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Photo du rédacteurAnne

L'Arbre à saucisses

Dernière mise à jour : 13 févr. 2022




Autres noms : Kigelia africana ; Arbre à saucissons ; Nsodzoa, le phallus d’éléphant ; Saucissonnier




Bienfaits thérapeutiques :


A.-M. Vergiat dans "Plantes magiques et médicinales des Féticheurs de l'Oubangui (Région de Bangui) (3e partie)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 16, n°9-10, Septembre-octobre 1969. pp. 418-456) précise les vertus d'une des variétés de saucissionnier :


Kigelia africana (Bth) var. elliptica (Sprague) Sill. Awolongo (B), Dumbele (M), Zolombele (G), Ngoro boro (M), Molo mofiti (L). Nom générique : « Saucissonnier ».

Arbre de forêt et de galerie, à bois dur, port divariqué des tiges à l'extrémité des branches. Floraison : fleurs rouges en octobre-novembre. Le fruit est court, une fois et demie plus long que large.

L'écorce, très épaisse, du tronc est employée dans le traitement de la blennorragie. Les cendres de l'écorce, mêlées à du sel indigène, sont appliquées sur les abcès.

 

Selon Komlan Batawila, Dodji Aménoudji, Kouami Kokou et al. auteurs d'un article intitulé "Quelques données ethnobotaniques sur la flore togolaise." (Acta Botanica Gallica, 2007, vol. 154, n°3, pp. 407-422) :


Des enquêtes ethnobotaniques menées sur trois principaux marchés de plantes médicinales à Lomé (Togo) ont permis de recenser 141 espèces utilisées dans le traitement de 174 affections dont les plus fréquentes sont : paludisme, anémie, ulcère gastrique, troubles de conception, hémorroïdes, toux, rhumatisme et constipation. 41 recettes ont pu être enregistrées. Les plantes sont employées isolement ou en association. Différents organes ou parties de plantes sont utilisés dans les différents remèdes. La plupart des revendeurs sont des femmes. La connaissance des vertus des plantes est transmise généralement de parents à enfants, oralement et par apprentissage. [...]


Infections gastriques : Décocté de feuilles de Anogeissus leiocarpus (Combretaceae) ou d'écorce de tronc de Vitellaria paradoxa (Sapotaceae) ou d'écorce de tronc de Kigelia africana (Bignoniaceae) ou de Erythrina senegalensis (Fabaceae) ou de racines de Lannea microcarpa (Anacardiaceae) ; boire un verre 2 à 3 fois /jour. [...]


Stérilité féminine : Fruits de Kigelia africana (Bignoniaceae) et feuilles de Annona senegalensis (Annonaceae).

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Le site de France info propose un article de Étienne Raapoto, publié le 18 octobre 2013 et intitulé "Le saviez-vous ? L’arbre à « fantasmes »..." qui donne quelques détails supplémentaires sur cet arbre étrange :


Mais ce qui fait surtout l’originalité de kigelia africana c’est lorsque celui-ci se couvre de fruits. Des centaines de saucisses suspendues à de longues tiges. Le fruit est d’un brun pâle qui peut atteindre 60 centimètres de longueur et peser jusqu’à 7 kg. Le fruit frais n’est pas comestible et peut être toxique. Il provoque des cloques dans la bouche et sur la peau. Seules les graines grillées peuvent être consommées. Les fruits sont également utilisés pour la fabrication du « murutina » une bière très forte appréciée des Masaïs.

Certaines parties de l’arbre sont utilisées contres les morsures de reptiles réputés dangereux, mais également dans les douleurs intenses comme une rage de dents ou contre les maux d’estomac. En Afrique, la pulpe de son fruit est également utilisée pour raffermir la peau et tonifier la poitrine des femmes.

Le fruit considéré comme magique est souvent accroché autour des cases comme grigri protecteur ou comme symbole de fertilité. Il aurait même des vertus secrètes, utilisées en Afrique pour allonger le sexe masculin !

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Symbolisme :


Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) rappelle le caractère magique du saucissonnier :


Kigelia africana Benth.

Au Fouta-Djallon et en pays Soso de Guinée, on trouve fréquemment cet arbuste en composition de haies vives; on le trouve aussi isolé, planté, dans quelques villages Soso et Dialonké comme fétiche de la fécondité (R. P. obs. 1959-1961).

En pays Senufo de Côte d'Ivoire on en suspend parfois le fruit dans la maison dans un même but ; en moyenne Côte d'Ivoire, il est aussi planté dans les villages (J. Kerharo et A. Bouquet, PIantes Médicinales., p. 226). Dalziel (p. 443) écrit qu'il est souvent planté dans les agglomérations de l'intérieur (Nigeria), les fleurs et les fruits étant regardés comme fétiches en plusieurs pays.

Au Ghana, le fruit, peint de diverses couleurs, est employé par les guérisseurs pour deviner la cause d'une maladie (Moloney, ap. Dalziel, 443).

L'attribution du signe de fécondité au fruit de l'« arbre à saucisson » ne paraît pas tellement redevable à une magie phallique comme on serait enclin à le supposer. Comme le fruit pend de l'arbre à l'extrémité d'un très long pédoncule, l'image de « sein pendant » ou « poitrine pendante », si commune dans la réalité africaine, se retrouve dans les appellations vernaculaires du groupe ethnique des Akan, au Ghana (Irvine, PIants Gold Coast, ap. Dalziel) et en Côte d'Ivoire (R. Portères, Ethnobotanique Baoulé, 1963, p. 17, polycopie).

On ne retrouve ce sens, ni l'autre, dans l'appellation générale des Malinke de Guinée ou mbili-mbalan « balancement » est un terme d'onomatopée, les fruits de l'arbre étant toujours en incessant mouvement.

Il s'agirait donc de la fécondité réelle, ce qui permet d'interpréter ce que rapportent Kerharo et Bouquet, pour les Agni de Bondoukou : « la décoction du fruit, assaisonnée de piments, est donnée en boisson comme galactogène. Ce traitement est complété par le massage des seins avec une pommade », etc..

Au Sénégal, R. P. Sébire (PIantes utiles du Sénégal, 1899, p. 201) écrit que le fruit y est souvent considéré comme toxique. Pobéguin (PIantes médicinales de Guinée, p. 162) rapporte la même croyance pour la Guinée. Il serait aussi utilisé au Sénégal à des fins de sorcellerie et il est planté dans les villages (R. P. Sébire).

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A.-M. Vergiat dans "Plantes magiques et médicinales des Féticheurs de l'Oubangui (Région de Bangui) (3e partie)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 16, n°9-10, Septembre-octobre 1969. pp. 418-456) précise l'emploi d'une des variétés de saucissonnier dans l'initiation des jeunes :


Kigelia africana (Bth) var. typica Sill.

Awolongo (B), Dumbele (M). Nom générique « Saucissonnier ».

Arbre de savane, a un peu le port du pommier.

Fructification : nombreux fruits allongés, de grande taille, légèrement aplatis, charnus, nombreuses graines à l'intérieur.

Ce sont des graines de ce fruit, ainsi que celles d'autres espèces, qui sont données à chaque sémali et qu'ils doivent avaler, lors de leur entrée dans le bada d'initiation au culte de Ngakola. Cette absorption cause un gonflement caractéristique du ventre à tous les néophytes et ils restent ainsi pendant toute la première lune de leur initiation, ensuite le chef de la société secrète leur donne à consommer le remède antidote : une décoction des racines de wakawaka, Euphorbiacée, Pycnocoma minor.

Parfois, dans les plantations de maïs des indigènes de race Mbwaka, on trouve des fruits de cet arbre attachés à un plant afin que la récolte soit bonne et les épis de maïs aussi gros que ce fruit (principe de similitude).

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Dans "Le symbolisme de la forêt et des arbres dans le folklore." (Perception des forêts. Unasylva, 2003, vol. 213, n°54, pp. 37-43), Judith Crews nous apprend que :

Il est banal de dire que l’arbre et la forêt jouent un rôle important dans le sacré et le mystère de nombreuses populations. Il est également difficile de se livrer à des généralisations hâtives dans un tel domaine car les valeurs sacrées et les croyances dépendent étroitement des valeurs de chaque groupe ethnique. Mais l’on peut dire que l’origine du sacré, du pouvoir mystique attribué à chaque espèce, provient toujours d’une intime observation de l’espèce, d’intimes interactions avec l’arbre ou le groupement végétal considéré. L’observation retiendra les caractéristiques de l’espèce et ses rapports avec les éléments de la nature, avec l’eau, les vents, les animaux, la nature de ses feuilles, l’apparence d’ensemble de son feuillage, des fleurs et des fruits. Les caractères qui sont déduits de la physionomie de l’arbre deviennent des facultés, des forces et des énergies qui sont pouvoir, inspiration, forces occultes aux effets catalytiques.

Par exemple, dans nombre de croyances de l’Afrique de l’Ouest sèche le Kigelia africana, un arbre particulièrement productif se remarque par ses gros fruits ligneux, ressemblant à de grosses bourses pendant au bout de longs pédoncules: c’est l’arbre type de la fertilité. Toute femme allaitante accroche à l’arbre un morceau de tissu pour en chercher protection et nombreuse progéniture. Retenant sa fertilité exubérante et l’apparence de ses fruits pareils à des organes mâles, le subconscient populaire traduit cela par des facultés surnaturelles pouvant être bénéfiques en matière de procréation.

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