Étymologie :
ANTHÉMIS, subst. masc.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1615 (Dalechamps, Hist. gén. des plantes, Lyon, Rouille, t. 1, p. 843 et 845 : A present nous traittons de la vraye camomille de Dioscoride, qui est odorante, laquelle est appelee en grec α ̓ ν θ ε μ ι ́ ς et χ α μ α ι ́ μ η λ ο ν : en latin Anthemis et Chamœmelum ... Anthemis, de Matthiol ... Anthemis Eranthemos, de Dalechamps). Empr. au lat. anthemis « camomille » dep. Pline (Nat., 21, 99 ds TLL s.v., 163, 8) lui-même empr. au gr. α ̓ ν θ ε μ ι ́ ς « id. » (Dioscoride, 3, 144 ds Bailly), cf. Dioscoride, lat., 3, 149, ds TLL s.v., 163, 9 ; voir André Bot. 1956, p. 32.
Lire également la définition du nom anthémis afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Anthemis cotula - Anthémis cotule - Anthémis bâtarde - Anthémis fétide - Anthémis puant - Anthémis puante - Camomille des chiens - Camomille maroute - Camomille puante - Maroute - Marouette - Œil-de-vache -
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Botanique :
Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) consacre une courte section à la description de l'Anthémis fétide :
Description botanique : L’anthémis est une plante annuelle, glabre, à odeur fétide qui peut s’élever de 2 à 5 dm, et résulte très rameuse. Les feuilles sont alternes et très divisées, à segments linéaires ou presque filiformes. Les fleurs sont tubuleuses et jaunes au centre, la corolle est formée de ligules blanches. L’anthémis pousse dans les champs et les moissons et fleurit entre juin-septembre (Pignatti, 1982, III : 72).
Vertus médicinales :
Hamoudi Arbia et Karima Abla donnent un Aperçu ethnobotanique et chimique des Astéracées. (Diss. Université de m'sila, 2017) dans lequel on apprend :
Anthemis pedunculata Desf. Les parties aériennes sont utilisées contre les coliques et diabète (Benahmed et al., 2011 ; Chermat et Gharzouli, 2015).
Anthemis nobilis L. L’infusion des sommités fleuries est très utilisée (Boudjelal et al., 2012). Elle est très utilisée pour ses propriétés thérapeutiques, anti-inflammatoires, calmant, eczéma (Boudjelal, 2013).
Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes :
Propriétés et utilisation : Les vertus antiparasitaires et insectifuges de l’anthémis sont très connues surtout dans les sociétés agricoles traditionnelles ; cette plante fait en fait partie des espèces sauvages qui protègent les hommes, les récoltes et la terre des parasites et des insectes nuisibles (Picchi, 1999 : 97 ; Viegi et al., 2003 : 223 ; Guarrera, 2006 : 260). L’odeur putride d’urine de chien caractérisant l’anthémis serve à repousser en particulier les rats et les puces des greniers en frottant la plante au sol et aux murs (Picchi, 1999 : 97)
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Symbolisme :
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Anthémis - Désespoir.
L’anthémis fleurit à l’entrée de l'hiver et nous enlève l’espoir des beaux jours.
D'après Tony Goupil, auteur de "Phytoreligieuses et phytomythologiques : plantes des dieux et herbes mythologiques." paru dans Evaxiana 3, pp. 157-162 en 2017 :
Les plantes des « grands » dieux : Le Panthéon gréco-romain est composé de douze dieux principaux puis de dieux et divinités de second ordre. Dans la présente partie, nous allons étudier les plantes attribuées aux dieux composant le haut de la hiérarchie mythologique. Le père des dieux, Jupiter, est celui qui a sans conteste le plus de plantes sous son « patronage ». En effet le génitif singulier de Jupiter, en latin Jovis, se retrouve dans plusieurs noms de plantes. [...]
Quant à l’Anthemis, il a anciennement été qualifié par la périphrase « sourcil de Jupiter ».
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Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) se penche sur les croyances liées aux différents noms arbëreshe de l'Anthémis puante :
Analyse lexico-sémantique des désignations :
1- [bˈar cˈɛːni] résulte être un syntagme composé dans lequel le premier élément est représenté par le nom générique bar « herbe » et le deuxième par un zoonyme au cas ablatif singulier qeni « du chien » ; le renvoi au nom de cet animal sert à décrire la puanteur caractéristique de cette plante. En effet, en zoonymie populaire le chien est l’une des épiphanies des êtres ensorcelés (Riegler, 1981a : 308), du diable (Riegler, 1981a : 317), tandis qu’il est parfois aussi considéré comme le gardien de trésors (Riegler, 1981a : 310). Si l’on pense aux vertus antiparasitaires et insectifuges de l’anthémis, on peut considérer cette espèce ‒ ainsi que toutes les espèces très odorantes ‒ comme la gardienne ou protectrice de la maison et de l’homme parce que son odeur forte et désagréable éloigne les dangers. Cette même structure lexématique existe en daco-roumain où l’anthémis puant est appelé [muʃeʦˈel de ʧel kɨi̯nˈesk] « camomille des chiens », [romənˈiʦa kˈɨi̯nelui̯] « la camomille du chien », [marˈarju kˈɨi̯nelui̯] « l’aneth du chien » et [marˈarjṳ kɨi̯nˈesk] « aneth de chien » (Scarlat, 2008 : 146).
2- [kamumˈil a ˈɛɡra] est un syntagme composé par le phytonyme /kamumˈil/ « camomille » et son adjectif arbëreshë /a ˈɛɡra/ « sauvage » qui n’a pas, dans ce cas, la fonction de distinguer cette plante d’une espèce de « camomille cultivée, non sauvage », mais veut plutôt souligner, à notre avis, le trait « puant, non parfumé » de l’espèce par opposition à celui de la camomille commune parfumée.
3- [rːəɲtˈɛle] est un nom dérivé, formé à partir de la base lexicale [rːəɲt-] « les racines » et le suffixe diminutif, peu productif, alb. /-ɛle/ utilisé pour la formation de formes dénominales ou déadjectivales (Ressuli, 1986 : 146). Nous partageons l’opinion de Signorini (2005 : 148), car nous pensons que la taille de la plante est toujours une motivation seconde se traduisant avec un spécificateur. Elle permet d’établir une classification et de différencier ainsi les plantes appartenant à la même espèce, comme on l’a déjà vu pour le nom de l’ail des vignes [xuðərˈil] « petit ail » (cfr. § 7.4.4) ; dans notre corpus, la spécification se fait toujours par l’ajout d’un ou plusieurs suffixes diminutifs. Ainsi, dans ce cas, la plante est désignée selon la morphologie et la taille de ses racines fasciculées.
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