Étymologie :
Selon le site Quelle est cette plante ? :
Son nom vient du grec doxa qui signifie gloire. Associé au préfixe privatif a, il signifie donc sans gloire ou privé de gloire, par allusion à sa façon de passer totalement inaperçue dans les sous-bois sombres où elle pousse, ne présentant de plus aucune couleur vive susceptible de la faire remarquer.
Le site Plantes méditerranéennes propose l'article suivant sur l'épithète qui complète adoxa :
L’épithète moschatellina qui signifie « musc » ou peut-être « petit musc » semble référer à l’odeur supposée de musc qui se dégagerait au crépuscule ou/et des feuilles fanées et que personne de notre siècle ne semble avoir réellement sentie. En fait il s’agit de l’ancien nom de la plante donné par Tournefort. Même si l’odeur est faible voire imaginaire il faut resituer dans le contexte de l’époque où la muscade était une mode (elle faisait littéralement fureur). Plusieurs plantes à l’odeur faible plutôt que musquée doivent leur nom à cet emballement de deux ou trois siècles pour cette épice consommée alors de toutes sortes de manières. À noter que le moscatel du latin tardif moschatellus est un raisin espagnol et un vin censé avoir une odeur de musc lui aussi.
Autres noms : Adoxa moschatellina - Adoxa - Adoxe moscatelline - Adoxe musquée - Fumeterre musquée - Herbe au musc - Herbe du musc - Herbe musquée - Moscatelle - Moscatelline - Moschatelline - Muscatelle - Musquette - Petite musquée - Petite sanicle -
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Botanique :
Selon le Dr Ferdinand Hoefer, auteur d'un Dictionnaire de botanique pratique (Librairie de Firmin Didot, frères, fils et Cie, 1860) :
ADOXA. (De a privatif, et dóxa, gloire, éclat.) Genre de plantes de la fam. des saxifrages. La moscatelline (adoxa moschatellina Linn. ) est une jolie petite plante, qui reste cachée dans l'herbe , soit sur le bord des ruisseaux ou le long des haies , aux lieux humides et couverts, et qui ne décèle sa présence que par la douce odeur de musc qu'exhalent ses fleurs. D'ailleurs toute la plante a peu d'apparence. Sa tige est simple, fort grêle, peu élevée. Un long pétiole, ou deux, partis de la racine, se divisent au sommet en deux ou trois autres chargés de folioles tendres, d'un vert glauque, très glabres, à trois lobes quelquefois incisés au sommet ; deux autres feuilles, mais plus petites, occupent le haut de la tige de leur centre s'élève un pédoncule grêle, terminé par une petite tête de quatre à cinq fleurs très serrées, sessiles. La fleur du sommet a ordinairement dix étamines ; il n'y a point de corolle ; le calice est à cinq divisions ; il adhère avec l'ovaire, surmonté de cinq styles ; les autres fleurs n'ont que huit étamines, quatre divisions au calice, quatre styles. Chaque fleur est accompagnée au-dessous de deux ou quatre petites écailles persistantes, que Linné regarde comme un calice. Le fruit est une baie globuleuse, à quatre ou cinq loges. Cette plante fleurit au printemps : elle s'étend beaucoup plus vers le Nord que vers le Midi ; c'est la seule espèce de ce genre.
Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de l'Adoxe :
Propriétés Physiques. — La racine et les tiges de cette petite plante sont inodores, d'une saveur herbacée, un peu âcre ; les feuilles et les fleurs exhalent une odeur de musc très caractérisée, persistante et pénétrante, rendue plus sensible encore par quelques gouttes d'ammoniaque. Leur saveur est herbacée et aussi un peu âcre. M. Hannon en a retiré par distillation une huile essentielle musquée à laquelle il a donné le nom de musc végétal et qu'il regarde comme pouvant être substitué au musc animal.
Action physique et Usages médicaux. — Ce musc végétal pris à la dose de deux ou trois gouttes exerce sur le tube intestinal et sur l'encéphale une action excitante énergique. Chez l'homme bien portant il provoque des vertiges , de la céphalalgie, de la sécheresse dans le pharynx et dans l'œsophage , des pesanteurs vers l'épigastre et des éructations ; chez les individus malades, son action est identique à celle du musc animal. D'après ces résultats constatés par lui, M. Hannon n'hésite pas à recommander le musc végétal pour combattre tous les symptômes qui cèdent généralement à l'emploi du musc ordinaire. Déjà, antérieurement à ces recherches, Bodart et Cazin avaient employé la moscatelline comme anodine, calmante et antipasmodique dans les affections nerveuses, la gastralgie et les flatuosités ; elle peut être utile pour faire cesser les attaques d'hystérie et les accidents nerveux qui compliquent les fièvres typhoïdes et les pneumonies ataxiques. On donne deux à quatre gouttes de l'huile qui sert aussi à préparer un oléo-saccharure, des pastilles et un sirop.
Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'adoxa :
ADOXA MUSQUE - FAIBLESSE.
Cette plante, vulgairement appelée herbe du musc, a une odeur si douce et si légère qu'elle plait même aux personnes qui ont pour le musc une répugnance particulière. Elle est commune dans nos bois ; son nom générique Adoxa est formé du grec, et signifie sans gloire et sans éclat.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Adoxa musqué ou moscatelline - Faiblesse.
Adoxa vient du grec et signifie sans gloire. C’est une plante rampante à odeur de musc.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
ADOXA MOSCATELLINE - FAIBLESSE.
Ce qui parait en Dieu une faiblesse est plus fort que les hommes... Dieu a choisi les faibles selon le monde pour confondre les forts ; il a choisi les plus vils et les plus méprisables et ce qui n'était rien pour détruire ce qui est, afin que nul homme ne se glorifie devant lui.
(1 Corinthiens 1, 25-29.)
La moscatelline est une humble plante indigène, fort jolie et qui ne s'élève qu'à quelques centimètres. Elle reste cachée dans l'herbe soit sur le bord des ruisseaux ou le long des haies, aux lieux humides et couverts où elle ne décèle guère sa présence que par l'odeur de musc qu'exhalent ses fleurs, d'où lui est venu le nom d'adoxa, c'est -à-dire sans éclat. C'est à cause de cette agréable odeur qu'on en a fait le symbole de la faiblesse, car elle est assez douce pour plaire à tout le monde, même aux personnes qui craignent le plus cette espèce de parfum. La tige de cette plante est simple, fort grêle et peu élevée. Elle fleurit au printemps.
RÉFLEXIONS.
Si vous vous connaissiez sujet à quelque faiblesse, gardez-vous de vous lier avec celui qui serait travaillé de la même maladie, vous ne pourriez que vous nuire l'un à l'autre.
(SAINT EPHREM, Discours ascétiques.)
La faiblesse est plus opposée à la vertu que le vice.
Les personnes faibles ne peuvent être sincères. (LA ROCHEFOUCAULT)
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Littérature :
Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque une mousse tout d'abord inconnue :
4 avril
(Fontaine-la-Verte)
Je découvre, au creux mouillé du bois, une mousse de plantes naines dont j'ignore le nom. Feuilles à trois folioles divisées en trois lobes trois fois dentés. Inflorescences à cinq fleurs. Pour chaque unité reproductrice : quatre sépales et quatre pétales de soufre, huit étamines jaune pâle et un style à quatre stigmates.
Je hume cette arithmétique chlorophyllienne. Eurêka ! Cette odeur de musc, ce parfum animal appartiennent à l'adoxe musquée - la moscatelline Adoxa moscatellina, famille des adoxacées. Même mon nez flatte ma manie classifiante et pontifiante.