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Le Pied-de-mouton

Dernière mise à jour : 21 juil.



Étymologie :


  • HYDNE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1783 (Bulliard, Dict. élém. de bot. s.v. chapeau). Du lat. bot. hydnum (Linné), gr. υ ́ δ ν ο ν « sorte de tubercule ».


Lire également la définition de l'hydne afin d'amorcer la réflexion symbolique.

Autres noms : Hydnum repandum - Arresteron - Arresteroun (Landes, à cause des pointes rappelant un râteau, arrestère) - Barbe-de-chèvre - Barbe-de-vache (Vosges) - Barbe-d'homme (Orne) - Baquetes - Barbissou (Dordogne) - Broquichou (Béarn) - Brouquichou - Chamois - Chevrelle - Chevrette - Chevrotine - Chevrotine chamois - Érinace - Eurchon - Eurson - Farinet - Hérisson - Hérisson fruité - Hydne bosselé - Hydne commun - Hydne sinué - Langue-de-chat - Langue-de-vache - Lurchon - Moïssin blanc - Moïssin rous (Barla) - Mouton (Meuse) - Oursin des bois - Penchenille - Penchénillo (Gascogne, Toulouse, "le peigne") - Pied de mouton blanc - Rignoche - Stoppelpilz (littéralement « champignon de chaume ») - Urchin -

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Mycologie :


Dans son Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) Charles Richon nous propose une description du Pied de mouton :


Chapeau charnu, fragile, plan ou plus ou moins déprimé, à contour variable, irrégulier, sec, glabre, d'une couleur blanchâtre ou le plus souvent chamois ; stipe de même couleur, court, dressé ou oblique, ferme, plein, de forme variable ; hyménium d'une teinte semblable, mais plus pâle, recouvrant au dessous du chapeau des pointes ou aiguillons pendants, très nombreux, de longueur parfois inégale ; spores ovoïdes piriformes, apiculées, blanches.

Chair blanche, sèche.

Odeur faible ; saveur assez poivrée.

Automne. Dans les bois ombragés.

Espèce comestible.


Jean Bauhin est le premier auteur qui ait parlé de cette espèce. « Par un rare miracle de la nature, dit-il, la partie inférieure de ce Champignon, au lieu de présenter des membranes (lamelles), est hérissée de piquants, ce qui rappelle à l'esprit le Hérisson (Erinaceus), dont nous lui avons donné le nom. Ce Champignon est assez volumineux ; il est parfois même plus grand que la main, moins blanc que le Poivré, et presque sans suc. Je l'ai observé, en septembre, dans les forêts près de Montbéliard. Je ne sais s'il est comestible ou vénéneux. » Dillen en a donné le premier une figure assez grossière que nous avons reproduite ici.

Vaillant nous a laissé une bonne description de ce Champignon, qu'il appelle Fungus Erinaceus. « ll a, dit-il, environ 2 ou 3 pouces de diamètre ; sa circonférence est ordinairement découpée inégalement en plusieurs parties arrondies. Sa superficie est inégale, tirant sur le ventre de biche, plus clair sur les bords que vers le milieu. Le dessous est tout hérissé de pointes blanches un peu sales, semblables en quelque façon aux piquants du Hérisson, inégales dans leur longueur. Les plus longues, qui occupent les environs du pédicule, ont environ 4 à 5 lignes, les autres vont toujours en diminuant en approchant du bord où elles n'ont alors qu'environ une ligne. Elles pendent toutes perpendiculairement. Le pédicule n'a qu'environ un pouce de haut et autant de large. Toute la plante mâchée a un goust de poivre. »

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D'après Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de Champignons (collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013), le pied-de-mouton exhale "Une odeur d'aisselle mâtinée de disque vinyle, pas très appétissante. Pourtant, le pied-de-mouton est un champignon délicieux. L'hydne bosselé est un de ses anciens noms.


Soupçons infondés : Les premiers mycologues attachaient beaucoup d'importance aux aspects appliqués de leur discipline. Ils cherchaient notamment à fournir aux amateurs des informations sûres à propos de la comestibilité des champignons afin de réduire le nombre d'accidents. Même s'ils les goûtaient souvent pour les tester, ils s'appuyaient aussi sur les pratiques populaires. Ainsi, à la fin du XVIIIe siècle, Pierre Bulliard ne conseillait le pied-de-mouton que par ouï-dire :

"Beaucoup de personnes m'ont assuré avoir vu manger cet hydre dans plusieurs de nos provinces, et notamment dans la Lorraine", tout en précisant dans un autre ouvrage : "On le mange cuit sur le gril avec du beurre frais ou de l'huile, du sel, du poivre et des fines herbes". Par la suite, la plupart des auteurs ont confirmé l'innocuité de cette espèce; qui était d'ailleurs vendue sur de nombreux marchés. Pourtant, en 1827, le médecin Descourtilz racontait avoir été très malade après en avoir mangé un morceau et le déconseillait formellement. Pour le mycologue Jean-Baptiste Letellier : "Probablement il l'aura mangé cru (ce qu'il ne dit pas), et aura éprouvé des symptômes d'irritation gastro-intestinale, et des symptômes nerveux dus à la frayeur... Cet auteur cite un grand nombre d'autres espèces qu'il dit vénéneuses, mais par ses seuls soupçons gratuits." Et il ajoute : "En toxicologie, il faut se méfier de l'imagination des personnes"... On conçoit qu'il ait été long et difficile d'établir avec certitude la comestibilité des espèces !


Composés volatils et odorants : La saveur du pied-de-mouton est d'abord fruitée, mais devient parfois amère lorsqu'il vieillit. Son arôme, comme celui des chanterelles, est souvent décrit comme proche de l'abricot ou de l'extrait de fleur d'"oranger. Les biologistes ont identifié dans cette espèce douze composés volatils dont le (E)-octa-1,3-diène, responsable de l'odeur fruitée ou le déca-2,4-diénal qui participe à l'arôme d'abricot ou de mirabelle. On y trouve aussi du nonanal, caractérisé par une odeur de bois ou de mandarine (et présent dans certains thés noirs et dans le houblon). Il contient bien sûr, comme beaucoup de champignons, de l'octénol, le principal acteur de l'odeur classique de champignon (ce composé présent dans notre sueur et dans notre souffle est également connu pour attirer les moustiques !). Le pied-de-mouton contient aussi, mais en très petite quantité, de l'octan-3-one, une molécule par ailleurs utilisée pour la fabrication des parfums ou comme solvant pour les résines de nitrocellulose et de vinyle !


Chèvre ou hérisson ? Vu du dessus, le pied-de-mouton est facile à confondre avec une chanterelle, mais on le reconnaît sans hésitation aux petits aiguillons qui tapissent la face intérieure de son chapeau, à l'emplacement des lames des agarics ou des tubes des bolets. Ces pointes qui produisent les spores du champignon lui ont valu ses nombreux surnoms qui évoquent le hérisson, tels que érinace, eurson, urchin ou rignoche, et sans doute aussi tous ceux qui font référence aux ornements pileux des mammifères, tels que barbe-de-chèvre, de vache ou d'homme.

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Lyra Ceoltoir décrit, dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021), l'Hydne commun de la manière suivante :


Son nom scientifique est issu du grec ancien ûdnon, « tubercule », qui désignait à l'origine la truffe à cause de l'aspect, tout en bosses et en rondeurs, du chapeau. Repandum, quant à lui, est latin, et signifie « retroussé », une allusion à la forme des bords de ce chapeau. Un petit tubercule retroussé, oui, mai son nom usuel évoque plutôt son pied : avec les aiguillons blancs qui tapissent le dessous de son chapeau et descendent jusqu'au pied, on le croirait en effet chaussé d'un petit bas de laine bouclée !


Vie de champignon : Ses autres noms vernaculaires ne manquent pas de piquant, eux non plus. Il est tantôt « la langue-de-chat » (les petits félins ayant une langue aussi râpeuse que le dessous de son chapeau), tantôt « la barbe de vache » ou « de chèvre » ou se fait plus folklorique en fonction des régions : « broquichou » dans le Béarn, « barbissou » en Dordogne, « stoppelpilz » (littéralement « champignon de chaume ») en Alsace-Lorraine... Avouez que cela lui va comme un gant, à ce mignon petit champignon replet !

Dodu, le pied-de-mouton présente un gros chapeau charnu, tout biscornu, bosselé et trodu, et, comme il pousse souvent en compagnie, se retrouve parfois soudé à ceux de ses voisins, tel un troupeau de moutons-champignons. Blanc crème à roux, il mesure de 5 à 10 centimètres de diamètre (certains records montent jusqu'à 20 centimètres) et est tapissé d'aiguillons blancs chez le sujet jeune, puis crème tirant sur l'incarnat avec l'âge, descendant sur un pied assez court (3 à 6 centimètres de haut) et épais (1 à 2 centimètres de diamètre), lui aussi blanchâtre. Sa chair est 'un beau blanc crème, très ferme, et roussit rapidement au contact de l'air. Son odeur et sa saveur rappellent celles de la girolle, ce qui en fait un très bon comestible, même si certains sujets âgés peuvent posséder un peu d'amertume.

il pousse en petits groupes dès le mois d'août (voire plus tôt, les années propices), jusqu'en novembre, parfois décembre et les gelées ne sont pas trop sévères, sous les feuillus et les conifères, quoiqu'il marque une préférence pour les hêtres.

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Qualités culinaires :


 Joseph Roques, auteur d'une Histoire des champignons comestibles et vénéneux (Fortin, Masson et Cie Libraires-Éditeurs, 1841) mentionne le débat autour des qualités gustatives de ce champignon qui évait lieu à son époque :


C'est à tort qu'on a contesté les qualités alimentaires de cette espèce. Sa chair est ferme, d'une blancheur permanente ; lorsqu'on la mâche crue, elle est un peu poivrée, mais ce goût se dissipe par la cuisson. Comme ce champignon est très abondant, les pauvres villageois pourraient en faire des provisions pour l'hiver, en le faisant sécher. On en fait usage dans plusieurs de nos départements sous les noms d'eurchon ou urchin, d'erinace, de rignoche, de pied de mouton blanc ; aux environs de Toulouse, sous celui de penchenille. On l'emploie aussi comme aliment en Autriche et dans la Belgique, où il est assez commun, surtout dans la forêt de Soigne. En Toscane, il figure également parmi les champignons comestibles, sous le nom de steccherino, o dentino dorato.

Ainsi que quelques autres espèces d'une texture ferme, celle-ci a besoin d'une cuisson prolongée. On la coupe par morceaux qu'on passe à l'eau bouillante, et qu'on fait ensuite cuire avec du saindoux, du poivre, du sel, du persil et du bouillon. C'est ainsi que je fais préparer ces champignons pour mon usage. On peut d'ailleurs les apprêter avec du beurre, de l'huile d'olive, de la graisse de volaille, une pointe d'ail, et un peu de verjus ou de suc de citron.

Nous avons dit, dans notre discours préliminaire, que M. Descourtils avait commis plusieurs erreurs touchant les propriétés alimentaires ou vénéneuses des champignons. Comme c'est un sujet de controverse qui intéresse gravement l'hygiène publique, on nous permettra sans doute d'entrer dans tous les détails propres à l'éclaircir.

D'après ce médecin, le champignon qui nous occupe, loin d'être un aliment, doit prendre place parmi les poisons les plus dangereux. Voici l'expérience sur laquelle il fonde son hypothèse.

Il avait rapporté d'une excursion botanique un de ces champignons. Pour en constater les qualités, il en avala un petit fragment égalant la grosseur d'une fève. Il lui trouva d'abord un goût de noisette assez agréable ; mais bientôt une ardeur brûlante semblable à celle qu'occasionne le poivre remplaça cette première sensation. Comme nous pourrions affaiblir les principaux traits de ce fait extraordinaire, laissons parler M. Descourtils lui-même.

« Je passai la journée sans éprouver aucun symptôme d'empoisonnement ; mais le soir mon pouls s'affaiblit, mon visage devint pâle, ma respiration courte et la région de l'épigastre distendue. Bientôt des vomissements excessifs et longtemps prolongés de matières noires et visqueuses se déclarèrent ; l'oppression augmenta, ainsi que la tension douloureuse de l'estomac et du bas-ventre ; enfin des anxiétés, des sueurs fugaces, une lipothymie accablante, une cardialgie et de fréquents évanouissements annonçaient une mort prochaine. Cependant, ayant rendu le morceau fatal que j'avais avalé, je n'eus pas besoin de recourir à un émétique, et je fis cesser la progression rapide des dangers imminents en buvant d'une infusion de valériane édulcorée avec le sirop d'éther, avec addition de cinq gouttes d'acide hydrocyanique médical par tasse d'eau. Je restai néanmoins pendant plusieurs jours dans une espèce d'ivresse et d'assoupissement d'où pouvaient à peine me tirer les douleurs nerveuses et les soubresauts dont j'étais tourmenté. Des sueurs copieuses terminèrent la crise le quatrième jour. Je conserve encore le papier sur lequel j'ai fait cette description, et où a reposé trois heures ce champignon, offrant les traces du suc vénéneux qui a effacé une partie des caractères. »

D'après ce fait, ne croirait-on pas qu'il s'agit d'un des plus terribles poisons du règne végétal ? Irritation violente du canal alimentaire, vomissements excessifs, anxiétés précordiales, défaillances, état d'ivresse et d'assoupissement, spasmes douloureux, rien ne manque à cette cruelle épreuve. Mais ce champignon, dont M. Descourtils compare la saveur brûlante à celle du poivre, aurait dû tout d'abord agir par ses qualités âcres, et déterminer une prompte irritation dans les voies digestives. Point du tout ; la journée se passe tranquillement, et ce n'est que le soir que les symptômes les plus formidables éclatent. Le petit fragment de champignon est enfin rejeté ; l'irritation gastrique cesse, mais pour faire place à une autre série de symptômes, à une sorte d'ivresse et de somnolence, à des contractions spasmodiques qui se prolongent pendant plusieurs jours. Si l'on s'en rapportait à cette observation isolée, il faudrait nécessairement ranger ce malheureux champignon parmi les poisons narcotico-âcres les plus actifs, puisqu'une dose si minime a suffi pour produire un pareil accident.

Mais qu'on se rassure. Les épreuves que j'ai souvent faites sur moi-même avec ce champignon, son usage généralement répandu en France, en Italie, en Allemagne, etc., ne laissent aucun doute sur ses bonnes qualités. M. Descourtils l'aura sans doute confondu avec quelque autre espèce d'une nature malfaisante, ou bien son accident aura été provoqué, soit par une disposition particulière du corps, soit par la fatigue et la chaleur excessive qu'on éprouve parfois dans les courses botaniques. D'ailleurs il ne nous dit pas s'il a pris quelque nourriture dans le courant de la journée. L'expérience est faite le matin, et ce n'est que le soir que les premiers symptômes se manifestent. Il n'est pas présumable qu'il soit resté à jeun pendant un aussi long espace de temps, et alors n'est-ce pas une indigestion qui a été qualifiée d'empoisonnement ? Au reste, voici des faits capables de dissiper les craintes qu'aurait pu faire naître cette observation unique.

En 1827, j'ai parcouru avec M. Martell les bois de Saint-Assise, département de Seine-et-Marne. Nous y avons cueilli une grande quantité de ces champignons, que nous avons mangés avec d'autres espèces chez M. Arnaud, propriétaire de la charmante campagne de Beaulieu. L'année suivante, vers la fin d'octobre, nous avons également fait ensemble une excursion dans les bois de Fleury. Les ceps qui abondent dans cette partie des bois de Meudon avaient entièrement disparu ; mais il y avait encore une grande quantité d'hydnes couleur de chamois, dont nous fîmes une ample provision, et que nous préparâmes nous-mêmes chez le garde de la forêt. Nous avions à peine commencé notre frugal repas, lorsqu'un bon vieillard, parent du garde, et qui avait assisté à notre préparation culinaire, vint nous supplier de lui faire goûter de ces champignons sauvages, dont le parfum l'avait charmé. A l'instant même, nous le fîmes asseoir à notre table, et nous lui servîmes une assez forte portion de nos cryptogames, qu'il mangea avec délices, car il n'en laissa pas un atome sur son assiette. Hélas ! peut-être n'a-t-il manqué à ce villageois qu'un peu d'or pour devenir un parfait gastronome. Mais ce qui ajouta à sa bonne fortune, ce fut l'apparition d'un flacon poudreux de vin de Médoc que M. Martell avait prudemment exhumé de son excellente cave. Notre heureux convive en eut sa part, et le plaisir qui brillait dans ses yeux nous disait qu'il conserverait longtemps le souvenir de notre courtoisie.

M. Sigé et M. Hocquart, amateurs distingués, m'ont accompagné pendant plusieurs saisons dans mes courses mycologiques, et nous avons mangé chez le même garde des mêmes champignons préparés de diverses manières. Nous n'en étions que plus alertes et mieux portants. M. Darbonnens, M. Séry et M. Frosté, maintenant pharmacien major à l'armée d'Afrique, tous les trois mycophiles, de bonne humeur et de bon appétit, ont voulu aussi visiter avec moi la chaumière du garde. Je vois dans mes notes que l'hydne sinué fit encore en grande partie l'ornement de notre festin. Un plat copieux de ces champignons assaisonnés de beurre, poivre, sel, et où l'on avait introduit de petits morceaux de jambon, disparut en un clin d'œil, et il fallut lui donner pour auxiliaire une immense omelette parfumée avec quelques fines herbes fraîchement cueillies. Ce renfort, et quelques verres de vin de Bordeaux, viatique que M. Darbonnens n'oublie jamais, calmèrent entièrement le gaster exaspéré par une faim dévorante.

Enfin, il y a peu de jours que nous avons parcouru les bois de la Malmaison, avec M. le colonel Viriot, M. Martell, et mon habile confrère M. Bertin. Nous y avons cueilli un plat des mêmes champignons. Je les ai préparés moi-même avec du beurre, du verjus, de la muscade râpée, poivre, sel, une pointe d'ail et quelques cuillerées de jus de volaille. Ce ragoût, dressé en dôme sur des rôties de pain bien minces et bien dorées, a été servi sur la table de M. Bertin, et gracieusement accueilli par tous les convives. Les dames surtout ont bien voulu faire l'éloge de la bonne mine et du parfum de cette friandise qu'elles ne connaissaient pas encore.


L'odorat sert le goût, et l'œil sert l'odorat.

Ainsi tout se répond, et, doublant leurs plaisirs,

Tous les sens l'un de l'autre éveillent les désirs. DELILLE


Quelques libations de vin de Madère et une tasse d'excellent moka ont préludé à la plus heureuse digestion.

Ce champignon, d'une texture un peu ferme, est fort bon réduit en purée et nourri avec du bouillon ou du consommé. C'est ainsi que le mangent plusieurs mycophiles de Versailles, M. de Reboul, M. de Louvain, M. Lefebvre, etc. Nos soldats vont le cueillir dans les bois de Satory et de Gonart, pour le fricasser ensuite avec de la graisse, du poivre et du sel.

On peut le mêler dans les ragoûts avec d'autres champignons, tels que la chanterelle, le mousseron d'automne, etc. On le fait également sécher, ou bien on le confit dans du vinaigre avec du sel et quelques aromates.

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Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) rend compte d'usages de nos ancêtres :


Micheli signale cette espèce comme se vendant sur les marchés de Florence. Il en donne une meilleure figure que Dillen ; nous la reproduisons pour appuyer la courte diagnose de cet auteur. Paulet nous signale ce Champignon comme étant de très bonne qualité ; il ajoute qu'il ne connaît pas d'observation qui prouve qu'il ait incommodé personne. Il recommande de le faire cuire préalablement dans l'eau pour le ramollir, puis de le fricasser avec du beurre, du persil, du poivre, du sel , etc. Mais le véhicule qui lui semble préférable serait le bouillon. Roques le recommande aussi, d'après ses propres expériences, comme étant de très bonne qualité. Vittadini en fait de même un grand éloge et dit que ce Champignon, vendu sur tous les marchés, est en Italie l'objet de la consommation générale. M. Barla dit que bien qu'on en fasse un fréquent usage aux environs de Nice, on ne l'apporte que rarement sur le marché. M. Quélet dit qu'il est bon étant frais, quoique amer. Nous avons bien souvent consommé ce Champignon et nous devons avouer que nous lui trouvons d'excellentes qualités, quoiqu'il devienne ferme et croquant par la cuisson. Si l'on prend le soin de gratter la surface chargée d'aiguillons, de le couper ensuite en tranches minces, et de le faire bien cuire dans le beurre, il pourra remplacer avec avantage à la campagne un plat de viande qui fera défaut. Il se récolte parfois en si grande quantité qu'on peut alors le considérer comme une véritable et précieuse ressource alimentaire.

 

Selon Frédéric Duhart, auteur d'une « Contribution à l’anthropologie de la consommation de champignons à partir du cas du sud-ouest de la France (XVIe -XXIe siècles) », (Revue d’ethnoécologie [En ligne], 2 | 2012) :


Le pied-de-mouton (Hydnum repandum) figura de bonne heure parmi les autres champignons qui pouvaient être mis à l’honneur sur les belles tables dans une grande partie du Sud-Ouest. En 1838, l’art de les cuire pouvait revêtir une certaine complexité dans les meilleures maisons d’une ville de Toulouse où il apparaissait fréquemment sur les marchés. Couper en morceaux, les hydnes pouvaient en effet être mis à « bouillir dans de l’eau pure durant un quart d’heure pour les ramollir » avant d’être apprêtés « à la graisse et au bouillon, en ajoutant du persil, du sel et du poivre ». Plus simplement, ils pouvaient être passés sur le gril ou préparés en omelette (Noulet & Dassier 1838 : 49). À l’aube du XXIe siècle, ce champignon conservait une fort bonne réputation et se voyait encore régulièrement offert à la vente sur les marchés locaux.

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Symbolisme :


Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Dans le Chaudron : Sa couleur, son aspect rebondi, son goût fin et doux le lient tout naturellement à la magie d'amour d'amitié, de pureté de tendresse, d'innocence et de douceur. Très paisible, il peut parfaitement entrer dans la composition de charmes destinés aux jeunes enfants.

On l'associe volontiers aux divinités consolatrices et protectrices, notamment la chinoise Guan Yin, mais aussi la grecque Hestia ou encore la scandinave Hlin, l'une des suivantes de la déesse Frigg, épouse du dieu Odinn. il peut être particulièrement pertinent et profitable de l'incorporer dans les charmes et les sortilèges de réconciliation, de guérison, de soins (de l'esprit aussi bien que du corps), de fidélité mutuelle, de paix et de calme.

Doux et protecteur, il est particulièrement utilisé pour prendre soin des victimes, en particulier des cibles de harcèlement, sous toutes ses formes (et en particulier scolaire), et les aider à tourner la page et à guérir après une épreuve difficile, en parallèle des actions légales appropriées, auxquelles il ne se substitue évidement pas. Consommé au sein d'un rituel, il aide notamment à se débarrasser de la culpabilité souvent ressentie par les victimes à cause de la pression sociale.

C'est un champignon analogue au partage à l'échange, à la tendresse et à la complicité entre les êtres. Pour cette raison il gagne à être dégusté en compagnie d'un être cher, avec lequel il raffermira les liens d'amour et d'affection. C'est un vecteur parfait pour dire « je t'aime ».


Le Message de l'Autre Monde : « Tu es triste ? Tu te sens seul ? ce n'est pas une fatalité. Je suis là. Parle-moi. Je ne ferai peut-être pas disparaître tes chagrins, mais je peux les soulager. Je t'écoute. Je te comprends. Tu as le droit d'aller mal. De pleurer. De crier. D'être en colère. Tu as même le droit d'en vouloir à la Terre entière. Mais ne t'en prends pas à toi-même. Tu n'y es pour rien, si le monde, parfois, est méchant. Pourtant, regarde. La bonté existe encore. L'espoir n'est pas perdu. Le soleil brille, y compris derrière les nuages Le jour succède à la nuit. Et une main finit toujours par se tendre pour t'aider à te relever ; la tienne, pourquoi pas ? ».


Sortilège : Le Champignon Voyageur : Pour entretenir un lien avec une personne aimée mais éloignée

Si l'un de vos proches est loin de vous, que ce soit temporairement ou de manière permanente, et que cela vous fait souffrir, confectionnez-lui un sachet avec un rectangle de tissu de sa couleur préférée, ou d'une couleur qui vous fait penser à lui, sur lequel vous broderez (ou dessinerez, à l'aide d'un feutre pour tissu) ses initiales. Vous pourrez éventuellement les accompagner d'un symbole : le cœur est un incontournable, mas vous pouvez aussi ajouter quelque chose de plus personnel, une image qui vous parlera et symbolisera votre relation et votre complicité. Vous pouvez même composer un monogramme unique en mêlant les lettres au(x) symbole(s) choisi(s).

Imprimez une image de pied-de-mouton (ou photocopiez la carte de L'Oracle de la magie forestière) sur du papier légèrement cartonné et écrivez au dos un message d'amour et d'affection pour exprimer vos sentiments à l'égard de cette personne. Ne vous renseignez pas, n'ayez pas peur du ridicule : on n'est jamais trop volubile quand il s'agit d'amour !

Roulez le message de façon à ce qu'il puisse être glissé dans le sachet (vous pouvez le plier au préalable) et nouez-le trois fois avec un petit ruban de la même couleur, en disant à chaque nœud :


« (1er nœud) Je suis ici, tu es là-bas.

(2e nœud) Mais la distance n'est rien pour moi.

(3e nœud) Car je t'aime et ne renonce pas. »


Glissez le rouleau dans le sachet et ajoutez-y quelques pétales de rose (Rosa sp.) séchés (pour l'amour), trois fleurs séchées de myosotis (Myosotis sylvatica dont le nom anglais, forget-me-not signifie « ne m'oublie pas ») et une petite branche de romarin (Salvia rosmarinus, pour le souvenir). Fermez le sachet d'un ruban blanc en faisant, là encore, trois nœuds, et serrez-le contre votre cœur en disant :


« Pied-de-mouton, rose, myosotis, romarin,

Mon (ami/ amour /parent) est aujourd'hui bien loin.

Portez-lui ce message contre vents et marées.

Gardez-le / la du danger et de l'adversité. »


Envoyez le sachet par voie postale à votre destinataire, ou, si vous ne le pouvez pas, gardez-le sous votre oreiller pendant une lunaison avant de le brûler prudemment et d'en disperser les cendres aux quatre vents, qui emporteront le message pour vous.

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Antoinette Charbonnel et Lyra Ceoltoir, autrices de L'Oracle de la Magie forestière (Éditions Arcana sacra, 2021) nous en apprennent davantage sur la dimension magique du Pied de mouton (Hydnum repandum) :


Mots-clés : Affection -Amour -Amitié -Partage - Echange - Compassion - Confiance - Soutien - Empathie - Bienveillance - Douceur - Lien entre les gens qui s'aiment - Guérison - Réconciliation.


Promenons-nous dans les bois : Ce petit champignon est volontiers asymétrique, ce qui donne à chacun une forme unique. Sa couleur oscille du beige pâle au brun orangé sur le dessus du chapeau, les aiguillons en tapissant le revers étant d'un blanc crème doux.

Il est utilisé en magie lié à l'amour, à la pureté, à la tendresse, à la douceur, à l'amitié et à l'innocence. Associé aux divinités protectrices et consolantes (la grecque Hestia, la scandinave Hlin, suivante de la déesse Frigg, ou la chinoise Guan Yin), il entre ainsi dans la composition des charmes de réconciliation, de fidélité, de guérison, de soins de l'âme, de clame et d'apaisement.

Il est particulièrement efficace pour protéger les victimes et les aider à se remettre de leurs souffrances après avoir entrepris un acte légal (puisqu'il aide, consommé rituellement, à se défaire de la culpabilité non méritée). Plus que tout autre, il gagne à être consommé en le partageant avec une personne chère, car il renforce les liens d'amour et d'affection.


L'Oracle du champignon : Dans un tirage, il est un signe d'amour et d'affection. Tendre et doux, il annonce des moments de calme, de bonheur simple, de bien-être et de partage. Réjouissez-vous, le message est positif et atténue également les messages plus difficiles des cartes voisines : il montre qu'une lumière scintille tout de même, et que les choses ne seront peut-être pas si ardues que cela.

Professionnellement, il est le signe d'une entente, d'une alliance, d'échanges fructueux et profitables pour toutes les parties impliquées. marque de confiance, il indique que vous êtes bien entouré et que vous pouvez avancer sereinement.

Dans le domaine relationnel, il est particulièrement positif et profitable : voter affection est payée de retour, vous recevez autant que vous donnez, les conflits s'apaisent, et vous pouvez compter sur le soutien de vos proches. Profitez de ces beaux moments pour leur dire à quel point vous les aimez : on ne le répète jamais assez.

Si cette carte est liée à vous-même, elle indique que vous devez faire preuve d'amour et de compassion envers vous-même. Peut-être cultivez-vous des complexes, des doutes ou des culpabilités qui vous empêchent d'avancer sereinement. Il vous exhorte à abandonner ces sentiments néfastes pour poser sur vous un regard plus indulgent : ce qui vous arrive n'est pas de votre faute, quoi que vous puissiez croire. Cessez de vous fustiger pour des choses sur lesquelles vous n'avez pas d'emprise et soyez en paix avec vous-même.

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