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L'Abricotier

Dernière mise à jour : 6 oct.




Étymologie :


Étymol. − Corresp. rom. : ital. albicócco ; prov. aubricot, ambricot, albricot ; cat. albercoc ; esp. albaricoque ; port albricoque, abricote (< fr.) Attesté dep. 1526 par le dér. abricotier (Nic. Versoris, Livre de raison, 101, Fagniez ds Delboulle, R. Hist. Litt. Fr., I, p. 181) ; 1545 (Ch. Estienne, De latinis et graecis nominibus arborum et avium liber, cum gallica eorum nominum appelatione, p. 63 : Pruna armeniaca, Arbricoz). Empr. au port. albricoque ou à l'esp. albaricoque, attesté dep. 1330 (D. Juan Manuel, Obr., Clas. Rivadeneyra, LI, 252 b, d'apr. Martin Alonso). Quant à aubercot, attesté en 1525-1530 (J. Thénaud, Voy. de oultre mer, éd. Ch. Scheffer, p. 36, ds Sain. Rev. Et. rab. t. 8, 1910, p. 358), sa forme indique un empr. au cat. albercoc, attesté dep. la fin du xives. (Fr. Eximenis, Regiment de la cosa publica, 25, Editorial Barcino, Barcelona 1925, ds Alc.-Moll). L'esp. albaricoque, le port. albricoque et le cat. albercoc sont tous trois empr. à l'ar. al barkuk < bas gr. praikokkion < lat. praecoquum « fruit précoce ». HIST. − Terme monosém. présentant une grande stabilité sém. Sur la forme du mot, cf. Étymol. et Prononc. -orth. Trév. 1752 et 1771 désignent sous le même nom un autre fruit originaire d'Amérique, et princ. de St Domingue, actuell. appelé mammea, dont seule la couleur a permis, p. anal., de le dénommer abricot, alors que ses autres caractéristiques sont fort différentes de celles du fruit habituellement désigné sous ce nom. xvie s. : Oranger, aubercotz, cassiers. Thenaud, 1525, cf. réf. ds étymol. Ne pouvant sortir par la porte, elles sont contraintes de se jeter par la fenestre, pour aller dans quelque délicieux jardin manger des abricots. Lanoue, 1587, 140 ds Littré. xviie s. : Fruit participant de la pesche et de la prune. (...). Il est un peu rouge et jaune en meurissant. (Fur. 1690). xviiie s. : Sorte de fruit à noyau, dont le goût tient de la pêche et de la prune, et dont la chair et la peau tirent sur le jaune (...). Compote d'abricots. Abricots confits. Ac. 1740. − Rem. 1. Les dict. à tendance encyclop. comme Fur. et Trév. distinguent plusieurs sortes d'abricot : Il y a trois sortes d'abricots. Les abricots ordinaires, qui ne mûrissent qu'à la mi-Juillet ; les abricots hâtifs, qui se mangent dès le commencement du même mois ; et ceux qu'on nomme le petit abricot, qui vient à la mi-Juillet. (...). Ménage fait dériver ce mot de mala praecoqua (...) ; d'autres du grec α ̔ β ρ ο ́ ς qui signifie Mou et délicat, ou du latin aperitium, parce qu'il s'ouvre facilement. Mais Mathiole dit que les abricots retiennent le nom que les Grecs leur ont donné, qui les appellent Bericocia... Trév. 1771. 2. Le composé abricot-pêche apparaît pour la 1re fois en 1805 (Almanach des Gourmands, p. 28 ds Fr. mod., 23, 301 ds Quem) et subsiste (cf. sém., rem.). 3. Abricot, adj., désignant une couleur apparaît au xixe s. (cf. sém.).


Étymol. ET HIST. − 1526 terme bot. (Nic. Versoris, Livre de raison, 101, Fagniez ds Delboulle, R. Hist. litt. Fr., I, p. 181 : Les vignes ... furent gelees et aussy furent les arbres, comme abricotiers, pruniers, admendiers) ; toujours en usage. Dér. de abricot* ; suff. -ier*.


Lire également les définitions de abricot et abricotier afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Prunus armeniaca - Abricoty (Wallonie) - Prunier abricotier -

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Botanique :


Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de l'Abricot :

Comme le pêcher, l'abricotier est originaire de Chine où il croît en abondance à l'état sauvage. On l'a longtemps cru natif d'Arménie, d'où son nom de Prunus armeniaca, prunier d'Arménie ; d'ailleurs on qualifiait aussi l'abricot de « pomme arménienne ».

L'abricot n'apparaît que tardivement dans le monde antique, au début de l'ère chrétienne. Galien le range parmi les pêches, mais lui attribue des vertus qu'il ne reconnaît pas à ces dernières : « Ils sont, dit-il, du même genre que les pêches, mais ils les surpassent de beaucoup en bonté : ils ne se corrompent ni ne s'aigrissent, comme elles, dans l'estomac, paraissent généralement plus agréables et sont par conséquent plus faciles à digérer. » Mais les auteurs arabes ne partagent point cette confiance et chargent, au contraire, l'abricot de tous les vices, comme celui d'engendrer la fièvre, et cette légende traversa les siècles. La Quintinie lui-même reste assez réservé à son sujet et le destine plus particulièrement à la confection de confiture. Ces préventions contre l'abricot n'empêchèrent point Fontenelle, mort centenaire, d'en faire une abondante consommation, aussi bien frais que sec, ou en confiture ; il l'appelait le « fruit royal ».

Afin de l'adapter au mieux aux contraintes du sol et du climat, l'abricotier est généralement greffé sur des pêchers, des amandiers ou des pruniers ; il devient un petit arbre qui vit presque centenaire, à la différence du pêcher. De surcroît, cet arbre est fort peu exigeant, s'accommodant bien de terrains caillouteux ou calcaires, mais il est sensible aux gelées tardives et à la sécheresse.

L'abricot est un fruit peu calorique. sa pulpe se caractérise par une grande richesse en vitamine A : g d'abricots fournissent 50% de la ration quotidienne nécessaire. On y trouve aussi les vitamines C et B1 en faibles proportions, ainsi que des teneurs non négligeables en fer.

Toutefois, sa chair est moins digeste que celle de la pêche et peut provoquer des intolérances gastriques, ce que ne produit pas l'abricot desséché ou en marmelade.

L'abricot symbolise le divorce qui règne trop souvent, de nos jours, entre la belle apparence d'un fruit et sa qualité gustative. Combien d'abricots jaunes à souhait et même tendres au toucher auront piégé l'humble consommateur des hypermarchés par leur chair caoutchouteuse et insipide, vaguement acide ! Tant il est vrai qu'il faut désormais soigneusement se garder des apparences et rechercher d'abord la qualité intrinsèque : saveur, moelleux de la chair, valeur nutritionnelle, richesse en vitamines et en oligoéléments, etc., même si l'appréciation de ces derniers critères n'est pas du ressort des consommateur (on aimerait pourtant qu'il en soit informé !).

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Drs Mathieu Pasquier et Fabrice Dami, Pr Bertrand Yersinnous mettent en garde contre les effets dangereux de certains fruits et légumes dans un article intitulé "Fruits et légumes : peuvent-ils être dangereux ?" (paru dans la Revue Médicale Suisse, 2013 ; 9 : 1483-7) :


Cyanure

Ou comment les abricots, les pêches, les amandes amères, le manioc, ou les pousses de bambou peuvent tuer…


Des substances cyanogènes sont retrouvées dans de nombreux aliments, notamment dans les noyaux de certains fruits (abricots, amandes, pêches…). Le plus connu de ces poisons est l’amygdaline, présente entre autres dans les noyaux d’abricot et hydrolysée dans le tractus digestif en cyanure. En cas d’ingestion de grandes quantités de ces aliments, ou en raison d’une préparation insuffisante ou incorrecte (manioc), ceux-ci peuvent provoquer une intoxication au cyanure.

Les symptômes d’intoxication aiguë au cyanure apparaissent en principe dans l’heure après l’ingestion et peuvent comporter une agitation, une confusion, des convulsions, des troubles de l’état de conscience, des troubles du rythme cardiaque, un état de choc et un décès. Sur le plan biologique, une acidose métabolique à trou anionique élevé est volontiers présente. Des cas d’intoxication sont décrits suite à la consommation de 20 à 30 noyaux d’abricot chez l’adulte, voire moins chez l’enfant. La consommation de six à dix amandes amères pourrait être létale. La consommation de manioc cru ou insuffisamment traité peut induire une intoxication aiguë au cyanure pouvant être mortelle. Le rôle du cyanure a également été mis en cause dans le développement de troubles neurologiques secondaires à une intoxication chronique dans le cadre de la consommation de manioc (neuropathie ataxique tropicale, ou konzo). De même, la manipulation de pousses de bambou peut conduire au décès en raison de la libération de composés volatiles contenant de l’acide cyanhydrique.

Hormis le traitement symptomatique ou de décontamination digestive, la prise en charge d’une intoxication au cyanure comporte l’administration d’oxygène à haute concentration ainsi que d’un antidote. L’hydroxocobalamine (Cyanokit), utilisée avec succès dans plusieurs cas d’intoxication alimentaire au cyanure, pourrait être l’antidote de choix, de par ses caractéristiques séduisantes: rapidité d’action, facilité d’utilisation et excellent profil de sécurité.

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de l'Abricotier :


Propriétés physiques et Usages Médicaux. - Ces fruits sont presque sessiles ; ils contiennent un noyau renfermant une semence arrondie ; cette semence possède une saveur d'amandes amères ; dans le commerce elle sert quelquefois à falsifier celles-ci. La chair des abricots est jaunâtre, un peu fibreuse, sucrée, aromatique, non acide. Ces fruits sont nourrissants et rafraîchissants. La pulpe cuite sert à préparer des conserves et des confitures qui entrent avantageusement dans la diététique des convalescents. On les conserve aussi en macération dans l'eau de vie.

 

A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :


Abricotier. Armeniaca.


VERTUS : Le fruit de l'abricotier, lorsqu'il est trop mûr, porte un peu à la dysenterie, les amandes des noyaux ont les mêmes vertus, tant qu'à leur huile, que les amandes amères, laquelle est bonne pour les hémorroïdes, les bruissements d'oreilles, la surdité.

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Historique des empoisonnements relatifs à l'acide cyabhydrique :


Nicolas Simon, dans une thèse intitulée Le poison dans l’histoire : crimes et empoisonnements par les végétaux et soutenue à la faculté de pharmacie de Nancy, (Sciences pharmaceutiques. 2003. ffhal-01732872f) nous rappelle la dangerosité de plantes que l'on juge souvent inoffensives :


Les plantes contenant le plus d'acide cyanhydrique appartiennent à la famille des Rosaceae qui regroupe des plantes plus que familières telles que le pêcher, le cerisier, le pommier, l'abricotier, le prunier ou l'amandier. Ces plantes, nous les connaissons bien et nous croyons tous qu'elles ne peuvent pas nous faire de mal. Et pourtant les noyaux de leurs fruits contiennent en quantité non négligeable un des poisons les plus toxiques et les plus foudroyants que l'Homme ait jamais découvert: le cyanure.

Les funestes effets de l'acide cyanhydrique étaient connus depuis l'Antiquité: ce sont eux que les prêtres égyptiens utilisaient, après avoir extrait l'acide de la pêche, pour punir les initiés qui avaient trahi les secrets de l'art sacré, et selon la coutume juive et égyptienne, les « eaux amères », prédécesseurs de l'eau de laurier-cerise, de l'essence d'amandes amères et même du kirsch, servaient au châtiment des femmes adultères sans laisser la moindre trace dans son cadavre. Nous avons vu précédemment que Britannicus aurait visiblement succombé sous l'effet du cyanure.

C'est en 1709 que le philosophe allemand Conrad Dissel, se piquant d'alchimie, prépara le bleu de Prusse. Puis, en 1782, partant de ce produit, le suédois Charles Guillaume Scheele, l'un des fondateurs de la chimie organique, en isola un acide qui reçut le nom d'acide prussique. Il garda ce nom jusqu'en 1814 après que Louis Gay-Lussac ait obtenu la molécule d'acide cyanhydrique à l'état pur et son précurseur, le cyanogène.

On dit que le scientifique suédois fut la première victime de sa trouvaille puisqu'il mourut subitement dans son laboratoire en 1786. Un chimiste autrichien, Schlaringen, serait mort d'avoir laissé trop longtemps de l'acide prussique au contact de son bras nu.

Ce poison si toxique, nous pouvons le trouver tous les jours à portée de main: écrasez un noyau de cerise ou un pépin de pomme et vous sentirez une odeur d'essence d'amande amère caractéristique de l'acide cyanhydrique que vous venez de produire par hydrolyse. Mais pour ressentir le moindre début d'intoxication, il faudrait ingurgiter une quantité considérable de noyaux. En revanche, le danger peut rapidement venir de l'amande ; il existe deux types d'amandier, l'un produisant les amandes douces (Prunus amygdalus var. dulcis) et l'autre, les amandes amères (Prunus amygdalus var. amara). L'amertume des amandes de cette deuxième variété est due à la présence d'un hétéroside cyanogénétique (c'est-à-dire qui produit du cyanure) : l'amygdaloside. Une centaine de grammes d'amandes amères constituerait une dose létale pour l'homme et cinq à six amandes suffiraient à provoquer la mort d'un enfant. Et il faut savoir qu'il n'est pas rare de trouver quelques amandes amères dans un lot d'amandes douces, d'où un nombre important d'intoxications parfois fatales.

[...] De par sa rapidité d'action, c'était autrefois le moyen favori de suicide des photographes, chimistes, médecins (qui en disposaient toujours dans leurs laboratoires), mais aussi des espions, tombés aux mains de l'ennemi, qui se supprimaient grâce à une capsule de cyanure cachée dans une dent creuse.

Citons l'histoire d'Alan M. Turing (1912-1954), qui fut l'un des plus grands génies du 20ème siècle. Premier théoricien de l'informatique, il formalise les notions qui vont permettre à celle-ci et à J'intelligence artificielle de se développer (machine de Turing, test de Turing ... ). Au service de l'armée britannique pendant la seconde guerre mondiale, il vient à bout du cryptage des messages nazis en perçant les secrets de la machine Enigma, procurant un avantage stratégique inestimable aux Alliés. Mais pendant la guerre froide, il fut persécuté par l' administration britannique pour son homosexualité et il fut condamné à la castration chimique. Il mit fin à ses jours le 7 juin 1954, en croquant dans une pomme qu'il avait imprégnée de cyanure. Plusieurs années plus tard, trois jeunes américains fondent une société d'informatique promise à un grand avenir, qu'ils baptisent Apple et prennent pour logo une petite pomme entamée, aux couleurs de l'arc-en-ciel. Beaucoup, dans le milieu étroit de l'informatique naissante des années 70, y reconnaîtront un hommage au destin tragique du père fondateur de l'informatique.


Des années sombres : L'acide cyanhydrique connut une de ses heures de gloire lors de la première guerre mondiale, en effet, l'acide prussique fut l'un des nombreux gaz de combat utilisés sur les champs de bataille pendant cette guerre, souvent associé au phosgène. Les spécialistes français, qui croyaient beaucoup aux vertus militaires de l'acide cyanhydrique, l'utilisèrent de façon massive dans des projectiles d'artillerie à partir de 1917. Mais cet acide a aussi connu une période plus trouble, plus dévastatrice et surtout plus honteuse dans l'Histoire : c'est lui qui était le composant principal du Zyklon B. Les nazis s' aperçurent que ce gaz, initialement utilisé comme insecticide, était d'une toxicité sans égale et pouvait se révéler l'outil idéal dans leur immense projet de purification ethnique. Les premières chambres à gaz à Zyklon B furent installées en 1941 à Auschwitz. Au début, elles pouvaient permettre de gazer près de neuf cent personnes entassées à plus de dix par mètres carrés en une seule opération.

Le témoignage suivant nous est rapporté par R. Vrba et F. Wetzler, rescapés d'Auschwitz :


« Pour persuader les malheureux qu'on les conduit vraiment au bain, deux hommes vêtus de blanc leur remettent à chacun un linge de toilette et un morceau de savon. Puis on les pousse dans la chambre des gaz C. Deux mille personnes peuvent y rentrer, mais chacun ne dispose strictement que de la place pour tenir debout. Pour parvenir à parquer cette masse dans la salle, on tire des coups de feu répétés afin d'obliger les gens qui y ont déjà pénétré à se serrer. Quand tout le monde est à l'intérieur, on verrouille la lourde porte. On attend quelques minutes, probablement pour que la température dans la chambre puisse atteindre un certain degré, puis des SS revêtus de masques à gaz montent sur le toit, ouvrent les fenêtres et lancent à l'intérieur le contenu de quelques boîtes de fer blanc : une préparation en forme de poudre. Les boîtes portent l'inscription "Cyklon" (insecticide), elles sont fabriquées à Hambourg. Il s'agit probablement d'un composé de cyanure, qui devient gazeux à une certaine température. En trois minutes, tous les occupants de la salle sont tués. »

Le poison fut responsable, dans les camps de la mort, d'un nombre incalculable mais sûrement gigantesque de victimes innocentes. La «solution finale» des nazis a permis au poison de prendre subitement une autre dimension: il était auparavant l'outil d'un homme qui voulait supprimer un autre homme; avec les camps de la honte il devient un outil de mort industriel, un outil d'extermination de masse. C'est cette facette du poison qui perdurera jusqu'à nos jours et qui continuera encore longtemps après nous. Et ne l'oublions pas, ce sont d'innocentes plantes qui ont servi de base à cette industrie de mort.

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Symbolisme :


Selon Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882) :


ABRICOTIER. — On semble avoir attribué à l'abricot une sorte de vertu prophétique. Dans les Apomasaris Apotelesmata (Francfort, 1577, 265), je trouve le récit qui suit : « Quidam, convento Sereimo pluribus praesentibus, eum verbis hisce consuluit. Visus sum in somnio, arbore conscensa, quam bericociam vocant, de fructu illius comedisse. Respondit Sereimus, inventurum a quodam prosperitatem ac beneficentiam viri boni et opulenti experturum. Pluribus diebus interiectis accessit alius quidam; et iisdem praesentibus Sereirnum de eadem re consuluit : Quum diceret se per quietem arbore conscensa, quae bericocia vocetur, visum fructum illius vesci. Ad illa Sereimus : Adflictionem, ait, et tormenta invenies. Qui adsidebant ancipites haerere, cur eiusdem visi diversam interpretationem protulisset. Itaque Sereimus : Consuluit me prior, inquit, eo tempore quo fructus ille maturus in arboribus erat ; hic autem, autumni tempore, quam ob icaussam, interpretatio quoque diversa facta est. Quum rem in utroque diligenter explorassent, id accidere depraehenderunt, quod futurum somniator praedixerat. »

[à traduire]

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Abricotier (Prunus armeniaca) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin (1)

Planète : Vénus

Élément : Eau

Divinité : Aphrodite ; Vénus;

Pouvoirs : Passion ; Désir sexuel.


La Bible ne le connaît pas. Les inscriptions d'Égypte et de Babylone n'en font pas mention. Pline est considéré comme le premier écrivain de l'Antiquité qui ait parlé de cet arbre, sans doute originaire de Mongolie. On pense que les caravanes chinoises apportèrent l'Abricotier au royaume des Parthes, d'où il aurait gagné les rives de la Caspienne. De là viendrait la confusion des Romains qui l'introduisirent assez tard en Italie, en le baptisant prunier ou pommier d'Arménie.

Son fruit semble avoir été un peu partout un symbole sexuel féminin. Eudoxie, impératrice d'Orient, l'apprit à ses dépens. Par son luxe, ses débauches, le ton décadent qu'elle donnait à la cour, elle scandalisait l'Eglise byzantine. Du haut de la chaire de Sainte-Sophie, le patriarche Jean Chrysostome tonna ouvertement contre la nouvelle Hérodiade, la nouvelle Jézabel. L'impératrice voua au saint une haine mortelle. Elle réussit à le faire condamner par le synode et exiler. Mais Jean Chrysostome était très populaire. Des émeutes éclatèrent. Le peuple assiégea le palais où se barricadait Eudoxie, bombarda d'abricots les fenêtres de ses appartements en la traitant de tous les noms qu'employaient les marins du Bosphore pour désigner les prostituées de la basse ville. Eudoxie, épouvantée d'ailleurs par un tremblement de terre qui ébranla Constantinople cette nuit-là, rappela vite le patriarche.

Le rébus, à la mode durant toute la Renaissance, devint une véritable manie sous le règne d'Henri III. Mignons et duchesses rivalisaient d'esprit pour y introduire l'abricot à des fins de marivaudage, d'un goût souvent douteux. Catherine de Médicis se fâcha et interdit l'usage du fruit dans ces jeux.


Utilisation magique : Il existe d'innombrables recettes de charmes, de philtres, utilisant la pulpe ou l'essence d'abricot pour susciter la passion amoureuse.

En Andalousie, les femmes qui voulaient se rendre irrésistibles mettaient des feuilles et des fleurs d'Abricotier sous leurs jupes. Un médecin militaire, le docteur Naudet, a noté dans ses carnets de route un curieux épisode des guerres napoléoniennes : des femmes de la grande bourgeoisie espagnole, et même de l'aristocratie, bourraient ainsi leurs jupons de fleurs et de feuilles, suivant l'ancienne tradition. Habillées en gitanes, elles allaient rôder autour des camps français pour y racoler les soldats. Le Jeune militaire naïf, ou éméché, qui avait le malheur de suivre une de ces patriotes ne jouissait pas longtemps des charmes présumés de l'Abricotier. Une fumée âcre, lourde et nauséabonde s'élevait bientôt d'une cheminée pour empoisonner le faubourg endormi... Un Français de moins.


Note : 1) 2 Il ne s'agit pas ici, bien sûr, du genre grammatical, linguistique, mais du caractère subtil de la plante en fonction des influences cosmiques qu'elle reçoit et assimile ; c'est ainsi que, indépendamment et en dehors de toute règle grammaticale, les Chinois disent que telle plante est yin, telle autre yang, c'est-à-dire « principe féminin » et « principe masculin ».

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Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :


L'abricot, symbole sexuel féminin associé, comme l'arbre qui le porte, à la planète Vénus, a le pouvoir d'éveiller la passion et le désir charnel, selon une croyance particulièrement vive en Espagne. En Andalousie, les femmes qui ont mis sous leurs jupes des fleurs et des feuilles d'abricotier deviennent irrésistibles. Cette tradition connut une curieuse application pendant les guerres napoléoniennes : "des femmes de la grande bourgeoise espagnole, et même de l'aristocratie, bourraient ainsi leurs jupons de fleurs et de feuilles. Habillées en gitanes, elles allaient rôder autour des camps français pour y racoler les soldats. Le jeune militaire naïf, ou éméché, ne jouissait pas longtemps des charmes présumés de l'abricotier. Une fumée âcre, lourde et nauséabonde s'élevait bientôt d'une cheminée pour empoisonner le faubourg endormi... un Français de moins".

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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :


Cet élixir apporte gaieté et légèreté à ceux qui sont sujets aux brusques mouvements d'humeur.

Cette rosacée se fait remarquer par un processus-sucre hypertrophié qui la rend capable de former d'abondants sucs sucrés dont elle gonfle ses fruits. En plus du processus sucre qui constitue un excellent véhicule pour le Moi, l'âme apprécie son tanin et le corps des cellules, sa substance cyanogène. On y trouve encore le merveilleux complexe cuivre-vitamine B6 fort apprécié par les rhumatisants ; le couple tanin-vitamine A, très recherché par les tissus agressés ; le couple non moins sécurisant d'acide cyanhidrique-vitamine C qui génère des forces insoupçonnées et dissipe l'anémie ; la vitamine B15 qui est présente uniquement dans le riz complet et la chair d'abricot ; sans oublier les vitamines B1, B2, B5, les meilleurs facteurs pour l'assimilation.

Cet élixir fortifie le pancréas et par là-même atténue les humeurs changeantes associées à l'hypoglycémie et au diabète. Que peut espérer de mieux le Moi quand le cerveau reçoit un glucose d'excellente qualité et de la vitamine B16, indispensable pour conserver de jeunes neurones selon un grand professeur Russe. La fleur blanche de l'abricotier appelle à la purification : de l'appendice par exemple lorsque celui-ci n'est pas entré encore dans une phase aiguë. Cela est également valable pour l'oreille, les fosses nasales, le canal de la vésicule biliaire, etc. Le cuivre accompagné de la vitamine B6 recherche toujours à mettre de l'ordre et de l'harmonie dans le corps humain. Agissant activement sur toute zone enflammée, il évite toute cristallisation au niveau musculaire et toute concrétion au niveau des reins et de la vésicule biliaire. Les Américains lui attribuent le principe laetrile, principe qui a bien souvent mis en échec des tumeurs cancéreuses.

On devine derrière ces descriptions la présence de l'intelligence de Vénus. S'il en est ainsi, ajoutons à son crédit, la possibilité de développer la poitrine des femmes, de renforcer les tissus adipeux du postérieur afin de donner un relief très apprécié des hommes, de contrôler le poids du corps grâce à la qualité de ses sucres.


Mots-clés : avec prunus armeniaca, il suffit tout simplement de s'armer et ensuite il n'y a qu'à... faire confiance pour conserver la jeunesse, la beauté du corps, la légèreté du mental.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


L'Abricot est très gentil et très doux avec lui-même. Il écoute ses sentiments ; il se sait joyeusement ému et attendri par la Vie, par le fait même de son Être, et aussi par son corps physique, dans cette vie. Les émotions ne sont nullement bloquées et peuvent couler librement. Il donne libre cours à l'eau et aux liquides, ainsi qu'à la Vie même. Il n'a pas peur de ses sentiments et il n'a pas peur non plus qu'un autre voie ses sentiments. Il nage dans la luxuriance de sa féminité. L'Abricot est sensible ; il a de l'empathie et partage les sentiments des autres. Il est plein d'amour et écoute tout le temps la voix de son coeur. Il ferait tout pour autrui, de grand coeur, mais en même temps il s'oublie un peu. Il est préoccupé émotionnellement par le bonheur et le malheur des autres. Tout va très bien pourvu qu'il épanche tout ce que son foie a capté.

L'état maniacodépressif qui le gêne parfois lui donne peu de souci, parce qu'il sait qu'il a un noyau d'or. Pourtant, il incite celui qui aime les abricots à écouter davantage son coeur, à écouter la voix de l'amour, à prêter attention à la présence physique, terrestre et réelle des autres. L'Abricot appelle l'être humain à entrer plus en communication avec les autres, à se rapprocher d'eux dans un mouvement qui vient droit du coeur, tout en étant fidèle à sa propre nature... sous le règne de l'amour de la Vie.

Celui qui ressent le besoin de manger d'énormes quantités d'Abricots ne raconte presque rien, ne communique rien, vit retiré dans sa coquille. Un mur épais le sépare des autres. Il se replie régulièrement sur lui-même, sans plus entretenir un contact vraiment ouvert avec le monde extérieur. Il est en quelque sorte "absent" pour les autres. Il est difficile d'entrer en communication avec cet humain. La position qu'il adopte est celle d'une île et cela l'empêche d'avancer : il est comme une coquille Saint-Jacques qui ferme ses valves. Ses eaux vitales croupissent, son contenu surit.

En mordant dans la sphère de l'Abricot, il ouvre les canaux de son âme ; il parle avec un coeur d'or.

A suivre

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Littérature :

L'abricot


La couleur abricot, qui d'abord nous contacte, après s'être massée en abondance heureuse et bouclée dans la forme du fruit, s'y trouve par miracle en tout point de la pulpe aussi fort que la saveur soutenue.


Si ce n'est donc jamais qu'une chose petite, ronde, sous la portée presque sans pédoncule, durant au tympanon. Toutefois, il s'agit d'une note insistante, majeure. Mais cette lune, dans son halo, ne s'entend qu'à mots couverts, à feu doux, et comme sous l'effet de la pédale de feutre. Ses rayons les plus vifs sont dardés vers son centre. Son rinforzando lui est intérieur. 


Nulle autre division n'y est d'ailleurs préparée, qu'en deux : c'est un cul d'ange à la renverse, ou d'enfant-jésus sur la nappe, Et le bran vénitien qui s'amasse en son centre, s'y montre sous le doigt dans la fente ébauché.


On voit déjà par là ce qui, l'éloignant de l'orange, le rapprocherait de l'amande verte, par exemple. Mais le feutre dont je parlais ne dissimule ici aucun bâti de bois blanc, aucune déception, aucun leurre : aucun échafaudage pour le studio. Non. Sous un tégument des plus fins : moins qu'une peau de pêche : une buée, un rien de matité duveteuse – et qui n'a nul besoin d'être ôté, car ce n'est que le simple retournement par pudeur de la dernière tunique – nous mordons ici en pleine réalité, accueillante et fraîche.


Pour les dimensions, une sorte de prune en somme, mais d'une tout autre farine et qui, loin de se fondre en liquide bientôt, tournerait plutôt à la confiture. Oui, il en est comme de deux cuillerées de confiture accolées.


Et voici donc la palourde des vergers, par quoi nous est confiée aussitôt, au lieu de l'humeur de la mer, celle de la terre ferme et de l'espace des oiseaux, dans une région d'ailleurs favorisée par le soleil. Son climat, moins marmoréen, moins glacial que celui de la poire, rappellerait plutôt celui de la tuile ronde, méditerranéenne ou chinoise.


Voici, n'en doutons pas, un fruit pour la main droite, fait pour être porté à la bouche aussitôt. On n'en ferait qu'une bouchée, n'était ce noyau fort dur et relativement importun qu'il y a, si bien qu'on en fait plutôt deux, et au maximum quatre.


C'est alors, en effet, qu'il vient à nos lèvres, ce noyau, d'un merveilleux blond auburn très foncé. Comme un soleil vu sous l'éclipse à travers un verre fumé, il jette feux et flammes. Oui, souvent adorné encore d'oripeaux de pulpe, un vrai soleil more-de-Venise, d'un caractère renfermé, sombre et jaloux. Pource qu'il porte avec colère – contre les risques d'avorter – et fronçant un sourcil dur voudrait enfouir au sol la responsabilité entière de l'arbre, qui fleurit rose au printemps.


Francis Ponge, "L'abricot" in Pièces, Gallimard, 1971.

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque à plusieurs reprises l'Abricotier :

14 novembre

(La Bastide)


Les rameaux gris et noirs de l'abricotier dénudé griffent le ciel d'automne d'un azur trop parfait.

Les tentacules bleu-vert de l'agave-méduse implorent la clémence du grand pin-cervelet.

J'ai peu de douleur, mais j'ai ma mort à mes pieds dan les bourgeons d'un nouveau chêne vert.

[...] 2 janvier

(Beaulieu-sur-Mer)

Agrégats de cellules

Morulas d'embryons

Bourgeons d'abricotier

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Les abricots du cœur

A Marie et Géraud


La roue des saisons moissonne les hommes Dans un temps immobile où les collines Toscanent dans la rondeur moelleuse des jours


Quand le père est parti les arbres ont versé Des larmes de sève d’où éclosent les fleurs La vie roule sans fin les galets du temps


Les abricots du cœur au verger d’amour Sont des soleils confits dans la bouche du temps Qui disent paix et joie aux amis de plein vent


Racines qui s’enfoncent dans le sol millénaire Tous les arbres renaissent de leurs blessures Seuls les fruits du bonheur transcendent la mort.


Jacques Viallebesset, « Les abricots du cœur » in Ce qui est épars, Éditions Le Nouvel Athanor, février 2016.

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