteindre de force le développement ambitionné et se coupent de leurs intuitions.
Symptômes clés : Autodiscipline excessive. Vous avez des points de vue stricts ou rigides. Vous réprimez des besoins vitaux, tels que manger, dormir, se mouvoir.
Typiquement Rock Water :
Devise « Un Indien ignore la douleur ».
Vous êtes extrêmement dur envers vous-même, et vous vous exercez jusqu'à en tomber.
Vous n'en finissez jamais de certaines tâches, parce que vous voulez toujours faire encore mieux.
Vous vous refuser beaucoup, par incompatibilité avec vos principes sévères.
Thématique : La discipline et le dogme.
Ce que Rock Water m'aide à comprendre : Les théories et les règles ne sont que des guides. Elles me montrent la direction que je peux emprunter, mais ce ne sont pas des consignes que je dois appliquer à 100%. Je ne peux et ne dois pas établir de force un état idéal. Ma voix intérieure se manifeste spontanément de manière ludique et créative. Ce sont des impulsions auxquelles je peux obéir. La vie a le droit d'être plaisante.
Rock Water favorise :
la liberté intérieure ;
l'ouverture et la souplesse d'esprit ;
le rapport décontracté à mes propres besoins vitaux.
Bon à savoir : Par son mouvement permanent, l'eau incarne la disposition constante au changement. A chaque instant, elle réagit à son environnement et malgré toute cette adaptabilité, elle parvient néanmoins à son but. Cela peut nous apprendre à abandonner une attitude trop stricte dans la vie et à faire confiance au fait que nous pouvons aussi atteindre nos objectifs sans crispation.
Conseils d'utilisation : Eau de roche a fait ses preuves chez des animaux qui répriment leurs besoins biologiques, par exemple des femelles qui ne manifestent qu'un comportement sexuel très discret, ne se laissent couvrir que difficilement et n'entrent qu'à grand peine en gestation.
Parole fortifiante : Je m'accorde de... - Je suis souple - Je suis spontané.
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Julian Barnard, auteur d'un ouvrage intitulé Sur les traces du Dr Bach et de ses fleurs (© Julian Barnard, 2002 ; Éditions Ulmus, 2002 pour la traduction française) livre sa compréhension de l'eau de Roche :
L'Eau de Roche s'adresse aux idéalistes qui « ont de solides opinions sur la religion ou la politique, ou les réformes. » Ils sont dominés par des théories contestataires, critiques et sévères « et perdent ainsi beaucoup de leur joie de vivre ». Ils veulent diriger par l'exemple mais finissent par se donner à eux-mêmes et aux autres du mal. Quelle perception Bach avait-il de lui-même à ce moment-là ? Une bonne partie de ses écrits recèle certainement une sorte d'idéalisme passionné et on pourrait supposer qu'il trouva le remède Eau de Roche par ce même procédé de la résonance par sympathie qui le conduisit jusqu'à l'Impatiente ; il est significatif qu'il cite la sévérité de « l'Inquisiteur » par rapport aux deux remèdes.
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Selon Annie Guibert autrice de Fleurs de Bach, fleur de soi (Éditions Médicis, 2008, 2017) et mon enseignante dans la compréhension du message spirituel du Dr Bach :
Rock Water : Le Dr Bach a choisi ce remède au pas de Galles, sa contrée natale, en août 1933, lors d'un voyage où il est allé chercher un autre de ses sept auxiliaires, la bruyère, sur la suggestion d'une dame qui en avait grand besoin. Il vivait alors dans la cité balnéaire de Cromer et c'est là, qu'à son retour, il les a expérimentés tous deux.
Ce remède fait exception, car il ne s'agit pas d'une Fleur, mais de l'eau d'une source autrefois connue comme curative et qu'il a simplement dynamisée au soleil.
Rockwater, l'eau de roche, appartient à la classe des Fleurs de la préoccupation excessive du bien-être d'autrui (Chicory, Vervain, Vine, Rockwater, Beech). N'importe quelle eau de source naturelle, vive, sauvage, pourrait-on dire, coulant avec éclat parmi les roches convient, comme celle des cascades et des torrents.
Symbolique : Alchimie du minéral immobile et de l'eau toujours en mouvement, Rockwater participe des des deux éléments et en ajoute un troisième qui va nous donner la clé de notre problème, lorsque nous en aurons besoin : les bulles d'air qui se forment dans le courant lorsqu'il entrechoque les pierres, les mêmes bulles d'air qui se formeront lorsque nous préparerons l'élixir en plaçant de l'eau de source au soleil. Il faudra peu de temps en effet pour que le liquide étincelle des mille facettes de lumière à son contact : la quintessence sera prête.
Ces bulles d'air signeront une capacité retrouvée d'échange et de communication, une pétillance à la vie qui était absente dans l'état négatif de cet élixir.
Reconnaître un état négatif Rockwater : Exigence de perfection, règles strictes, abnégation, ascétisme, obsession de son développement personnel, refus du plaisir et de la joie de vivre, « flagellation spirituelle », disent encore avec le sens de la formule certains auteurs, voici le tableau peu facétieux d'un Rockwater à équilibrer.
Quand nous nous structurons de cette façon, c'est que nous nous sommes érigés au fil du temps, un ensemble de règles, de conduites, d'attitudes, de croyances et de conditionnements. Nous nous efforçons de le suivre constamment à la lettre, car nous les croyons bonnes et propices à notre progrès, dans une tension qui ne souffre pas d'exception et e, pour servir d'exemple aux autres. C'est là la clé de notre attitude et la justification de notre appartenance aux Fleurs de préoccupation excessive au bien-être d'autrui.
Cet aspect essentiel nous différentiera totalement de l'état de Pine qui ne cherche pas à être un exemple pour les autres.
D'ares Fleurs d ce groupe cherchent à être suivies, comme Vervain et, sur un autre plan, Chicory, Vine et Beech, mais ces Fleurs et Vervain en particulier, cherchent à réformer l'extérieur d'abord, et eux, peu ou point, sinon ils seraient guéris !
Au contraire, Rockwater cherche à se transformer lui d'abord, espérant secrètement que son effort, son obstination, pourront servir de modèle inspirant pour les autres.
Le résultat est souvent inverse, car la perte de mobilité et de souplesse, l'enfermement dans des cadres préétablis, toujours plus rigides, ne laissent plus de lac à la virginité du mouvement vivant, apportée par la rencontre avec l'autre.
L'échange est devenu improbable et, s'il existe, stérile ; l'enrichissement est devenu impossible.
L'intérêt que porte une personnalité à disposition Rockwater à autrui, ne trouve pas d'écho, car le désir d'être suivi, même s'il est plus caché et plus indirect que chez la personne à disposition Vervain, achoppe sur la réalité de la personnalité d'autrui, dont le cheminement et les voies sont toutes différentes des siennes.
Que nous rappelle la quintessence Rockwater ? S'agissant d'n aide ou auxiliaire, cet état a pu se développer au fil du temps et nous pouvons le considérer, comme l'a fait le Dr Bach, comme une évolution chronique un peu cristallisée, un peu introvertie aussi, d'un état Vervain qui n'a pas su s'équilibrer. Mais le Dr Bach n'a pas voulu non plus figer ses idées, tant il est vrai que tous, Vervain ou pas, pouvons vivre des phases où nous aurons besoin de Rockwater, plus ou moins ponctuellement.
Rockwater va nous rappeler que chaque être humain s'inscrit dans un mouvement vivant, tel le fil de l'eau courant parmi les pierres, rencontrant des obstacles, les contournant, les traversant à son gré, comme il peut et, parfois, s'éclaboussant joyeusement au passage.
Ce faisant, notre structure va se polir, s'arrondir, s'user dans ses angles, prenant la forme toujours plus adéquate à son voyage, sans perdre toutefois sa nature de base, comme un galet lissé et patiné par le courant, que nous avons plaisir à regarder, toucher et savourer dans nos mains.
Rockwater, apportant souplesse et adaptabilité dans notre structure, va nous rappeler que la grâce de l'effort consenti sans tension nous amènera, presque sans que nous n'y prenions garde, à la progression naturelle à laquelle nous aspirions, dégageant une joie de vivre et une pétillance communicatives.
Noua aurons compris aussi que chacun a ses voies propres, ses moyens pour y parvenir et que nous n'avons nul besoin de nous en préoccuper.
Chacun chemine pour suivre la volonté de son âme, dont nous ne savons rien à leur place, de notre place.
Laissons la nôtre nous inspirer dans notre voyage dans la matière, au fil de l'eau, petit galet bondissant parmi les autres, dans le courant.
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