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La symbolique du cercle




Étymologie :


  • CERCLE, subst. masc.

Étymol. et Hist. A. « Ligne dont tous les points sont également distants d'un même point intérieur » 1. objet circulaire 1160 « couronne de métal entourant la calotte du heaume » (Énéas, Paris, éd. Salverda de Grave, 1925, 4439) − 1625 (Nicot ds Gay); 1185-88 « cerceau dont on entoure les tonneaux » (Raoul de Cambrai, Paris, éd. P. Meyer et A. Longnon, 1469); 2. 1265-68 géom. « circonférence d'un cercle » (Brunet Latin, Trésor, 126 ds T.-L.); 3. p. ext. 1653 « réunion de personnes groupées dans un salon » (Loret, Muse histor., 25 janv. ds Livet, Molière, p. 355); d'où « club, association de personnes réunies pour un but particulier » 1764 (Courrier de Vaugelas, 1, 156 d'apr. FEW t. 2 p. 704 b); 4. fig. 1690 (Fur. : Cercle, se dit aussi en Logique, du vice d'un argument qui suppose le principe qu'il doit prouver, & qui prouve après le principe par la chose qu'il pense avoir prouvée) − 1771, Trév. qui note ,,c'est ce qu'on appelle circulus vitiosus``; d'où 1798 cercle vicieux (Ac.). B. « Surface plane limitée par une courbe dont tous les points sont à égale distance du centre » ca 1160 « disque de la terre » (Benoit, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 54); 1606 « objet de forme circulaire » (Nicot : Un cercle qui se voit entour la lune. Halo); 1690 quadrature du cercle « problème qui consisterait à carrer un cercle » d'où fig. « une chose impossible à trouver » (Fur.). Du lat. circulus attesté dep. Accius au sens A 3 ds TLL s.v., 1111, 70; sens A 1 « objet de forme circulaire », Varron, ibid., 1111, 4, « cercle de tonneau », Pétrone, ibid., 1111, 24, v. aussi Bambeck Boden, p. 143; B terme d'astron., de géogr. « zone, aire du ciel, de la terre », Sénèque, ibid., 1109, 22; terme de géom., Cicéron, ibid., 1108, 7.


Lire également la définition du nom cercle afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Le cercle est la seule figure géométrique grâce à laquelle, lorsque nous sommes tous placés sur sa circonférence, nous nous trouvons tous à équidistance du centre, du feu sacré. C'est pourquoi de nombreuses traditions se rassemblent en cercle pour tenir leurs assemblées et accomplir leurs rituels. Le Monde du Milieu offre sans cesse à notre réflexion et à notre imaginaire cette vision du cercle parfait : le disque du soleil, la roue de la pleine lune, la rondeur des planètes, le cœur des fleurs, la circonférence de certains lacs, etc. C'est pourquoi l'homme s'efforce de reproduire cette forme magique pour en bénéficier au mieux : les huttes, les igloos, les tipis puisent dans le cercle l'efficacité de leur bâti et les tambours font résonner le macrocosme infini.

 

Selon Joseph Campbell, auteur du célèbre Le Héros aux mille et un visages, (édition originale 1949, nouvelle traduction française Oxus, 2010), "Chez les Pawnees du Kansas du Nord et du Nebraska du Sud, le prêtre, au cours de la cérémonie du Hako, trace un cercle avec son orteil. Voici les raisons qu'en donne un de ces prêtres :

Le cercle représente un nid et il est tracé avec l'orteil parce que l'aigle bâtit son nid avec ses serres. En faisant cela, nous imitons l'oiseau qui fait son nid, mais notre geste, a une autre signification. Nous imitons en pensée Tirawa créant le monde pour que les hommes l'habitent. En effet, si vous montez sur une haute colline et regardez autour de vous, vous verrez que le ciel touche la terre de toutes parts ; et c'est à l'intérieur de cette enceinte circulaire que vivent les hommes. Les cercles que nous avons tracés ne sont donc pas seulement des nids ; ils représentent aussi le cercle qu'a tracé Tirawa-Atius pour en faire le séjour de tous. Les cercles représentent également la famille, le clan, la tribu.

La voûte du ciel repose sur les quartiers de la terre que soutiennent parfois quatre rois, quatre nains, quatre géants ou quatre tortues en forme de cariatides. D'où l'importance que la tradition attachait à la solution du problème mathématique de la quadrature du cercle : il renferme le secret de la transformation des formes célestes en formes terrestres. Le foyer dans la maison, l'autel dans le temple, c'est le moyeu de la roue de la terre, la matrice de la Mère Universelle ; le feu en est le feu vital. Et l'ouverture au faîte de la demeure - de même que la coupole du dôme, son pinacle ou son lanternon - est le moyeu de la roue du ciel, son point médian : c'est la porte du soleil que franchissent les âmes lorsqu'elles quittent le monde temporel pour retourner à l'éternité, comme le fait le parfum des offrandes brûlées au feu vital lorsqu'il s'élève porté sur l'axe d'une fumée ascendante, du moyeu de la roue terrestre vers le moyeu de la roue du ciel."

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Dans son Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or (Édition originale 1971 ; traduction française : Éditions Albin Michel, 1979), Carl Gustav Jung propose sa vision du mandala :


Mandala signifie cercle, et spécialement cercle magique. Les mandalas ne sont pas seulement répandus à travers tout l'orient, mais ils sont en outre abondamment représentés chez nous dans des œuvres médiévales. Ce sont en particulier des mandalas chrétiens qu'il faut attribuer au haut Moyen Âge. La plupart représente le Christ au centre avec les quatre évangélistes ou leurs symboles aux points cardinaux. Cette conception doit être très ancienne, puisque en Égypte Horus et ses quatre files est en relation très étroite avec le Christ et les quatre évangélistes). A une époque plus tardive on trouve un mandala explicite et très intéressant dans le livre de Jacob Boehme sur l'âme. Il est tout à fait évident qu'il s'agit là d'un système psychocosmique fortement teinté de christianisme. Il est dénommé l' "œil philosophique" ou le "miroir de la sages", ce qui signifie manifestement une somme de savoir secret. On rencontre la plupart du temps une forme de fleur, de croix ou de roue avec une prédilection marquée pour le nombre quatre (qui rappelle la tétraktys pythagoricienne, le nombre fondamental). De tels mandalas se trouvent également dans les dessins de sable réalisés à des fins religieuse chez les Pueblos. Mais c'est naturellement l'Orient qui possède les plus beaux mandalas, en particulier dans le bouddhisme tibétain. J'ai également rencontré des dessins en forme de mandala chez des malades mentaux, et cela chez des gens qui n'ont sûrement pas la moindre idée de telles connexions.

J'ai observé chez mes patients des femmes qui ne dessinaient pas les mandalas, mais les dansaient. L'Inde possède un terme pour cela : mandala nritya, danse du mandala. Les figures de la danse traduisent le même sens que les dessins. Les patients eux-mêmes ne peuvent pas dire grand-chose de la signification des symboles en forme de mandala qu'ils produisent. Ils sont simplement fascinés par eux et les trouvent expressifs et opérants dans un rapport quelconque avec leur état psychique subjectif.

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Lorsque mes patients produisent de telles images, il est évident que cela ne provient pas d'une suggestion, car elles furent créées bien avant que j'aie connu leur signification ou leur relation avec les pratiques de l'Orient qui m'étaient alors totalement étrangères. Elles naissaient d'une façon toute spontanée et d'une double source : la première de ces sources est l'inconscient qui engendre spontanément de tels phantasmes ; la seconde est la vie qui, lorsqu'elle est vécue dans une attitude de complet don de l'être, procure le pressentiment du Soi, de la nature individuelle. La perfection de cette dernière réalité est exprimée dans le dessin, tandis que l'inconscient oblige l'individu à se donner totalement à la vie. En effet le mandala n'est pas seulement expressif mais également opérant, d'une manière qui s'accorde pleinement avec la conception chinoise. Il réagit sur son auteur. Il renferme une vertu magique immémoriale, car il provient à l'origine du « cercle protecteur », du « cercle enchanté » dont la magie s'est conservée dans d'innombrables coutumes populaires. L'image a pour but affirmé de tracer un sulcus primigenius, un sillon magique autour du centre, du temple ou du temenos (enceinte sacrée) de la personnalité intime, afin d'empêcher les « fuites » ou de préserver de façon apotropéique des déviations causées par l'extérieur. Les contenus magiques ne sont pas autre chose que des projections d'événements psychiques qui sont ici appliquées inversement à l'âme comme une sorte d'incantation opérée sur la personnalité ; en d'autres termes, des actions concrètes favorisent et permettent le retour de l'attention, ou mieux de la participation à un cercle sacré intérieur qui est l'origine et le terme de l'âme et contient cette unité de vie et de la conscience autrefois possédée, puis perdue et qu'il faut retrouver.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Symbole d'éternité, de perfection - les Babyloniens y voyaient l'expression du temps cyclique et universel (notion que l'on retrouve chez le serpent qui se mord la queue) -, le cercle avait également une fonction magique chez les Celtes. « En tant que frome enveloppante, tel un circuit fermé », le cercle est protecteur (fonction que l'on retrouve dans l'anneau, e bracelet, le collier, la ceinture ou la couronne).

Lors des évocations des démons, le magicien ou le sorcier trace un cercle magique sur le sol (avec une baguette magique, une épée, ou un morceau de charbon) : cette figure sert soit à protéger l'officiant qui se tient au centre des forces malfaisantes, soit à y enfermer le démon évoqué : il est alors le symbole de la prise de possession et de la soumission du démon au sorcier.

Selon le Grimoire du pape Honorius (1670), il faut asperger le cercle d'eau bénite et réciter la prière suivante :


Seigneur on a recours à votre Vertu : Seigneur confirmez cet ouvrage. Que ce qui est opéré en nous devienne comme la poussière à la rencontre du vent ; et l'ange du Seigneur arrêtant, que les ténèbres disparaissent ; et l'ange du Seigneur poursuivant toujours, Alpha, Oméga, Ely, Elohe, Elohim, Zébahot, Elion, Saday. Voilà le lion qui est vainqueur de la tribu de Juda, racine de David. J'ouvrirai le livre et ses sept signes. J'ai vu Satan comme une lumière tombant du ciel. C'est vous qui nous avez donné la puissance de réduire sous vos pieds les dragons, les scorpions et vos ennemis ; rien ne nous nuira, pas même Eloyz, Elohim, Elohe, Zébahot, Elion, Escharie, Adonay, Jay, Tétragrammatôn, Saday.


La relation privilégiée de cette figure avec le monde invisible se retrouve dans les cercles du sabbat ou les cercles des fées (ou des korrigans), qui sont, en général, des ronds de terre stérile au centre desquels ces créatures ont dansé.

Pour attirer la chance, on peut aussi recourir au cercle magique de la façon suivante : autour de sa chasie ou de l'endroit où l'on va s'asseoir, il faut décrire à ses pieds, dans le sens des aiguilles d'une montre, un cercle d'environ soixante centimètres de diamètre On prendra garde à ce que, à chaque pas, le talon gauche touche la pointe du pied droit et inversement. On a construit ainsi une barrière protectrice, qui sera plus puissante si on a triplé le cercle ; mais personne ne doit le franchir.

On retrouve le cercle magique dans de nombreux rites de guérison qui prescrivent d'en racer un (notamment avec le doigt ou avec une plante), autour du mal.

Selon une croyance américaine, si une jeune fille trace un cercle sur le plancher de sa champbre, y écrit son nom, et retrourne se coucher en machant à reculons, elle trouvera le lendemain le nom de son amour véritable inscrit à côté du cien.

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Alberto Villoldo, Colette Baron-Reid et Marcela Lobos ont imaginé un jeu de cartes intitulé L'Oracle du chaman mystique (Éditions Véga, 2019) dans lequel une carte concerne le Cercle :


La signification : Cette carte évoque l'unification, l'interdépendance et le sens du continuum. Le Cercle nous rappelle que nous ne formons qu'un - des danseurs dans un cercle inclusif continu et unifié. Cette carte nous rappelle les cycles de la vie et du Moi évolutif, toujours changeants et toujours connectés : l'humain, l'Esprit, la nature, le cosmos, tous intrinsèquement liés.


L'interprétation : Le Cercle vous rappelle que vous êtes connecté à toutes les choses et à tous les êtres vivants, y compris à l'Esprit. L'essence de l'Esprit bat dans votre cœur et vous incite à cocréer votre monde en sachant que vous comptez, que vous avez un but dans ce monde. Imaginez-vous qu'un simple sourire adressé à un étranger peut changer le cours d'une vie. Lorsque le Cercle vous invite à danser dans les étapes sacrées de la vie sachez que votre travail, votre amour, votre service ont plus d'importance que ne pouvez le savoir. Gardez le cap continuez à danser, et tout ira vien.


La stratégie : Lorsque vous tirez la carte représentant le Cercle comme stratégie, cela signifie que vous devez comprendre l'importance de la décadence et du laisser-aller, l'importance de mourir à une forme ancienne et de renaître en étant une nouvelle personne. Si vous faites face au défi de la perte ou de la déception, rappelez-vous ceci : dans le cercle de la vie, rien n'est jamais perdu. L'amour refleurira, une nouvelle idée ou une nouvelle occasion vous apportera la prospérité, et l'Esprit attendra toujours que vous trouviez votre place dans la danse.

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Symbolisme celte :


Guy Le Nair, propose un vademecum qui fait le point sur différents symboles celtes intitulé Les Fêtes celtes au XXIe siècle :


Le cercle est le signe de l’Unicité principielle, il symbolise l’unicité de l’Univers. Outre les quatre directions cardinales et les deux directions de l’axe du monde (zénith et nadir), la croix celtique comporte différents cercles.

  • Au centre, un petit cercle symbolise le passage de l’arbre axe des mondes.

  • En limite extérieure est un second cercle dans lequel est inscrite la croix.

L’espace compris entre ces deux cercles est appelé Abred. Cet espace symbolise le Monde sensible du vivant et l’Autre Monde des disparus, l’anaon des Bretons, dans une intime imbrication.

L’espace extérieur à ce deuxième cercle symbolise le tout intégral et ne comporte ni limites ni directions.

Le cercle se trace symboliquement en présentant son côté droit à l’assemblée située à l’intérieur du cercle. Tracé dans l’autre sens, il aurait une signification néfaste. Les déambulations, telles les troménies, répondent à la même exigence.

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