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La Civette

Dernière mise à jour : 20 mars



Étymologie :


  • CIVETTE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. Entre 1249 et 1272 zool. zabadec (Moamin et Ghatrif, éd. H. Tjerneld, L. IV, Prologue 1, 3), graphie isolée ; 2. 1401 cyvete « substance musquée » (J. Guiffrey, Inventaires de Jean, duc de Berry, t. II, Paris, 1894, p. 31, n°173 cité ds Le Testament Villon, éd. J. Rychner et A. Henry, t. 2, p. 99) ; 3. 1542 civette « parfum » (Rabelais, Pantagruel, chap. 6 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 243 [ici par ironie pour « mauvaise odeur »]) . Empr. à l'ar. zabād « écume, civette (cette substance étant écumeuse) » puis « civette (animal) » par abréviation pour qaṭṭ az-zabād « id. », littéralement « chat à civette » (ou a > i par métaphonie, normale dans certains dial.), prob. par l'intermédiaire du cat. civetta, subst. fém. « substance odorante sécrétée par la civette » dep. 1372 ds Alc.-Moll. (Cor., s.v. civeta ; FEW t. 19, p. 201a) ; l'intermédiaire de l'ital. (EWFS2) zibetto subst. masc. (xve s. ds DEI) semble moins probable. La forme zabadec du xiiie s. est empr. à l'ar. par l'intermédiaire d'une trad. lat. (v. op. cit., pp. 20 et 24).


  • GENETTE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1260 (E. Boileau, Métiers, 326 ds T.-L. : piaus de genetes). Empr. à l'ar. d'Afrique du Nord ǧarnaiṭ (prononc. vulg. ǧarnéiṭ ou ǧernéiṭ ). Le point de départ du mot roman n'est pas élucidé : cf. port. janeta dans un doc. de 1137 d'apr. Cor., s.v. jineta ; cat. janeta en 1284, ibid. V. FEW t. 19, p. 55b.


Lire également la définition des noms civette et genette afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Chat musqué -

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Zoologie :


Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"Bien qu'on surnomme souvent la civette avec le joli label de "chat musqué", il ne s'agit pas d'un félin. Avec sa longue queue et son museau pointu, elle longtemps été considérée comme une calamité mais en Chine on l'a beaucoup chassée pour sa viande. Ses excréments ont une réputation ambiguë. Avez-vous déjà bu un café qui avait un goût de merde ? Si oui, cet animal y est peut-être pour quelque chose.


Description : Les excréments de civette n'ont pas une texture lisse. Ils contiennent encore des aliments à moitié digérés, ou même pas digérés du tout, comme les grains de café. L'animal défèque dans des espèces de latrines, les "civetteries". C'est grâce à elles que l'on arrive à savoir où cet animal insaisissable et nocturne se cache.


Merde mortelle : En 2002-2003, une forme sévère de pneumonie virale, le SRAS, a provoqué la mort de près de 800 personnes en Chine. Les premiers cas de SRAS ayant été relevés dans la province de Guangdong, c'est là qu'après avoir analysé la viande de civette dont les marchés regorgeaient on a bien identifié cet animal comme vecteur de cette maladie. Comme tout contact avec ses excréments devenait extrêmement dangereux, on extermina à titre de prévention dix mille civettes en 2004.


La première gorgée de café : La civette palmiste hermaphrodite se cache dans les plantations de café, attirée par les fruits qui contiennent les grains les plus gros. Mais elle n'arrive pas à les digérer. On eut donc l'idée de les récupérer au milieu des excréments et de les torréfier. Le produit obtenu, le "kopi luwak", est aujourd'hui le café le plus rare et le plus cher du monde (50 euros la tasse). Ces grains subissent une fermentation grâce à l'action des enzymes et acides gastriques qui décomposent les protéines. Ce procédé estompe l'amertume du café, au profit d'un arôme et d'un goût incomparables.


Une merde qui embaume : Le musc, substance générée par les glandes peri-anales de la civette, est utilisé comme fixateur en parfumerie. La demande est telles que nombre de ces animaux sont élevés de façon illégale, et leur musc douloureusement extrait plusieurs fois par semaine. Les aimables parfumeurs seraient devenus des barbares ?"

 

Selon le site de La Poste :


"Au Moyen Age, la genette jouait dans les maisons et les châteaux le rôle dévolu maintenant aux chats. Elle était alors dressée et chassait les rats et les souris. Son caractère agréable en faisait une parfaite compagne, affectueuse, dont on appréciait la souplesse et dont les amusantes acrobaties divertissaient ses maîtres. Aujourd'hui la genette est retournée à l'état sauvage, chassée des foyers domestiques en raison de la pénétrante odeur de musc qu'elle dégage lorsqu'elle a peur. Méfiante et farouche, elle vit solitaire dans les régions de végétation dense, dans les fourrés situés non loin des points d'eau, dans les arbres creux ou dans des grottes. Longtemps confinée dans le sud-ouest de la France, elle a traversé la Loire et le Rhône et son habitat se trouve étendu au nord et à l'est."

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Usages traditionnels :


Le "café de crotte", le petit noir qui vaut de l'or

Publié le 11/03/2011 à 13:04 | AFP (http://www.lepoint.fr/insolite/)


A Londres ou Tokyo, une seule tasse peut coûter de 20 à 50 dollars. Pour le plus grand plaisir des producteurs de "kopi luwak", le "café le plus cher du monde" qui est récolté dans les crottes d'un petit mammifère choyé en Indonésie.

Dans sa plantation de l'île de Sumatra, Gunawan Supriadi est un homme "très occupé". Il consacre son temps à nourrir et bichonner une cinquantaine de civettes, dont l'apparence ressemble à celle des chats sauvages avec un museau pointu. Il surveille surtout attentivement leurs excréments, son trésor et sa principale source de revenus. "Je donne à manger des cerises de café aux civettes. Mais elles ne digèrent pas les grains, qui sont rejetés par les voies naturelles", explique le producteur. Une fois lavés, séchés puis torréfiés, ces grains donnent le "kopi luwak" ("café de civette" en indonésien), dont le goût caramélisé fait fondre de plaisir de nombreux amateurs de café dans le monde. Ces derniers sont de plus en plus nombreux et les producteurs indonésiens, pour la plupart de petits exploitants, peinent à répondre au bond de la demande.


"En 2008, j'ai vendu environ 50 kilos de grains de luwak. En 2009, 300 kilos. Et l'an dernier, j'en ai cédé 1, 2 tonne", se félicite M. Supriadi, installé dans la province de Lampung, place forte du café en Indonésie. "Mon objectif est de posséder 150 civettes rapidement afin de pouvoir suivre les commandes", précise-t-il.

Le "luwak" peut être négocié jusqu'à plusieurs centaines de dollars le kilo en Europe, aux Etats-Unis ou dans les pays d'Asie les plus développés comme le Japon ou Singapour. Il est ensuite vendu au détail dans des épiceries fines ou dégusté dans des cafés très chics, où il est toujours le plus cher sur la carte, jusqu'à un record de 100 dollars à Londres. "Si le luwak était une voiture, ce serait une Rolls-Royce", résume M. Supriadi.

L'un des principaux exportateurs indonésiens, Doni Irawan, affirme que ses ventes ont bondi de 50% l'an dernier. "C'est devenu le must des cafés en raison de son prix et de sa rareté. Il ne cesse de gagner de nouveaux amateurs", s'enthousiasme-t-il.

Mais, en raison de ce succès, l'appellation est parfois galvaudée, avec la mise en vente de paquets ne contenant qu'une infime quantité de réel "kopi luwak". Des entrepreneurs vietnamiens ont même annoncé avoir développé un procédé chimique permettant de traiter les grains pour leur donner le goût du "luwak". L'arôme particulier de ce café s'explique par le processus de fermentation que subit le grain au contact des acides gastriques dans le tube digestif de la civette.

Le "luwak" est produit dans de nombreuses îles -Sumatra, Java, Bali, Sulawesi- de l'immense archipel indonésien, ainsi qu'aux Philippines et au Timor oriental. Mais aucune statistique officielle n'est disponible sur les volumes ou les exportations. Avant d'être popularisé, le "luwak" était une boisson raffinée réservée aux sultans et à leurs hôtes de marque depuis l'occupation de l'Indonésie par les Néerlandais. Il est désormais considéré comme chic par la nouvelle bourgeoisie de Jakarta, qui le déguste dans les cafés spécialisés des centres commerciaux luxueux.

"Je n'aimais pas tellement le café mais j'ai changé d'idée lorsque j'ai goûté le luwak. Je suis devenu accro", témoigne Galang Sulung Ramanda, un jeune entrepreneur de 24 ans. "Je le bois aussi pour la santé. J'ai entendu dire qu'il permettait de prévenir la maladie de Parkinson, le cancer du colon et le diabète".

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Bruno Bonnemain nous propose un Compte rendu de la 342e séance, 19 juin 2013. (In : Revue d'Histoire de la Pharmacie, 2013, vol. 100, no 380, pp. 401-405)


Le prix Jerry Stannard, décerné chaque année pour encourager la recherche en histoire de la botanique et de la pharmacie, a été décerné, pour 2013, au Dr James McHugh, de l’Université de Californie, pour son travail sur le thème des civettes et de l’histoire de leur utilisation en Inde (The disputed Civets and the complexion of the God : Secretions and history in India, « Les civettes contestées et le caractère du dieu : sécrétions et histoire en Inde »), publié en 2012. Son article porte sur un seul produit naturel de l’Inde : la civette et la sécrétion glandulaire de ce mammifère d’Asie. Cet animal, une sorte de blaireau, cache en réalité plusieurs espèces animales qui étaient en voie de domestication en Inde. Les sécrétions des glandes anales de la civette étaient utilisées en pharmacie et dans la fabrication des cigares ou des parfums. Elles avaient la réputation d’être très appréciées de Cléopâtre. L’auteur explique pourquoi, à partir du XVIe siècle, la civette est devenue un énorme succès populaire, venant du monde arabe vers Londres et Delhi.

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Symbolisme :


Selon Alain Anselin, auteur de "Les Initiés de l’Aube". (In : Présence africaine, 1989, no 1, pp. 20-40) :


De même que la civette est le symbole des dirigeants luba, kuba ou fang, de même Mafdet figure dans tous les énoncés du pouvoir des premières dynasties.

 

Joël Candau, dans un article intitulé « Traces singuliéres, traces partagées ? », (Socio-anthropologie [En ligne], 12 | 2002, mis en ligne le 15 mai 2004) attire notre attention sur la signification des mots à partir d'un exemple lié à la civette :


Quelques travaux ethnographiques, trop rares, soulignent le poids des informations contextuelles dans la catégorisation des traces olfactives. Dans une étude sur la mise en catégories de l’espace olfactif chez les Li-Waanzi (Gabon), un « nuancier » olfactif construit avec des substances odorantes jugées ­– par un informateur autochtone – représentatives des termes Li-Waanzi a été soumis à l’appréciation des membres de ce groupe lors d’enquêtes de terrain. Or, les chercheurs ont constaté que « certains des flacons odorants conçus pour évoquer les catégories olfactives indigènes n’engendraient pas les termes spécifiques désignant ces catégories ». En retour, « ces flacons n’étaient pas pointés lorsqu’on indiquait les termes spécifiques ».

Par exemple, une odeur avait été sélectionnée pour évoquer la catégorie téla (civette). Pour les Li-Waanzi, téla « désigne une trace olfactive d’une certaine intensité laissée par l’animal immédiatement après son passage, dans un contexte de chasse ». Mais en situation expérimentale, ce terme n’était pas assigné par les répondants à la sensation olfactive émanant du flacon, malgré la similarité de cette odeur avec celle du téla (la qualité de l’échantillon n’étant aucunement en cause). L’explication de cet échec est simple : du fait que, pour les Li-Waanzi, (i) il n’y avait évidemment aucune possibilité pour que la civette se soit introduite dans le flacon, (ii) l’olfaction était pratiquée hors contexte de chasse, la reconnaissance et la catégorisation ne pouvaient pas être celles attendues. Hors contexte, ils ne peuvent interpréter la trace olfactive de la civette.

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