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L’Érable

Dernière mise à jour : 30 mai


Étymologie :


  • ÉRABLE, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1236 arable (G. de Lorris, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 1357). Du b. lat. des gloses acerabulus (TLL) composé du subst. lat. acer « érable » et de -abulus d'orig. controversée. Vendryes (ds R. Celtique, 32, p. 128) voit dans ce 2e élément un gaul. *abulus qu'il déduit de la 2e partie du cymrique [cri]afol « sorbier des oiseaux ». FEW t. 24, p. 100b, levant l'objection possible contre une formation hybride, propose un étymon gaul. *acar [correspondant probable de acer] -abulus, avec *acar remplacé par acer lors de la romanisation. Pour EWFS2 (cf. Diez 5, pp. 5-6) acerabulus serait le résultat d'une dissimilation de acer a(r)bor.


Lire également la définition du nom érable pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Acer campestre - Agrelle - Alezabre - Argélabre - Arroube - Auzeraule - Bois-biche - Bois chaud - Bois de bique - Bois de coq - Bois de merde - Bois de poule - Coquêne - Erable champêtre - Isérable - Orjol - Orme jaune - Ouzraoul -

Acer japonicum - Érable du Japon -

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Botanique :


B. Cabannes et M. Lagacherie, auteurs d'un article intitulé "La forêt fleurit aussi... Quelques arbres à caractère mellifère et paysager : les érables". (In : Forêt Méditerranéenne, 2003, XXIV (4), pp. 465-470) présentent ainsi les Érables :


Les érables, représentants presque uniques de la famille des acéracées, comptent 124 espèces, de nombreuses sous-espèces, variétés et cultivars. Dans la nature, cette famille s’agrandit de nombreux hybrides qui compliquent la tâche des botanistes.


Qu’ils soient de grands arbres, des arbustes ou des plantes naines, que leur feuillage soit vert, jaune ou rouge, que leur couvert soit discret en sous-étage ou qu’ils trônent en sujets majestueux isolés, il y a toujours un érable adapté à notre environnement. On les trouve dans les jardins, les parcs, les haies, les espaces verts et les forêts.

Malgré cette diversité, ils possèdent quelques caractères communs ; ils sont tous à feuilles caduques, opposées, à nervuration palmée et généralement de forme lobée. Les fruits secs ailés (samares), collés par deux, sont caractéristiques.

A peu d’exceptions près, ils occupent les régions tempérées de l’hémisphère nord. Depuis l’Antiquité, ils accompagnent l’histoire des hommes. L’imposante silhouette du sycomore a suscité la vénération des anciens, leurs feuilles ont fourni le motif de drapeaux, d’armoiries ou de timbres. C’est une feuille rouge d’érable à sucre qui orne le centre du drapeau canadien. La poésie et l’art pictural, au Japon, font une large place à ces espèces, qui sont maintenant fréquemment cultivées en bonsaï.

De nombreuses espèces exotiques sont introduites dans les parcs et espaces verts, comme l’érable négundo, fréquent sur nos avenues. En plus des cinq espèces qui se rencontrent de façon spontanée en France, nous limiterons nos descriptions à l’érable argenté et à l’érable rouge, qui sont des composantes incontournables du phénomène de « l’été indien » en Amérique du Nord par leurs couleurs automnales éclatantes. Pour les amateurs, de nombreux livres spécialisés traitent de l’ensemble des espèces du genre. Tous les érables se régénèrent naturellement, au risque de devenir envahissants pour certains.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Je me bornerai à rappeler que le bois [...] de l'isérable, Acer campestre, passe pour être bien supérieur comme durée au noyer et au plane et qu'il est employé de préférence pour la fabrication des sabots et des galoches. [...] Du bois de l'érable à feuilles d'obier, Acer opulifolium, et du plane, Acer platanoides, on confectionne dans certains cantons les cuillères, les grandes cuillères ou pauches, les seilles et autres ustensiles de cuisine ou de ménage ; mais c'est une industrie qui tend à disparaître.



Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'érable :


ÉRABLE - RÉSERVE.

On a fait de l'Érable l'emblème de la Réserve, parce que les fleurs tardent à s'ouvrir, et tombent avec une extrême langueur.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Érable - Réserve.

Il fleurit tard, ses fruits tombent lentement, et sa végétation se fait avec une sorte de prudence et d’économie.

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


ÉRABLE - RÉSERVE.

Il fleurit tard, ses fruits tombent lentement, et sa végétation se fait avec une sorte de prudence et d'économie.

 

Selon le site http://lejardindesoules.com/les-arbres-du-jardin-symbolique :


"L'érable plane symbolise l’indépendance, la liberté, la réserve, et le sens de l’observation. Pour les druides, une bonne étoile veillait sur la destinée de leurs protégés car l’érable était le messager des dieux. On dit que s’allonger sous cet arbre sert à regonfler les esprits lassés des multiples épreuves de l’existence.

En Chine et au Japon la Feuille d’Érable est un symbole bien connu des amoureux. Les colons Nord-Américains avaient pour habitude de placer les feuilles d’érable au pied de leur lit pour éloigner les démons et encourager le plaisir sexuel ainsi que le sommeil paisible. Également dans la région Nord-Américaine, on peut observer la cigogne tisser les branches d’érable dans des nids – ainsi, l’érable devint un symbole de l’amour trouvé dans l’accueil d’un nouvel enfant dans la maison. La feuille qui est sur le drapeau du Canada est la feuille d’érable."

En ce qui concerne l'érable faux-platane, encore appelé sycomore, "Feuilles moins acérées que chez l’érable plane mais tronc plus foncé, ligneux, s’écaillant en larges plaques. Le Sycomore est symbolique du chagrin d’amour dans le théâtre shakespearien, et plus largement, dans le théâtre élisabéthain. Cela proviendrait du jeu de mot Sickamour (sick : malade en anglais)."

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Érable champêtre (Acer campestre) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Jupiter

Élément : Air


Autrefois, en Alsace, on attribuait à la chauve-souris la propriété de faire avorter les œufs de cigogne ; dès qu'elle les avait touchés, ils étaient frappés de stérilité. Pour s'en préserver, la cigogne plaçait dans son nid quelques rameaux d'Erable, et la puissance de cet arbre redouté en interdisait l'entrée à la chauve-souris.

 

Dans Le Livre des Fleurs (Librairie philosophique J. Vrin, 1989), Georges Ohsawa (Nyoiti Sakurazawa) tente d'initier les Occidentaux à la subtilité de l'art des fleurs. au Japon :


"Chaque fête populaire est en même temps une fête de fleur. [...] Au mois d'octobre c'est la fête des érables rouges que l'on va contempler en bandes jusque dans les montagnes des environs de Tokio et dont on ne se lasse pas d'admirer le contraste avec le vert sombre des sapins et le bleu du ciel toujours foncé à cette saison. Le soir on en dispose partout des branches dans des vases et on ressort la nuit pour la fête de la lune qui tombe le 16 du même mois. La lune qu'on compare souvent à une dame vêtue d'une robe argentée a certaines fleurs qu'elle préfère. Elles sont au nombre de sept qui est un nombre sacré. On doit les disposer dans des vases de terre blanche spéciale sur une table de bois blanc avec des pyramides de petits gâteaux et des assiettes de légumes et de fruits.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Même si dans le Finistère on croyait faire mourir les animaux en les touchant, ou même en les effleurant, avec une branche d'érable, cet arbre est considéré en général comme bénéfique. Parce que les cigognes protègent fleur nid et leurs œufs des chauves-souris, accusées de les faire avorter rien que par contact, avec des brindilles d'érable, on en plaçait également à l'entrée des maisons pour éloigner cette créature diabolique. En Belgique, une branche d'érable dans un poulailler attire à elle les « poux des coqs et des poules ».

On fait passer les enfants sous cet arbre pour leur garantir une longue vie (Angleterre), come les nouveau-nés afin qu'ils soient vigoureux et en bonne santé (États-Unis) ; pour guérir le bégaiement, les Américains préconisent aussi de creuser un petit trou dans un érable, d'y introduire les cheveux de l'intéressé et de refermer le tout avec une cerise.

D'après une croyance des Côtes-d'Armor, les feuilles d'érable rougissent à l'automne car « le sang de la fée qui y est domiciliée s'en va goutte à goutte ».

Une légende superstitieuse a trait à l'érable qui ornait la fameuse fontaine de Brocéliande en Bretagne : si on se servait du bassin d'or suspendu à ses branches pour recueillir l'eau de la fontaine miraculeuse et si on la répandait, la terre tremblait et s'ouvrait, livrant passage à des spectres et des démons.

 

Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) nous propose la notice suivante :


"C'est un arbre très populaire chez nos amis canadiens, dont ils choisirent la feuille (mapleleuf) pour emblème de leur pays, et dont le sirop, qu'ils confectionnent à partir de sa sève chauffée et brassée, est devenu un produit national. Bien sûr, les abeilles savaient bien avant les hommes la saveur de la sève de l'érable et la délicatesse de ses fleurs. Depuis toujours, elles les butinent avec volupté, fournissant alors un miel d'érable délectable et riche en sucre. mais déjà, au temps jadis, en Chine, l'érable était associé à la notion d'honneur, le nom désignant cet arbre présentant une homophonie avec le verbe chinois qui signifie "conférer un honneur". Symbole de longévité et de vigueur en Amérique du Nord comme dans tous les pays anglo-saxons, l'érable était aussi réputé pour chasser les démons et les mauvais esprits nocturnes. Ainsi, on en plaçait devant la porte de sa maison ou au pied de son lit, comme la cigogne qui joint de nombreuses brindilles d'érables à son nid, dans le but de chasser les chauve-souris friandes de leurs œufs."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivrent un :


Message des arbres :

Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien

à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés

sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant

les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,

physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous

diffusons l'amour et la guérison pour vous.

Les érables, les sycomores et les platanes : Ces arbres vous rappellent votre propre beauté intérieure. Ils sont très sensibles aux énergies qui les entourent. ls savent ce que vous ressentez. Ils absorbent les sentiments vulnérables de l'humanité, puis aident es gens à se sentir plus en sécurité. Ils nous soutiennent également de leur compréhension douce, ce qui nous permet de nous renforcer. Lorsque vous vous asseyez près d'un de ces arbres, vous commencer à vous sentir mieux.


VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.

  3. Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.

  4. Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.

  5. Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  6. Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  7. Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  8. Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  9. Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  10. Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.

  11. Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.

  12. Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.

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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :

Petit à petit on devient moins petit : L’Érable du Japon

Quand on a de grandes ambitions, il est naturel de souhaiter qu’elles se réalisent tout de suite. Mais comme un sage l’a dit un jour, la patience ne consiste pas à attendre ; mais à gérer le fait de devoir attendre Les Érables du Japon ont tout compris à ce sujet ; Ces arbres chétifs poussent dans les montagnes, milieu où le rythme de la vie est lent : les hivers peuvent être rudes, et il ne fait pas bon s’étendre trop vite. Mais avec le temps, ils acquièrent un port d’une élégance naturelle, et se parent d’un feuillage automnal exceptionnel.


Pense aux générations futures : l’Érable à sucre

Chacun s’est déjà senti comme un arbrisseau dans une grande forêt. Aussi, une fois que vous êtes installé dans votre vie, avec un petit coin de soleil à vous, n’oubliez pas les jeunes qui essaient de se faire une place. Les arbres de forêt comme l’Érable utilisent les réseaux sous-terrain pour extraire des sucres pour la nouvelle génération qui est encore à l’ombre. Regardez autour de vous : n’y a-t-il pas dans votre forêt quelqu’un qui a besoin d’un coup de pouce pour démarrer ?

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Symbolisme celte :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


ERABLE. C'était un arbre de cette espèce qui ombrageait la fameuse fontaine Barenton, de la forêt de Brocéliande, dont il est tant parlé dans les légendes et les romans du moyen âge. Aux rameaux de cet arbre était suspendu un bassin d'or, et lorsqu'on s'en servait pour puiser de l'eau à la fontaine et la répandre sur un perron voisin, aussitôt la terre tremblait, s'entr'ouvrait, et de ses abîmes sortaient des spectres et des démons.

 

Selon le site http://lecameleon.wifeo.com/erable.php,


"Pour les druides, une bonne étoile veillait sur la destinée de leurs protégés car l'érable était le messager des dieux. Ceux-ci parlaient aux hommes dans le souffle du vent agitant les hautes branches de l'arbre. Ils utilisaient sa sève comme breuvage destiné à calmer les esprits impulsifs et violents. On assurait que cette potion, mélangée avec d'autres sucs végétaux, avait également la capacité d'apaiser les inflammations de toutes sortes. C'est un érable immense qui dominait la fontaine de Barenton dans laquelle Merlin l'Enchanteur venait puiser des gobelets d'eau pure." (Source ?)

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :




Mythologie :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


ÉRABLE (acer). — Cet arbre est l’objet d’un culte spécial en Allemagne. Autrefois, en Alsace, on attribuait à la chauve-souris la propriété de faire avorter les œufs de cigogne ; dès qu’elle les avait touchés, ils étaient frappés de stérilité. Pour s’en préserver, la cigogne plaçait dans son nid quelques rameaux d’érable, et la seule puissance de cet arbre redouté en interdisait l’entrée au vespertilio. On plaçait aussi des branches d’érable au-dessus de l’entrée des maisons que l’on voulait soustraire aux visites de la chauve-souris154. Il existe, au sujet de l’érable, un conte hongrois d’un intérêt saisissant, qui vient de m’être communiqué par mon savant ami le comte Geza Kuun, et qui a donné lieu à un joli poème du regretté Michel Tompa. Quoique incomplet, ce conte contient une série de détails curieux, grâce auxquels il nous est permis d’établir un rapport plus évident, non pas seulement analogique, mais généalogique, entre les contes et mythes suivants : légende du roi Lear, conte de la Belle et la Bête ; contes bibliques de Caïn et Abel, et de Joseph vendu par ses frères ; légende de Romulus et Rémus ; conte du roseau et de la colombe ; légende indienne de Çakuntalâ ; conte de Polydore changé en cornouiller ; des deux frères se querellant pour une plume de paon ; mythe d’Orphée ; conte de la flûte magique ; conte esthonien des fraises ; conte piémontais des bottines rouges. Ces différents détails qui s’entrelacent s’expliquent par leur origine mythique commune. Voici donc le conte hongrois de l’Érable :

« Un roi avait trois filles. La plus jeune des trois était blonde, d’une beauté et d’une bonté incomparables (Cordélia). Un jeune pâtre qui paissait son troupeau sur la prairie du château jouait tous les soirs de la flûte (Orphée), et la jeune princesse l’écoutait (Eurydice). Une nuit, le roi, la princesse et le pâtre eurent un mauvais songe. Le roi vit en songe que sa couronne avait perdu ses diamants ; la jeune princesse qu’elle avait visité le tombeau de sa mère et qu’elle n’en était point revenue ; le pâtre que deux bêtes fauves avaient dévoré le plus bel agneau de son troupeau (histoire de Joseph). Après ce songe le roi appela ses trois filles et leur annonça que la première des trois qui reviendrait à lui avec un panier de fraises (conte esthonien des fraises) serait sa fille bien-aimée qui hériterait de lui sa couronne et ses sept royaumes (Roi Lear). Les trois filles s’en allèrent de suite à la recherche des fraises, et se rendirent à une colline verdoyante. L’aînée des trois filles jeta ce cri : « Panier, remplis-toi, pour que je puisse recevoir la couronne de mon père. » Le panier resta vide. La seconde fille, à son tour, reprit : « Panier, remplis-toi pour que je puisse recevoir les sept royaumes de mon père. » Le panier resta vide. Après que les deux sœurs aux cheveux noirs (les deux moitiés de la nuit) eurent ainsi parlé, la cadette aux cheveux blonds d’aurore, appelée dans le Rigveda la fille du ciel) dit avec tendresse : « Panier, remplis-toi, pour que je puisse devenir la fille bien-aimée de mon père. » A l’instant même, son panier se remplit de fraises. A cette vue, les deux sœurs envieuses, craignant de perdre la couronne royale et l’héritage paternel (Caïn), ôtèrent la vie à leur sœur cadette, et, l’ayant ensevelie sous un vieux érable, brisèrent le panier en se partageant entre elles les fraises. Revenues chez leur père, elles lui annoncèrent que leur sœur, s’étant trop avancée dans la forêt, avait été dévorée par une bête fauve (Joseph). Le père, à cette nouvelle, se couvrit la tête de cendres (Jacob) et cria : « Malheur ! J’ai perdu le diamant le plus précieux de ma couronne. » Le pâtre, à l’approche de la nouvelle lune, essaya de mettre la flûte à sa bouche pour en tirer des sons ; mais la flûte devint muette. En effet, pourquoi la flûte jouerait-elle encore, puisque la jeune princesse n’est plus là pour l’écouter ? puisque la bête fauve a dévoré le plus bel agneau de son troupeau ? Sur la pente de la colline verdoyante, du tronc du vieux érable, à l’arrivée de la troisième nuit, on vit sortir une nouvelle pousse, à l’endroit même où la jeune princesse avait été ensevelie. En passant par là, le pâtre vit la nouvelle pousse de l’érable et eut grande envie de s’en faire une nouvelle flûte. Dès qu’il eut approché cette flûte de ses lèvres (conte de Çakuntala, conte de Polydore, conte toscan du faux cornouiller, la flûte magique), la flûte enchantée chanta ainsi : « Joue, joue, mon cher ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable ; une flûte faite avec une pousse d’érable. » Le pâtre apporta alors sa flûte au roi. Le roi, à son tour, l’approcha de ses lèvres, et la flûte reprit : « Joue, joue, mon père ; autrefois, j’étais la fille d’un roi maintenant, je suis une pousse d’érable, une flûte faite avec une pousse d’érable. » Les deux sœurs méchantes approchèrent, elles aussi, de leurs lèvres, la flûte magique, et l’instrument chanta ainsi : « Joue, joue, mon meurtrier ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable, une flûte faite avec une pousse d’érable. » Alors le roi, ayant maudit les deux filles, elles fuirent chassées très loin du château.

On devine ici que le conte est inachevé. Les détails analogues que nous connaissons par d’autres contes ajoutent la résurrection du jeune homme ou de la jeune fille que le frère ou la sœur avait tué par envie. L’érable joue donc ici le rôle à la fois funéraire et générateur attribué au cornouiller, au cèdre, au cyprès, etc.

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Contes et légendes :


Les érables rouges


Savez-vous pourquoi les érables rougissent chaque automne ? Les hommes blancs croient, naïvement, que c’est le froid qui explique ce phénomène et qui transforme ainsi nos forêts… Eh bien, ils se trompent. Écoutez donc plutôt l’explication des Wendats.

Autrefois, le Grand Esprit veillait à ce que toutes ses créatures vivent dans un monde heureux. Nul ne connaissait la faim, la soif ou le froid. Tous vivaient en paix. Ce bonheur dura des lunes et des lunes jusqu’à ce qu’un jour, l’une des bêtes, Rat musqué, fasse une étrange proposition. Rat musqué suggéra d’organiser un concours pour voir quel oiseau volait le plus vite et quel animal de la forêt courait le plus rapidement. Les autres bêtes acceptèrent, voyant là une occasion de s’amuser.

Les oiseaux commencèrent. Chacun d’eux s’envola vers le ciel, sous les yeux attentifs de Faucon, qu’on avait nommé juge. Sans grande surprise, Aigle remporta la victoire. Vint ensuite le tour des autres animaux. Plusieurs prirent place sur la ligne de départ : Cerf, Caribou, Loup, Lièvre, Élan et bien d’autres. Ours tenait le rôle du juge. Le signal du départ fut donné. Tous s’élancèrent dans le sentier traversant la forêt. À la surprise générale, cette fois, le gagnant de la course fut… Lièvre ! Ce que les autres concurrents ne savaient pas, c’est que Lièvre gagna grâce à une ruse que Renard lui avait conseillée…

Grand joueur de tours s’il en est un, Renard avait suggéré aux autres lièvres de se placer partout le long du parcours. Les lièvres se relayèrent tout au long de la course, et quand Cerf apparut au bout du sentier, s’approchant de la ligne d’arrivée, le dernier lièvre surgit sur le chemin et traversa la ligne d’arrivée en quelques bonds, pas même essoufflé. Ours, qui n’avait pas une très bonne vue, ne remarqua pas que le lièvre vainqueur n’était pas celui qui avait pris place parmi les coureurs au départ. Il déclara donc Lièvre grand gagnant du concours !

Ce qui avait commencé comme un simple jeu n’était à présent plus drôle du tout… Les esprits s’échauffèrent rapidement. Les animaux de la forêt protestaient, critiquaient. Cerf était vraiment furieux. Il s’éloigna du groupe sans tenter de dissimuler sa colère.

Ours, mécontent de l’attitude de son compagnon, voulut le rattraper et lui demander de s’expliquer. Mais, dans un brusque élan de rage, Cerf fonça sur lui, tête baissée. Il frappa Ours de ses bois. Ours subit plusieurs blessures qui se mirent à saigner abondamment. Si Loup n’était pas intervenu, Ours serait peut-être mort, ce jour-là… Pourchassé par Loup, Cerf s’enfuit rapidement dans la forêt. Mais le sang d’Ours s’était répandu sur ses bois, et tout au long de sa fuite, le sang s’éparpilla sur les feuilles des érables environnants, qui prirent une teinte rouge vif.

C’est depuis ce jour que Cerf perd ses bois quand les arbres perdent leurs feuilles. Il se retrouve sans défense devant Loup, puni d’avoir fait couler le sang sur la Terre. C’est aussi depuis ce jour que les érables rougissent chaque automne avant que leurs feuilles tombent. Le Grand Esprit rappelle aux animaux et aux hommes la paix perdue.


Transcription d'un épisode de la série Légendes canadiennes : "Les érables rouge"

Texte : Martine Latulippe

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