Étymologie :
AMANITE, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − 1611 bot. (Cotgr. : Amanite. The name of a wholesome toadstoole). Empr. au gr. α ̓ μ α ν ι ́ τ η ς « sorte de champignon », Galien, 6, 370 ds Bailly. − Amanitine, 1838 chim. (Ac. Compl. 1842).
CÉSAR, subst. masc.
Étymol. et Hist. Ca 1245 cézar [à propos de Clovis] (Ph. Mousket, Chron., éd. Reiffenberg, 477, t. 1, p. 20) ; 1488 titre donné à un empereur romain (La Mer des Histoires, II, 100 b, édit. 1491 ds Rom. Forsch., t. 32, p. 28) ; xve s. p. allus. à Jules César, désigne un homme énergique (O. Basselin, Vaux de Vire, éd. P.-L. Jacob, p. 20) ; av. 1544 « empereur » (Marot, Colloq. d'Erasme, 1 ds DG : les princes, roys, césars) ; 1680 rendez à César ce qui est à César (Rich.) ; av. 1850 « conquérant, despote » (Balzac ds Lar. 19e). De Caesar, surnom de la Gens Julia, en usage dep. le préteur Sextus Iulius Caesar en 208 av. J.-C., porté par Caius Iulius Caesar, général et homme d'État romain (101-44 av. J.-C.) ; nom pris par la suite par les empereurs romains en mémoire de Jules César et passé aux empereurs germ. (v. TLL onom. et Mittellat. W. s.v.).
ORONGE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1753 (Encyclop. t. 3, p. 84a : de celle [espece de champignon] qu'on nomme oronge en Guienne) ; 1768 (Valm.). Empr. au rouergat ourounjo «id.» (cf. Vayssier, Dict. patois-fr. de l'Aveyron ; v. aussi dans le domaine fr.-prov. Mistral : ourounjo, Dhér. : oroungeo, Palay : ourounge), proprement «orange», ainsi nommé à cause de sa couleur, de même orig. que le fr. orange*.
Autres noms : Amanita Caesarea - Amanite des Empereurs - Arandjat - Aulonjat - Boulet rouge - Boutchols - Cadran - Campairol (qui désigne parfois également le cèpe ou le rosé) - Campagnol - Champagnol - Champignon des princes - Chogeran - Ciampignoun - Cocon - Compairol - Coucou - Coucoumé - Dorade - Dorgne - Doumeal - Doumergal - Endorguez - Gouriacou - Irandja - Iranget - Jaone d'ioou - Jaseran, Jazeran ou Jasseran (dans les Vosges) - Jaune-d’œuf - Mujolo - Oriol - Oronge - Oronge vraie - Ounégal - Ourangeada - Real - Roumanel -Rouget - Royal - Uouéro - Vouers -
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Mycologie :
Selon Frédéric Duhart, auteur d'une « Contribution à l’anthropologie de la consommation de champignons à partir du cas du sud-ouest de la France (XVIe -XXIe siècles) », (Revue d’ethnoécologie [En ligne], 2 | 2012) :
[...] Dès l’Époque Moderne, tandis que les cèpes remplissaient très honorablement la fonction de champignon de référence, quelques autres espèces furent valorisées comme des délices particuliers. Toute auréolée de sa renommée antique, Amanita caesarea s’imposa rapidement comme un plaisir saisonnier particulièrement distingué dans l’ensemble du Sud-Ouest.
En 1670, une marquise périgourdine fit ainsi présenter aux hôtes d’un dîner automnal une assiette de dongaus entiers et farcis avec des hachis de blanc de chapon, de lard, des os et œufs (Dujarric-Descombes 1908 : 153). Un bon siècle plus tard, l’évêque de Comminges commanda à plusieurs reprises des oronges au tournant de l’été (Arch. Haute-Garonne, 46 J 1, 1782). Par son prestige, ce champignon se suffisait à lui-même. Sur les tables des consuls bayonnais comme sur celles des autres élites urbaines du XVIIIe siècle, une simple fricassée d’oronges apparaissait tout aussi à sa place qu’un plat d’oronges farcies relevant d’une cuisine bien plus élaborée (Arch. Bayonne, CC 322, 1733 & CC 330, 1754). L’éclat de l’amanite des césars demeura intact par la suite. Au milieu du XIXe siècle, elle passait encore en Agenais pour « l’un des meilleurs champignons dont on puisse faire usage » (Lespiault 1845 : 38). Tout au long du XXe siècle, il y eut en Périgord comme ailleurs des amateurs pour trouver l’oronge plus fine que le cèpe (La Mazille 1929 : 275). Aujourd’hui encore, alors qu’elle se fait rare sur le marché, des restaurants tel Le Castel du pont d’Oly de Jurançon se font un honneur de la faire figurer sur leurs cartes automnales… quand cela est possible.
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D'après Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de Champignons (collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013), l'amanite des Césars (Amanita Caesarea) est aussi appelée l’œuf des Empereurs.
"A la table des princes : Tous les mycologues sont d'accord : l'oronge est le fameux boletus célébré par de nombreux auteurs romains et décrit par Pline : "La terre produit d'abord l'enveloppe, puis le bolet dans l'enveloppe, comme le jaune dans l’œuf ; et cette enveloppe n'est pas moins utile à la nutrition du jeune bolet." Facile à identifier, délicieux, inoffensif (il peut même être consommé cru), ce champignon était servi à la table des princes. Sa réputation n'est pas usurpée : l'amanite des Césars est effectivement un champignon inoubliable, par sa beauté comme par sa saveur.
L’œuf de terre : La variété de ses noms témoigne de sa popularité, surtout dans le sud de la France, où il est plus abondant. AU XIXe siècle, on nommait coucoumé un champignon en forme de boule, du mot coucou, l’œuf ou le cocon. Ce nom était attribué à l'oronge, du fait de l'aspect du champignon lorsqu'il commence à pousser et n'est pas encore dégagé de l'enveloppe blanche qui le recouvre, la volve. Les termes voisins coucoumela ou coquemelle étaient aussi utilisés pour désigner l'oronge blanche qui émerge également d'une volve ovoïde. Aujourd'hui, on nome coucoumelle une autre espèce, l'amanite engainée (ainsi qu'une fleur, le nombril de Vénus). Quand à son nom oumegal, il a un sens équivalent, puisqu'il dérive de ovum gallinae, "œuf de poule" en latin.
La franche et la fausse : L'oronge a parfois été confondue avec la fausse oronge, c'est-à-dire l'amanite tue-mouche. En effet, il arrive que le chapeau de celle-ci soit parfois plus orangé que rouge et qu'il perde sous la pluie ses petits flocons blancs si caractéristiques. C'est ainsi que la fausse oronge "a souvent incommodé et même conduit dans la tombe des familles entières, séduites et trompées par sa couleur. Combien d'exemples n'avons-nous pas de personnes réunies dans la campagne pour se divertir et se délasser, qu ont trouvé la mort dans le lieu même où elles s'étaient promis du plaisir, pour avoir considérablement mangé de ce champignon !" L'auteur exagère sans doute les méfaits de la fausse oronge, et les amateurs avaient peut-être poussé la gloutonnerie jusqu'à cueillir aussi des amanites phalloïdes. En cas de doute, la couleur jaune du pied et des lamelles permet d'identifier l'oronge "franche".
La cuisine d'Agrippine : Depuis l'Antiquité, tous les auteurs de traités de mycologie rappellent le sort de l'empereur Claudius, dont la femme Agrippine aurait provoqué la mort en ajoutant quelques amanites phalloïdes à son plat d'oronges favori (selon certains historiens, il s'agissait en fait d'un poison banal, ajouté aux champignons). C'est ce repas fatal qui aurait permis à Néron de monter sur le trône.
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Fiche extraite de la thèse de Nicolas FELGEIROLLES soutenue le 2 Juillet 2018 à Montpellier et intitulée La Mycologie dans le bassin alésien ; enquête auprès des pharmaciens d'officine et solutions apportées pour consolider leurs compétences sur les champignons :
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Lyra Ceoltoir autrice d'un magnifique Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) décrit l'Amanite des Césars de la manière suivante :
Aussi appelée « oronge », ce superbe champignon, de plus en plus rare, hélas, doit son nom courant à sa réputation historique : il aurait été l'un des mets les plus prisés à la table des empereurs romains de la dynastie des Césars. On sait en effet, qu'il existait un champignon populaire dans la gastronomie romaine de l'Antiquité, nommé « boletus » dans les textes, notamment dans l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien. Si, aujourd'hui, ce nom s'applique à une famille bien différente de celle de notre oronge, à l'époque, il s'agissait d'un terme générique pour désigner les champignons, et il pouvait donc tout à fait s'appliquer à elle. Archétype même du champignon, une position prestigieuse due à sa saveur proverbiale, l'Amanite des Césars est toujours aussi appréciée que recherchée, et certains n'hésitent pas à la qualifier de meilleur comestible au monde ! Rendons donc à César ce qui lui appartient...
Vie de champignon : L'Amanite des Césars est un champignon automnal (1) qui émerge de préférence sous les feuillus, avec un penchant marqué pour les chênes verts, les chênes lièges et les châtaigniers, dans les zones méditerranéennes essentiellement, car elle aime la chaleur et l'ensoleillement. Le réchauffement climatique a d'ailleurs tendance à la faire migrer vers le nord, ces dernières années. Comme toutes les amanites, elle commence son existence automnale (de mi-septembre à mi-novembre environ) à la surface sous une forme d'œuf enfermé dans une volve membraneuse épaisse, d'un blanc pur, dont elle s'extirpe en la déchirant avant d'étaler son beau chapeau orange vif caractéristique, de 8 à 20 centimètres de diamètre, au-dessus de lamelles jaune d'or (2). Son pied, fauve lui aussi, est de taille moyenne, oscillant entre 8 et 15 centimètres, assez robuste et plutôt droit, même si les aléas du terrain le courbent parfois légèrement. Ovoïde au niveau du sol, il est pourvu d'un anneau dans sa partie haute. Son odeur douce et sa saveur évoquant la noix complètent ce tableau particulièrement flatteur. Elle est si goûteuse qu'elle se déguste aussi bien crue que cuite.
Il faut prendre garde à ne pas la confondre avec l'une de ses cousines. Si l'amalgame avec l'Amanite safran (Amanita crocea, qui ne possède pas d'anneau) n'est pas très grave puisqu'elle est elle aussi comestible (quoique bien moins savoureuse et indigeste, voire toxique crue), les choses se gâtent si l'on s'emmêle les pinceaux avec l'Amanite tue-mouches (Amanita muscaria) souvent surnommée « fausse oronge » à cause de sa fâcheuse tendance à se faire passer pour ce qu'elle n'est pas. Une petite pluie, et voilà ses « pois » blancs (en réalité, des vestiges de sa volve juvénile) arrachés à son chapeau, dont la couleur peut tirer sur l'orangé. L'ennui, c'est que celle-ci est un toxique violent, pouvant causer des empoisonnements graves. Heureusement, il suffit de regarder pied et lames pour les distinguer : ceux de l'Amanite des Césars sont jaune vif, ceux de la tue-mouches sont blanc pur.
Hélas, cela n'a pas toujours suffi à sauver des vies : l'empereur Claude, qui raffolait des Amanites des Césars (il en était un, après tout), mourut probablement des suites d'un empoisonnement par un champignon glissé dans son plat de champignons favoris. On ne sait pas encore avec certitude si Agrippine, son épouse assassine incorpore sournoisement quelques Amanites phalloïdes (Amanita phalloides) dans la casserole de son royal époux ou si elle versa un autre poison dans la nourriture, ni même si Claude fut réellement empoisonné, mais une chose est sûre : le 13 octobre 54, c'est après un opulent banquet, riche en champignons, que le malheureux rendit l'âme (3)...
Notes : 1) Les régions les plus ensoleillées peuvent jouir de sa présence dès la fin du mois d'août, si les conditions s'y prêtent.
2) Ce sont d'ailleurs ces lames colorées, les seules aussi soutenues dans la famille des Amanites, qui permettent de la distinguer sans se tromper de l'Amanite tue-mouches, avec laquelle elle est parfois funestement confondue, cette dernière pouvant perdre l'intensité de sa couleur et ses « taches » blanches après une pluie soutenue.
3) Martin (Régis), Les Douze Césars, du mythe à la réalité, Perrin, Paris, 2007, 478 p.
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Usages traditionnels :
F.S. Cordier, auteur de Les Champignons, Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) assimile l'usage alimentaire des champignons au degré de civilisation (les cultures mycophobes apprécieront...) :
Dans tous les siècles et chez toutes les nations arrivées à un certain degré de civilisation, les champignons ont figuré sur la table des riches comme sur celle des pauvres : chez les riches comme un objet de luxe peut-être, mais chez les pauvres comme aliment de première nécessité.
Les Grecs, et surtout les Romains, avaient pour ces végétaux une passion singulière. Les hommes adonnés de longue main aux plaisirs de la table, veteres voluptuarii, portaient, dit Pline, le raffinement si loin, qu'ils ne s'en reposaient que sur eux-mêmes du soin de leur préparation. Ils les apprêtaient dans des vases d'argent, comme chose précieuse, les coupaient et les servaient avec des instruments de ce métal ou d'electrum (alliage d'or et d'argent).
Les deux espèces qu'ils recherchaient de préférence étaient la truffe, qu'ils appelaient Tuber, et notre Oronge vraie, qui chez eux portait le nom de Boletus. Ils appréciaient singulièrement cette dernière.
Tous les auteurs latins qui en ont parlé accompagnent son nom d'une épithète flatteuse . Martial, qui dans ses écrits en fait l'éloge à chaque instant , va jusqu'à dire que de son temps on lui donnait la préférence sur l'or¹ . Juvénal , dans sa satire sur les parasites , dit qu'à la table de Vircon, l'Oronge était servie au maître de la maison, et les champignons de second ordre aux convives subalternes.
Argentum atque aurum facile est lænamque togamque
Mittere : boletos mittere difficile est. (Mart., Epigr. 48, ter. 13).
L'Oronge cependant ne conserva pas toujours à Rome la haute estime dont elle jouissait. L'empereur Claude, qui en était très gourmand, ayant été empoisonné par Agrippina, sa femme, qui lui en fit servir un plat dans lequel se trouvait un poison préparé par la trop célèbre Locuste, cela jeta pour un temps de la défaveur sur ce champignon, que Néron, faisant allusion à la mort de Claude et à son apothéose, appelait avec une ironie cruelle un manger des dieux ; mais cette défaveur ne dura guère, tant l'Oronge avait d'attraits pour les palais voluptueux.
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Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) rend compte de recettes datant de l'époque antique :
Apicius, le plus célèbre gastronome de l'Empire romain, qui s'est suicidé lorsqu'il jugea sa fortune insuffisante à payer les énormes dépenses de sa table, avait fait consigner par écrit certaines prescriptions sur l'art culinaire. Les Champignons n'avaient pas été oubliés, et voici d'après lui leurs meilleurs modes de préparation (De re culinaria, Liv. VII, ch. XIII et XIV).
PRÉPARATION DES CHAMPIGNONS DU CHÊNE ET DES ORONGES
« Essuyez vos Champignons après les avoir fait cuire, et servez -les tout chauds dans du garum poivré, en ayant le soin de broyer le poivre dans la sauce. »
« Vous vous trouverez bien d'employer aussi pour l'assaisonnement des Champignons du chêne, le poivre, le vin cuit, le vinaigre et l'huile. »
« Vous pouvez encore les servir après les avoir fait cuire avec du sel, de l'huile, du vin pur et du coriandre haché. »
PRÉPARATION DES ORONGES
« Mettez les Oronges dans du vin cuit avec un bouquet de coriandre vert. Faites bouillir le tout, retirez le bouquet et servez.) »
« Vous pouvez servir également les jeunes Oronges dans un coulis ou saupoudrées de sel. »
AUTRE PRÉPARATION DES ORONGES
« Jetez dans la poêle des pieds d'Oronges hachés, puis des œufs ; ajoutez du poivre de Ligurie, un peu de miel et du jus de viande, et versez ensuite un peu d'huile. »
[...]
Toutefois, les soins détaillés qu'Apicius recommande de prendre pour la préparation culinaire de ces Champignons, ainsi que pour celle des Oronges et des Truffes, nous font connaitre tout le prix qu'alors on attachait à Rome à leur consommation. La consommation des Oronges est même poussée si loin, que des censeurs déplaisants poussent le cri d’alarme.
SÉNÈQUE s'en fait l'écho dans ses Lettres : « Dieux bons ! s'écrie-t-il. Que d'hommes occupés à satisfaire un seul estomac ! Quoi ! croyez-vous que ces Oronges (boletos), ce poison délicieux, ne vous détruisent pas secrètement la santé, parce que leurs effets pernicieux ne se manifestent pas tout d'abord ? »
Cela pouvait aussi bien se dire de tous les mets recherchés des Romains à cette époque. Sénèque ne pouvait, dans tous les cas, nous transmettre en meilleurs termes, avec un éloge détourné de l'Oronge, la réputation d'innocuité, bien établie, de ce Champignon. Et cependant l'histoire a enregistré ce fait, que l'empereur Claude fut empoisonné avec des Oronges. Voyons donc ce que nous apprennent Tacite et Suétone sur ce sujet.
TACITE rapporte, dans le Livre XII de ses Annales, que, d'après les historiens du temps, « le poison fut versé dans un plat séduisant d'Oronges » (infusum delectabili cibo boletorum vene num).
Les traducteurs de Tacite ont à tort traduit le mot boletorum par Morilles, probablement d'après la signification erronée attribuée à ce mot par les botanistes du commencement du XVII° siècle. Une preuve, du reste, qu'il ne pouvait être question de Morilles dans le récit de l'auteur latin, c'est la saison même pendant laquelle est mort Claude. Tacite et Suétone fixent en effet, la date de son décès au troisième jour des ides d'octobre. Or, les Morilles ne se montrent qu'au printemps, jamais à l'automne.
SUÉTONE raconte l'événement en ces termes dans son Histoire des Douze Césars, § 44 :
« On convient que Claude périt par le poison ; mais où et par qui lui fut-il administré, c'est sur quoi l'on diffère. Les uns rapportent que ce fut dans un festin public, avec des prêtres, au Capitole, et par son dégustateur, l’eunuque IIalotus ; les autres, dans un repas privé, par Agrippine elle-même, qui avait versé le poison sur une Oronge, profitant de ce qu'il était très avide de cette sorte de mets. » (quæ boletum medicatum avidissimo ciborum talium obtulerat).
On remarquera, dans tous les cas, cette expression de boletum medicatum qui, dans la pensée de l'historien, conserve intacte la réputation d'innocuité de l'Oronge.
Suétone revient plus loin sur ce triste événement, au § 33 de la vie de Néron :
« Néron commença par Claude ses parricides et ses meurtres : s'il ne fut pas l'auteur de sa mort, il en fut complice. Il ne s'en cachait pas, puisqu'il avait coutume dans la suite de citer un proverbe grec qui vantait, comme étant la nourriture des dieux, les Oronges, dans un plat desquelles le poison avait été administré à Claude » (ut qui boletos, in quo cibi genere venenum is acceperat, quasi deorum cibum, posthac proverbio græco collaudare sit solitus).
Nous devons regretter de ne pas retrouver dans Suétone ce proverbe grec qui nous aurait renseignés sur l'origine du mot latin boletus et sur l'estime dans lequel ce Champignon était tenu en Grèce.
[...]
Celui de tous les auteurs latins qui nous a laissé sans contredit le plus de détails intéressants sur les Champignons est PLINE L'ANCIEN, mort en l'an 79, sous l'empereur Titus. Son Histoire naturelle, immense compilation de tous les ouvrages latins et grecs qu'il pouvait se procurer, résume assez bien l'ensemble des connaissances mycologiques de son époque. Nous croyons donc utile de rappeler ici tout ce qu'il nous a transmis sur ce sujet.
Le § 46 de son Livre XXII traite particulièrement des Oronges. Jusqu'ici nous avons vu ces Champignons ne pas éveiller de craintes sur leur nocuité, et nous pouvions nous étonner que leur récolte n'eût été suivie d'aucune méprise funeste, causée par la malignité d'espèces voisines plus ou moins vénéneuses. Pline va rétablir la réalité des faits.
DES ORONGES : LEURS PROPRIÉTÉS ET LEUR NAISSANCE.
« Parmi les végétaux dont il y a lieu de craindre de faire usage je citerai à juste titre les Oronges, qui sont, il est vrai, un de nos meilleurs aliments, mais qui ont servi par cela même à Agrippine, au moyen de préparations criminelles, à empoisonner son mari l'empereur Claude : horrible attentat dont les suites devaient être aussi funestes à elle-même qu'à l'uni vers, grâce à Néron, cet autre poison ! On distingue aisément certaines Oronges vénéneuses, à leur couleur d'un rouge moins foncé, à leur aspect peu engageant, à la teinte livide de leur chair, à leurs lamelles (stries) crevassées, au contour pâle de leur chapeau. D'autres Oronges ne présentent pas les mêmes caractères : elles sont sèches, ont l'apparence du nitre, et leur chapeau est couvert de particules blanches provenant de leur enveloppe. Car ce qui se forme tout d'abord dans la terre, c'est le volva ; l'Oronge se montre ensuite dans le volva et s'y trouve placée comme le jaune dans l'œuf. Cette enveloppe lui sert aussi de nourriture dans le jeune âge ; elle se rompt au moment de son éclosion et, pendant la croissance du Champignon, sert à former le pédicule. Il est très rare de voir deux de ces Oronges sur un seul et même pied. Elles tirent leur origine du limon de la terre et des sucs acides de l'humidité du sol, ou encore des racines des arbres à glands. C'est d'abord une écume molle, puis une sorte de corps membraneux, et bientôt une jeune Oronge.) »
Cette description de l’Oronge ne laisse plus aucun doute sur le sens véritable du mot boletus. Les autres espèces d'Oronges qu'il qualifie de vénéneuses ne sont pas assez bien caractérisées pour qu'on puisse les désigner avec certitude : on pourrait cependant y reconnaître la fausse Oronge, l'Oronge panthère ou l'Oronge bulbeuse. Le passage suivant du même paragraphe nous initie à cette opinion singulière des anciens, que la bonne ou la mauvaise nature des Champignons résullait d'influences extérieures particulières, opinion qui s'explique par leur ignorance absolue de la distinction des espèces, et par la difficulté réelle à discerner des espèces comestibles leurs similaires dangereuses. Ils croyaient, en effet, que tel Champignon connu comme excellent à manger pouvait, dans certains cas assez bizarres, devenir toxique.
« Nous l'avons déjà dit, ajoute Pline, il y a des Oronges pernicieuses dont on doit entièrement prohiber l'usage. Car si un clou de bottine ou tout autre morceau de fer rouillé, ou bien du linge pourri, se trouvent là où elles croissent, elles s'en assimilent immédiatement les mauvais sucs et les transforment en poison : aussi, qui peuvent le mieux les distinguer, sinon les gens de la campagne qui en ont l'habitude ? Elles doivent encore leurs mauvaises qualités à d'autres circonstances : si elles croissent, en effet, à côté d'un trou de serpent, et si, à leur éclosion, elles sont frappées de son haleine, elles en absorbent le venin par suite de leur propension à absorber les substances vénéneuses ; c'est pourquoi il conviendra de se méfier des Oronges, tant que les serpents ne se seront pas enfoncés dans le sol. On fera bien de consulter pour cela un grand nombre d'herbes, d'arbres et d'arbrisseaux dont le feuillage persiste tant que ces animaux sortis de terre n'y sont pas rentrés. Les feuilles du Frêne, qui ne se montrent sur l'arbre qu'à l'époque de la sortie de ces reptiles et qui ne tombent qu'après leur disparition, pourraient suffire au besoin. Dans tous les cas, la durée des Oronges, de leur naissance à leur décomposition, ne dépasse pas sept jours. »
[...]
Nous avons vu que si, chez les auteurs latins, le mot boletus n'est attribué qu'avec doute à Plaute, Apicius se trouve être le premier à nous le faire connaître. Mais ce mot ne pouvait d'après lui désigner qu’un Champignon inconnu fort estimé au point de vue de l'art culinaire. Il était réservé à Pline de nous en donner une description pittoresque, mais en même temps si caractéristique que nous pouvons certainement considérer l'Oronge comme l'espèce dont l'usage chez les Romains peut avant toutes les autres être affirmé sans conteste : « L'enveloppe ou volva, dit-il, sort de terre la première pour renfermer l'Oronge, comme le jaune de l’œuf est renfermé dans le blanc qui l'environne... ) . L'Écluse qui rappelle également cette description de Pline , et donne le premier une figure reconnaissable de l'Oronge, ajoute qu'il n'est pas douteux que ce Champignon soit bien le boletus tant célébré par les Romains ; il ajoute qu'il était estimé de même en Hongrie, où on le préparait de différentes façons. Ainsi, on choisissait les jeunes individus comme étant plus parfumés et plus délicats : après les avoir épluchés et fait cuire dans l'eau, on les hachait et on les servait dans une sauce préparée avec de la crème, du persil haché el du poivre. Ou bien, privés de leurs pédicules, on les faisait cuire sur de la braise et on les servait avec un jaune d'œuf. Ou bien encore, privés de leurs pédicules, on les fricassait dans une poêle avec des œufs et du beurre. On en faisait également sécher pour les conserver : on les faisait plus tard cuire dans l'eau et on les servait avec un assaisonnement préparé avec le liquide réduit par la cuisson et du pain grillé, le tout additionné de vinaigre, de poivre, de gingembre, etc. Il sera intéressant de comparer ces diverses préparations culinaires avec celles que conseillait Apicius.
Depuis la Renaissance, il n'est pas non plus d'auteur qui n'ait célébré l’Oronge. Paulet en fait le plus grand éloge. Roques dit qu’on regarde l'Oronge comme le plus fin, le plus délicat des Champignons. Vittadini en parle comme du Champignon le plus délicieux de l'Italie, et chose assez curieuse, il dit qu'on préfère les individus adultes à ceux renfermés dans le volva, les premiers étant plus savoureux. C'est une exception à la règle bien établie que les individus jeunes sont meilleurs que les adultes. M. Quélet le qualifie aussi de délicieux. Nous ne pouvons qu'être de cet avis : les essais que nous en avons pu faire nous ont facilement persuadé que la réputation de ce Champignon, depuis l'Antiquité romaine jusqu'à nos jours, n'était pas surfaite. On se gardera de le confondre avec la fausse Oronge, espèce vénéneuse, qui a certains points de ressemblance avec lui, la couleur de la partie supérieure du chapeau notamment, mais qui s'en distingue à première vue par la couleur blanche du stipe et des lamelles.
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Proverbes :
"Quand paraît l'oronge, le cèpe s'enfuit"
"S'il y a des têtes de nègre, il y a aussi des oronges"
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Symbolisme :
Carole Chauvin-Payan, dans son article intitulé "Le champignon : désignations dialectales et traditions populaires sur le territoire français" précise l'origine dialectale d'une des dénominations de l'oronge vraie :
[...] La forme latine CUCUMA qui désignait une petite baignoire a donné en français coquemar "bouilloire à large ventre, casserole en fonte ou pot en terre". La dénomination coucoumelle désigne en français moderne l'oronge blanche, amanita ovoidea. La forme dialectale attestée dans l'Hérault est présentée comme générique par le FEW, alors qu'elle est répertoriée comme un spécifique par J. Bourlier-Berkowicz. Dans le sud de la France, en Gascogne, Languedoc et dans le Massif central [kukumelo] désigne essentiellement la coulemelle, Lepiota procera. Il arrive parfois que cette forme dialectale désigne l'oronge vraie (amanite des césars), Amanita caesarea ou la rose des prés. [...] Dans le cas de l'amanite des césars, Amanita caesarea ou Oronge vraie qui lorqu'elle est jeune ressemble à un œuf, il existe encore un lien métaphorique entre la morphologie générale du jeune champignon et l'aspect ventru d'une marmite, cf la dénomination coquelle désignant une "marmite à trois pieds, arrondie par le bas comme un œuf. Désigner le champignon de façon générique ou spécifique en utilisant le vocable coucoumelle peut aussi s'expliquer par un lien métonymique sur le fait que le champignon est comestible et peut être cuisiné. [...] Dans le même sens pour la région du bas-limousin, N. Béronie [1824 : 42] atteste que la forme « coucorel désigne l'oronge "champignon rouge qui n'a pas encore crevé" », ce qui semble correspondre à l'amanite des césars, Amanita caesarea.
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Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :
Dans le chaudron : Son lien avec les célèbres empereurs romains et son immense popularité, ainsi que la quête dont elle fait l'objet de la part des mycologues et des gourmets, donne à l'Amanite des Césars une aura très particulière dans le monde des champignons. De fil en aiguille, cela la lie au pouvoir, à la souveraineté, à la puissance et à la connaissance.
Il est intéressant de l'incorporer à des pratiques de kitchen witchery (1) pour la consommer rituellement (il serait tellement dommage de s'en priver !). Elle permet d'absorber l'énergie tout en permettant un retour à la « normale » après une pratique spirituelle, énergétique ou magique, et peut ainsi participer activement aux techniques (indispensables) d'ancrage. Naturellement, ses vertus ne s'arrêtent pas là, car elle aide aussi à absorber l'énergie magique au cours d'un rituel.
Son lien avec le prestige la lie également aux mondes du dessus : pour cette raison, elle représente une offrande de choix, particulièrement appréciable pour les divinités. Elle est ainsi souvent offerte en sacrifice en leur honneur et constitue un mets remarquable qui satisfera n'importe quelle déité. Après tout, on ne peut qu'être flatté de recevoir en cadeau le meilleur champignon du monde !
Le Message de l'Autre Monde : « Regarde-moi. Or brillant sue le sol de la forêt, dans l'ombre bienfaisante d'un chêne millénaire. Ne suis-je pas majestueuse, ne suis-je pas lumineuse ? Je suis la souveraineté. Je suis le pouvoir. Je suis la puissance entre les mains de ceux qui savent la manier et en apprécier les subtilités. Pour eux, je suis la clef vers l'étape supérieure, le sceptre brandi au nom d'une cause juste, le savoir qui accorde l'éloquence et la vérité. Pour les autres, en revanche, je ne suis que cendres sous la pluie. Il faut me mériter, si tu souhaites me dompter. Je ne me plie pas par la force. Seuls l'honneur et l'humilité peuvent m'incliner. T'en sens-tu capable ? »
Sortilège : La Flamme d'Oronge : Sortilège de Souveraineté
Si vous ressentez le besoin de vous affirmer davantage dans une situation om vous êtes (ou devriez être) en position de force (par votre expertise, vos responsabilités, votre mérite...), mais où le manque de confiance en vous vient vous mettre des bâtons dans les roues, munissez-vous d'une bougie orange, d'un ruban jaune et d'une image d'Amanite des Césars.
Opérez de préférence en lune croissante (pour accroître), voire pleine, idéalement un jeudi, placé sous l'égide de Jupiter, image souveraine par excellence. Allumez la bougie et placez l'image de l'Amanite devant elle, bien visible. Concentrez-vous sur le champignon, ses couleurs, son histoire, tandis que la flamme brûle face à vous. A l'aide du ruban jaune, nouez légèrement l'image à la base de la bougie, en récitant une petite incantation de demande d'assistance, par exemple :
« Oronge jolie, Amanite des Césars,
Champignon souverain, image de pouvoir,
Fas grandir en mon cœur comme cette flamme dansante,
Confiance et foi en moi, force et puissance ardente. ».
Prenez quelques instants pour vous imprégner de ce moment, puis dénouez le ruban et nouez-le cette fois autour du poignet de votre main de pouvoir (2) en faisant trois nœuds : un pour la confiance, un pour la force et un pour le courage.
Gardez l'image et la bougie en lieu sûr. Quand vous sentirez une petite baisse de confiance, rallumez la bougie et contemplez l'Amanite en répétant l'incantation pour réactiver le sortilège. Gardez le ruban au poignet jusqu'à ce qu'il tombe de lui-même (3).
Le Festin des Puissances : Sacrifice divin
Par essence, un sacrifice est un renoncement. Si vous avez la chance de trouver quelques Amanites des Césars, résistez à la tentation de les dévorer et gardez-en une belle part, si ce n'est la totalité pour l'offrir en sacrifice à la divinité avec laquelle vous travaillez actuellement.
Nettoyez soigneusement les champignons et coupez-les en très fines lamelles, que vous disposerez en spitarale dans une assiette, avant de les arroser d'un léger filet de jus de citron. Laissez mariner ne vingtaine de minutes au frais.
Pendant ce temps, dressez un autel la divinité que vous souhaitez honorer, si vous n'en avez pas déjà un. Placez des bougies de la couleur appropriée, des images, des statuettes, des pierres, des fleurs.... Prenez un bain ou une douche de purification, en vous rinçant avec une infusion refroidie de citron et de romarin, par exemple, et habillez-vous d'un vêtement blanc en fibres naturelles, ample et confortable. Restez pieds nus et les cheveux dénoués, ôtez vos accessoires et vos bijoux, à l'exception de ceux que vous ne quittez jamais. Invoquez la divinité à qui vous souhaitez adresser le sacrifice par une prière de votre cru. Mettez-y tout votre cœur et une dévotion sincère. S'il y a lieu, allumez les bougies, l'encens, le charbon...
Déposez le plat de champignons au centre de l'autel, avec des gestes qui montrent votre respect et votre foi, tels qu'un signe religieux, le fait de s'agenouiller, de lever les bras vers le ciel... en somme, ce qui vous semblera approprié et susceptible d'être apprécié par la divinité en question. Marquez votre sacrifice d'une incantation particulière :
« (Nom de la divinité), reçois ce modeste présent.
Qu'il te nourrisse, t'honore et te salue.
Sois sur cet autel bienvenu-e,
En cet endroit, en ce moment. »
Prenez quelques instants pour vous recueillir, prier, exercer la divination, d'éventuelles libations et oblations, adresser vos demandes...
Quand vous avez terminé, renvoyez la divinité par une incantation de votre cru, en pensant à la remercier chaleureusement de sa présence.
Lavez-vous les mains et le visage, habillez-vous comme à votre habitude, puis ancrez-vous en mangeant et en buvant quelque chose, tout en accomplissant une tâche tout à fait profane (un peu de ménage, une charge administrative, un appel téléphonique...). Laissez le sacrifice sur l'autel quelques heures, puis nettoyez-le. vous pouvez également le laisser à disposition de la décomposition en l'enterrant dans un espace naturel qui n'en souffriras pas, ou le jeter dans un compost, par exemple.
Notes : 1) Ou « magie des fourneaux ».
2) Contrairement à ce que l'on pense habituellement, ce n'est pas forcément celle que vous utilisez pour écrire, mais celle que vous utilisez le plus au quotidien. Demandez-vous, si vous deviez ouvrir une bouteille scellée, quelle main vous utiliseriez ?
3) Oui, cela peut être long. Mais une telle énergie gagne à être gardée longtemps !
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Antoinette Charbonnel et Lyra Ceoltoir, autrices de L'Oracle de la Magie forestière (Éditions Arcana sacra, 2021) nous en apprennent davantage sur la dimension magique de l'Amanite des Césars (Amanita caesara) :
Mots-clés : Pouvoir - Puissance - Connaissance - Rareté - Energie - Prestige - Responsabilité - Honneur - Despotisme - Tyrannie - Protection des puissants - Mentor - Bienfaiteur - Enseignant - Science.
Promenons-nous dans le bois : Aussi appelé Oronge, ce superbe champignon doit son nom à sa réputation historique : il aurait été l'un des mets les plus prisés à la table des empereurs romains de la dynastie des Césars. En automne, en particulier dans les zones méditerranéennes, l'Amanite des Césars apparaît sous les feuillus (1). D'abord ovoïde, dans une volve blanche ,elle s'en extirpe comme d'un coquille et étale un chapeau d'un orange vif sur des lames jaune d'or. (2)
Son association avec la dynastie des Césars et son aura dans le monde des champignons (où elle est estimée être le meilleur comestible au monde) la lient au pouvoir, à la puissance et à la connaissance. Consommée, elle permet d'absorber l'énergie tout en revenant à la « normale » après un acte de magie. Sa saveur pousse à la consommer pour en absorber la magie ou à la faire entrer dans une cérémonie du sacrifice en l'honneur d'une déité : elle est si délicieuse et recherchée que s'en priver pour l'offrir à une entité ne peut que la flatter !
L'Oracle du champignon : Dans un tirage, elle indique que de grands pouvoirs sont à l'œuvre, que vous le vouliez ou non. Subis, ils peuvent être des signes de despotisme, de tyrannie, d'oppression dont il faudra se défaire ou, à l'inverse, révéler la protection d'un être plus puissant. Seule la lecture des cartes associées permettra de le déterminer : n'hésitez donc pas à la recouvrir si le doute subsiste.
Elle indique que vous détenez un grand pouvoir, physique ou spirituel selon le contexte, et vous encourage à l'employer avec prudence et sagesse : ne vous laissez pas aveugler par le prestige et la puissance, ne vous endormez pas sur vos lauriers, ne prenez pas ce que vous avez pour acquis. Pensez au plus célèbre des Césars, l'ambitieux Jules : imperator acclamé, seul maître à Rome après des victoires fulgurantes, réformateur au cœur d'un imposant culte de la personnalité, il n'en sera pas moins assassiné à la suite d'un complot qu'il avait négligé par orgueil. Faites vôtre la leçon de César : le pouvoir entre vos mains est un don, traitez-le comme tel. Avec lucidité et humilité, il vous emmènera loin, sur un chemin brillant et profitable;
Notes : 1) Avec une préférence pour les chênes verts, les chênes lièges et les châtaigniers.
2) Ce sont d'ailleurs ces lames colorées, les seules aussi soutenues dans la famille des amanites, qui permettent de la distinguer, sans se tromper, de l'amanite tue-mouches, avec laquelle elle est parfois funestement confondue (la tue-mouches pouvant perdre l'intensité de sa couleur et ses « tâches » blanches après une pluie soutenue).
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