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Le Manchot

Dernière mise à jour : 20 mars



Étymologie :


  • MANCHOT, -OTE, adj.

  • MANCHOT, subst. masc.

Étymol. et Hist. I. 1. 1502 «privé d'un bras» menchot (Olivier de La Marche, Mémoires, L. II, ch. 4, éd. H. Beaune et J. d'Arbaumont, t. 3, p. 169) ; 1553 subst. (la Bible de l'imprimerie Jean Gerard, 4, Esdr. 2b 21 d'apr. FEW t. 6, p. 139a) ; 2. fig. 1680 (Rich. : Il n'est pas manchot. C'est à dire, il est adroit, il a de l'esprit). II. 1760 zool. (M. Brisson, Ornith., 6, 96 : Manchot, nom que j'ai donné aux Oiseaux de ce genre à cause de la briéveté de leurs ailes). Dér. avec suff. -ot* de l'a. fr. manc «estropié» (dep. ca 1180 ds T.-L.) du lat. mancus «id.» (cf. aussi manquer) ; antérieurement avec d'autres suff. menchaux (1263, hapax ds Gdf.) ; manchet (dep. 1380 ds FEW t. 6, p. 138) qui survit encore dans les dial. ; manchier (2e moitié xiiie s., Première continuation de Perceval, éd. W. Roach, 4807).


Lire également la définition du nom manchot pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Aptenodytes forsteri - Manchot empereur -

Aptenodytes patagonicus - Manchot royal -

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Zoologie :


Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"Le manchot, cet oiseau en smoking, appartient à un espèce de plus en plus menacée par la réduction de son territoire, réchauffement climatique oblige, hélas ! En revanche, sa merde, que l'on nomme "guano", n'a pas fini de nous épater, surtout lorsque le manchot, un fameux tireur d'élite, l'expulse à une vitesse étonnante ! Et ça, vous ne l'avez pas vu dans La Marche de de l'empereur !


Description : Le guano du manchot sent fort le poisson, sa couleur dépend de ce qu'il a dans l'estomac : blanc ou gris si c'est du poisson ; rose pour le plancton ; vert pour les algues. Si l'oiseau s'est contenté de puiser dans ses réserves, son guano est également vert. très liquide, celui-ci sera ensuite violemment éjecté du cloaque.


Ils en font des montagnes : Les manchots vivent en colonies qui groupent parfois plus d'un million d'oiseaux, d'où les problèmes posés par l'accumulation de guano. Comme celui-ci est un excellent fertilisant, riche en azote, il est très convoité. Auparavant, les manchots faisaient leur nid dans le guano durci. Mais après la disparition de ces sites naturels de nidification, ils ont dû aller ailleurs pour couver leurs œufs, devenant ainsi des proies faciles. Plus au sud du pays, des murs de guano menaçaient le tout premier édifice construit en Antarctique. Il a dû être consolidé.


Prêts, tirez ! Certains manchots sont donc capables de faire gicler leurs excréments très loin et cette fanfaronnade n'est pas seulement réservée aux mâles ; les femelles la pratiquent aussi. Les oiseaux se placent à l'extrémité du nid, le cloaque dirigé vers l'extérieur, se concentrent, et, une fois prêts, projettent le guano à plus de 40 centimètres. Le guano se solidifie ensuite avec le temps, pour dessiner à la longue un motif disposé en rayons.


Ne pas confondre :

  • en anglais, manchot = penguin ; pingouin = auk ;

  • le manchot vit au Pôle Sud, le pingouin vit au Pôle Nord ;

  • le manchot ne vole pas ; le pingouin vole."

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Dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) Emmanuelle Pouydebat expose les caractéristiques du Manchot empereur (Aptenodytes forsteri), l'empereur des glaces :


Survivre au froid de l'Antarctique... Tel est l'un des plus grands défis de cet oiseau au corps profilé, parfaitement adapté à la nage et à la plongée. En effet, le plus grand des manchots peut rester pendant près de vingt minutes sous 'eau à plus de 500 mètres de profondeur, grâce à une hémoglobine fonctionnant avec peu de dioxygène et un squelette résistant à la pression. Cela lui permet de chasser poissons, crustacés et céphalopodes. Mais avec une température de l'air pouvant quasiment atteindre - 50°C, un vent glacial soufflant à près de 150 kilomètres à l'heure et une eau de mer à presque - 2°C, le manchot empereur doit avant survivre au froid.

Ce majestueux animal dispose de tout un arsenal adaptatif pour lutter contre le froid et limiter les pertes de chaleur. Ses plumes tout d'abord. Le plumage des manchots est le plus dense des plumages d'oiseaux, recouvre la quasi-totalité du corps et assure plus de 85% de l'isolation. Des muscles spécialisés permettent une orientation spécifique du plumage octroyant le maintien d'une couche d'air entre la peau et les plumes et favorisant la conservation de la chaleur corporelle. Pour isoler encore davantage le corps de l’extérieur hostile, un duvet filamenteux tapisse la base des plumes. Et comme si cela ne suffisait pas, notre empereur est pourvu d'un couche graisseuse de 3 centimètres d'épaisseur. De plus, en cas de stress thermique majeur, un processus d’homéostasie se met en place sous l'impulsion de deux hormones, l'insuline et le glucagon : même à - 47°C, un manchot empereur peut maintenir sa température corporelle entre 37,5°C "( 38,5°C. Outre le plumage, la graisse et les hormones, le manchot empereur dispose d'une vascularisation parfaitement adaptée : la viscosité sanguine augmente à basse température et la vasoconstriction périphérique permet de limiter les pertes thermiques dans les tissus exposés au froid. Enfin, il possède également un système de recyclage de l'air au niveau des cavités nasales lui permettant de diminuer les pertes par évaporation.

Ces adaptations anatomiques sont complétées par des comportements des plus appropriés. Tout d'abord, les manchots empereurs toilettent leur plumage régulièrement, le badigeonnant de sécrétions composées de corps gras et de cires issues de leur glande uropygienne afin de lui conférer une imperméabilité indispensable à une bonne isolation. Ensuite, ils sont le plus souvent en mouvement pour se réchauffer : ils nagent, se déplacent, avec ou sans l’œuf ou le poussin, ou encore frissonnent. Enfin, pendant l'hiver antarctique, ils mettent en place uns stratégie judicieuse et efficace : la thermorégulation sociale. Il s'agit du regroupement d'individus en réponse à des conditions de températures et de vent extrêmes, afin de bénéficier de la chaleur du groupe. Elle permet de limiter la thermolyse, c'est-à-dire la dissipation de l'énergie thermique de l'organisme vers le milieu extérieur. L'objectif des manchots, seuls animaux à se reproduire pendant l'hiver antarctique, est ainsi d'économiser l'énergie nécessaire à l'incubation de leur œuf. Comment procèdent-ils ? Tout d'abord, ils se regroupent en un amas appelé "tortue" ! Des oiseaux qui font la tortue ? La tortue des manchots est une formation dense et défensive, non pas contre des ennemis armés, mais contre le froid. Plusieurs milliers d'individus, entre huit et dix par mètre carré, peuvent être serrés les uns contre les autres, exposant les oiseaux à des températures pouvant aller jusqu'à 37,5°C ! On pourrait penser que les individus les plus compétitifs (lourds, expérimentés) accéderaient au centre du groupe, reléguant les plus jeunes à la périphérie. Cependant, les manchots empereurs sont très peu agressifs et il semble que l'accès aux bons emplacements soit équitable : les individus ont la possibilité de se serrer fortement ou non selon leurs besoins. Ainsi, en période d'incubation, le groupe est très hétérogène et représente la clef de l'accès égalitaire des oiseaux à la chaleur du groupe. En revanche, en période de forts blizzards, de vents glacials ou de pariade (union du mâle et de la femelle pour l'accouplement), les individus en périphérie se déplacent du côté abrité et établissent ainsi un roulement dans les positions les plus prisées. La dynamique exacte de cette thermorégulation sociale reste très complexe et loin d'être élucidée.

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Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) fait le point sur l'homoparentalité des manchots :


L'homoparentalité chez les manchots fait régulièrement les gros titres des médias depuis vingt ans à la manière d'un marronnier. Comme en 1998 lorsque les soigneurs du zoo de Central Park à Ne York ont accueilli des manchots et se sont aperçus que deux mâles - Roy et Silo - ne se quittaient plus. Mieux : ils ont couvé ensemble un œuf abandonné par un couple de manchots hétérosexuels et donné naissance à un petit. La presse s'est alors emparée de cette histoire en y projetant des vues anthropomorphes : non, l'homosexualité et l'homoparentalité ne sont décidément pas contre-nature. Tout comme elle le fit encore à travers le récit de semblables histoires survenues en 2009 au zoo de Bremerhaven dans le nord de l'Allemagne avec un couple de manchots Humboldt, en 2018 au zoo de Sydney avec Magic et Sphen deux manchots papous, ou en 2019 au zoo de Berlin avec Skipper et Ping, les deux papas qui ont couvé Tango.

Pour qui a vu le film documentaire La Marche de l'empereur, de Luc Jacquet, ce comportement homoparental chez les manchots n'a rien d'étonnant. Car dans le couple de l'espèce empereur, c'est la mâle qui est préposé à la couvaison de l'œuf du couple. C'est lui qui en prend grand soin durant plusieurs semaines, seul, alors que la femelle part chercher de la nourriture. En nageant comme une torpille et plongeant jusqu'à 500 mètres sous la surface de l'eau, elle s'approvisionne en aliments qu'elle régurgite à son poussin sitôt de retour.

Jusqu'au moment où l'œuf est prêt à éclore, les mâles vont vivre pendant plus de soixante jours une incroyable aventure individuelle et collective, d'abord parce que les conditions climatiques dans lesquelles elle se déroule sont dantesques. La scène se passe en effet dans l'Antarctique au début de l'hiver austral, à partir de mai. Sur la banquise où les manchots empereurs se regroupent en communauté pour couver chacun leur œuf, les températures descendent facilement sous les - 35°C avec des blizzards qui soufflent puissamment. Pourquoi couver dans des conditions aussi extrêmes ? Quelle est la raison de cette détermination génétique qui les pousse à braver l'hiver alors qu'ordinairement dans le règne animal le temps de la reproduction est celui du printemps ? Le biologiste Pierre Jouventin, ancien directeur de recherche au CNRS, grand spécialiste des manchots, explique que les empereurs sont trop gros, avec leur trentaine de kilos, pour se hisser sur la terre ferme faite de roche, et y établir des nids avec des cailloux comme le font d'autres espèces de manchots tels que les papous. L'empereur élit donc un domicile temporaire en hiver sur la banquise et en a fait son fief de reproduction, comme la colonie située à proximité de la base française Dumont-d'urville. Mais pour se faire, il doit attendre que la glace s'y forme. Une reproduction inversée par rapport aux calendriers habituels en la matière qui permet au jeune manchot, une fois sevré, de profiter du bref été austral.

Mais qui dit glace et conditions extrêmes durant l'hiver dit complexité accrue pour conserver l'œuf au chaud. A commencer par le fait qu'il est interdit au mâle de laisser l'œuf sur la glace de la banquise. A son contact, il gèlerait sans coup férir. C'est la raison pour laquelle la femelle, après avoir pondu l'œuf et avant de partir en mer, le dépose sur les pattes du mâle. Et il devra le garder ainsi constamment pour lui transférer sa chaleur. C'est sur le dessus de ses pieds palmés que l'embryon va être suspendu entre la vie et la mort durant toutes ce semaines. Absorbé par sa mission, le mâle ne peut faire autrement que de jeûner.

Ce qui renforce le caractère surprenant de cette aventure, c'est qu'un trait comportemental pousse les manchots mâles à se réunir en petits groupes en se pressant les uns contre les autres pour perfectionner leur élevage en cherchant à conserver la chaleur. Ils font alors la « tortue », occupant alternativement une place au centre de la mêlée ou à l'extérieur. Une manière de se tenir chaud qui peut donc aisément expliquer les relations homoparentales observée en captivité. Lesquelles sont loin d'être un cas isolé dans le règne animal. qu'il s'agisse de flamants roses, d'ibis, d'oies ou de hérons, des comportements homosexuels ont été observés par les scientifiques, aussi bien pour les mâles que pour les femelles. Dans un libre paru en 1999, Biological Exuberance, Animal Homosexuality and Natural Diversity (L'Exubérance biologique : de l'hommosexulaité animale et de la diversité naturelle, Saint Martin's Press, non traduit), le biologiste canadien Bruce Bagemihl a par exemple identifié quatre cent cinquante espèces - dont de nombreux oiseaux - avec des comportements homosexuels, parmi les mille cinq cents espèces animales dont il a étudié les relations sexuelles.

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Symbolisme :


Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), le Loriot (ou Oriole) d'Amérique a les caractéristiques suivantes :


Points clés : Rêve lucide et projection astrale.

Cycle de puissance : Toute l'année.


Le manchot (1) est un des rares oiseaux qui ne volent pas. Mais ses ailes ont quand même une fonction quand il est dans l'eau. Le manchot est un excellent nageur et ses mouvements dans l'eau sont aussi fluides et lisses que le vol des autres oiseaux. Ses ailes servent de nageoires, permettant au manchot de se propulser et de se diriger dans l'eau.

Le manchot peut littéralement sauter hors de l'eau et atterrir sur ses pieds. Il peut ainsi faire des bonds de deux mètres. Cette aptitude au saut et son association avec l'eau sont très symboliques. L'eau est la plan astral de la vie, la dimension du rêve; sa capacité à manœuvrer si librement traduit un réveil de la conscience onirique. Tous ceux qui ont un manchot pour totem peuvent s'attendre à faire l'expérience du rêve lucide. Quand, au cours du rêve, vous devenez conscient que vous rêvez, alors vous pouvez modifier celui-ci. Et alors que vous changez votre état de rêve, vous transformez aussi ces mêmes énergies qui agissent sur vous lorsque vous êtes pleinement éveillé.

Quant au bond hors de l'eau pour retomber sur ses pieds sur un sol ferme, il reflète la capacité à quitter son corps. Le manchot nous apprend donc comment sortir consciemment de notre corps. Les expériences de sortie hors du corps (ESHC ou voyage astral) sont encore l'un des domaines les plus fascinants du mysticisme. Elles captent l'imagination. Le manchot est un expert pour se glisser en pleine conscience dans et hors du corps.

Les comportements et activités de cet oiseau peuvent néanmoins refléter encore d'autres énergies actives dans votre vie. Les mâles de l'espèce des manchots empereurs participent à la protection et au soin des œufs. Les empereurs ne construisent pas de nid. Quand l'œuf est pondu, le père le place sur ses pattes, dans un repli de peau, pour l'empêcher d'être gelé par la glace. Pendant deux mois, jusqu'à son éclosion, le mâle n'abandonne jamais l'œuf. Il va être recouvert par les plumes du père. Tant qu'il n'a pas éclos, le mâle se déplace à peine et il ne mange pas. Après l'éclosion, la mère prend le relais et s'occupe du petit.

Cette pratique est aussi très symbolique. Rappelez-vous que l'eau est associée aux énergies féminines dispensatrices de vie. Le manchot empereur manifeste une plus grande expression de ces énergies dans votre vie. Ceux qui ont un manchot empereur comme totem auront certainement à vivre une période de deux mois au cours de laquelle ils vont nourrir, protéger et aider à éclore leurs énergies créatives. Le fait que le mâle assume aussi fortement un rôle traditionnellement féminin traduit un éveil accru aux rêves, aux états modifiés et à la création.


Note : 1) : Le manchot est appelé penguin en anglais, d'où une confusion fréquente. En revanche, l'oiseau que l'on connaît sous le nom de « pingouin » en français (et qui, lui, a la capacité de voler) est appelé razorbill en anglais. Ce pingouin est en réalité le « petit pingouin », pour le distinguer du « grand pingouin », aujourd'hui disparu, qui, lui non plus, ne volait pas et ressemblait davantage au manchot (N. d. T.).

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Emmanuelle Pouydebat propose une rêverie dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) qui nous met sur des pistes symboliques :


"Un univers de glace, blanc, froid, et pourtant si chaud : un oiseau royal nous transmet toute la flamme de sa beauté et sa lutte acharnée pour survivre, dans un milieu onirique si propice à la rêverie d'un monde imaginaire qu'on espère tant immaculé."

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Littérature :


Le Paradis blanc


Il y a tant de vagues et de fumée Qu'on arrive plus à distinguer Le blanc du noir Et l'énergie du désespoir Le téléphone pourra sonner Il n'y aura plus d'abonné Et plus d'idée Que le silence pour respirer Recommencer là où le monde a commencé


Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps Tout seul avec le vent Comme dans mes rêves d'enfant Je m'en irai courir dans le paradis blanc


Loin des regards de haine Et des combats de sang Retrouver les baleines Parler aux poissons d'argent Comme, comme, comme avant


Y a tant de vagues, et tant d'idées Qu'on arrive plus à décider Le faux du vrai Et qui aimer ou condamner Le jour où j'aurai tout donné Que mes claviers seront usés D'avoir osé Toujours vouloir tout essayer Et recommencer là  où le monde a commencé


Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Où les manchots s'amusent dès le soleil levant


Et jouent en nous montrant Ce que c'est d'être vivant Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Où l'air reste si pur Qu'on se baigne dedans

A jouer avec le vent Comme dans mes rêves d'enfant Comme, comme, comme avant Parler aux poissons d'argent Et jouer avec le vent Comme dans mes rêves d'enfant Comme avant

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