Étymologie :
PLANCTON, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1893 (Annales de géographie, 2, p. 217 ds Quem. DDL t. 9). Empr. en 1887 par le physiologiste all. V. Hensen Ber. Kommission der wissenschaftlichen Untersuchung der deutschen Meere in Kiel, V, 1 ds NED Suppl. 2) au gr. π λ α γ κ τ ο ́ ν, neutre de l'adj. verbal π λ α γ κ τ ο ́ ς « errant, instable », de π λ α ́ ξ ω « faire chanceler, faire errer », le mot a passé de l'all. en angl. (1891 ds NED, loc. cit.) et en fr.
*
*
Zoologie :
Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :
"Le plancton est une espèce de ramassis de tout ce qui flotte, vers, crustacés et autres organismes dans les couches superficielles de la mer. L'étude et l'analyse de ses déjections nous ont déjà beaucoup appris sur ce qui se cache sous l'eau, ainsi que sur la richesse et la complexité de la vie à la surface.
Description : Parmi les trois catégories, le zooplancton est celui qui produit le plus d'excréments. Comme son nom l'indique, c'est un plancton animal, formé de petits crustacés, comme krill, larves, et protozoaires. Il se nourrit d'autres planctons. Ses excréments sont rejetés à la surface de l'eau, où les courants les emportent.
La crotte baladeuse : Pas facile de cueillir du plancton pour l'analyser. Le mot plancton vient du grec "errant", car formé de petits organismes qui luttent contre le courant, ils se laissent flotter et on doit se munir d'un filet pour les ramasser. On a même mis au point un laboratoire flottant qui suit les courants pour étudier les éléments organiques qui les composent.
Les excréments divers, joliment appelés "neige marine", sont composés de déchets fécaux de zooplanctons et de phytoplanctons morts. Cette neige marine est riche en nutriments qui se déposent au fond de l'océan, permettant ainsi de transporter vers le plancher océanique le carbone émis par le phytoplancton lors de la photosynthèse. C'est très important pour l'environnement, puisque notre terre a besoin de diminuer ses émissions de carbone. Ainsi, en empêchant le carbone marin de pénétrer dans l'atmosphère, la merde de plancton agit pour la planète.
L'infiniment petit : La crotte de plancton (deux cents milliardièmes de mètre) est la plus petite du monde."
*
*
Symbolisme :
Littérature :
Sylvain Tesson entreprend grâce à Vincent Munier une véritable quête initiatique qu'il relate dans un récit de voyage qu'il a intitulé La Panthère des neiges, (Éditions Gallimard, 2019). C'est l'occasion d'une réflexion sur notre rapport au monde animal :
"Même ici, Munier traquait les signaux sauvages. La complicité d'un homme avec le monde animal rend supportable le séjour dans les cimetières urbains. Je racontai à Marie et Léo l'histoire de ce naufragé polynésien, Tavae, qui dériva sur un canot pendant des mois dans l'océan Pacifique et contempla chaque jour le planton recueilli dans un seau, allant jusqu'à tenir conversation avec les animalcules. L'exercice avait évité au naufragé le face-à-face avec lui-même, c'est-à-dire la dépression.
Regarder une bête, c'était coller l’œil à un judas magique. Derrière la porte, les arrière-mondes. Nul verbe pour le traduire, nul pinceau pour les peindre. Tout juste pouvait-on en capter un scintillement. William Blake dans Proverbes de l'enfer : "Ne comprends-tu donc pas que le moindre oiseau qui fend l'air est un immense monde de délices fermé à tes cinq sens ?" Si, William ! Munier et moi comprenons que nous ne comprenions pas. Cela suffisait à notre joie."
*
*