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L'Ananas

Dernière mise à jour : 22 févr.



Étymologie :


  • ANANAS, subst. masc.

Étymol. ET HIST. − 1. 1544 amanat « fruit d'une plante de la famille des broméliacées » (Fonteneau, Cosmographie, éd. G. Musset, Paris, 1904, p. 413 ds Arv. 1963, p. 51 : Aussi y a eu icelle coste [du Brésil] ... une maniere d'aultres fruictz qui semblent a artichaulx, ung peu plus grandz, et s'appellent amanatz, et sentent si bon quant ilz sont murs, que la maison en sent toute) ; 2. 1555 nana (N. Barré, Copie de quelques lettres sur la navigation du chevalier de Villegagnon es terres de l'Amérique..., éd. Ternaux-Compans, Paris, 1840-41, pp. 109-110 ibid. : Oultre il y a deux sortes de fruicts merveilleusement bons : l'un qu'ils appellent Nana [au Brésil]...) ; 3. 1578 ananas (J. de Lery, Hist. d'un Voy. fait en la terre du Brésil ..., p. 120 ibid.. Semblablement la figure du fruict qu'ils nomment Ananas) ; 4. 1586 ananas (R. de Laudonnière, L'Hist. notable de la Floride, éd. P. Jannet, Paris, 1853, p. 63 ibid., p. 52 : ... quelques autres plus indiscrets s'estoient amusez a cueillir des ananas, par les iardinages des Indiens [à l'Ile Dominique]...). 1, 2 et 3 sont empr. au tupi-guarani naná, ananá, mais 1 a dû l'être par l'intermédiaire du port., Fonteneau ayant empr. d'autres mots au port. (voir almadie) et n'étant pas lui-même un colon. En raison de la localisation géogr., 4 est empr. au caraïbe anana. Voir Fried. 1960 p. 51 ; FEW t. 20, p. 56, s.v. anânâ ; König 1939, pp. 14-15 ; Arv. 1963, pp. 50-54.


Lire également la définition du nom ananas pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms :

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Botanique :


Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat décrit l'Ananas ainsi :


DE L'ANANAS.

L'ananas commun est une plante qui croit naturellement dans l'Amérique méridionale et en Afrique. On le cultive depuis plus d'un siècle en Europe, et l'on en distingue plusieurs variétés telles que l'ananas à fruits blancs et l'ananas à fruits jaunes. Ces derniers sont préférables, comme ayant une saveur plus agréable. La racine fibreuse de cette plante pousse plusieurs feuilles disposées en faisceau ouvert, étroites, bordées d'épines courtes et nombreuses. Les fleurs sont purpurines, disposées en épi sur une hampe courte, cylindrique et épaisse à son sommet. Le fruit est une baie succulente, garnie de petites écailles triangulaires. La chair en est blanche ou jaunâtre, odorante et d'une saveur exquise, que l'on compare tantôt à celle de l'abricot ou de la pêche, tantôt à celle de la fraise, de la framboise ou du melon.


L'ananas contient du mucilage avec une grande quantité d'acide citrique. On le mange cru et coupé par tranches qu'on saupoudre de sucre et qu'on arrose de vin. Les Indiens en font des confitures et des gâteaux. Ils le cueillent un peu avant sa maturité ; ils le dépouillent de son écorce et de la côte qui est dans le cœur du fruit ; après en avoir exprimé le jus, ils le mettent à part pour piler la pulpe avec des fleurs sèches d'oranger. Ils mêlent le tout avec un peu de suc de citron et un poids égal de beau sucre ; ils le font cuire sur un feu modéré et ils mettent ensuite cette confiture à l'étuve jusqu'à ce qu'elle ait acquis de la consistance. Cette espèce de gâteau, qu'on nous apporte quelquefois en Europe, a un goût exquis.

Le suc de l'ananas, soumis à la fermentation, donne un vin agréable, propre à fortifier l'estomac et favorable dans l'hydropisie. La limonade d'ananas est employée avec succès pour combattre les affections inflammatoires, bilieuses et putrides.

L'ananas commun donne des fruits délicats. Bien que leur chair soit fibreuse, dit le père Dutertre, elle se fond tout en eau dans la bouche et elle est si savoureuse qu'on y trouve le goût de la pêche, de la pomme, du coing et des muscades tout ensemble. Les ananas cultivés en Europe n'ont pas toutes ces qualités précieuses ; néanmoins, on sert ces beaux fruits sur les tables les plus somptueuses, parce qu'ils sont rares et très chers. – L'ananas est imprégné d'un suc corrosif qu'on lui enlève en le faisant tremper pendant une ou deux heures dans de l'eau-de-vie sucrée. Les amateurs le coupent par tranches, le couvrent de sucre, et le baignent dans du vin d'Espagne. On en fait des gelées, des glaces, des crèmes et autres mets fort recherchés. Les Italiens préparent avec ce fruit une liqueur qu'ils appellent manaja et qu'ils trouvent délicieuse.


La patrie des ananas parait être l’Afrique ; cependant on les cultive depuis très longtemps dans les îles les plus chaudes des Indes orientales. Mais il n'y a guère plus de soixante ans qu'on les cultive en Europe dans les serres Le Court, à Leyde, s'est le premier livré à cette culture.

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Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle, en commençant par une description botanique :


L'ANANAS. L'ananas aujourd'hui et l'ananas autrefois ; sa description ; ses variétés ; son acclimatation ; ses propriétés : vin, fil, tissu d'ananas.

L'ananas vient de plusieurs de nos colonies ; il abonde maintenant chaque année, à certaine époque, sur la place de Paris. Avec cinq centimes les enfants peuvent se régaler d'une tranche d'ananas, et avec 1 franc, 1 franc 50 cent., on en a un passable ; il n'y a que trois ou quatre ans cependant qu'il se vendait encore 100 francs et plus lorsqu'il était de belle qualité. Pour satisfaire sa femme, qui était enceinte, le général Junot, à cette époque gouverneur de Paris, offrit vainement 20 louis pour un ananas : impossible alors de s'en procurer, même à ce prix. - Quel changement !

Des détails intéressants se rattachent à ce fruit, justement renommé et qui passe généralement pour être le meilleur du monde.

Comme végétal, l'ananas est une plante vivace, épineuse, au port élégant, aux feuilles longues, vertes, charnues et robustes, enveloppant une tige assez forte, couronnée elle-même d'un épi de fleurs nombreuses et violacées, auxquelles succèdent des baies, si pressées qu'elles semblent ne faire qu'un seul fruit. Elle est le type de la famille des broméliacées.

Le fruit de l'ananas a la forme d'une pomme de pin ; à sa maturité, il est ordinairement d'un jaune doré ; sa chair est blanche, jaune ou rosée, d'un parfum et d'une saveur exquises, qui ressemblent au parfum et à la saveur de la fraise unie au citron. Le suc qu'il donne est très rafraichissant, et possède toutes les qualités nécessaires pour calmer l'ardeur des fièvres inflammatoires.

On compte plusieurs variétés d'ananas, à fruit rouge, blanc, violet, noir; il y en a qui réunissent à eux seuls plusieurs de ces couleurs. J'en ai, entre autres, goûté d'une qualité toute spéciale et dont le fruit est fort petit, à l'île de La Réunion ; sa chair est tout ce qu'il y a de plus exquis ; elle fond dans la bouche comme celle de nos meilleures poires fondantes et joint aux saveurs générales de l'ananas un goût de muscat très prononcé.

Pour reproduire cette plante il suffit de détacher avec soin le bouquet de feuilles vertes qui surmonte le fruit, et de le mettre en terre ; on la propage encore au moyen d'œilletons, qui se forment à côté des pieds qui ont fleuri.

C'est don Gonzale Hernandez de Oviedo, gouverneur de Saint-Domingue en 1535, qui fit connaître cet excellent fruit aux botanistes de l'Europe. Acosta nous apprend qu'il fut apporté de Santa-Cruz aux Indes occidentales et en Chine, où il était connu en 1518. Quelques auteurs veulent, au contraire, que cette plante, originaire de l'Inde, ait été importée en Amérique.

Ce n'est qu'en 1733 que la culture a obtenu en France les premiers fruits de l'ananas. On parvint à le faire mûrir à Versailles, et Louis XV fit servir à sa table cette année-là les deux premiers ananas qui aient mûri sous ce climat. Dans les pays brûlants, on les préfère aux meilleurs fruits de l'Europe ; mais les ananas des serres ne peuvent être comparés pour la saveur exquise et parfumée à l'ananas des Indes.

C'est sous les ardeurs tropicales que ces fruits se présentent dans toute leur splendeur. Il y a des champs qui en contiennent plusieurs milliers. Toutes les expositions leur conviennent ; ils poussent sur les mornes escarpés, près des ruisseaux, sur les bords des fontaines, où brillent leur verdure tendre et leurs fruits dorés : -


L'ananas parfumé, dont les vives odeurs

Rappellent tous nos fruits et remplacent nos fleurs,

S'élevait à la fois sur ce brillant rivage ;

Alvar en admirait la richesse sauvage. (ESMÉNARD.)


Ce fruit facilite la digestion ; on en compose une boisson spiritueuse et mousseuse fort agréable, en mélangeant son écorce avec de l'eau et du sucre ; on en fait aussi une excellente salade, à la manière des salades d'oranges avec du sucre et des liqueurs fortes. Dans les pays où l'ananas est très abondant, on fabrique un vin par la fermentation de son suc ; ce produit, inconnu chez nous, peut rivaliser avec les meilleurs vins d'Espagne, pour le bouquet et pour ses propriétés réconfortantes ; il est très semblable au Malvoisie et pourrait s'expédier aussi bien en barriques qu'en bouteilles ; il se fabrique surtout aux Antilles, se vend 2 fr. 50 c. la bouteille, et suivant M. O. Rockeil pourrait facilement descendre à 2 fr.

Les longues feuilles de l'ananas, abondantes en fibres blanches et très ténues, sont employées au tissage des étoffes les plus délicates, recherchées pour leur éclat et leur fraîcheur. La Réunion reçoit de l'Inde cette étoffe toute fabriquée, soit en pièces, soit en mouchoirs; les voyageurs surtout aiment à s'en procurer. J'en ai rapporté quelques échantillons, qui ont ébloui les connaisseurs ; cette étoffe par l'usage devient d'une souplesse extraordinaire et d'un blanc ravissant. On en fait aussi des lignes de pêche et des cordages très solides, réputés pour leur conservation dans l'eau. Il est regrettable que l'Europe ne tire encore qu'un si mince parti d'une plante aussi riche d'avenir. L'arôme de l'ananas est difficile à concentrer ; il est très altérable et très fugace.

Dans le langage des fleurs, cette plante est l'emblème de la perfection.

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Croyances populaires :


D'après Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012),


"Si vous vous lancez dans une entreprise périlleuse et que vous n'êtes pas sûr de son dénouement, nous vous recommandons de verser du jus d'ananas frais dans l'eau de votre bain. Mais n'abusez pas sur la quantité car votre libido sexuelle pourrait en souffrir durant quelque temps

 

Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Ananas (Ananas comusus) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Soleil

Élément : Feu

Pouvoirs : Chance ; Argent ; Chasteté.


Une légende des îles Loyalty nous conte la naissance de l'ananas. Un jour, il y a longtemps, le fils d'un grand roi, le prince Sakora, partit en pirogue vers le nord-est à la recherche de l'origine du Soleil. Il arriva dans une île peuplée exclusivement de femmes qui vivaient entre elles, chacune recevant le soir la visite d'une roussette, chauve-souris frugivore de grande taille, qui lui servait de mari. Sakora tua les roussettes, fit connaître aux femmes une vie sexuelle normale en même temps qu’il les rendit enceintes. Au bout de quelques années, le prince se fatigua de ce rôle et rentra chez lui, porté dans les airs par les Tuarere, femmes ailées qui allaient d'archipel en archipel pour pêcher, se baigner ou se peigner les cheveux sur la plage. Sakora en garda une comme épouse au moyen d'une ruse : il lui ota délicatement les ailes, qu'il planta au pied d'un volcan. Cette paire d'ailes s'enracina, devint deux belles feuilles bien vertes. Et ce fut l'Ananas.

Les dieux auxquels est consacré ce fruit sont légion : dieux polynésiens, mélanésiens, indonésiens, malais... Citons, entre autres : Oro à Tahiti ; Ta'aroa aux îles Wallis ; Tararamanu aux Salomon ; Tangaroa et Upao Vahu à Hawaï ; Tein Kanaké et Bwae Bealo en Nouvelle-Calédonie. Quand on réunit les légendes océaniennes, on est frappé par l'insistance avec laquelle il est parlé de la voracité des dieux. Ils sont tous essentiellement, terriblement voraces. Ils mangent sans arrêt et ne sont jamais rassasiés. Le trait caractéristique des idoles du Pacifique est une bouche, ou plus précisément une gueule toujours grande ouverte pour recevoir des monceaux d'offrandes alimentaires. Leurs adorateurs leur apportaient régulièrement des mets délicats en quantité considérable. Des Ananas bien mûrs, bien odorants, venaient au premier rang de ces « régals des dieux ».

L'Ananas fut introduit en France dès le XVI e siècle par un voyageur, Jean de Lévy, qui en rapporta plusieurs spécimens du Brésil. Mais la culture fut négligée et toutes les plantes périrent. C'est par les Hollandais qu'elle devait revenir, cent cinquante ans plus tard. En 1734, le premier Ananas arriva à maturité dans les serres royales de Versailles.

Pour satisfaire sa femme qui était enceinte, le général Junot, gouverneur de Paris sous l'Empire, offrit vainement vingt louis pour un Ananas ; impossible de s'en procurer, même à ce prix exorbitant.


Utilisation magique : Si vous devez vous lancer dans une entreprise risquée, prenez un bain très chaud dans lequel vous verserez plusieurs grands verres de jus d'Ananas frais. La chance vous sourira. Un effet similaire peut être obtenu avec des sachets renfermant des rondelles, ou des paillettes, d'Ananas séché. Mais attention, n'en mettez pas trop, sinon le désir sexuel vous quitterait pour un temps qui, parfois, peut être assez long. Dans l'archipel Gilbert, les filles qui désirent rester chastes se frottent le corps avec la pulpe d'Ananas.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'ananas :


ANANAS - VOUS ÊTES PARFAITE.

Le fruit de l’Ananas, environné de ses belles feuilles et surmonté d'une couronne qui sert à le reproduire, ressemble à une pomme de pin sculptée, dans une masse d'or pâle ; il est si beau qu'il semble fait pour le plaisir des yeux, si délicieux qu'il réunit les saveurs variées de nos meilleurs fruits, et si odorant qu'on le cultiverait pour ses seuls parfums.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Ananas - Perfection.

Cette plante a un port noble ; son fruit a une forme gracieuse qu’on dirait sculptée par la main d’un artiste, et un parfum des plus suaves.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


ANANAS - PERFECTION.


Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent... afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever le soleil sur les bons et sur les méchants et pleuvoir sur les justes et sur les injustes... Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Mathieu v . 44-18.

Il était convenable que l'ananas, le plus beau et le meilleur de tous les fruits, devint le symbole de la perfection. Tout en effet est admirable dans cette plante : la beauté de son port, la disposition de son fruit défendu par un faisceau de longues feuilles étroites, bordées d'épines. Que de grâces d'ailleurs dans cet épi dense et conique de fleurs sessiles bleuâtres et membraneuses, enfoncées dans la portion épaisse et charnue d'une hampe qui sert de réceptacle ! Quel admirable changement, lorsqu'après la chute de ses fleurs, on voit les ovaires ne plus former qu'un seul corps et se changer en un très gros fruit succulent, de forme pyramidale, semblable à une pomme de pin ! Ce beau fruit est couronné d'un bouquet de feuilles recourbées qui lui servent en même temps d'ornement et d'abri.


RÉFLEXIONS.

Le dernier degré de la perfection de l'esprit humain, est de bien connaitre sa faiblesse, sa vanité et sa misère : moins on a d'esprit et plus on s'éloigne de celle connaissance. (Mme DE LA SABLIÈRE).

Ce n'est pas celui qui commence bien qui est parfait, mais celui-là seul est vraiment éprouvé qui termine bien sa carrière. (S. Bazile, Lettres.)


On n'est pas parfait quand on ne veut pas être plus parfait, el l'on se montre d'autant plus parfait que l'on tend à une plus grande perfection. (S. Bernard, Lettres.)

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


ANANAS - PERFECTION.

Plante originaire des Indes qu'on élève en Europe dans des serres chaudes, et dont le fruit est très estimé pour sa saveur.

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Ananas - Perfection.

Cette plante réunit à la fois tout ce qui peut charmer les sens ; élégance de port, fleurs aux riches couleurs, fruit en forme d'immense pomme de pin, surmonté d'une gracieuse couronne de feuilles, et dont le goût exquis n'est égalé que par l'odeur suave.

Lorsque le voyageur ruisselant sous le soleil du tropique, trempe ses lèvres altérées dans ce fruit sans pareil, il oublie ses fatigues, un bien-être indicible s'empare de lui, et c'est avec une ardeur nouvelle qu'il poursuit sa route .

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Dans de nombreuses îles du Pacifique, l'ananas est consacré à des dieux pour lesquels il constitue l'offrande par excellence : le dieu Oro à Tahiti, Ta'aroa aux îles Wallis, Tararamanu aux Salomon, Tangaroa et Upao Vahu à Hawaïï et Tein Kanaké et Bwae Bealo en Nouvelle-Calédonie.

Selon une légende des îles Loyauté, le prince Sakora voulut prendre un jour pour épouse une des "Tuarere, femmes ailées qui allaient d'archipel en archipel pour pêcher, se baigner ou se peigner les cheveux sur la plage. [...] Il lui ôta délicatement les ailes, qu'il planta au pied d'un volcan. cette paire d'ailes s'enracina, devint deux belles feuilles bien vertes. Et ce fut l'ananas."

L'ananas, qui signifie dans le langage des fleurs "Vous êtes parfaite", peut dissiper le désir sexuel : dans l'archipel Gilbert (Pacifique), pour conserver leur chasteté, les jeunes filles "se frottent le corps avec la pulpe d'ananas". En petite quantité, il protège ceux qui se lancent dans une aventure ou des affaires à risques. Pour cela, il faut soit verser du jus d'ananas frais dans un bain chaud soit porter un sachet contenant des morceaux du fruit séché.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


L'atmosphère de l'Ananas réjouit le Cœur. Elle s'adresse au gens qui aspirent à un bonheur profond et intense, à la chaleur et à l'amour ; aux gens qui aspirent à se trouver bien dans leur corps terrestre, à fusionner avec eux-mêmes, à savourer la joie de vivre sans angoisse. C'est la voix chaude et profonde en l'être humain qui dit : "Mais oui, tu en fais partie, tu peux goûter le bonheur. Joins-toi à nous..." Cette voix rassure et donne un sentiment de sécurité ; toute angoisse vague est balayée.

L'Ananas représente la volonté d' "avoir sa place dans...", de ne pas stagner dans la froide solitude d'un espace infini. Le problème de se sentir exclu peut être minime ou très grand, mais il s'agit d'un signal émis par le Noyau Vivant de l'être humain pour l'inciter à s'aimer et à s' "accueillir" encore davantage : il peut se border lui-même avec tendresse pour ainsi dire. Il peut de tout son cœur se souhaiter la bienvenue en tant que JE : car dans le fond, il ne se sent pas vraiment le bienvenu sur terre, dans son corps.

Le sentiment d'être rejeté ou abandonné, de ne pas avoir sa place ici, le sentiment de solitude ou de délaissement, d'être seul dans le froid... est dû au fait qu'on se chérit, s'aime et s'accepte soi-même encore insuffisamment, ainsi qu'au fait qu'on s'attire soi-même insuffisamment à l'intérieur du corps, sur le "terrain" terrestre. On ne devra pas se considérer soi-même d'un œil négatif, rempli de condamnation ou de rejet. Une forte envie d'Ananas signale que peut-être cette personne ne se sent pas encore entièrement à l'aise dans son être physique.

Il y a une sorte d'angoisse existentielle ; il est possible que l'estomac se crispe par moments

A suivre.

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


GUABANA (ou Guarabana), fruit de l’Amérique Méridionale. D’après Pietro Martire (Sommario dell’ Indie Occidentali, dans Ramusio), les morts vont en manger chaque nuit. Il est dit que le fruit a la grandeur d’un grand cabdré, qu’il est tendre et doux comme un melon et qu’il présente la forme d’un fruit de pin ; serait-ce l’ananas ?

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