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L'Aigle (suite)

Dernière mise à jour : 20 sept.


Suite de l'article commencé le 1er mars 2015.





Symbolisme celte :


Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant :


"L'aigle fait partie, dans un récit apocryphe gallois, des Anciens du Monde ; ce texte correspond au récit irlandais de Tuan Mac Cairill et à un passage du Mabinogi de Kulhwch et Olwen ; l'aigle est de ces animaux primordiaux initiateurs, que sont aussi le merle, le hibou, le cerf et le saumon. On n'en connaît pas d'autre apparition dans la mythologie celtique, hormis la métamorphose de Llew en aigle, quand il vient d'être tué par l'amant de sa femme adultère Blodeuwedd, dans le Mabinogi de Math ; mais il apparaît assez souvent en numismatique gauloise. Son rôle semble avoir avoir été tenu en Irlande par le faucon".

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Dans L'Oracle des Druides (édition originale : 1994, traduction française Guy Trédaniel : 2006) Philip et Stephanie Carr-Gomm, proposent trois mots-clefs :


"Intelligence - Renouveau - Courage".


"La carte représente un aigle royal volant dans le soleil levant. L'aigle est associé à l'est, domaine de l'intellect et de l'élément air. C'est l'époque de Lughnasadh (le jour de Lammas étant le 1er août) et dans les champs, on fait la moisson. A l'horizon, nous apercevons les pics de Snowdona et nous pouvons imaginer, plus au nord, le lac du renouvellement, connu seulement des aigles. Un chêne, le roi de la forêt, pousse au premier plan. Le chêne et l'aigle étaient tous deux associés au dieu Taranis, équivalent druidique de Jupiter, et au dieu Lugh ou Lleu dont on disait qu'il s'était métamorphosé en aigle et perché sur un grand chêne.


L'aigle vous aide à prendre du recul pour analyser votre vie. Il vous offre l'objectivité et la clarté d'esprit nécessaire aux prises de décision et à la recherche des priorités. Allié puissant et courageux, il tire son pouvoir du soleil. Laissez-le vous aider et apporter dans votre vie le courage et la perception qui vous permettront de vous aventurer sans peur sur de nouveaux territoire. Il vous aidera à vous détacher des soucis quotidiens et comprendre les idées complexes. Il vous montrera comment plonger, au bon moment, dans le lac des sentiments pour y régénérer et rajeunir votre cœur.


Renversée, la carte suggère qu'il vous faut peut-être apprendre à contrôler la puissance de votre intellect. En plongeant dans le lac secret, l'aigle crée un équilibre entre ses fougueuses qualités masculines et les qualités féminines de l'eau. Mais si le lac est inaccessible, si nous empêchons notre esprit d'accéder à notre cœur, notre vie risque d'être stérile et notre intellect rigide et critique. Il est temps de faire le point : votre esprit et votre cœur s'équilibrent-ils bien ? Restez à l'écoute de vos rêves et de l'appel venant des profondeurs de votre inconscient sans toutefois renier la valeur de votre esprit rationnel et analytique.

L'Aigle dans la Tradition

Je suis l'aigle sur le rocher

Le Chant d'Amergin


On enterra en secret le roi Arthur au sommet des montagnes de Snowdonia et deux druides métamorphosés en aigles royaux surveillent constamment les étendues sauvages de la montagne pour protéger sa tombe. Selon un diction gallois, "les aigles créent des tourbillons de vent sur Snowdon", ce qui fait peut-être allusion à la magie pratiquée par les druides sur les éléments au sommet de cette montagne. Les Gallois et les Écossais pensaient d'autre part que les druides pouvaient se transformer en aigles. On raconte que soixante druides métamorphosés en aigles se retrouvaient tous les ans à Beltane sur une île du lac Loch Lomond pour prédire les événements de l'année à venir. Les Celtes appelaient souvent l'aigle Suil-na-Greine, qui signifie "Œil du soleil" et les Indiens d'Amérique le considéraient eux aussi comme un oiseau solaire. Le psychologue Carl Jung observe que les Indiens d'Amérique "participent à la nature solaire de l'aigle lorsqu'ils ornent leurs parures de ses plumes... la coiffe de plumes est une couronne imitant les rayons du soleil."

Les rois d'Irlande et d’Écosse portaient également des plumes d'aigle et les coiffes des chefs de clans écossais étaient ornées de trois plumes, rappelant les trois rayons de lumière solaire du symbole druidique Awen.


Rajeunissement et régénération

Une légende irlandaise raconte qu'Adam et Ève vivent encore sous forme d'aigles à Bo-fin dans la baie de Killery près de Galway. Dans un document encore plus ancien, Le Voyage de Maelduin, le héros et ses compagnons observent un aigle plonger dans un lac secret pour s'y rajeunir. Le thème de la régénération se retrouve dans la Bible, dans la Faerie Queene de Spencer et les récits posthumes d'Albertus Magnus. L'aigle symbolise l'intellect, le sur-moi, l'altitude, alors que le lac représente les émotions, l'inconscient, la profondeur. A son exemple, nous devenons de temps en temps nous plonger au plus profond des sentiments et de l'inconscient afin de nous régénérer spirituellement et psychologiquement. C'est ainsi que nos connaissances se transformeront en sagesse.


L'Aigle et le Saumon

Les traditions irlandaise et britannique font de fréquentes allusions à l'aigle, ainsi qu'au corbeau, au cygne et à la grue, oiseaux les plus souvent mentionnés. Mais l'aigle revêt encore plus d'importance dans les contes écossais. On apprend dans Cuhlwach et Olwen qu'il est l'un des plus vieux animaux du monde lorsque Cuhlwch cherche conseil auprès de l'Aigle de Gwerbaby après avoir rendu visite au cerf de Rhedynfr et à la Chouette de Cawlwyd. Ce magnifique oiseau, l'un des premiers totems britanniques, les conduit au saumon qui à son tour les emmène au château où Mabon est emprisonné.

Il existe un lien symbolique très fort entre l'aigle et le saumon ; le saumon attrapé par l'aigle représente, comme le lac, la profondeur des émotions et de l'inconscient. L'aigle-poisson gravé sur certaines stèles pictes témoigne de ce lien.

Math, fils de Mathonwy, conte du Mabinogion, raconte la métamorphose de Lleu Llaw Gyffes en aigle. Pour échapper a meurtre comploté contre lui par sa femme-fleur Blodeuwedd avec l'aide de son amant, il se transforme en aigle, poussant un grand cri, au moment où l'épée transperce son corps. Puis il se pose au sommet d'un chêne. L'ayant retrouvé, Gwydion le magicien lui redonne forme humaine d'un coup de baguette magique. Dans la variante irlandaise de cette légende, le dieu solaire Lugh est aussi associé à l'aigle, au soleil et à la fête druidique de Lughnasadh."

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Pour Sabine Heinz, auteure de Les Symboles des Celtes, (édition originale 1997, traduction française Guy Trédaniel Éditeur, 1998),


"L'aigle impressionne par son envergure et la force qu'on lui attribue, vu ses ailes. En Asie, ce fut un animal sacré, puis un symbole impérial qui emportait au Ciel l'âme du souverain. Il accompagnait les dieux romains (Jupiter) et grecs (Zeus). Jusqu'au Moyen Âge, on affirma qu'il volait jusqu’au soleil les yeux ouverts, ce qui le rajeunissait ; c'est pourquoi on pensait qu'il était né du feu.

Ces caractéristiques fuirent apparemment de lui l'un des animaux qui ornaient le casque des guerrier. Dans la tradition galloise, l'aigle compte parmi les trois animaux les plus anciens et il est le but de métamorphoses grâce auxquelles on peut continuer à vivre dans l'Autre Monde. On lui octroie la sagesse et des facultés divinatoires, ce qui lui confère une dignité royale. Ainsi, Geoffroy de Monmouth raconte qu'Artus, au cours de sa campagne en Ecosse dans le Loch Lomond, y découvre soixante îles avec soixante nids et autant d'aigles dedans. Les aigles se rassemblent là chaque année pour parler des choses qui se passeront l'année suivante en Bretagne.

Le conte suivant, d'origine gallloise, fait allusion en ces termes à l'âge et la sagesse de l'aigle :


L'Aigle, le roi des animaux, était assis, déconcerté, sur un rocher, le long de la côte de Pembroke, près de Stackpole, et regardait la mer sans prêter attention au dauphin qui y jouait gaiement. Il se demandait à voix haute où il pourrait bien, après la mort de sa femme, en trouver une autre qui serait digne de lui. Le vent du sud-ouest lui répondit alors d'épouser la chouette. Il décida de suivre le conseil du vent et de voir si la chouette méritait de devenir reine. Il demanda d'abord conseil à son ami le cerf rouge. Bien que le cerf fût deux fois plus âgé que le chêne, il demanda à l'aigle d'aller trouver cet arbre. Le chêne avait grandi pendant 700 ans, avait fleuri pendant 700 ans et était mort chaque année pendant 700 ans. Mais la chouette était déjà vieille lorsque le chêne l'avait rencontrée pour la première fois. Il envoya donc l'aigle voir le saumon qui était plus âgé que lui. Mais celui-ci, à son tour, lui dit d'aller trouver le merle qui était encore plus âgé. Celui-ci était certes tellement âgé qu'il avait réussi à éroder de son bec tout un rocher, mais la chouette avait toujours été pour lui une vieille dame. Il envoya donc l'aigle voir le crapaud. Bien qu'il eût entre-temps avalé la terre entre les montagnes de Preseli de sorte qu'il n'en restait plus assez pour calmer sa faim, le crapaud avait toujours connu la chouette comme une vénérable vieille dame. L'aigle fut enfin convaincu que la chouette était issue d'une bonne famille et l'il l'épousa. Ils accueillirent toujours avec bienveillance les animaux que l'aigle avait auparavant questionnés - ne serait-ce qu'en raison de leur âge.


Dans le Book of Kells de Saint John, l'aigle symbolise la montée au ciel. Son regard est rivé sur la vérité inaltérable ; ses yeux sont clairs et avides de s'instruire. Aujourd'hui encore, l'aigle est considéré comme un oiseau majestueux. En héraldique, il est, après le lion, l'animal le plus important."

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Selon Divi Kervella, dans Emblèmes et symboles des Bretons et des Celtes (2001),


"Comme le corbeau, l'aigle est dévolu à Lugh, le dieu suprême des Celtes, il se transforme sous cette forme après avoir été blessé par une lance magique.

L'aigle est l'oiseau prophétique par excellence. En petite Bretagne c'est un aigle de mer qui prévient le prophète Gwinglanv de sa mort prochaine, et avec une de ses plumes il écrit son testament.

Mais les aigles les plus fameux sont ceux de Snowdonia (région - qui s'appelle en réalité Eryri - du nord-ouest du Pays de Galles, tout autour du Snowdon, point culminant du pays, sorte d'Olympe brittonique). Selon la tradition galloise ils avaient le pouvoir de prophétiser la guerre et la paix. Quand ils volaient haut dans le ciel, la victoire était certaine ; au contraire quand ils volaient bas tout en poussant des cris plaintifs, les temps allaient être durs pour les armées galloises.

C'est encore sur cette montagne que les Gallois situent le "tombeau" dur roi Arthur, tout près d'un lac qui s'appelle curieusement Llydaw, c'est-à-dire "Petite Bretagne" en gallois. Selon les Celtes, Arthur n'est pas mort, on le soigne là de ses graves blessures. Il reviendra un jour délivrer tous les Bretons. Ce lieu est défendu par deux aigles portant des chaînes.

L'Aigle blanc de Snowdonia avait été adopté comme emblème dans les années soixante par deux organisations clandestines : la Free Wales Army (Armée de Galles libre) et Mudiad Amddiffyn Cymru (Mouvement de Défense du Pays de Galles). Il était accompagné du slogan Gorchfygwn "nous vaincrons".

Avant de disparaître, la première de ces organisations avait tenté d'être le noyau de l'ICA (l'Armée celtique internationale) qui aurait regroupé, dit-on, des Irlandais, des Écossais, des Bretons et des Gallois.

Les aigles étant plus rares en Bretagne continentale pour faire ce genre de pronostics, les Bretons ont eu recours à tous les oiseaux de proie, spécialement la buse, et firent même appel parfois au goéland."

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Dans Animaux totems celtes, Un voyage chamanique à la rencontre de votre animal allié (2002, traduction française : Éditions Vega, 2015), John Matthews nous propose la fiche suivante :


"Aigle = irlandais : iolar ; gallois : eryr ; gaélique : iolair ; langue de Cornouailles : er ; breton : erer.


Dans la tradition celte, l'aigle est souvent associé au soleil et à ses dieux, tels que Lugh (L’Étincelant). dans la tradition galloise, l'aigle a le pouvoir de se métamorphoser et est généralement reconnu comme un grand porteur de sagesse. Ainsi, dans l'histoire de Math fab Mathonwy, extraite du Mabinogion, lorsque Leu Llaw Gyffes reçoit un coup fatal de l'amant de sa femme Blodeuwedd, il se transforme instantanément en aigle et s'envole pour se percher à la cime d'un arbre. Là, il est découvert par Gwydion, qui le traque en suivant les signes de corruption tombant de ses ailes.

Un poème gallois primitif adoptant le style d'un dialogue énigmatique et ayant pour titre Le Dialogue d'Arthur avec l'aigle prend pour thème la transformation (l'aigle est en fait Eliwod, le cousin d'Arthur, qui a emprunté cette forme) et la sagesse (l'aigle possède une grande sagesse).

Autre part en Irlande, subsiste une tradition qui dit qu'Adam et Ève sont toujours en vie et qu'ils ont adopté la forme d'aigles. Cela résonne avec l'idée que l'aigle vit jusqu'à un âge avancé - entre cent et cinq cents ans. Dans la tradition se rapportant aux animaux ancêtres, la longévité de l'aigle n'est dépassée que par celle du saumon. Dans Cullwch et Olwen, l'aigle Gwernabwy donne des coups de bec sur la montagne, ce qui finit par la faire disparaître - une attestation évidente du grand âge de l'oiseau. Un autre aigle apparaît dans le conte irlandais du Voyage de Maeldwin, où l'oiseau ancien se ravive dans un lac, ce qui est un acte emblématique du renouvellement de la sagesse d'une génération à l'autre. L'aigle devient ainsi un allié puissant lorsque l'on s'aventure sur des territoires vierges ; sa vue lointaine te sa sagesse innée complétant avec force les qualités du chaman. Aidé par des oiseaux plus jeunes, qui jettent des baies magiques dans le lac, il plonge profondément dans les eaux pour en émerger avec des ailes puissantes et des yeux perçants.


Préceptes du totem :

Éclaireur : En hauteur, les limites disparaissent.

Protecteur : Ne laisse jamais le nid sans protection.

Challenger : Quelle est ta motivation ?

Aide : Avant de prendre ton envol, vérifie toujours le vent."

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Pour Gilles Wurtz, dans Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres (Éditions Véga 2014),


"L'aigle royal dont nous parlons ici mesure entre soixante centimètres et un mètre pour une envergure de 1, 8 à 2, 4 mètres. L'aigle a une vue bien plus perçante que la nôtre, sa rétine est pareille à un télescope.

Il est un prédateur extrêmement puissant. Lui-même pèse entre quatre et sept kilos et il est capable de voler en portant des proies aussi lourdes, voire légèrement plus lourdes que lui. Il s'attaque à toutes sortes de proies : oiseaux, corbeaux, canards, oies, cygnes et même héron, petits rongeurs, écureuils, chats, lapins, renards, marmottes, jeunes agneaux ou chèvres, jeunes cervidés et exceptionnellement des chevreuils adultes.

En vol, l'aigle peut se faire attaquer par des oiseaux qui comptent au nombre de ses proies Par exemple, si un aigle passe trop près d'un nid de faucons pèlerins, ces derniers - beaucoup plus rapides et agiles dans les airs - peuvent l'agresser et parfois même le tuer. Ma femme et moi-même avons été témoins d'une attaque de faucon pèlerin sur un aigle : on pouvait entendre le bruit de l'impact du bec du faucon, au-dessus de l'aigle, qui frappait celui-ci à la nuque. A chaque coup, l'aigle lançait un cri perçant. Et il était clair que, ne pouvant riposter, sa seule issue était la fuite.

Les couples sont souvent fidèles toute leur vie. Ils construisent parfois plusieurs nids sur leur territoire et les utilisent plusieurs années de suite. Ils les réaménagent avec des branches et des brindilles nouvelles. Ils s'installent rarement dans les arbres et préfèrent nicher dans les falaises. Le plus gros nid connu bâti par l'aigle royal est haut de 6 mètres pour un diamètre de 2, 5 mètres.


Applications chamaniques celtiques de jadis : Jadis, l'aigle royal était beaucoup plus répandu que de nos jours. Tourmenté, il a été contraint de fuir les plaines et de se réfugier dans des zones montagneuses.

Pour les Celtes, l'aigle était un animal sacré car doué d'une grande sagesse. Du haut du ciel, grâce à sa vue perçante, il possédait la claire vision. L'aigle était celui qui voit tout : la vue d'ensemble, mais aussi chaque détail et sous tous les angles. Les Celtes étaient convaincus que l'aigle avait des pouvoirs surnaturels, de par sa taille et sa force impressionnantes, sa vue perçante et sa capacité à voler plus haut que les autres oiseaux. Son esprit était fréquemment consulté à travers la pratique chamanique celtique : sa vue d'ensemble permettait souvent de révéler des choses qui n'avaient pas été prises en compte ou parfois même pas perçues du tout. La personne impliquée avait par conséquent une autre vision du sujet traité, souvent elle distinguait plus rapidement et plus sûrement la solution. En cas de conflit, les deux parties concernées avaient coutume de demander à un chaman non impliqué d'interroger la clairvoyance de l'aigle. Son esprit étant sacré, personne ne contestait sa guidance. Et lorsqu'une famille, un village ou un clan était face à un problème dont la solution restait inaccessible, on demandait à un chaman extérieur au groupe d'organiser une cérémonie pour consulter l'esprit de l'aigle. Et à un niveau personnel, chacun, dans sa pratique chamanique, pouvait à tout moment aller rejoindre l'esprit de l'aigle afin de mieux cerner tout ou partie d'un problème, afin d'avoir une perspective plus ouverte, des points de vue nouveaux ou un discernement plus fin.


Applications chamaniques celtiques de nos jours : Aujourd'hui encore, un praticien chamanique celtique peut aller à la rencontre de l'esprit de l'aigle à travers un voyage chamanique pour recevoir de lui cette claire vision, en toutes choses ; et au niveau planétaire, pour enfin voir autrement les conflits opposant les nations, dans toute leur ampleur, avec toutes leurs conséquences néfastes. Au niveau familial, individuel...

Car si les consciences évoluent, elles le font lentement... et la claire vision de l'aigle reste tout aussi fondamentalement salutaire.


Mot-clef : la claire vision."

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Symbolisme alchimique :


D'après Patrick Rivière, auteur de L'Alchimie, science et mystique (Éditions De Vecchi, nouvelle édition augmentée 2013),


"On devrait plutôt dire "les aigles" puisqu'il s'agit des sublimations philosophiques que l'on fera subir à la Matière au cours du Second Œuvre afin d'obtenir le dauphin minéral ou "bouton de retour" selon l'expression proprement métallurgique. Suivant l'Adepte Eyrénée Philalèthe, quoique sept sublimations suffisent, on peut les pousser jusqu'à dix. Il faut "sept aigles pour combattre le lion." Commentant l'allégorie de l'aigle dévorant le lion, extraite du Journal des Savants, et placée en hors-texte de sa précieuse Alchimie expliquée par ses textes classiques, le bon maître de Savignies déclara sans ambages : "Il est certain que l'aigle, si robuste qu'il soit, ne parviendrait pas à vaincre le lion à moins qu'il ne fût aidé dans sa lutte. C'est pourquoi l'alchimiste, au cours de cette phase des sublimations, fixe sa terre noire et humide en sable sec et rubescent."

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


L'alchimie offre une image qui expose la profonde ambivalence symbolique de l'aigle. L'éclosion d'un œuf laisse apparaître un aigle à deux têtes dont l'une porte la couronne royale et l'autre soutient la tiare pontificale. L'une et l'autre parures proclament 'aspiration à la puissance : domination temporelle pour la première, emprise spirituelle pour la seconde. Les richesses de la terre et les chemins du ciel ! La puissance et la gloire !

Comme l'or, l'aigle alimente une formidable ambiguïté. Oiseau royal, il désigne parfaitement ce qui fut l'ambition de tous les souverains du monde : régner sur les affaires du siècle et sur celles des âmes. L'allégorie alchimique a naturellement pour intention d'exprimer le besoin fondamental éprouvé par l'homme de réaliser et de maintenir le difficile équilibre entre son insertion dans la réalité quotidienne et le sentiment d'appartenance à la totalité intemporelle.

Une autre image, que l'on retrouve dans bien des récits mythologiques et des cultes, reproduit la même ambivalence qu celle du symbole alchimique : l'aigle emportant le serpent dans le ciel et ses dérivés tels que le serpent à plumes. Vraisemblablement inspirée par des scènes réelles, banales aux temps où rapaces et reptiles foisonnaient sur la terre, l'image ne s'est inscrite dans le patrimoine phylogénétique qu'en raison de son aptitude à unir les plans céleste et terrestre. Quelle vision saisissante pour l'imaginaire que l'amalgame de l'oiseau qui vole le plus haut et de l'animal le plus proche du sol sur lequel il est condamné à ramper !

On sait que notre projet nous impose de tirer la substance des interprétations du fait clinique, de l'expérience vivante, en évitant, autant qu'il est raisonnable, la référence aux mythes et autres matériaux véhiculés par la culture. S'agissant d'archétypes comme l'aigle, omniprésents dans les sources culturelles, il serait inconvenant – et présomptueux – de faire de cette intention une règle absolue. L'exploration des rêves dans lesquels le grand rapace déploie ses ailes – et ses serres – montre que la plupart des thèmes décrits par les traductions les plus réputées se retrouvent dans les matériaux oniriques. Le chercheur lancé sur les traces de l'aigle imaginaire connaîtra bien des occasions de s'émerveiller des coïncidences entre les images mythiques, les productions de l'alchimie et les visions du rêveur éveillé. Il trouvera dans ce travail une confirmation particulièrement convaincante de ce que toutes ces formations symboliques émanent d'une même source de connaissance intuitive.


Pourtant, si les images paraissent identiques, les situations dans lesquelles les place la dynamique du rêve conduisent à des observations qui obligent l'interprète à se distancier par rapport aux traductions reposant sur le matériau culturel.

Lorsque, au terme d'une investigation attentive du contenu des scénarios, on déplace le regard vers les données culturelles, on ne peut éviter un sentiment de fort décalage. Cela découle du fait que sur un fond mythique authentique viennent se superposer d'innombrables clichés construits sur des choix emblématiques, c'est-à-dire des valeurs consciemment et arbitrairement attribuées à l'aigle.L'emblématique, alors pollue la symbolique. Cela revient à magnifier une image dont les caractéristiques les plus contestables sont érigées en vertu. Les aigles de César, d'Alexandre et, plus près dans l'histoire, ceux du IIIe Reich allemand, étaient arborés avec fierté par les légions qui s'étaient rangées sous ces insignes. Beaucoup de traductions du symbole sont influencées par ces allégories tendancieuses. Certes, l'aigle est l'oiseau capable d'atteindre la hauteur la plus élevée, il dispose d'un champ de vision exceptionnel, il peut vivre dans la solitude glacée des cimes, il a pour lui la force. Pour l'inconscient, sa puissance reste celle d'un rapace, sa serre une griffe cruellement dominatrice, son goût de l'altitude en fait un créateur d'abîmes.

L'analyse des corrélations désigne trois symboles qui sont étroitement associés à l'aigle : le faucon, le corbeau et les cornes. Ces associations se retrouvent dans les mythes et dans les figurations alchimiques. Les cornes, souvent, sont celles du diable, du démon.

Emblème de saint Jean, l'aigle peut signifier l'aspiration à s'élever vers le divin. Mais le rêve offre bien peu d'exemples dans lesquels l'oiseau de Jupiter incarnerait cette vertueuse disposition.

Dans l'imaginaire, la colombe vient fréquemment se substituer à l'aigle en fin de scénario. Curieusement, l'aigle a su préserver sa réputation jusque dans la dialectique moderne en mettant sur la scène à sa place le faucon. Faucons et colombes désignent les partisans de la guerre et ceux qui ont fait le choix de la paix. L'inconscient est plus clairvoyant ! Il oppose les pulsions orgueilleuses et agressives symbolisées par l'aigle aux dispositions de simplicité et de pacifisme représentées par la colombe ou tel autre petit oiseau, souvent blanc ou multicolore. En termes psychologiques – même s'il est en rapport avec les rayons de lumière – l'aigle, c'est l'oiseau noir.

Le vol de l'aigle n'est grandiose qu'en sa prétention de placer l'oiseau le plus haut possible au-dessus du monde. Sa liberté est illusoire. L'envol vers les sommets, le séjour dans l'air léger des cimes, rendent pesante la psychologie qui s'identifie à l'oiseau solaire. L'altitude, pour elle, se paie en solitude. On ne décrète pas sa propre hauteur, on la vit lorsqu'elle est vraie, on la subit lorsqu'elle est ambition. L'aigle du rêve dénonce le plus souvent un rapport au monde construit autour d'un réflexe de compétition. Les ailes de l'aigle sont lourdes à porter. Leur ombre rappelle davantage celles du damné que celles de l'ange.

De nombreux exemples s'offrent pour illustrer ce qui précède. Nous avons choisi de produire un extrait du neuvième scénario de Gloria et de très longs passages du vingt-huitième rêve d'Alexandre. Celui-là constitue un document si expressif, si complet, de la symbolique de l'aigle, qu'il eût été dommage de le réduire de façon importante.

Une image d'aigle participe, comme tout autre symbole, à la dynamique de transformation de la psyché. contrairement aux idées les plus répandues, la fonction de cette image n'est pas d'inviter le rêveur à la conquête d'un ciel mais de lui communiquer la conviction qu'il gagnerait à se rapprocher de la terre ! Si l'oiseau réel peut regarder le soleil en face, défier les rayons de l'astre, l'âme qui ose la rivalité vis-à-vis du soleil-père ou du soleil-lumière se brûlera les ailes et perdra la vue. Gloria condense en quelques phrases l'essentiel de cette expérience : « ... C'est un aigle, posé sur une branche d'arbre rugueuse, pleine de nœuds... là, il s'envole, les ailes largement déployées... il domine une forêt... je l'observe, dans le ciel bleu, avec un soleil de plomb... tout à coup, la lumière est plus forte... elle devient très intense... elle m'éblouit... je n'y vois plus !... Maintenant, la lumière s'atténue... c'est un autre oiseau qui apparaît... c'est une colombe, bien blanche... elle vole au-dessus de moi, en faisant des cercles... comme si elle cherchait à se poser... elle vient se poser sur ma main... quelque chose de fort passe, elle est un signe, un message qu'elle m'apporte... pourtant je ne comprends pas... c'est un message de paix, d'amour... je sais que j'attends plus mais c'est déjà tellement beau ! »

Ici l'aigle, confondu dans l'altitude avec le soleil, provoque l'aveuglement. La colombe, en se posant, restitue la lucidité et rouvre la voie de l'amour. Cette nécessité de descendre pour se placer parmi les autres, d'aller vers autre que soi, est exprimée dans de nombreux rêves. Le vingt-huitième scénario d'Alexandre en fournit une illustration d'une dimension et d'une clarté rares. Alexandre, vingt-sept ans, aborde la séance avec une préoccupation professionnelle grave. Quelques jours plutôt, il a reçu une mise en garde sévère de la direction de l'entreprise qui l'emploie. Il lui est reproché de se tenir à l'écart de ses collègues et de manifester une froide distance vis-à-vis de la hiérarchie. A notre question : « Comment expliquez-vous cette attitude ? », Alexandre prononce le mot qui résonnait déjà dans notre esprit : « L'orgueil ! Purement l'orgueil ! » Désappointé d'avoir été placé, quelques mois plus tôt, sous l'autorité d'un collaborateur du même rang que lui, le jeune homme a développé un comportement de splendide isolement qui lui fait aujourd'hui courir un risque important. Alexandre entre dans le rêve avec l'espérance sincère que l'imaginaire l'aidera dans sa recherche de l'attitude juste. Nous lui laissons la parole :

« Je vois un oiseau, noir, avec son bec qui avance... et... c'est un canard, qui est sur l'eau... un canard noir avec son bec jaune et... qui trace un sillon blanc derrière lui... et, en même temps, je vois un grand corbeau,, un albatros, ou plutôt un aigle noir qui vole au-dessus... et... heu... je prends la place de cet aigle noir et, donc, j'ai sous mes yeux, sous moi, la terre, la vie, le monde... ce qu'il se passe... et... je suis partagé entre l'idée de rester dans mon coin pour... pour bouder, pour manifester... pour avoir l'impression d'avoir du caractère, de ne pas faire le mouton enfin... pour avoir l'impression d'être différent ! Et... je sens cette couleur noire qui m'entoure en volant... c'est un manteau très très lourd pour moi... un manteau très très lourd qui a une odeur, une couleur qui... qui ne sont pas agréables et je sens donc ce... ce mal-être, ce malaise dans cette grande peau... et je sens que mon ventre a besoin de s'ouvrir, en vol, de s'ouvrir et de... lâcher... et je lâche... mais au lieu d'une bombe que pourrait lâcher un avion... c'est... un bébé... que je viens de lâcher... sans doute mon bébé... je suis toujours en haut... ma partie ventrale est blanche alors que j'ai encore ce manteau noir sur moi... ma partie blanche est reliée à la terre par un grand rayon, un faisceau de lumière... et j'aperçois les gens qui se trouvent en bas... et je sens avec eux un contact plus chaud, lus vivant... je suis comme un domino avec mon blanc sur le ventre et mon noir sur le dos... et je voudrais enlever mon manteau noir mais je ne sais pas comment faire... je suis toujours cet oiseau avec des pattes comme des griffes d'aigle... à la fois quelqu'un d'agressif et de blessant avec mes griffes et à la fois quelqu'un de très doux, de... sensible et de communicatif avec la paume très douce de mes pattes... et... je me sens aussi, toujours comme cet aigle, très très orgueilleux sur mon trône... sur un pic... je peux rester comme ça, tout seul, sur une montagne, à l'écart de tous... J'aperçois un nid de petits oiseaux mais je sens que je m'en occuperai plus tard... je ne suis pas encore prêt... j'ai besoin d'être prêt, vraiment prêt !... d'être complètement clair.

« Là... j'ouvre mes ailes... je suis à la fois l'albatros et le plongeur qui va s'élancer... je sens que je vais plonger... que je vais lâcher... que je vais m'abandonner... ça dure une éternité... j'ai besoin de me retrouver, de poser mes pieds sur la terre... le vide qui est sous mes pieds est très grand mais je n'en ressens plus de peur... je n'ai plus de peur physique de voir tout ce qu'il y a sous mes pieds... de voir la profondeur où sont les autres... là, je sens que je pars, je plonge... mon saut dure longtemps... je ne sens plus rien sinon la légèreté de l'air... la liberté retrouvée... c'est très agréable... j'arrive dans l'eau, les mains jointes... je vais sous l'eau, dans les bas-marins... là, c'est joli, calme, il n'y a aucune agressivité... cela me lave, cela efface... je me sens léger... léger et libre, avec le contact de l'eau... je sors, mouillé et frais... je marche pieds nus sur l'herbe...

« J'aperçois au loin une forêt... cette forêt m'appelle... je n'ai aucun notion de la distance... je sais que j'y arriverai... le chemin monte et descend mais ces montées et descentes ne me font plus aucun mal... je n'ai aucune peine : c'est le chemin... dans cette forêt... heu... je vais vers... vers le centre de la forêt : une clairière où sont réunies... plein de personnes... qui sont un grand groupe solidaire mais avec une infinité de richesses de personnalités... ils font la fête... je sens dans mon ventre la chaleur du feu... je me dirige vers eux... c'est vivant, joyeux, très coloré... il y a aussi plein de petits oiseaux, de toutes les couleurs, autour de moi... des gens me voient arriver... ils viennent vers moi... certains même courent vers moi... je ne sais pas qui est qui mais ça n'a plus aucune importance... j'ai aussi ouvert mes bras pour les accueillir... et je sens quelque chose de fort... c'est une rencontre... les mots on s'en fout ! Je ne sais même pas s'il y a des paroles... c'est le contact.. un contact énergétique très intense... participer !.. Je suis dans la fête ! Jouer, chanter, agir, danser, communiquer... tout est possible... je suis libre d'apporter ma note... et je me sens léger... et je me vois clair, dans une couleur jaune, jaune clair... dans ce réseau de relations... tout le monde est accessible... j'ai l'impression de vivre des retrouvailles en même temps que des rencontres... oh ! Je resterais bien dans cette ambiance, dans cette image, mais je sais qu'elle est là, alors je vais ouvrir les yeux... voilà ! »

Comment mieux exprimer le bénéfice d'une abdication sincère de l'orgueilleuse position d'une psychologie retranchée dans la hauteur pour échapper aux atteintes du monde ? Difficile de mieux dire le bonheur du retour sur la terre, de la capacité retrouvée d'aller à la rencontre de l'autre. Le canard noir, le corbeau, l'albatros et l'aigle noir se confondent dans les premières phrases du rêve.Les quatre pesants volatiles expriment chacun l'une des facettes de ce que ressent le patient : le canard noir c'est le sentiment d'inadaptation, de différence d'attitude par rapport aux autres membres de l'entourage. Le corbeau – signe alchimique du début de l'Œuvre - est promesse de liaison entre le ciel et la terre, dit aussi la pesanteur d'un corps fatigué de se maintenir dans une altitude artificielle. L'aigle noir... c'est la griffe dénoncée, la serre cruelle qui reconnaît soudaine son aspiration à la douceur. La fréquence remarquable des scénarios dans lesquels l'aigle cède la place à la colombe ou à de petits oiseaux fournit l'une des clefs de la symbolique du grand rapace. L'aigle est le sentiment exacerbé,, gonflé, perverti en volonté de domination altière. Le petit oiseau, c'est l'amour à dimension humaine, une dimension immense puisqu'elle atteint stout ce qui vit. Le mouvement qui porte Alexandre de l'inconfortable sensation de se tenir au-dessus du monde à la joie de la relation à ceux « qui sont dans la profondeur » est significatif. La colombe est celle qui apporte, qui donne. Le rameau, c'est le don. Il n'est rien en lui-même, il est un geste de portée impressionnante. Il ne saurait y avoir de présent plus modeste et plus universel.

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L'aigle du rêve sera retenu comme l'indice probable d'une ambition, d'une volonté dominatrice, d'un désir exacerbé de liberté, qui traduisent le plus souvent la peur d’affronter la relation au monde. Être au-dessus signifie dans ce cas être hors d'atteinte d'une souffrance. L'apparition du symbole se rapporte souvent aussi à la rivalité du fils par rapport au père.

L'aigle, c'est encore le regard. Son association avec l’œil, avec l'acuité de perception, est indéniable. Il annonce un accroissement du champ de conscience, c'est-à-dire un progrès dans l'élucidation des composantes de la problématique.

La puissance et la gloire ! Le rêveur qui se donne à voir l'aigle a déjà reconnu que l'exaltation des désirs de réussite sert l’apparence au détriment de l'essence. L'oiseau de Jupiter expose ce déséquilibre. En ce sens, il est porteur de l'illumination. Il devient le guide sur le chemin de l’accomplissement.

Zeus, enfant, caché dans une caverne de l'Ida, fut nourri par les colombes d'Aphrodite, qui lui donnèrent ainsi l'immortalité. L'aigle lui apporta le nectar par lequel il reçut l'illumination.

L'inconscient contemporain, en rapprochant les deux oiseaux, révèle une nature semblable à celle dont émergea le mythe !

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Littérature :


L’AIGLE COMMUN


— Puisque je suis descendu parmi vous…

— Salut ! Bravo ! Nous t’entendons.

—  Voilà l’effet de la première conjonction. Ô parole ! Ô mouvement regrettable de mes ailes, où, dans quelle honte, à quelle basse région ne m’amènes-tu pas ? Où ne descendrai-je pas ? Chaque syllabe m’alourdit, trouble l’air, de chute en chute.

« Où es-tu, pur oiseau ? Je ne suis plus moi. Comme c’est mal. Je ne puis m’arrêter de parler, de descendre. Ô inextricable filet ! Chaque effort ajoute à ma chaîne. Tout est perdu. Ô ! Assez. Espaces du silence, que je remonte ! Mais non ! Vous parlez tous. Qui parle ? C’est nous ! Ô confusion ! Je les vois tous. Je me vois tous. Partout des glaces. »

Ainsi parle l’aigle commun.

1923.


Francis Ponge, "L'Aigle commun" dans Le Parti pris des choses suivi de Proèmes, 1942.



Arts visuels :


Quartier Championnet à Grenoble :


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