Étymologie :
GINGEMBRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. Fin xie s. judéo-fr. jenjevre (Raschi, Gl. éd. A. Darmesteter et D.S. Blondheim, t. 1, p. 83) ; 1174-76 gingibre (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 3919 ds T.-L.) ; début xive s. [date du ms.] gingenbre (Blancandin, éd. F. P. Sweetser, 2591). Du lat. zingiberi, -is et zingiber (transcr. du gr. ζ ι γ γ ι ́ β ε ρ ι ς « gingembre », prob. d'orig. orientale), b. lat. gingiber, v. Ern.-Meillet et André Bot. ; le développement phonét. irrég. peut s'expliquer de manière analogue à celui de girofle*.
Lire également la définition du nom gingembre pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Zingiber officinale ; Zinj ;
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Botanique :
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Phytothérapie :
Selon Hildegarde de Bingen, auteure de Physica, Le livre des subtilités des créatures divines, les plantes, les éléments, les pierres, les métaux, les arbres, les poissons, les animaux et les oiseaux (édition originale 1151-1158 ; Édition Jérôme Millon, Grenoble, 2011),
"Le gingembre est tout à fait chaud et se diffuse facilement. Un homme en bonne santé et gras n'a pas intérêt à en manger, car il le rend stupide, ignorant, tiède et lascif. Mais si on est sec et déjà bien affaibli, réduire du gingembre en poudre et en prendre un peu à jeun dilué dans une boisson ; on peut en même temps en manger avec du pain ; on améliorera ainsi son état. Mais aussitôt que l'on ira mieux, il ne faut plus en manger, de peur d'en subir quelque dommage. Si on a les yeux irrités et purulents, réduire du gingembre en poudre, liez cette poudre dans un linge et plonger dans le vin jusqu'à ce que celui-ci devienne acide : le soir, au coucher, frotter le tour des yeux et des paupières avec ce vin ; s'il en pénètre un peu dans l’œil, il ne provoquera pas de mal ; et ainsi, on fera disparaître irritation et purulence.
[Ed. Tant que l'on conserve la vision, on peut soigner ses yeux de cette façon ; mais une fois qu'on a perdu la vision, on ne peut plus leur faire du bien de cette manière. Si la vue se couvre de brouillard, prendre du suc de rue et d'hysope en quantités égales, y ajouter trois fois autant de vin préparé comme il est dit ci-dessus, verser dans un pot de bronze pour en conserver les vertus : le soir, au coucher, en frotter le tour des yeux et des paupières ; et si le liquide touche un peu l'intérieur, il ne fera pas de mal ; répéter souvent, et le brouillard se dissipera.
Si on souffre de constipation, réduire du gingembre en poudre et mélanger cette poudre avec un peu de suc d'orcanette ; ajouter de la farine de fèves pour en faire de petites galettes et les faire cuire dans un four où l'on vient d'achever une cuisson. Manger souvent de ces petites galettes, à jeun ou non ; cela diminue l'aigreur d'estomac et réconforte. De même, si on a quelques maux d'estomac, réduire en poudre une mesure de gingembre, deux de galanga, et une demie de zédoaire ; mettre cette poudre dans du vin et boire après le dîner, ainsi que le soir au coucher ; répéter souvent, et l'état de l'estomac s'améliorera.]
Et si on a des éruptions sur le corps, mettre de cette même poudre dans un nouet et plonger dans le vinaigre, ajouter un peu de vin, si on en a, pour que l'ensemble ne soit pas trop acide, frotter la peau, là où se trouvent les éruptions, avec le nouet et sa poudre : on sera ainsi guéri.
[Ed. Si on souffre de fics, prendre une mesure de gingembre et un peu plus de cinnamome, réduite en poudre. Prendre de la sauge, un peu moins que de gingembre, et du fenouil, un peu plus que de sauge, ainsi que de la tanaisie, un peu plus que de sauge ; piler dans un mortier pour en extraire le suc, et passer dans un linge. Ensuite, faire cuire un peu de miel dans du vin, et y ajouter un peu de poivre blanc, ou, si on n'en a pas, un peu de cannelle ; mélanger la poudre et le suc. Prendre ensuite de la lentille d'eau et deux fois autant de tormentille, de la moutarde sauvage, autant que de tormentille, mais qu'il y en ait moins que de lentille d'eau ; piler dans un mortier pour extraire le suc, mettre dans un petit filtre, verser par-dessus le miel et le vin pour obtenir une boisson claire. Si on souffre du mal évoqué plus haut, prendre à jeun une gorgée de cette boisson, et autant le soir au coucher. Faire cela jusqu'à guérison. Si on veut fabriquer et prendre des purgatifs, réduire en poudre une part de gingembre, une demi part de réglisse et une troisième part faite de zédoaire autant que la noix d'un scribe peut en contenir dans sa fente, avec autant de la poudre susdite : en faire une toute petite boulette ou une toute petite galette ; la couper en quatre et faire sécher au soleil, en mars ou en avril, car en ces mois les rayons du soleil sont tempérés, ni trop frais ni trop chauds, et apportent donc beaucoup de santé. Et si, au cours de ces deux mois, on ne peut se procurer de lait de saponaire, et d'autant de gingembre ; peser la poudre obtenue ; prendre le même poids de sucre. Tout cela devra peser à peu près le poids de trente pièces. Prendre ensuite de la très pure eau de farine, la contenance d'une demi tête de plume et du lait de saponaire, reporter l'opération en mai : on fera alors la petite galette pour la faire sécher au soleil de mai : conserver jusqu'en temps utile. Et quand on veut prendre un purger, avaler à jeun le quart d'une des galettes susdites. Et si l'estomac est si chargé et si lourd qu'il ne ressent pas l'effet de cette médecine, prendre la moitié des trois quarts qui restent en humectant encore l'ensemble avec du lait de saponaire : faire sécher au soleil et prendre à jeun. Mais si on est soi-même froid, il faut se réchauffer avant de prendre ce remède. Après l'avoir pris, il faut se reposer un peu en restant éveillé sur un lit, puis se lever et se promener de long en large, en veillant à ne pas prendre froid. Après soulagement, manger du pain de froment, non pas sec, mais trempé dans du lait bouilli ; puis du poulet, de la viande de porc, et d'autres viandes douces. Mais éviter le pain lourd, la viande de bœuf, le poisson, les aliments lourds et les rôtis, s'abstenir de fromage, de légumes crus et de fruits. Boire du vin, mais modérément, et éviter l'eau. Éviter la lumière du soleil, et continuer ainsi pendant trois jours.]
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Selon R. J. Opsomer et J. P. Auquière, auteurs d'un article intitulé "Les aliments aphrodisiaques... tous des placébos ? (in Louvain médical, 2009, vol. 128, n°8) :
LE GINGEMBRE (Zingiber officinale Roscoe, Zingibéracées).
Plante vivace à rhizome rampant noueux, chaque nœud pouvant donner naissance à une pousse (Figure 2). La plante est originaire d’Asie. Les principes actifs du gingembre sont des sesquiterpènes et des aldéhydes. Le gingembre agit comme révulsif et favorise l’afflux de sang dans les organes périphériques. En phytothérapie, on utilise son rhizome réduit en poudre ou en infusion ou encore sous forme de teinture, gélules ou huile essentielle. Par ailleurs, il entre dans la composition de nombreuses recettes culinaires sous forme d’épice (9-11). En Chine, il est servi confit en fin de repas. Il est utilisé comme antiémétique. En Europe, au XVIIe siècle, le gingembre était conseillé aux marins partant en mer pour de longues périodes pour prévenir le scorbut. Les propriétés aphrodisiaques du gingembre sont discutables : elles sont rapportées par Nicolas Lemery dans son « Traité des drogues simples » publié en 1702 (cité par Delaveau - 10).
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Symbolisme :
Jacques Brosse dans La Magie des plantes (Éditions Hachette, 1979) consacre dans sa "Flore magique" un article au Gingembre :
Au Moyen Âge, le gingembre était avec le poivre l'épice la plus recherchée. En France, les « épiciers », qui étaient aussi des apothicaires, en vendaient deux variétés : le gingembre colombin (venant de Colombo, dans l'île de Ceylan) et le gingembre de mesche (car il était censé provenir de la Mecque), lequel était « plus mol à trenchier au coustel et plus blanc dedans que l'autre ». Plus délicat aussi et coûtant plus cher - une livre de gingembre de mesche valait le prix d'un mouton -, ce dernier donnait une notable partie de leur saveur à des mets aussi variés que la cretonnée à pays nouveaulx, la grave d'escrecice, l'arbaleste de poissons, la vinée de chair, la dodine de vert jus, la potée de teryne de vache ou la galimafrée ; il rendait aussi plus digestibles les plats en sauce.
L'usage du gingembre était déjà fort ancien à l'époque. Les Grecs le connaissaient, qui le tenaient des Perses, mais s'en servaient fort peu, car il était rare et cher ; mais à Rome, le gingembre se vendait couramment sur les marchés, ainsi que l'atteste Pline. On le croyait alors originaire d'Arabie et du pays des Troglodytes et on le prenait pour la racine du poivrier, erreur que Pline rectifie. Même lorsque le gingembre se répandit en Europe occidentale - très tôt puisqu'il est mentionné en Angleterre dès avant la conquête normande - on ne savait ni quelle plante le produisait ni exactement d'où il venait. Comme c'étaient les Arabes qui en faisaient seuls le commerce, on le pensait originaire du Sud de l'Arabie. C'est seulement Marco Polo qui, à la fin du XIIIe siècle, en fixa l'exacte provenance ; mais sans avoir vu lui-même la plante, que décrivit, quelques années après lui, frère Giovanni de Monte Corviso, un des premiers missionnaires qui aient visité l'Inde en 1292. Toutefois, on n'eût de renseignements précis sur la culture du gingembre qu'avec la relation que donna de son voyage l’italien Nicolo Conti, lequel parcourut l'Inde, la Chine du Sud, Sumatra et Java de 1428 à 1453.
Le gingembre, originaire de l'Inde et dont le nom provient du sanskrit cringavera, ne croît que dans les parties les plus chaudes de l'Asie. Sa culture y est certainement antique puisque l'on n'a pas retrouvé la plante à l'état spontané. Celle-ci est une herbe vivace dont les hautes tiges, qui ressemblent à celles d'un roseau, portent les unes de longues feuilles lancéolées, les autres seulement un épi ovoïde de fleurs jaune verdâtre. Ce sont les rhizomes souterrains que l'on utilise : ils sont allongés, gros comme le pouce, très noueux et répandent une forte odeur aromatique et poivrée. Après la floraison, les rhizomes sont déterrés, lavés, grattés et séchés au soleil. Ils sont vendus frais en Orient, mais parviennent en Europe sous deux formes : le gingembre gris ou noir, encore revêtu de son épiderme et, le gingembre blanc qui est pelé.
Lorsque les navigateurs européens eurent découvert le Nouveau Monde, puis le pays des épices, les Espagnols introduisirent tout aussitôt la culture du gingembre aux Antilles où, le climat lui étant particulièrement favorable, la production devint très vite importante. La Jamaïque fut dès la fin du XVIe siècle l'un des principaux exportateurs du gingembre et l'est demeurée depuis. Peu après, le gingembre atteignit la côte occidentale de l'Afrique, où la Sierra Leone est devenue l'un des plus gros producteurs du monde.
En Orient, le gingembre est utilisé pour aromatiser les mets, mais aussi dégusté confit ou on en conserve au sirop comme une friandise très appréciée, surtout en Chine où elle est souvent offerte en cadeau. En Afrique noire, et particulièrement au Sénégal, le gingembre parfume le couscous.
En Europe, les plus gros consommateurs de gingembre sont les Anglais qui l'utilisent beaucoup en confiture, dans les puddings et autres pâtisseries. Ils en parfument aussi toutes sortes de boissons, dont la plus connue est le ginger ale. En revanche, les Français qui, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, avaient été grands amateurs de gingembre, ne l'estiment plus guère depuis la fin de l 'Ancien Régime, comme s'il s'agissait d'un goût d'aristocrate. Peut-être la saveur brûlante et aromatique du gingembre que proposent de nombreuses boutiques de produits extrême-orientaux va-t-elle redevenir de mode lorsque l'on saura que le gingembre possède non seulement des vertus apéritives, stomachiques, carminatives et fébrifuges, mais un très réel pouvoir aphrodisiaque. Et c'est bien là une des raisons principales de la faveur dont il jouit non seulement en Chine, mais chez les Arabes et chez les Africains.
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Gingembre (Zingiber officinale) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Pouvoirs : Amour, argent, succès, pouvoir.
Utilisation magique : Pour peu que vous ayez été légèrement soûlé par les effluves du Gingembre alors que vous étiez en train de ritualiser un charme, celui-ci n'en sera que plus gênant. Cela est particulièrement valable dans les charmes d'amour où le Gingembre joue depuis toujours un rôle important.
Si l'on plante ses racines et qu'elles croissent et se développent, l'argent ne tardera pas à arriver; on peut obtenir un résultat analogue en réduisant en poudre ces mêmes racines que l'on répandra dans les poches ou sur des pièces de monnaie.
Le Gingembre est encore valable dans les vœux de succès, ou pour assurer la réussite d'une opération magique.
Dans le Pacifique, les habitants de l'île Dobu font un grand usage de Gingembre dans leurs cérémonies magiques. Ils le mâchent puis le recrachent sur la partie malade qu'ils veulent soigner; le Gingembre mâché et recraché de la même manière, mais dans la direction d'une tempête qui arrive de la mer, a la réputation de l'arrêter.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Cette plante est associée aux vœux de richesse répandre du gingembre en poudre dans ses poches ou sur des pièces de monnaie attire l'argent. pour obtenir le même effet, on peut se contenter de planter ses racines : le charme fonctionnera si elles poussent convenablement.
La plante peut servir en outre aux rites d'amour et aux opérations magiques visant à obtenir le succès.
"Dans le Pacifique, les habitants de l'île Dobu font un grand usage de gingembre dans leurs cérémonies magiques. Ils le mâchent puis le recrachent sur la partie malade qu'ils veulent soigner ; le gingembre mâché et recraché de la même manière, mais dans la direction d'une tempête qui arrive de la mer, a la réputation de l'arrêter".
Selon une superstition de l'île Maurice, une femme enceinte qui sème du gingembre donnera naissance à un enfant doté de six ou de huit doigts à chaque main !
Le rhizome d'une variété de gingembre des forêts d'Annam, appelée le "Ngäi Cop" ou "Nägi" du tigre, "confère à ceux qui en font usage un pouvoir absolu sur les tigres rencontrés : ceux-ci, au lieu d'attaquer, apporteraient leur aide à l'occasion et serviraient, au besoin de monture". La plante magique permettrait également de se métamorphoser en ce fauve.
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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Gingembre (Zingeber officinalis) :
"Plante vivace originaire d'Asie. La partie importante de cette plante est la racine. Les fleurs sont stériles ; c'est donc par la racine que la plante se propage.
Propriétés médicinales : Prise en infusion chaude, la racine de gingembre peut causer une forte sudation, appropriée pour chasser les fièvres et nettoyer tous les systèmes du corps. Cette infusion est aussi conseillée dans les cas de suppression des règles. Prise au début d'un rhume, elle en atténue considérablement les effets.
Genre : Masculin.
Déités : Daikoku - Enki.
Propriétés magiques : Amour - Succès - pouvoir.
Applications :
SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS
Manger des morceaux de gingembre confit ou vinaigré à la japonaise pendant un rituel ou lorsque vous faites un sortilège lui confère plus de pouvoir ; c'est aussi une façon d'accroître votre pouvoir magique personnel.
Les charmes et les sortilèges sont accrus lorsqu'on y ajoute quelques morceaux de gingembre.
Pour attirer l'argent, plantez une racine de gingembre dans un pot et faites-la germer ; à mesure que la plante grandira, vos ressources financières s'accroîtront aussi.
Placez de la racine de gingembre en poudre dans votre porte-monnaie afin d'attirer l'argent vers vous.
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Eliot Cowan, auteur de Soigner avec l'Esprit des Plantes, Une voie de guérison spirituelle (Édition originale 2014 ; traduction française Éditions Guy Trédaniel, 2019) raconte plusieurs histoires de guérison dont il a fait l'expérience à partir du moment où il est entré sur la voie de la Guérison avec l'Esprit des plantes :
"Le dernier jour du cours, après que les participants se furent soignés les uns les autres, je me suis approché de lui. "Tout le monde a été soigné maintenant, sauf moi, dis-je. Je voudrais que vous me soigniez.
- Oui naturellement, je serais heureux de vous soigner", répondit-il.
Je lui dis alors : "Je voulais que vous me chantiez mon remède."
Le docteur rougit, regarda ses pieds, et balbutia quelque chose d'incohérent. Levant les yeux vers moi, il vit que j'étais déterminé. Il acquiesça donc, et je m'allongeai sur la table de soins pour qu'il puisse me poser des questions et prendre mes pouls. Après cette procédure, il disparut dans la pièce voisine avec les autres élèves afin de discuter quelle plante devait être chantée. Quelques minutes après ils réapparurent. Il saisit mont tambour et se mit à jouer un rythme lent, bondissant, et commença un chant répétitif étrangement beau. C'était quelque chose de complètement rassurant. Je sentais le chant entrer dans ma poitrine. Des larmes me vinrent aux yeux. Le Dr Milner accéléra le rythme, ce qui me mit de bonne humeur, et je me mis à sourire. Il arrêta de chanter et contrôla mes pouls, puis tous les élèves s retirèrent de nouveau dans la pièce voisine pour se concerter.
Quand ils revinrent, il joua du tambour et chanta comme avant, mais cette fois l'effet fut plus profond, plus intérieur. J'ai fermé les yeux, et soudain j'ai perdu conscience de tout ce qui m'entourait. Je me suis retrouvé dans les bois, assis sur un sol de forêt couvert de gingembre sauvage. Le chant du gingembre sortait de la bouche de ses fleurs pourpres, m'offrant ses trésors : les feuilles en forme de cœurs, la richesse du sol, le vent soupirant dans les branches gracieuses des érables, et d'autres bénédictions indicibles.
Gil s'arrêta de chanter et je suis retournée ans la salle de classe. "Gingembre sauvage, dis-je, Asarum canadense." Il acquiesça et contrôla mes pouls, bien qu'il sache déjà quel splendide traitement avait été administré. Je me levai et le serrai dans mes bras pour exprimer ma gratitude. Son visage était rouge, ses yeux pleins de larmes, et visiblement il tremblait."
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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.
La famille des Révélateurs comprend la Menthe poivrée, l’Absinthe, la Verveine, le Basilic, le Persil, le Gingembre et le Poivre. Les révélateurs mettent en lumière, en exergue, pimentent, sucrent ou permettent à leur environnement de se transformer.
Ce n'est pas l'événement qui crée le drame,
mais la charge émotionnelle que nous y associons
et le regard que nous portons sur lui.
Ils donnent du goût, parfument un plat, l'épicent ou le transforment. Les Révélateurs ont un rôle clé dans notre apprentissage du goût comme dans notre apprentissage de l'existence. Ils nous apprennent à transformer une viande, une poêlée de légumes ou un poisson sans saveur en délice pour les papilles. Notre existence peut être fade, morne ou épicée, pimentée, salée, sucrée. Ce sont les Révélateurs qui vont vous permettre de transformer votre regard sur une situation, un événement, un potentiel. Le Thym, le Romarin, Le Laurier, la Menthe, Le Poivre, la Cannelle, le Piment de Cayenne ou la Vanille, les Révélateurs qu'on appelle en cuisine les plantes aromatiques, les aromates ou les épices accompagnent l'histoire de la cuisine et ainsi l'histoire de l'humanité depuis des millénaires. Les Révélateurs ont pour vocation de réveiller la beauté, de mettre en avant une sensibilité, de rendre unique ce qui serait passé inaperçu. Apprendre à les reconnaître, à vivre avec eux, c'est apprendre à transformer votre regard sur le monde, le rendre plus beau, plus généreux, plus inspirant.
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C'est en acceptant en toi
la puissance du feu
Que tu découvriras ton humilité.
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Le gingembre est une grande herbe ressemblant à un roseau et pouvant mesurer jusqu'à un mètre. Ses feuilles sont odorantes et ses fleurs sont jaunes avec une lèvre rouge. Kes premières récoltes s'effectuent environ dix mois après la plantation. Le gingembre aime prendre son temps. Cette plante est lascive et son tempérament se plaît dans un environnement humide, chaud et ensoleillé, c'est pourquoi on trouve le Gingembre essentiellement dans les pays tropicaux. Ses racines forment un rhizome qui garantit sa multiplication plus que ne le permettent ses rares graines noires contenues dans ses fruits peu nombreux. Ce sont les racines qui sont le plus cultivées depuis près de six mille ans en Inde, au Népal, en Chine et en Malaisie. Cette plante qui voyagera par le commerce des Romains et des Grecs dans toute l'Europe, notamment en Grèce, en Italie, en Perse, en France. (1). Le gingembre est un pilier de la médecine ayurvédique. C'est une clé de la santé en Inde comme en Chine. Par sa capacité à réchauffer l'organisme, il restaure l'équilibre du yang et harmonise la source du feu. Il apaise les maladies liées aux excès de yin qui se développent pas temps froid. Le Gingembre est alors utilisé pour traiter les affections intestinales, les états grippaux, le manque d'énergie vitale ou la baisse de libido. C'est l'un des antioxydants (avec le Curcuma, la Coriandre, la Menthe et les Brocolis) qui protège le mieux les cellules et prévient des maladies cardiovasculaires et de certains cancers (notamment ceux du côlon, de l'intestin et des ovaires) surtout lorsqu'il est consommé moulu. On utilise le Gingembre pour renforcer le système immunitaire, pour soulager des douleurs, pour stimuler l'appétit et pour tonifier l'organisme. Sous forme de cataplasmes, il soigne les foulures, les entorses et blessures musculaires. On peut consommer le Gingembre frais, confit, en poudre ou en huile. Véritable potion magique en Inde, le Gingembre est très riche es sels minéraux, en vitamines B et C. Il maintient le taux de glucose et améliore la circulation sanguine. Il accélère le métabolisme, ce qui favorise la perte de poids. Comme toute plante puissante, Il est convenu d'en consommer en suivant les doses raisonnables pour éviter les effets secondaires.
Mots-clés : La vitalité - Le feu - La force - La sexualité - La libido - Les racines - Le ralentissement et l'accélération - Le système immunitaire - L'hiver - La réussite - Le pouvoir - La magie - La gloire - L'exploit -La compétition - la colère.
Lorsque le Gingembre vous apparaît dans le tirage : C'est pour vous interroger sur la source de votre énergie. Avez-vous tendance à vous inspirer de ce qui vient de la terre, de vos racines, de vos ressources profondes et intimes ?Ou à vous inspirer du ciel, des modèles, des guides, des anges ? Avez-vous tendance à avoir besoin d'activités ou de relations pour puiser de l'énergie ? Ce révélateur vous interroge sur votre relation au feu. Avez-vous la sensation d'être en excès de feu ? Débordez-vous d'énergie ? Entreprenez-vous simultanément un grand nombre de projets ? Avez-vous tendance à peu dormir, à éviter le silence et la solitude ? Ou au contraire, êtes-vous en déficit de feu ? Avez-vous tendance alors à remettre au lendemain, à procrastiner, à manquer de spontanéité dans vos initiatives ?Le Gingembre vous interroge également sur vos humeurs, sur vos émotions. Vous mettez-vous facilement en colère ? Êtes-vous très réactif ? Spontané ? Ou, au contraire, avez-vous du mal à poser vos limites ? Avez-vous tendance à vous laisser envahir ? D'une façon générale, le Gingembre vous interroge sur votre feu, sur votre vitalité et la source de cette énergie. Plus vos racines seront puissantes et dynamiques, plus vous saurez faire circuler l'énergie en vous et autour de vous.
Signification renversée : Lorsqu'il apparaît dans sa position inversée, le Gingembre peut signaler une fatigue chronique ou passagère, une forme de lassitude, d'ennui. Le feu intérieur n'est plus nourri, vous ne brûlez plus d'enthousiasme. Vous pouvez alors manquer d'optimisme ou de vitalité. Votre désir ou votre énergie sexuelle s'est peut-être affaibli. D'une façon générale, l'énergie vous manque et atténue votre sens de l'initiative, de l'entreprenariat. Le gingembre renversé vous interroge sur la relation à vos ancêtres. Vous sentez-vous apaisé avec eux ? Il ne s'agit pas que de vos ancêtres connus, mais de toute votre lignée. Le Gingembre vous informe que vous pouvez renforcer la connexion avec eux. Le Gingembre enfin peut vous questionner sur votre capacité à vous enraciner. Quelles que soient les images que peut vous transmettre le Gingembre renversé, il vous interroge sur votre lien à la terre, aux racines et au mouvement juste.
Le Message du Gingembre : Depuis plus de six mille ans, je puise mon énergie vitale dans la terre. Je puise les sels minéraux, les vitamines, les oligo-éléments. Je puise l'information, l'inspiration, la régulation. Je suis le Maître du feu. J'ai accès à tous les secrets qui concernent la matrice et notamment les informations liées à l'énergie vitale. C'est l'énergie que je peux te transmettre, ce qui te tient à cœur. Peut-être crois-tu que plus tu entreprendras, plus tu te fatigueras ? Cette croyance justement freine tes rêves et tes ambitions. C'est exactement l'inverse. C'est le fait de résister à ta lumière qui te fatigue. Tu ne sers pas le monde en te limitant dans tes ambitions. Il est une forme d'humilité de reconnaître la puissance du divin, mais il est une autre forme d'humilité de se mettre à son service et de la laisser agir à travers nous. Si tu coopères avec moi, je te transmettrai l'énergie vitale de la terre qui te permettra de vivre pleinement ta puissance sur la terre.
Le Rituel du Gingembre : Procurez-vous une racine de Gingembre. Découpez l'équivalent d'un dé à coudre de Gingembre, que vous allez couper en toutes petites lamelles. Faites bouillir le Gingembre pendant une dizaine de minutes dans un litre d'eau, puis laisser reposer. Versez votre Gingembre dans une bouteille en verre que vous allez dynamiser. On dynamise une bouteille en lui indiquant un mouvement de lemniscate (le 8 infini), qui consiste à secouer la bouteille huit fois. Concentrez-vous alors sur l'énergie de feu. Visualisez que tout votre corps est en feu, et que ce feu détruit tout ce qui n'a plus lieu d'être, vos vieux paradigmes, vos vielles croyances, vos peurs ou vos vieux démons. Visualisez qu'un feu sacré dynamique brûle au centre de votre poitrine. C'est ce feu qui vous anime et vous donne l'élan, la joie et l'enthousiasme nécessaires à vos projets. Vous enterrerez le reste des lamelles de Gingembre dans la terre en remerciant la Terre de porter voter projet.
Note personnelle : 1) l'agrammaticalité de cette phrase n'est pas due à une erreur de copie de ma part...
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
Le Gingembre représente la sphère suivante : "Je veux encore réfléchir sur tout ; je préfère encore attendre avant de prendre une décision... ; je vais remettre les choses à un peu plus tard..." Il est délicat dans ses choix ; il a l'esprit critique, parfois récalcitrant, têtu ; une mentalité plutôt de rejet et de conservation qui craint le changement. Il s'agit d'une indécision, d'un ajournement, d'un "étirement" lent. e Gingembre retient un peu le cours des choses ; il n'est pas très coopérant parce qu'il trouve que tout va trop vite. il faut qu'il ait le temps de tout reconsidérer dix fois, de méditer longuement sur les choses.
Le Gingembre semble manquer de "persévérance", mais d'autre part il faut reconnaître qu'il prend son temps pour bien s'imprégner des choses, pour les ruminer... avec le plus grand calme ! Il désire s'accorder un moment de repos et réfléchir tranquillement aux choses. Il est possible qu'il arrive trop tard et qu'il rate son train ; néanmoins, il ne se pressera jamais pour "l'heure" ou pour un "rendez-vous" ! Il reste toujours fidèle à lui-même et il donne à son corps tout le temps nécessaire pour s'adapter à chaque fois à de nouvelles situations.
Quelqu'un qui porte en soi un excès de la sphère du Gingembre est confronté ici à sa propre inertie, à sa façon d'agir qui consiste parfois à différer les choses ; le Gingembre lui demande : "Est-ce que ça te plaît d'être comme moi ? Alors c'est une excellente chose : accepte-toi donc, accepter ta nature, et fait tout à ton propre rythme - calmement." Voilà la voix solidaire du Gingembre.
Le Gingembre dit à l'être humain qu'il ne doit surtout pas s'exciter, se presser ou s'énerver. "Nous faisons tout à fond, de manière tranquille et à notre rythme, de sorte que nous ne nous affolons pas en abordant les choses d'une façon trop nerveuse et forcée !", dit le Gingembre. Il conduit le Char à bœufs à travers le champ, en père peinard. Arrivera-t-il à temps... ?! S'il veut travailler en collaboration avec d'autres, il fera bien quand même de s'adapter de temps en temps !
Cependant, celui qui aime le Gingembre a généralement besoin de "calme" dans sa tête... La sphère du Gingembre a une influence apaisante sur le système nerveux. Peut-être s'agit-il de celui qui est fâché parce que tout va trop lentement, parce qu'il ne peut pas faire dix choses à la fois ; de celui qui brûle d'impatience de foncer... Sa tête devient folle d'agitation, d'avidité de devancer le temps... Son cerveau devient très rouge à force de penser sans cesse et de tourner à plein régime, de façon exagérée... Cela requiert un peu de calme, d'apaisement, de "refroidissement"... C'es ce que la sphère du Gingembre peut lui procurer.
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Littérature :
On trouve une recette de gingembre inattendue dans Moby Dick (1851) d'Herman Melville :
Mais courage ! une bonne surprise vous attend, Queequeg. Car à présent, les lèvres bleuies, les yeux injectés de sang, le sauvage épuisé grimpe enfin aux cadènes et se tient tout trempé, tremblant malgré lui, sur le pont ; le garçon s’approche et avec un regard consolateur et bienveillant lui tend… quoi ?… Un cognac chaud ? Non ! lui tend, ô Seigneur ! une tisane de gingembre tiède !
– Du gingembre ? Est-ce que je sens une odeur de gingembre ? demanda soupçonneusement Stubb en s’approchant. Oui, cela doit être du gingembre, ajouta-t-il en jetant un coup d’œil dans la tasse encore intacte.
Il resta un instant immobile comme s’il n’en croyait pas ses yeux, puis il s’avança calmement vers le garçon étonné et lui dit en détachant ses mots :
- Du gingembre ? du gingembre ? et voulez-vous avoir la bonté de me dire quelle est la vertu du gingembre, monsieur Pâte-Molle ? Du gingembre ! est-ce là la sorte de combustible que vous utilisez pour allumer un feu dans ce cannibale grelottant ? Du gingembre !… et que diable est le gingembre ?… de la houille ?… du bois de chauffage ? … des allumettes soufrées ?… de la mèche ?… de la poudre à canon ?… que diable est le gingembre, dis-je, pour que vous en offriez à ce pauvre Queequeg que voilà ?
– Il y a anguille sous roche avec la Société de tempérance, dans cette affaire, ajouta-t-il brusquement, se dirigeant à présent vers Starbuck qui venait d’arriver. Voulez-vous jeter un coup d’œil à ce flacon, sir, sentez-le, je vous prie. Puis épiant la réaction du second, il ajouta : Le garçon a eu le front d’offrir ce calomel, ce jalap, à Queequeg qui remonte à l’instant de la baleine. Le garçon est-il apothicaire, sir ? et oserais-je demander si telle est la sorte d’apéritif avec laquelle il compte rendre la vie à un homme à demi noyé ?
– J’espère que non, répondit Starbuck, c’est une assez misérable potion.
– Oui, oui, garçon, s’écria Stubb, nous allons vous apprendre à droguer un harponneur, pas de vos remèdes par-là, vous cherchez à nous empoisonner, n’est-ce pas ? Vous avez contracté sur nous des assurances sur la vie et vous voulez tous nous faire passer de vie à trépas pour empocher les bénéfices, n’est-ce pas ?
– Ce n’est pas moi, répondit Pâte-Molle, c’est tante Charité qui a apporté le gingembre à bord en me priant de ne jamais donner d’alcool aux harponneurs mais seulement cette gingembrade, comme elle l’appelle.
– Gingembrade ! gingembrée canaille ! emportez ça ! et volez à vos placards pour y trouver quelque chose de mieux. J’espère n’avoir pas tort, monsieur Starbuck. Ce sont les ordres du capitaine : un grog pour le harponneur qui est sur la baleine.
– Ça va, seulement ne le frappez plus, mais…
Oh ! je ne fais jamais de mal quand je frappe, sauf quand c’est une baleine ou quelque chose du même genre, et ce gars est une belette. Qu’allez-vous dire, sir ?
– Seulement ceci : descends avec lui et cherche toi-même ce que tu veux.
Lorsque Stubb réapparut, il avait un flacon sombre dans une main et une sorte de boîte à thé dans l’autre. Le flacon contenait de l’alcool et fut tendu à Queequeg, l’autre, le cadeau de tante Charité, fut généreusement offert à la mer.
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